Il n’y a pas si longtemps, nous apprenions que nos maîtres d’Ottawa avaient décidé de couper 800 têtes au sein du personnel de la société d’État qu’est Radio-Canada. Nous avions trouvé que le gouvernement Harpeur fessait très fort pour sabrer dans cette culture qui est le ciment unissant le peuple québécois.
Et voilà que, non content de son opération rejoignant les souhaits de Lord Durham, l’insignifiant premier ministre de ce pays dans lequel nous sommes assujettis, en remet cette semaine en annonçant de nouvelles compressions de 56 millions de dollars supplémentaires d’ici à l’an prochain.
Ces mauvaises nouvelles, qui suscitent en moi de nombreux souvenirs des anciennes belles soirées de Radio-Canada, me font aussi réaliser à quel point cette institution a façonné l’image de tout un peuple, avant qu’on ne décide, il y a quelques années, de diluer son contenu créateur et culturel et de la transformer ni plus ni moins en une copie un tantinet plus haut de gamme que TVA.
Les plus jeunes ne le savent peut-être pas, mais ce sont les émissions produites par le réseau public qui ont contribué à déclencher une prise de conscience collective de ce que nos sommes: un peuple distinct avec une culture unique dont la télé publique se faisait le miroir.
Les Roger Lemelin, Germaine Guèvemont, Pierre Gauvreau, Victor Lévy Beaulieu, Claude Meunier (et j’en oublie des dizaines) ont été des phares lumineux dans notre société qui, il y a à peine cinquante ans, se croyait encore née pour un petit pain parce qu’elle avait conservée la mentalité d’un peuple vaincu et à genoux.
Et que dire des ces « Beaux dimanches » qui ont bercé une bonne partie de ma vie et contribué à me faire aimer l’art dans ce qu’il a de plus sublime, tant par ses pièces d théâtre d’auteurs d’ici et d’ailleurs, que par ses opéras, ses concerts, enfin tout ce qui pouvait contribuer à nous élever.
Les Québécois ont commencé à s’intéresser d’une façon intelligente à la politique grâce au Point de Mire de René Lévesque, à la science grâce au talent de vulgarisateur de Fernand Séguin. Ce sont ces choses-là qui ont permis de nous déniaiser et de nous reconnaître tels que nous sommes et tels que nous voulons devenir.
Mais voilà que sous prétexte économique, on veut continuer à décapiter cette institution nationale qui, de toute façon, n’est plus que l’ombre de ce qu’elle fut car on y présente maintenant des pitreries, des plogues et des shows de complaisance au nom d’une certaine rentabilité. Les bonnes émissions d’intérêt public (car il en reste quelques-unes) sont présentées à des heures où presque personne ne regarde le petit écran. Elle ne servent que de caution morale à une entreprise de démolition systématique des valeurs québécoises.
Une télé publique de qualité devrait avoir un mandat culturel et ses dépenses devraient être entièrement défrayées par notre trésor collectif. S’il sont capables de trouver des milliards et des milliards pour faire couler du béton au profit des mafias de la construction, me semble qu’ils pourraient bien nous redonner ce qui nous appartient, i.e. notre dignité et notre droit à la culture.
Mais, pensez-y bien tout en gardant à l’esprit que Stephen Harper est un politicien diabolique:
Quoi de mieux que de trancher la tête de Radio-Canada pour contribuer à exterminer notre peuple et à réaliser le rêve de tout Canadian: un pays uni et anglophone d’une mare à l’autre.
PIERRE SCHNEIDER
L’objectif de Stephen Harper est clair: la privatisation de Radio-Canada. Plusieurs groupes de la droite économique l’exigent depuis plusieurs années. Ça fait partie des exigences de la Citizen Coalition, autrefois dirigée par Stephen Harper, de retirer les fonds publics de la SRC-CBC et de la « vendre » à des intérêts privés.
Cette idéologie de retirer l’intervention de l’état de la plupart des champs d’activités où le « privé fait évidemment beaucoup mieux », fait également partie des dernières propositions du cycle de Doha de l’organisation Mondiale du Commerce. On demande aux gouvernements de se retirer des domaines où il y a compétition avec l’entreprise privée. La télévision fait partie de ces propositions de l’OMC.
De plus, les conservateurs, réformistes et alliancistes de tout accabit croient dur comme fer que la SRC-CBC est contrôlée par les « gauchistes » du Parti Libéral.
Nous devrions tourner le dos à la SRC et investir NOS fonds publics dans NOTRE télévision: Télé-Québec. Jean Charest n’aurait jamais le courage de permettre au Québec de se doter d’une véritable télévision publique. Pourtant, sans dépenser une fortune, TQ pourrait développer un service de l’information qui couvrirait les régions du Québec tout en permettant de présenter des émissions de qualité et en valorisant les spécificités de notre pays, le Québec.
J’ai oublié ce petit extrait de l’agenda politique de la National Citizen Coalition:
« Canadians need to push for a democratically elected senate, a strong military, a privatized CBC and more direct democracy…. »
source: http://nationalcitizens.ca/cgi-bin/oms.cgi?rm=show_product&pid=2
lutopium,
Vous lisez dans mes pensées ! Imaginez des bulletins de nouvelles reflétant les priorités des Québécois et Québécoises. Vivement un service des nouvelles à Télé-Québec.
Je vous invite à visiter le site du Mouvement Radio-Québec (http://www.radio-quebec.org/) qui prône la création d’une radio publique québécoise. Malheureusement, il n’est pas question d’un service des nouvelles.
Est-ce que CBC a aussi eu des coupures?
Si Péladeau achète le canadien, radio-can deviendra une MRC……..en communication……………………………………….