Archives quotidiennes : 29 août 2008

Une journée bien spéciale

Sur ce blogue collectif, auquel j’ai accepté avec grand plaisir de collaborer, je serai monsieur Vendredi. Pas pour vous raconter La Vie et les aventures étranges et surprenantes de Robinson Crusoé. Quoique. Comme Robinson, nous aurions bien besoin d’un Vendredi qui nous apprenne à vivre comme si nous n’avions qu’une petite île à notre disposition.

Vous aurez compris que je m’intéresse à l’environnement. Mais ce n’est pas mon seul champ d’intérêt. En fait, j’ai commencé à bloguer en 2004, sur un site toujours vivant: soblogue.com. Cela fait quatre ans que j’essaie d’y comprendre pourquoi la misère subsiste dans un monde où il y a tant de richesse. Plus j’y écris, plus je découvre à quel point nous vivons un profond conflit de valeurs. Si seulement nous pouvions être plus ouverts à la différence, moins sectaires, plus solidaires, moins doctrinaires.

Depuis tantôt, je sens que vous me lisez en vous demandant quel est le lien avec le titre de ce billet. Je vous ai fait languir volontairement. La journée bien spéciale, ce n’est pas aujourd’hui mais dimanche le 31. Ce sera le Blog Day. Sur tous les fuseaux horaires, des blogueurs posteront un billet recommandant 5 nouveaux blogues, de préférence des blogues différents de leur culture, point de vue et attitude. Tout un défi.

Si vous êtes blogueur et que vous embarquez dans le jeu, parlez de nous 😉

Quand Pierre JC Allard m’a invité, il m’a expliqué que l’idée était de suggérer chaque jour une réflexion sur l’actualité politique. Sept réflexions par semaine provenant de sept blogueurs acceptant de jouer le jeu. L’idée était séduisante.

Allard a placé ensuite la hauteur de la barre: il s’agissait, s’inspirant de la phrase d’Albert Londres, de «montrer ce que personne ne voit, dans ce que tout le monde regarde…»  Je ne connaissais pas cette citation qui m’a plu immédiatement, comme le concept d’ailleurs.

J’ajoute mon petit grain de sel, que m’a inspiré cette phrase de Coluche, «c’est pas parce qu’ils sont nombreux à avoir tort qu’ils ont raison!»: être vraiment politique, c’est sortir du moule plutôt que de faire la moule.

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Réchauffement climatique et santé publique: où en sommes-nous?

Les évidences s’enlignent les unes derrière les autres et pourtant nous sommes lents à réagir: le réchauffement climatique est devenu un problème de santé publique. La sociologue américaine Sabrina McCormick soutient, dans un texte récent, qu’il est grand temps que toute la chaîne d’intervention en santé publique de son pays s’éveille avant qu’il ne soit trop tard. On peut se demander où nous en sommes au Québec.

Selon des données de 2003, environ 160 000 décès annuels dans le monde sont dus au réchauffement climatique. Certains meurent de chaleur, mais il y a aussi les catastrophes naturelles et des maladies induites ou renforcées par le réchauffement.

Ce chiffre ne semble pas très élevé, quand on le compare au nombre de décès prématurés dus à d’autres causes. L’Organisation mondiale de la santé estimait, en 2006, que 1,7 million de personnes mourraient prématurément à cause d’une eau insalubre, 1,3 à cause de la pollution de l’air.

Les maladies cardiovasculaires tuent 2,6 millions de personnes par année, les cancers en emportent 1,4 million, les accidents de la route, quelque 470 000.

Malgré ce poids relativement peu élevé dans le bilan des décès prématurés, l’impact du réchauffement climatique ne doit pas être pris à la légère. Plus la température globale de l’atmosphère va s’élever, plus le nombre de maladies et de décès va augmenter.

Des chercheurs de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) avaient sonné l’alarme en février 2007, prévoyant une augmentation des décès dus au réchauffement de l’ordre de 3 % à 9 % en 2050, et de 6 % à 24 % en 2080. L’INSPQ précisait même que ses prévisions étaient conservatrices, car elles ne tenaient « pas compte du vieillissement prévu de la population tandis que les plus de 65 ans sont particulièrement sensibles à la chaleur ».

Les vagues de chaleur ne sont qu’une des conséquences du réchauffement climatique. Dans le cas des États-Unis, McCormick s’attarde sur trois cas exacerbés par le réchauffement: le virus du Nil occidental dans l’État de New York, l’accroissement des risques toxicologiques chez les populations autochtones de l’Alaska et les problèmes de santé causés par l’accroissement de la chaleur dans la région urbaine de Philapelphie

Sans entrer dans les détails de son analyse, disons qu’il est troublant de constater, à la lecture de son texte, que des obstacles institutionnels empêchent de percevoir l’urgence de la situation. Posez la question autour de vous, combien croient que leur santé ou celle de leurs proches est menacée par le réchauffement climatique?

Pour McCormick, il faut agir comme si nous étions déjà en situation de crise et s’ajuster en conséquence. À Chicago en 1995, l’isolement dans lequel vivaient plusieurs personnes âgées en a fait des victimes toutes désignées de la vague de chaleur qui s’est abattue sur la ville. Que se passerait-il en 2008?

L’article de février 2007 rapportant le cri d’alarme de l’INSPQ se concluait par une affirmation qui se voulait rassurante: les autorités d’ici prennent les choses au sérieux. L’auteur donnait comme exemple la sensibilisation des autorités municipales aux mesures à adopter en cas de canicule estivale et les interventions que prône Santé Canada en lien avec la santé et les changements climatiques.

J’ai pour ma part de sérieux doutes sur le degré de préparation relativement aux années difficiles que nous allons traverser. Dites-moi que je me trompe.

Sabrina McCormick, Hot or Not? Recognizing and Preparing for Climate-Induced Illness.

Texte d’abord paru sur ecolonovo.com

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Radio-Canada bientôt à l’heure des nouvelles plateformes

Dans une réponse à une critique que j’avais formulée à propos de la lenteur de Radio-Canada à s’ajuster aux nouvelles plateformes telles le iPod touch, celui-ci m’a affirmé que le diffuseur public canadien a actuellement plus d’une douzaine de projets en chantier visant à mieux servir les utilisateurs de nouvelles plateformes numériques, dont les utilisateurs de iPod touch et de iPhone, ainsi que les consommateurs de radio mobile par Internet. Radio-Canada compte lancer le tout dans le courant de l’automne 2008.

C’est le Directeur, Stratégie et Développement des affaires Internet et Services numériques, Stéphane Bouquet, qui m’a fourni ces précisions. Il a ajouté en postscriptum de sa réponse ce qui suit : « je trouve votre jugement bien sévère. Dans l’espace numérique, il y a des médias beaucoup plus « dinosaures » que nous… et ce n’est pas parce qu’une station privée parisienne qui diffuse son signal en MP3 a eu l’idée de le faire indexer dans le répertoire d’une application payante pour iPhone, qu’on devient tout à coup obsolète… »

C’est vrai qu’il y a des médias plus dinosaures encore, mais nous parlons ici d’une grande société publique qui devrait devancer plutôt que suivre. Il est vrai que Radio-Canada a subi son lot de coupures budgétaires.

Il y a tout de même de nombreux diffuseurs publics présents tout à fait gratuitement sur la plateforme iPod touch pour peu qu’on accède à un réseau sans fil, ce que j’ai chez moi avec le dernier modem de Bell.

Voici ce que j’ai répondu à monsieur Bouquet :

« Si je suis sévère, c’est parce que je suis déçu de voir que Radio-Canada ne diffuse pas dans plus d’un format et cache ses flux derrière des technologies propriétaires. Je ne suis pas le seul à exprimer cette déception.

Je vous remercie cependant de vos précisions qui me font espérer que je pourrai écouter Radio-Canada sur mon iPod touch comme je le fais pour les radios nationales France culture, France info, France musique, France Inter (toutes à haut débit), Europe 1, RTL, le diffuseur américain NPR, la Radio Suisse Romande, BBC World Service (via le Vermont), Radio Swizzera Classica, CIBL et quelques radios privées d’ici, pour ne donner que ces exemples, tout cela tout à fait gratuitement, hormis évidemment le coût mensuel d’abonnement à mon FAI (Sympatico, rebaptisé récemment Bell Internet), grâce au réseau sans fil que j’ai à la maison (sans compter les réseaux sans fil gratuits qui commencent à s’implanter, mais que je n’ai pas encore essayés). [Je sais qu’à Montréal il est possible d’accéder à un réseau sans fil gratuit dans la zone des restaurants de la Gare Centrale.]

Je suis aussi déçu de constater que vous avez choisi Silverlight, mais là c’est Firefox 3 qui ne semble pas compatible avec cette technologie développée par Microsoft.

En fait, j’aimerais tout simplement avoir les adresses des flux radios et télés dans d’autres formats propriétaires (Real, MP3) mais aussi libre (Ogg vorbis qui ne semble plus fonctionner).

Bref, vive Radio-Canada libre.

Ps. : en fait, ça m’a coûté 3,99$ pour un petit logiciel du nom de Tuner à installer dans iPod touch qui permet d’écouter des centaines de radios gratuitement, et il y en même un autre logiciel gratuit, allRadio, sauf que Tuner permet d’ajouter des flux MP3, ce que j’ai fait facilement pour les radios publiques françaises et autres qui n’étaient pas dans le répertoire de Tuner. Je ne peux pas, hélas, ajouter Radio-Canada qui ne diffuse pas dans le format MP3. Pourtant les podcasts des émissions sont en MP3. »

J’écoute France Culture haut débit sur mon iPod touch au moment où j’écris ces lignes. Si seulement nous avions une radio de cette qualité au Québec.

Texte d’abord paru sur centpapiers.com

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Les uns perdent leurs maisons, les autres leurs terres, et des millions ont faim

Y-a-t-il un lien entre la crise des subprimes et la crise alimentaire qui sont, comme par hasard, survenues l’une après l’autre? En un sens, oui. Frances Moore Lappé (Diet for a Small Planet), rappelait récemment qu’il est tout à fait possible de nourrir tous les êtres humains. Des millions sont mal nourris parce que les systèmes de production et de distribution fonctionnent mal, de plus en plus à la merci qu’ils sont des grandes corporations et des spéculateurs de ce monde. Comme les petits emprunteurs hypothécaires.

Lors de l’effondrement du marché immobilier américain, les grands investisseurs, à la recherche d’occasion de faire fructifier les placements de leurs clients, se sont intéressés aux prix des denrées alimentaires sur les marchés à terme, spéculant sur leurs valeurs futures.

La banque belge KBC a même trouvé un slogan qui démontre une grande insensibilité aux malheurs de ce monde: «Tirez avantage de la hausse du prix des denrées alimentaires!» Tirez sur les affamés en tirant ce profit, serait-on tenté d’ajouter.

Terres en vue

Peu importe que les stocks de denrées fussent élevés ou bas, cette spéculation sur les marchés à terme a entraîné l’ensemble des prix à la hausse, créant ainsi une bulle certes appelée à crevée, mais qui n’en a pas moins touché des millions de personnes mises, presque du jour au lendemain, devant l’obligation de devoir débourser en moyenne 40% de plus pour se nourrir (voir le dernier numéro (juillet 2008) du magazine Seedling, Biodiversity, Rights and Livehood, page 1).

Les choses semblent s’être un peu tassées, mais il y a des forces en présence qui provoquent en ce moment un bouleversement profond des économies des pays où vivent les centaines de millions de petits paysans.

De grandes corporations, et même des pays, achètent la terre dans des pays étrangers. Le Japon aurait même, en ce moment, trois fois plus de terres arables à l’étranger que sur son territoire. La Lybie loue des terres agricoles en Ukraine. Les Émirats arabes unis achètent de grands domaines fonciers au Pakistan. À la suite d’un accord entre la Chine et les Philippines, des sociétés chinoises louent des terres philippines pour la production de riz et de maïs destinés à la Chine. Des sociétés chinoises achètent aussi des terres agricoles en Afrique et ailleurs dans le monde. Bref, c’est la ruée vers la terre.

Le marché des agrocarburants est un facteur aggravant de cet accaparement à grande échelle des terres et de création de grandes plantations, avec éviction des paysans et recul de la production alimentaire locale en prime.

À qui profite la flambée des prix alimentaires?

Certainement pas aux petits producteurs agricoles. Les marchés urbains dans les pays en développement sont inondés de produits bon marché venant d’ailleurs. Les produits locaux ne font pas le poids et les multinationales de l’alimentaire engrangent les profits.

Ouvrez vos marchés, ont dit en coeur les Technorati, la Banque mondiale, le Fonds monétaire international (FMI) et l’Organisation mondiale du commerce (OMC) aux Technorati. Une avalanche d’accords bilatéraux de libre-échange et d’investissement s’est abattue sur ces pays, avec les conséquences qu’on imagine sur les productions agricoles locales.

Un exemple parmi d’autres: des fermiers thaïlandais retirent maintenant moins d’argent de leur riz que les consommateurs paient trois fois plus. Allez comprendre.

C’est la faim du monde

Selon une compilation faite par le courtier en matières premières Gresham Investment Management, le montant des investissements spéculatifs dans les marchés à terme de produits de base est passé de 5 milliards de dollars US en 2000 à 175 milliards de dollars en 2007.

La récente flambée des prix des aliments a pour sa part ramené le nombre de mal nourris au niveau qu’il avait avant que l’Assemblée des nations unies adopte les Objectifs du millénaire pour le développement.

Le Cycle de Doha de l’OMC était aussi censé être le Cycle du développement.

Comme c’est curieux; l’argent circule de plus en plus vite. Ça doit être pour cela que les paysans ne réussissent pas à l’attraper.

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Texte d’abord paru sur soblogue.com

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