En France, pour le tribunal de police de Paris, les tentes des 374 familles mal-logées qui s’étaient installées, fin 2007, rue de la Banque, dans le IIe arrondissement de la capitale, sont des « objets embarrassant la voie publique sans nécessité ». L’association Droit au logement (DAL) a été condamnée à verser 12.000 euros d’amende pour le dépôt et l’abandon de ces objets. En effet, la magistrate a infligé au DAL quatre amendes de 3.000 euros considérant le campement comme un seul embarras pour lequel quatre procès-verbaux ont été dressés lors des interventions policières. L’amende a été majorée de 750 à 3.000 euros puisque le DAL est une personne morale.
Au Canada, une enquête rendue publique lundi à Ottawa par l’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS) révèle que les Canadiens les plus pauvres et les moins instruits, qui vivent dans les villes, sont plus susceptibles d’être hospitalisés pour toute une série de problèmes de santé que les autres. Les pauvres sont plus fréquemment hospitalisés pour un éventail de problèmes de santé comme les troubles anxieux et les crises d’asthmes. Ces mêmes personnes défavorisées sont en outre hospitalisées 2,3 fois plus souvent que les gens riches pour une maladie mentale et 3,4 fois plus pour un problème d’abus de drogue ou d’alcool.
Au Québec, en cette morne campagne électorale, la neige recouvrira cette laideur insupportable aux yeux de quelques âmes bien pensantes. Je viens de quitter le débat des chefs. Un peu de tout pour toutes et tous. Un fourre-tout. Selon la Ville de Montréal, en 1996, 28 214 Montréalais se sont présentés au moins une fois, cette année-là, dans un centre d’hébergement, une soupe populaire ou un centre de jour . Environ les trois quarts de ces personnes étaient des hommes, en majorité d’âge mûr, aux prises avec des problèmes de toxicomanie, de santé physique ou de santé mentale. Lors du recensement de 2001, on a dénombré environ 1800 itinérants à Montréal. Combien sont-ils aujourd’hui ? Une étude du centre d’hébergement la Maison Lauberivière, situé à Québec, a révélé en 2006 qu’il en coûte deux fois plus cher de laisser un sans-abri à lui-même que de l’aider. Plus de 50% des itinérants admis dans les hôpitaux sont diagnostiqués comme ayant de graves problèmes de santé mentale. Il a neigé sur Montréal et il neigera encore sur Montréal. La neige masquera des réalités que même une campagne électorale est incapable d’affronter.