J’ai bien rigolé en prenant connaissance des hommages rendus hier à l’Assemblée nationale à Mme Jérôme Forget qui venait d’annoncer qu’elle partait sur-le-champ. Bien rigolé parce que la bienséance parlementaire a fait dire à Pauline Marois qu’elle admirait cette femme controversée.
Me semble qu’elle aurait pu s’abstenir. Un petit four avec ça ?
Tout d’abord, à peine trois mois après son élection, elle quitte le navire, ce qui va forcer le gouvernement à dépenser encore des milliers de dollars pour une partielle dans Marguerite-Bourgeois, un comté libéral pur sang.
Pour moi, celle qu’on a surnommé à tort la dame de fer fait partie de cette race de gens qui ne se posent pas de questions existentielles sur notre sort collectif, qui ne remettent jamais en cause leur foi au dogme du régime néo-colonial fédéraliste dans lequel nous sommes coincés. Elle préfère fermer les yeux et ignorer l’histoire qui démontre la barbarie des Anglais qui ont massacré des populations et même drogué à l’opium le peuple chinois pour mieux l’ asservir. Et qui ont juré -ne l’oublions jamais- de nous faire disparaître.
Cette championne des PPP a bien servi son maître, lui servant, comme le soulignait Pauline Marois, de paratonnerre lorsque les critiques fusaient de toutes parts au sujet du déficit, de l’affaire du CHUM et de la nomination de Michael Sabia à la présidence de la Caisse de dépôt.
Comme je le soulignais hier, elle s’est contredit au sujet des options d’achat d’actions de ce même Sabia et elle y a perdu sa crédibilité.
S’il faut encoire le chroniqueur Denis Lessard, de La Presse, famille et amis de Mme Jérôme-Forget ont cassé passablement de sucre sur le dos de Sabia. Faut dire que l’ex PDG de BCE lui avait été carrément imposé par le bureau de Jean Charest et qu’elle n’a pas eu son mot à dire dans cette nomination honteuse.
Aujourd’hui qui peut encore croire qu’elle ignorait à quel point la crise financière risquait de déstabiliser les finances publiques et d’avoir des effets désastreux sur les résultats de la Caisse de dépôt, se demande Michel David dans Le Devoir.
Malgré ce concert d’éloges parlementaires, il ne faut pas oublier qui dès sa nomination au Conseil du Trésor, après le scrutin de 2003, elle s’était mis les pieds dans les plats en déclarant qu’il était risqué de boire l’eau de Montréal !
Et qui ne se souvient de son altercation avec une petite vendeuse d’une boutique de vêtements de grand luxe alors qu’elle lui avait lancé « Je suis ministre, moi » dans le but de l’intimider et d’accélérer le service. Un exemple comme celui-ci est très significatif. Il démontre que la madame se sentait imbue d’une supériorité parce que faisait partie du cercle restreint des gens de pouvoir. Ceux qui se croient tout permis parce qu’au-dessus de la mêlée de la populace…
D’ailleurs, la présidente de la Fédération des femmes du Québec, Michèle Asselin, juge que la « dame de fer » s’est montrée très peu sensible aux questions de pauvreté.
Moi, elle m’a toujours rappelé une certaine dame bigote, présidente du Parti libéral dans le quartier de mon enfance, qui faisait la pluie et le beau temps dans son entourage parce qu’elle aussi se sentait supérieure et qu’elle méprisait les moins nantis.
Non, vraiment le départ précipité de Jérôme-Forget n’est pas une grande perte pour le Québec.
Bon débarras !
PIERRE SCHNEIDER
Caricature : Renart