Archives quotidiennes : 9 avril 2009

Le départ de Jérôme-Forget: Bon débarras !

J’ai bien rigolé en prenant connaissance des hommages rendus hier à l’Assemblée nationale à Mme Jérôme Forget qui venait d’annoncer qu’elle partait sur-le-champ. Bien rigolé parce que la bienséance parlementaire a fait dire à Pauline Marois qu’elle admirait cette femme controversée.
Me semble qu’elle aurait pu s’abstenir. Un petit four avec ça ?
Tout d’abord, à peine trois mois après son élection, elle quitte le navire, ce qui va forcer le gouvernement à dépenser encore des milliers de dollars pour une partielle dans Marguerite-Bourgeois, un comté libéral pur sang.
Pour moi, celle qu’on a surnommé à tort la dame de fer fait partie de cette race de gens qui ne se posent pas de questions existentielles sur notre sort collectif, qui ne remettent jamais en cause leur foi au dogme du régime néo-colonial fédéraliste dans lequel nous sommes coincés. Elle préfère fermer les yeux et ignorer l’histoire qui démontre la barbarie des Anglais qui ont massacré des populations et même drogué à l’opium le peuple chinois pour mieux l’ asservir. Et qui ont juré -ne l’oublions jamais- de nous faire disparaître.
Cette championne des PPP a bien servi son maître, lui servant, comme le soulignait Pauline Marois, de paratonnerre lorsque les critiques fusaient de toutes parts au sujet du déficit, de l’affaire du CHUM et de la nomination de Michael Sabia à la présidence de la Caisse de dépôt.
Comme je le soulignais hier, elle s’est contredit au sujet des options d’achat d’actions de ce même Sabia et elle y a perdu sa crédibilité.
S’il faut encoire le chroniqueur Denis Lessard, de La Presse, famille et amis de Mme Jérôme-Forget ont cassé passablement de sucre sur le dos de Sabia. Faut dire que l’ex PDG de BCE lui avait été carrément imposé par le bureau de Jean Charest et qu’elle n’a pas eu son mot à dire dans cette nomination honteuse.
Aujourd’hui qui peut encore croire qu’elle ignorait à quel point la crise financière risquait de déstabiliser les finances publiques et d’avoir des effets désastreux sur les résultats de la Caisse de dépôt, se demande Michel David dans Le Devoir.
Malgré ce concert d’éloges parlementaires, il ne faut pas oublier qui dès sa nomination au Conseil du Trésor, après le scrutin de 2003, elle s’était mis les pieds dans les plats en déclarant qu’il était risqué de boire l’eau de Montréal !
Et qui ne se souvient de son altercation avec une petite vendeuse d’une boutique de vêtements de grand luxe alors qu’elle lui avait lancé « Je suis ministre, moi » dans le but de l’intimider et d’accélérer le service. Un exemple comme celui-ci est très significatif. Il démontre que la madame se sentait imbue d’une supériorité parce que faisait partie du cercle restreint des gens de pouvoir. Ceux qui se croient tout permis parce qu’au-dessus de la mêlée de la populace…
D’ailleurs, la présidente de la Fédération des femmes du Québec, Michèle Asselin, juge que la « dame de fer » s’est montrée très peu sensible aux questions de pauvreté.
Moi, elle m’a toujours rappelé une certaine dame bigote, présidente du Parti libéral dans le quartier de mon enfance, qui faisait la pluie et le beau temps dans son entourage parce qu’elle aussi se sentait supérieure et qu’elle méprisait les moins nantis.
Non, vraiment le départ précipité de Jérôme-Forget n’est pas une grande perte pour le Québec.
Bon débarras !

PIERRE SCHNEIDER

Caricature : Renart

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Obama et l’Afghanistan: la tradition américaine?

Encore une fois, les récentes positions de l’administration Obama refroidissent l’ardeur des cercles progressistes américains. Alors que les dernières semaines nous ont fait découvrir la réaction de la Maison Blanche face aux énormes difficultés que traverse l’économie américaine et mondiale, voilà que la stratégie envers l’Afghanistan se précise, provoquant encore une fois l’éloignement de cette gauche qui n’est pas nécessairement fidèle au parti démocrate.

Beaucoup de progressistes américains ont appuyé l’équipe Obama lors des élections de l’an dernier. Non seulement voulaient-ils couper définitivement les ponts avec le style néoconservateur, un grand nombre d’américains ont cru à de nouvelles idées, une nouvelle approche, la fin d’un mauvais rêve et l’apparition de tous les espoirs. Lorsqu’Obama s’est approché du pouvoir, on avait l’impression que le programme du « Project for a New American Century » serait relégué aux oubliettes, qu’on s’en inspirerait pour écrire un film d’horreur de série B, que les américians pouvaient maintenant passer à autre chose..

Cependant, Barack Obama ne trahit pas les positions qu’il avait confirmées lors de la campagne présidentielle. Il a toujours proposé d’augmenter les effectifs militaires en Afghanistan tout en poursuivant la lutte contre les mouvements terroristes. Les grands discours philosophiques en ont impressionnés plusieurs, on a peut-être manqué l’essentiel du message…

Après avoir très modestement célébré le cinquantième anniversaire de l’OTAN, Obama n’a pas réussi à convaincre l’Europe de participer plus activement aux opérations militaires. On peut comprendre que pour un bon nombre d’Afghans, c’est une occupation américaine plus importante que jamais et ce, sous l’égide dépassée d’une force inter-continentale qui n’a plus sa raison d’être. Pour des raisons politiques et, certes, des idéologies religieuses, plusieurs d’entre eux ont lutté contre l’envahissement de l’URSS. Aujourd’hui, pour des raisons similaires, d’autres se joignent à leurs frères et leurs pères pour résister aux américains.

Obama a donc décidé d’ajouter 20,000 soldats à la force de frappe américaine. Plusieurs activistes et analystes politiques, normalement sympatiques aux idées progressistes, ont interrogé la stratégie de l’administration américaine. Sur les ondes de Democracy Now!, Noam Chosky nous rappelait que le prestigieux Foreign Affairs suggérait récemment que « les États-Unis doivent réorienter leur stratégie afin d’impliquer sérieusement l’Iran, l’Inde, la Russie et la Chine afin qu’ils participent à la mise au point d’une solution régionale. » L’article de Barnett Rubin et Ahmed Rashid soulignait également que cette solution doit prévoir un espace dans lequel les Afghans pourront discuter et s’entendre sur l’avenir de leur pays et le partage des pouvoirs.

Dans une entrevue qu’il accordait au magazine The Nation, Lakhdar Brahimi, ancien représentant de l’ONU pour l’Afghanistan et le Pakistan, précise que « …les Afghans savent très bien faire la distinction entre une force militaire amie et une force d’occupation. Au début, la Force internationale de sécurité et d’assistance (ISAF) était perçue comme une force amie; la population la soutenait et elle n’était l’objet d’aucune attaque. Mais je crois que l’OTAN, depuis 2003, ne s’est pas très bien comportée, et un nombre croissant d’Afghans la considérent aujourd’hui comme une force d’occupation. »

L’Afghanistan n’est pas un pays avec une tradition islamiste homogène ou une culture prédominante. Nous sommes loin d’un consensus au sein de la population et les forces en présence sont nombreuses. Il faudra donc trouver un équilibre entre la soif de faire la promotion de la sacro-sainte démocratie et notre inconfort devant l’impopularité de notre mode de vie occidental. Comment pouvons-nous refuser aux Afghans le choix de vivre autrement? Nous devons d’abord assurer la paix et la tranquilité au peuple afghan. Lorsque la confiance sera gagnée, nous pourrons tenter de les convaincre que la charia ne fait aucun sens. En espérant que cette tendance gagne du terrain ailleurs sur la planète.

Si Obama ne fait laisse pas entrevoir de sérieux progrès prochainement, une autre partie de la gauche américaine pourrait sombrer dans le désespoir.

Photo: Jayel Aheram – Flickr

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