La faillite des nations

Adam Smith avec sa Richesse des Nations peut se rhabiller.

Les dernières semaines ont remises en question ce que nous consacrions il n’y pas si longtemps comme des vérités économiques inaltérables : le concept d’un État minimal, de l’infaillibilité du marché et du libre-échange global. Au gré des déchéances actuelles du crédit bancaire, de la crise du subprime et des désastreuses chutes boursières, ces soi-disant sacro-saints paradigmes mordent la poussière.

Dans les deux dernières semaines, ce fut à Wall Street de subir un « Krach au ralenti » encore pire que celui de 1929 et vendredi dernier c’était au tour des bourses européennes et asiatiques de connaître une séance parmi les plus sombres de leurs histoires.

Et pour la première fois depuis le début de cette tourmente économique, une nation occidentale est au bord de la faillite.

L’Islande, un pays considéré comme un modèle de réussite économique depuis quelques années, est sur le point de déclarer banqueroute!

Dès les années 90 ce pays a procédé à une déréglementation massive de l’économie et à une privatisation des services publics s’étant résulté par une poussée temporaire de la croissance économique de l’Ile. Par ailleurs, le secteur financier islandais devint au cours des années le principal pilier de l’économie islandaise. En fait, la valeur de son système financier équivalait à huit fois le PIB national en 2007!

Alors comment expliquer cette déroute économique nationale?

C’est bien simple. Le gouvernement islandais s’est rabattu sur le libre-échange, le commerce financier international, la déréglementation touts azimuts et la vente de ses leviers économiques que constituaient les sociétés d’État tout en négligeant le développement de son infrastructure économique interne.

Pourtant, cette nation avait tout pour réussir, malgré son isolement relatif, dont un secteur industriel présent en énergie, en recherche biomédicale, en tourisme et en pharmaceutique contribuant à près du tiers de son PIB.

Il ne suffisait qu’une crise financière internationale pour acculer les banques islandaises et par ricochet l’ensemble de l’économie du pays au bord du gouffre. En fait, on a mit tous les œufs dans le même panier sans se soucier de diversifier davantage les activités économiques.

Les politiques néolibérales ont affaibli la santé économique de l’Islande, mais désormais l’État se doit de revenir sur ses positions en nationalisant la Landsbanki, la deuxième banque du pays, et il devra sans doute réévaluer la totalité de son idéologie non-interventionniste.

Quel sera la prochaine nation à tomber? Vous vous en doutez.

Plus globalement, l’échec des théories fumeuses des génies néolibéraux se confirme avec les investissements d’urgence à coups de centaines de milliards des diverses banques centrales occidentales afin de maintenir à flot le système bancaire international et surtout avec les intentions du secrétaire au trésor américain Henry Paulson de porter le gouvernement fédéral acquéreur d’une portion des actions bancaires! Autrement dit, une socialisation partielle!

Les temps changent en Occident. La situation impose une intervention accrue des pouvoirs publics dans l’économie et une remise en question des préceptes dogmatiques du libéralisme économique. Les nombreuses délocalisations d’entreprises, les fermetures d’usines, le dépérissement entier de franches économiques autrefois prospères au nom du libre-échangisme international soulèvent aussi des interrogations.

Face à la dépression économique appréhendée, les nations s’éveilleront à la nouvelle donne économique et s’inspiront dans l’avenir d’une philosophie économique plus socialisante devant l’écroulement du capitalisme sauvage et le dépérissement de l’économie.

Les affairistes ont maintenant raté leur coup depuis leur prise du pouvoir dans les années 80 et nous devrions bientôt assister à un retour de balancier salutaire en faveur du bien collectif.

Jimmy St-Gelais
http://pourquedemainsoit.wordpress.com/

4 Commentaires

Classé dans Actualité, économie, Jimmy St-Gelais

4 réponses à “La faillite des nations

  1. @JSG: La taille de l’Islande et l’outrance de ses postions antérieures en font un parfait projet pilote pour la solution a la crise. L’Islande DOIT faire ce qu’il faut, qui est la nationalisation des institutions financieres et un dirigisme accepté de l’économie durant au moins un temps, comme beaucoup dont moi l’avons répété sur toutes les tribunes depuis la premiere menace de crise.

    L’Islande est encore seule à le faire et elle donne un bon exemple. Elle y parvient sans soubresauts politiques violents, ce qui est une bonne nouvelle, même s’il faut bien admettre que cela lui estplus fcaile que pour beaucoup de ceux qui suivront… dont les USA.

    Les vocifération antisocialistes bébêtes qu’on entend durant la campagne présidentielle américaine donnent a pensr qu’il faudra un gouvernement autoritaire pour apporter les changements nécessaire a à l’économie américaine. Ce n’est pas une bonne nouvelle.

    Pierre JC Allard

    http://nouvellesociete.wordpress.com/2008/03/10/107-americanisme/

  2. Denis G.

    Oui bien sûr, maintenant que les dommages sont faits, continuont la philosophie première de ce système en nationalisant les pertes.

    C’est malheureusement la poursuite de ce régime que nous mettons présentement en oeuvre, en fustigeant de voeux pieux le monde financier à propos du besion de régulation de la part de l’état.

     »Vas au coin, met le chapeau d’âne et ensuite retourne gentiment à ta place. Pour les actifs restants dans ton portefeuille personnel, tu mettras ce que tu veux dans le tronc des pauvres. »

    Les banques Islandaises étaient toutes nationalisées avant 1993. Que s’est-il passé?

  3. @Pierre

    Je ne crois pas qu’on assiste à une dérive autoritaire. Et si cela se produit, c’est que la population est en colère devant les dirigeants politiques de droite et l’élite économique.

    Il y aura peut-être une dictature, si nous pouvons appeler ainsi une prise en charge de l’économie par l’État, mais une dictature contre les affairistes.

  4. Jean-Claude St-Yves

    Une fois dans un village, un homme apparut et annonça aux villageois qu’il achèterait des singes pour 10$ chacun.
    Les villageois, sachant qu’il y avait des singes dans la région, partirent dans la forêt et commencèrent a attraper les singes. L’homme en acheta des centaines à 10$ pièce et comme la population de singes diminuait, les villageois arrêtèrent leurs efforts.
    Alors, l’homme annonça qu’il achetait désormais les singes à 15$. Les villageois recommencèrent a chasser les singes. Mais bientôt le stock s’épuisa et les habitants du village retournèrent à leurs occupations.
    L’offre monta à 20$ et la population de singes devient si petite qu’il devint rare de voir un singe, encore moins en attraper un.
    L’homme annonça alors qu’il achèterait les singes 50$ chacun. Cependant, comme il devait aller en ville pour affaires, son assistant s’ occuperait des achats.
    L’homme étant parti, son assistant rassembla les villageois et leur dit : « Regardez ces cages avec tous ces singes que l’homme vous a achetés. Je vous les vends 35$ pièce et lorsqu’il reviendra, vous pourrez lui vendre a 50$. »
    Les villageois réunirent tout l’argent qu’ils avaient, certains vendirent tout ce qu’ils possédaient, et achetèrent tous les singes. La nuit venue, l’assistant disparut. On ne le revit jamais, ni lui ni son patron, que des singes qui couraient dans tous les sens.
    Bienvenue dans le monde de la bourse !

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