Archives mensuelles : janvier 2009

Rue Frontenac: blogue pour journaliste sans média

Dossier Rue Frontenac Raymond Viger

Sans avis, sournoisement, l’équipe Québécor de Pierre Karl Péladeau profite du week-end pour déclarer un lock-out, cadenassant les locaux du Journal de Montréal. Ce sont 253 journalistes qui se retrouvent du jour au lendemain sans travail et près de 2 millions de lecteurs par semaine qui seront privés des nouvelles que leur livrait leur quotidien.

Pierre Karl Péladeau annonce de son côté qu’avec les pertes de revenus des petites annonces, de la publicité qui glisse vers l’Internet, de la compétition des journaux gratuits, le prix du papier qui augmente… le Journal de Montréal ne peut plus respecter les engagements pris dans les négociations des contrats de travail de ses employés. Coupure de salaire, diminution du personnel, augmentation des heures de travail sans être payé… Et voilà que le budget est à nouveau équilibré et que le Journal de Montréal pourrait continuer sans histoire.

Les employés et leur syndicat ne l’entendent pas de la même façon. Refusant de se plier à des arguments comptables et financiers, les journalistes se retrouvent maintenant devant un lock-out. Le Journal de Montréal ne s’empêchera pas de continuer à publier son quotidien.

Je suis attristé de voir que le conflit se limite à deux positions extrêmes avec deux partis qui ne semblent pas vouloir et être prête à travailler en équipe. Pourquoi l’arrivée de l’Internet et de son pouvoir d’attraction pour les budgets publicitaires ne seraient pas une occasion pour bonifier le quotidien papier? Pourquoi ne pas trouver ensemble de nouvelles façons de travailler qui pourrait être bénéfique pour tout le monde, autant les journalistes, que la partie patronale, sans oublier les lecteurs?

Les journalistes se retrouvent sur le trottoir. Ils ont parti rapidement et efficacement leur site Internet et leur blogue: Rue Frontenac. Profitez-en pour lire un nouveau type de nouvelles. N’oubliez pas de laisser des commentaires sur les blogues présentés.

Le Journal de Montréal sans journaliste

Je vais être honnête avec vous, je ne lisais déjà plus le Journal de Montréal depuis un bon petit bout. Je manque de temps et j’ai dû faire des choix.

J’étais curieux de voir comment le Journal de Montréal se débrouillait pour publier son quotidien. Je viens d’ouvrir le Journal de Montréal du 29 janvier. Chapeau pour la page 2. Le rédacteur en chef, Dany Doucet signe un virulent article sur la tempête de neige. Un titre, un chapeau, 3 photos avec bas de vignettes. Il n’y manque que le texte!!!

En tournant les pages, on y voit une majorité de textes qui proviennent d’agences: Presse Canadienne, Agence France Presse, Reuthers, Associated Press et même l’agence QMI, la nouvelle agence de Québécor.

Le Journal de Montréal est publié oui, mais je ne peux pas dire que c’est un média pour autant. Prendre des textes d’agence ne peut pas être une forme de journalisme en soi. C’est correct d’avoir des textes d’agence pour se dépanner sur des événements que l’on n’a pas pu couvrir. Mais un média (digne de ce nom), ne peut pas en faire sa principale source d’information.

Un texte d’agence peut se retrouver intégralement dans plusieurs médias différents simultanément. Le texte d’agence est vendu et rendu disponible à tout le monde en même temps. Rien d’original dans un tel texte.

Parce qu’un média doit avoir une âme. Et cet âme provient de ses artisans, c’est-à-dire des journalistes qui font parti de la boîte.

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Journal de Montréal en lock-out; un média sans journaliste

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Classé dans Actualité, Raymond Viger

Vous êtes pas tannés de payer, bande de caves

Ceux qui connaissent la murale qui fut un temps controversée du Grand théâtre de Québec auront deviné tout de suite que mon titre est un pastiche de Claude Péloquin. Avouez-le sans honte : un chômeur est un voleur tandis qu’un banquier qui récolte des millions de dollars après avoir complètement failli à son devoir de prudence demeure toujours quelqu’un d’honorable.

Mercredi midi lors de l’émission Maisonneuve en direct qui portait sur le budget Flaherty, un auditeur a rappelé avec justesse que les médias n’ont pas couvert un fait pourtant capital : les banques canadiennes ont reçu une somme faramineuse d’aide publique. Maisonneuve a tenté de disculper ses collègues, mais le fait demeure : silence radio là-dessus !!!

Michel Chossudovsky chiffre le montant total, après l’ajout de quelque 50 milliards de dollars dans le dernier budget fédéral, à plus de 200 milliards de dollars. Ouf, ce sont des dollars canadiens. Le plus ironique, comme le souligne Chossudovsky, c’est que les banques vont financer l’aide que le gouvernement leur fournit.

Déjà en soi, cela serait inquiétant s’il n’y avait pire. Toujours selon Chossudovsky, l’effet de l’aide publique aux banques canadiennes sera de leur permettre de «consolider leur position et financer l’acquisition de plusieurs institutions financières américaines « en difficulté ».» Dans quelques années, on va se réveiller avec une dette publique énorme et des coupures de dépenses publiques à l’avenant tandis que nos banquiers toucheront toujours leurs riches émoluments.

Pendant ce temps, plus de la moitié des travailleurs qui contribuent à l’assurance chômage n’y ont pas droit. Non vous n’avez pas la berlue : 54% pour être plus précis. De cela non plus les médias ne parlent pas.

Non, mais pour qui ils se prennent ces travailleurs ! Zont pas honte d’imaginer que l’État va les encourager à la fainéantise en leur donnant du chômage. Ah la racaille ! Eh puis vous savez, c’est la crise. Il n’y en a plus de sous pour eux. La dette publique risquerait de beaucoup trop augmenter.

Combien vous voulez déjà, messieurs les banquiers ? 200 milliards. Vous êtes certains que c’est suffisant. Parce que vous savez, si vous en voulez plus, faut pas vous gêner. On vous a tellement remboursé notre dette publique ces dernières années que nos citoyens vont être rassurés même si on vous en donne plus encore.

On l’a remboursé avec quoi déjà la dette publique? Avec la caisse d’assurance chômage. Ah bon. Saprés travailleurs va. Toujours prêts à se sacrifier pour la patrie.

Un peu de caviar avec votre champagne, monsieur Rousseau ? Le bonus qu’on vous a donné pour avoir quitté volontairement votre emploi, il était assez généreux ? Parce que vous savez, si c’était pas assez, il faut nous le dire.

Il y a un petit bout de texte qu’on oublie trop souvent tout au bout de la question coup de poing de Péloquin : «C’est assez!»

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Classé dans Michel Monette

Appui d’Ignatieff : bonne ou mauvaise chose?

En y regardant bien, c’est une bonne chose que Michael Ignatieff appuie le budget. Ce budget que renie la droite économique et qui obtient un accueil mitigé du côté opposé. Si on regarde tout ça en calculant, ça ressemble à un budget assez au centre, quand même. Bon bon, OK, beaucoup à gauche pour ceux qui croient que l’interventionnisme rime obligatoirement avec la gauche…

Parlant de droite économique, justement, Martin Masse de Le Blogue du Québécois Libre titre un de ses billets « Le Parti conservateur n’a plus de raison d’être » et commence ainsi :

Bon, c’est maintenant officiel: il n’y a plus que des partis socialistes, corporatistes, dirigistes (utilisez votre terme favori) au Canada, c’est-à-dire des partis qui considèrent que l’État doit planifier le développement économique et contrôler les décisions économiques des individus et des entreprises.

Je suis d’accord, mais d’un autre côté « conservateur » ne veut pas dire non plus « libertarien »… Si l’idéologie politique conservatrice penche beaucoup, comme je ne suis pas le seul à le croire, vers l’interventionnisme moral, le pas vers une attitude semblable du côté économique n’est pas si surprenant. Donc, l’appui des libertarien pour le PC ne s’appuyait que sur du pur fantasme… L’image de Stephen Harper le bon papa omniprésent cadre très bien avec le budget qu’a présenté son gouvernement, somme toute. Passons là-dessus.

Mais dans un monde idéal, je n’aurais pas commencé mon billet en écrivant que c’est une bonne chose que Michael Ignatieff appuie le budget. C’est que je constate aussi surtout que c’est l’argent qui a mené le plus la danse dans cette prise de décision. Explication par des questions imagées : imaginez un système électoral qui demande peu de frais? Imaginez une vie politique et partisane qui ne s’appuie pas sur des fonds laissés à l’aléatoire des donations?

Si l’économie canadienne roulait sur l’or, si des élections ne venaient pas faire des trous dans le trésor et si le PLC avait ses coffres pleins, nous serions pour sûr en préparation pour aller aux urnes.

Qui a dit que l’argent ne mène pas le monde?

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Classé dans Actualité, économie, Renart L'Eveillé

Stephen Harper reconnaît, bien tard, que le Canada est en récession !

En novembre 2007, le parti conservateur de Stephen Harper soutenait, hors de tout doute, que le Canada allait maintenir son équilibre budgétaire. « Bien que le gouvernement continue de planifier en vue de maintenir l’équilibre budgétaire, on ne peut exclure la possibilité d’un déficit, étant donné l’instabilité de la situation économique et, en particulier, le fléchissement rapide des prix des produits de base. Advenant une situation déficitaire, le gouvernement veillera à ce que les déficits enregistrés soient temporaires et peu élevés », déclarait le Ministre des Finances, John Flaherty.

Ce qui était singulier du comportement du gouvernement du Canada était le fait que, contrairement à la majorité des avis professionnels des économistes qui croyaient vraiment que le Canada allait traverser une situation déficitaire au cours des prochaines années, Stephen Harper et son ministre des finances hésitaient à utiliser le terme « déficit ». Pire. le ministre Flaherty prétendait pouvoir maintenir l’équilibre budgétaire sur la théorie virtuelle que le Canada ne subirait pas de récession et qu’il fallait adopter plutôt des mesures consistant à se serrer la ceinture. L’Énoncé économique et financier de novembre 2008, du gouvernement conservateur, était irréaliste et mettait en œuvre une idéologie conservatrice qui a mené à la ruine économique les États-Unis.

Sans revenir sur l’ensemble des bêtises et des incongruités du gouvernement minoritaire de Stephen Harper, à cette époque, le Canada a traversé une véritable crise parlementaire. Jean-Robert Sansfaçon, éditorialiste au quotidien Le Devoir, avait qualifié cette attitude du gouvernement conservateur minoritaire d’affront à l’intelligence. Il écrivait notamment : « Il n’aura fallu que quelques semaines au gouvernement Harper pour faire la preuve de son aveuglement idéologique devant la crise mondiale qui menace. À croire que ce gouvernement a embauché les conseillers de George W. Bush qui ont perdu leur job ! »

Pour éviter d’être battu en brèches et chasser du pouvoir par un gouvernement de coalition, les conservateurs ont fermé le parlement jusqu’en janvier 2009.

Au retour à Ottawa, les conservateurs ont montré un profond cynisme et mis à mal toutes les traditions parlementaires entourant la divulgation d’un budget. Depuis des jours, les ministres ont mandat de leur premier ministre de se promener à travers le pays pour préparer la population aux mauvaises nouvelles. Ce qui constituait en novembre un déni de la réalité économique mondiale devient en janvier 2009 une nouvelle conversion au choc auquel les canadiens et les québécois doivent se préparer.

En novembre, il fallait se serrer la ceinture pour parvenir à l’équilibre budgétaire. Aujourd’hui, il faut dépenser pour soutenir l’économie. Cette soudaine conversion conjoncturelle fait qu’Ottawa injectera 40 milliards $ en deux ans dans l’économie, notamment en baissant les impôts de la classe moyenne, en finançant la réfection d’infrastructures et en soutenant les entreprises et les marchés financiers.

Virage à 180 degrés. John Flaherty, ministre des finances canadiens, déclarait le 9 octobre 2008 : « Nous ne ferons pas de déficit ». Trois mois plus tard, ce même ministre annonce un déficit de 34 milliards de dollars. Quelques jours plus tôt, soit le 6 octobre 2008, Stephen Harper déclarait : « Je ne pense pas qu’il soit nécessaire de déclarer des déficits (pour soutenir l’économie) ». Et la déclaration la plus incroyable est venue de ce même Stephen Harper : « Les déficits sont généralement de mauvaises choses. Mais il y a des moments où les déficits ne sont pas nécessairement mauvais et peuvent même être essentiels ». Le Premier ministre du Canada lançait cette bourde en marge du sommet de la Coopération économique de la zone Asie-Pacifique (APEC), le 23 novembre dernier.

Le ministre John Flaherty vient de déposer, devant le Parlement d’Ottawa, son budget 2009. Qu’avait-il à dire à la population canadienne et aux Québécois ? « Nous devrons dépenser davantage pour protéger notre économie et aider ceux et celles qui sont les plus durement touchés par la récession mondiale. Cela signifie que nous ne pouvons éviter de creuser un déficit temporaire. C’est pourquoi le gouvernement prévoit un déficit budgétaire de 34 milliards $ pour le prochain exercice, et de 30 milliards $ le suivant ».

Le Canada fera face à un déficit de 64 milliards de dollars. Visière baissée, Stephen Harper et son ministre des finances promettaient un équilibre budgétaire aux Canadiens. Aujourd’hui, ils font face à un déficit astronomique qui anéantit le remboursement de la dette du Canada depuis les cinq dernières années : une série de déficits totalisant 86 milliards $ en six ans, dont 34 milliards $ en 2009-2010 et 30 milliards $ l’année suivante. Le Canada ne renouera avec l’équilibre budgétaire qu’en 2014 !

Comme le note le Conseil du Patronat du Québec : « Plus d’une décennie de remboursement de la dette se trouve effacée avec les déficits prévus dans ce budget et pour les quatre prochaines années. Tout en apportant un soutien à la croissance, le gouvernement canadien doit donc s’assurer que les mesures annoncées aujourd’hui demeureront limitées dans le temps, comme devrait d’ailleurs l’être la crise financière et le ralentissement économique que nous vivons actuellement ».

La Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) emboîte le pas au Conseil du patronat du Québec : « Le haut niveau de dépenses dans le budget est inquiétant pour les contribuables et les chefs de petites entreprises ». Pour la Fédération, cela peut être l’amorce d’une tendance pouvant être reproduite chez les autres ordres de gouvernement, renversant en deux ans ce qui a pris dix ans a accomplir sur le plan de l’assainissement des finances publiques.

Pour que la population puisse mieux avaler la pilule, les conservateurs s’engagent à réduire les impôts : 20 milliards $ étalés sur 2008-09 et sur les cinq années financières suivantes. Les banques canadiennes recevront, pour leur part, une aide financière de 125 milliards $.

Comment éviter le cynisme qui guette la population lorsqu’elle doit supporter des déclarations contradictoires de ses élus gouvernementaux qui maintenant clament qu’il s’agit là d’un budget conservateur. Le ministre Flaherty n’hésite pas à pousser l’audace plus loin : « Les conservateurs sont pragmatiques. Les conservateurs comprennent les risques. Les conservateurs comprennent le sérieux de cette récession mondiale ».

La question qui se pose maintenant est la suivante : le gouvernement de Stephen Harper va-t-il tomber après la présentation de ce budget ? Deux partis d’opposition ont déjà fait savoir qu’ils voteront contre le budget. Le Bloc québécois et le parti Néo-démocrate. Pour renverser le gouvernement, il faudra que ces deux partis obtiennent également l’accord du principal parti d’opposition, le Parti libéral du Canada.

En raison de son état de désorganisation complète, de l’arrivée récente de son nouveau chef, Michael Ignatieff, il y a fort à parier que les conservateurs survivront à leur budget 2009. Les éditorialistes canadiens ont une position claire sur la question : « le Parti libéral de Michael Ignatieff devra permettre son adoption. Agir autrement, prendre le risque de provoquer une crise politique et constitutionnelle alors que le pays fait déjà face à une crise économique, serait carrément irresponsable », écrit André Pratte, éditorialiste au quotidien La Presse.

Pour donner son appui au budget conservateur, Michael Ignatieff avait dressé une liste de conditions sine qua non : « stimuler l’économie canadienne, financer de nouveaux projets d’infrastructures, protéger le système financier canadien, soutenir certaines industries en difficulté comme l’industrie automobile et l’industrie forestière, protéger les plus vulnérables et de la société, protéger les emplois d’aujourd’hui et créer ceux de demain, éviter un déficit permanent », comme l’écrivait Josée Legault, dans l’hebdomadaire Voir.

En terminant, force est de reconnaître que les questions environnementales n’ont jamais été une priorité pour ce gouvernement conservateur minoritaire qui n’a pas hésité à remettre en question le protocole de Kyoto et à se ranger derrière Georges W. Bush. Or, Stephen Harper n’a pas encore réalisé que son allié idéologique a quitté la Maison Blanche. Preuve en est la place qu’occupe dans ce budget l’environnement. À l’opposée de son voisin du sud, Stephen Harper n’investit qu’un milliard sur cinq ans en recherche et développement pour des projets de démonstration de l’énergie propre. Cette enveloppe comprend 150 millions sur cinq ans pour la recherche et 850 millions, toujours sur cinq ans, pour la mise au point et la démonstration de technologies prometteuses, entre autres dans le domaine du captage et du stockage du carbone. Un autre milliard de dollars sera investi pour les projets d’infrastructure verte.

Pierre R. Chantelois

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La déchéance d’Israël & l’indécente partialité des médias

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« Je veux vous dire ceci très clairement, ne vous en faites pas à propos de la pression américaine sur Israël, nous, les Juifs, contrôlons les États-Unis, et les Américains le savent. » – Ariel Sharon parlant à  Shimon Peres, le 3 octobre 2001, rapporté à la radio Kol Yisrael.

Comme dans le passé, les conflits du Moyen-Orient sont rapportés par les médias occidentaux et commentés par les politiciens en suivant la ligne des points de presse d’Israël. Ceci a été une composante essentielle du succès d’Israël dès ses débuts et aussi de son habilité à prolonger les hostilités sans devoir faire face à des pressions des États-Unis. Découlant de cette compréhension de l’importance de la guerre de la propagande, Israël combat sur ce front de façon aussi vigoureuse et disproportionnée qu’elle s’engage sur le champs de bataille.

Voici comment ils s’y prennent: si vous définissez les termes du débat, vous le gagnerez. Très tôt, les Israéliens travaillent pour définir le contexte, le point de départ et la ligne narrative qui vont former et mouler la compréhension du conflit. Si les informations ne coïncident pas avec le narratif désiré, déniez, déniez, déniez. En dernier recours, lorsque toutes les autres options ne fonctionnent pas, on peut toujours blâmer la critique d’être antisémite. La technique peut être répugnante et trop utilisée, mais elle peut imposer le silence et mettre les critiques sur la défensive. La machine de propagande sioniste est très bien huilée. Il faut savoir faire la distinction entre l’antisémitisme qui est la haine de ce que les gens sont et la critique légitime de leurs actions.

Dans le présent cas qui nous concerne, à Gaza, ils ont essayé d’établir par répétition constante que le point de départ du conflit était le 19 décembre, soit la fin du cessez-le-feu de six mois, qu’Israël a décrit comme « unilatéralement terminé par le Hamas ». Ce faisant, ils ont ignoré le fait qu’ils ont brisé le cessez-le-feu en premier le 4 novembre 2008 en tuant six militants palestiniens, fait confirmé par l’ONU et CNN, alors qu’ils ont admis que le Hamas avait respecté en tous points les termes, qu’aucune roquette ne fut lancée pendant les six mois de la trêve. Les autorités israéliennes ont bien sûr ignoré leur refus d’honorer les termes du cessez-le-feu et d’ouvrir les frontières de Gaza qui est sous un véritable état de siège, créant ainsi une catastrophe humanitaire sans pareil tout en gardant à genoux les Palestiniens dans une dépendance totale pour tout ce qui entre et sort de Gaza, incluant médicaments, pétrole, électricité, nourriture.

Ce processus a débuté bien avant le retrait des Israéliens de la bande de Gaza en 2005 et s’est poursuivit jusqu’à maintenant. On ignore aussi le fait que le Hamas dans ses débuts fut une création du Mossad, que plusieurs de leurs agents ainsi que des soldats israéliens se font passer pour des « terroristes » du Hamas et que finalement, le Hamas n’a pas pris le pouvoir de force par un coup d’état, mais fut bel et bien démocratiquement élu par les Palestiniens qui les perçoivent comme étant les seuls capables de les protéger.

Il faut reconnaitre que les stéréotypes fonctionnent bien. Pendant des générations, le conflit israélo-palestinien a été définit avec des images culturelles positives d’Israël et des stéréotypes négatifs des Palestiniens. Cette histoire a depuis longtemps été perçue comme « l’humaine et morale Israël confrontant le problème palestinien » avec la couverture médiatique qui montre tout conflit commençant avec la façon dont « le problème » affecte les israéliens. Comme Golda Meir le décrivait: « Nous pouvons pardonner les Arabes de tuer nos enfants, mais nous ne pouvons jamais leur permettre de nous forcer à tuer leurs enfants« .

Ainsi donc, il n’est pas surprenant que malgré la souffrance sans parallèle des Palestiniens, la couverture médiatique a essayé de « balancer » le récit, accordant un vaste traitement dramatique à la situation des Israéliens « terrifiés » et aux impacts que cette « guerre » a sur eux. Depuis le début, lorsque le traitement des médias comptait le plus, les Palestiniens furent réduit, comme toujours, à de simples nombres, ou objectivés comme « dommages collatéraux ».

Comme nous le voyons, dans ce conflit, comme dans toute guerre moderne, la propagande joue un rôle majeur. Le ratio de la disparité des forces entre l’armée israélienne – avec ses avions de guerre, hélicoptères de combat, drones (ASV), bateaux de guerre, artillerie, chars d’assaut, sous-marins et sans oublier ses 400 bombes nucléaires – et les quelques milliers de combattants légèrement armés du Hamas est de l’ordre d’un à mille, ou peut-être même d’un à un million. Dans l’arène politique, l’écart est encore plus grand. Mais dans la guerre de propagande, cet écart est à toute fin pratique infini. Presque tous les médias occidentaux ont initialement répété la ligne de propagande officielle israélienne. Ils ont quasiment ignoré entièrement la version de l’histoire des Palestiniens, sans compter les démonstrations quotidiennes du camps pour la paix chez les israéliens et juifs dans le monde.

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La raison du gouvernement israélien (« l’État doit défendre ses citoyens contre les roquettes Qassam« ) a été acceptée comme étant l’entière vérité. L’autre face de la médaille, celle qui explique que les roquettes sont une forme de résistance et de révolte contre l’état de siège qui a carrément affamé un million et demi d’habitants de la bande de Gaza (sans oublier les dizaines de patients qui sont morts dans les hôpitaux sans médicaments et électricité) qui est sous occupation militaire depuis 60 ans, n’a pas été mentionné du tout. C’est seulement lorsque les scènes horribles de Gaza ont commencé à apparaitre sur les écrans de TV que l’opinion publique a graduellement changée.

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Les planificateurs de cette agression israélienne de 22 jours dans la bande de Gaza, causant la mort de plus de 1300 personnes et blessant plus de 6000 autres, majoritairement des civils dont des enfants et femmes, avait pour but de faire cesser les tirs de roquettes et renverser le Hamas en pensant que d’imposer l’enfer sur les Palestiniens les feraient renoncer à supporter le Hamas. C’est une hypothèse erronée, car au contraire, cette violence gratuite ne fera qu’unifier la population derrière le Hamas et va renforcer leur détermination de résister à l’agresseur. Celui qui donne l’ordre d’attaquer un espace si dense en population avec de telles méthodes barbares sait très bien qu’elles entraineront la mort terrible de nombreuses innocentes victimes. Apparemment que cela n’a pas touché ce commandant. Ou bien il a cru que cela ferait en sorte « qu’ils vont changer leur façon de faire » et « leur faire prendre conscience » que dans le futur il n’oseront pas résister à Israël.

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Ces mêmes planificateurs pensaient qu’ils pouvaient empêcher le monde de voir ces images en interdisant les journalistes et la couverture de presse de la bande de Gaza. Mais dans la guerre moderne, une vue stérilisée et manufacturée de la sorte ne peut exclure totalement toutes les autres – les nombreuses caméras et téléphones cellulaires, à l’aide d’Internet ne peuvent pas être contrôlés. Aljazeera a fait un effort notable de transmission de ces images depuis le début de la crise qui ont atteint tous les foyers du monde.

Dans cette guerre, hommes politiques et généraux ont cité à plusieurs reprises les mots suivants : « Le patron est devenu fou ! » crié à l’origine par les vendeurs de légumes sur le marché, dans le sens de « Le patron est devenu fou et il vend les tomates à perte ! » Mais, le temps passant, la plaisanterie s’est transformée en une doctrine meurtrière implacable qui apparaît souvent dans le discours public israélien. Pour faire reculer nos ennemis, nous devons nous comporter comme des fous, tout saccager, tuer et détruire sans merci.

Dans cette guerre, c’est devenu un dogme politique et militaire : ce n’est que si nous « les » tuons disproportionnellement – mille d’entre « eux » pour dix des « nôtres » – qu’ils comprendront qu’il vaut mieux ne pas se frotter à nous. Ce sera « marqué dans leur conscience » (phrase israélienne favorite ces temps-ci). Après quoi, ils réfléchiront à deux fois avant de lancer d’autres roquettes Qassam contre nous, même pour riposter à ce que nous ferons, quoi que nous fassions.

Il est impossible de comprendre la brutalité de cette guerre sans prendre en compte son arrière-plan historique : le sentiment d’être des victimes après tout ce qui a été fait aux Juifs à travers les âges, et la conviction qu’après l’Holocauste ceux-ci ont le droit de tout faire, absolument tout, pour se défendre, sans aucune restriction légale ou morale. (Source: Le patron est devenu fou)

Noam Chomsky écrit aussi dans un texte intitulé « Exterminer toutes les brutes: Gaza 2009 » qu’Israël a fait le calcul qu’il serait avantageux d’avoir l’air de devenir « fou », causant une terreur largement disproportionnée, une doctrine remontant aux années 1950. Jonathan Cook décrit comment, après avoir rapidement manqué de nouvelles cibles à attaquer dans les premiers jours de l’agression de Gaza, la définition des cibles reliées au Hamas a été élargie pour inclure mosquées, universités, cours de justice, écoles, ambulances, hôpitaux, ponts, routes, station de production d’électricité, égouts, manufactures, boutiques et endroits de travail. Mieux encore, selon le Jerusalem Post, le président israélien Shimon Peres a déclaré lors d’une rencontre avec une mission de l’AIPAC en visite en Israël que « l’objectif des attaques était de livrer un dur coup aux habitants de Gaza pour leur faire passer le gout de tirer sur Israël« . Ceci explique la joie de Shimon Peres à propos du déroulement du processus: « La mise en place des opérations courantes ont procédé à 90% en accord avec les plans« . Dans un article publié dans le journal israélien Haaretz en octobre 2008, les militaires israéliens ont exposé leur plan « d’utiliser une force disproportionnée » contre tous les villages qui résisteront dans une prochaine guerre prévue contre le Liban, de « causer d’immenses dommages et destruction« . (Source)

Une nation folle, mais tout de même aux commandes d’armes nucléaires, faut-il le rappeler, avec l’appui financier et militaire des États-Unis et le consentement des médias.

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Un nouveau « cessez-le-feu »

Un nouveau cessez-le-feu a été établit entre le Hamas et Israël,  exigé à temps pour ne pas gêner l’inauguration magistrale de Barack Obama, mais déjà Israël se retient pas de le violer avec des attaques aériennes et navales, utilisant encore des armes chimiques telles que le phosphore blanc. Israël empêche encore les équipes médicales et la nourriture d’entrer à Gaza, continuant ainsi la punition collective des Palestiniens. On ne se prive pas d’arrêter et incarcérer des jeunes de 12 ou 13 ans pour lancer des roches. C’est la répétition: Israël déclare un arrêts des hostilités question de soigner son image internationale tout en continuant d’attaquer les Palestiniens, gardant les points de surveillances fermés et en bloquant l’assistance humanitaire. (voir cette vidéo pour bien saisir tout le paradoxe de la situation)

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Les médias sont rapides et persistants pour dénoncer le terrorisme comme dans le cas des attaques à Mumbai, en Inde, plaçant hâtivement le blâme sur le dos large de l’Al Qaïda (création de la CIA), mais lorsqu’il s’agit des crimes de guerre et du terrorisme des États-Unis ou d’Israël, un silence assourdissant se fait entendre, si ce n’est pas un flot de désinformation et de propagande pour les justifier. 195 personnes massacrées à Mumbai est terrible et constitue du terrorisme, mais 1300 Palestiniens massacrés ou 1191 Libanais tués par Israël en 2006 avec des armes et équipement militaire made in USA est complètement normal, justifiable et constitue non pas du terrorisme, mais des « dommages collatéraux inévitables » qui nous brisent le coeur. Les roquettes artisanales Qassam du Hamas qui ont tué une vingtaine d’Israéliens la dernière décennie en résistance contre l’occupation militaire et le vol de plus de 80% du territoire palestinien est classifié comme du terrorisme. D’accord. Par contre, pourquoi ne pas nommer les actes de Barack Obama qui a décidé d’autoriser le bombardement d’un village au nord du Pakistan, tuant d’un coup 22 personnes, de terrorisme? Pourquoi est-ce qu’Israël peut tuer autour de 300 bébés et enfants impunément en clamant se défendre sans être accusé de terrorisme? (Ils sont même allés jusqu’à accuser le Hamas de tuer leurs propres enfants pour faire mal paraitre Israël dans les médias) Est-ce que ces jeunes êtres humains étaient une menace terroriste pour Israël? Jusqu’où devons-nous descendre avant de frapper le fond de la faillite mentale humaine? Jusqu’à quand accepterons-nous que des psychopathes courent en liberté et contrôlent des armées et pire, on le doigt sur le commandes des bombes nucléaires?

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Les mensonges, les deux poids deux mesures, sont la norme de nos médias traditionnels qui se rendent ainsi aussi coupables et responsables que les agresseurs en ne rendant pas une image de la réalité objective. Heureusement que certains journalistes commencent à redévelopper un peu de courage et d’intégrité et osent nommer les choses par leur nom en nommant la ministre des affaires étrangères, Tzipi Livni, de terroriste. La Belgique pourrait aussi la placer sous mandat d’arrêt pour crime de guerre. Le journal britannique The Times a été un des rares à interpeler l’utilisation du phosphore blanc dès le début par Israël, dans des zones populeuses de Gaza, dont sur une école de l’ONU connue d’Israël, causant la mort d’une quarantaine d’enfants venus se réfugier en lieu « sûr ». La trame de mensonges et de déni de la part d’Israël serait comique si elle n’était pas aussi tragique:

Le 5 janvier, l’équipe du journal The Times rapporte des trainées de fumée trahissant l’utilisation de phosphore blanc en milieu urbain. Israël nie tout.

Le 8 janvier, des évidences photographiques émergent montrant des obus de PB, mais l’armée répond qu’il s’agit « d’obus silencieux » ne contenant rien d’explosif ni de phosphore blanc à l’intérieur.

Le 12 janvier, The Times rapporte que 50 victimes brulées à vif sont traitées à l’hôpital Nasser. Un porte-parole de l’armée israélienne nie catégoriquement l’utilisation de phosphore blanc.

Le 15 janvier, des carcasses d’obus à phosphore blanc sont retrouvées; l’armée refuse de discuter des spécifications précises de armes utilisées mais nous assure que le tout est à l’intérieur de ce qui est permis par la loi internationale.

Le 16 janvier, l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient est la proie de munitions au phosphore blanc, 1000 tonnes de nourriture d’urgence sont détruites; Israël continue de nier l’utilisation de telles armes.

Le 17 janvier, c’est au tour d’une école de l’ONU. Israël va ouvrir une enquête concernant « cet incident unique et spécifique« .

Le 21 janvier, Avital Leibovich, porte-parole de l’armée israélienne admet que du phosphore blanc est employé, mais « en accord avec les lois internationales« .

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221

Israël s’est justifié d’affamer la population entière de Gaza pendant des mois (punition collective, crime de guerre) en accusant le Hamas d’être armé par l’Iran. Après un carnage sans répit de 22 jours, où sont ces armes iraniennes? On a pu voir régulièrement, grâce à des caméras branchées sur la toile Internet, des hélicoptères Apaches voler à basse altitude au-dessus de différents quartiers dans la bande de Gaza, démontrant qu’ils ne craignaient pas être atteints par des missiles surface-air sophistiqués; aucun chars d’assaut n’a été détruit et une poignée seulement de soldats israéliens furent tués, dont quelques-uns par le tir accidentel de leur propre confrères. Qu’à cela ne tienne, Israël annonce déjà une attaque prochaine de Gaza dans les mois à venir et continue de confisquer des terres palestiniennes en Cisjordanie pendant que l’attention médiatique est détournée ailleurs.

Israël a essayé de déshumaniser le Hamas en les accusant de se cacher parmi la population et de s’en servir comme bouclier humain. Les médias rapportent cette propagande comme une réalité sans effectuer de réelles  vérifications (un représentant de l’ONU explique que c’est un mensonge). Le Hamas est le gouvernement élu des Palestiniens et ils sont vus comme étant les seuls défenseurs du peuple. Ils ont un bras armé, mais ils sont largement impliqués au niveau social, éducatif et aident plusieurs familles à se vêtir et se nourrir. Ce qui n’est jamais vraiment rapporté dans ces médias est le refus d’Israël de se plier aux exigences de leur Cour suprême israélienne leur défendant d’utiliser des Palestiniens comme boucliers humains.

Cette campagne de déshumanisation est aussi vielle que le mouvement sioniste lui-même; qui fut articulée par Golda Meir ( ancienne premier ministre israélienne) qui déclara: « La paix viendra lorsque les Arabes vont plus aimer leurs enfants que de nous haïr« . Ce commentaire raciste et désobligeant est souvent propagé dans les médias occidentaux sans arrière pensée quant à ses conséquences déshumanisantes, peignant une image des Arabes comme étant des créatures sous-humaines qui n’ont ni affection, ni amour pour leurs propres enfants.

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Le biais flagrant des médias

Les grands médias sont en général très biaisés dans leur couverture des évènements au Moyen et Proche-Orient. La BBC vient de s’embourber dans une sale affaire en refusant de diffuser une annonce ayant pour but d’amasser des fonds pour venir en aide aux victimes de la bande de Gaza sous prétexte « de ne pas vouloir être impartial« . Vous pouvez voir cet appel que la BBC ne veut pas présenter sur son réseau ici. Nous commençons à voir clairement la main sioniste qui manipule les grands réseaux d’information et plusieurs gouvernements comme ceux des États-Unis et du Canada. Le Canada s’est d’ailleurs particulièrement distingué en étant le seul pays sur 47 à refuser une motion condamnant les attaques d’Israël se rendant ainsi complice de crimes de guerre.

Cette étude de la couverture médiatique en 2004 de Associated Press Newswire (AP), du journal The New York Times et des majeurs réseaux de télévision ABC, NBC et CBS, a été effectuée par le groupe If Americans Knew. C’est aussi la source des graphiques et statistiques qui vont suivre.

Ils ont choisi d’étudier le cas de AP parce qu’il s’agit d’une  source principale de nouvelles pour les Américains. Selon les informations disponibles sur leur site Internet, Associated Press Newswire est une des plus vieilles et plus grosses agences d’information dans le monde. Plusieurs journaux dépendent d’eux pour leurs nouvelles internationales. Une corrélation significative a été trouvée entre les chances qu’une mort reçoive une couverture médiatique et la nationalité de la personne tuée.

En 2004, il y a eu 141 rapports de mortalité israélienne dans les titres ou dans les premiers paragraphes de l’agence AP. Durant cette période, il y a eu en réalité 108 Israéliens tués (la différence venant du fait que certains décès furent rapportés plus qu’une fois)

Dans la même période de temps, le décès de 543 de Palestiniens furent rapportés dans les titres ou premiers paragraphes, alors que 821 Palestiniens perdaient la vie. En d’autres mots, 131% des Israéliens et 66% des Palestiniens tués ont été rapportés dans les titres de AP, ou dans les premiers paragraphes. C’est donc dire que AP rapporte la mort d’Israéliens deux fois plus souvent que celle des Palestiniens. En réalité, 7,6 fois plus de Palestiniens furent tués que d’Israéliens en 2004.

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La situation est pire lorsqu’on observe les mortalités d’enfants (« enfants » est défini comme des jeunes de 17 ans et moins). La mort de 8 enfants israéliens fut rapporté 9 fois en 2004, alors que durant la même période, la mort de seulement 27 enfants Palestiniens sur 179 fera les titres de AP. Dans cette année, 22 fois plus d’enfants palestiniens trouveront la mort que les israéliens. AP a donc rapporté 113% des enfants israéliens tués dans leurs titres ou dans les premiers paragraphes de leur articles alors qu’un maigre 15% des enfants palestiniens l’étaient: un taux de 7,5 fois moins.

De plus, la proportion des enfants palestiniens par rapport au nombre total des Palestiniens tués est notablement plus élevée, se chiffrant à 21,8% contrairement aux proportions du côté israélien avec 7,4% durant la même période de 2004.

Sommaire des données (Compilation de If Americans Knew)

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2004

Israelien

Palestinien

Nombre réel de personnes tuées (Tout âge)

108

821

Nombre de morts rapporté

141

543

Pourcentage de mortalité rapporté

130.6%

66.1%

Ratio (Israelien % : Palestinien %)

2.0 : 1

Nombre réel d’enfants tués

8

179

Mortalité d’enfants rapportée

9

27

Pourcentage de mortalité d’enfants rapporté

112.5%

15.1%

Ratio (Israélien % : Palestinien %)

7.5 : 1

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ABC World News Tonight, CBS Evening News, and NBC Nightly News

La couverture des israéliens tués par ABC, CBS, et NBC sont respectivement 4, 3,8, et 4,4 fois plus fréquentes que pour les Palestiniens tués. Encore une fois, les statistiques des décès d’enfants sont encore plus tordues avec ABC, CBS, et NBC rapportaient les enfants tués du côté israélien respectivement 9, 12,8, et 9,9 fois les taux d’enfants palestiniens tués. Le fait qu’en 2004 il y a eu 22 fois plus d’enfants palestiniens tués que d’israéliens, cette catégorie a une signification particulière. Aucune base explicative peut justifier cette inégalité de couverture médiatique.

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Figure 11

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Ensemble, les trois réseaux de nouvelles ont rapporté la mort d’Israéliens en moyenne 4,1 fois plus souvent que celle des Palestiniens.

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Figure 13

En moyenne, ces mêmes réseaux ont rapporté 83% des enfants israéliens tués contre 8% des enfants palestiniens. donc, la mort d’un Israélien a 9,9 plus de chance d’être rapporté que celle d’un Palestinien.

Une représentation visuelle de ce pattern d’omission donne un sens quant à la taille de cette disparité de traitement médiatique.

Couverture médiatique du New York Times

En 200, le New York Times publia 159 items concernant des décès d’Israéliens dans ses titres ou dans les premiers paragraphes de ses articles. Durant cette période, 107 Israéliens furent tués (la différence vient encore du fait de la répétition du traitement de certaines victimes). Pendant ce temps, la mort de 334 Palestiniens furent rapportées alors que 818 Palestiniens perdirent la vie.

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Chart showing that 107 Israelis and 818 Palestinians were killed during 2004.

En d’autres termes, 149% des victimes israéliennes et 41% de celles des Palestiniens seront rapportées par le New York Times, donc 3,6 fois plus souvent pour les Israéliens tués alors que qu’il y avait 7,6 fois plus de Palestiniens tués dans cette période.
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Chart showing that <i>The New York Times</i> reported 149% of Israeli deaths and 41% of Palestinian deaths in 2004.

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Chart showing that 8 Israeli children and 176 Palestinian children were killed during 2004.

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Durant cette même année 2004, le journal The Times rapportait 50% des enfants israéliens tués contre seulement 7% des enfants Palestiniens.

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Chart showing that <i>The New York Times</i> reported 50% of Israeli children's deaths and 7% of Palestinian children's deaths during 2004.

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Encore une fois, comme c’était le cas pour les autres grands médias, une grande inégalité de la couverture médiatique est observée: The Times rapportera la mort d’enfants israéliens 7,3 fois plus souvent que la mort d’enfants palestiniens alors que 22 fois plus d’entres eux ont été tués.

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Chart showing that 4 Israeli children's deaths and 164 Palestinian children's deaths were omitted from <i>New York Times</i> coverage in 2004.

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Israël prétend avoir gagné la « guerre » contre Gaza. La réalité est qu’ils ont perdu cette guerre de relations publiques et le contrôle de l’information, en grande partie grâce au travail chevronné d’activistes pour la vérité sur Internet, de protestants qui sont descendu par centaines de milliers dans les rues du monde entier pour manifester contre la violence d’Israël et de plusieurs médias alternatifs. Des survivants de l’holocauste qualifient les attaques d’Israël de semblables aux tactiques employées par les nazis.

Israël a perdue son masque de victime menacée et apparait maintenant pour ce qu’elle est, l’image d’un monstre taché de sang, prêts à tout instant à commettre des crimes de guerre et qui refuse de respecter quelques principes moraux que ce soit. Ceci aura de sérieuses conséquences à long terme.

François Marginean

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Gaza: lorsque la vie et la vérité sont sacrifiées

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Le Prince Charmant

Certains croient qu’un vieillard à barbe blanche mène l’univers. D’autres ont compris et nous ont dit qu’il valait mieux ne pas appeler Dieu, « Dieu », mais lui donner un autre nom et on a parlé de cause première, les volontés divines, devenant les lois de la nature.  On a cessé d’implorer et on a  cherché  à comprendre. On a trouvé des incantations efficaces, la magie est devenue la science et Jehovah s’est avéré prévisible. Enfin, un peu plus prévisible…

 On est à faire une démarche analogue en politique. On voit de mieux en mieux que le « Chef » a autant d’avatars que Vishnou et qu’il peut, selon les exigences du moment, avoir une trompe d’éléphant ou prendre la figure du Prince Charmant, puisqu’il est l’incarnation des lois de la nature humaine. Le chef apparaît à l’intersection des circonstances et de ce que nous voulons.

 Ne pas croire, donc, qu’Obama est à changer l’Amérique et le monde, mais comprendre qu’il est l’émanation d’un monde qui a changé. Il remet les pendules à l’heure. Si on comprend comment le monde a changé, ce que fera Obama devient prévisible. Un peu plus prévisible…

Ainsi l’invasion israélienne à Gaza, qui n’a de sens que si elle n’a eu lieu que pour être interrompue, puisqu’elle n’aura, de toute évidence, eu aucun autre effet que de bien montrer que le sauveur sauve par sa seule présence et sans qu’un seul geste ne soit nécessaire. Comme les grands Avatars. Ce que les Hindous nomme le darshan. On pouvait donc prévoir que cette invasion se terminerait avec son avènement. Comme on avait libéré les otages en Iran à l’avènement de Reagan.

Les incursions en pays païens – Irak et Afghanistan – vont aussi se terminer rapidement. Les guerres traditionnelles sont fatales aux envahisseurs, dans un monde où l’individu a un pouvoir de destruction croissant. Ça ne marche plus. On va donc rentrer chez-soi.

Ces pays qu’on a occupés sont devenus «démocratiques », il n’y a plus qu’à leur donner du fric et des conseils, des mini Plans Marshall sur mesure… et à les oublier dans les zizanies qu’on y a favorisées. Obama sera donc le précurseur et le hérault de la paix.

Le pétrole ? On passe aux énergies propres. On a vendu le concept d’environnement depuis assez longtemps – comme Bernays le bacon & eggs au petit déjeuner – pour qu’on puisse passer à l’acte. Du vert partout. Un projet global colossal, qui nous occupera deux générations.

Obama sauvera donc aussi la planète… tout en apportant la cure a la depression post partum d’une civilisation industrielle qui a atteint l’abondance. Il est bien ce divin enfant… et il arrive au bon moment.

On peut également prévoir que, le capital n’ayant plus un rôle aussi important dans une économie tertiaire, des trillions de dollars vont disparaître ; il ne s’agit que de les laisser mourir dans leur virtualité. Juste bien s’assurer que sont satisfaits les besoins essentiels – « essentiel » étant un concept bien flexible – de ceux qui ont le pouvoir d’exiger qu’ils le soient.

Parfois, ceux qui ont le pouvoir sont uniquement ceux qui manient la trique, mais en démocratie, ce sont aussi un peu ceux qui votent. Attendons donc avec confiance de la Providence Obama que descende sur le peuple la manne d’un assistanat généralisé.

La manne viendra durant la traversée du désert. Le travail salarié n’a plus d’avenir dans une structure de production où l’accent doit être sur la créativité et l’initiative. Ce sont de petits entrepreneurs qu’on doit créer avec, si leurs entreprises échouent, la protection d’un revenu garanti, pièce maîtresse de cette structure d’assistanat. Mais la transition peut être pénible. Vite, des emplois…

Heureusement, il faut rafistoler toutes les infrastructures. Obama le bâtisseur le fera. Pour le faire, on aura l’excuse de créer des emplois et on passera la note aux nantis, qui la passeront à leurs enfants… qui la solderont en dollars à 5 cents…  Ces emplois seront précaires, mais on a besoin de solidarité.

Obama va etre  une incarnation bien sympa… Si l’on suit attentivement la main de Dieu, on peut voir assez clairement où elle s’en va. Pour les pays développés, un petit Déluge, puis le soleil brillera. Pour les autres, c’est moins sûr, hélas, mais les dieux ont toujours eu des favoris.

Pierre JC Allard

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Classé dans Actualité, Pierre JC Allard

Les finalistes pour la personnalité de l’année

Raymond Viger Dossier Médias et publication

Le début de l’année marque la saison des résolutions, rétrospectives et faits saillants de l’année. Pour Reflet de Société, un magazine d’information et de sensibilisation sur les thèmes sociaux, c’est aussi la période de mise en candidature pour la personnalité de l’année, la personne qui, par son travail et ses implications, a su marquer socialement le Québec et être significatif pour les citoyens.

Anne Panasuk, Radio-Canada

En 2006, nous avions souligné le travail de Anne Panasuk, journaliste à Radio-Canada. La qualité des reportages de Anne Panasuk, mais surtout l’impact de ceux-ci sur notre société méritait à Anne Panasuk le titre de personnalité de l’année 2006.

Carole Beaulieu, L’actualité

En 2007, Carole Beaulieu, rédactrice en chef du magazine L’actualité, avait été notre personnalité de l’année. L’implication de Carole Beaulieu lors d’ateliers et de conférences auprès des journalistes, son ouverture d’esprit à aider et soutenir tout journaliste qui lui demande son aide, sa capacité de nommer et de montrer clairement les manquements aux règles d’éthique journalistiques ne sont que quelques unes des qualités de Carole Beaulieu qui lui ont méritées le titre de personnalité de l’année 2007. Quand Carole Beaulieu prend la parole devant les journalistes, ceux-ci écoutent. Carole Beaulieu est un excellent exemple de rigueur journalistique.

Les finalistes pour la personnalité de l’année 2008

Michelle Blanc

Michelle Blanc est consultante en Web-Marketing et influente dans son milieu. Lors de son passage à l’émission Tout le monde en parle, Michelle Blanc a profité de la présence de Pauline Marois pour parler de l’importance des blogues dans la démocratie d’un pays. La présence de Michelle Blanc à l’émission de Guy A. Lepage risque de changer la relation entre les politiciens et les citoyens, favorisant une démocratie plus accessible.

Alain Dubois

Alais Dubois est intervenant en prévention de l’alcoolisme, de la toxicomanie et du jeu compulsif. Malgré les pressions de son employeur et de son syndicat, Alain Dubois s’est impliqué dans la prévention du jeu compulsif et participe au recours collectif Brochu contre Loto-Québec pour permettre aux joueurs compulsifs de se faire rembourser les frais de traitement contre le jeu compulsif.

Docteure Christiane Laberge

Médecin, animatrice et vulgarisatrice en matière de santé personnelle, Christiane Laberge utilise plusieurs plate-forme médiatique pour informer et sensibiliser les Québécois à mieux prendre soin d’eux. Entre autre, Christiane Laberge a une chronique santé à l’émission Puisqu’il faut se lever avec Paul Arcand au 98,5 FM.

Claude Poirier

Claude Poirier est président et chef de la direction des services funéraires Magnus Poirier. Claude Poirier s’implique dans différentes fondations et actions sociales, notamment Réseau-ado en prévention du suicide. L’implication bénévole de Claude Poirier dans ces différents mouvements sont presqu’un travail à temps plein, supplémentaire à son travail de chef d’entreprise.

Nomination de la personnalité de l’année 2008

Je profite de l’occasion pour féliciter les 4 finalistes pour la personnalité de l’année 2008 du magazine Reflet de Société. La nomination finale aura lieu samedi le 31 janvier prochain. D’ici là, vous pouvez nous laisser vos commentaires et votre opinion sur nos 4 finalistes 2008.

Autres textes sur Médias et publication

Vidéos et photos du Forum de la Jeunesse 2010

Louise Gagné, bénévole de l’année

Jean-Benoît Nadeau et Julie Barlow en Arizona

Salon de bronzage, dangers, risques et conséquences

Docteur Pierre Mailloux psychiatre: bon psychiatre, mauvais communicateur

On tue la une, V télé; un délire dénudé de sens

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Classé dans Actualité, Raymond Viger

La bataille des Plaines d’Abraham sera-t-elle un jour terminée?

La décision de mettre autant d’emphase sur la bataille des Plaines d’Abraham l’année suivant Québec 2008, si peu riche en rappels historiques, n’était pas l’idée du siècle. D’abord parce que cet événement soulève encore, 250 ans plus tard, beaucoup de passions. Ensuite parce que l’HISTOIRE semble avoir trouvé son chemin vers Québec cette année, après s’être égarée Dieu sait où l’an passé.

L’historien Gaston Dêchesne souligne sur son blogue, en réponse à un éditorial de François Bourque, la disproportion entre 2008 et 2009 dans la place que nos institutions culturelles accordent à l’histoire : «C’est fort ironique. Les origines de l’Amérique française n’offraient pas assez d’intérêt en 2008 mais la fin de la Nouvelle-France sera soulignée en double en 2009.»

Jugez-en par vous-mêmes :

En 2008, le Musée national des beaux-arts du Québec (MNABQ) a vite expédié une exposition sur l’histoire des arts à Québec pour faire de la place à celle sur le Louvre qui a tenu l’affiche tout l’été, mais qui était sans rapport avec l’anniversaire de Québec. Le Musée de la Civilisation a offert une modeste « exposition » sur Champlain (un film en fait, dans une annexe) et une autre sur monseigneur de Laval. L’histoire de Québec, du Québec et de l’Amérique française? On ne l’a vue dans aucune exposition d’envergure.

Arrive 2009. Au MNABQ, on présentera tout l’été « une exposition qui soulignera le 250e anniversaire de la prise de Québec ». Le Musée de la civilisation ne sera pas en reste avec, à compter de juin, une exposition sur « La guerre de Sept ans », cette période « au cours de laquelle s’est conclu le sort de la Nouvelle-France ».

Les célébrations de 2009.

Cerise sur le gâteau, la Commission des Champs de bataille nationaux n’a rien négligé côté histoire : «reconstitutions, expositions, colloque, animations diverses et rappels historiques dans Québec et sa grande région [pour souligner le 250e anniversaire de la bataille des Plaines d’Abraham]», peut-on lire sur le site de la Commission.250e-visueltexte-internet_000

En plus, toujours sur le site de la Commission, la Bataille est présentée comme un combat entre gentlemen (merci à lafelee, Juste un peu frustrée, d’avoir attiré mon attention sur cette représentation idyllique aussi tordue d’un combat où personne ne fit dans la dentelle).

Nous aurions bien besoin du psychiatre Camille Laurin pour nous expliquer cet étonnant paradoxe d’un peuple qui fait une telle mise en scène historique d’une défaite après avoir été si avare de la dimension historique dans les festivités soulignant le 400e de sa naissance.

Par contraste, Oama n’a pas hésité à souligner la force de caractère des Pellerins pour appeler ses compatriotes à se relever les manches. Ici au Québec, ce ne sont pas les hommes et les femmes de caractère qui manquaient parmi nos ancêtres et qui pourraient nous inspirer encore aujourd’hui. Il en fallait de l’endurance pour venir s’installer ici et sillonner l’Amérique française depuis Québec jusqu’au Pacifique ou au golfe du Mexique.

Peut-être est-ce notre propre manque de courage face à notre Destin qui nous fait ainsi souffrir d’Alzeimer sélectif.

Peut-être aussi sommes-nous incapables de voir au-delà de cette défaite des Plaines – laquelle après tout ne fut pas la nôtre, mais celle de la France. Sans cesse nous radotons en accusant l’Autre d’être responsable de notre malheur, sans réaliser que nous sommes tout sauf un peuple malheureux. Allez voir ailleurs et vous en trouverez des peuples écrasés. Revenez après prétendre que nous le sommes.

Il est temps de cesser ces jérémiades et de regarder enfin vers l’avenir, comme le propose justement Obama à ses compatriotes descendants des Noirs africains.

René Levesque, dans un moment de fierté, a dit que nous sommes quelque chose comme un grand peuple.

Intérioriserons-nous enfin ces paroles pour pouvoir passer à autre chose en toute sérénité: non plus l’indépendance contre, mais l’indépendance pour.

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Classé dans Actualité, Michel Monette

243 entorses à la liberté

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Trouvé via l’Agence Science Presse, publié sur le site de l’Université Montréal, l’article nommé « Docteur, j’ai 243 produits chimiques dans mon sang… » pointe le sujet important de la toxicologie humaine. « Phtalates présents dans les jouets, solvants causant l’infertilité chez l’homme, bactéries dans l’eau potable, exposition des enfants de garderie aux hydrocarbures aromatiques polycycliques, lien entre organochlorés et cancer du sein… Les problèmes associés aux produits toxiques font la manchette et l’objet de diverses publications. »

Je suis seulement en partie d’accord avec la dernière phrase, puisque je trouve que ce sujet n’est pas assez abordé dans les médias. Voilà aussi pourquoi je l’ai choisi : une brique de plus au bâtiment ne fera pas de tort… Et le sujet n’étant pas assez abordé dans les médias, l’outrance de la population s’en trouve au minimum. Pourtant, il y a là tous les ingrédients pour nous atteindre fondamentalement : biologiquement et philosophiquement.

Comment peut-on parler de liberté, de souveraineté sur son propre corps quand l’environnement est chimiquement hostile, nous inoculant de multiples et hypothétiques bombes à retardement?

Le problème, c’est que cette perte de contrôle est inscrite dans les fondements de nos sociétés basées sur les progrès. Ces progrès ayant été promus dans un emballage ultra positif, laissant les après-coups aux seules mains de la médecine qui se trouve à y trouver aussi un moteur assez performant pour la suite des choses. Cela n’est rien de moins qu’un cercle vicieux.

Nous en sommes venus à considérer ce monde contaminé comme étant seulement une fatalité que le confort « à l’occidentale » vient apaiser, mais c’est toute notre liberté qui est remise en cause. Comment se prémunir contre cette agression tout en conservant sa liberté de mouvement? Car oui, il serait possible de se terrer chez soi et de contrôler au maximum son environnement, de sortir de la maison avec un masque à gaz…

Pour illustrer plus amplement ma pensée, j’aimerais utiliser l’exemple de la cigarette. On a beau dire que les jeunes (et même les adultes) ont le choix (donc la liberté) de fumer ou non, mais il va sans dire qu’il y a une pression énorme, publicitaire et culturelle, pour qu’ils « essayent », avec les conséquences qui s’en suivent. Alors, il est bien évident qu’il n’y a pas que l’individu pour choisir de s’embarquer dans cette mésaventure, qui peut paraître comme une belle aventure pour certains, j’en conviens, mais là n’est pas le point. Un fumeur a la liberté de s’enivrer de son activité, mais ce que je dis, c’est qu’il a perdu une autre liberté a priori, puisque le phénomène du tabac est hautement circonstanciel. Si l’accident de l’inhalation de la fumée de la feuille de tabac et sa mise en marché n’avait pas eu lieu dans l’histoire, gageons que le même individu aujourd’hui fumeur heureux vomirait toutes ses tripes après avoir fait cette découverte…

Donc, c’est notre addiction à la société de consommation qui nous fait prendre à la légère ces entorses à la liberté. Comme des fumeurs heureux, nous considérons l’air toxique autour de nous comme de la fumée aromatique. L’effet calmant de l’achat compulsif est comme la première bouffée après l’attente.

Je ne pense pas qu’il faille tout freiner, mais bien de réparer les dommages en fournissant un succédané, une sorte de méthadone, pour nourrir notre dépendance au bonheur matériel — notre auguromanie — en éliminant de la chaîne les éléments pathogènes.

À l’écriture de ce billet, c’est bien l’égoïsme qui me meut, néanmoins je ne me sens pas du tout coupable…

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Classé dans Actualité, Renart L'Eveillé, santé

Barack Obama éclipsera-t-il Nicolas Sarkozy ?

Des observateurs soulignent qu’il existerait une certaine méfiance de la France, plus précisément de son président, à l’arrivée de Barack Obama en raison de l’ombrage qu’il pourrait créer sur l’Élysée. Antoine Guiral, de Libération, écrit notamment : « L’arrivée d’Obama signifie le retour des États-Unis dans la diplomatie internationale et la fin de la parenthèse Sarkozy ». Et plus incisive est cette remarque du journaliste de Libération : « Dans le monde, Obama suscite un espoir quand Sarkozy soulève surtout de la curiosité à travers son épouse Carla, ses mauvaises manières ou son énergie à revendre ».

Que réserve l'avenir?

Que réserve l'avenir?

Barack Obama éclipsera-t-il Nicolas Sarkozy  ?  Encore faut-il placer Nicolas Sarkozy au même diapason que Barack Obama. La réponse vient peut-être des Français eux-mêmes. Selon un récent sondage, 70% des Français ont déclaré avoir une bonne opinion de Jacques Chirac. Bernard Kouchner est bien vu par 71% des personnes sondées. En revanche, Nicolas Sarkozy ne recueille que 46%, soit 24% de moins que son prédécesseur.

Tout se passe comme si la France n’avait pas existé avant l’arrivée de Barack Obama. La France a eu ses heures de gloire avec des présidents qui élevaient les qualités de leur fonction. Depuis l’arrivée de Nicolas Sarkozy, après une multiplication de déclarations toutes plus indélicates les unes que les autres, la France a perdu de son lustre. N’en déplaise à qui que ce soit, l’allocution visionnaire de Dominique de Villepin aux Nations-Unies, sur le refus de déclencher une guerre en Irak, est un moment historique, apprécié des Nations non alignées et dépréciée en France. C’était sous Jacques Chirac.

La conception de la présidence française de Nicolas Sarkozy irrite profondément. Personne n’est dupe que le président de la République veut marquer l’histoire à grands traits grossiers de réussites approximatives. Pour Nicolas Sarkozy, l’Europe c’est la France. Et la France c’est l’Europe. Il est pressé. Et il n’hésite pas à formuler des remarques peu subtiles à l’égard du nouveau président des États-Unis, Barack Obama. « On ne peut pas attendre que les États-Unis aient froid pour mettre un cache-col. Il faut agir vite. Dire qu’il faut accorder du temps au temps, c’est l’argument de ceux qui ont renoncé à tout. Quand je pense que vous disiez qu’à la fin de ma présidence européenne j’allais subir une dépression profonde, que je serais incapable de prendre des initiatives … ». À propos du prochain sommet du G20 à Londres, le 2 avril, Nicolas Sarkozy déclare que « l’Europe aura une position commune et forte ». Il adresse ce message à Barack Obama : « On n’acceptera pas un sommet qui ne décide pas ». Déclaration plutôt téméraire pour un Nicolas Sarkozy qui a quitté la présidence en alternance de l’Union européenne.

L’homme pressé trébuche. L’homme serein agit. Pour Barack Obama, il en va autrement : « Le monde a changé, et nous devons changer avec lui. (…) L’importance du gouvernement est indéniable. Mais ultimement, l’Amérique dépend de la foi et de la détermination de ses citoyens ».

Le dire c’est faire injure aux Français qui ne le savent que trop bien : Nicolas Sarkozy est un homme de paradoxes. Je paraphraserais cette citation célèbre de Charles de Gaulle : « Comment voulez-vous gouverner un pays quand son président a 246 idées paradoxales de la France  ?  »

Deux déclarations de Nicolas Sarkozy montrent à quel point le temps ne se conjugue qu’au présent avec l’homme. Le Figaro rapporte qu’à un journaliste qui lui demandait s’il enverrait un message de félicitation à Barack Obama, le président a répondu : « On a hâte qu’il se mette au travail et qu’on change le monde avec lui ». Qui est ce « on » ?  Nicolas Sarkozy ou l’Europe  ?  Dans un même temps, et toujours selon la même source, le Figaro, Nicolas Sarkozy se rend à Sourdun, près de Provins (Seine-et-Marne), commune durement touchée par le départ du 2e régiment de hussards. Peu sensible à la détresse qu’il trouve sur place, il profite plutôt de l’occasion pour stigmatiser les « conservatismes » qui font obstacle à ses réformes. Et le président de tous les Français ajoute, imperturbable, que « sur la ligne, sur la stratégie, sur la volonté d’aller de l’avant, on n’a pas d’états d’âme, parce qu’il n’y a pas d’autre stratégie ». Le président s’est dit préparé à cela : « J’écoute mais je tiens pas compte ». Cette petite phrase traduit la conduite même du président de la France à l’égard de tout ce qui se démarche de ses objectifs en propre. Que ce soit en France ou à l’égard de l’Union européenne.

Cet aveu présidentiel est-il surprenant  ?  Surtout en démocratie. Changer le monde oui, écouter la voix de son peuple, non. Changer le monde, oui. Écouter autrui, non. Position on ne peut plus éloignée de ce qu’écrivait Barack Obama dans la préface de « The Audacity of Hope » : « Je suis un canevas vierge sur lequel des gens de convictions politiques très différentes projettent leurs propres visions ».

Dans la voix du nouveau président des États-Unis, aucune déclaration tonitruante n’est venue compromettre son investiture. Il n’en sent guère le besoin. Une tranquille assurance en fait depuis des mois un leader charismatique. Nul besoin de s’agiter. Au contraire. Il se veut le rassembleur au sein d’une nation mosaïque. Nulle déclaration enflammée ne lui est apparue nécessaire pour asseoir son autorité. Selon Louis Balthazar, président de l’Observatoire sur les États-Unis à l’Université du Québec à Montréal, le nouveau président fera preuve de retenue. « Ce ne sera pas une présidence impériale ». Dominique de Villepin croit que, comme le rapporte Le Figaro, « le monde a besoin d’un nouveau leadership, je veux souhaiter qu’il puisse être au rendez-vous », car « il y a une attente phénoménale au niveau de la planète ». Barack Obama est une figure qui pourra « réconcilier le sud et le nord ». « Barack Obama occupera toute sa place, je souhaite que Nicolas Sarkozy occupe la sienne, mais on occupe pas une place contre quelqu’un ». Et de conclure : « pensons à notre objectif, ne pensons pas à notre image ».

« The Buck stops here », pouvait-on lire sur le bureau d’Harry Truman, président des États-Unis de 1945 à 1953. Obama est tout le contraire de George W. Bush qui a concentré le pouvoir au sein de l’exécutif à un point tel qu’on a qualifié sa présidence d’«impériale», explique le professeur Baltazar au quotidien québécois Le Soleil. « Obama écoute, il est nuancé, il fait confiance et il délègue. Et, en plus, on sent qu’il est fort, qu’il a du caractère. Il donne l’impression d’être un chef idéal ». Cette analyse du professeur Baltazar semble correspondre à celle de Pierre Moscovici : « Le nouveau président américain a une vertu que Nicolas Sarkozy ne possède pas : c’est un homme serein, un homme calme, c’est un homme qui apaise, qui veut rassurer, rassembler, exactement le contraire de Nicolas Sarkozy qui parfois s’agite un peu et qui a plutôt une tendance à vouloir cliver et à créer sans arrêt des antagonismes ».

Philippe Braud, politologue à Sciences Po Paris, dans une entrevue accordée à l’agence France Presse, anticipe un « choc spectaculaire des styles » entre un Sarkozy « actif, sinon activiste » et un Obama « posé et soigneusement réfléchi ». « Le contraste risque d’être permanent entre l’impulsivité de l’un et la force tranquille de l’autre ». Le politologue relève « l’exceptionnelle séduction personnelle » du nouveau président américain.

Barack Obama s’installe à Washington, une ville reconnue pour des records peu enviables (55 % de la population est noire) en termes d’incarcération, de crimes violents, d’abandon scolaire. Un des premiers gestes de Barack Obama a été de profiter de la journée fériée de lundi, en hommage à Martin Luther King, pour inciter ses concitoyens au bénévolat en jouant les peintres dans un centre pour jeunes en difficulté de Washington. Pas de karcher, ici. Son discours est simple : il promet de réunir républicains et démocrates, libéraux et conservateurs, Blancs et Noirs, sous le grand thème de l’Espoir. Il s’inspire de Martin Luther King : « J’ai un rêve que mes quatre enfants habiteront un jour une nation où ils seront jugés non pas par la couleur de leur peau mais par le contenu de leur caractère. J’ai un rêve aujourd’hui ». « Barack Obama carbure à l’ambition. Pas à l’argent », écrit Isabelle Hachey, du quotidien La Presse. Jusqu’à ce qu’il se lance dans la course au Sénat des États-Unis, il ne portait que trois ou quatre costumes – et des chaussettes usées aux talons, raconte David Mendell dans son livre, Obama, From Promise to Power.

Nicolas Sarkozy proposait une rupture avec le passé. Barack Obama, pour sa part, fidèle aux idéaux de nos ancêtres,a rendu hommage aux pères fondateurs de la nation américaine devant des milliers de personnes réunies à Washington. Aucun faux pas n’a marqué son allocution. Alors que le gouvernement français s’empêtre dans des quotas d’immigration et d’expulsion, Barack Obama se veut rassembleur et unificateur : « Ce qui me donne l’espoir par dessus tout, ce ne sont pas les pierres et le marbre qui nous entourent, mais ce qui remplit les interstices. C’est vous, Américains de toutes les races, venus de partout, de toutes conditions, vous qui êtes venus ici parce que vous croyez en ce que ce pays peut être ».

Lors de ses vœux annuels, prononcés lundi, Nicolas Sarkozy a avoué que « la France n’est pas le pays le plus simple à gouverner du monde ». Pour reprendre les mots de Barack Obama, lors de son assermentation, « la question n’est pas de savoir si le gouvernement est trop grand ou trop petit. Elle est de savoir si le gouvernement fonctionne. S’il permet aux familles de trouver des emplois payés décemment, de se payer des soins de santé et une retraite digne ». Question sur laquelle le président Sarkozy serait bien avisé de réfléchir.

Comme l’écrit Mourad Guichard de Libération : pour Nicolas Sarkozy, « l’insécurité est la première des inégalités ». Il l’a dit et répété. Et lui est là pour « protéger » les Français des affres de l’insécurité, tout comme il les protège « contre les méfaits de la crise financière » et « contre la crise économique et sociale qui en a découlé ». Il protège également « leur santé avec la loi sur l’hôpital », mais aussi leurs « libertés individuelles en lançant une réforme de la procédure pénale ». Et enfin, le président ne peut s’exonérer de « protéger la paix » dans le monde en proposant aux belligérants Proche orientaux un plan « équilibré ».

Qui trop embrasse mal étreint. Les résultats en attestent : en janvier 2009, la popularité de Nicolas Sarkozy a baissé d’un point, pour se situer à 45%, celle du Premier ministre François Fillon a reculé de cinq points, pour se situer à 46%, selon le baromètre Ipsos, publié par Le Figaro. Une portion importante de 51 pour cent des personnes interrogées a une opinion défavorable de Nicolas Sarkozy. Selon un autre sondage, réalisé par l’IFOP, paru dans l’hebdomadaire Paris-Match, 53% des personnes sondées désapprouvent l’action du président de la République et un même pourcentage approuve celle du Premier ministre.

Est-ce l’effet Obama qui inspire les Français  ?  Toujours est-il que 85% de ces derniers seraient prêts à voter pour un candidat appartenant une minorité visible à l’occasion d’une élection législative, selon un sondage publié mardi par l’institut CSA pour l’institut Montaigne.

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Classé dans Actualité, Pierre R Chantelois