Archives quotidiennes : 4 août 2009

De Victor Jara à Guantanamo : la même CIA (8)

photo-587439-LNous avons vu hier que l’incroyable programme de contrôle des individus, souhaité et réalisé par la CIA, aux Etats-Unis avait aboutit a des dérives inimaginables, notamment l’usage du LSD dans la population américaine. On croyait le sommet de l’horreur atteint et pourtant ce n’était pas le cas. D’autres sources découvertes plus tard allaient nous montrer que les expérimentations de la CIA de cette époque n’étaient pas très éloignées de celles faites par les laborantins nazis des camps de la mort. Parmi celles-ci, en effet, des stérilisations d’êtres humains. On pensait le fond atteint, ce n’était donc pas le cas. Retour sur les docteurs Mabuse de la CIA.

On peut même aller plus loin encore dans l’horreur, tant que nous y sommes : le 16 juillet 2003, un groupe de recherche indépendant la révèle, cette horreur : un énorme fichier de 59 boîtes découvert chez Caltech, en Californie, montre que de 1900 à 1960, plus de 20 000 personnes déficients mentaux ont été stérilisés, aux Etats-Unis, en suivant pour cela les recommandations eugénistes formulées également plus tard par les nazis (*1).

Dans le lot de ces politiciens, deux partisans reconnus et très connus des thèses eugénistes : Prescott Bush, grand père pro-nazi de l’ancien président, et son fils George Herbert Walker Bush, président des USA avant son propre fils. Tous deux fermes partisans des théories eugénistes. Appliquées en ce cas aux Etats-Unis bien avant l’Allemagne, on a tendance à l’ignorer !!! N’oublions pas que les germes de l’antisémitisme sont autant chez Ford que chez Hitler et les précédent même ! (*2) Comme je l’ai déjà dit ici : « Prescott Bush, le grand père de l’actuel président, est bien celui qui organise du 21 au 23 août 1932 ce fameux troisième congrès mondial de l’eugénisme, a l’American Museum. But de la réunion : la stérilisation de 14 millions d’Américains… et pourquoi pas, la suppression pure et simple de certains (« cutting off the bad stock ’’ of the « unfit »), et ce, bien avant l’édification d’Auschwitz. »

La fondation eugéniste Human Betterment Foundation responsable des stérilisations a été créée aux Etats-Unis et financée par Ezra S. Gosney, un homme d’affaires richissime de Pasadena, qui avait des vues bien particulières sur le genre humain : Selon Gosney, en effet, les êtres humains sont en effet comme les vaches Longhorn texanes. Il suffit tout simplement de les croiser habilement pour « améliorer la race » (*3) C’est bien du nazisme, cette notion de race supérieure à fabriquer. Pour arriver à ces fins, Gosney va se trouver un médecin biologiste qui partage ses vues : Paul Popenoe. Qui a déjà expérimenté et même fait un livre à se sujet : Sterilization for Human Betterment : A Summary of Results of 6,000 Operations in California, 1909-1929 . En 1933, ce fut le tout premier livre étranger traduit par les nazis ! Les précurseurs de l’eugénisme sont bien américains, et non allemands !

Un médecin qui va utiliser des méthodes toutes mengeliennes (*4) Un Popenoe stérilisant avec des critères les plus fous et les plus flous les uns que les autres (*5)  » Bref, Popenoe, emporté par sa folie eugéniste, finira par prendre des critères au hasard… ses théories n’ayant aucun fondement scientifique, il est bien obligé d’imaginer et de trier à la volée…

Et en d’autres circonstances, on mettra à contribution les techniques les plus modernes de comptage pour y arriver : c’est ainsi qu’en 1928, en Jamaïque, lors d’une enquête raciale, on expérimente une machine particulière pour ce faire : une trieuse de cartes perforées Hollerith, qui deviendra IBM, et qui connaîtra un succès bien plus important en Allemagne… comme nous l’avons vu dans ces colonnes. Déjà, 24 ans avant des calculs similaires avaient été réalisés avec les toutes premières machines à cartes perforées, utilisées pour la première fois pour le recensement de 1890 aux USA. « En 1904, le Carnegie Institute d’Andrew Carnegie créa l’imposant laboratoire de Cold Spring Harbor, l’Eugenics Record Office, sur la très prospère île de Long Island, à côté de New York. Des millions de cartes de groupes sanguins, d’Américains ordinaires, furent rassemblés afin d’organiser la complète suppression de lignages réputés inférieurs. le terrain de construction de l’institut fut donné par le magnat du chemin de fer, E. H. Harriman, zélote de l’eugénisme ». Un enthousiasme qui débordera vite des Etats-Unis vers l’Allemagne : »L’enthousiasme des Rockefeller pour l’eugénisme ne s’arrêta pas aux côtes américaines. Pendant les années vingt, l’argent de la Fondation joua un rôle majeur pour financer l’eugénisme allemand. De 1922 à 1926, celle-ci alloua, par le biais de son bureau parisien, la somme incroyable de 410 000 $ à plusieurs centaines de chercheurs allemands. En 1926, elle accorda la somme de 250 000 $ pour créer à Berlin, l’Institut impérial wilhelmien pour la psychiatrie, ce qui correspond à 26 millions de dollars de 2004, somme inouïe dans l’Allemagne de Weimar dévastée par l’hyperinflation et la dépression économique ».

A Porto-Rico, idem : « Au début des années cinquante, John D Rockefeller III avait transformé Porto Rico en un vaste laboratoire, où il pouvait mettre en œuvre ses expériences de contrôle démographique à grande échelle. Selon une étude réalisée par le département de la Santé de l’île en 1965, environ 35 % de la population féminine de Porto Rico en âge de procréer avait été stérilisée de façon permanente. » L’avis de Rockefeller sur la population locale étant exprimé par son biologiste : « En 1931, Rhoads, le pathologiste de l’Institut Rockefeller se plaignait : « les Portoricains sont sans aucun doute la race humaine la plus sale, la plus paresseuse, la plus dégénérée et la plus voleuse qui ait jamais habité sur cette planète. Ce n’est pas d’un travail de santé publique dont cette île a besoin, mais d’un tsunami ou de quelque chose capable d’exterminer totalement sa population. » Le propos n’a rien à envier à un Hitler qui à l’époque n’est même pas encore au pouvoir ! Un avis partagé par une grande partie du patronat US : « Dès la première guerre mondiale, des noms tels que Rockefeller, Harriman, le banquier JP Morgan, Mary Duke Biddle de la famille des producteurs de tabac, Cleveland Dodge, John Harvey Kellog de la fortune des céréales, Clarence Gamble de Procter & Gamble, étaient tous à l’origine du paisible financement de l’eugénisme, la plupart en tant que membres de la Société eugéniste américaine. Les mêmes furent à l’origine d’expériences de stérilisations forcées sur des « personnes inférieures » et de diverses méthodes de contrôle démographique. »

Tout ce cheminement des eugénistes américains, véritables précurseurs en fait des nazis et très bien expliqué en contenu dans l’ouvrage de Wendy Kline, « Building A better Race ». Un livre qui rappelle que les considérations eugénistes ont toujours fait partie de l’héritage américain, ce qui signifie aussi que a tentation de les voir revenir existe aussi (*6) Des eugénistes qui peuvent revenir, car ils ont pris l’habitude de se déguiser comme au seuil des années 50 :  » à la place de The Sterilization League of America on a désormais The Birthright, Inc. En Caroline du Nord, le mouvement s’appelle The Betterment League ou The Association for Voluntary Surgical Contraception. Dans un comté, on fait passer des tests de QI à des enfants : tous ceux en dessous d’un certain seuil sont stérilisés, sous l’égide d’un médecin eugéniste, Alice Gray. L’idée de « volontariat » est assez mouvante chez les eugénistes. En fait, le « contrôle de la population » si cher à Goebbels revivait… dès 1947 aux Etats-Unis, grâce à papa Bush. »

Quant à Popenoe, pro-nazi avéré, voici ce qu’il avait écrit en 1934 (*7). Certains ont échappé de peu à sa sinistre fondation (*8). De tous les états, c’est l’Alabama qui a été le premier à s »engouffrer dans l’eugénisme suivi par plusieurs autres dont la Caroline du Nord ou s’illustrera le père de W.Bush en tant que gouverneur ayant favorisé.. la stérilisation. Avec des théoriciens du racisme tels que William Shockley (l’inventeur du transistor !) ou le psychiatre Arthur Jensen qui déclarèrent un jour que le noirs avaient des gènes qui les rendaient « inférieurs intellectuellement aux blancs », ou Clarence Gamble, le patron de Procter and Gamble, promu stérilisateur en chef de leur mouvement, le fondateur de l’Eugenic Board, qui préconisait, lui… de stériliser les enfants !

La liaison entre médecins nazis expérimentateurs sur les cobayes des camps et eugénistes d’après guerre aux USA est bien prouvée : « En 1949, Otmar Freiherr von Verschür, médecin d’Auschwitz, fut nommé membre correspondant de la « Société américaine pour la Génétique humaine », nouvelle organisation fondée en 1948 par les principaux eugénistes, camouflés derrière la bannière du terme moins infâme de génétique. […] Von Verschür devait une part importante de sa nouvelle identité remaniée, à la situation dont il bénéficia après la guerre au Bureau pour l’Hérédité humaine de Copenhague, nouvellement créé. la Fondation Rockefeller fournit le financement nécessaire à la fondation de cet établissement danois, où les mêmes activités eugénistes purent progresser plus tranquillement« . L’opération Paperclip a ramené sur le territoire des USA davantage de gens qu’on ne l’imaginait !

L’arrivée des années soixante et d’une société plus riche capable de nourrir plus d’enfants par couple vit progressivement s’atténuer les thèses eugénistes. La libération de la femme également, l’eugénisme lui étant imposé et étant irréversible. Pour Popenoe, pas de problème de reconversion en revanche : dans les années 60, il abandonne ses théories fumeuses pour d’autres bien plus lucratives (*9) Il était aussi obligatoirement opposé à l’adoption, critère racial oblige . Le néo-nazi était devenu l’idole des ménagères américaines ! Ou un « pop psychology guru »….. comme c’était la mode dans le show-biz.

Politiquement pourtant, les idées eugénistes laisseront des traces jusqu’au plus haut sommet de l’état américain. En ce moment même, fin juin 2009, on décode les bandes d’enregistrement des entretiens laissés à la postérité en 1973 par Richard Nixon. 150 heures à écouter et à répertorier. Avec de belles surprises aux détours des cassettes. Interrogé sur la législation accordée par le Congrès en 1973 sur le droit à l’avortement, Nixon avait répondu par une phrase aux lourds accents racistes et eugénistes (*10) Plus loin, Nixon fera des remarques sur les juifs avec tout aussi peu d’aménité. Notant un regain d’antisémitisme dans le pays (c’est juste avant la guerre du Kippour), Nixon aura ce mot incroyable (*11) « Ils l’attirent », selon lui, la mort, c’est de leur faute bien entendu : Hitler n’est pas très loin. Eugéniste et antisémite, la coupe est pleine pour le plus célèbre alcoolique présidentiel (enfin, avant le suivant).

(1) « Memos show how California civic leaders helped popularize eugenics around the world, including Nazi Germany. Case histories offer a glimpse of the more than 20,000 people who were, by law, sterilized in state hospitals from 1909 through the 1960s in anticipation of curing an array of social ills — from poverty and promiscuity to overcrowded institutions. »

(2) « In 1909, California became the third state to legalize the sterilization of the feebleminded and insane. Eventually, more than 30 states with such laws would sterilize about 60,000 — a third of them in California, which repealed its law in 1979. « 

(3) « Any common man will tell you that a herd of common, long-horn Texas or Mexican cattle can be converted to a high-grade Hereford or white-faced herd in three or four generations, » states a memo with Gosney’s initials contained in the Caltech files. « Man falls under the same laws of heredity. The only difference is that we have mixed the breeds and failed to teach our children to … select their mates. »

(4) « One hospital superintendent told him of a convention of the Assn. of Railway Surgeons held at the Mendocino state hospital at which the association’s president was invited to sterilize two women as a « special honor. »Both women died in agony a few days later, » Popenoe wrote Gosney. « Autopsy showed that instead of tying the Fallopian tubes, the surgeon had tied up the ureters, so they both died of kidney poisoning from being unable to urinate. »

(5) Popenoe compiled stacks of handwritten charts that correlated the background of thousands of patients sterilized in the 1920s using dozens of measuring sticks — from IQ, birth rank, number of siblings and whether forceps were used at birth, to the marital status, occupation and « moral rating » of the parents. »

(6) « The repercussions of genetic manipulation of any kind, in the name of science, can be measured by America’s fascination with and involvement in the eugenics movement in its not-too-distant past. »

(7) ) « Germany’s effort was in « accord with the best thought of eugenicists in all civilized countries. »

(8) « Margaret Lee Griffin posed such a threat. She was a 24-year-old married mother of three who was living with another man when she was sent to the Sonoma State Home for sterilization after social workers accused her of neglecting her children.Griffin escaped in 1940 with her lover’s help. « We will try to apprehend Margaret and arrest the parties who stole her, » said Dr. Fred O. Butler, the hospital’s superintendent, in a letter to the foundation.Griffin was captured and brought back to Sonoma. But weeks later, Butler changed his mind and let Griffin go — unsterilized ».

(9) « He eventually abandoned sterilization, turning his attention to marriage and family counseling, which he had advocated since the 1920s. In the 1950s, he became one of America’s best-known marriage counselors — a pop psychology guru with best-selling books, a syndicated newspaper column, articles in Ladies’ Home Journal and appearances on Art Linkletter’s « House Party » television show.

(10) « There are times when an abortion is necessary, » he told his aide Chuck Colson. « I know that. When you have a black and a white. » Mr Colson offered that rape might also make an abortion legitimate, prompting Mr Nixon to respond : « Or a rape. »

(11) « It may be they have a death wish. You know that’s been the problem with our Jewish friends for centuries. »


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Eugénisme & darwinisme social

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Darwinisme social

Le darwinisme social est une déformation de la théorie de la sélection naturelle, faisant passer celle-ci du statut d’explication de l’évolution des êtres vivants à celui de précepte appliqué aux populations et sociétés humaines. Le darwinisme social participe, à la fin du XIXe siècle, à l’émergence des thèses racialistes et eugénistes.

Cette théorie est basée sur l’idée de la «sélection des plus aptes» pour survivre (Survival of the fittest). Le darwinisme social suggère donc que l’hérédité (les caractères innés) aurait un rôle prépondérant par rapport à l’éducation (les caractères acquis). Il s’agit ainsi d’«un système idéologique qui voit dans les luttes civiles, les inégalités sociales et les guerres de conquête rien moins que l’application à l’espèce humaine de la sélection naturelle» (Source)

Les plus importants personnages à être de ce courant de pensée sont Thomas Malthus, et Francis Galton, un cousin de Charles Darwin, qui fonda l’eugénisme et Herbert Spencer. (Source)

Sur le plan politique, le darwinisme social a servi à justifier scientifiquement plusieurs concepts politiques liés à la domination par une élite, d’une masse jugée moins apte. Parmi ceux-ci notons le colonialisme, l’eugénisme, le fascisme et surtout le nazisme. En effet, cette idéologie considère légitime que les races humaines et les êtres les plus faibles disparaissent et laissent la place aux races et aux êtres les mieux armés pour survivre (Ernst Haeckel).

De nos jours, le darwinisme social inspire encore certaines idéologies d’extrême droite.

Le malthusianisme est une politique prônant la restriction démographique, inspirée par les travaux de l’économiste britannique Thomas Malthus

Le malthusianisme du XIXe siècle justifia l’égoïsme des personnes et groupes favorisés par la fortune, en paraissant théoriser l’idée que les pauvres étaient responsables de leur état, et que toute entreprise en leur faveur était non seulement inopérante, mais même contraire à leurs intérêts. (Source)

Origines et brève histoire de l’eugénisme

La notion de ségrégation des personnes considérées inaptes à la reproduction date de l’antiquité. La pseudo-science eugénique qui a suivi avait pour but «d’améliorer» la race humaine. Ce mouvement eugénique est apparu au 20e siècle en deux aspects d’une philosophie commune à propos de la valeur humaine. Le britannique Sir Francis Galton inventa le mot « eugénisme » en 1883. Il le percevait comme une philosophie morale pour améliorer l’humanité en encourageant les sujets plus doués et en santé à avoir plus d’enfants. L’approche idéologique de Galton est communément connue pour être de l’eugénisme positif. Au tournant du dernier siècle, les idées de Galton furent importées aux États-Unis au moment même où les principes d’hérédité de Gregor Mendel étaient découverts. Les eugénistes américains croyaient avec une ferveur religieuse que les concepts mendéliens déterminants la couleur et la taille des pois, du maïs et du bétail gouvernaient aussi le caractère social et intellectuel de l’homme.

D’une autre part, l’eugénisme négatif préconise d’empêcher les personnes les moins favorisées par la vie de faire partie de la population sélectionnée et autorisée à se reproduire pour préserver les aptitudes de l’humanité. Les mouvements eugéniques aux États-Unis, en Allemagne et en Scandinavie ont favorisé l’approche négative.

En 1898, Charles B. Davenport, un biologiste américain important, débutait en tant que directeur d’une station de recherches en biologie basée à Cold Spring Harbor où il expérimentait avec l’évolution de plantes et animaux. En 1904, Davenport recevait des fonds de la Carnegie Institution pour fonder la Station d’expérimentation évolutive. L’Eugenics Record Office ouvra en 1910 pendant que Davenport et Harry H. Laughlin commencèrent à faire la promotion de l’eugénisme (Source). En 1936, les contributions de Harry Laughlin à l’hygiène raciale en Allemagne ont été reconnues avec un diplôme honoraire de l’Université de Heidelberg. 

En 1904, le Carnegie Institution établissait donc ce complexe de laboratoires à Cold Spring Harbor sur le Long Island qui stocka des millions de fiches sur des Américains ordinaires alors que les chercheurs planifiaient de neutraliser des familles, des lignées de sang et des populations entières. De Cold Spring Harbor, les eugénistes plaidaient auprès des législatures des États-Unis ainsi que des agences de services sociaux de la nation et autres associations en faveur de leur idéologie. Cela entrainera, avec l’aide de différentes théories sur la dégénérescence, notamment de l’américain Harry Clay Sharp et son équipe médicale, la première loi eugénique des États-Unis qui sera passée en 1907 en Indiana avec l’appui du président Woodrow Wilson, rendant la stérilisation obligatoire pour les «dégénérés».

L’idéologie de l’eugénisme deviendra ensuite communément présente dans la culture populaire américaine entre 1920 et 1930.  Bien que certains eugénistes appuyaient en privé l’euthanasie et même le génocide de ceux jugés inaptes, le mouvement eugénique américain se limitait à appuyer la pratique légalisée de stérilisation obligatoire. Mais cette idéologie sera particulièrement populaire parmi la classe dirigeante, les scientifiques et plusieurs intellectuels de l’époque. Des éléments de cette philosophie seront alors appliqués dans une trentaine d’états américains comme politiques nationales et prendront forme de lois de stérilisation, de ségrégation, de restrictions maritales et d’immigration. En 1909, la Californie deviendra le troisième état à adopter de telles lois et deviendra un épicentre pour le mouvement eugénique américain. Quelques 65 000 Américains seront stérilisés contre leur gré des suites de ces politiques, sans compter les mariages interdits et les milliers qui furent mis à l’écart en des «colonies», isolés.

L’eugénisme serait demeuré un sujet bizarre et peu populaire s’il n’y avait pas eu l’important financement de philanthropes corporatifs, spécifiquement celui de la Carnegie Institution, la Rockefeller Foundation la fortune des chemins de fer de Harriman. Ils faisaient bande commune avec certains des scientifiques les plus respectés de l’Amérique provenant de prestigieuses universités telles que Stanford, Yale, Harvard et Princeton. Ces universitaires ont embrassé la théorie et la science raciale et ont ensuite trafiqué les données pour servir leurs buts eugéniques et racistes. (Source)

Pendant ce temps, l’eugénisme prenait de l’ampleur en Allemagne – avec l’aide de l’Amérique. En 1927, la Rockefeller Foundation financera la construction du Kaiser Wilhelm Institute of Anthropology, Human Genetics, and Eugenics à Berlin. Le directeur, Eugen Fischer, collaborait avec Charles Davenport dans la gestion de la Fédération Internationale des Organisations Eugéniques. Pour l’occasion du Congrès international d’eugénisme à Rome en 1929, ils écrivirent une note à Mussolini l’encourageant à aller de l’avant avec l’eugénisme à «une vitesse maximale». (Source)

La Rockefeller Foundation aida le programme eugénique allemand et finança le programme sur lequel Josef Mengele travaillait avant d’être mis en charge d’Auschwitz. L’idée eugénique nazi fut calquée sur le modèle américain avec ses propres lois eugéniques déjà en vigueur dans plusieurs états dont la Virginie, visant les handicapés de toutes sortes et autres jugés inférieurs pour ne pas les laisser se reproduire, incluant les populations autochtones. Le Canada n’est pas en reste avec ses propres politiques envers les autochtones et le scandale des écoles résidentielles.

Ainsi donc, l’ignoble docteur SS Josef Mengele avait supervisé des expérimentations faites par les équipes de docteurs SS sur les détenus d’Auschwitz, avec l’aide de IG Farben qui conduisait aussi ses propres expérimentations sur des humains, alors que la compagnie pharmaceutique Bayer suivait avec intérêts les développements.

IG Farben était la seule compagnie allemande dans le Troisième Reich qui opérait son propre camps de concentration. Au moins 30 000 travailleurs-esclaves sont morts dans ce camps. C’est n’est pas par coïncidence que IG Farben a construit des installations à Auschwitz, c’est dû au fait que ses travailleurs (pour un total d’environ 300 000 personnes) étaient principalement des esclaves.

Les gestionnaires de IG Farben furent jugés et déclarés criminels de guerres par le Tribunal de Guerre de Nuremberg de 1946-47, ainsi que 24 gestionnaires de Hoechst, Bayer et BASF qui furent trouvé coupables de meurtres à grande échelle, esclavagisme et autres crimes contre l’humanité. Après la guerre, IG Farben a été scindé en différentes entités, soit BASF, Bayer AG et Hoechst (maintenant devenu Aventis qui développe les OGM, entre autres). Bayer a été rétabli sous le nom de Farbenfabriken Bayer AG en 1951, changeant son nom pour celui qu’on connait maintenant, Bayer AG en 1972. Bien que le Bayer d’après WWII est une entité légale différente de celle qui a précédé IG Farben et celle qui s’est ensuite jointe à IG Farben, une ligne directe de continuité peut être tracée entre le personnel, l’infrastructure et la technologie de ces trois incarnations. Ces compagnies pharmaceutiques ont un passé très trouble et on devrait en être conscient. Ceci est à retenir et sera important pour la suite de ce dossier en plusieurs parties à venir.

Adolf Hitler et le Troisième Reich ont été financés en partie par la droite américaine. Parmi les plus importants personnages ayant financés le Parti nazi allemand dans les années 1930 et les années suivantes se trouvent la famille Harriman, l’arrière grand-père de George W. Bush, George Herbert Walker et son grand-père Prescott Bush. À travers l’industrialiste Fritz Thyssen, la W.A. Harriman and Company et la Union Banking Company propriété de Precott Bush, la famille Bush a vendu pour plus de $50 millions de bonds allemands à des investisseurs américains. Selon le Sarasota Herald-Tribune, «La fortune familiale des Bush provient du 3e Reich». L`histoire remonte à 1924, quand Interessen Gemeinschaft Farben (I.G. Farben), une compagnie allemande manufacturant des produits chimiques, commença à recevoir des prêts provenant des banquiers américains, créant graduellement l’immense cartel I.G. Farben.

En 1928, Henry Ford et la Standard Oil Company (les Rockefellers) ont fusionné leurs avoirs avec IG Farben et dès le début des années trente, il y avait plus d’une centaine de corporations américaines qui avaient des branches et partenariats en Allemagne. Les fonds financiers de I.G. Farben en Amérique étaient contrôlés par un holding nommé Americain I.G. Farben, et figuraient sur son conseil d’administration des gens comme Edsel Ford, President de Ford Motor Company, Chas. E. Mitchell, President de Rockerfeller’s National City Bank of New York, Walter Teagle, President de Standard Oil New York, Paul Warburg, Chairman de la FED (Federal Reserve) et frère de Max Warburg, financier de l’effort de guerre en Allemagne, Herman Metz, un directeur de la Bank of Manhattan, contrôlée par les Warburgs, et un nombre d’autres membres, dont trois qui furent jugés et accusés de crimes de guerre pour leurs crimes contre l’humanité.

Un article du Philadelphia City Paper (1/18/01) par Robert Lederman a révélé que, «Les Rockefellers, DuPonts, General Motors, et Henry Ford, banques et les compagnies de transport opérées par la famille Bush ont été des joueurs cruciaux dans l’établissement du pouvoir industriel derrière le 3e Reich». Ces compagnies ont versé des millions de dollars dans IG Farben, le géant chimique qui fut au cœur de la machine de guerre d’Hitler. IG Farben avait une branche américaine, contrôlée par les Rothschild, par l’intermédiaire des Warburg (Paul Warburg, qui dirigeait, durant sa création, la banque centrale privée qu’est la Réserve Fédérale en 1913, siégeait aussi en tant que directeur d’American IG). IG Farben était chargée de l’organisation du camp de travaux forcés à Auschwitz et était en réalité une division de la Standard Oil, laquelle appartenait officiellement aux Rockefeller (l’empire des Rockefeller fut fondé par les Rothschild).

Les lois raciales

Les Rockefeller avaient leur protégé à la direction de l’Institut Kaiser Wilhelm, le docteur fasciste Ernst Rudin, un psychiatre suisse. Quelques mois plus tard, Hitler prend le contrôle de l’Allemagne et l’appareil Rockefeller-Rudin devient une section de l’État nazi. Le régime nommera Rudin à la tête de la Société d’hygiène raciale (Racial Hygiene Society). Rudin et son équipe, faisant partie du Groupe de travail d’experts en hérédité (Task Force of Heredity Experts) chapeauté par le chef SS Heinrich Himmler, ont façonné les lois de stérilisation allemande. Décrite comme étant une loi Modèle Américain (American Model law), elle est adoptée en juillet 1933 et est fièrement publiée dans l’édition du mois de septembre 1933 de la revue Eugenical News (USA) avec la signature de Hitler. Le Dr Alexis Carrel du Rockefeller Institute et un prix Nobel ont publiquement applaudi Hitler pour prôner le meurtre massif de patients souffrant de problèmes mentaux et de prisonniers. En 1932, le mouvement eugénique mené par les Britanniques désignera le poulain des Rockefeller, le Dr Rubin, pour être le président de la Fédération de l’eugénisme au niveau mondial. Le mouvement réclamera l’élimination ou la stérilisation de ceux qui ont une hérédité déficiente causant un fardeau public.

Sous les nazis, les compagnies de produits chimiques IG Farben et la Standard Oil of New Jersey des Rockefeller formaient une seule firme de fait, fusionnées par des centaines d’arrangements de cartel. IG Farben était dirigé par la famille Warburg, partenaire bancaire de la famille Rockefeller et dans le design de l’eugénisme de l’Allemagne nazie. Suivant l’invasion de la Pologne en 1939, la Standard Oil promettait de conserver leurs fusions avec IG Farben même si les États-Unis entraient en guerre. Cela sera exposé en 1942 par le comité d’enquête de Harry Truman et le président Roosevelt pris des centaines de mesures légales durant la guerre pour faire cesser le cartel de Standard-I.G. Farben d’approvisionner la machine de guerre ennemie. (Source)

Rockefeller est ses copains banquiers privés étaient impliqués dans l’eugénisme et les exterminations de masse jusqu’au cou. L’ancien président de la Standard-Germany, Emil Helfferich, témoigna après la guerre que les fonds de la Standard Oil ont aidés à payer les gardes SS du camp d’Auschwitz. Suivant la Deuxième guerre mondiale, le mouvement eugénique des Rockefeller a fait un changement de façade pour se distancer des nazis maintenant discrédités. En 1950, les Rockefeller réorganisent le mouvement eugénique américain et y ajoute le contrôle du nombre de la population mondiale et des groupes d’avortement. La Société d’eugénisme (Eugenics Society) change son nom pour la Société pour l’étude de la biologie sociale (Society for the Study of Social Biology). «Le nom a été changé parce qu’il devenait évident que les changements de nature eugénique en viendraient à justifier d’autres raisons que l’eugénisme, et que d’y attacher cette étiquette aurait pour effet de nuire plus que d’aider à leur adoption. Le contrôle des naissances et l’avortement se sont révélés être des grandes avancées eugéniques de nos temps. Si elles avaient été avancées pour des raisons avouées d’eugénisme, cela aurait retardé ou arrêté leur acceptation», commentait Frederick Osborn, responsable du fonctionnements de l’organisation à cette époque. (Source)

Le reste est histoire. L’eugénisme perd la face publiquement, mais l’idéologie ne meurt pas parmi l’élite, elle devient seulement «underground». Elle sera renommée «science génétique» et sera abritée sous son toit. Cette idéologie recommence à montrer son visage hideux sous différentes formes dans nos sociétés, dont le thème de la dépopulation mondiale, tel que discuté tout autant dans leurs propres documents que dans leurs rencontres, par de nombreux personnages fortunés et influents, programmes gouvernementaux et militaires et d’organisations mondiales.

Ce sera l’objet de la deuxième partie de ce dossier à trouver la semaine prochaine: Eugénisme et l’agenda de dépopulation mondiale

François Marginean

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