Je suis tombé sur cette photo la semaine dernière. Elle m’a troublé.
Au-delà de la confiance aveugle, j’y vois une allégorie de notre condition sociétale. Les anarchistes (enfin, quelques-uns), qui ne doivent plus beaucoup m’aimer, seront peut-être heureux de lire que je vois dans cette photo notre assujettissement au pouvoir.
On nous organise et la majorité s’installe, sans dire un mot, la baloune entre les dents, le risque inhérent étant un concept mou, une suite de lettres sans substance.
Alors, il reste le refus. Le problème, c’est que le refus n’attend que le poids du nombre. Et il ne saurait se décliner en une seule théorie, même une myriade ne saurait faire atteindre le point de bascule puisque c’est l’utilité, la survie qui prime. La philosophie ne rime malheureusement pas avec la survivance, elle est un luxe.
Mais comment ne pas voir la contradiction qui s’installe? C’est la survie qui empêche et entretiens le refus, comme possibilité. La peur de perdre empêche la fuite dans la rébellion, et l’état de survivance est souvent l’étincelle qui l’allume. Et tout cela, toujours dans le déficit.
C’est l’habileté de l’archer, ou plutôt la croyance en son habileté, voire sa virtuosité, qui tient tout ça ensemble. Qu’il soit personnellement et pour la plupart un mauvais homme n’est même pas important. Sa place dans la photo est tout ce qui compte. Et il est interchangeable.
À cette distance, il n’a pas de visage.
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Renart,
Je trouve que vous décrivez bien la situation dans cet article.
Deux mots dans votre texte expliquent la contradiction apparente dont vous parlez… « la peur ».
Excellent billet! Ce n’est pas parce qu’on ne s’entend pas sur le remède qu’on ne s’entend pas sur le diagnostic. De s’entendre sur le diagnostic est déjà une très bonne chose! 🙂
Bof, je t’aime suffisamment pour te relire et d’apprécier encore…je pestais surtout contre ta réponse à François Tremblay.
«On nous organise et la majorité s’installe, sans dire un mot, la baloune entre les dents, le risque inhérent étant un concept mou, une suite de lettres sans substance.» En tant qu’enseignante, je suis l’observatrive privilégiée de ces jeux de pouvoir. Entre élèves, entre eux et moi. Je m’étonne de voir à quel point ils peuvent être dociles, parfois, à quel point la révolte de l’adolescent, elle est plutôt sourde. Manifestement, à l’âge adulte, ça ne s’arrange pas. Sortir du lot, peu de gens sont prêts à en payer le prix.
Aimé,
et cette peur semble se loger loin du conscient… Il ne reste que le divertissement pour la faire parfois sortir.
David,
« je pestais surtout contre ta réponse à François Tremblay. »
j’avais bien compris ça. Mais j’ai bien le droit de pester moi-aussi!
Safwan,
j’ai une question : mon préjugé me dit que les seuls moments de révoltes sont mus par une forme ou l’autre de paresse, je me trompe?
« Sortir du lot, peu de gens sont prêts à en payer le prix. »
Certains s’en sortent en en retirant une certaine fierté.
Pour paraphraser Rosa: ne bougez surtout pas… car vous pourriez sentir vos chaînes.
@Renart
Bien sûr que tu avais le droit de pester! Certainement!
@canisminoris
Bien dit!