Archives mensuelles : septembre 2008

Nicolas Sarkozy quittera le Sommet de la Francophonie de Québec au milieu de la réunion !

Le président du Réseau international des chaires Senghor de la Francophonie, l’universitaire Michel Guillou, rappelait, dans une lettre adressée à Nicolas Sarkozy, que dès 2010, le chinois sera enseigné dans plus de 1000 instituts Confucius répartis dans le monde entier.

Comme l’écrivait dans Le Devoir, Jean-Louis Roy, secrétaire général de l’Agence intergouvernementale de la Francophonie de 1990 à 1998 et actuel président du conseil d’administration du Centre de la francophonie des Amériques : « La bataille des langues est aujourd’hui une donnée immédiate de la vie internationale. Elle mobilise gouvernements, institutions, associations de toute nature et draine des ressources considérables ». Le maire de Chicago déclarait récemment au New York Times : « Je crois qu’il y aura deux langues mondiales, la langue chinoise et la langue anglaise ».

Le ministre de l’éducation, Xavier Darcos, a dit souhaiter que tous les diplômés des lycées soient bilingues. Le même ministre décrète une généralisation des stages intensifs d’anglais dans les établissements d’enseignement. La ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Pécresse, déclarait récemment vouloir « rompre le tabou de l’anglais » en s’exprimant en anglais aux réunions de l’Union européenne.

Selon Le Devoir, s’il dit « rester attentif à la tentation d’un usage croissant de l’anglais dans la société française », Nicolas Sarkozy considère qu’il ne faut pas « dramatiser » le débat. « La France […] n’est pas dans la situation de nos amis du Québec en Amérique du Nord. La France a la chance de vivre la diversité à ses frontières. Il faut ramener les choses à leurs justes dimensions ». En Europe, Nicolas Sarkozy dit vouloir faire la promotion du trilinguisme et non pas du bilinguisme. « Le trilinguisme est une nécessité en Europe. Il est très important de ne pas se laisser enfermer dans le bilinguisme ».

Déjà en 2007, Nicolas Sarkozy déclarait : « En France, il faut en finir avec la vision jacobine d’une francophonie qui écrase et qui assène : il n’y a pas lieu d’opposer le français aux « langues de France ». Comment revendiquer, face à l’anglais, l’exception culturelle et ne pas l’admettre pour nos propres cultures régionales menacées de disparition ? Les langues locales, y compris, outre-mer, le créole, doivent pouvoir être proposées aux écoliers dans les territoires où un nombre suffisant de parents le souhaite ».

Nicolas Sarkozy prendra la parole à l’assemblée législative du Québec juste avant le sommet de la Francophonie, une première pour un président français. Pour permettre cette intervention, la Chambre sera appelée pour une séance extraordinaire, puisque selon le règlement, les députés ne rentraient au travail que le troisième mardi d’octobre, le 21.

Cette année, hasard et conjoncture font que le « Sommet de la Francophonie » se tiendra au lendemain d’une élection fédérale. En effet, le 14 octobre sera jour d’élections au Canada. La XIIe Conférence des chefs d’État et de gouvernement ayant le français en partage, plus connue sous le nom de « Sommet de la Francophonie », se réunira du 17 au 19 octobre 2008 à Québec.

Auparavant, un sommet Union européenne-Canada doit réunir le président français Nicolas Sarkozy, président en exercice de l’Union européenne, et le Premier ministre canadien Stephen Harper (s’il est réélu), le 17 octobre à Montréal, juste avant le sommet de la Francophonie. Cette rencontre sera l’occasion pour lancer des négociations sur un vaste accord de partenariat entre le Canada et l’Union européenne.

La Conférence des chefs d’État et de gouvernement des pays ayant le français en partage, communément appelé Sommet de la francophonie, se tient tous les deux ans et elle est l’instance suprême de la Francophonie. En novembre 2004, à l’occasion du Xe Sommet de Ouagadougou, au Burkina Faso, l’Organisation se dotait d’une feuille de route qui fixait pour les dix prochaines années les axes stratégiques de son intervention et de ses actions : promouvoir la langue française et la diversité culturelle et linguistique ; promouvoir la paix, la démocratie et les droits de l’Homme ; appuyer l’éducation, la formation, l’enseignement supérieur et la recherche ; développer la coopération au service du développement durable et de la solidarité.

Reconnaissons à la francophonie d’avoir obtenu des gains importants dans le monde : son rôle décisif à l’Unesco pour l’adoption de la Convention sur la diversité culturelle, en octobre 2005 et à New York, pour promouvoir une Organisation des Nations unies pour l’environnement (ONUE) ou créer le Conseil des droits de l’homme.

En mars dernier, lors de la Journée internationale de la Francophonie, Nicolas Sarkozy avait semblé donner le ton à ce qu’il entrevoyait pour le Sommet d’octobre à Québec : « La Francophonie, ce n’est pas simplement la défense du français. Je voudrais qu’on y mette un contenu politique au vrai sens du terme. Est-ce qu’on ne pourrait pas mettre les États francophones à la tête du combat universel pour préserver les équilibres environnementaux de la planète? » Bref, Nicolas Sarkozy souhaite que le Sommet en soit un politique où on discutera des grandes questions de l’heure, et tout particulièrement d’environnement. Nicolas Sarkozy veut aussi que la Francophonie joue un rôle accru dans le maintien de la paix, même « si elle n’est pas une ONU bis » (Le Devoir).

Brisant quelques tabous, le président, avait ouvertement souhaité l’adhésion de l’Algérie et d’Israël dans la Francophonie. « Ça serait une très bonne nouvelle si le président Bouteflika acceptait de prendre part au sommet de Québec cette année ».

Sans toutefois avoir remis les pendules à l’heure avec le Québec. Le président se présentera au Québec pour l’informer qu’il entend privilégier ses liens avec le Canada. Ce discours de réorientation stratégique sera prononcé à l’Assemblée nationale du Québec. En mars dernier, Nicolas Sarkozy avait émis le vœu de redéfinir la politique étrangère française envers le Canada et le Québec, selon ce que rapportait Jean-Pierre Raffarin. Ce dernier avait prévenu les autorités que le président annoncerait, lors de son séjour à Québec, une réforme importante de la position française dans le dossier des relations Québec-Canada.

Le Québec devrait assister, lors du discours de Nicolas Sarkozy à l’Assemblée nationale, à l’enterrement de première classe de la célèbre formule, lancée par le ministre gaulliste Alain Peyrefitte, de « non-ingérence, non-indifférence ». Il s’en trouve plusieurs pour dire que si tel devait être le cas, le président français renierait 40 ans d’histoire montrerait une grave méconnaissance de la réalité canadienne et québécoise en matière de diplomatie.

Le fait marquant de cette douzième Conférence des chefs d’État et de gouvernement sera l’occasion pour Nicolas Sarkozy d’apporter des précisions sur les relations entre la France et le Québec. Dans une tradition de rupture qu’il affectionne, Nicolas Sarkozy avait déclaré le 8 mai dernier que la France était très proche du Québec mais aussi qu’elle aimait « beaucoup le Canada ».

Selon une rumeur persistante, le président Sarkozy quittera le Sommet de la Francophonie des 17, 18 et 19 octobre au milieu de la réunion, soit le samedi 18 octobre. Le dimanche matin, les 55 chefs d’État et de gouvernements examineront, sans Nicolas Sarkozy, la place de la langue française dans le monde. L’Élysée refuse toujours de confirmer la nouvelle. Nicolas Sarkozy doit participer plus tard à un autre sommet, celui avec les pays asiatiques à Pékin qui ne commencera toutefois que le 24 octobre.

Le secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie, Abdou Diouf, avait rappelé, non sans une grande lucidité, que « la Francophonie sait tout ce qu’elle doit à la France, même si la France ne sait pas toujours tout ce qu’elle doit à la Francophonie et ce qu’elle pourrait lui donner en retour ».

L’exemple vient de haut.

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Classé dans Actualité, Pierre R Chantelois

La crise dans le miroir

Je rappelais, la semaine dernière, que l’on avait créée aux USA des dizaines de trillions (milliers de milliards) de dollars, qui ne pourraient être mis en circulation sans que l’on ne se rende compte qu’ils ne représentent aucune valeur. Je disais que cette pseudo richesse constituait une valeur totalement évanescente et qu’il suffirait d’une crise de confiance pour la faire disparaître….  L’avenir me paraissait bien incertain.  Où en sommes nous 7 jours plus tard ?

De la même façon que Lamartine pouvait dire que les 5 années suivant 1789 avaient été 5 siècles pour la France, on pourrait dire, aujourd’hui, que cette dernière semaine a été cinq décennies  pour l’Amérique.  L’ordre financier établi à Bretton Woods en 1944 – ordre parfois retouché, mais jamais vraiment remis en question – est à mourir sous nos yeux.  Or, c’est la cadre dans lequel le monde évolue.

Que ce système meure n’est pas une surprise.  Il portait ses contradictions et ne pouvait durer toujours. Il nous a donné  64 ans de paix, ce n’est pas rien; c’est comment il mourra qui importe.

Pourquoi notre système ne pouvait-il pas durer ? Parce que, pour faire fonctionner une économie industrielle, il fallait créer une consommation de masse qui corresponde a une production de masse et maintenir la demande effective.  Il fallait donc donner aux consommateurs – essentiellement les travailleurs –  la valeur réelle de ce TOUT ce qu’ils produisaient, sans quoi  une partie de la production ne se vendrait pas et les producteurs seraient ruinés.

Il fallait aussi, cependant, que les investisseurs s’enrichissent, sans quoi le jeu serait sans intérêt.  Comment tout donner aux uns en gardant une part pour les autres ? En créant une richesse monétaire supérieure a la richesse réelle qu’elle prétendait représenter.  N’était-ce pas la recette pour une insupportable Inflation ?  Pas vraiment, dans la mesure où l’excédent irait vers les « riches », ceux dont le besoins sont satisfaits et dont la consommation n’augmente donc plus quand leur richesse augmente.

Les riches consomment peu.  Relativement  peu.  Les Ferrraris, les Paradis et les Cohibas ne sont qu’un frisson sur la courbe de consommation.  Les riches épargnent et investissent, mais ils ne consomment pas plus quand ils s’enrichissent. Pas  de consommation, pas de demande supplémentaire et pas de pression  inflationniste.  On peut créer donc tout l’argent  qu’on veut… s’il reste aux mains des riches.  Si cet argent ne va pas vers la consommation, ce n’est que du papier… et ça leur fait tellement plaisir !   Ça les motive, ça énergise, ça fait une économie qui se développe…

Tout se passe comme s’il y avait deux (2) richesses distinctes….Une pour les riches et une pour les autres. Alors pourquoi se gêner ? On équilibre le revenu rendu disponible aux consommateurs pour qu’il permette d’acquérir la production…  et on crée une richesse distincte pour les  riches, avec laquelle ils s’amusent.  Parfait. Mais on savait bien que cet écart croissant entre illusion et réalité ne pouvait qu’atteindre un seuil qui ne pourrait être dépasssé.  On achetait un temps de bonheur et de paix.

Peu a peu, avec la valse des trillions créés, le jeu est devenu si passionnant que la réalité de la production est devenue sans intérêt.  Les trillions ont été crées et échangés sans qu’on produise pour les vrais besoins, de sorte que le niveau de vie réel de la population  a cessé d’augmenter depuis une génération, tandis que les progrès de la technologie suggéraient qu’il aurait dû doubler. On a créé des trillions, mais au lieu de produire plus on s’est contenté de spéculer davantage. Tout s’est passé  dans le  miroir monétaire. Miroir en latin se dit « speculum ».

Les montants on perdu toute signification.  La Bourse, nous l’avons vu, a multiplié par 17 en quelques années la valeur des stocks, sans que rien dans le monde réel ne le justifie… La réalité est devenue un appendice si insignifiant de la spéculation des riches qu’on en a oublié qu’elle existait.  Si, dans une construction financière pyramidale qui sur papier valait dix millions, on mettait quelque part un petit domino appelé  « maison »  qui valait cent mille dollars,  ce petit domino ne recevait, de ceux en haut de la pyramide, que l’attention que méritait 1% de l’édifice.  Il pouvait glisser dans la marge d’estimation…

On a pu oublier que ce petit domino était la seule réalité dans un vaste montage de papiers et de notations virtuelles.  Le seul élément  qui concernait un vrai consommateur. La seule chose bien tangible, qu’on ne pouvait pas dupliquer d’un clic ou déplacer d’un écran à un autre.

Quand les circonstances ont mis  en péril la propriété des maisons elles-mêmes, on a donc continué d’agir comme si c’étaient les montages financiers auxquels ces maison servaient de caution qui étaient importants. Comment un financier pourrait-il voir les choses autrement, alors que le montage financier a ses livres vaut 100 fois le prix de cette maison… ?  Mais la maison est RÉELLE… alors que les montages du financier sont des jeux, dans un univers onirique et avec de l’argent qui ne vaut rien.

L’écart entre réalité et illusion a atteint sa limite.  Il y a donc une prise de conscience à faire.  Le gouvernement des USA va-t-il  intervenir et sauver les propriétaires de maisons en leur prêtant l’argent nécessaire pour qu’ils en gardent la propriété… ou va-t-il voler au secours des institution financières et de leurs problèmes virtuels, avec le résultat pratique que celles-ci vont se retrouver propriétaires  d’un stock de maisons qu’elles devront écouler à rabais, faisant s’effondrer le marché immobilier et mettant en difficultés financières sérieuses TOUTE la classe moyenne des USA ?

Pour bien comprendre le ridicule des grincements de dents des institutions financières, il faut se souvenir que  les 700 milliards de dollars que demande Paulson – et les centaines de milliards qu’a déjà coûtés  la reprise de Fannie et Freddie ! – ne représentent qu’une fraction des 3 trillions de dollars de transaction monétaires qui ont lieu chaque jour dans le monde. Cet argent n’existe que dans le miroir. C’est un argent illusoire, comme on en imprime sans compter tous les jours…  Alors que les maisons sont réelles.

Si, obnubilé par ses propres mensonges, le capitalisme sacrifie la réalité  pour l’apparence.  Il va plonger le monde dans une crise qu’il n’aurait pourtant qu’un geste à faire pour éviter.    Inconcevable, qu’il ne fasse pas cette prise de conscience ?…  Mais « les dieux rendent fous ceux qu’ils veulent perdre »…  Dans quelques jours on saura.

Pierre JC Allard

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Classé dans Actualité, économie, Pierre JC Allard

Une crise économique salvatrice pour la planète?

La course du capitalisme mondial est effrénée. Comme une machine folle s’étant emballée, rien ne paraît pouvoir l’arrêter. La Chine et l’Inde embarquent dans la danse tandis que les richesses sont encore plus dilapidées, la terre polluée et que la surconsommation des uns fait contraste avec la pauvreté de plusieurs.

Comment stopper ou au moins mettre un frein à ce mouvement apparemment irréversible? Les États souverains ne peuvent s’y opposer et encore moins les groupes d’intérêts sociaux, humanitaires ou écologistes.

On en vient à souhaiter que ce système se saborde lui-même et jette par son inconsistance les fondements de sa propre chute.

La récession américaine à venir, la crise du crédit (subprime) et leurs répercussions sur le commerce et le système financier mondial pourraient éventuellement mener à une nouvelle grande dépression économique. La baisse de la demande du principal client des puissances économiques montantes en Orient n’épargnera pas ces dernières d’une baisse de leurs activités économiques.

Alors, pourquoi ne pas la désirer, cette crise? Cela forcerait les nations à opter pour de nouvelles méthodes d’allocation plus équitables des biens et des services, comme ce fut le cas dans les turbulentes années 30 du siècle dernier. On peut citer le New Deal aux États-Unis ou les politiques du Front Populaire en France.

On remettrait ainsi en question l’ordre économique mercantile mondialisé et favoriserait l’implantation d’une production locale et d’une consommation responsable moins axée sur la frivolité.

Les producteurs locaux seraient aussi avantagés car on ferait appel à leurs services au lieu d’importer de l’autre bout de la planète des produits dispendieux en coûts environnementaux et de transport.

De plus, cela est sans compter l’impact positif sur la préservation de l’écosystème et sur l’exploitation des ressources planétaires en conséquence d’une baisse de la consommation.

Il est vain de croire que la décroissance et la simplicité volontaire vont s’imposer par elles-mêmes sans un ébranlement de la structure économique actuelle. La situation économiquement difficile des futures années risque de réussir là où les bonnes intentions passées ont échoué.

L’Humain ne change pas par plaisir ou par grandeur d’âme, mais seulement lorsque le contexte l’impose.

Jimmy St-Gelais
http://pourquedemainsoit.wordpress.com/

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Classé dans Actualité, économie, environnement, Jimmy St-Gelais

Une murale en l’honneur de Freddy Villanueva

Une murale en l’honneur de Freddy Villanueva

Raymond Viger Dossier Montréal-Nord, Gang de rue

Suite au décès de Freddy Villanueva et des émeutes survenus dans Montréal-Nord, plusieurs membres fréquentant le Café-Graffiti ont été touché par les événements.

Certains demeurent à Montréal-Nord, d’autres demeuraient à Montréal-Nord avant de venir habiter dans Hochelaga-Maisonneuve, plusieurs comptent parmi leur cercle mural_graffiti_arpi_l d’amis des gens de Montréal-Nord. Entre Hochelaga-Maisonneuve et Montréal-Nord, il n’y a aucune muraille de Chine qui empêche les jeunes de circuler. De plus, plusieurs jeunes sont animés par la culture Hip Hop, une culture urbaine et underground qui n’a pas de frontière.

Un artiste du Café-Graffiti, Hérésy est venu me rencontrer. Lui-même immigrant du Chili, a été particulièrement touché par le décès de Freddy Villanueva. Il s’est offert pour réaliser une murale bénévolement. Le Café-Graffiti étant prêt à soutenir financièrement la réalisation de celle-ci.

Avec toute la pression et le deuil que la famille Villanueva traverse, je n’ai pas voulu accabler la famille et les proches de Freddy Villanueva. J’ai profité de l’occasion pour parler avec Christine Black, de l’organisme Escale 13-17 et qui est une des responsables du mouvement communautaire Solidarité Montréal-Nord. Ce regroupement d’organismes communautaires a le mandat de concerter les actions qui seront réalisées à Montréal-Nord.

Solidarité Montréal-Nord a bien apprécié le geste et a endossé la réalisation de cette murale. Cependant, nous ne voulons pas nous limiter à ne faire qu’une murale. Sa réalisation va s’intégrer dans un processus de consultation avec le quartier et la communauté.

Pour cette consultation, un intervenant accompagnera l’artiste pour parler directement avec les citoyens pour trouver le meilleur lieu et la meilleure conception pour que cette murale représente la communauté et ses besoins.

Pour nous mettre à la fine pointe de la technologie, les blogues serviront aussi à la consultation. Les gens concernés par la réalisation de cette murale, c’est-à-dire les citoyens de Montréal-Nord pourront laisser leurs commentaires et leurs réflexions sur le processus qui s’entame. De notre côté, le blogue permettra de donner l’information sur la réflexion en cours et de la rendre publique.

Nous attendons impatiemment vos commentaires sur la réalisation de cette murale pour Montréal-Nord.

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Classé dans Actualité, Raymond Viger

La santé publique n’est-elle qu’un vœu pieux au Québec ?

On parle beaucoup de santé publique ces temps-ci. Or, qui sait que le Québec s’est doté, en 2001, d’une loi qui oblige les ministères à évaluer les impacts sur la santé publique d’une loi, d’un règlement ou de toute autre mesure qu’ils envisagent mettre en application? Sept ans plus tard, l’Observatoire de l’administration publique constate que dans les faits très peu d’évaluations ont été réalisées, et que dans le cas des ministères à vocation économique c’est encore pire (Télescope, volume 14, numéro 2, page 79).

Deux exemples, qui sont venus jeter des bâtons dans les roues de projets mis de l’avant par le gouvernement, aident à comprendre cette réticence. Le premier est la tentative avortée du déménagement du Casino à Pointe-Saint-Charles, la Direction de la santé publique de Montréal n’avait pas hésité à mettre en lumière les dangers inhérents au déménagement du casino en 2006.

Le second exemple est plus récent. Deux directions régionales de santé publique (celle de Chau­diè­re-Ap­pa­la­ches et celle de la Ca­pi­ta­le-Na­tio­na­le) exprimaient de sérieuses réserves à propos du projet de port méthanier Rabaska, auquel le ministère de la Santé et des Services sociaux a néanmoins donné le feu vert.

Curieusement, les ministères semblent plus sensibles aux impacts environnementaux qu’aux impacts sur la santé publique que peuvent avoir leurs décisions.

Ce ne sont pourtant pas les outils qui manquent pour évaluer les impacts sur la santé publique: outre les directions régionales de santé publique, le Québec dispose d’une direction générale de santé publique et d’un Institut national de santé publique.

Où est le problème?

Alors que l’environnement est devenu un incontournable, la santé publique est toujours loin d’être une priorité, en dehors du ministère de la Santé et des Services sociaux et du réseau de la santé. Cela est normal: ce n’est pas non plus perçu comme un sérieux problème par «l’opinion publique».

Lorsque des crises surviennent, comme la contamination des fromages par des bactéries listeria, tout le monde s’émeut et c’est le branle-bas de combat dans le ou les ministères concernés. Le ministre est sur la sellette.

Pour ce qui concerne les impacts à plus long terme de décisions sur la santé publique, cela devient beaucoup plus nébuleux.

Une possible solution serait de renforcer le rôle du Commissaire à la santé et au bien-être.

Ah ! Ah ! Je vous ai bien eu. Vous ne saviez pas qu’il y a un Commissaire à la santé et au bien-être au Québec. Vous avez par contre sûrement entendu parler du Commissaire au développement durable, Harvey Mead. Son premier rapport a été assez médiatisé, merci.

Mead a des dents, enfin pas vraiment lui, mais la Loi qui a instauré son poste. Comme il l’expliquait lors d’une conférence en avril 2007, son rôle est de «signifier les défaillances [des ministères et organismes à l’égard des principes du développement durable] directement aux parlementaires».

Dans le cas du Commissaire à la santé et au bien-être, qui s’appelle Robert Salois en passant, son mandat se limite au système de santé et de services sociaux. Il n’a donc pas, contrairement à Mead, à examiner ce que font les autres ministères et organismes du gouvernement pour assurer une meilleure santé publique, notamment l’analyse ou non qu’ils font des impacts des lois, règlements ou toute autre mesure qu’ils envisagent de mettre en application.

Bref, que l’on me pardonne cette image, le Commissaire à la santé publique et au bien-être est complètement édenté dès qu’il sort du périmètre du ministère de la santé et des services sociaux.

L’ironie veut que monsieur Salois a fait un brillante carrière en médecine dentaire avant d’être nommé Commissaire à la santé et au bien-être en 2006.

Post scriptum

Je n’ai pas abordé ce qui se passe du côté d’Ottawa, mais sachez qu’il y a un Administrateur en chef de la santé publique. Je n’ai rien vu concernant l’impact des décisions des autres ministères et organismes fédéraux sur la santé publique.

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Classé dans Actualité, Michel Monette

Des élections pour couvrir des morts: Harper et la listériose

Tout le monde est au courant de l`affaire de la listériose qui a sévit au Canada ces derniers temps. La bactérie Listeria monocytogenes est à l’origine du décès d`une quinzaine de personnes au pays. Ce qui est moins connu, c`est l`origine réelle de cette tragédie et c`est probablement un des raison pour laquelle le gouvernement Harper a décidé de transgresser sa propre loi sur les élections à date fixe et de nous lancer en élection: pour faire oublier un scandale.

Je m`explique. J`ai obtenu d`une source très fiable l`information selon laquelle le gouvernement Harper, au printemps dernier, a mis en place très discrètement un plan qui consistait à couper dans le budget de l`Agence canadienne de l`inspection des aliments. L`idée était de demander aux fonctionnaires responsables de l`inspection des aliments de cesser de se rendre sur les lieux de production en usine et d`importuner les barons de la viande. On voulait sauver de l`argent en demandant au compagnies de produire leur propre inspection et d`envoyer leur rapport à Ottawa pour que les inspecteurs puissent en faire l`étude de leur bureaux, bien chaud assis sur leur chaise.

On venait de demander à ces usines de production de la viande de s`auto-inspecter, s`auto-réglementer et d`évaluer eux-mêmes les produits qui atteindront les étagères des épiceries. Les inspecteurs du gouvernement détermineront selon les documents qui leur sont envoyés s`il y a risque de contamination.

Ce plan a tout d`abord été mis en place de façon ciblé dans une usine, celle de Maple Leaf, nommé 97B à Toronto, Ontario. Et étrangement, par pure coïncidence et par hasard total, au mois d`août la bactérie Listeria est apparue dans l`usine 97B de Maple Leaf en Ontario. Le problème s`est alors propagé ailleurs comme au fromage tel que nous le savons. Le gouvernement Conservateur de Harper, pour sauver de l`argent de bout de chandelle, a sacrifié notre sécurité alimentaire tout en donnant plus de possibilité d`augmenter les profits aux grosses compagnies de production alimentaire et d`être plus compétitif. Ce n`était évidemment qu`une question de temps avant qu`un drame se produise. À quoi sert-il d`avoir des inspecteurs s`ils n`inspectent plus?

Bien sûr que le PDG de Maple Leaf a pris tout le blâme et a tenté de réassurer les consommateurs en disant que c`était de leur faute et non dû a une défaillance de notre système d`inspection des aliments. Ils n`aiment pas avoir des bureaucrates dans leurs pattes, il faut maximiser le profit, créer la richesse. Bien sûr que les produit visés par cette dérèglementation n`était pas le caviar ou autres produits haut de gamme pour l`élite et les maîtres de ce monde, mais bien la nourriture du petit peuple. Pour eux, les règlements et mesures de sécurité sont passés au tordeur, c`est du laxisme professionnel. Imaginez si la bactérie Listeria se serait retrouvée dans le caviar pour les palais fins de la haute société: on aurait assisté à tout un effort du gouvernement et des compagnies pour contrôler la situation.

Nous y voilà donc, notre chaîne alimentaire est contaminée parce que le gouvernement Harper a décidé de jouer avec nos vies en coupant dans le budget de l`Agence canadienne de l`inspection des aliments. Ce scandale en attente d`éclater risque de faire tomber le gouvernement Harper et c`est pourquoi ils avaient besoin d`une distraction importante: des élections.

Du pain et des jeux. Comme à Rome.

Pensez-y…

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Classé dans Actualité, François Marginean

Une crise économique digne d’un suspense

Devant la crise économique états-unienne qui nous tient en haleine, et en plus en crescendo, il y a bien sûr deux solutions diamétralement opposées, soit plus de réglementation pour encadrer le monde de la finance, soit un abandon total de la mainmise étatique sur l’économie. Je peux vous avouer ici que le dilemme est pour moi puissant. Deux lectures récentes m’ont influencé dernièrement sans que je puisse vraiment pencher d’un côté ou de l’autre. Il s’agit du billet « La fin d’un modèle », du Hou-Hou Blog, et de « Le château de cartes financier s’effondre » de Martin Masse pour le Blogue du Québécois Libre. J’espère pouvoir trancher à la fin de ce billet, mais je ne suis pas très optimiste.

Le premier, Houssein, prend pour preuve la restructuration des banques d’investissements indépendantes Morgan Stanley et Goldman Sach en société financière de portefeuille (Bank Holding Company — beaucoup plus sujette aux réglementations étatiques) pour affirmer que le « système financier hors de tout contrôle » est en faillite, et que c’est « un aveu des géants de la finance, un aveu d’échec : nous avons gaffé, nous n’y arriverons pas tous seuls, nous avons besoin de l’aide de l’État, et de garde-fous qui nous empêcheraient de faire des conneries dans le futur. »

Le deuxième, le libertarien, explique que le gros du problème concerne directement l’intervention de l’État, et pas seulement la réglementation : « on se prépare déjà à d’autres faillites en chaîne, le système financier étant construit sur une gigantesque fraude pyramidale, dont la base est constituée par la monnaie papier ne valant rien que nos banques centrales impriment en quantité industrielle depuis des années, et dont elles inondent les marchés par des politiques de taux d’intérêt maintenus artificiellement bas et d’autres techniques d’intervention encore plus directes. »

Voilà pour la mise en situation. Nous sommes en face de deux réalismes bien distincts qui prennent chacun le pouls de la situation selon leurs paradigmes bien impossibles à concilier, au premier abord. Tandis que le premier culpabilise les financiers quasi à outrance, le deuxième refuse totalement d’admettre leurs torts. Mais Martin Masse a beau écrire que la « cause première n’est pas la “cupidité des marchés” », il faut bien admettre que les requins de la finance nagent dans l’eau du système en place et qu’ils se sont servis où ils pouvaient se servir. Un changement vers « moins de réglementation et plus de liberté dans les marchés financiers » ne les rendra pas moins voraces et plus soucieux des répercussions sociales et environnementales de leurs activités. Ça, je n’y crois pas. L’hommerie ne disparaîtra pas par magie en coupant les tentacules de la bête nommée État.

Tant que le système économique n’aura pas été remanié en profondeur, j’aurai tendance à me ranger du côté d’Houssein, tout en prônant un retour à une économie basée sur autre chose que de l’air… ce qui sied très bien à la pensée de Martin Masse. En espérant que cela ressemblera à faire de la haute voltige sans filet de sécurité.

J’aimerais terminer avec un commentaire trouvé sur le carnet de Gérald Filllion, qui cite les mots, éclairants, du professeur d’économie Bernard Élie, de l’UQAM, ce qui me semble faire le pont entre les deux :

Toute crise économique est toujours due à un surinvestissement, qui a pour but d’atteindre une croissance de plus en plus élevée. La crise qu’on connaît aujourd’hui a été provoquée par cette recherche d’avoir toujours des rendements maximums en ce qui a à trait aux bénéfices des sociétés financières, peu importe les conséquences. La spéculation et toutes ces aventures de crédit sont complètement déconnectées de la réalité « vraie ». Actuellement, une des principales caractéristiques de notre capitalisme, c’est l’hyperconsommation et l’endettement au détriment de l’épargne. C’est, en quelque sorte, une fuite en avant en faveur de la consommation. La maximisation des rendements et des profits, toutes les crises économiques commencent comme ça…

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Classé dans Actualité, économie, Renart L'Eveillé

Nicolas Sarkozy : après les honneurs de New York, les explications de Toulon

Nicolas Sarkozy a beaucoup de raisons de réfléchir par les temps qui courent. D’abord, il est toujours au plus bas dans les sondages. En septembre, seulement 37% des Français sont satisfaits de leur président, selon un sondage « Ifop » publié par«  Le Journal du dimanche » daté du 21 septembre. En d’autres termes, 62% des personnes interrogées se disent mécontentes du chef de l’État, soit trois points de plus qu’en août. Ce n’est pas rien.

Autre élément de réflexion, l’économie. Jusqu’à jeudi, le président réfléchit. Il donnera sa vision avant l’examen, vendredi, en conseil des ministres, du projet de budget 2009 de la France. Le président de la France, aussi incroyable que cela puisse paraître, s’est abstenu jusqu’ici de commenter les derniers rebondissements de la crise financière américaine. Il est vrai que le président peine à régler ces petits soucis domestiques qui sont fort ennuyeux car ils indisposent le peuple : citons notamment la réduction de 68 milliards d’euros des prélèvements obligatoires en cinq ans, le retour des finances publiques à l’équilibre en 2012 ou la hausse de 25% du minimum vieillesse.

Selon la ministre de l’Économie, Christine Lagarde, le président est « en situation d’analyse avant de proposer jeudi soir toute une présentation de sa politique économique ». Qu’importe que la crise financière internationale et ses éventuelles conséquences pour l’économie française inquiètent 81% des Français! Le président réfléchit. Un proche du président a prévenu qu’il ne faudrait pas s’attendre à des « propositions bouleversantes ». Que l’on aime ou non Georges W. Bush, il a pris la situation bien en main. Le président de la France, lui, réfléchit. Comment expliquer au peuple, après des promesses insensées tout au cours de la campagne électorale, que le président ne dispose à proprement parler d’aucune manœuvre tant l’économie de son propre pays est à plat ? Christine Lagarde prépare le terrain : « Je pense que nous avons encore toute une série d’obstacles à franchir et de difficultés à surmonter, » tout en réitérant sa confiance dans la « solidité de notre système bancaire ».

Comment Nicolas Sarkozy expliquera ce rapprochement soudain avec Georges W. Bush dont le crédo économique a toujours été fondé sur l’ultralibéralisme ? Comment expliquer au peuple que le modèle américain connaît de sérieuses ratées et que ces ratées peuvent influer directement sur l’économie de la France, tellement fragilisée par des années d’imprévoyance ? Le réformateur n’a plus les moyens de réformer. Alors, il réfléchit.

Nicolas Sarkozy a beau donner des leçons d’économie, il ne dispose pas d’un équipage vigoureux pour le mener à bon port. Le président est à New York. Depuis samedi. Il profitera de son séjour pour recevoir deux prix : le prix humanitaire de la fondation Elie Wiesel, lundi soir, et celui de l’homme d’État de l’année, par la fondation « Appeal of conscience » (Appel de la conscience) mardi.

Tout près de Wall Street, il s’adressera ensuite aux Nations Unies dans le cadre d’une réunion sur les « besoins de développement de l’Afrique ». Et le hasard veut que Nicolas Sarkozy monte à la tribune après le dernier discours de George W. Bush comme président des États-Unis. Et c’est aux États-Unis que Nicolas Sarkozy affinera ses convictions avant de parler d’économie au peuple Français inquiet par cette folle spirale financière.

Il y a fort à parier que Nicolas Sarkozy se fera à nouveau le chantre, comme lors de son intervention de l’an passé, de la « moralisation du capitalisme financier » et formuler à ses hôtes des propositions pour prévenir de futures crises. Il y a fort à parier qu’il répètera avoir averti en 2007 l’humanité de la crise imminente qui frappe l’économie mondiale. Tout cela dit avec style et diplomatie. Il devra être prudent : « il y a des questions qui ne se traitent pas sur la place publique » ou « comme dans des foires agricoles », surtout après le discours d’un président comme Georges W. Bush qui s’est toujours réclamé contre la régulation et pour le néolibéralisme économique. Et le président lui-même convenait que, pour traiter d’un sujet aussi grave, « il faut être très reposé pour affronter la crise financière internationale ».

Comme l’indique un diplomate : « Même si tout le monde est d’accord sur le fond, il y a les mots pour le dire ». Nicolas Sarkozy devra éviter de froisser les 27 qui, tout en partageant ce verdict, ne souhaitent pas voir la présidence française de l’Union se perdre en déclarations tonitruantes à New York. C’est ce même président, par ailleurs, qui, de retour en France, aura beaucoup de difficultés à respecter ses engagements européens de ne pas dépasser 3 % du PIB avec ses déficits publics.

Le président, de retour en France, devra mettre bon ordre dans cette invraisemblable cacophonie en matière de taxes, du financement controversé du RSA à la multiplication de mesures de bonus-malus écologique. Nicolas Sarkozy aura eu le temps de s’inspirer de ses homologues européens qui n’ont pas hésité à commenter la conjoncture économique actuelle. Gordon Brown a appelé à identifier les « comportements irresponsables » à l’origine de la crise financière internationale. José Luis Rodriguez Zapatero a qualifié la crise financière « de grande envergure  » et a estimé qu’ « elle avait mis le système financier mondial dans une situation extrêmement difficile ». Angela Merkel a expliqué que le gouvernement suivait le dossier « avec une grande attention  » et qu’elle était « en contact étroit avec les responsables de l’industrie bancaire allemande, tout comme avec les autres gouvernements ». Joaquin Almunia, commissaire européen aux Affaires économiques, a plaidé pour une plus grande coordination, à l’échelle européenne, dans le domaine de la régulation financière. George W. Bush a dit partager les inquiétudes des Américains et il a invoqué les mesures « extraordinaires » prises récemment par son gouvernement et la Réserve fédérale.

Le président français s’expliquera le 25 septembre, dans un discours de 45 minutes au Zénith de Toulon devant 3.000 à 4.000 personnes, sur sa politique économique. Le but de ce grand rassemblement est « de remettre en perspective la politique économique de la France », « un peu comme il l’avait fait, en juillet 2007, à Epinal, pour présenter la réforme des institutions ». La tentation sera forte pour le président Sarkozy de « justifier le bien-fondé » des réformes conduites depuis son élection en mai 2007.

Il faut dire que, en Charente-Maritime, Nicolas Sarkozy s’était hasardé à commenter la crise financière en ces termes : « Bien sûr, il y a une crise économique mondiale et européenne, mais ce n’est pas une raison pour arrêter les réformes, c’est au contraire une raison pour aller plus loin ».

Va pour la poursuite des réformes mais il n’en demeure pas moins vrai que des doutes planent sur le pouvoir réel du président de les mener à termes, au vu, encore une fois, des prévisions de croissance du gouvernement et de sa capacité à maintenir les déficits publics en-deçà de la barrière des 3% du PIB fixée par Bruxelles.

En terminant, que dire de ce député du gouvernement, Bernard Carayon, qui a jugé le message des grands argentiers européens « désastreux » ? Est-ce le sentiment d’un seul député ou un avis partagé par l’ensemble de la droite présidentielle ?

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Classé dans Actualité, Pierre R Chantelois

Une crise de confiance

D’où vient la crise financière que nous sommes à vivre ? Ceux qui veulent en connaître les causes profondes doivent remonter LOIN EN ARRIÈRE. On peut se contenter, toutefois, de voir la dernière scène du dernier acte. Le rideau se lève sur les économistes de Reagan, mettant fin aux politiques keynésiennes et de redistribution de la richesse qui avaient permis ces trois décennies de prospérité qu’on a appelées les Trente Glorieuses.

Pour protéger les avoirs des capitalistes, on a appliqué les freins, au début des années « 80, cessant la redistribution qui avait créé l’Âge d’Or. Bien sûr, la bicyclette a cessé de rouler. On a stoppé net la croissance en termes réels du pouvoir d’achat; ­ le revenu moyen en dollars constants, aux USA n’augmenterait plus pendant 25 ans ! – alors même que les progrès de la technologie permettaient de produire plus et EXIGEAIENT plus que jamais que l’on consomme davantage.

La contrainte technique inhérente au capitalisme industriel – cette relation de dépendance envers le consommateur et la demande effective – ne cessant pas pour autant d’exister, l’enrichissement réel du capitaliste s’en est trouvé lui aussi stoppé net. Plutôt que de reconnaître son erreur et de reprendre la redistribution en augmentant la valeur du travail, enrichissant d’abord les travailleurs, puis éventuellement les capitalistes eux-mêmes, le Système a choisi la solution périlleuse de contenter tout le monde. En trois (3) mouvements.

Le Système a d abord mis les riches à l’abri de tout nouvel effet de redistribution, en réduisant les impôts qui leur avaient été imposés et en rétablissant un taux d’intérêt assez supérieur à l’inflation pour que, toute fiscalité prise en compte, un riche puisse encore devenir plus riche en ne faisant rien et sans courir aucun risque, par simple accumulation des intérêts sur un capital oisif.

Ensuite, pour se concilier la strate supérieure de la classe moyenne, celle qui contrôle de fait le processus démocratique qui sert de faire valoir au Système et est essentiellement composée de propriétaires, on a aussi tenu ceux-ci indemnes de toute contribution au processus de redistribution, leur faisant réaliser, par l’inflation, un gain en capital sur leur propriété supérieur à ce qu’ils contribuaient en impôts.

Qui allait subventionner la consommation les laissés pour compte, toujours nécessaire au fonctionnement de l’économie, si ni les capitalistes, ni les propriétaires n’y contribuaient? La seule cible restait la strate inférieure de la classe moyenne, ceux qui payaient des impôts à la source et qui, n’étant pas propriétaires, ne bénéficiaient pas de l’inflation.

Il était manifestement impossible, cependant, sans les paupériser eux-mêmes, de soutirer des seuls travailleurs/locataires le coût de la subsistance des pauvres et de l’enrichissement constant des nantis. Il fallait donner aux pauvres le pouvoir d’achat qu’il fallait et permettre aux propriétaires de tirer leur épingle du jeu, tout en laissant les riches engranger des intérêts, mais sans faire basculer une majorité des travailleurs dans la pauvreté.

Le Système a choisi la solution de la fuite en avant : il à simplement créé l’argent qui lui manquait. Il l’a fait en maintenant les intérêts élevés, alors que la surabondance de capitaux aurait du mener à des taux bas ou même négatifs. Au Canada, par exemple, des obligations de l’État portant 19 % d’intérêt ont pu débuter en 1982 leur généreuse carrière et la poursuivre entre les mains de ceux qui les avaient acquises, pendant que les politiques de l’État ramenaient à 2 % l’inflation de 14 % qui avait justifié leur émission.

Pendant 25 ans, le niveau de vie en dollars constants des classes moyenne aux USA n’augmenterait pas d’un iota – et celui des plus défavorisés diminuerait, même ! – pendant que l’indice Dow-Jones passerait de 800 à 13 000, multipliant par 17 la valeur des stocks. C’était un ajout au patrimoine des nantis d’une valeur monétaire supérieure à celle de tout le patrimoine de la France ! Mais que valait RÉELLEMENT cet ajout ?

Les actions d’une compagnie confèrent un droit au partage des profits à tirer de la vente de ce que celle-ci produit. Mais si la population n’a augmenté que modestement et son revenu par tête encore moins, l’espérance des profits à retirer des biens et services qu’on peut vendre au consommateur est-elle si supérieure à ce qu’elle était au début de la période ? On créait en bourse une valeur fictive colossale qui ne représentait aucune réalité et qui, comme un arc-en-ciel n’existait que dans la mesure où l’on n’étendait pas la main pour y toucher. Une chimère qui n’existerait qu’aussi longtemps qu’on feindrait d’y croire.

Pour régler ses fins de mois, le système allait créer une richesse virtuelle illimitée, répartie uniquement entre ceux dont l’aisance assurait que cette richesse ne trouverait pas sa voie vers la consommation de biens et services, mais demeurerait totalement investie. En distribuant uniquement cette richesse virtuelle aux riches, on pouvait satisfaire l’ambition de ces derniers dont le pourcentage de la richesse reviendrait au niveau de naguère, mais sans risque d’inflation, puisque cet argent ne serait jamais utilisé pour la consommation, mais uniquement comme un outil de pouvoir.

Le problème, c’est qu’en l’absence d’une inflation qui, même désagréable, aurait au moins maintenu un rapport entre la réalité et son symbole, on a permis qu’il ne subsiste plus aucune commune mesure entre les biens réels et la masse monétaire qui prétend les représenter. Le Système a fait plaisir à tout le monde en distribuant largement de l’argent qui ne correspond à aucune valeur réelle. On a plongé dans l’imaginaire. Au lieu de récompenser ses enfants doués en leur donnant plus de friandises, le Système ne leur a plus offert que des images.

La monnaie est un symbole qui n’a que la valeur qu’on veut bien lui donner. Une illusion primaire sur laquelle on en bâtit de plus subtiles. Plus loin que la monnaie, en effet, dans l’hyperespace financier, il y a les chèques, billets, bons et obligations qui ne sont que la promesse d’un paiement en monnaie. Prenez encore plus de distance avec le réel et, par-delà la valeur des obligations, pensez à la valeur fluctuante d’une action cotée en bourse et qui confère le droit à une part d’un profit problématique sur d’hypothétiques transactions, un profit payable lui aussi en monnaie, bien sûr.

Allez encore plus loin et concevez maintenant un « produit dérivé », une valeur qui se construit autour des fluctuations de la valeur de ces actions et de la monnaie elle-même. Vous voyez encore la réalité dans le lointain? Si vous voyez encore la réalité et qu’elle vous dérange, faites un autre grand saut dans l’hyperespace. Puisque le crédit est là qui ne demande qu’à grandir, créez d’un acte de volonté audacieux le concept d’une « ligne de crédit » – un droit de dépenser – qui reposera sur la garantie de vos « produits dérivés »… Ensuite, faites confiance aux copains et confiez le pouvoir d’animer ces lignes de crédit à des banques qui inscriront à leur livres, comme un actif, les sommes que vous reconnaissez leur devoir quand vous utilisez ces lignes de crédit.

Ces actifs permettront des activité « hors-bilan », d’où résultera un accroissement constant de la valeurs monétaire des titres boursiers qui serviront d’aval au crédit. Ne vous tracassez pas de ce qui est aux livres sans être au bilan : ce sont de simples singularités de l’imaginaire, des trous noirs qui absorbent de l’énergie et du travail, mais dont il ne ressort rien. Ne vous tracassez surtout pas, car votre pauvre coeur en prendrait un coup en voyant que ces activités hors-bilan représentent désormais 85 % des activités bancaires.

L’imaginaire est insondable et les possibilités de jeu dans l’hyperespace financier sont infinies. La valeur monétaire de tout ce qu’il y a sur cette planète est estimée à USD$ 145 trillions. Chaque jour, il se fait USD$ 3 trillions de transactions. Pensez que tous les biens meubles et immeubles sur cette terre sont échangés, vendus, achetés à chaque 7 semaines, puis encore, et encore…. Ils ne le sont pas, bien sûr, mais pour chaque pseudo transaction, un agio est payé à qui contrôle cet argent.

On a attribué à cette richesse monétaire, coupée de tout lien efficace avec le réel, une valeur nominale qui équivaut à 10 ou 100 fois – on ne sait plus très bien – celle des biens dont on prétend qu’elle est le symbole. À l’actif d’individus et de corporations sont inscrits des dizaines de trillions de dollars, qui ne pourraient être mis en circulation sans que l’on ne se rende compte qu’ils ne représentent aucune valeur.

La plupart de ces trillions de dollars sont en Bourse, aux confins de l’hyperespace, constituant une valeur totalement évanescente qu’il suffirait d’une crise de confiance pour faire disparaître.

Confronté a une crise de confiance, le système n’a d’autres remèdes que de distribuer encore des images – 700 milliards d’images, cette semaine – et de mentir. L’avenir est bien incertain…

Pierre JC Allard

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Le public toujours à la rescousse du privé

Certains penseurs de droite se plaignent que les pauvres se tournent toujours vers l’État lorsque les choses vont mal pour eux.

Mais le sauvetage du monde financier américain par le président américain G.W. Bush à coup de centaines de milliards de dollars aux frais des contribuables américains prouve que mêmes les capitalistes de Wall Street quémandent aussi du coté du gouvernement lorsque leurs portefeuilles d’actions sont menacés.

Pourtant, ce sont les premiers à réclamer une déréglementation de l’économie afin que l’État ne soit pas trop dans leurs pattes en laissant le champ libre aux affairistes. Leurs marionnettes républicaines ayant investi la maison blanche se détournent de la situation économiquement précaire de plusieurs concitoyens en leur coupant les vivres par des réductions de programmes sociaux tout en stipulant que ceux-ci sont trop onéreux, mais lorsqu’une crise financière frappe leurs riches contributeurs électoraux de plein fouet, ils n’hésitent pas alors à modifier leurs propres règles à leur avantage.

C’est pour cela que Bush et sa clique néoconservatrice renient leur philosophie économique de non-intervention car ils ne sont que les pantins d’une caste économico-financière qui s’est mise elle-même dans le pétrin. Ils instaurent un plan d’urgence afin de maintenir debout une maison qui branle sous ses fondations et ce seront encore les contribuables américains issus de la classe moyenne qui paieront la facture tandis que les plus nantis ne contribueront presque rien car l’administration républicaine a allégé leur fardeau fiscal depuis l’accession de G.W. Bush au pouvoir!

Les américains ne sont pas sortis du bois. Les États-Unis sont au bord de la faillite avec une dette accumulée astronomique dépassant les 9 000 milliards de dollars pendant que le déficit commercial des États-Unis atteignait 711,6 milliards en 2007, un quasi-record de tous les temps (le record s’est établi en 2006 avec 758,5 milliards).

Mais la droite américaine n’est pas responsable de cette débâcle, bien sûr que non. Elle n’avouera jamais ses torts. Elle attaque depuis toujours la gauche en l’accusant de proposer des mesures socio-économiques trop dispendieuses à la collectivité, mais elle-même n’a guère fait mieux en imposant des politiques économiques désastreuses et une coûteuse guerre impérialiste en Irak dont les motivations sont loin d’être louables.

Son règne a consacré la chute de la première puissance mondiale s’effondrant sous le poids d’un endettement étatique et personnel qui ne s’était jamais vu auparavant. Et l’on dit que la gauche est dépensière et irresponsable…

Jimmy St-Gelais
http://pourquedemainsoit.wordpress.com/

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