Il faut beaucoup de courage politique pour défendre une vision politique solidaire au Québec. Depuis quelques années, avant même l’appel célèbre de Lucien Bouchard à la lucidité, les progressistes sont accusés de nuire à l’avancement du Québec. Pourtant, le programme politique de Québec solidaire, le seul parti de gauche qui aspire à gouverner le Québec, est loin de proposer un statu quo économique et social. C’est juste que la direction qu’il veut imprimer à notre économie et à notre société est issue d’une vision différente de ce qu’est le progrès. Cette vision me rejoint dans mes valeurs et mes convictions les plus profondes.
Ce sera la seconde fois que j’aurai voté Québec solidaire. La première fois, ce qui avait déclenché mon changement d’allégeance – j’avais toujours jusque-là voté pour le Parti Québécois au sein duquel j’avais même brièvement milité en 1975-76 – c’est une vidéo dans laquelle Laure Waridell expliquait pourquoi elle votait solidaire : pour son programme qui lie les dimensions sociales, économiques et écologiques en matière de protection de l’environnement.
J’étais et je demeure convaincu que l’individualisme est une des causes majeures de la dégradation environnementale, avec l’appât du gain.
Je ne dis pas que le fait de vouloir ce qu’il y a de mieux pour soi, ni même que vouloir s’enrichir, sont les nouveaux péchés capitaux d’une civilisation courant à sa perte. J’affirme cependant que ces valeurs ont pris une importance démesurée, au point d’imposer des choix de société destructeurs.
Il faut que le balancier parte au plus vite dans une autre direction, celle de choix plus solidaires faits en tenant compte de leur impact sur l’environnement et sur la société.
Comme l’a si bien écrit Normand Baillargeon (Petit cours d’autodéfense intellectuelle) sur son blogue, «je vais voter sans me boucher le nez».
Comme lui également, je rêve qu’une ou un, deux, ou trois même, candidats et candidates de Québec solidaire soient élus lundi prochain. Une voix plurielle importante du Québec se ferait entendre au sein même de l’Assemblée nationale.
Certains reprocheront à Québec solidaire son caractère composite qui tente de rallier autant la gauche que l’extrême gauche? J’avoue éprouver moi aussi un certain malaise face à cette façon différente de rassembler des citoyennes et des citoyens de tendances et même d’organisations politiques diverses autour d’un certain nombre de propositions citoyennes.
Cette approche pourra-t-elle mener Québec solidaire jusqu’au pouvoir? C’est de cette interrogation qu’est né mon doute.
Au moins l’approche a le mérite de donner à ses membres le contrôle sur ce que propose leur parti. Un style de leadership à la Mario Dumont y est impossible.
Si je vote Québec solidaire, ce n’est pas seulement parce que son programme politique est de loin le plus susceptible de faire réellement progresser le Québec au sens noble du terme, mais c’est aussi parce que je mise sur la maturation politique de ce parti.
Par là, j’entends l’acceptation que le fait de se donner une ou un chef de parti n’est pas forcément renier sa volonté de faire reposer ses choix sur une forte démocratie participative.
Certes, nous avons grandement besoin de la participation politique citoyenne à la prise de décision pour sortir de la crise sociale et environnementale que nous traversons et à côté de laquelle la crise économique actuelle n’est rien.
Mais nous avons aussi grandement besoin de leadership. Cela nous fait même cruellement défaut.