Le langage d’Israël est le langage de l’Amérique : «démocratie», «liberté», «sécurité». ( The Isaraël Project. Global language Dictionary)
Un rapport publié en avril 2009, de 117 pages de Franz Lunzt, un américain sioniste qui réalise des sondages et travaille comme conseiller politique, écrit à la demande d’un groupe basé à Washington, The Israel Project (TIP) intitulé » The Israel Project’s 2009 Global Language Dictionary » vise à faire la promotion de la version israélienne des évènements et est truffé d’expressions et vocabulaire » prêts à l’emploi » pour donner une image positive d’Israël. Planète non violence
Ce rapport (Not for distribution or publication) a été mis à jour par Newsweek le 10 juillet dernier. C’est par hasard que je suis arrivé sur un site où l’on peut trouver la traduction de l’article.
Jusque-là, rien d’excitant. Je n’aime pas les gens qui prennent des documents et qui s’en servent pour «appuyer» leur point de vue. J’estime être un observateur honnête des événements, et le conflit israélo-palestinien en est un sans fin qui mène à une guerre d’idéologies souvent biaisées. Même l’introduction présente me semblait un brin gauchie.
C’est au moment où l’on entre dans le rapport que les choses se gâtent. Basé sur des sondages auprès des Américains, le rapport est une leçon aux autorités américaines sur la manière de présenter le «plat Israël» à la planète. Si la présentation visuelle est jolie, le texte est une insulte directe, sur un ton infantile, comme si on s’adressait à des déficients.
Conclusion du rapport : » ce n’est pas ce que vous dites qui compte. C’est ce que les gens entendent ».
Propagande : du latin propaganda, « ce qui doit être propagé»
Les sondages démontrant que les américains passent 4.3 heures par jour devant leur télévision, cet outil de propagande est le meilleur, il va de soi.
« Comme le montrent clairement les résultats d’un sondage d’Israël Project, les médias sont la source principale de l’information sur le Moyen Orient pour la grande majorité des Américains… Les dirigeants pro Israël doivent s’assurer que des histoires solides et « programmables à la TV » sont choisies et montrées dans les médias sur une base régulière. Si vous voulez persuader, il vous faut aller là où sont les gens – et c’est à la TV et dans d’autres médias. N’hésitez pas à contacter les journalistes locaux, et les relais des médias pour parler avec eux d’Israël. »
Les mots pour le dire
L’auteur donne en plusieurs points les «mots pour le dire» dans des encadrés citant des exemples de ce qu’il ne faut pas dire, et ce qu’il faut dire.
Utiliser l’Empathie : Même les questions les plus difficiles peuvent être contournées si vous êtres prêts à accepter la notion que l’autre côté a au moins une certaine crédibilité. Si vous commencez votre réponse avec » je comprends et je sympathise avec ceux qui… » vous construisez déjà la crédibilité dont vous aurez besoin pour que votre audience sympathise et soit d’accord avec vous.
Et le vocabulaire, voire le ton : recommandation numéro 6 :
6. Surveillez votre ton
« Un ton condescendant, paternaliste, fera fuir les Américains et Européens. Nous sommes à un moment de l’histoire où les Juifs en général ( et les Israéliens en particulier) ne sont plus perçus comme des personnes persécutées. En fait, parmi les audiences américaines et européennes – audiences non juives sophistiquées, éduquées, ayant leurs points de vue – les Israéliens sont souvent vus comme les occupants et les agresseurs. Avec ce type de baguage, c’est extrêmement important que les messages des porte-parole pro Israël n’apparaissent pas condescendants ou dédaigneux….
Enfants », » cooperation » » collaboration « compromis », » diplomatie économique », « exemples d’efforts de paix » « prospérité économique » (pour les Palestiniens) etc…
Les 25 règles pour une communication efficace.
P.S. : Les majuscules sont dans le texte original.
Probablement le pire des meilleurs moments. Je vais vous en glisser quelques-uns.
- Utiliser l’empathie pour les deux côtés.
- Expliquez vos principes. (ex. Pourquoi une clôture?)
- Différencez clairement palestiniens et gens du Hamas.
- Il n’y a jamais JAMAIS aucune justification pour le massacre délibéré de femmes et enfants. JAMAIS.
- Ne pas prétendre qu’Israël est dans l’erreur ou sans fautes. ( Utilisez l’humilité)
- Surveillez votre ton
- Stop. Stop.Stop. (…) Plus vous allez parler du ton militariste et des buts du Jihad et du support iranien du terrorisme – en utilisant leurs propres mots – plus vous allez créer de l’empathie pour Israël.
- Rappeler aux gens qu’Israël veut la paix.
- Faites que le public connaisse les BONNES choses concernant Israël
- Faites un parallèle entre les États-Unis et Israël , incluant la défense contre le terrorisme.
- Ne pas parler de la religion.
- Quoiqu’on vous demande, donnez une réponse pro-Israël. Quand on vous pose une question directe, vous n’avez pas à répondre directement.
- Parler du futur, pas du passé.
- Espoir
- Utiliser des questions rhétoriques : éviter une attaque directe à votre opposant. Utilisez un ton doux. Montrez vos regrets que les Palestiniens aient été si pauvrement gouvernés.
- Allez où sont les gens. ( Télé)
- K.I.S.S. et répéter encore et encore. Une des clefs de la réussite d’une communication est « Keep It Simple, Stupid« . Le succès de la communication n’est pas d’être à même de réciter tous les faits de la longue histoire du conflit israélo-arabe. Il s’agit de souligner quelques principes de base de valeurs partagées comme la démocratie et de liberté et de les répéter encore et encore.
Concédez un point. N’essayez pas d’augmenter votre crédibilité auprès des médias.
La presse n’a pas toujours raison et les faits sont parfois déformés (traduction libre).
«Et oui, plusieurs médias ont un agenda contre Israël»
Il y en a d’autres, mais j’arrête ici. Non, personnellement, je n’ai pas d’agenda contre Israël. J’en ai contre les propagandes malhabiles, qui sont des diktats toxiques pour la liberté de penser et n’améliorent en rien, ni l’image, ni la situation.
Les leçons de rhétoriques
À chacun de ces «chapitres», il y a des exemples – des leçons de rhétorique – des mots à utiliser, de discours, etc. Pour la subtilité, c’est antédiluvien. Pour le reste, un document aussi creux est un affront pour tous les observateurs de bonne volonté. Voici quelques exemples :
Nous savons que les Palestiniens méritent des dirigeants qui s’occuperont du bien-être de leur peuple, et qui ne prennent pas simplement des millions de dollars d’assistance de l’Amérique et de l’Europe, les placent dans des comptes en banque en Suisse et les utilisent pour soutenir le terrorisme au lieu de la paix. Les Palestiniens ont besoin de livres, pas de bombes. Ils veulent des routes pas des roquettes.
« Les obstacles sur le chemin d’un Moyen Orient prospère et pacifique sont nombreux. Israël reconnaît que la paix est faite avec ses propres adversaires non pas avec ses amis. Mais la paix ne peut être faite qu’avec des adversaires qui veulent faire la paix avec vous. Des organisations terroristes comme le Hezbollah, le Hamas, le Jihad Islamique soutenues par l’Iran, sont par définition opposées à la coexistence pacifique, et déterminées à empêcher la réconciliation. Je vous demande, comment négocie-t-on avec ceux qui vous veulent morts ? »….
Le glossaire
Une autre pièce maîtresse où la bêtise se prolonge :
Enfants : Aussi souvent que possible, faites un enjeu de promouvoir un futur pour les enfants palestiniens et israéliens dans lequel ils peuvent vivre, et grandir sans cette peur constante d’attaques.
On ne peut pas avoir une idée concrète d’un tel «document» si on n’a pas mis le nez dedans. Même si vous ne savez pas lire l’anglais, allez jeter un œil sur cette démarche déplacée de maquillage. Vous allez comprendre… On dirait un feuillet d’instruction sur l’art d’utiliser une brosse à dents électrique.
Nous faisons tous partie du K.I.S.S. , approchant de par son apparence les célèbres «four letter words» américains.
Je vais caricaturer cette «propagande» (sic) en vous le répétant :
K.I.S.S. et répéter encore et encore. Une des clefs de la réussite d’une communication est « Keep It Simple, Stupid« . Le succès de la communication n’est pas d’être à même de réciter tous les faits de la longue histoire du conflit israélo-arabe. Il s’agit de souligner quelques principes de base de valeurs partagées comme la démocratie et de liberté et de les répéter encore et encore.
Comment Israël peut-il espérer s’attirer la sympathie et le respect de la communauté internationale par des opérations d’une approche aussi écolière ?
Sommes-nous donc simplistes et stupides pour buvoter une croisade aussi profonde qu’une flaque d’eau sur l’asphalte ?
Même un oiseau serait incapable de s’y baigner.
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Traductions de certains passages: Gaëtan Pelletier
The israel project.pdf (3.9 Mo)