Barack-le-Rouge

On a dit des choses terribles d’Obama, durant la campagne électorale américaine:  on a dit qu’il était socialiste. Des gens qui dorment dans leur vieille bagnole parce qu’ils n’ont plus de logement sont venus vociférer à ses meetings. On l’a accusé de vouloir redistribuer la richesse… ! 

Dans ce pays qui se veut de liberté, on a vu la servitude d’un lumpenproletariat conditionné depuis des générations par une petite élite fasciste à défendre l’idéologie libérale. On a touché du doigt l’abyssale ignorance, au sein de cette nation née sous l’inspiration des Lumières…. Mais les choses vont changer.

Ne pas croire que l’Amérique changera parce qu’Obama l’aura voulu. La béatitude dans l’injustice et l’inégalité est sur le point de prendre fin aux USA, mais ce ne sera par la volonté de personne, car ceux  qui auraient pu le vouloir étaient trop faibles et ceux qui en profitaient ne voulaient rien changer.

C’est l’évolution des technologies qui a fait que le capitalisme industriel atteigne son apogée, en apportant l’abondance en Occident, puis soit trahi par cette nouvelle réalité qu’il avait créée. Quand est venu l’abondance, y a maintenant 50 ans, le capitalisme a été confronté à la sursatisfaction des besoins matériels et donc au défi d’une société où la vraie demande devenait pour les services : l’éducation, la santé, les loisirs…

Dans une société tertiaire, le capital traditionnel perd de son importance au profit de la compétence, laquelle est un capital de connaissances qu’on ne peut s’approprier de celui qui l’a acquis, ce qui change la relation entre capitaliste et travailleur 

Le capitalisme à longtemps maintenu la primauté de l’industrie sur les services en créant une société de consommation factice, basée sur la possession de l’éphémère et de l’insignifiant. On a détourné la société de ses vrais besoins en lui offrant plus de joujoux, caméras, vidéos, télévisions, téléphones cellulaires, ordinateurs portables, des voitures surtout..

Mais la satiété est venue et avec elle  le dégoût de tout ce qui ne sert à rien, alors même qu’on s’apercevait que la demande réduite pour la production industrielle pouvait être mieux satisfaite par les importations d’Asie.

On savait bien qu’en y mettant des efforts, on pourrait mécaniser encore davantage l’industrie nord-américaine et produire à moindre coût toutes ces babioles, mais on savait aussi que ce serait reculer pour mieux sauter, car la société américaine en était repue et il faudrait la manipuler toujours plus  pour lui en redonner le goût qu’elle n’avait  plus alors qu’elle se mourrait d’avoir plus de services..

Mécaniser davantage – en compressant la main-d’œuvre –  ne permettrait pas, d’ailleurs, de distribuer le pouvoir d’achat pour rendre effective la demande globale.  On irait vers un système de plus en plus dépendant de diverses formes d’assistanat… tandis que les relations avec les pays exportateurs se gâteraient et nous conduiraient vers une grave crise internationale, peut-être militaire.

On a donc jouer le jeu de satisfaire tout le monde en imprimant une monnaie de singe qui ne représentait aucune valeur, les riches ayant l’élégance de ne pas la dépenser pour consommer, mais seulement pour investir, évitant ainsi l’inflation. Pour un temps…

C’était gambader dans l’hyperespace, sur les bords d’un « trou noir ».  On y est tombé.  Il y a maintenant un crise financière à regler, avec tout cet argent qui ne vaut rien…  On verra à le faire disparaître: voyez la bourse comme un four à billets. On n’aura a dévaluer que ce qui restera quand on aura incinéré tout ce qu’on peut.

Il ne faut pas penser, toutefois, ce que le crise ne soit que financière. La crise monétaire n’est que le reflet de la réalité.  Le grand défi d’Obama, c’est qu’il devra changer les choses là où ça compte dans un pays industrialisé: au palier de la production.   Le mandat que lui confient ceux à qui ce pays appartient est de voir à ce que les USA produisent autre chose et le produisent autrement. Tout tient à ça.

Il faut sortir le travailleur du secteur secondaire et le mettre à la production de services. Produire des quantités énormes de services divers, allant de la médecine au tourisme et de la culture aux jeux videos. Il faut former et recycler, pour qu’elle s’orientente vers la production de services, la plus grande partie de la main-d‘œuvre qui travaille encore au secteur secondaire.

Ce qui n’est pas un simple recyclage, mais une transformation de la culture du travail, car  les nouveaux emplois exigent de l’initiative, de la créativité, souvent un talent de communicateur, la motivation, surtout, qui va de paire avec l’entrepreneuriat.  Plus souvent qu’autrement, les services qu’ils devront rendre le seront mieux si ce sont des travailleurs autonomes qui les offrent.

La relation du capital à la compétence doit donc changer et les entreprises industrielles géantes ne peuvent survivre que si elles se scindent en une multitude de petites entreprises de taille humaine, à sein de chacune desquelles  le travailleur  aura le comportement et la motivation d’un entrepreneur.

Le cas emblématique qui va faire la preuve de cette évolution sera l’achat et la prise en charge de General Motors et autres fabricants automobiles par leurs employés et la transformation de tout ce secteur en un vaste réseau de sous-traitance, s‘inspirant de la structure qui prévaut déjà dans le secteur tertiaire.  Pour éviter que toute économie ne sombre, l’État devra donner son aval aux engagements que prendront les travailleurs acquérants envers les propriétaires actuels.

Cette transformation des travailleurs salariés en entrepreneurs autonomes ne sera  possible, que si la sécurité d’emploi – devenue illusoire quand les technologies changent rapidement – est remplacée par une sécurité du revenu. Il faudra un filet sous le trapèze d’où les travailleurs seront forcés de bondir d’un emploi a un autre

L’État, pour garantir que la demande soit effective, devra aussi garantir la valeur indexée des fonds de pension et des paiements de transferts. Il faut donc aux USA un système de sécurité sociale comme ils n’en ont jamais connu.  Obama ne pourra le faire qu’en nationalisant les institutions financières et en contrôlant la monnaie et le crédit.

Les USA, vont devoir faire face au défi de gérer une économie dont tous les paramètres changent, sans que la population ne comprenne vraiment les subtilités des changement ni leur raison d’être. On voudra un système compatissant, mais sans complaisance. Sans indulgence envers ceux qui voudront en abuser.

C’est le défi de l’URSS au début des années 20.  On  peut penser, heureusement, que ce nouveau « socialisme » a appris que la liberté et l’initiative personnelle sont les compléments indispensables à la solidarité que l’interdépendance impose aux économies développées. Ceux qui parlaient de socialisme vont néanmoins devoir apprendre le sens des mots.

 

 PIerre JC Allard

8 Commentaires

Classé dans Actualité, Pierre JC Allard

8 réponses à “Barack-le-Rouge

  1. Liberty

    Ce que j’admire chez Les 7 du Québec c’est le positivisme et la confiance en l’avenir.

    Personnellement j’ai du mal à encore rêver.

    Les intérêts sont tellement grands, les lobbys tellement puissants, les politiques tellement impuissants que difficile sera la tache.

    Malheureusement j’ai beau relire mes livres d’histoire, je n’ai jamais connu de révolution n’ayant pas été arrachée par une force instransigeante.

    Combien de millions de part le monde pensent non pas : »C’est quand le bonheur ? », mais « Quand pourrons nous vivre dignement ? ».

    Il ne suffira pas de dire : « On s’embrasse on oublie tout ».
    Non, la mémoire, les cicatrices, les sévices ne s’effacent pas à coup de « bonnes résolutions » auxquelles plus personne ne croit.

    J’aimerai me tromper mais je ne suis trop conscient que tant la souffrance a été grande, la rancœur sera sévère.

    Avant d’arriver à un monde idéal, la révolution Française l’a démontré comme toutes les autres révolutions, nous allons passer avant, par une période de chaos .

    Une révolution nationale n’est déjà pas très pacifique, alors une révolution mondiale…

  2. Liberty,

    Merci pour les bons mots. Je sais ce que vous ressentez par rapport à la tâche que nous avons et l’état du monde. La période de chaos ne s’en vient pas, nous sommes déjà dedans. C’est comique que vous parlez de tout cela parce que j’ai préparé mon billet pour demain et je touche à cette facette, alors je n’en dirai pas trop ici.

    La seule chose que je peux dire c’est que nous vivons l’écroulement d’un système qui ne fonctionne pas. Du chaos peut naitre ce que nous voulons. Ne vous trompez pas, la prochaine révolution ne sera pas extérieure, mais intérieure.
    C’est en nous changeant que nous allons tout faire s’écrouler. Et cette révolution est déjà en train de prendre forme. Soyons patients et confiants. C’est irréversible.
    Des fois on peut trouver que dans le monde physique les choses ne changent pas réellement, mais c’est au niveau de l’esprit que les choses changent très rapidement en ce moment. Ensuite, nous devons incarner ce changement de paradigme, de pensée et de valeurs.

    Et ça, personne ne peut l’arrêter. On peut tuer bien du monde, manipuler et ravager, mais on ne peut pas tuer une idée, une vision, surtout lorsque son temps est largement arrivé.

    Bien à vous,

    François Marginean

  3. @ François @ Pierre

    J’attends avec grande impatience le prochain billet.

    Je constate qu’en pleine crise mondiale il est question de « sauver le capitalisme » tel qu’il est, sans réelle contrepartie .

    Arnaque 1 :
    Il est totalement illégal dans les propres règles du FMI-OMC, d’injecter des fonds publics dans des société privées.
    Ce, au titre de la concurrence déloyale.

    Arnaque 2 :
    Nos chers pantins gouvernants ont accordé des crédits à des sociétés privées « au taux du marché ».

    Entendons nous bien, le taux du marché pour le citoyen lambda est de 12%, sous forme de crédit à la consommation .
    C’est bien de cela dont il s’agit, le citoyen en fin de mois difficile ne peut contracter un crédit pour faire ce qu’il lui plait à un taux inférieur .

    Pour des investissements ciblés et clairement identifiés le taux est moindre (8%), pour ce qui a été accordé aux mastodontes l’investissement n’est pas identifié …

    Arnaque 3 :
    Nous dire qu’accorder ces crédits pour « injecter des liquidités » sur le marché, c’est prendre les gens pour des imbéciles.

    Pour être certain de l’utilisation de ces crédits il faut faire partie du conseil d’administration, donc nationaliser.

    Arnaque 4 :
    Un énorme chèque en blanc sur le dos du citoyen, après cela nos gouvernements disent avoir « les caisses vides » pour assurer le fonctionnement social qui est leur responsabilité.

    Nous avons désormais la preuve que ce sont des menteurs, leur offre immédiate de milliards pour aider les plus riches en est la preuve.

    >Conclusion :Notre économie et nos gouvernements sont aux mains d’irresponsables.

    Je ne cesserai jamais de dire que le seul signe indéniable du changement économique ne se fera que lorsque les USA cesseront toute guerre.

    Le lobby militaro-industriel (des millions de sous traitants), l’économie Américaine ne survit que de cette façon artificielle et inhumaine.

    Franklin Delano Roosevelt avais pourtant prévenu du danger de laisser les USA dans les mains de ces lobbys.

    Les USA gendarmes du monde certainement pas, ce sont juste des terroristes assurant leur « way of life » par la guerre .

    Souvent ils font la guerre à ceux qu’ils ont mis en place ou formé (saddam hussein, oussama ben laden)

    Quand Saddam terrorisait son peuple cela ne leur posait aucun problème, quand il a risqué d’avoir plus de pétrole en envahissant le Koweït, là c’était autre chose…

    Les gendarmes Hiroshima et Nagasaki non merci !
    Dès cet instant les USA auraient du être surveillés par la communauté internationale comme cela a été fait en Allemagne.

  4. Liberty,

    Bien visé. C’est exactement ce que c’est: une fraude monumentale. Nos gouvernements ne sont jamais capable de trouver l’argent pour nourrir tout le monde et enrayer la pauvreté, mais ils trouvent rapidement des dizaines de milliards pour donner à leurs copains corporatifs. C’est une fraude.

    Je pense que la citation concernant le danger du complexe militaro-industriel venait du Président Dwight D. Eisenhower.

    Saddam (qui a figuré sur la liste de paye de la CIA) est tombé dans le piège des Américains lorsqu’il avait envahit le Koweït, mais ce qui a irrité le plus les USA/les 7 soeurs pétrolières est quand Saddam avait décidé de vendre son pétrole en Euro. Coup de grâce.

    Franchement, vous avez tout à fait raison lorsque vous dites que les USA jouent aux gendarmes du monde alors qu’ils sont les seuls à avoir utilisé la bombe nucléaire sur des civils sans défense. Sans compter l’uranium (https://les7duquebec.wordpress.com/2008/11/04/luranium-appauvri-arme-de-destruction-massive/) appauvri radioactif qu’ils répandent partout sur la planète.

    François M.

  5. François,

    Je me régale en écoutant vos propos à la radio.
    Nous sommes en accord à 1000% !

    Merci pour la correction Dwight D. Eisenhower, parce que je répète cette erreur invariablement …

    Cadeau, un petit échantillon de ce que le plus grand marchand d’armes Français est capable de dire publiquement :
    http://www.marianne2.fr/Serge-Dassault-invente-l-hypra-liberalisme_a89093.html

    Laissez moi Serge Dassault 48 heures seul …

    Que les USA cessent de rêver, la terre entière les hait, seuls les politiques jouent la complicité !

    J’entends déjà les Américains réagir à mes propos : « les Français, vous parleriez Allemand si nous n’avions pas été là »

    Je leur répondrai :
    « Sans le vieux continent vous n’existeriez même pas, sans La Fayette les Américains parleraient avec un fort accent Anglais » …

  6. Pour revenir à Serge Dassault voilà le visage de l’enfant qui a hérité d’un empire créé avec le sang des autres :
    http://www.bakchich.info/article4221.html

    Instructif pour comprendre ce qu’est devenu le vieux continent, et surtout qui sont les personnes aux commandes de la France actuellement…

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