Les agrocarburants qui alimentent l’exclusion

Quand on compare les mérites des agrocarburants à leurs désavantages, il nous vient vite à l’esprit leur rôle dans la crise alimentaire ou les sérieux doutes sur la diminution réelle des gaz à effet de serre qu’ils entraîneraient. On oublie cependant trop souvent un troisième aspect : la dépossession de leur terre dont sont victimes de nombreux petits propriétaires terriens à travers le monde. Une récente étude de l’International Institute for Environment and Development – Fuelling exclusion? The biofuels boom and poor people’s access to land – attire l’attention sur cette face cachée de la filière de ces carburants dits propres.

Là où on laisse jouer les «lois du marché», ont constaté les auteurs de l’étude, c’est plutôt la loi de la jungle qui prévaut. Les petits paysans perdent carrément l’accès à la terre au profit des producteurs d’agrocarburant que ce soit en Afrique, en Asie ou en Amérique latine.

En revanche, les auteurs ont trouvé des cas où les petits producteurs ont pu profiter de ce nouveau marché pour améliorer leur sort.

Comment expliquer qu’il y ait des perdants et des gagnants? Il semble que les gouvernements ont un rôle clé à jouer en assurant qu’il y a de solides garde-fous protégeant les petits producteurs.

Le fait pour les producteurs d’être regroupés n’est pas étranger non plus à leur capacité de profiter des marchés. Des modèles alternatifs à celui de la très grande propriété foncière sont tout à fait viables, pour peu qu’on leur donne la chance de se développer.

Les ONG et autres organisations de la société civile peuvent aussi être d’excellents chiens de garde contre des décisions qui défavorisent les petits propriétaires fonciers et la population en général (dans ce dernier cas en la rendant dépendante des marchés internationaux pour se nourrir convenablement).

En somme, il faut cultiver la démocratie participative pour récolter le mieux-être collectif.

Faut-il pour autant accepter les agrocarburants?

L’étude au format PDF (en anglais)

5 Commentaires

Classé dans environnement, Michel Monette

5 réponses à “Les agrocarburants qui alimentent l’exclusion

  1. C’est effectivement une facette de la réalité qui tend à être occulté. L’idée de bruler de la nourriture dans nos voitures n’était vraiment pas géniale, mais j’ai appris il n’y a pas longtemps que des algues et aussi les plantes à quenouilles contiennent encore plus de potentiel pour créer de l’éthanol que le maïs.

    Mais encore là, pour répondre à votre question Michel, pourquoi ne pas simplement commercialiser le moteur de Stanley Meyer qui converti l’eau en hydrogène directement dans le moteur? Allez jeter un coup d’oeil à son véhicule et vous constaterez qu’il est très puissant et pouvait effectuer un Seattle-New-York avec trois litres d’eau seulement!

    Énergie gratuite – Stan Meyer

  2. Garamond

    Utiliser des terres arables pour fournir du carburant aux Hummers ? Stupidité totale…..même si quelques petits producteurs tirent leur épingle du jeu.
    Faut commencer par nourrir le peuple avant d’aller gazer vos chars, les gars !

  3. Quand l’écologisme étatiste provoque la famine…

  4. @ Anarcho-pragmatiste : écologisme étatiste ???

  5. Pas besoin d’aller très loin ppur constater la situation… C’est un peu (et beaucoup) ce qui se passe avec notre Montérégie… D’après ce que j’ai entendu, les propriétaires de terres agricoles en Montérégie font de bonnes affaires ces jours-ci avec le mais, le soja et le blé. Rien d’autre. Industriel à la planche.

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