Archives mensuelles : octobre 2008

L’Amérique pourrait ne pas se remettre du scrutin du 4 novembre

Les États-Unis ont beaucoup changé en une trentaine d’années. À l’époque, les dirigeants des grandes entreprises gagnaient un maigre 30 fois le salaire moyen de leurs employés. Un véritable scandale comparé aux chiffres actuels! Alors qu’ils s’apprêtent à voter, les Américains doivent savoir que le bien-être de ces dirigeants est en jeu. Obama laisse entendre qu’ils pourraient payer un peu plus d’impôt. Où s’en va l’Amérique!

L’Institut des études politiques (Institute for Policy Studies) et Unis pour une économie plus équitable (United for a Fair Economy), deux repères de gauchistes américains, viennent de publier leur rapport annuel sur les revenus des grands patrons. Le rapport conclut que les dirigeants des 500 plus grandes entreprises ont gagné l’an passé en moyenne 344 fois le salaire du travailleur américain moyen. Cet acquis des grands patrons américains est en jeu le 4 novembre prochain.

Pire, l’effet redistributif du régime fiscal américain obtenu par ces mêmes patrons pourrait lui aussi souffrir de l’élection d’Obama. Les contribuables américains subventionnent, bon an mal an, plus de 20 milliards de dollars de revenus pour les dirigeants d’entreprises les plus riches. Imaginez que ces fonds accordés au patronat pourraient se retrouver dans des programmes d’éducation des enfants les plus démunis. C’est du moins ce que suggère le rapport.

Les auteurs ont même osé écrire que les multiples contrats du gouvernement américain avec les plus grandes entreprises servent aussi à «subventionner» les revenus de leurs dirigeants. Quoi? Oser remettre en cause le patriotisme de ces dirigeants qui font preuve d’un altruisme remarquable en acceptant de mettre les ressources de leurs entreprises au service du peuple américain!

L’attaque vicieuse contre le patronat ne s’arrête pas là. Il y a trente ans, écrivent les auteurs du rapport, plus du tiers des ouvriers étaient syndiqués alors qu’aujourd’hui ils ne sont plus que 7,4% à l’être. De là à conclure que la diminution du nombre de syndiqués explique l’écart grandissant entre les dirigeants et leurs employés, il n’y a qu’un pas que les auteurs franchissent sans la moindre gêne.

Ne savent-ils donc pas que les États-Unis, grâce au génie de ces dirigeants, concentrent plus de 40% de la richesse mondiale. Qu’est-ce donc que le salaire des petites gens et le manque à gagner du gouvernement à côté de cet exploit économique fantastique?

Est-ce leur faute à ces dirigeants, en plus, si chaque fois que les salaires des travailleurs augmentent, les emplois s’envolent vers l’étranger. On voudrait le leur reprocher? Pourtant, leurs revenus à eux ont beau hausser constamment, leurs emplois ne fuient pas pour autant.

Vous voulez la preuve que les syndicats nuisent à l’économie américaine? Des chercheurs ont démontré chiffres à l’appui que les patrons gagnent en moyenne 20% de plus là où il n’y a pas de syndicat.

Pensez un instant à ces enfants les plus pauvres qui pourraient grandir dans un pays où ils n’auraient pas la possibilité de devenir plus riches encore que les grands patrons d’aujourd’hui. C’est cet avenir sombre qui leur serait réservé au lendemain du 4 novembre?

À quand un mouvement «Sauvons nos riches patrons» chez les voisins du sud? Allez, chers voisins, comportez-vous en véritable patriote le 4 novembre. Si ce n’est pour moi, faites-le pour votre nouvelle diva.

Executive Excess 2008. How Average Taxpayers Subsidize Runaway Pay

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Classé dans Actualité, Michel Monette

Yoyolande James

C’est par un billet de la blogueuse Nicole que j’ai appris que Yolande James, la ministre de l’Immigration et des Communautés culturelles, a présenté la nouvelle stratégie de son gouvernement (synthétisée ici par Louise Leduc de La Presse):

Dès 2009, avant d’arriver au Québec, les immigrants devront avoir signé une déclaration démontrant qu’ils comprennent les valeurs du Québec, une société libre et démocratique où les hommes et les femmes ont les mêmes droits et où le français est la langue officielle.

Pourtant, le 22 octobre dernier, Madame James annonçait en grande pompe qu’il n’était « pas question que le gouvernement oblige tous les candidats à l’immigration à connaître le français avant de débarquer au Québec ». Il semble y avoir volte-face, mais la réponse se trouve à la fin du premier article cité :

En cas de bris de contrat (sic), l’immigrant ne pourra cependant pas être renvoyé dans son pays d’origine puisque (sic) aucune coercition ne sera exercée.

Visiblement, c’est une tentative de réunir l’opinion publique autour d’un double message. C’est le même désir d’en donner beaucoup pour calmer la crainte des francophones de voir le français reculer avec l’arrivée massive d’immigrants et de satisfaire à la fois les autres qui n’en ont rien à faire. C’est du symbolisme, autant que celui de la nation Québécoise dont nous a servi Stephen Harper et qui leur sert d’argumentaire. En espérant quand même qu’il sera porteur pour les nouveaux arrivants et qu’ils ne se seront pas fait dire le truc en catimini… Avec Immigration Canada dans les parages, j’en doute fortement.

Nicole se demandait : « est-ce que ça aurait un quelconque rapport avec la tenue possible d’élections en décembre? » Je dirais que oui simplement parce qu’il n’y a qu’une semaine entre les deux annonces. Le parti libéral a travaillé très fort pour se donner une aura consensuelle sur la question de l’immigration. Sans oublier la question linguistique.

Encore, une phrase de l’article de Louise Leduc me questionne beaucoup :

Au surplus, les immigrants devront commencer l’apprentissage du français avant de quitter leur pays d’origine.

Désolé, mais concrètement, je ne vois pas comment cela pourrait être contrôlé. Ce « contrat » ne semble pas être un test en bonne et due forme, alors tout repose seulement sur la bonne foi des candidats. Espérons que cela les influencera dans le sens voulu, en apparence.

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Classé dans Actualité, Renart L'Eveillé

Qui doit craindre le plus une élection générale au Québec ?

Depuis plus d’un an, nous sommes envahis quotidiennement par les présidentielles américaines. Depuis septembre, nous avons vécu nos propres élections canadiennes qui nous ont ramenés à la case départ. Et nous repartirons de plus bel avec une élection pour tenter d’élire un gouvernement majoritaire au Québec.

Tsunami économique

Tsunami économique

Si des élections avaient eu lieu la fin de semaine dernière, le Parti libéral l’aurait emporté avec 42% des votes, contre 34 % au Parti québécois, révèle un sondage réalisé par Léger Marketing pour le compte du « Journal de Montréal » et de TVA. L’ADQ s’effondre littéralement avec un maigre 14% des votes.

Les enjeux sont simples. Les sondages montrent que Jean Charest a le vent dans les voiles pour se retrouver à la tête d’un gouvernement majoritaire. La conjoncture économique désastreuse, s’il tarde à déclencher des élections, pourrait le mener vers un gouvernement minoritaire ou une défaite électorale en raison de l’insatisfaction avec laquelle la population accueillera progressivement les mauvaises nouvelles.

Vaut mieux donc profiter des bonnes nouvelles maintenant et s’armer davantage pour les catastrophes à venir.

Le « Parti québécois » et l’« Action Démocratique du Québec » ont tout à perdre. Dans le cas de cette dernière, Mario Dumont paraît moins bien que son parti. Les électeurs qui avaient voté massivement pour ce parti – parce qu’ils étaient insatisfaits de Jean Charest – pourraient revenir tout aussi massivement aux origines traditionnelles. Après Jean Charest, la colère des insatisfaits se tourne maintenant vers Mario Dumont.

Selon le directeur général des élections, le Parti libéral a engrangé plus de sept millions $ dans ses coffres. Le Parti québécois traine encore un déficit de 800 000 $. L’Action démocratique vient à peine d’éponger son déficit. Il faut dès lors comprendre pourquoi les partis d’opposition crient et se démènent comme des diables dans l’eau bénite. Si le Parti libéral risque de vivre plus tard le tsunami économique, les partis d’opposition, eux, risquent de vivre maintenant le tsunami électoral. Déjà que le dollar canadien s’échangeait à 77,17 cents US mardi, à l’ouverture des marchés, en baisse de 0,42 cent par rapport à la clôture de lundi.

Il ne faut pas se laisser berner par les déclarations de Jean Charest selon lesquelles le gouvernement serait devenu ingouvernable. Seule la conjoncture politique au Québec, qui lui donnerait un gouvernement majoritaire, motivera sa décision de déclencher ou non des élections. Au risque d’indisposer une partie de l’électorat, un peu lassé par les discours électoraux, Jean Charest fait le pari de remporter haut la main les prochaines élections, si elles ont lieu à court terme. À très court terme. Pourquoi Jean Charest s’en priverait-il puisque deux Québécois sur trois sont satisfaits de son gouvernement ?

Cette allusion, au cours du week-end, à un gouvernement « ingouvernable », s’appuie bien évidemment sur cette coalition des deux partis d’opposition pour faire élire François Gendron à titre de président de l’Assemblée nationale. D’autre part, les messages d’hostilité lancés par les deux partis au cours du week-end sur une défaite possible à l’Assemblée nationale donnent un prétexte en or à Jean Charest pour évoquer l’urgence de déclencher des élections face au tsunami économique qui guette les Québécois.

Les partis d’opposition ont marqué le terrain. Pour Pauline Marois, si la population se fie sur la gestion de « crise du fromage », le gouvernement ne fera pas mieux pour gérer la crise économique. Est-ce la trouvaille du siècle ce rappel du dernier week-end des velléités autonomistes des adéquistes ? « Il faut continuer de parler de Constitution, mais c’est clair que nous n’entamerons pas ce débat durant une crise financière », déclarait Mario Dumont.

Les partis d’opposition sont pris de court, point ne pas dire de panique : « Les citoyens sont préoccupés par les soubresauts de l’économie et pendant ce temps Jean Charest ne pense qu’à assurer son propre avenir de premier ministre, c’est totalement irresponsable », commentait la présidente régionale du Parti Québécois pour le Bas-Saint-Laurent, madame Carole Boucher. « C’est la pire chose qui peut arriver pour le Québec », déclarait à Québec la députée de Lotbinière, Sylvie Roy, déléguée par le chef de l’opposition officielle Mario Dumont pour réagir à la tenue probable d’une nouvelle campagne électorale.

Madame Carole Boucher s’interrogeait bien candidement : « Soyons sérieux, à peine une année et demie plus tard, il faudrait utiliser 80 millions de fonds publics pour retourner aux urnes ? C’est ça la priorité pour les libéraux ? » Que la présidente régionale du Parti Québécois pour le Bas-Saint-Laurent le veuille ou non, il est clair que la raison principale du Parti libéral du Québec est de gagner la prochaine élection puisque les sondages lui sont favorables. Quel qu’en soit le prix à payer.

Selon ce même sondage Léger Marketing réalisé pour le compte du « Journal de Montréal » et de TVA, à la question « Qui ferait le meilleur premier ministre du Québec ? », Jean Charest profite d’une avance considérable avec 40 pour cent, contre 26 pour cent pour Pauline Marois et 12 pour cent pour Mario Dumont. Françoise David termine la marche avec 4 pour cent. Par contre, chez les francophones, Pauline Marois est favorite, avec 40 pour cent, suivie de Jean Charest, avec 37 pour cent, et 12 pour cent pour Mario Dumont.

Qu’entendait faire madame Pauline Marois, si des élections ne venaient pas contrecarrer ses plans ? Simple : prendre son bâton de pèlerin pour convaincre la population de la nécessité de faire du Québec un pays. Mme Marois a, au cours du dernier week-end, rappelé son objectif de mobiliser la population autour du projet souverainiste. La conférence du week-end devait porter sur la souveraineté mais la crise économique est venue modifier les plans des péquistes. Faut-il s’en surprendre ?

Le déclenchement des élections au Québec aura le mérite, avant l’arrivée du tsunami économique, de connaître qui, des trois partis, sera en meilleure position pour gérer cette crise appréhendée. Les trois partis devront rendre publiques les mesures qu’ils entendent prendre pour rassurer la population québécoise et protéger leurs acquis. Fait à noter : depuis l’annonce à peine voilée de Jean Charest d’éventuelles élections au Québec, ni Mario Dumont ni Pauline Marois n’ont eu le courage d’affronter eux-mêmes la presse pour donner leur point de vue. Ils l’ont exprimé au Salon bleu de l’Assemblée nationale.

Bernard Drainville a beau répéter qu’aller en élection serait « irresponsable » en raison de la situation économique, le Parti québécois n’a rien fait pour montrer qu’il pourrait être plus efficace en termes de gestion de crise que l’actuel gouvernement minoritaire. En ce qui concerne l’Action démocratique, il en va de même. Avec raison, Jean Charest conclut que les priorités des partis d’opposition sont loin de l’économie. Ils l’ont amplement démontré lors du dernier week-end.

Un lecteur du quotidien Le Devoir commentait en ces termes l’annonce d’une prochaine élection au Québec : « le week end dernier, le PQ et l’ADQ ont décidé d’aligner leur priorité sur la constitution… et de harceler le parti au pouvoir… Le Parti Libéral lui propose un alignement sur l’économie, le développement du nord, et a besoin d’un mandat fort à cet effet. Que choisiront les citoyens ? Un gouvernement majoritaire centré sur l’économie ou relancer les stériles débats constitutionnels et favoriser l’incertitude économique ? »

Et notre collègue François Marginean en profitait également pour poser la question des SLAPP : « Si on est pour s’en aller en élections, aussi bien en profiter pour questionner nos élus et reprendre le contrôle de ce système hyper-capitaliste hors de contrôle ».

Pierre R. Chantelois

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Barrick Gold, la honte

Le harcèlement honteux de la part de Barrick Gold à l’endroit des trois auteurs de Noir Canada. Pillage, corruption et criminalité en Afrique et Les Éditions Écosociété atteint de nouveaux sommets. Barrick Gold, la plus importante société aurifère du monde, a envoyé le 19 septembre dernier une nouvelle mise en demeure à Alain Deneault, William Sacher, Delphine Abadie et la maison d’édition les enjoignant de cesser, «dans le cadre de la campagne de financement ou de solidarité, de lobbying politique, d’événements promotionnels, d’entrevues médiatiques ou sur des sites Internet», de qualifier de «pousuite-baîllon» la poursuite qu’elle leur intente.

Le bulletin d’information diffusé par Les Éditions Écosociété révèle que la lettre d’avocat avise les auteurs et l’éditeur de Noir Canada qu’ils s’exposent ce faisant à «davantage de dommages punitifs » et que leur « comportement rendra d’éventuelles rétractations, excuses publiques, ou actions réparatrices encore plus difficiles et embarrassantes».

C’est qu’il ne faut pas oublier qu’en mai dernier Barrick Gold a intenté une pousuite en diffamation de $6 millions à l’endroit des Édition Écosociété et des auteurs de Noir Canada. Maintenant, c’est le tour à une autre géante de l’extraction de l’or, Banro Corporation, de se joindre à ce type d’intimidation: ils ont déposé une seconde poursuite pour $5 millions contre les mêmes personnes.

Le bulletin d’information poursuit: une poursuite-bâillon a pour effet d’entraver le débat public et de restreindre la liberté d’expression, en contraignant les défendeurs à mobiliser toutes leurs ressources financières et humaines pour assurer leur défense. Aujourd’hui, Barrick voudrait nous interdire l’usage du terme « poursuite-bâillon », ce qui aurait pour effet de nuire à notre défense et de rendre difficile, voire impossible, notre campagne de solidarité et de financement. Cela risquerait en effet de nous priver des seules ressources nous permettant d’assumer les frais que supposent pareilles poursuites.

J’écrivais dans un article précédent que le livre répertoriait un grand nombre de cas d’abus environnementaux, sociaux et politiques engendrant des coûts humains très élevés dans plusieurs cas. L’ouvrage s’appuie sur des sources crédibles dont des experts mandatés par le Conseil de sécurité de l’ONU ainsi que plusieurs organisations non gouvernementales dont Human Rights Watch et Amnistie internationale. Les cas les mieux connus relatent des déversements de produits toxiques dans les cours d’eau qui sont la seule ressource d’eau potable pour les communautés locales; de corruption politique et de mobilisation d’armées nationales pour mater des civils qui se retrouvent du jour au lendemain sur une terre achetée par cette société privée ainsi que plusieurs autres cas.

Barrick et Banro persistent à présenter les références bibliographiques de Noir Canada comme des «fausses affirmations» et cherche à présenter leur poursuite comme étant un simple cas de libelle diffamatoire. L’éditeur et les auteurs se défendent bien de cela et on déclaré que «les sources citées dans l’ouvrage, rapportant des écarts de conduite, des abus, voire des crimes de la part de compagnies canadiennes en Afrique, sont suffisamment nombreuses et crédibles pour justifier la tenue d’un débat public sur la question et la création d’une commission indépendante d’enquête. On ne saurait exiger d’auteurs et d’éditeurs qu’ils se substituent à la justice ou à l’appareil d’État et qu’ils administrent eux-mêmes des preuves in fine.»

Pourquoi cela nous concerne t-il ? Il se trouve que plusieurs de nos placements ou de nos régimes de retraite sont investis dans cette compagnie et d’autres qui ont le même comportement. Ceci revient à dire que nous participons à cette entreprise néfaste d’où vient notre responsabilité de nous informer et de passer à l’action si ces compagnies opèrent au détriment de populations locales et de l’environnement. Jusqu’où sommes-nous prêts à aller pour rentabiliser nos investissements? À piller des pays étrangers, à faire des pactes avec des mercenaires et dictateurs, à détruire l’environnement?

Plusieurs universitaires de l’Université de Montréal et de l’UQAM appuient les auteurs de Noir Canada et ils ont fait paraître une lettre d’opinion dans Le Devoir du 29 septembre dernier intitulée «Le discours orwellien de Barrick Gold», dans laquelle ils soutiennent que «la poursuite de Barrick Gold est une attaque directe contre la liberté de recherche universitaire et la quête de vérité, essentielles à toute société démocratique ».

Alain Deneault, auteur de Noir Canada. Pillage, corruption et criminalité en Afrique, écrivait: «une poursuite judiciaire suppose pour des auteurs et un éditeur de se découvrir soudainement dans la position sociale de  «défendeurs», de devoir de ce fait même mobiliser énormément de temps et d’énergie pour constituer des dossiers et répondre obligatoirement à des interrogatoires hors cour qui peuvent s’étendre sur plusieurs journées. Une poursuite contraint aussi les «défendeurs» à engager des frais judiciaires considérables, qui sont de nature à les ruiner avant même que leur procès n’ait commencé, sitôt que la partie qui poursuit exige beaucoup de temps et de documents de leur part. Les «défendeurs» découvrent alors l’ampleur des droits qu’a soudainement sur eux la partie qui poursuit.»

«L’argent devient donc un élément fondamental de la lutte. On n’a accès à la justice que si on a les moyens de se payer les services d’un  avocat. Car un avocat ne défend pas un citoyen, mais nommément un « client ». La notion de « client » n’est dans son fondement ni juridique, ni civique, mais économique. Elle implique la possession de capitaux financiers. Or, on n’a vraiment accès à la justice que par le biais d’un avocat et un avocat défend en principe des clients, c’est-à-dire ceux qui ont les moyens de réclamer ses services. Les auteurs et l’éditeur de Noir Canada font aujourd’hui difficilement exception. Ils arrivent tout de même aujourd’hui à tenir tête aux deux sociétés qui les poursuivent pour un total de 11 millions $, essentiellement grâce au soutien que la population leur manifeste dans le cadre de leur campagne de financement ainsi qu’à la générosité proverbiale de leur avocat québécois et du service juridique ontarien Ecojustice . Ils seraient sinon déjà ruinés, avant même qu’un juge se soit concrètement saisi de leur dossier. Cela présage du pire : tout livre qui déplaît à une « personne morale » dont les fonds sont colossaux peut aujourd’hui entraîner à leur perte éditeurs et auteurs, même si le livre en question est fait en adéquation avec les méthodes de recherche qui prévalent dans l’institution universitaire et le milieu de l’édition. Cet état de fait dans notre administration du droit est de nature à faire craindre le pire, et donc à mobiliser le monde universitaire ainsi que  tous les citoyens qui ont à c¦ur la possibilité même du débat public.»

Le 13 juin dernier, le ministre de la Justice du Québec, M. Jacques Dupuis, déposait le projet de loi 99 intitulé «Loi modifiant le Code de procédure civile pour prévenir l’utilisation abusive des tribunaux et favoriser le respect de la liberté d’expression et la participation des citoyens aux débats publics». Les Éditions Écosociété ont salué cette initiative visant à garantir la liberté d’expression et à favoriser l’accès équitable à la justice pour l’ensemble des citoyens. La maison d’édition prenait soin d’ajouter qu’ils souhaitaient «voir le projet de loi 99 bonifié, notamment pour s’assurer qu’une poursuite puisse être déclarée abusive dès lors qu’elle a pour effet de nuire au débat public. Nous souhaitons, il va s’en dire, voir ce projet de loi amélioré et adopté le plus rapidement possible.»

C’est pourquoi Les Éditions Écosociété sollicitent à nouveau votre aide dans cette lutte pour la libre participation au débat public. Vous pouvez diffuser largement ces informations, signer la pétition d’appui, acheter le livre Noir Canada, faire un don via leur site Internet ou en envoyant un chèque à l’adresse suivante:

LES ÉDITIONS ÉCOSOCIÉTÉ VOUS REMERCIENT DE VOTRE SOUTIEN !
L’équipe des Éditions Écosociété
C.P. 32052, Comptoir Saint-André
Montréal (Québec) H2L 4Y5
Téléphone: (514) 521-0913
Télécopieur: (514) 521-1283
Courriel: amvoisard@ecosociete.org

Pour mieux comprendre les déficiences de notre système de justice civile et ses injustices, vous pouvez écouter cette émission de L’Autre Monde du 2 octobre 2008: Le droit civil, entrevue avec Pierre JC Allard et Me Charles Brochu.

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Classé dans Actualité, François Marginean

Un million pour Sarkozy

Bonjour, les cousins français

Coucou ! C’est moi qui m’était plaint de la façon dont le Nouvel Obs avait traité Carla … Je récidive. Français, Françaises, en vérité je vous le dis : il est malsain que vous soyez si mesquins avec vos dirigeants. Il n’est pas normal que vous ne donniez pas, bon an mal an, un million d’euros à votre président.

De quoi j’me mêle ? Si je viens vous parler finance, c’est que que j’ai comme vous l’héritage mixte de Jacques Cœur et de Surcouf, mais aussi parce que vous saurez, Mossieu, que je suis Canadien. Moi qui vous parle, j’ai marché à Montréal sur le bout de trottoir de la Place Victoria que traverse souvent, par beau temps, pour aller de sa limousine à son bureau, l’homme qui s’est précipité à la cuisine pour régler l’ardoise, le soir du 6 mai au Fouquet’s.

J’ai même déjà vu, derrière les rideaux, la silhouette de Paul Desmarais. Ce n’est pas rien. Combien de vous avez frôlé de si près un Grand-Croix de la Légion d’honneur ? Et pas n’importe lequel, celui qui s’y connait en fric. Donc, si je vous parle finance et politique, vous saurez que je sais de quoi je parle. Je veux vous parler finance et politique, plus précisément, de corruption.

On jase de démocratie et des détails de son fonctionnement, en oubliant qu’une conséquence de la démocratie est de donner le pouvoir politique a des gens qui ne sont pas toujours riches, dans un monde où la richesse achète presque tout. De là à penser que le pouvoir politique est à vendre, il y a un pas à franchir que je ne franchirai pas, car ce trottoir est bien achalandé. Je dirai simplement, comme Surcouf, qu’on ne devient pirate que pour avoir ce qui nous manque et que je trouve gênant que les oints du Seigneur Peuple soient si imprudemment induits en tentation.

Ils sont aiguillonnés vers le péché avec d’autant plus de perversité, qu’on les prive du minimum dont doit jouir un homme de pouvoir. Parce que vraiment, là, les cousins, côté rémunération, vous êtes d’un minable… Vous n’écoutez pas CNN, comme tout le monde ? Tous ces financiers qu’on désigne aujourd’hui à la télévision à la vindicte populaire, pour le dérapage de l’économie, touchaient chacun en salaires et primes 10, 50, 100 millions de dollars par année. Comment osez-vous parler en milliers d’euros de la rémunération du Président de la République ?

Et si on traite ainsi le chef, imaginez l’indigence des ministres, la misère des hauts fonctionnaires ! Il faut combler les décideurs publics. Le salaire des décideurs publics, nommés ou élus, doit être doublé ou triplé ! Être un mandataire du peuple et décider en son nom doit être le plus prestigieux des emplois et il doit s’y rattacher un salaire exceptionnel.

Si on veut que leur enrichissement se fasse ailleurs que dans des comptes en Suisse, il faut que la rémunération des décideurs responsables de l’État augmente de façon spectaculaire. Les sommes nécessaires pour leur consentir ces salaires décents sont insignifiantes en regard des budgets de l’État et tout avantage financier raisonnable qu’on pourrait leur consentir est négligeable, si on le compare au coût d’une seule mauvaise décision de l’État.

Pourquoi cette aberration d’un salaire parcimonieux à ceux qui devraient être le mieux rémunérés ? Et le plus bête, c’est que ce n’est pas faute de moyens que les décideurs publics sont si mal payés, mais à cause d’un vieux fond de puritanisme qui voudrait laisser croire qu’ils sont parfaitement désintéressés et ne veulent PAS s’enrichir.

Cet angélisme naïf est délétère pour la démocratie, car c’est une corruption rampante et tolérée qui vient nous dire chaque jour que ce n’est pas vrai. Or, on ne peut imaginer crime plus néfaste dans ses conséquences sociales que de mettre à profit un mandat reçu de toute la société pour toucher un pot-de-vin et sacrifier les intérêts et les espoirs de milliers ou de millions de personnes qui vous ont fait confiance.

La corruption est le péché de Judas, le péché des « félons qui, s’étant acquis la confiance d’un autre, se servent de cette confiance pour tromper celui qui la leur a accordée et lui nuire en en tirant profit ». Dans l’Enfer de Dante, ce sont ces félons qui sont dans les bras mêmes de Satan.

La corruption est la maladie mortelle de la démocratie. Pourtant, elle est souvent accueillie aujourd’hui avec un haussement d’épaules. Pourquoi ? Parce que le citoyen sent confusément que les dirigeants ont une possibilité de s’enrichir bien au-dela de leur traitement et se dit in petto que lui-même… Bref, qui volerait un œuf est bien peu enclin à s’émouvoir de leurs indélicatesses.

Mais si le politicien ou le fonctionnaire coupable avait un traitement bœuf, à faire rêver Quidam Lambda, soyez sûr que ce dernier, envieux, ne lui pardonnerait rien. Or c’est cette réprobation universelle qui est nécessaire pour faire disparaître la corruption. Pour stopper la corruption, il faut rendre le corrompu odieux.

Comme le fait CNN aux USA. En dénonçant chaque soir, un par jour, les financiers qui se sont accaparé des centaines de millions de dollars en salaires et bonis alors qu’ils conduisaient la pays à la ruine; on cherche indubitablement à mettre fin à la complaisance du citoyen américain face à cet enrichissement éhonté… et à lui désigner des boucs émissaires.

Cessons donc de croire qu’il est condamnable qu’un ministre, qui gère 10 ou 20 milliards des fonds publics, touche une rémunération annuelle de 500 000 ou d’un million d’euros, alors que n’importe quel bon joueur de foot ou acteur a belle gueule, est encouragé à en exiger encore plus.

Il n’y a rien d’inconvenant à ce que, durant son mandat, on assume aussi pour un décideur public des frais divers qui lui feront une vie de pacha. Il mérite une vie de pacha. Il EST le pacha. Il faut que le décideur public se SENTE riche et soit satisfait. Il faut qu’il soit su de tous qu’il est riche. Ce qui est inconvenant, c’est que ceux qui gère nos milliards n’aient pas les moyens de boire les mêmes vins que le milliardaire qui veut les amadouer pour nous vendre des avions ou nous construire des autoroutes.

Donc, allez hop ! Investissons dans la gouvernance et le fonctionnariat. Prevoyez annuellement un demi-million pour Fillon et tout qu’il faut pour Rachida – ce qui est bon pour la haute-couture et bon pour la France – et tout les autres a l’avenant.

Sarkozy ? Le président devrait avoir son propre yacht, mais, faute de mieux, disons un million pour commencer. Prenons un million, prenons en deux. À la santé du Roi de France…

Pierre JC Allard

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Classé dans Actualité, Pierre JC Allard

C’est le début d’un temps nouveau

L’avenir qui succédera à la grande dépression des années 2000 initiera le début d’un temps et d’un monde nouveau.

Un monde dans lequel la primauté de l’argent aura enfin disparu devant l’effondrement de la superstructure financière du capitalisme. Encore la semaine dernière, les chutes des Bourses et les hausses du chômage aux quatre coins de la planète laissent entrevoir des lendemains difficiles et pousseront encore plus vers une redéfinition totale de l’économie mondiale.

Un monde qui valorisera contre toute attente le facteur social dans la gestion des affaires socio-économiques. C’est ce que nous pouvons constater avec la nouvelle tournure socialisante de plusieurs pays occidentaux qui ne pavoisaient il n’y a pas si longtemps que par les privatisations et les déréglementations économiques généralisées.

Un monde où la propagande des fortunés n’aliénera plus les masses car ils auront perdu tout ascendant sur les destinés de l’Humanité après la déchéance de leur système unilatéral de valeurs basé sur le pécule à court terme.

Un monde dans lequel le bien-être de l’humain et la perpétuité de sa descendance dans un environnement viable redeviendront les enjeux principaux de tous.

Un monde qui nous permettra enfin de redevenir des êtres humains au lieu de simples automates sans cervelles programmés pour acheter des produits de consommation futiles comblant le néant de leurs existences dénuées de tout sens dans cet univers capitaliste.

En fait, le début d’une vraie Humanité consciente d’elle-même, des conséquences et des limites de ses actions ainsi que de la petite planète qu’elle occupe.

Jimmy St-Gelais
http://pourquedemainsoit.wordpress.com/

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À Loto-Québec de qui se moque-t-on?

À Loto-Québec de qui se moque-t-on?

Raymond Viger Dossier jeu compulsif

Depuis quelque temps, des documentaires et des reportages publiés dans plusieurs médias traitent des effets pervers du jeu compulsif. Non seulement la souffrance et la détresse des joueurs et de leurs proches y sont soulignées, mais plusieurs journalistes ont questionné fortement l’intégrité et la conscience de Loto-Québec.

Voyant son image ternie par les «méchants» journalistes, les dirigeants de Loto-Québec lancent une campagne de publicité pour redorer leur image corporative et démontrer que Loto-Québec agit en bon père de famille corporatif.

L’intérêt public

Quand les journalistes questionnent les agissements de Loto-Québec, ils font leur travail. C’est d’intérêt public et le citoyen est mieux informé. Leurs médias, eux, vendent des pleines pages de publicité où Loto-Québec vante ses mérites. N’est-ce pas contraire à l’intérêt public? Peut-on décrier dans nos éditoriaux des choses et accepter de passer de la publicité qui va à l’encontre de ce que l’on dénonce? Il y a ici un illogisme flagrant et un manque de respect pour le travail des journalistes et pour les lecteurs.

La vraie mission de Loto-Québec

Les profits de Loto-Québec doivent, dit-on, servir à baisser nos impôts, à soutenir les arts et la culture, faire de la prévention et de l’intervention auprès des joueurs compulsifs. Peut-on accepter que Loto-Québec utilise ces profits pour redorer son image publique? En bon père de famille, Loto-Québec aurait dû accepter la critique et prendre le temps de se remettre en question.

Pourquoi ne pas avoir investi ce budget en prévention? Les prestigieuses commandites de Loto-Québec leur donnent déjà suffisamment une belle image.

Boycott de Loto-Québec

Loto-Québec nous a proposé cette publicité où ils se décrivent comme «une institution consciencieuse qui assure un équilibre entre sa mission économique et sa responsabilité sociale».

Nos principes, nos valeurs et le respect que nous portons à nos lecteurs et aux journalistes nous obligent à refuser cette publicité de Loto-Québec. Nous leur avons demandé de la remplacer par une page de publicité sur la prévention face au jeu compulsif. Malgré que Loto-Québec investit des sommes importantes pour redorer leur image corporative, ils n’avaient pas de budget pour faire de la prévention! La directrice des communications corporative de Loto-Québec, Mme Carole Villeneuve, comprenant la spécificité de notre magazine, ne peut rien faire d’autre que d’envoyer une note à la fondation Mise sur toi pour qu’ils pensent à notre magazine lors de leur prochaine campagne. Compte tenu de l’indépendance de la fondation envers Loto-Québec, Mme Villeneuve ne peut cependant rien garantir.

Rien de disponible en prévention

La fondation Mise sur toi n’a pas de budget de publicité disponible pour nous pour l’instant. Personne ne pouvant nous offrir une publicité en prévention, nous avons dû refuser l’offre de Loto-Québec. Financièrement, cela nous fait mal. Très mal (3 350$). Mais nous gardons la tête haute et cela n’a pas de prix.

Finalement, nous avons réussi à obtenir une publicité en prévention du jeu compulsif de la part du Ministère de la Santé. Est-ce la responsabilité de ce Ministère de prévenir les effets pervers de Loto-Québec et de remplacer la fondation Mise sur toi en ce qui concerne la prévention du jeu compulsif?

Textes sur le Gambling et jeu compulsif:

Témoignage d’un joueur compulsif

Comment fidéliser un gambler?

DVD prévention gambling et jeu compulsif

Être le conjoint d’un gambler

Le prix à payer pour devenir un gambler

La Sérénité pour un joueur compulsif

Biz Locolocass et le gambling

Éléonore Mainguy, ex-croupière du Casino

Did Tafari Bélizaire, casino, jeu compulsif et suicide

Jeux de cartes entre amis

Statistiques du pile ou face

Responsabilité de Loto-Québec

Mots clés Technorati : ,,,

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Classé dans Actualité, économie, Raymond Viger

Retour sur les leçons de vie d’un grand économiste hélas disparu

En lisant le billet d’hier, cela m’a rappelé quelque chose que j’avais écrit lors du décès de Kenneth Galbraith en avril 2006. Exceptionnellement, je vais reprendre aujourd’hui, ici, ce billet. Loin de moi l’idée de contredire mon collègue, bien au contraire, mais plutôt d’ajouter à ses propos une dimension trop souvent occultée par les gourous de tout acabit : au-delà de la liberté de s’enrichir, la vraie question demeure celle de la répartition du pouvoir. «Toute la vie intellectuelle de John Kenneth Galbraith aura été consacrée à vouloir mettre l’économie au service de l’homme, et non le contraire. Il se sera éteint sans voir son rêve se réaliser. Pire, la vision réductrice de l’économie qu’il a combattue et dénoncée jusque dans les dernières années de sa vie est plus que jamais triomphante », avais-je écrit en 2006. On voit maintenant l’envers du miroir déformant qui nous a fait prendre pour liberté ce qui était enchaînement à une logique inhumaine.

Il n’y a pas que l’argent qui compte dans l’analyse de l’économie, rappelait Galbraith dans une entrevue accordée à Harry Kreisler en 1986 (Conversation with John Kenneth Galbraith). Trop souvent on oublie le rôle du pouvoir dans les choix économiques.

N’en déplaise aux orthodoxes du marché comme grand ajusteur de l’économie, au moins la moitié de toute l’économie [mondiale, ais-je besoin de préciser] est planifiée par les grandes corporations qui dominent le marché.

The modern corporation has extensive control over its prices and its costs, and, even its ability to control (or at least influence) the tastes of its customer. They even have substantial influence over the sources of their supplies. And even major control over finance and their ability to attract credit.

Richard Lichty. Lecture from John K. Galbraith, « Power and the Useful Economist » (note pour le cours Radical Economics).

Un des piliers de la théorie économique dite néoclassique veut que seule la recherche du profit motive les décisions prises par ces «agents économiques» que sont les grandes corporations.

Il y a quelque chose de totalement absurde à prétendre que d’un côté les gouvernements peuvent prendre des décisions «politiques» nuisibles au Technorati économique, mais que de l’autre les grandes corporations prennent des décisions «purement économiques» bénéfiques en soi.

Il y a quelque chose d’encore plus absurde à ne pas reconnaître l’influence énorme des grandes corporations sur les mêmes décisions «politiques» des gouvernements qui curieusement leurs sont favorables.

Les grandes corporations ont des problèmes temporaires qui les empêchent de réaliser des profits, voire qui pourraient signifier à terme la faillite? Qu’à cela ne tienne. Les États volent à leur secours. Même l’ Technorati internationale au développement est, en fait, une aide aux grandes corporations qui étendent leur influence dans le monde.

Dans son dernier ouvrage, Galbraith s’en prend à la «novlangue» des économistes et idéologues de tout crin qui ont rebaptisé «économie de marché» ce qui est en fait «capitalisme».

Galbraith dénonce aussi l’incroyable pouvoir des actuels dirigeants des grandes corporations. Aux États-Unis, ce pouvoir est doublé d’une interpénétration incestueuse entre l’administration publique et ces puissantes administrations privées qu’elles sont devenues.

Toute sa vie, Galbraith aura dénoncé ces «mensonges de l’économie» qui font croire que la consommation est l’arme absolue des individus contre les abus de pouvoir des grandes entreprises qui faussent le jeu en leur faveur.

À son honneur, il pourra revendiquer de ne pas faire parti du panthéon de ces gourous de l’économie qui nous prennent pour des imbéciles.

Au moins n’aura-t-il pas vendu son âme d’économiste pour un plat de mathématiques.

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Classé dans Actualité, Michel Monette

Des sociétés en symbioses

Ce qui va suivre est une bien humble réflexion, qui trouve ses racines dans le questionnement qui suit : comment pourrait-on collectivement amoindrir un système où certains talents sont plus payants que d’autres? Bien sûr, cette question est en lien avec le fait qu’actuellement le travail de certaines personnes réussit à peine à les maintenir à flot et que pour d’autres, on parle d’une vie très luxueuse. Il y a une grande différence entre le pauvre qui se « tue » à l’ouvrage et, par exemple, le milliardaire aventurier Steve Fossett qui est mort dans un accident d’avion. Et, on ne peut pas parler d’un côté comme de l’autre d’un travail surhumain. Mais il est certain qu’il y a un côté plus agréable à un qu’à l’autre, en dehors de l’impondérable. Aussi, je ne voudrais pas aborder le débat concernant les salaires mirobolants (pour ne pas écrire indécents) des dirigeants d’entreprises. À part les principaux intéressés, je me risquerais à dire qu’une bonne majorité est d’accord.

Sans vouloir tomber dans le socialisme ou le communisme, je me dis seulement que si les entreprises ne veulent pas, soit d’une coercition étatique intense qui leur enlèverait une part de leurs profits pour le redistribuer, soit des syndicats qui les obligent à payer un salaire tel et des conditions telles, il faudrait alors que ces entreprises soient elles-mêmes la réponse au problème. Je m’explique. Imaginez un système où chaque entreprise calculerait sa masse salariale en conséquence de ses profits. Un peu comme si chaque employé était actionnaire et profitait à la hausse ou à la baisse du fruit de son travail concerté. Y’aurait-il besoin de syndicat, de lutte pour des augmentations de salaire, de conditions, etc., si toutes les entreprises fonctionnaient de la sorte? En tout cas, entre autres, cela permettrait sûrement de hausser la performance générale. Se battre pour son propre salaire est plus encourageant que de se battre pour ne pas se faire mettre à la porte par son patron…

Et surtout, la plus grande question : pourquoi une entreprise qui ne permet pas à ses employés de bien vivre du fruit de ses labeurs pourrait-elle survivre et faire des profits? Oui, je sais que la notion du « bien vivre » est discutable et hautement subjective. Elle est aussi beaucoup comparative, dans le sens où un pauvre du Québec ne se compare pas avec un pauvre d’Afrique, mais bien avec un riche ou quelqu’un de la classe moyenne du Québec. L’impératif d’une société n’est-il pas le bonheur de la totalité de ses individus selon l’étalon de sa culture? Si la culture fait en sorte de maintenir de la pauvreté dans sa société, il est là le problème.

Et par culture, on s’entend que la culture d’entreprise en fait hautement parti. Dans mon idée, le pouvoir de ces entreprises est la solution, et elles devraient voir leur participation à la société comme un beau défi, et non seulement considérer la main d’oeuvre comme un dommage collatéral à la recherche de profit.

(Photo : Bēn on holiday 😉 )

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Classé dans Actualité, Renart L'Eveillé

Nicolas Sarkozy prêche par la théorie mais non par l’exemple

L’homme qui prêche de par le vaste monde vertu et régulation dans le monde de la finance internationale est celui-là même qui s’est octroyé, au début de cette crise, une augmentation de salaire de près de 140 %. Ce même homme accepte que la rémunération de 98 de ses collaborateurs, après une augmentation de 26,8% l’an dernier, augmente à nouveau de 20% (de 5,49 millions d’euros en 2007 à 9 millions en 2009). Augmentation nettement au-dessus de la moyenne de celle accordée aux travailleurs et travailleuses français. Comme si cela ne suffisait pas, le coût des voyages du président de la République française a littéralement explosé de 33%.

Nicolas Sarkozy se drape d’une prétendue sagesse et en conséquence diffuse son enseignement, tel un gourou qui dit à ses disciplines : « entendez mon prêche, n’examinez pas ma conduite personnelle ». À l’heure de l’économie, du pouvoir d’achat des Français amaigri, les crédits affectés à l’Élysée pour l’année 2009 grimpent de 11,45 % pour être portés à 112,33 millions d’euros. Soit une progression six fois supérieure à celle du budget de l’État. Les charges de fonctionnement explosent. Les frais de déplacement progressent de 33 %. Ce qui a eu pour conséquence que les crédits, originellement attribués à la Présidence pour 2008, n’ont pas suffi à Nicolas Sarkozy et que l’État s’est vu dans l’obligation d’accorder une rallonge de 9,2 millions d’euros, pour ce dernier puisse boucler l’année. Petite information intéressante : aucun détail n’est livré par l’Élysée sur les coûts respectifs de l’hôtellerie ou des transports à l’étranger.

Le député socialiste René Dosière qui décortique depuis des années le budget de l’Élysée et qui avait révélé l’augmentation de 140% du salaire présidentiel après l’élection de Nicolas Sarkozy, formulait ce commentaire particulièrement pertinent dans les circonstances : « Que Nicolas Sarkozy se déplace est tout à fait légitime. Mais peut-être peut-il le faire avec moins d’avions, moins d’invités, moins de réceptions ».

Le 8 janvier 2008, Nicolas Sarkozy avait demandé à son peuple : « S’agissant du pouvoir d’achat, qu’est-ce que vous attendez de moi ? Que je vide des caisses qui sont déjà vides ? ».

Le Premier ministre de la France, François Fillion, a déclaré, lors de sa furtive présence au Sommet de la francophonie, en remplacement de son président qui a quitté précipitamment pour raison de meeting avec W, à Camp David, déclarait : « La France ne demande pas que l’économie soit administrée. Elle demande qu’il y ait un peu de règles, que le libéralisme soit moins sauvage, que les États-Unis ne puissent pas s’endetter sans fin sur le dos de l’ensemble du reste du monde ».

Au point de départ, notons que la dette de la France attendue fin 2008 pourrait s’élever à 65,3% du PIB, au-delà du plafond de 60% autorisé par le pacte de stabilité européen. Selon Le Point: « La dette publique de la France, au sens du traité de Maastricht, se montait à 1.269,3 milliards d’euros à la fin du deuxième trimestre, dont 985,6 milliards pour l’État. Cela représente 65,7% du produit intérieur brut ou, selon les calculs de la Cour des comptes, quelque 47.000 euros par personne ayant un emploi ». Pour la seule année 2009, le déficit budgétaire est fixé à 52,1 milliards et la dette publique remonterait à 66 % du PIB.

La ministre de l’Économie, Christine Lagarde, a averti que les prévisions de budget du gouvernement étaient « fragilisées par la crise financière ». La croissance pourrait ne pas n’atteindre 1% » en 2009. « Une croissance révisée grèverait encore un peu plus le déficit public », déclarait le ministre du Budget, Eric Woerth.

Le peuple français n’en a pas fini avec cette crise. Il convient de noter que les impôts indirects représentent 83% du budget de l’État contre 17% seulement pour les impôts sur les revenus et les richesses. Il y aurait plus de 7 millions de personnes pauvres en France. Près de 2 500 000 personnes doivent leur revenu au SMIC. Selon certaines estimations, trois millions de retraités toucheraient le minimum contributif de 850 euros et 700.000 seraient en dessous de 850 euros après une carrière complète. « Il y a de l’argent pour les banques. Il en faut pour les retraites », ont scandé des retraités révoltés par la situation actuelle en France. En septembre 2007 François Fillon avait déclaré : « Je suis à la tête d’un État qui est en situation de faillite sur le plan financier ».

Et dans ce gouvernement de Nicolas Sarkozy, qui prêche l’assainissement des mœurs dans le domaine de l’économie mondiale, les députés de l’Assemblée nationale française doivent débattre d’un texte que l’opposition juge caduc et que la ministre de l’Économie, Christine Lagarde, et son homologue du Budget, Eric Woerth, reconnaissent qu’il est en partie déjà dépassé. Geste peu compréhensible dans les circonstances, François Fillon ne juge pas nécessaire de « reformuler » le projet de loi de finances pour prendre en compte le plan d’aide aux institutions financières qui prévoit au besoin 360 milliards de garanties à la charge de l’État, somme qui correspond à ce que l’État est autorisé à emprunter pour sauver son système bancaire. Le président a assuré que ce plan « ne repose en aucun cas sur le contribuable. L’État fera payer ses garanties car il n’est pas question de refinancer les établissements bancaires sans contrepartie ».

Gérer ces 360 milliards de garanties reviendra à une structure de refinancement qui sera détenue par les banques à 66 % et à 34 % par l’État. Ce dernier bénéficiera d’une minorité de blocage et d’un droit de veto. En confiant la gestion de cette structure à géométrie variable aux banques, l’État veut éviter de devoir comptabiliser les fonds levés comme de la dette selon les critères de Maastricht. C’est en fait cette structure de refinancement qui empruntera des fonds avec la garantie de l’État pour ensuite les prêter aux banques en manque de financement, à un taux plus élevé.

Bref, Nicolas Sarkozy s’était engagé de ramener les comptes publics à l’équilibre à la fin de son quinquennat en 2012. Il semble bien que cette autre promesse soit une fois de plus ratée.

Nicolas Sarkozy avait appelé les organisations patronales à faire des propositions pour encadrer la rémunération des dirigeants. Le Medef avait, à la suite de cette pressante invitation du président de la République, rendu public ses recommandations élaborées avec l’Association française des entreprises privées (Afep). Sur la question des parachutes dorés, Laurence Parisot, présidente du Medef, a promis « la fin des excès ». Toutefois, selon madame Parisot, c’est « une erreur de penser que les rémunérations des dirigeants sont au cœur de la très grave crise financière ».

Lionel Jospin s’interroge également sur la logique de Nicolas Sarkozy: « le président (Nicolas Sarkozy) fait des discours un peu dans tous les sens: quel sens cela a-t-il de vouloir presque nationaliser des banques et de privatiser la Poste, de proposer des règlementations à l’échelle internationale et de déréguler en France ? »

La croisade de Nicolas Sarkozy ne laisse personne indifférent. Quelque 59% (contre 35%) des Français interrogés lors d’un sondage BVA, réalisé pour France Inter et Les Échos, estiment que le plan de sauvetage du secteur bancaire ne favorisera pas la reprise de la croissance en France. Les Français sont toujours critiques et sceptiques face à la politique économique du gouvernement. Seulement 36% des personnes interrogées disent avoir une bonne opinion de la politique économique du gouvernement. Une portion de 59% pense donc le contraire et 5% ne se prononcent pas. Une écrasante majorité de Français (79 %), à gauche comme à droite, considère que « si l’État peut prêter 40 milliards aux banques, il peut bien accorder un peu plus aux démunis » 65 % pensent qu’il « faudrait maintenant que l’État investisse beaucoup d’argent pour soutenir l’emploi »

Nicolas Sarkozy a plaidé, devant Georges W. Bush, en faveur d’une vaste refonte du système financier mondial. M. Bush a répété qu’il était « essentiel de préserver les fondements du capitalisme démocratique ». Nicolas Sarkozy a reconnu que M. Bush avait « raison de dire que la remise en cause de l’économie de marché serait une catastrophe ». Peu avant son arrivée à Camp David, en France, les deux principaux dirigeants de la Caisse d’Épargne, le président Charles Milhaud et le directeur général Nicolas Mérindol, ont annoncé leur démission alors que la banque française a perdu 600 millions d’euros à cause de risques pris en plein krach boursier.

Si le président américain a fini par céder à la pression des Européens de tenir des forums, après son départ, sur le système financier, personne n’est évidemment en mesure de définir ce que serait ce nouvel ordre financier mondial. L’UE veut une réforme profonde du système actuel et elle propose une supervision mondiale des marchés, qui serait confiée au Fonds monétaire international (FMI). Nicolas Sarkozy demande un renforcement du mandat du Fonds monétaire international et l’instauration d’une supervision mondiale des marchés. George W. Bush n’est pas chaud à cette idée.

Bush répète de son côté son crédo : il croit fermement en la liberté des marchés. Les pays en développement veulent avoir leur mot à dire sur la refonte du capitalisme, ont averti des dirigeants africains au Sommet de la Francophonie de Québec. Pour l’heure, ils ne sont pas inscrits dans les plans de Nicolas Sarkozy qui considère que le sommet prévu en novembre devrait réunir les pays du G8 élargi au G5, les cinq pays émergents que sont la Chine, l’Inde, le Brésil, le Mexique et l’Afrique du Sud, ainsi qu’un pays arabe.

M. Bush a admis la nécessité d’une réforme du système. Mais, à trois mois de quitter la Maison Blanche, il a ajouté que cette tâche incomberait à son successeur.

Le Premier ministre canadien Stephen Harper avait appuyé la tenue d’un tel sommet. Mais « il est important de ne pas causer de dommages permanents au système financier international », a ajouté M. Dimitri Soudas, porte-parole du premier ministre, indiquant ainsi qu’à l’instar de Washington, Ottawa ne souhaitait pas de refonte totale du capitalisme financier. Bref, l’ami de Nicolas Sarkozy, le Canada, prend ses distances. Les actions projetées par Nicolas Sarkozy sont modérées par l’ami qui lui veut du bien et qui appelle à davantage de « calme et de modération ».

Pierre R. Chantelois

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