Faudra-il une révolte chez les syndiqués d’Air Canada ?

Jean Gagnon,  chronique Économie et Finance.

Les employés d’Air Canada doivent vraiment en avoir ras-le-bol. Ils doivent encore une fois faire les frais d’un réaménagement de leurs conditions de travail, et ce, à peine six ans après avoir consenti des coupures importantes pour permettre à la compagnie de reprendre son envol.

Ce qui est navrant pour eux, c’est que ce sont les mêmes gens, Robert Milton, président du Conseil, et Calin Rovinescu, président et chef de la direction, qui ont piloté la faillite et la restructuration de janvier 2002 à septembre 2004, qui tirent encore les ficelles.

C’est peut-être la raison pour laquelle le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), qui représente les 6700 agents de bord à l’emploi du transporteur canadien, refuse pour l’instant d’accepter les dernières offres de compressions de l’employeur.

Air Canada et les cartes de crédit

Air Canada a un urgent besoin de trouver un nouveau financement de 600 millions de dollars pour poursuivre ses opérations à cause des exigences bien justifiées des compagnies de cartes de crédit.

Advenant une nouvelle faillite du transporteur, les compagnies de cartes de crédit ont peur d’être prises en souricière entre Air Canada et ses clients qui achètent des billets à l’avance par carte de crédit. C’est pourquoi elles exigent qu’Air Canada maintienne une position d’encaisse d’au moins 800 millions. Comme Air Canada brûle l’argent rapidement, il lui faut emprunter à nouveau pour conserver ce niveau d’encaisse.

Il semble que le gouvernement (environ 200 millions) et quelques institutions financières (pour le reste) seraient disposés à prêter les  600 millions, mais à la condition que les syndicats acceptent des concessions qui permettraient à l’entreprise de réduire ses coûts. Quatre des cinq syndicats d’Air Canada ont accepté de faire des concessions, mais le SCFP résiste.

Pour l’amener à plier, la ministre du Travail, Rona Ambrose, a nommé deux médiateurs: James Farley, ex-juge de la Cour supérieur de l’Ontario qui avait présidé à la restructuration d’Air Canada en 2003-2004 et qui est aujourd’hui à l’emploi du cabinet McCarthy Tétrault, et Jacques Lessard directeur régional,section Québec, du Service fédéral de médiation et de conciliation du Programme du travail.

Le SCFP doit se demander sérieusement si ce nouveau prêt ne servira qu’à acheter un peu plus de temps, et si une nouvelle faillite d’Air Canada est dans les faits inévitable.

Robert Milton et Calin Rovinescu peuvent-ils faire mieux?

Il est clair aujourd’hui que la restructuration d’Air Canada en 2004 est un échec. Les dirigeants de l’entreprise ont passé les cinq dernières années à trouver des excuses à chacune des assemblées d’actionnaires pour expliquer les déboires de l’entreprise, tout en répétant chaque fois que l’avenir était prometteur.

Doit-on encore laisser ces mêmes individus, qui n’ont pas su relancer Air Canada malgré tous les moyens à leur disposition, dépenser encore temps et argent, dont celui de ses employés, à tenter de remettre la compagnie sur pied ? Le SCFP aura un gros mot à dire. L’exaspération est-t-elle maintenant assez grande pour qu’il refuse d’engloutir encore de l’argent dans cette restructuration qui semble sans espoir de réussite ?

La crise économique a amené le gouvernement américain à réformer les institutions financières, ainsi que certaines entreprises jugées vitales au bon fonctionnement de l’économie, tel General Motors. Le gouvernement canadien devrait peut-être se pencher sérieusement sur le cas d’Air Canada.

Ce qui assurera un avenir à Air Canada, ce n’est pas un nouveau prêt, mais un nouveau plan d’affaires. Et ce ne sont pas ces dirigeants qui perpétuent l’échec depuis 15 ans qui pourront le concevoir et le mettre en place.

5 Commentaires

Classé dans Actualité, économie, Jean Gagnon

5 réponses à “Faudra-il une révolte chez les syndiqués d’Air Canada ?

  1. Personnellement, j’ai vu le service et la qualité descendre sans cesse chez Air Canada. Et les prix monter. Je vois mal pourquoi on devrait utiliser encore plus de notre argent pour sauver des compagnies défaillantes. Voyez le cas de General Motors? On leur a donner des millions et des milliards pour les sauver et en coupures d’impôts, et les voilà quand même en faillite. Qui va devoir quand même rembourser l’argent donné à cette compagnie? Nous. Les pauv’ cons.

    Et là, ils vont venir pleurer aux employés parce qu’ils ne sont pas capable de bien gérer une entreprise pour leur demander de couper dans leur salaire?

    Incroyable. Et combien il gagne le tata à la tête de AC, comment il s’appelle lui, ah oui, Milton?

    C’est rendu qu’il vous font payer le sandwich sur un vol de 5h entre Montréal et Vancouver. Gratteux, non, après avoir acheté un billet d’avion de plusieurs centaines de dollars??

    Pour ce qui est des compagnies de cartes de crédit, qu’est-ce qu’elles en ont à cirer de l’argent qui pourrait être perdu? En aucun temps elles ne vous passent de l’argent réel, ce n’est qu’une partie de poker électronique, avec des taux d’intérêt mafieux et criminels. Ce qu’elles perdent, c’est des profits espérés. Je pense que ce n’est qu’une excuse pour permettre à AC de plaider la misère financière et d’obtenir des coupures chez les travailleurs.

    Merci Raymond pour ce texte.

  2. @François,
    Je pense qu’il s’agit de Jean Gagnon…
    Et non Raymond.

  3. Je suis distrait, désolé! Merci à Jean Gagnon!

    Il sera d’ailleurs parmi nous pour le futur, alors bienvenue, un excellent ajout pour Les 7 du Québec.

  4. Un bon ami à moi est membre du syndicat des pilotes d’Air Canada. Pour lui et plusieurs membres de ce syndicat, l’agenda est fort simple: la disparition pure et simple de l’entreprise. Comme elle ne peut pas être achetée par des intérêts étrangers, elle s’est tracée un chemin parsemé d’embûches, parfois réelles, souvent mensongères. Le but ultime: l’achat des actifs (pour ce qui reste) par le maestro de la Star Alliance: Lufthansa.

    On croyait que la dérèglementation serait bénéfique pour les consommateurs. Laissez-moi rire…

  5. @lutopium

    Salut! Très intéressant commentaire. Ça ressemble en effet bien à cela. La compagnie va passer au tordeur. Peut-être que si tout le monde arrêtait de capoter avec les mesures antiterroristes bidons et la paranoïa de l’État policier qui rendent les voyages aériens très désagréables, le tourisme pourrait rebondir et aider cette situation.

    Pour ma part, je n’en peux plus de me faire traiter comme un potentiel terroriste à l’aéroport et me faire confisquer toutes sortes de niaiseries comme de la pâte à dent et de la crème…

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