Archives mensuelles : août 2008

À vos marques…

C’est avec enthousiasme que j’ai accepté l’offre qui m’était donnée de participer à ce nouveau blogue collectif « Les 7 du Québec » qui constituera un marathon de billets quotidiens touchant à tout ce qui est relié à la politique : économie, écologie, sociologie, philosophie, etc.

Vous avez probablement croisé de l’œil mon nom dans le journal Le Devoir, sur Centpapiers, sur le défunt UHEC ou peut-être sur mon blogue « Pour que Demain soit ».

Mais qui suis-je?

Je suis avant tout un partisan de la justice sociale et de la protection de l’environnement qui a cœur l’avenir de l’humanité.

Lors de mes études secondaires et supérieures reliées à l’urbanisme et aux sciences sociales, j’ai pratiqué le journalisme dans les différents journaux étudiants des institutions d’enseignement que j’ai jadis fréquenté. Au cours des années, j’ai affuté ma plume et aiguisé mon esprit critique afin de dénoncer les incohérences de la société québécoise et mondiale dont nous faisons partie.

Depuis toujours, je m’intéresse à la politique. Au-delà de mes cours suivis en ce domaine, je me suis sans cesse inspiré de plusieurs penseurs politiques et philosophiques qui teintent encore mes écrits : Maurice Duverger, Thomas More, Nietzsche, Étienne de la Boétie, Karl Marx et bien d’autres.

Sur le plan idéologique, on peut me considérer comme un anarcho-syndicaliste ou un libertaire de gauche: rébarbatif à un État trop centralisateur, ennemi du capitalisme monopolistique et des divines lois du marché mercantile, je penche vers une redistribution des richesses équitable par le coopératisme entrepreneurial (autogestion) agrémenté d’un État-arbitre jaugeant les conflits socio-économiques.

Ceci dit, ce blogue collectif connaitra sûrement un vif succès et deviendra indubitablement une référence incontournable de la politique québécoise et canadienne. Ainsi, je serai heureux d’y ajouter mon grain de sel à tous les dimanches !

Alors, à vos marques, prêts, partez!

Jimmy St-Gelais
http://pourquedemainsoit.wordpress.com/

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Frénésie boursière et endettements massifs : un signe des temps ?


La similitude entre notre époque et la décennie qui précède la grande dépression des années trente est fascinante. Dans les années 20, l’État qui ne jouait pas un rôle important dans la société se voit encore relégué de nos jours à un rang inférieur, surtout en matière d’intervention sociale et économique. En fait, l’Histoire nous démontre clairement les parallèles entre les deux époques. Rappelons les traits communs : écart dans la répartition des richesses, innovations techniques, frénésie boursière et crédits élevés.

Citons quelques statistiques révélatrices :

L’écart dans la répartition des richesses

Aux États-Unis, entre 1922 et 1929, les salaires des ouvriers progressèrent de 33%, ceux des cadres de 42%, tandis que les profits nets des entreprises bondirent de 76% et les dividendes des actionnaires de 108%! Il faut rappeler qu’à cette époque, le rôle de l’État ne couvrait pas les domaines économique et social, et donc les gouvernements ne pratiquaient pas la redistribution de la richesse dans la société. L’État était confiné à la définition libérale de l’économie, établit par Adam Smith.

De nos jours, aux États-Unis, de 1979 à 2001, les revenus des 20% les plus pauvres ont augmenté de seulement 8%, ceux de la classe moyenne de 17% tandis que ceux des 10% les plus riches de 69% et le premier 1% de 139%!!

On peut remarquer que les années 70 sont une période de répartition équilibrée de la richesse dans la société américaine, tandis que les années 80, 90 et 2000 favorisent nettement les classes plus aisées de la société. Cette ère d’inégalité débute avec l’élection du républicain Ronald Reagan en 1980, farouche partisan des thèses néo-libérales, de la déréglementation de l’économie et du désengagement de l’État. Malgré l’élection du Bill Clinton en 1992, un démocrate, la même politique économique de droite est maintenue durant son mandant afin de respecter les règles du nouvel ordre économique mondial dont l’Amérique bénéficie grandement. Avec l’élection de GW Bush en 2001, l’écart ne cesse de se creuser entre les classes sociales.

La mécanisation de la production

L’influence des nouvelles technologies sur l’emploi est bien connue de nos jours. Par exemple, les institutions bancaires ont déjà annulé plusieurs postes de préposés à la clientèle dans leurs succursales afin de les remplacer par des services informatisés. En fait, l’ordinateur et la robotisation remplissent à eux seuls les tâches d’un nombre important de travailleurs qui n’ont pas toujours les compétences nécessaires pour occuper de nouveaux postes techniques.

De même, dans les années 20, la mécanisation était tellement avancée, selon les historiens D. Artaud et A. Kaspi, qu’il existait une surproduction chronique de biens de consommation que la demande ne pouvait plus combler .

La frénésie boursière

La forte spéculation boursière fut l’un des traits marquants des années 20. En 1929 seulement, 1,124,800,410 actions ont été échangées. Du début de 1928 à septembre 1929, l’indice industriel Dow Jones augmenta de 191 à 381 points. Mais le 28 octobre 1929, celui-ci chuta de 38.33 points, s’effondrant jusqu’à 260.64, en conséquence d’une économie financière ne représentant pas l’économie réelle des États-Unis et du monde.

Le 17 août 1982, l’indice Dow Jones connut sa plus grande hausse en une journée (38.81), grimpant jusqu’à 831.24. La hausse se poursuivit toute la décennie, atteignant même, le 17 juillet 1987, le niveau de 2510 points. Mais le 16 octobre et le 19 octobre 1987(le jeudi noir), deux krachs successifs frappèrent le marché boursier de New York (chute de 108 points et de 508 points). Le 29 mars 1999, après plusieurs années de hausse, l’indice atteint le chiffre record de 10 000 points. Enfin, en 2007, la tendance à la hausse perdure. Le Dow Jones a atteint 14 000 points! Plusieurs analystes sont inquiets face à cette hausse vertigineuse du Dow Jones.

Les crédits élevés

À la fin des années 1920, 60 % des voitures et 80 % des appareils radio furent achetés à crédit. Entre 1925 et 1929, la somme totale des crédits avait plus que doublée (de $1.38 milliard à $3 milliards environ).

Le 5 juillet 2000, le Wall Street Journal publiait les données suivantes sur l’endettement des Américains :  » le niveau d’endettement des ménages a augmenté de 60 % pour se situer à 6500 milliards. Plus de 160 milliards de dollars de prêts hypothécaires (soit 11 % du total) ont été accordés à des emprunteurs à risque, contre 40 milliards en 1993. Selon les analystes du marché hypothécaire, près d’un quart des nouvelles hypothèques sont contractées par des gens qui sont  » fauchés « . La quantité d’obligations pourries impayées s’élève à 529 milliards de dollars contre 173 milliards il y a dix ans. 5,4 % des entreprises américaines ayant contracté ce type de dettes ont été dans l’impossibilité de verser les intérêts au cours des douze derniers mois, le plus haut taux de défaut de paiements depuis 1992. En outre, environ 320 milliards de prêts de consortium ont été accordés à des sociétés ayant une faible notation de crédit contre 58 milliards en 1990. Le ménage américain moyen dispose de treize cartes de crédit, bancaires et non bancaires confondues. La dette des ménages atteint le record de 101 % par rapport au revenu, alors qu’elle était de 84 % en 1990. Elle est passée de 4100 milliards en 1993 à 6500 milliards au premier trimestre 2000, soit une augmentation de 59 %. La dette des entreprises représente aujourd’hui 46 % du PIB, le plus haut pourcentage jamais atteint. Quant aux entreprises financières, on sait que c’est cette catégorie de dette qui croît le plus rapidement : depuis 1993, elle a ainsi augmenté de 132 % « .

Le mot de la fin

Doit-on s’inquiéter de ces ressemblances ? Une nouvelle grande dépression est-elle à craindre ?

La genèse des cycles économiques est peut être ainsi démystifiée : par le jeu du capitalisme, les richesses se concentrent dans la partie supérieure de la pyramide sociale tandis qu’une partie de la population s’appauvrit sans l’apport d’un État fort pratiquant une redistribution des richesses ; ensuite, les entreprises coupent dans la masse salariale par des innovations techniques afin de hausser leurs bénéfices et se dirigent alors vers les jeux boursiers, qui constituent un moyen rapide de maximiser leurs profits (ainsi la concentration des richesses s’accentue encore plus) ; enfin, les familles de classe moyenne, devant l’érosion de leurs revenus, contractent plus d’emprunts afin de préserver leur niveau de vie ; c’est alors que la consommation décroît et que les risques d’une dépression s’accroissent.

À notre époque dite « du savoir », je m’étonne qu’aucun dirigeant n’avoue publiquement la possibilité d’une crise économique importante dans un proche avenir. On aime mieux se cacher la tête sous le sable plutôt que de prévoir des alternatives à une possible dépression. Nos politiciens devraient considérer sérieusement cette éventualité pour le bien-être de leurs électeurs au lieu de chercher à protéger les intérêts des groupes de pression qui financent leurs campagnes électorales.

Jimmy St-Gelais
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La richesse de l’un est la pauvreté d’un autre


Notre système économique a besoin de nouveaux territoires à exploiter afin d’assurer son existence. Sans l’apport de ressources et de main d’œuvre à bon marché, l’équilibre du capitalisme s’avèrerait difficile à maintenir car il est empreint de contradictions intrinsèques qu’il ne peut résoudre sans l’apport de richesses humaines et matérielles extérieures.

En effet, pour lutter contre ses paradoxes internes, tel que le déséquilibre inhérent entre l’offre et la demande, que l’on comble partiellement, mais non totalement, avec le crédit (voir Frénésie Boursière… ), ce système se doit d’acquérir des ressources et une masse de travailleurs à bas prix afin de permettre aux grandes entreprises d’engranger des bénéfices. Sans cette logique d’extorsion dans les pays étrangers de l’Occident développé, le capitalisme sombrerait dans le marasme.

En conséquence, le FMI et la Banque mondiale imposent aux pays en développement des règles économiques qui favorisent l’implantation des entreprises occidentales et la production à grande échelle. Par exemple, on exproprie des petits paysans afin de créer des méga-fermes dans les mains de grands propriétaires fonciers qui collaborent avec les multinationales. On pompe aussi l’eau des nappes phréatiques de régions entières pour la fabrication de boissons gazeuses au détriment des agriculteurs locaux faisant alors face à la faillite, et qui, pour survivre, se doivent de migrer vers les grands centres urbains et travailler (avec leurs enfants) à des salaires misérables et des conditions inhumaines dans les usines du genre « sweat shop » des hommes d’affaires du nord. Ainsi, la main d’œuvre à faible coût vient compléter l’acquisition de ressources à tarifs modestes.

La propagation de régimes socialistes, en Amérique latine surtout, est une conséquence de ce processus (voir Un nouvel effet domino).

Nous devrions nous questionner sur le bien fondé de notre système économique, et sur le malheur qu’il inflige aux peuples qui ne font pas partie des nations dites développées. Notre qualité de vie est tributaire de l’exploitation de contrées qui ne profitent pas des largesses de la société de consommation. En achetant les articles aux prix alléchants des compagnies présents sur ces territoires, nous acquiesçons à cet état de fait et sommes tout aussi coupables que les conseils d’administration de ces multinationales.

Jimmy St-Gelais
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La globalisation économique en déclin


L’essayiste et romancier de renommée internationale, John Saul, critique de façon virulente la mondialisation dans son livre « Mort de la globalisation ». La pensée pan-économique serait vacillante depuis 1995, clame-t-il, et la tendance devrait se maintenir dans les prochaines années.

Depuis trois décennies, on nous impose cette vision du monde qui s’est répandue en passant par le Consensus de Washington des années 80. Cette déclaration de principes a édicté des règles financières drastiques afin de remonter l’économie des pays en difficultés par une libéralisation totale et une ouverture généralisée au commerce international.

En résumé, la globalisation met l’économie en tant que valeur première des sociétés en reléguant à des rangs inférieurs tous les autres aspects de la vie communautaire. La politique, la culture, le social, les relations internationales sont ainsi considérés comme ayant une moindre importance en rapport aux nouveaux préceptes économiques. Une situation sans précédent dans l’Histoire du monde, selon Saul, où la sphère économique a toujours été positionnée en 2e, 3e ou 4e place dans les priorités de toutes les civilisations antérieures.

Une croyance importante des globalistes est que la combinaison entre la technologie et l’économie peut régler tous les problèmes. Une affirmation que les faits n’ont pas encore démontré avec les difficultés environnementales qui ne cessent de s’aggraver.

On prétend aussi que celle-ci (la globalisation) est inéluctable, quelle est la conclusion logique de la marche normale de l’Histoire, ce qui révélerait la faiblesse des arguments des globalistes car le bien fondé de leur système de valeurs ne se base sur rien de concret dans la réalité.

En fait, l’idéologie de la globalisation ne comporterait rien de novateur. En effet, l’Histoire suggère qu’il n’y a que 3 ou 4 théories économiques récurrentes, et que l’une ou l’autre reviendrait dans le décor de façon cyclique. En somme, la globalisation, ou néolibéralisme, serait une fusion de l’école libre échangiste britannique et de l’école du capitalisme sauvage, toutes les deux ayant apparues au XIXe siècle. Cependant, cette union contiendrait un paradoxe qui affaiblirait cette idéologie : la première école prône un échange mondial accru avec des baisses de tarifs douaniers, tout en imposant des règles sociales empruntes de justice sociale (comme l’interdiction du travail des enfants); mais, la deuxième école, demande le relèvement de tous les obstacles au libre commerce comme les lois concernant l’imposition des entreprises, les services sociaux et la protection de l’environnement. Donc, la fondation même de cet ensemble idéologique est tiraillée entre deux pôles contradictoires.

Les élites occidentales verraient la globalisation comme une vérité absolue et ces dernières seraient incapables d’esprit critique face à cette doctrine car celle-ci aurait été bien implantée dans les esprits depuis plus de 2 générations. Cela expliquerait le faible nombre de discours contre le néolibéralisme dans les médias. Elles feraient aussi preuve d’une hypocrisie lorsque les échanges commerciaux ne tournent pas à leur avantage. Le succès des exportations des produits de la Chine et la délocalisation d’usines vers l’Asie sont tellement prononcées que l’on peut lire maintenant dans le Financial Times et le Wall Street Journal qu’il faudrait établir de lourds tarifs douaniers envers les biens provenant du territoire chinois. Des déclarations qui vont bien sûr à l’encontre des règles de la globalisation économique.

Monsieur Saul évoque aussi plusieurs signes du déclin de la globalisation. Plusieurs penseurs non-occidentaux mettent en doute ce système. Il y a bien accroissement de la production, mais qui n’est pas suivi par une juste répartition des revenus dans les pays en développement. Par ailleurs, il n’y aurait pas une croissance de la richesse réelle au niveau de la planète, mais seulement un déplacement concrétisé par le jeu des fermetures et de réouvertures d’usines d’une nation à une autre.

Les exemples de l’échec de la globalisation apparaissent maintenant un peu partout sur le globe. En Amérique latine, l’application des mesures du consensus de Washington a été désastreuse pour les économies locales : en Argentine, le niveau de vie en 1920 était supérieur à celui du Canada, mais à partir de 1950 et surtout depuis la décennie 1980, les nouvelles règles du FMI et de la banque mondiale ont poussé ce pays vers la banqueroute. En conséquence, le gouvernement Argentin a choisi de mettre le social au premier plan et de ne pas payer ses dettes aux créanciers de nord, comme bien d’autres pays de ce continent; en Chine, l’implantation du dernier plan quinquennal dicte maintenant le respect du domaine social, de l’environnement, du milieu rural et la priorisation des objectifs domestiques plutôt qu’internationaux. Une remise en question du néolibéralisme mondial que peu de médias occidentaux ont cité.

Même dans les pays développés, on voit l’émergence de mesures protectionnistes : aux États-unis, on bloque l’accès des ports aux exportations de certains pays; en Espagne, on entrave le commerce énergétique avec l’Allemagne.

En vérité, les multinationales ne sont pas capitalistes car elles voient d’un mauvais œil la concurrence. Elles opèrent un chantage envers les pays du monde lorsqu’on pourrait les contrecarrer par un traité international sur les impôts des multinationales. Les monopoles et les oligopoles contemporains rappellent le mercantilisme du XVIIe siècle où proliférait de grandes compagnies dominant l’économie, comme la Baie d’Hudson anglaise. Nous serions simplement revenu en arrière.

Entre autres, les États-Nations commencent à se réveiller. Devant la croissance forte et les milliards des multinationales payant peu d’impôts qui ne se résultent pas par une diffusion équitable de la richesse à l’ensemble de la terre, les pays réalisent peu à peu que le néolibéralisme ne fonctionne pas. On prétendait que les grandes entreprises deviendraient les nouveaux États transcendants toutes les frontières politiques, mais le mouvement se renverse lentement et les États-Nations commencent à reprendre le terrain perdu depuis 30 ans.

En conclusion, John Saul affirme que nous passons dans un vide idéologique. L’influence des citoyens ayant décliné dans la vie politique depuis des décennies, l’avènement de cette période d’incertitude peut augmenter le pouvoir de ceux-ci car l’idéologie de la globalisation économique sera remise en question et permettra un débat plus ouvert sur la voie à prendre pour l’avenir du monde.

Jimmy St-Gelais
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Avons-nous l’argent nécessaire pour légaliser la prostitution?

Avons-nous l’argent nécessaire pour légaliser la prostitution?
légalisation prostitution légaliser prostituée décriminalisation bordel sexe sexuel sexy La Commission du conseil municipal sur le développement culturel et la qualité du milieu de vie a déposé son rapport au conseil municipal de Montréal le 26 novembre dernier. La commission a reçu deux mémoires qui présentent des positions tout à fait opposées sur la question de la prostitution. La commission souhaiterait recevoir davantage d’information avant de formuler des recommandations sur le sujet, elle aimerait notamment entendre les citoyennes et les citoyens sur cet enjeu d’importance dans les quartiers centraux.
À Vancouver, des pressions sont exercées pour légaliser des bordels en coopérative pour les Jeux Olympiques. Le débat sur la légalisation de la prostitution persiste. J’ai donc décidé de ramener dans ce blogue, un texte que j’avais écrit pour le magazine Reflet de Société, édité par le Journal de la Rue.
Le débat sur la légalisation de la prostitution est faussé. Il n’existe pas une forme de prostitution mais plusieurs formes de prostitution.

Une personne prostituée à 4 000$ pour un week-end qui couche avec des politiciens à Québec ou à Ottawa ou avec de grosses vedettes internationales ne vit pas dans le même contexte qu’une autre à 20$ pour une pipe, qui est toxicomane, avec des champignons dans la bouche et atteinte du Sida.

Certaines personnes se positionnent en faveur de la légalisation de la prostitution, sous prétexte de vouloir venir en aide aux personnes qui font de la prostitution de rue, assurer leur sécurité… Mais qu’adviendra-t-il de ces personnes lorsque nous aurons légalisé toutes les formes de prostitution?

Les dangers d’une légalisation sans encadrement

De la «viande fraîche»
En autorisant l’ouverture de bordel, les nouveaux entrepreneurs de l’industrie du  sexe, pour utiliser leur langage, vont légalisation prostition légaliser prostituée décriminalisation escorte décriminaliser putain sexe sexy sexuelvouloir engager de la «viande fraîche» pour satisfaire leurs clients. Par «viande fraîche» on pense à des personnes de 18 à 23 ans en santé. Pour la majorité des personnes se prostituant dans la rue, l’entrée dans ces bordels leur sera refusée et elles devront continuer à exercer dans la rue. Dans les faits, l’âge moyen d’entrée dans la prostitution est de 14 ans!

Pire, après un certain nombre d’années, lorsque les premières personnes ayant travaillé dans ces bordels commenceront à vieillir, les entrepreneurs qui veulent bien traiter leurs clients vont remplacer leurs personnels par des plus jeunes. Il y aura donc encore plus de personnes exerçant la prostitution dans les rues. Ceci se vérifie par les expériences des pays ayant légalisé la prostitution, depuis une dizaine d’années et qui se retrouvent avec 3 à 10 fois plus de prostitués de rue qu’avant la légalisation (Australie, Pays-Bas, Allemagne…).

Les clients indésirables
Mais si un client peut aller en toute légalité dans un bordel pour engager une personne jeune et attrayante, pourquoi utiliserait-il les services d’une personne exerçant dans la rue? Parce qu’il est violent et qu’il se ferait sortir des bordels? Parce qu’il veut exiger de faire des choses qui devraient être refusées dans le bordel comme avoir une relation sans condom? Ou encore parce qu’il veut payer moins cher? Pour toutes ces raisons et pour plusieurs autres, les personnes exerçant la prostitution de rue seront encore plus dans le trouble après la légalisation. Le nombre de mauvais clients rencontrés sur la rue sera encore plus grand et il sera encore plus risqué d’être une personne prostituée.

Citoyens et commerçants
Et que dire de nos honorables citoyens! Puisque la prostitution est maintenant légalisée, l’intolérance de ceux-ci aura monté d’un cran. «Puisque c’est légal et qu’il existe des bordels, je ne veux plus te voir traîner dans les rues de mon quartier ou devant les vitrines de mon commerce». Comment vont réagir ces citoyens quand ils vont s’apercevoir que non seulement la légalisation n’a pas diminué le nombre de personnes devant leur honorable résidence, mais qu’en plus, il y en a maintenant 3 fois plus! L’intolérance ne fera que grimper.

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En légalisant, le gouvernement fédéral ne doit pas s’en laver les mains en disant que ça sera du ressort des villes de gérer le tout?

Pourquoi les groupes criminalisés sont si forts en région? Parce que les petites municipalités avec un seul policier n’ont pas les moyens d’avoir le contrôle sur ces puissants groupes. Quand le policier en question est connu de tous, que tout le monde sait où il demeure et que tout le monde connaît sa famille au complet et à quelle heure sa petite fille sort de l’école, pensez-vous qu’il sera assez fou pour tenir tête aux groupes criminalisés? C’est un policier qui fait de son mieux, pas une personne suicidaire. Cela n’est pas sans rappeler encore une fois les pays ayant déjà fait l’expérimentation de la légalisation, qui avouent avoir perdu le contrôle. De plus, ils deviennent incapables de gérer ce nouvel engouement pour le sport sexuel.

Tous les paliers de gouvernements devront s’impliquer dans une approche multidisciplinaire. Pas question de laisser les municipalités se démerder seules dans une industrie qui est déjà internationale et qui a de gros moyens financiers pour brouiller les cartes.

L’industrie du tourisme
Un bel exemple que j’ai vécu personnellement. L’état du Nevada permet aux municipalités de légaliser la prostitution. Las Végas, malgré ses innombrables Casinos et ses spectacles grandioses, se refusent de légaliser la prostitution. La ville voisine a légalisé la prostitution. C’est pourquoi nous voyons sur certains coins de rue de Las Végas des dizaines de Mexicains qui tendent des annonces pour inciter l’achat de services sexuels dans la ville voisine. La ville de Las Végas est allée en cour pour tenter d’empêcher ces Mexicains de venir faire de la sollicitation dans les rues de Las Végas. Pour le bénéfice de la libre entreprise et de la liberté d’expression, la ville de Las Végas a perdu contre les Mexicains.

Ceux qui font le rabattage de clients sont majoritairement des garçons. Mais ce qui m’a déchiré le cœur, a été de voir une fille mexicaine d’environ 12 ans, faire du rabattage. Les questions que je me pose encore: le faisait-elle pour sa sœur ou sa mère? Va-t-elle se prostituer et à quel âge risque-t-elle de commencer?

Ce qui s’est passé à Las Végas risque de nous arriver. Montréal avec ces grands festivals et ces grands rassemblements ne tolérera pas de prostitution sur son territoire. Les entrepreneurs de bordels vont s’établir à Terrebonne ou à Bois-des-Filions. Ça va être bon pour l’industrie du taxi. Les gens viennent de partout pour un festival, ensuite le taxi pour les bordels en banlieue. Parce que la prostitution, ce n’est pas bon pour l’industrie du tourisme. Ce n’est pas bon pour l’image d’un grand centre urbain. Quand on voit de nouveaux logements sociaux des auberges du cœur passer criminellement au feu dans le sud-ouest de Montréal, quand des gens font pressions pour empêcher des organismes communautaires comme Cactus de se relocaliser dans le Centre-ville de Montréal, les principes de «pas dans ma cour» vont continuer à se faire prévaloir.

Pénurie de main-d’œuvre
Les bordels vont se multiplier en région et les nouveaux entrepreneurs vont y faire la pluie et le beau temps. À un point où il ne serait pas surprenant qu’il manque de main-d’œuvre. Un peu comme il s’est passé quand on a légalisé les danses à 10$. On a manqué de filles pour aller travailler dans les isoloirs. Va-t-on créer un programme pour permettre à des danseuses exotiques étrangères de venir travailler au Canada? Devrons-nous rouvrir ce programme et l’élargir aux artistes de la prostitution? N’est-ce pas ce programme où des fonctionnaires et des intervenants du milieu mentionnent qu’il a profité aux groupes criminalisés? Plusieurs de ces danseuses ont disparu. Le gouvernement américain affirmait en 2003 que le Canada est une plaque tournante pour le trafic des femmes et des enfants.

Conditions essentielles
Si nous sommes sérieux dans notre volonté de légaliser la prostitution, il y a des préalables essentiels. La prostitution concerne des êtres humains qui doivent être considérés dans leur globalité. Ceci nous oblige à prévoir une approche multidisciplinaire.

Il faut faire de la prévention en ce qui concerne les jeunes de la rue et ceux placés par la DPJ. Ils sont des victimes vulnérables. La réforme de la DPJ devra tenir compte de cette vulnérabilité. Il faut aussi faire de la prévention et de la sensibilisation dans les écoles et les différents milieux de vie des jeunes.

Pour s’assurer que la prostitution est bel et bien un choix, et non pas un manque de choix face à la pauvreté ou à d’autres difficultés, il faut s’assurer d’offrir un soutien et un encadrement aux personnes concernées.

Il faut prévoir une aide accrue aux organismes d’intervention auprès des personnes prostituées de rue. Nous ne pouvons pas penser légaliser le marché du sexe sans aussi donner les services d’aide et de soutien aux personnes dans le besoin qui seront exclues et marginalisées. Si une municipalité veut ouvrir un bordel, les services aux personnes se prostituant doivent être présents avant son ouverture.

Il faut prévoir des mécanismes de contrôle et de sécurité avant la légalisation. Nous avons laissé à eux-mêmes des groupes criminalisés pendant des décennies. Ils sont devenus des forces redoutables, organisées, structurées et très bien financées. Reprendre le contrôle après coup est très coûteux, sinon impossible. La prostitution, ne se limite pas aux limites géographiques d’une ville, mais fait partie d’un réseau international, qui nécessitera une coordination des différents corps policiers qui devront apprendre à travailler efficacement ensemble. Cela nécessitera de généreux budgets aux différents corps policiers.

Il faudra donc s’assurer qu’il y ait une prise en charge complète par le gouvernement de ces bordels, à tous les niveaux: sécurité, administration, gestion, encadrement, surveillance, finance… Il n’y a pas d’entre-deux possibles pour éviter que la situation ne dérape et qu’il y ait abus.

Il ne faut pas s’imaginer que les revenus de taxes et d’impôt sur la prostitution permettront de compenser les investissements que nous aurons à faire pour légaliser la prostitution. Les pays qui ont déjà légalisé, ont perdu le contrôle et se sont retrouvés avec plus d’effets pervers que de problèmes résolus. Si nous n’avons pas l’argent nécessaire pour nous impliquer adéquatement, nous en aurons encore moins après.

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Pendant plusieurs décennies, j’ai pensé que la légalisation de la prostitution permettrait d’aider les filles qui font la rue et règlerait tous les problèmes. Mais je ne peux négliger les résultats dans les pays l’ayant légalisée. Après avoir fait des recherches plus approfondies, je suis maintenant fondamentalement convaincu que la légalisation de la prostitution a plus d’effets pervers que d’avantages. Il est trop facile de se débarrasser de la question et de répondre hâtivement.

Les effets de la légalisation

Depuis maintenant dix ans, des pays tels l’Australie, les Pays-Bas et l’Allemagne ont légalisé la prostitution. Pour certains, ils n’arrivent pas à en gérer les effets pervers, pour d’autres, ils voudraient revenir en arrière.

En légalisant la prostitution, nous amenons des entrepreneurs (ex-pimp) à pouvoir être exigeants envers les filles travaillant dans leur nouveau bordel légal. Lorsque la fille devient un peu trop vieille (exemple 23 ans) ou qu’elle commence à avoir l’air magané, on la remplacera rapidement pour satisfaire la clientèle. Dans l’entreprise privée, quand une employée n’est plus rentable, on la remplace. C’est la jungle de l’offre et de la demande, là où le client a toujours raison et que la rentabilité prime sur tout.

Qu’adviendra-t-il des filles qui se feront mettre à la porte des bordels? Retour à la rue? Ceci explique peut-être pourquoi dans les pays ayant légalisé la prostitution, on retrouve trois fois plus de prostituées qui font la rue.

Et ces filles retournées à la rue ont-elles plus de sécurité et de plaisir à exercer leur métier? D’une part, un client prendra une fille qui fait la rue plutôt que celle qui se retrouve dans un bordel légal parce qu’elle coûte moins cher, parce que le client est violent et qu’il n’est pas admis dans le bordel, parce qu’il a des exigences telles que faire l’amour sans condom… D’autre part, les citoyens risquent d’être encore moins tolérants envers les filles de la rue: «On a légalisé la prostitution, ce n’est pas pour te revoir dans la rue. Retourne dans ton bordel!».

Plus près de nous, dans un domaine similaire, on peut se demander si la légalisation des danses à 10$, a permis d’augmenter la qualité des conditions de travail des danseuses? Qu’est-il advenu des filles qui dansaient mais qui ne veulent pas se faire tripoter ou faire une pipe dans les isoloirs? Est-ce qu’avec la légalisation des danses à 10$, on a éloigné les groupes criminalisés des bars? Pourquoi en serait-il différent en légalisant la prostitution?

La répression et ses effets pervers

Seules les prostituées de la rue sont visées. Les autres formes de prostitution sont légales. Cependant, la répression apporte aussi des conséquences. On leur donne des contraventions, criminalise les personnes, les met en prison. Nous entendons aussi parler d’histoires d’horreur. Des filles battues et violées par des clients qui ne peuvent porter plainte parce qu’elles sont considérées comme des criminelles, des policiers qui les font chanter pour avoir des informations sur ce qui se passe dans le milieu… Une opération répressive ne fait que déplacer les gens d’un quartier à l’autre.

Quels sont les autres choix?

Se limiter à seulement deux choix extrêmes tel que légaliser ou criminaliser nous amène dans un cul de sac. La Suède, quant à elle, criminalise les clients. Les prostituées sont considérées comme des victimes et peuvent recevoir aide et soutien. La formule semble bien fonctionner jusqu’à date puisqu’il y a réduction de la prostitution.

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Pour ou contre la légalisation de la prostitution?

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Raymond Viger Dossier Prostitution et Sexualité

Qui est le mieux placé pour influencer ce choix de société qui nous concerne tous? Certains nous diront que les prostituées sont à même de pouvoir nous dire ce qui est bon pour elles. J’ai été travailleur de rue auprès de prostituées pendant de nombreuses années. J’ai accompagné un certain nombre de femmes qui se prostituaient. J’ai eu l’occasion de les revoir 10 ans plus tard. Même si certaines m’avaient dit avoir fait un choix conscient et éclairé, dix ans plus tard, lorsqu’elles étaient sorties du milieu, leur réponse avait changé. Ces femmes ont eu à faire face à d’atroces souffrances et à de multiples formes de violences.

Il y a quelques années, le Bloc Québécois a mis sur pied un comité de réflexion concernant la prostitution. Après quelques consultations, trois députés du Bloc Québécois ont déposé un projet de loi visant à légaliser la prostitution.

Le Conseil permanent de la jeunesse, après avoir consulté 19 jeunes prostitués de Montréal et de Québec propose maintenant de décriminaliser les personnes se prostituant et leurs clients. Est-ce que 19 jeunes sont représentatifs de l’ensemble du milieu? Leur opinion sera-t-elle la même le jour où ils ne pratiqueront plus la prostitution?

Quelques groupes communautaires tentent de faire légaliser la prostitution. Je ne vous cacherai pas qu’au début des années 90, j’ai moi-même été en faveur de légaliser la prostitution. Aujourd’hui, je suis cependant ébranlé par de nouvelles informations que nous ne pouvons pas négliger. Des pays tels que les Pays-Bas, l’Allemagne et l’Australie ont légalisé la prostitution depuis maintenant 10 ans. Nous pouvons analyser les résultats de leur expérience avant de nous positionner.

Le plus vieux métier du monde?

Un argument en faveur de la légalisation est de penser que la prostitution a toujours existé et qu’elle existera toujours. Pourquoi alors ne pas légaliser? Quand je pense à la femme et aux métiers qu’elle a exercé dans nos sociétés, ce n’est pas comme une prostituée que je la vois. La femme a premièrement été une mère, celle qui veillait à la vie en communauté pendant que les hommes allaient à la recherche de nourriture. Être parent, citoyen de sa communauté. Et cela implique d’être sage-femme, artisane, infirmière, cuisinière… Toutes sortes de métiers qui consistent à prendre soin de l’autre et de sa communauté.

Expérience de la légalisation de la prostitution

Les dix années d’expérimentation, démontrent qu’en légalisant la prostitution, les conditions de vie des femmes se sont détériorées, le trafic des femmes et des enfants a augmenté, la prostitution de rue a triplé. Pire, on voulait légaliser la prostitution pour enlever ce gagne-pain aux groupes criminalisés. Erreur. Ces groupes se sont rapidement organisés et contrôlent les bordels légaux! Si demain matin, la prostitution est légalisée à Montréal, qui a la capacité de s’organiser rapidement, de se trouver des prête-noms et d’avoir l’argent nécessaire pour nous construire de superbes bordels de luxe? Les groupes criminalisés, évidemment.

La prostitution, un choix?

Ceux qui favorisent la légalisation de la prostitution disent que les femmes se prostituent par choix. Dans les faits, n’est-ce pas plutôt par manque de choix? La très grande majorité des personnes qui se prostituent ont été sexuellement agressées et très souvent en bas âge. Est-ce que cela doit être considéré dans notre réflexion?

Combien de personnes se prostituent, forcées directement ou indirectement? Et il y a celles qui n’ont rien connu d’autres, souvent perdues dans une dépendance aux drogues, tentant de fuir leurs souffrances. Est-ce qu’elle se prostitue pour consommer ou consomme-t-elle pour pouvoir se prostituer? Un cercle vicieux qui nous montre qu’il s’agit d’un flagrant manque de choix.

Il est vrai que pour un petit nombre d’entre elles, la prostitution est un choix, un mode de vie qu’elles ont accepté. Une prostitution de luxe où la prostituée garde le contrôle de son corps et est capable de mettre ses limites face aux clients. Mais ce n’est qu’une faible minorité. Peut-on accepter de légaliser la prostitution, sachant que la très grande majorité va en subir les tourments?

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Une journée bien spéciale

Sur ce blogue collectif, auquel j’ai accepté avec grand plaisir de collaborer, je serai monsieur Vendredi. Pas pour vous raconter La Vie et les aventures étranges et surprenantes de Robinson Crusoé. Quoique. Comme Robinson, nous aurions bien besoin d’un Vendredi qui nous apprenne à vivre comme si nous n’avions qu’une petite île à notre disposition.

Vous aurez compris que je m’intéresse à l’environnement. Mais ce n’est pas mon seul champ d’intérêt. En fait, j’ai commencé à bloguer en 2004, sur un site toujours vivant: soblogue.com. Cela fait quatre ans que j’essaie d’y comprendre pourquoi la misère subsiste dans un monde où il y a tant de richesse. Plus j’y écris, plus je découvre à quel point nous vivons un profond conflit de valeurs. Si seulement nous pouvions être plus ouverts à la différence, moins sectaires, plus solidaires, moins doctrinaires.

Depuis tantôt, je sens que vous me lisez en vous demandant quel est le lien avec le titre de ce billet. Je vous ai fait languir volontairement. La journée bien spéciale, ce n’est pas aujourd’hui mais dimanche le 31. Ce sera le Blog Day. Sur tous les fuseaux horaires, des blogueurs posteront un billet recommandant 5 nouveaux blogues, de préférence des blogues différents de leur culture, point de vue et attitude. Tout un défi.

Si vous êtes blogueur et que vous embarquez dans le jeu, parlez de nous 😉

Quand Pierre JC Allard m’a invité, il m’a expliqué que l’idée était de suggérer chaque jour une réflexion sur l’actualité politique. Sept réflexions par semaine provenant de sept blogueurs acceptant de jouer le jeu. L’idée était séduisante.

Allard a placé ensuite la hauteur de la barre: il s’agissait, s’inspirant de la phrase d’Albert Londres, de «montrer ce que personne ne voit, dans ce que tout le monde regarde…»  Je ne connaissais pas cette citation qui m’a plu immédiatement, comme le concept d’ailleurs.

J’ajoute mon petit grain de sel, que m’a inspiré cette phrase de Coluche, «c’est pas parce qu’ils sont nombreux à avoir tort qu’ils ont raison!»: être vraiment politique, c’est sortir du moule plutôt que de faire la moule.

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Réchauffement climatique et santé publique: où en sommes-nous?

Les évidences s’enlignent les unes derrière les autres et pourtant nous sommes lents à réagir: le réchauffement climatique est devenu un problème de santé publique. La sociologue américaine Sabrina McCormick soutient, dans un texte récent, qu’il est grand temps que toute la chaîne d’intervention en santé publique de son pays s’éveille avant qu’il ne soit trop tard. On peut se demander où nous en sommes au Québec.

Selon des données de 2003, environ 160 000 décès annuels dans le monde sont dus au réchauffement climatique. Certains meurent de chaleur, mais il y a aussi les catastrophes naturelles et des maladies induites ou renforcées par le réchauffement.

Ce chiffre ne semble pas très élevé, quand on le compare au nombre de décès prématurés dus à d’autres causes. L’Organisation mondiale de la santé estimait, en 2006, que 1,7 million de personnes mourraient prématurément à cause d’une eau insalubre, 1,3 à cause de la pollution de l’air.

Les maladies cardiovasculaires tuent 2,6 millions de personnes par année, les cancers en emportent 1,4 million, les accidents de la route, quelque 470 000.

Malgré ce poids relativement peu élevé dans le bilan des décès prématurés, l’impact du réchauffement climatique ne doit pas être pris à la légère. Plus la température globale de l’atmosphère va s’élever, plus le nombre de maladies et de décès va augmenter.

Des chercheurs de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) avaient sonné l’alarme en février 2007, prévoyant une augmentation des décès dus au réchauffement de l’ordre de 3 % à 9 % en 2050, et de 6 % à 24 % en 2080. L’INSPQ précisait même que ses prévisions étaient conservatrices, car elles ne tenaient « pas compte du vieillissement prévu de la population tandis que les plus de 65 ans sont particulièrement sensibles à la chaleur ».

Les vagues de chaleur ne sont qu’une des conséquences du réchauffement climatique. Dans le cas des États-Unis, McCormick s’attarde sur trois cas exacerbés par le réchauffement: le virus du Nil occidental dans l’État de New York, l’accroissement des risques toxicologiques chez les populations autochtones de l’Alaska et les problèmes de santé causés par l’accroissement de la chaleur dans la région urbaine de Philapelphie

Sans entrer dans les détails de son analyse, disons qu’il est troublant de constater, à la lecture de son texte, que des obstacles institutionnels empêchent de percevoir l’urgence de la situation. Posez la question autour de vous, combien croient que leur santé ou celle de leurs proches est menacée par le réchauffement climatique?

Pour McCormick, il faut agir comme si nous étions déjà en situation de crise et s’ajuster en conséquence. À Chicago en 1995, l’isolement dans lequel vivaient plusieurs personnes âgées en a fait des victimes toutes désignées de la vague de chaleur qui s’est abattue sur la ville. Que se passerait-il en 2008?

L’article de février 2007 rapportant le cri d’alarme de l’INSPQ se concluait par une affirmation qui se voulait rassurante: les autorités d’ici prennent les choses au sérieux. L’auteur donnait comme exemple la sensibilisation des autorités municipales aux mesures à adopter en cas de canicule estivale et les interventions que prône Santé Canada en lien avec la santé et les changements climatiques.

J’ai pour ma part de sérieux doutes sur le degré de préparation relativement aux années difficiles que nous allons traverser. Dites-moi que je me trompe.

Sabrina McCormick, Hot or Not? Recognizing and Preparing for Climate-Induced Illness.

Texte d’abord paru sur ecolonovo.com

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