Archives mensuelles : juin 2009

Israel pratique l’apartheid et le colonialisme: Étude sud-africaine

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Le Conseil pour la Recherches en Sciences Humaines (HSRC) d’Afrique du Sud a publié un rapport confirmant qu’Israël pratique le colonialisme et l’apartheid dans les territoires palestiniens occupés.

Le HSRC a commandé une étude à une équipe internationale d’universitaires et praticiens de droit international de l’Afrique du Sud, d’Israël, de l’Angleterre et de la Cisjordanie. Le rapport de 300 pages résultant intitulé « Occupation, Colonialisme, Apartheid? : Une réévaluation des pratiques d’Israël dans les territoires palestiniens occupés sous la loi internationale », représente un travail de recherche de 15 mois et constitue une revue exhaustive des pratiques d’Israël dans les territoires palestiniens occupés selon les définitions du colonialisme et d’apartheid tel que défini par la loi internationale.

La directrice du projet, Dr. Virginia Tilley, explique en citant le rapport que les trois piliers de l’apartheid sud-africain sont tous pratiqués par Israël. En Afrique du Sud, le premier pilier était de démarquer la population du pays en différents groupes raciaux et d’accorder des droits supérieurs, privilèges et services au groupe racial blanc. Le second pilier était d’opérer une ségrégation de la population en différents endroits géographiques qui étaient alloués par la loi à différents groupes raciaux et de restreindre le passage de membres de n’importe quel groupe vers d’autres endroits alloués à d’autres groupes. Le troisième pilier est la « matrice de lois et de politiques de « sécurité » draconiennes qui était employée pour réprimer quelconque opposition au régime en place et pour renforcer le système de domination raciale en fournissant des outils de détention administrative, torture, censure, d’interdictions et assassinats. »

Le rapport conclu que les pratiques d’Israël dans les territoires palestiniens occupés démontrent ces trois mêmes « piliers » d’apartheid:

Le premier pilier dérive des lois et politiques israéliennes qui établissent une identité Juive dans le but d’établir légalement un statut juridique préférentiel et matériel aux Juifs plutôt qu’aux non-Juifs.

Le deuxième pilier se reflète dans la grande politique d’Israël de fragmenter les territoires palestiniens occupés pour s’assurer que les Palestiniens soient confinés à des réserves désignées pour eux alors que les Juifs israéliens sont interdits d’y pénétrer, mais pouvant tout de même être libres de mouvement à travers le reste des territoires palestiniens. Cette politique est mise en évidence par les larges appropriations de terres palestiniennes qui continuent de faire diminuer l’espace disponibles pour les Palestiniens; des points de fermetures hermétiques et l’isolation de la bande de Gaza du reste des territoires occupés; de la coupure et détachement délibéré de Jérusalem-Est du reste de la Cisjordanie; et du morcèlement du territoire palestiniens en de petites enclaves assiégées et non-contigües pour les Palestiniens, ressemblant à un archipel d’iles déconnectées.

Le troisième pilier est « l’invocation de prétexte de la sécurité de la part d’Israël pour valider des restrictions sur la liberté d’opinions, d’expression, de réunion et de mouvement des Palestiniens pour masquer l’intention sous-jacente de réprimer la dissidence envers son système de domination et ainsi, maintenir le contrôle sur les Palestiniens comme groupe. »

Et personne ne connait les conditions d’apartheid mieux que l’Afrique du Sud.

Téléchargez le rapport [PDF – 3 MB]

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Classé dans Actualité, François Marginean

Le dernier message de Mikaeel Jackson

Michael Jackson es mort. Arrêt cardiaque à 50 ans. Ah, les artistes, avec la vie qu’ils mènent… La famille n’en demande pas moins une deuxième autopsie. La police n’en interroge pas moins longuement son médecin… C’est que l’on parle d’un homme important. Un homme d »influence.

Il avait annoncé pour cet été la plus spectaculaire tournée de concerts de tous les temps. À prendre avec réserve, car on est en show business et donc loin de la modestie, mais ce n’est quant même pas un débutant qui le dit : c’est l’homme qui a vendu 750 millions de disques en carrière, dont 100 millions pour Thriller seulement. Le bestselle de l’histoire de la musique. Le recordman absolu, devant Elvis, devant les Beatles… On peut croire que sa performance aurait fait jaser…

Beaucoup jaser, car le curieux phénomène de la célébrité qui obnubile tout discernement jouait à plein pour cet homme qu’on avait accusé, mais non condamné et qui, pour des millions de gens aux USA et ailleurs, était resté un modèle. Pour eux, quoi qu’il arrive, ce qu’il faisait était bien, ce qu’il disait était vérité. La musique de Michael Jackson leur manquera, mais aussi quelque message qu’il aurait pu livrer et dont sa mort les aura privés.

Un message ? Quelqu’un peut-il penser que Michael Jackson ait eu quoi que ce soit de transcendant à nous dire ? Eh bien oui, justement. Les videos qui ont filtré de la préparation intensive de son prochain spectacle – dont celui ci par exemple – pointent dans une direction inusitée : la foi. Il semble que Michael, devenu Mikaeel – voulait nous parler de sa conversion à l’Islam. De quoi faire vraiment jaser…

Ce n’est pas la première fois qu’il est question de sa conversion à l’Islam – son frère est déjà musulman et la rumeur en a couru souvent – mais le dire est une chose et le faire une autre. Or, il semble bien que cette fois ait été la bonne. Il aurait prononcé la shahada – le formelle profession de foi à l’Islam – à los Angeles, le 21 novembre dernier. Un engagement irrévocable. Du sérieux car, abjurer l’Islam est punissable de mort.

En quoi sa religion peut-elle pous intéresser ? Pourquoi Mikaeel Jackson devenu musulman est –il plus significatif que Tom Cruise scientologue ou que la conversion jadis de Cassius Clay en Mohammed Ali ? C’est que Tom Cruise peut mettre quelques admiratrices en chaleur, mais ne met pas 50 000 personnes en transe. Une foule qui ovationne un chanteur qui a trouvé la foi en l’islam est dangereusement proche d’AIMER l’Islam.

Dans les circonstances actuelles, avec cette guerre au terrorisme à laquelle on a collé l’image barbue de bin Laden, aimer l’Islam, aux USA, n’est plus l’acceptation tranquille d’une religion comme les autres, même si toute la propagande politiquement correcte voudrait bien le faire croire. C’est – en se reconciliant avec l’image qu’on a associée sans discernement au fanatisme islamique militant – s’inscrire en faux contre toute la vision patriotique qu’on a voulue instiller dans la psyché américaine.

C’est réduire à néant des années d’effort et on ne sait même pas quels transferts pourraient être possibles, dans certaines catégories socioethniques, d’un fanatisme fondamentalisme chrétien qui ne pèche pas par excès de reflexion vers un Islam tout aussi radical

Il aurait été malencontreux que Mikaeel Jackson, surtout converti en un parangon de vertu, vienne semer le doute dans les esprits simples. Sa mort a évité ce problème. Personne n’a accusé personne, mais on verra les circonstances de sa mort d’un peu plus près avant que quelqu’un ne s’avise de s’étonner qu’un homme en parfaite sante en mai – car les commanditaires ne financent pas un tel projet de 50 concerts sans s’être assurés de la condition physique de celui sur qui tout repose – soit mort si brusquement en juin alors qu’il allait dire des bêtises.

Pierre JC Allard

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Classé dans Actualité, Pierre JC Allard

SIDA de civilisation – les arts (2 de 4)

Yan Barcelo

 La dénonciation que j’ai fait de la musique contemporaine dans une chronique précédente vaut pour les autres arts, chacun ayant ses conditions particulières. La peinture, par exemple, est définitivement un art d’élite financière et les produits d’un Pollock ou d’un Riopelle n’auraient sans doute pas atteint à quelque notoriété que ce soit si les prix qui s’y rattachent n’étaient gonflés par tout un système de surenchère financière.

Il faut longtemps chercher une quelconque rationalité artistique pour expliquer qu’un barbouillage automatiste de Jackson Pollock (celui qui « peignait » en déversant sur une toile des gallons de peinture) s’est vendu il y a environ deux ans pour la modique somme de 147 millions $US, le plus haut prix jamais payé jusque-là pour une peinture.

Au début du XXe siècle a prévalu un étrange phénomène : les artistes ont quitté le domaine de l’expérience commune pour se réfugier soit dans la provocation de tout ce qui est petit-bourgeois, soit dans un formalisme excessif, souvent dans les deux. Chacun s’est tout-à-coup senti obligé d’inventer son idiome exclusif en réinventant à son goût le vocabulaire, la grammaire et la syntaxe de son langage artistique particulier. En fait, si vous me permettez un jeu de mots, il devenait plus juste de parler désormais d’écoles autistiques que d’écoles artistiques.

En danse, les chorégraphes et leurs musiciens se sont occupés de choses qui ont l’air de moins en moins d’une danse, de plus en plus d’une série de convulsions plus ou moins organisées. Je me rappelle le manifeste d’un certain Jean-Pierre Perreault, que certains critiques saluaient comme un génie de la danse, où celui-ci disait qu’il ne se vouait plus qu’au geste de la marionnette, au mouvement cassé, brisé, déchu. Exactement le contraire de l’impulsion la plus élémentaire de la danse, qui procède de la joie, de l’exultation, de la tentative d’exprimer l’esprit libéré de la chair.

En littérature, on a eu droit aux élucubrations surréalistes, aux divagations automatistes et aux vagues à l’âme du nouveau roman. Toutefois, il faut bien souligner que la littérature est le seul art qui ait échappé dans une grande mesure aux constructions cérébrales, aléatoires, égocentriques et désincarnées de la modernité. On connaît de grands auteurs du XXe siècle dont la renommée et la stature se comparent avantageusement aux plus grands de la tradition classique. Dans le monde francophone, par exemple, on peut penser à Jean d’Ormesson et Maurice Druon, plus récemment à Éric-Emmanuel Schmitt; dans le monde anglophone, à John Fowles et Rohinton Mistry.

Il y a une raison fondamentale pour laquelle la littérature s’en tire ainsi : les auteurs, s’ils espèrent se faire comprendre du public, n’ont pas le choix d’avoir recours au langage commun. Dans tous les autres arts, on a cru pouvoir réduire la matière artistique à sa plus simple expression. Dans la musique on n’a plus fait de la musique, mais du son. En peinture, on n’a plus fait des objets ou des sujets de la nature, mais des formes et des couleurs; aujourd’hui, on en est rendu à faire des « installations ». En danse, on ne met plus en scène des humains et leur expression émotionnelle, mais des corps et leurs convulsions.

Ce qu’ont tenté de faire tous les autres arts est la même chose que ce que les auteurs les plus autistiques ont fait en littérature : on a pris les support de chaque art – mot, son, couleur, forme –  et on en a fait l’unique objet de considération. C’est ainsi qu’en littérature, on a vu certains marginaux asséner leurs lecteurs et auditeurs d’interminables onomatopées éviscérées de tout sens, et appeler ça de la poésie, du théâtre ou du roman. Évidemment, la supercherie ne peut pas fonctionner longtemps. Ça peut être amusant et même divertissant un soir – mais pas deux. La littérature, pour continuer de vivre, n’a pas eu le choix que de s’en tenir au langage commun et son discours du sens. Mais dans les autres arts, voici cent ans que la supercherie perdure.

Il est incroyable qu’en temps qu’auditeur et payeur de taxes on se soit laissé endormir et hypnotiser si longtemps par les délires subjectifs d’une bande d’adolescents turbulents, capricieux et intempestifs.

(Note aux lecteurs de cette chronique : je serai absent pour la prochaine semaine et ne pourrai répondre avant le 4 juillet aux commentaires de ceux qui voudront bien en faire. Je vous remercie de votre intérêt. – Yan Barcelo)

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Classé dans Actualité, Yan Barcelo

Les debats sur la prostitution et la confusion des genres!

Êtes-vous pour ou contre la légalisation de la prostitution?

Raymond Viger Dossier Prostitution

Que ce soit Marie-France Bazzo sur Télé-Québec à l’émission Il va y avoir du sport ou encore Denis Lévesque à TVA, les médias nous ont régulièrement servi ce débat un peu réducteur.

Richard Martineau et Stella

On appelle le Franc-tireur Richard Martineau et on l’associe avec l’organisme Stella pour former le clan des Pour la légalisation de la prostitution. Pour leur faire face, le clan des Contre la légalisation de la prostitution, on retrouve des chercheurs abolitionnistes tels que Yolande Geadah ou encore Richard Poulin, membre de la coalition des luttes contre l’exploitation sexuelle (CLÉS).

Un drôle de débat. D’un côté on se limite à deux positions extrêmes: pour ou contre la légalisation de la prostitution. Pourtant il y existe la décriminalisation de la prostitution. Mais on n’en parle pas. Du côté de Stella, on veut une décriminalisation complète de la prostitution: la personne qui se prostitue, le client, le proxénète, la maison de débauche et toutes les activités reliées à la prostitution. Du côté de la Coalition, leur position est une décriminalisation de la personne qui se prostitue sans décriminaliser le restant de cette industrie.

Confusion des genres

Pouvez-vous m’expliquer comment se fait-il que Stella, qui est contre la légalisation de la prostitution se retrouve aux côtés de Richard Martineau dans le clan des pour la légalisation? Malgré que Stella et la Coalition ont des finalités très différentes, les deux groupes ont deux points énormes en commun: ils sont premièrement contre la légalisation de la prostitution et, deuxièmement, ils sont en faveur de la décriminalisation de la personne qui se prostitue. Au lieu d’avoir un début de chicane, on a ici un bon début de discussion et de partenariat.

Oui! Vous avez bien lu. Un début de partenariat pour deux organismes diamétralement opposé. Parce que les politiciens se sont questionnés à plusieurs reprises pour faire passer une loi pour légaliser la prostitution. En unissant leur message, en montrant leurs points communs et ensuite de montrer leurs différences, ils ont plus de chance de faire du millage ensemble qu’à se tirer des tomates dans un faux débat créé par les journalistes.

Responsabilité des médias

Les médias ont mis ces deux groupes en opposition. Est-ce que les médias ont mal agit en présentant le débat sous cet angle? Non! Ce sont les deux groupes militants qui ont mal répondus. Ils auraient dû clairement donner leur position contre la légalisation. Et ça, ils ne l’ont pas fait, créant une confusion pour plusieurs.

Les médias ont présenté le débat sous l’angle qui est connu par le public. Le public ne connaît pas nécessairement toutes les subtilités des différences entre légalisation et décriminalisation. Même dans les groupes militants, pour en avoir rencontré plusieurs, certains membres ne comprennent pas eux-mêmes toutes ces nuances et les subtilités entre criminaliser ou décriminaliser la prostitution! Il est donc normal et acceptable que les journalistes nous présentent ce que le public reconnaît. Mais ce sont aux groupes militants de prendre ces occasions pour éduquer et informer le public.

Parce qu’il y a des conséquences et des impacts majeurs à vouloir légaliser la prostitution. Une chose est certaine, même si le message communautaire a souvent été confus sur le sujet, les principaux intéressés sont cependant unanimes: contre la légalisation de la prostitution!

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Classé dans Actualité, Raymond Viger

Le pouvoir de manipuler le marché

Jean Gagnon Dossier Actualité économique

Les employés du courtier américain Goldman Sachs pourrait recevoir cette année les plus gros bonis jamais versés depuis que la firme existe, soit depuis 140 ans. En effet, selon un article du Guardian de Londres, des employés de la filiale londonienne du courtier ont été informés par les dirigeants que la firme était en passe de réaliser des profits records pour l’année 2009, et que les bonis seront distribués en conséquence.

C’est à n’y rien comprendre, ne croyez-vous pas ? Le système financier n’était-il pas en déroute totale il y a à peine 6 mois ? Et l’économie mondiale ne traverse-t-elle actuellement sa pire récession depuis la grande dépression des années 30 ?

Pour tenter d’y voir plus clair, faisons d’abord un petit rappel des événements. Jusqu’à l’an dernier, il existait 5 grands courtiers américains indépendants. Deux ont disparu en 2008 au milieu de la crise financière, soit Bear Sterns qui a été absorbé par JP Morgan, et Lehman Brothers dont la faillite a déclenché la chute dramatique des marchés boursiers. Un troisième, Merrill Lynch, a été vendu à Bank of America. Ne reste plus que Goldman Sachs et Morgan Stanley.

Goldman Sachs a également connu sa part de difficultés en 2008. Entre janvier et décembre, le cours de son action est passé de plus de 200 $ à 50 $. Mais la firme a reçu des appuis importants. Elle a eu droit à un prêt de 10 milliards du gouvernement américain dans la cadre du TARP, ce programme de 700 milliards dont le but est de sauver le système financier. Ironiquement, ce programme a d’abord été imaginé par Henry Paulson, le secrétaire au Trésor sous l’administration de Georges W. Bush. Avant d’être recruté par le président Bush, Henry Paulson occupait le poste de président de Goldman Sachs.

Le légendaire investisseur Warren Buffet avait, semble-t-il, senti que le vent allait tourner chez Goldman Sachs. En janvier 2009, il a investi 5 milliards dans la firme. Son flair de l’a pas trompé. L’action du courtier se négocie aujourd’hui à 140 $.

Goldman Sachs veut aujourd’hui rembourser le plus rapidement possible le gouvernement. On comprend pourquoi. Le président Obama a assuré les payeurs de taxe américains qu’il limiterait les salaires et les bonis payés chez les courtiers et les banques qui profitent de prêts du gouvernement. Les dirigeants de Goldman Sachs veulent éviter à tout prix d’être soumis à un tel contrôle.

Comment faire autant d’argent

Mais comment Goldman Sachs peut-elle faire tant de profits aujourd’hui ? C’est simple. Le courtier profite justement des malheurs du système financier qu’il a aidé à créer et de la volonté des gouvernements de sauver ce système à tout prix.

Goldman Sachs est un spécialiste des obligations. La firme prévoit que le gouvernement américain émettra pour plus de 3000 milliards de dollars d’obligations d’ici le mois septembre pour financer le gigantesque déficit qu’entraînent les nombreux programmes de relance économique et d’aide aux entreprises. C’est quatre fois plus que l’an dernier. Goldman Sachs va réaliser des centaines de millions de dollars de profits en vendant ces obligations, surtout que la concurrence est beaucoup moins grande compte tenu de la disparition des autres courtiers qui n’ont pas survécu à la crise. Les gens de Goldman Sachs jouissent aujourd’hui d’un contrôle presqu’entier du marché des obligations.

Le pouvoir de manipuler un marché est sûrement un des plus grands atouts que peut posséder une entreprise. C’est vrai de tous les secteurs, surtout celui de la finance.

Laissez-moi vous raconter une petite anecdote. Et je vous assure qu’elle est vraie, car j’y étais.

Le 19 octobre 1987, vous vous souvenez ? Le monde fut ébranlé par un krach boursier. L’indice Dow Jones de la bourse de New York a perdu 22 % ce jour-là. Les chutes ont été dramatiques sur toutes les bourses à travers le monde, y compris au Canada. La panique s’était installée partout.

À 4:30 PM ce jour-là, Raymond Desormeaux, président de McNeil Mantha, un courtier québécois qui était à cette époque le plus gros négociateur et mainteneur de marchés sur les options à la Bourse de Montréal, admettait à un petit groupe d’employés dont je faisais partie que la firme avait perdu beaucoup d’argent durant la journée. J’ai appris plus tard que les pertes pour cette seule journée avaient totalisé 2 millions. C’était gigantesque compte tenu que la capitalisation de la firme à l’époque était d’environ 20 millions. C’était 10 % de la firme qui venait de s’envoler en fumée. À ce rythme, nous n’allions pas survivre la semaine.

La panique profitent aux gens du milieu

Curieusement, Raymond Desormeaux ne semblait pas en proie à la panique. Il nous rassura en disant que les choses iraient mieux demain.

L’internet n’existait pas à l’époque. L’information circulait beaucoup moins vite. Bien des gens n’apprirent la nouvelle du krach qu’aux bulletins de nouvelles en soirée à la télévision. Avec le recul du temps, il est clair qu’il comprenait ce qui allait arriver. Que ces gens moins bien informés allaient paniquer le lendemain matin et que McNeil Mantha pourrait en tirer profit.

Et c’est ce qui arriva. Avant même l’ouverture de la séance de négociations le 20 octobre, les places boursières étaient inondées d’ordres de ventes. Les mainteneurs de marchés à l’emploi de McNeil Mantha avaient la responsabilité d’établir le cours d’ouverture des actions et des options en fonction de l’offre et de la demande. Ce matin-là, ils eurent tout le loisir d’établir ces cours à des niveaux très bas, car il n’y avait que des vendeurs, les seuls acheteurs potentiels étant eux-mêmes. Les marchés ouvrirent donc à des cours très dépréciés, et les mainteneurs de marchés sur le parquet achetèrent tout. Une heure plus tard, tous les ordres de ventes ayant été absorbés, les marchés se sont remis à monter, permettant à ces mêmes mainteneurs de marchés de récupérer une bonne partie de leurs pertes de la veille.

20 ans plus tard, sur une échelle de grandeur sans comparaison avec cette anecdote, il semble qu’il soit toujours possible de manipuler un marché, et que maintenant, les profits que l’on en retire soient gigantesques. Les gens de Goldman Sachs l’ont très bien compris. Warren Buffet aussi.

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Classé dans Actualité, économie, Jean Gagnon

Connaissance et compétence: comment ouvrir un pot de confitures

Source: ImageShack

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L’ÉDUCATION

Quand elle ne génère pas de pouvoir
pour celui qui s’éduque, elle n’est rien
d’autre que du colonialisme intellectuel
et technique.

Marcel D’Amboise, Conseiller pédagogique

( Entre l’arbre et l’écorce, 1988)


Toute l’existence est un long processus d’apprentissage : ce qui signifie apprendre. Apprendre veut dire  également répéter, rater, répéter, recommencer. On n’y échappe pas.

C’est comme apprendre à jouer d’un instrument de musique, ou le tricot  : il faut des connaissances pour finir par avoir une certaine compétence.

Mais là, on ne sait pas trop ce qu’est une compétence, surtout après avoir passé   par le galimatias (Discours confus qui semble dire quelque chose, mais ne signifie rien)  des «pédagocrates»  qui se gargarisent la matière grise avec une solution  qui frise la chimie des mots. Une chimie nucléaire…

Avant d’aller au pot de confitures, nous allons essayer de comprendre comment on peut devenir capable d’en ouvrir un en suivant le mode d’emploi des  Nerds enfermés dans des nombrils de bétons qui prétendent savoir  comment  fonctionne un mode d’apprentissage. Et ils le savent…

Quant à l’application sur le plan pratique, c’est une autre paire de lobes…

Qu’est-ce qu’une compétence ?

Voici ne réponse:

La compétence est le potentiel d’action d’une personne (savoir-agir); l’action dont il est question ici concerne l’accomplissement de tâches complexes (résolution de problèmes, prise de décision, réalisation de projets) en mobilisant les ressources appropriées (savoirs disciplinaires et stratégies) dans différentes situations. Qu’est-ce qu’une compétence?

Pas mal…

Une compétence est complète et insécable

Il n’existe pas telle chose qu’une partie de compétence ou 50% de compétence. Une compétence doit permettre de gérer complètement une situation, sinon ce n’est pas une compétence, mais une ressource ou une simple dimension de la compétence. Un pilote compétent doit savoir décoller, naviguer et atterrir. S’il sait seulement décoller, il n’est pas au tiers compétent: il ne l’est pas du tout! Voilà pourquoi le développement de compétences ne peut pas s’effectuer de façon segmentée ou séquentielle, mais doit se faire de façon concentrique. Un pilote minimalement compétent saura décoller, naviguer et atterrir, sur un petit avion, par beau temps, avec un instructeur et en vol à vue. Un pilote plus compétent saura décoller, naviguer et atterrir sur un Boeing, de nuit et aux instruments. . Qu’est-ce qu’une compétence?

Il me semble que c’est clair… Si vous voulez prendre l’avion avec comme pilote un capitaine de navire marchand,  vous risquez gros.

La triste histoire des noyés qui s’étaient trop gargarisés

On peut bien établir une séquence, même dans un vocabulaire et des formules abstraites, ça ne ramène pas le cochon dépecé en vie.

Et plus on se gargarise de cette eau, plus on s’étouffe.

Le fondement théorique de cette «réforme» est illusoire puisqu’elle sous-entend que déchiqueter savamment l’apprentissage, permettra de refaire le chemin inverse grâce aux séquences découvertes.

Tout ça existait avant. Les nommer, c’est bien. Sauf que dans la pratique, on demande aux gens qui enseignent de recoller les morceaux en suivant bien le tracé d’un apprentissage.

D’où le sermon suivant…

En effet, à la suite de la réalisation en équipe d’une activité éducative orientante dans une école, ces partenaires mentionnent qu’ils ont eu l’opportunité d’actualiser et d’approfondir leur champ disciplinaire, en plus de réinvestir leurs connaissances respectives. De même, ils disent avoir été en mesure d’acquérir plusieurs compétences transversales (ex. : Exploiter l’information – consulter différentes sources pour obtenir les bonnes informations ; Résoudre des problèmes – trouver des stratégies d’adaptation pour s’ajuster aux imprévus, pour gérer les horaires, les rencontres entre les membres de l’équipe, les divergences d’opinions ; Exercer son jugement critique – questionner les liens entre la théorie et la pratique, discriminer les informations pertinentes à transmettre ; Mettre en œuvre sa pensée créatrice – trouver des idées différentes et originales pour l’activité et le matériel à bâtir ; Se donner des méthodes de travail efficaces – établir un plan structuré de travail, répartir les tâches de travail, planifier et organiser son temps, respecter les délais ; Exploiter les technologies de l’information et de la communication – faire des recherches sur Internet, communiquer par courriel, produire une présentation PowerPoint ; Actualiser son potentiel – mettre à profit ses ressources personnelles, prendre conscience de ses forces et de ses faiblesses, s’affirmer ; Coopérer – apprendre à travailler en équipe, à partager des tâches, à échanger des points de vue, à faire confiance, à faire des compromis ; Communiquer de façon appropriée – faire part de ses idées et discuter ; faire preuve de respect et d’écoute ; se familiariser avec un nouveau vocabulaire, animer l’activité en classe). Cahiers pédagogiques

Quoi de neuf? Quelqu’un peut me le dire. Tout le monde fait ça, ou presque, à l’école, depuis des décennies.

Et avec des moyens bien plus simples.

Si vous cherchez des renseignements sur la réforme, allez sur le site de Stoppons la réforme. Bonne chance pour y trouver la clef qui simplifiera vos recherches! On a tellement écrit sur le sujet que vous en avez pour passer de longues soirées d’hiver.

Le plus étrange,  dans ces démarches vers le «savoir-être» ou «savoir-faire», c’est que les gens de la réforme – en lutte avec le personnel enseignant – ne passeraient pas l’examen. En fait, ils ne savent pas mettre en œuvre la moitié du paragraphe ci-haut mentionné.

Comme apprendre à faire des compromis… Faire preuve de respect, etc. Alors, tout le corps clérical des «exécutants» de la réforme, est devenu  une chapelle de missionnaires-dictateurs, par «devoir».

La règle : convertir. Les pauvres enseignants  ne comprennent pas… Comme disait un certain Dypréau : « La vérité que l’on retrouve dans le vin redevient mensonge dans l’eau claire ».

Ce que vous allez lire plus bas semble avoir été trempé dans une solution qui est devenue… un problème.

Définition des compétences

Pour lire sans trop s’ennuyer les définitions qui suivent, imaginez Peter McCleod ou Dieudonné en train de vous réciter ces virtuosités :

« La compétence n’est pas un état ou une connaissance… des personnes qui sont en possession de connaissances ou de capacités ne savent pas les mobiliser de façon pertinente et au moment opportun… L’actualisation de ce que l’on sait dans un contexte singulier… est révélatrice du passage à la compétence. Celle-ci se réalise dans l’action. Elle ne lui préexiste pas… Il n’y a de compétence que de compétence en acte  » (Le Boterf, 1994).

La compétence est « capacité d’agir efficacement dans un type défini de situation, capacité qui s’appuie sur des connaissances, mais ne s’y réduit pas  » (Perrenoud, 1997).

« Une compétence est une capacité d’action efficace face à une famille de situations, qu’on arrive à maîtriser parce qu’on dispose à la fois des connaissances nécessaires et de la capacité de les mobiliser à bon escient, en temps opportun, pour identifier et résoudre de vrais problèmes » (Perrenoud, 1999).

« Il y a toujours des connaissances  » sous  » une compétence, mais elles ne suffisent pas. Une compétence est quelque chose que l’on sait faire. Mais ce n’est pas un simple savoir-faire, un » savoir-y-faire « , une habileté. C’est une capacité stratégique, indispensable dans les situations complexes. La compétence ne se réduit jamais à des connaissances procédurales codifiées et apprises comme des règles, même si elle s’en sert lorsque c’est pertinent. Juger dela pertinence de la règle fait partie de la compétence » (Perrenoud, 1999).

« La compétence se distingue du savoir-faire, aptitude à agir, et du savoir pur, aptitude à comprendre, en ce qu’elle est une aptitude à juger » (Reboul, 1980)

« La compétence ne va pas sans savoirs et savoir-faire. Mais elle les dépasse par le fait même qu’elle les intègre » (Reboul, 1980).

« La compétence de l’expert en tableaux n’est pas une somme de savoirs sur l’histoire de la peinture, mais l’aptitude à appliquer ces savoirs à des œuvres inconnues pour décider si elles sont authentiques ou non; si le verdict de l’expert était totalement prévisible, on n’aurait pas besoin de lui » (Reboul, 1980).

« La compétence est un ensemble structuré et cohérent de ressources, qui permet d’être efficace dans un domaine social d’activité » (Delignières et Garsault, 1993).

« Un ensemble hiérarchisé de savoirs, de savoir-faire, de conduites-types, de procédures standards, de types de raisonnement que l’on peut mettre en oeuvre sans apprentissage nouveau » (De Montmollin, 1984)

« La compétence est un savoir agir reconnu. SAVOIR: des connaissances intellectuelles, des représentations. AGIR: des capacités à mettre en oeuvre. RECONNU: socialisé, validé, inséré dans un exercice, un lieu » (Le Boterf, 1999) .

« On reconnaîtra qu’une personne sait agir avec compétence si elle sait combiner et mobiliser un ensemble de ressources pertinentes (connaissances, savoir-faire, qualités, réseaux de ressources…), pour réaliser, dans un contexte particulier, des activités professionnelles selon certaines modalités d’exercice (critères d’orientation), afin de produire des résultats (services, produits), satisfaisant à certains critères de performance pour un client ou un destinataire » (Le Boterf, 1999) .

Typologie des ressources (Le Boterf, 1999) François Muller

Bon ! Avez-vous assez bu ? Rendu à ce stade d’épandage de mots, c’est devenu une nouvelle forme de pollution. Vite ! au thé vert !

Au moins, on dirait qu’il en est qui savent faire des résumés avec des copier-coller. Faites bouillir tout ça dans une marmite et faites vous une décoction…

On s’amuse énormément depuis dix ans. Le coût de ces pontifes de la matière grise  qui savent tricoter des bas à l’envers pour ensuite placer le client à l’envers pour que tout soit à l’endroit,  doit être énorme.

Dix ans de fonctionnariat. Dix ans à faire vivre des élucubrés,  plus les rejetons simiesques, applicatifs de la «réforme»… Sans compter les dommages collatéraux faits aux enseignants qui quittent la fonction, et les plus jeunes qui restent quelques années et changent de «branche»… Et les élèves qui ne savent même plus la signification du mot «apprendre»

Quant aux «hauts-gradés», ces avaleurs de sirop d’esprit épais, qui beurrent leurs ego avec des idées aussi frelatées, eux, ne mangent pas de sandwiches croûtées.

Il en est passé des truites sous les ponts, depuis. Je ne connais pas  les coûts de ces exercices, de ces coups d’épée dans l’eau, pour une bande de narcisses les yeux rivés aux théories de pédagogues clinquants. Dans la pratique,  c’est du caca… Mais on aime bien le caviar… On n’est pas loin du trou…

Et six ministres, plus un possible remaniement qui nous mènerait à sept. Comme les chakras. Ce qui signifie «roue» ou disque de métal symbolisant le pouvoir.

Comme le dit le monsieur aux départs de F1 : «On roule à Gilles-Villeneuve». On roule sur un bolide qui perd ses roues à tous les deux ans.

Le pot de confitures … Doc! Doc! Doc! Ouvrez…

Tout le monde dans sa vie a éprouvé des difficultés à ouvrir un pot de confitures.

Il vous faut alors développer des compétences transversales, qui sont le mélange du savoir-faire et du savoir-être. Les connaissances et compétences transversales

Même avec un doctorat en pédagogie, on arrive parfois difficilement à acquérir la compétence d’ouvrir un pot de confitures.

Il faut d’abord savoir qu’il faut le dévisser à l’envers du mouvement des aiguilles d’une montre.

Le docteur essaie. Une, deux, trois fois. Il finit par remettre sa virilité en cause : manque de force.

Il sacre comme un bûcheron… Mais en docteur… Ou en latin de l’Abitibi.

Il n’a pas de savoir faire, parce que sa maman ne lui a pas appris que le sucre à la température de la pièce, une fois remis dans le frigo…fige.

Le doc fige. Il devient rouge comme les fraises dans le pot.

Sa conjointe rit de lui.

– Arrête de rire, tu m’écrases…

Alors, il l’engueule. C’est qu’il n’a pas non plus saisi qu’il est en train de développer son savoir-être. Si le doc avait développé un tantinet l’autodérision, il en rirait aussi.

À bout de nerf, il a envie de le  câ…ser à la poubelle. Encore un trou dans son savoir-être : le cultivé n’a pas cultivé ni sa patience ni son humilité. Il en sait trop… Mais il ne sait pas comment réagir devant la situation.

Il ignore que pour ouvrir le pot, il lui faut ramener la température du contenant à la chaleur de la pièce. Et plus encore s’il veut le faire avant de rater le déjeuner.

La dame, coquette et rieuse, voire sarcastique, lui donne le mode d’emploi prescrit par le ministère de l’Éducation… Qu’il a lui-même écrit….

–  Alors, comment on fait?

–  Tu passes le pot sous le robinet d’eau chaude. Le couvercle…

Il s’exécute et le pot s’ouvre.

En jargon du ministère, cela se nomme «réinvestir une connaissance». La madame du nono  doc lui a montré en quelques secondes…

Savoir-faire

L’élève doit être capable de:

1. FAIRE DES CHOIX (DOMAINE, ITINÉRAIRE, SUJET)

2. POSER UN PROBLÈME, QUESTIONNER

3. S’INFORMER, SE DOCUMENTER

– savoir lire des consignes

– s’initier à la recherche documentaire (CDI, internet)

– lire et comprendre un document

4. COMPRENDRE, RAISONNER, ARGUMENTER

– comprendre et appliquer des consignes

– sélectionner et mettre des informations en relation

– ordonner des idées

– expliquer, contrôler et critiquer des informations

5. RÉALISER  :

– faire un choix de production

– réinvestir des connaissances

– utiliser des outils, les TICE

6. COMMUNIQUER, RENDRE COMPTE

– maîtriser la langue écrite

– maîtriser le langage oral

– choisir et utiliser des outils de communication

Savoir-être

Tout au long de l’itinéraire, l’élève développe par son attitude des compétences

vis-à-vis d’un projet, d’une activité, d’un groupe …

1.COMPORTEMENT :

– se concentrer

-s’investir

– prendre confiance en soi

– écouter les autres

– prendre la parole

– travailler avec soin et précision

2. AUTONOMIE :

–  s’organiser, planifier des activités (avec par exemple le carnet de bord)

–  analyser des difficultés et rechercher des solutions

– demander des informations pertinentes

–  développer un esprit d’initiative

–  participer à un travail personnel, à un travail de groupe

Les itinéraires participent ainsi à l’éducation aux choix et à la citoyenneté. Les connaissances et compétences transversales

Bon! Avez-vous bien lu? Participer à un travail personnel. Je passe le chapelet de nigauderies –relisez tout simplement la liste –  pour ne pas allonger le texte. Ou bien je téléphone à  Raël qui dit ceci :  «Il est temps de cesser de croire et de commencer à comprendre».

J’aurais envie de lui passer le message  : «C’est ce qu’on fait, Monsieur Raël, sauf qu’il y a trop d’extra-terriens qui ont les pieds dans un vaisseau spatial et la tête sur Terre».

***

Il ne reste plus qu’à vous amuser à détecter tout ce que le docteur en pédagogie a raté dans son apprentissage vers la compétence.

Grosso modo, sur les quelque 25 points – environ – mentionnés, il en a raté une vingtaine. Au moins…

L’enseignement, c’est comme les pots de  confitures : une fois en classe,  chaque «récipient» a sa température à laquelle il faut s’adapter.

C’est la raison pour laquelle en,  éducation,  rien ne remplacera la chaleur humaine…

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Classé dans Actualité, Gaëtan Pelletier

Le spectacle iranien tire à sa fin

De prime abord, il faut que je vous avoue que je n’ai pas du tout été happé par ce qui se passe en Iran et je n’arrive pas encore à m’expliquer pourquoi, exactement. Enfin, pas avant la fin de semaine dernière. C’est que j’ai parlé avec un ami qui m’a fait part de sa vision des choses, vision qui ne cadre pas du tout avec ce qu’on entend par les temps qui courent. Surtout pas en phase avec la pratique qui consiste à afficher sa photo en vert sur Twitter pour appuyer les partisans de Mir-Hossein Mousavi. Et la lecture d’un billet de mon confrère Pierre JC Allard, « Twitter et démocratie », a fini de me convaincre d’aller voir de ce côté.

Premièrement, la CIA. Ils ont fait le coup une fois en 1953 de fomenter un soulèvement populaire afin de renverser un gouvernement démocratiquement élu. C’est assez logique de se poser la question aujourd’hui si ce n’est pas seulement une répétition de l’histoire, avec les moyens technologiques actuels, mais ça ne viendra pas de nos médias « mainstream ». Alors, on va du côté alternatif, mais pointer ça c’est réellement suspect… Parce qu’on ne peut pas réellement rien faire d’autre que soulever la question, étant donné que les seuls échos proviennent de ce qu’on peut appeler le « journalisme citoyen », même si l’expression est galvaudée, via Twitter, YouTube, Facebook, etc.

Parlant Facebook, justement, saviez-vous que « la CIA est un des principaux investisseurs »? « En effet, la vénérable institution n’a pas hésité à y placer 40 millions $ à travers ses sociétés de capital de risque. » Qui me répondra sans rire que le but de ça est seulement pécuniaire? Parlant contrôle, concernant le web plus général, saviez-vous que l’« Iran possède un système à ce point sophistiqué de pistage des paquets Internets qui circulent sur son réseau, et non seulement l’état détient-il un monopole sur tout ce qui se nomme communication, mais il peut aussi prendre le contrôle de ce qu’il veut bien »? En sachant cela, il est tout à fait plausible de douter fortement de ce qui réussit à passer jusqu’à nous, d’un côté comme de l’autre. Entre un agent de la CIA et un simple citoyen iranien, qui a plus de chance de réussite?

Tout le monde sait que l’Iran est depuis longtemps une épine dans le pied des États-Unis. Et la seule manière d’arriver à mater Mahmoud Ahmadinejad, ça serait par la voie arrière, puisque par devant c’est bloqué diplomatiquement. Sommes-nous certain que ce spectacle de Twitter-réalité ne soit pas seulement un spectacle, du moins en partie, pour préparer une quelconque légitimité guerrière?

Je ne dis surtout pas que j’ai raison, mais ces questions se posent. Et là tout « semble revenir à la normale dans les rues de Téhéran, et aucune manifestation n’est prévue » après que le porte-parole du Conseil des gardiens de la Constitution ait annoncé sur une chaîne officielle : « Heureusement, lors de la récente élection présidentielle, nous n’avons constaté aucune fraude ni infraction majeure. Par conséquent, il n’y a pas de possibilité d’une annulation du scrutin. »

Quelqu’un est surpris?

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Classé dans Actualité, Renart L'Eveillé

Le Canada, ce pseudo-pays

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Le document fondamental sur lequel la constitution du Canada repose est l’Acte de l’Amérique du Nord britannique, (British North America Act), ou si vous voulez, la Loi constitutionnelle de 1867. Ce document avait pour but de tracer le cadre dans lequel la colonie britannique du Canada pouvait choisir de devenir une union fédérale entre les provinces, unies par une constitution acceptée par les provinces et surtout, les populations des différentes provinces.

Or, la Loi constitutionnelle de 1867 n’était pas une constitution en soi. Le Canada n’est jamais devenu officiellement une union fédérale. C’était un privilège futur pour les provinces de se réunir en fédération, mais qui n’a pas encore été utilisé: les provinces n’ont toujours pas signé à ce jour d’accords, de pactes, ou de traités entre elles pour créer une union fédérale et un gouvernement fédéral. Selon les interprétations de la section 18, paragraphe 3 du Interpretation Act of 1889, il semble que le Canada soit toujours une colonie munie d’une législature centrale et d’autres locales.

Des provinces complètement souveraines

Étant donné que les provinces doivent jouir la condition de souveraineté et d’indépendance avant qu’elles puissent se fédérer, il était nécessaire pour le gouvernement britannique de renoncer à son autorité sur ces dernières. Cela fut accompli par l’adoption du Statut de Westminster (Statute of Westminster) du 11 décembre 1931. De par la section 7, paragraphe 2, de ce statut, les provinces du Canada ont été consacrées comme étant souveraines, libres et indépendantes dans le but de pouvoir consommer l’union fédérale qu’ils souhaitaient créer en 1867, mais qu’ils ne furent pas autorisées d’accomplir.

Depuis le 11 décembre 1931, les provinces du Canada n’ont pas utilisé leur nouveau statut acquis; elles n’ont signé aucun accord, elles n’ont pas adopté de constitution et les citoyens du Canada n’ont pas ratifié de constitution. Une telle action aurait dû être entreprise immédiatement après l’adoption du Statut de Westminster. C’est pour cette raison que toutes les anomalies de notre présente situation existent. Nous avons essayé depuis 1931 de nous gouverner nous-mêmes au niveau fédéral, sous un instrument qui n’est rien de plus qu’un acte du Parlement impérial ayant pour fonction de gouverner une possession coloniale. Non seulement cette condition anormale prévaut depuis 1931, mais elle l’a été sans qu’aucune référence ne soit faite à la population canadienne. Ils n’ont pas été consultés à propos de quoi que ce soit relativement à ces questions constitutionnelles. Les provinces et la population sont libres de le faire depuis le 11 décembre 1931, mais elles ne l’ont pas fait.

Un Canada sans constitution

Voilà la conclusion à laquelle en vient Walter F. Kuhl, dont il était question la semaine passée dans le billet Le Québec: déjà un pays souverain? :

LA QUESTION EST DONC: D’OÙ LE PARLEMENT FÉDÉRAL TIRE-T-IL SON POUVOIR POUR GOUVERNER CE PAYS? Le Parlement impérial ne peut pas créer une union fédérale. Cela ne peut être fait que par le peuple du Canada, et ils ne l’ont pas encore fait. J’affirme donc, avec une majorité de Canadiens, jusqu’à ce que je ratifie une constitution au Canada, qu’il n’y a pas de constitution, et je lance un défi gagnant à toute contradiction de cette affirmation. (Traduction de ce paragraphe)

Le Canada, un pseudo-pays composé de dix provinces indépendantes et souveraines. Est-ce l’image que vous aviez de ce pays?

François Marginean – rédaction et traduction

Image Flickr: Clickr Bee

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Classé dans Actualité, François Marginean

Faudra-il une révolte chez les syndiqués d’Air Canada ?

Jean Gagnon,  chronique Économie et Finance.

Les employés d’Air Canada doivent vraiment en avoir ras-le-bol. Ils doivent encore une fois faire les frais d’un réaménagement de leurs conditions de travail, et ce, à peine six ans après avoir consenti des coupures importantes pour permettre à la compagnie de reprendre son envol.

Ce qui est navrant pour eux, c’est que ce sont les mêmes gens, Robert Milton, président du Conseil, et Calin Rovinescu, président et chef de la direction, qui ont piloté la faillite et la restructuration de janvier 2002 à septembre 2004, qui tirent encore les ficelles.

C’est peut-être la raison pour laquelle le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), qui représente les 6700 agents de bord à l’emploi du transporteur canadien, refuse pour l’instant d’accepter les dernières offres de compressions de l’employeur.

Air Canada et les cartes de crédit

Air Canada a un urgent besoin de trouver un nouveau financement de 600 millions de dollars pour poursuivre ses opérations à cause des exigences bien justifiées des compagnies de cartes de crédit.

Advenant une nouvelle faillite du transporteur, les compagnies de cartes de crédit ont peur d’être prises en souricière entre Air Canada et ses clients qui achètent des billets à l’avance par carte de crédit. C’est pourquoi elles exigent qu’Air Canada maintienne une position d’encaisse d’au moins 800 millions. Comme Air Canada brûle l’argent rapidement, il lui faut emprunter à nouveau pour conserver ce niveau d’encaisse.

Il semble que le gouvernement (environ 200 millions) et quelques institutions financières (pour le reste) seraient disposés à prêter les  600 millions, mais à la condition que les syndicats acceptent des concessions qui permettraient à l’entreprise de réduire ses coûts. Quatre des cinq syndicats d’Air Canada ont accepté de faire des concessions, mais le SCFP résiste.

Pour l’amener à plier, la ministre du Travail, Rona Ambrose, a nommé deux médiateurs: James Farley, ex-juge de la Cour supérieur de l’Ontario qui avait présidé à la restructuration d’Air Canada en 2003-2004 et qui est aujourd’hui à l’emploi du cabinet McCarthy Tétrault, et Jacques Lessard directeur régional,section Québec, du Service fédéral de médiation et de conciliation du Programme du travail.

Le SCFP doit se demander sérieusement si ce nouveau prêt ne servira qu’à acheter un peu plus de temps, et si une nouvelle faillite d’Air Canada est dans les faits inévitable.

Robert Milton et Calin Rovinescu peuvent-ils faire mieux?

Il est clair aujourd’hui que la restructuration d’Air Canada en 2004 est un échec. Les dirigeants de l’entreprise ont passé les cinq dernières années à trouver des excuses à chacune des assemblées d’actionnaires pour expliquer les déboires de l’entreprise, tout en répétant chaque fois que l’avenir était prometteur.

Doit-on encore laisser ces mêmes individus, qui n’ont pas su relancer Air Canada malgré tous les moyens à leur disposition, dépenser encore temps et argent, dont celui de ses employés, à tenter de remettre la compagnie sur pied ? Le SCFP aura un gros mot à dire. L’exaspération est-t-elle maintenant assez grande pour qu’il refuse d’engloutir encore de l’argent dans cette restructuration qui semble sans espoir de réussite ?

La crise économique a amené le gouvernement américain à réformer les institutions financières, ainsi que certaines entreprises jugées vitales au bon fonctionnement de l’économie, tel General Motors. Le gouvernement canadien devrait peut-être se pencher sérieusement sur le cas d’Air Canada.

Ce qui assurera un avenir à Air Canada, ce n’est pas un nouveau prêt, mais un nouveau plan d’affaires. Et ce ne sont pas ces dirigeants qui perpétuent l’échec depuis 15 ans qui pourront le concevoir et le mettre en place.

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Classé dans Actualité, économie, Jean Gagnon

La « nouvelle » Grande Dépression

Yan Barcelo – 20 juin 2009

La dépression économique actuelle calque la courbe descendante de la Grande Dépression de 1929. C’est ce que démontrent avec beaucoup de conviction deux historiens économiques américains dans un article percutant paru le 4 juin dernier (A Tale of Two Depressions, http://www.voxeu.org/index.php?q=node/3421).

Entre temps, tous les pouvoirs officiels s’obstinent à coiffer notre dépression actuelle de l’euphémisme, « récession ». La raison tient en grande partie au fait que la plupart des études sont centrées sur les États-Unis. Par exemple, Paul Krugman, récent gagnant du Nobel de l’économie, signait un article où il concluait avec ironie que nous n’avons qu’une demi-Dépression à la 1929.

Mais Krugman n’analyse que des chiffres américains. Eichengreen et O’Rourke, respectivement de l’Uniniversité de Californie à Berkeley et de Trinity College, à Dublin, appuient leur étude sur les chiffres issus d’une vingtaine d’économies les plus importantes. Leur constat est simple : la planète est en dépression, autant qu’elle pouvait l’être en 1929. En fait, le choc cette fois-ci est plus grand parce qu’il se produit à l’intérieur d’une période plus courte.

Il vaut la peine de consulter le site indiqué plus haut pour voir les graphiques que produisent les deux universitaires. Tous, sauf un, montrent une évolution aussi négative, ou plus négative encore, qu’en 1929.

Par exemple, en établissant le début de la dépression actuelle à avril 2008, et la précédente à juin 1929, ils constatent que la production mondiale a chuté autant durant la première année de l’actuelle dépression qu’elle ne l’a fait en 1929. Les graphiques sont pires pour le commerce mondial et les bourses de la planète. En 2008, le commerce a chuté de 15% en seulement 9 mois, ce qu’il avait pris 21 mois à faire en 1929.

Les bourses se sont contractées avec plus de violence encore. Après seulement 9 mois, elles avaient perdu 60% de leur valeur, ce qu’elles ont mis 24 mois à faire en 1929. Une différence notable : en 1929, la chute boursière a été presque continue, sans rebond notable. Depuis mars dernier, les bourses ont marqué une reprise d’environ 40%. Mais il est loin d’être certain que ça va tenir…

Il y a seulement une donnée cruciale absente de l’étude des deux universitaires : le chômage. Il faut dire qu’on ne dispose pas de chiffres pour la période de 1929, seulement d’approximations. Par exemple, on calcule qu’au plus creux de la dépression aux États-Unis, en 1933, soit quatre ans après le début, le pays souffrait d’un taux de chômage de 25%. Cette fois, après un an, il est autour de la barre des 9,5%, en baisse constante…

La grande différence entre cette crise et la précédente tient à la réponse des autorités financières et des gouvernements. En 1929, les banques centrales ont mis 24 mois à retrancher 100 points de base (ou un point de pourcentage) à leur taux directeur, le faisant passer de 5,5% à 4,5%. Cette fois, il n’a fallu que 12 mois avant qu’on l’aplatisse de 200 points de base, soit d’environ 3% à environ 1%. Évidemment, à ce niveau plancher, les taux sont en fait négatifs et rendent inefficace tout recours ultérieur à cet instrument.

Par ailleurs, un chose dont les deux auteurs ne parleront que dans un papier à venir, la réponse des gouvernements a été massive comparé à 1929, les injections d’argent dans l’appareil bancaire et dans l’économie s’élevant dans les 4 billions de dollars. Ces interventions sauveront-elles la mise? Chacun a sa petite opinion là-dessus. La mienne est très-très sceptique.

Tout d’abord, la bouée de sauvetage lancée aux banques a plus les allures d’une récompense en forme de gros jujube. Jusqu’à nouvel ordre – c’est-à-dire jusqu’à ce qu’on resserre l’étau réglementaire, ce qui va prendre une douzaine de mois encore – ce jujube ne change rien. On l’a vu avec les derniers résultats bancaires, toujours aussi scandaleux : leurs profits ne sont pas le fruit d’activités bancaires saines et légitimes, mais de manœuvres spéculatives du même genre que celles qui les a coulées il y a un an. La crise, de ce côté, n’a strictement rien changé – ce qui était à prévoir. Quant aux injections dans l’appareil économique, cela reste à voir.

Jusqu’ici, cette dépression fait ressortir deux superbes mensonges. D’abord, la mondialisation ne protège en rien les économies, comme nous le serinent depuis deux décennies les chantres de cette idéologie. La fameuse loi protectionniste Smoot-Hawley de 1930, qu’on tient responsable en grande partie de la précipitation économique à l’époque, n’est une cause de rien. Elle est simplement un épisode parmi d’autres dans une interminable enlisement de l’appareil de production.

Surtout, la crise actuelle révèle de plus en plus le mensonge du dollar qui, de toute évidence, ne vaut plus rien. C’est la cheville essentielle de la situation actuelle. Tant que la fiction du dollar américain va tenir – et elle peut tenir encore longtemps du fait qu’elle demeure la seule monnaie d’échange international – les choses vont demeurer à peu près intactes. Si un jour survient où les pays créditeurs des Etats-Unis ne voudront plus soutenir l’endettement américain et acheter leurs Treasuries dont la valeur est maintenant totalement fictive, la hausse en catastrophe du taux directeur de la Réserve Fédérale va tout jeter par terre.

Est-ce inévitable?

Zé lé sais pas, mé zé lé pense. 

 

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Classé dans Actualité, Yan Barcelo