Une ville, dans le systeme de gouvernance qui prévaut aujourd’hui au Québec, a bien peu de pouvoirs. D’abord, elle n’est qu’une créature du gouvernement de Québec qui pourrait légiférer sa mise en tutelle… ou son extinction. Ensuite, elle ne s’occupe pas des grands dossiers . La politique étrangere, la monnaie, c’est Ottawa. La santé et l’éducation, c’est Québec… alors, souvent, au municipal, on rigole…
Mais Montréal, pour faire les petites choses qu’on lui confie, c’est tout de même un budget de 4 milliards de dollars, ce qui est l’ordre de grandeur de celui de Cuba pour s’occuper de presque tout sur son île… ou du PNB au complet de Haïti ou d’une grande partie des pays du monde. Alors, un peu de sérieux ne fait pas de mal.
http://nouvellesociete.wordpress.com/2009/05/31/montreal-labeaume-et-sim-city/
Maire de Montréal, c’est peu de pouvoir, mais une grande autorité… si on parle sérieusement et qu’on est respecté. Le 1er novembre, on va se choisir un maire. On le voudrait sérieux et respecté. Or, ce n’est pas gagné. Les choix à faire ne sont pas évidents. Il y a clairement deux (2) candidats dans le peloton de tête – Gerald Tremblay et Louise Harel – mais ils ont tous deux leur handicap.
Gerald Tremblay, le maire en poste, a le défaut que son administration ait prêté le flanc à de sérieuses accusations de corruption. Nul n’a fait la preuve qu’il en ait été le responsable ou le bénéficiaire, mais il a indubitablement l’image d’avoir été naïf ou négligent. Inspire-t-il aujourd’hui le respect et la confiance nécessaires ? Ne suffira-t-il pas d’un candidat minimalement acceptable pour que population vote CONTRE Tremblay ?
http://nouvellesociete.wordpress.com/2009/05/06/le-proces-de-la-sottise/
Louise Harel, la principale rivale du Maire Tremblay, est respectée et perçue comme compétente. Son handicap ? Être identifiée comme indépendantiste par une large part des anglophones de Montréal et être largement soupçonnée de venir sur la scène métropolitaine continuer le débat national. Elle a été farouchement opposée à la dilution des pouvoirs du Grand Montréal dans un réseau pyramidal de villes, puis d’arrondissements, dont tout le monde constate qu’il est inefficace, mais dans lequel les minorités voient une protection. The Gazette ne laissera pas les anglophones l’oublier.
http://nouvellesociete.wordpress.com/2009/06/06/le-charme-discret-de-la-zizanie/
Tout indique un clivage de l’électorat selon les critères de la langue et de l’identification politique au palier national. Entre le libéral Tremblay et la péquiste Harel, tout est donc clair et simple. Mais ça, tout le monde le sait… Les deux partis ont donc vite pris action pour échapper à cette fatalité. Ils comptent pour le faire sur l’enchevêtrement des mélodies en sourdine de leurs deuxièmes violons.
Louise Harel, dont le point faible est la communauté anglophone, a obtenu le soutien de Julius Grey, avocat bien connu des causes controversées; elle en sera certes une pour lui dans son propre milieu…. Pour un anglophone qui ne veut vraiment pas voter pour Tremblay – mais qui ne sait comment voter Harel sans paraître félon – le soutien de Grey sera une excuse acceptable, mais il faudra que Tremblay l’ait vraiment bien déçu.
Riposte de Gerald Tremblay, recruter comme flamboyante seconde Diane Lemieux, grande rivale de Louise Harel au sein du Parti Québécois. Ceux qui n’aiment pas Madame Harel pourront ainsi voter contre celle-ci sans abjurer leur foi indépendantiste… Avec Grey et Lemieux, on enlève ce que pourrait avoir de choquant une partage « ethnique » des votes, mais on risque de simplement réduire la motivation et d’avoir un absentéisme record.
L’autre scénario est celui du troisième homme – Richard Bergeron, de Projet Montréal – dont on ne peut mieux définir la position sur la ligne de départ qu’en citant le blogue Rue Frontenac : « Le meilleur candidat à la mairie de Montréal s’appelle Richard Bergeron. Il n’a aucune chance de gagner, parce qu’il est trop brillant pour jouer la petite game politique …»
Un jugement qui semble une flatteuse accolade… sauf quand on comprend que les Montréalais SAVENT que gérer cette ville va être une petite « game » politique … Quand le candidat Bergeron souligne la roublardise de Louise Harel qui a infiltré le parti Vision Montréal pour en prendre le contrôle et a presque réussi en faire autant de Projet Montréal, il lui donne aussi involontairement l’accolade, car c’est cette roublardise qui sera souvent nécessaire au Maire de Montreal dans ses tractations avec les autres paliers de gouvernement, ses fournisseurs et ses employés.
Plutôt que de défier ses rivaux sur ce plan de l’astuce, Bergeron a pris pour stratégie de jouer à fond la carte de l’intégrité. Il l’a fait ostensiblement, en mettant dans son camp camp le juge John Gomery, connu pour son rôle dans la Commission du même nom sur le scandale des commandites.
Stratégie habile, car si les affaires de corruption dans l’administration municipale font la manchette des médias, il suffirait que le Maire Tremblay perde des points dans les sondages et ne paraisse plus avoir une chance de gagner, pour que le vote anti-Harel de la commuauté anglophone afflue vers Bergeron et le propulse en tête. Un coup de dés…
Il y a aussi la “quatrième option”, Louise O’Sullivan. Ex-membre du Comité Exécutif, démissionaire du Parti de Gerald Tremblay en 2005, elle est actuellement en retrait. Si les sondages lui donnaient une quelconque importance, toutefois, elle pourrait se rallier à l’un des autre partis à des conditions intéressantes… et ces élections la feront connaître…
Autre chose ? Il y a Michel Brulé, l’éditeur, qui n’a jamais renié son intention annoncée en mai de se présenter comme candidat à la Mairie de Montréal. Silencieux pour l’instant, mais s’il faisait acte de candidature et capturait le vote ultra-nationaliste que Louise Harel ne peut se permettre de courtiser, il brouillerait sérieusement les cartes…
http://nouvellesociete.wordpress.com/2009/05/07/michel-brule-l’incontournable/
Je meurs d’envie de voir les premiers vrais sondages..
Pierre JC Allard