Archives quotidiennes : 12 janvier 2009

Les adieux du Capital

La position de force du facteur compétence en production face a celle du capital a tellement augmente, que ce n’est qu’affaire de peu de temps  avant que ne soit réduite a rien  la rémunération du capital dans la production.

À moins que rien, même, contraignant alors le capitaliste à s’appauvrir constamment en termes réels, pour protéger l’image de son investissement dans le miroir de la spéculation. Il doit alors se désinvestir au profit des travailleurs, ce qu’illustre parfaitement la faillite éventuelle de l’industrie automobile américaine et son rachat pas ses employés.

Faute de pouvoir vraiment contrôler un système de production dont le facteur dominant est la compétence, le Capital a choisi de s’en créer un au tiers-monde qui, pour l’avenir prévisible, sera  encore a forte intensité de capital.

Du même coup, il peut sortir de la production en Occident et laisser les travailleurs gérer eux-mêmes le système de production entrepreneurial qu’il faudrait y mettre en place. On mènera une bataille d’arrière-garde, mais dans les pays developpés, on laissera le contrôle de la production aux travailleurs.

Le capital quittera la production sans regrets, car ce n’est plus le capital, mais la compétence, qui contrôlera de fait la production et une production qu’il ne contrôle n’a pas d’intérêt pour le capitaliste.  Le Capital a vu tout à coup cette décision sous un jour nouveau et compris qu’il y avait trois (3) bonnes raisons qui rendait inutile sa présence en production.

La première, c’est que l’équation de la demande effective l’oblige déjà, depuis longtemps, afin que la production puisse être vendue, l’équilibre maintenu et la valeur du capital préservée, au transfert vers les consommateur de toute la valeur marchande de la production. Tout le vrai profit est dans le miroir monétaire. Des travailleurs-entrepreneurs en contrôle de la production épargneraient peut-être plus, accumulant un capital, mais ce capital serait traité comme tout autre capital.

Lorsque le travailleur lambda a eu des exigences, on a pu le convaincre que, ses besoins immédiats étant satisfaits, il ne devrait pas exiger plus de revenu disponible pour la consommation. Il devrait exercer plutôt son pouvoir pour obtenir des bénéfices marginaux, des contributions à des programmes de santé et de retraite, etc. Il devrait agir comme un micro-capitaliste. Il pourrait alors s’enrichir sans que l’équilibre de la demande effective en soit modifié. Ce message avait été entendu.

La deuxième raison qui permet au capital d’accueillir avec sérénité cette montée en puissance du facteur travail, c’est que ces travailleurs micro capitalistes  vont simplement se joindre aux rentiers de tout acabit qui se sont déjà multipliés pour devenir le périmètre de défense éloigné du capitalisme. Entre le Capital et un travail qui deviendrait trop exigeant, il ya les actionnaires minoritaires.

Si la part du travail des travailleurs-entrepreneurs devait augmenter, ce n’est pas le capitaliste qui subira une perte – il détient des obligations et les corporations sont ses débitrices-Le grand capital, comme toujours, restera à couvert. C’est la perte de valeur du portefeuille des petits porteurs qui compensera l’écart. L’enrichissement des travailleurs devenus aussi entrepreneurs ne se fera normalement qu’aux dépens de l’investissement silencieux des petits détenteurs d’actions.

La troisième raison de la complaisance du Capital, c’est que la réalité n’est plus qu’un accessoire de la spéculation. Si les équilibres n’étaient pas maintenus dans les faits, une correction monétaire – « dans le miroir » – serait facile, car la création de monnaie est totalement discrétionnaire et repose entre les mains d’un pouvoir politique inféodé au pouvoir financier.

Qu’on passe ou non par le biais d’une banque centrale, c’est toujours le coup de téléphone des grands propriétaires de capitaux aux politiciens qui fera démarrer la presse à billets. D’autant plus facilement que la « presse » est devenue virtuelle et les billets de simples annotations à des livres eux-mêmes dématérialisés…

Dans ce contexte, laisser le contrôle de la production aux travailleurs n’est plus critique ; si quelqu’un en prend trop, l’excédent sera résorbé par la fiscalité et une inflation appropriée.

Pourquoi parler du pouvoir du travail qui devient le facteur dominant en production, si la position du capital apparait aussi inexpugnable ? Parce que, justement, nous parlons de production.

Nous ne disons pas que le capital a perdu ou perdra son contrôle de la société, c’est une autre affaire; nous disons que l’importance relative accrue de la compétence, en relation au capital fixe, prive le capitaliste d’un contrôle efficace du processus de production lui-même.

Shylock se sent inconfortable, dans un système de production devenu une « boite noire » hermétique pour le capital. Quand sa lassitude devient trop grande – l’industrie automobile en étant un exemple – la réaction du capital est de se désinvestir de la production, une activité où son contrôle est a s’étioler. Il fait ses valises… et il part. Il sait où aller….

(La semaine prochaine, nous verrons ou il va…)

Pierre JC Allard

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