Archives quotidiennes : 13 septembre 2009

De Victor Jara à Guantanamo : la même CIA (21)

houston_1983-2-3Résumons notre cas précédent, digne d’intérêt nous allons le voir : c’est un ancien membre de la CIA, qui a ouvert à Houston une agence d’espionnage dite de sécurité et qui se livre très vraisemblablement à d’étranges trafics de voitures entre les USA et l’Irak, via une agence maritime de transports de containers appartenant à son père. Un trafic que la CIA pouvait difficilement ignorer. Mais il n’est certainement pas que cela : il a passé suffisamment de temps comme responsable de la CIA et connaît suffisamment de personnes pour que sa fin brutale intrigue fortement. Tout se passe comme si on s’était débarrassé d’un homme devenu bien trop encombrant pour des personnes en place. Retour sur les motivations possibles des assassins de Roland Carnaby, ces policiers de Houston à la gâchette si facile et à leur patron si bien en vue du pouvoir de l’époque.

A l’origine de Association of Retired Intelligence Officers (ARIO) devenue en 1978 Association of Former Intelligence Officers dont faisait partie Carnaby, un officier de la CIA, David Atlee Phillips dépité de son évolution, et qui souhaitait une CIA plus forte qu’elle n’était selon lui en 1975. Phillips va faire vivre l’association grâce aux procés qu’il intente à ceux qui l’accusent de méfaits, notamment les assassinats de Kennedy et de Letellier, ministre d’Allende. On y revient toujours. (*1). Atlee, qui avait participé à l’opération contre Jacobo Arbenz en 1954 au Guatemala, avait une couverture parfaite pour ses actions anti-cubaines : un journal, The South Pacific Mail où il écrivait sous le nom de Maurice Bishop. L’homme avait rencontré à plusieurs reprises Lee Harvey Oswald. Selon certains, c’était lui qui figurait sur un cliché lors de l’arrestation d’Oswald. Et avait écrit dans les années 70 une nouvelle relatant une attaque terroriste arabe sur Washington ! Il devait sortir ses mémoires, mais la CIA en avait bloqué la publication. C’était particulièrement bien joué, mais il n’empêche, la CIA était bien à l’origine des meurtres cités. En rejoignant l’association, Carnaby savait à quoi s’en tenir. Et savait ce qu’il risquait, même après avoir quitté la maison (qu’on ne quitte jamais vraiment paraît-il !).

Après avoir appris qui il était (quelqu’un qui se faisait photographier avec le chef de ceux qui allaient le tuer !) et ce qu’il lui était arrivé, on peut donc en venir aux raisons qui ont poussé certains à vouloir supprimer Carnaby. Pour plusieurs sources croisées, il aurait été la victime des services secrets israéliens, pour avoir eu connaissance d’un projet de déstabilisation du Proche Orient à partir de l’assassinat ciblé de Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah, à Beyrouth, par une charge massive d’explosifs, afin d’obtenir des représailles servant d’excuses à Israel pour attaquer à nouveau le Liban, déclenchant en même temps les hostilités en Iran et en Syrie. L’opération aurait dû se produire le 25 avril dernier, et Carnaby l’aurait donc fait déjouer. C’est une des possibilités d’explication, sans plus, à laquelle je ne donne que peu de crédit. Mais il y en a une autre. Carnaby était aussi chargé de la surveillance du port de Houston, d’où beaucoup de containers arrivaient ou partaient en provenance d’Israël, les américains redoutant une action d’éclat d’ampleur semble-t-il à cet endroit (*2). Ce que certains n’hésitent pas présenter comme la recherche, par Carnaby, d’une de ces fameuses bombes miniaturisées qui proviendrait dans ce cas de l’espionnage israélien, et qui, si elle avait été mise en action, aurait été automatiquement imputée à l’Iran.

A ce propos, justement, en décembre 2008, lors d’un débat à la radio, à Washington, un des fameux experts de la terreur invité, avait cité Houston comme meilleure cible possible (*3). Or Scheuer n’est pas n’importe qui : c’est l’auteur véritable d »un pamphlet resté longtemps anonyme intitulé Imperial Hubris, au sous-titre éloquent « Why the West is Losing the War on Terror » . Pour lui, ancien de la CIA, l’équipe de Bush, c’est simple, avait tout faux (*4). Selon Scheuer, ça n’a rien à voir avec l’islam, mais avec la notion d’envahisseur, à savoir ce qu’on entend tous les jours des maîtres de guerre afghans. Or, selon certains témoignages, Carnaby n’était pas loin de partager cette opinion. Pourquoi craignait-il autant alors une action à Houston même, comme Scheuer ? Qu’avait-il comme information pour le croire ? Un bloggeur note en commentaire une information importante : Carnaby devait rencontrer Scheuer dans quelques jours (*5) Pourquoi avoir prévu de rencontrer celui qui a traqué le plus longtemps Ben Laden ? pourquoi Scheuer l’avait-il invité ? Décidément, Carnaby avait gardé quelques secrets de son temps passé à la CIA…

Un événement possible, tellement possible cette explosion à Houston, qu’une conférence-atelier de réflexion tenue que le 7 aout 2008 par l’institut de médecine tenait le même langage avec comme thème principal la même chose, et sur les six cites sélectionnés Houston qui figurait en bonne place (*6). Depuis que Peter Pry, du « House Armed Services Committee«  avait montré à la presse en 1999 une valise susceptible de contenir une bombe de 5-10 kilotonnes, tout le monde a cru en voir quelque part. Il va sans dire qu’un engin pareil a peu de chances de se présenter de cette façon, les terroristes puisant plutôt dans l’arsenal d’engins militaires déclassifiés, comme il en existe des centaines. La « Davy Crockett » de 1956 de 0,5 kilotonne étant la représentante idéale. Dans les années 50, les USA avaient envisagé de créer un deuxième canal de Panama à coups de bombinettes, des « Special Atomic Demolition Munition« , des bombes SADM Mark 54 tenant dans un gros sac à dos de 23 kgs seulement, pour 1 kilotonne. En israël, le développement des « mini-nukes » date de l’après 1973 et l’étude du lancement d’obus nucléarisés de 203 mm de quelques années plus tard (*7). Parmi les 108, on a vite fait d’en cacher une au fond d’un container. Exactement le scénario décrit à quatre reprises par Dick Cheney, à part que ce n’est pas l’Iran le fournisseur. Cet été même, l’annonce d’un gigantesque incendie au même endroit fait craindre le pire : on y apprenait que ce qui brûlait, c’était du nitrate d’ammonium, disposé en quantité paraît-il… un autre spectre surgit. On évacuera quand même 72 000 personnes de la région ! Tout le secteur est bien une bombe chimique potentielle ! Le port de Houston semblait depuis longtemps intriguer les services de sécurité : le 24 juin 2004, par exemple, c’est le directeur lui-même du Homeland Security, Tom Ridge, devenu bien critique vis à vis du pouvoir, en août 2009, en affirmant que les menaces terroristes avaient été exagérées par W.Bush, qui venait y…. faire une conférence ayant pour thème… le terrorisme. Houston entrait-il alors dans un des projets fous de l’équipe Bush ? En 2007, rebelote, on y faisait la démonstration d’un appareil détecteur aux rayons X de type VACIS …. fonctionnant au Cobalt 60.

Car cette opération encore une fois aurait pu faire d’une pièce deux coups. Comme pour le WTC, infesté on l’a vu d’amiante du sol au dernier étage, le site de Houston avait été choisi comme étant en même temps une entreprise de « nettoyage » à grande échelle du gigantesque conglomérat de raffineries vétustes que la ville héberge (*8)on croît à nouveau rêver ! A nouveau, un moyen de se débarrasser d’un dossier « immobilier » encombrant ? Il est vrai que catégorie explosion portuaire, les Etats-Unis avaient déjà historiquement donné. Au même endroit ou presque. En 1947, un cargo chargé de 2300 tonnes de nitrate d’ammonium ayant percuté un cargo (français) avait fait 581 victimes à Texas City ! Un tsunami de 4,5 m de haut avait suivi l’explosion, et avait tout détruit dans un rayon de 160 km… A 16 km de là, à Galveston, les gens avaient été renversés par le souffle. Le choc avait été ressenti jusque dans l’Indiana à 400 km de là. Encore un événement historique que tout le monde à oublié, visiblement. Comme on avait oublié déjà Pear Harbor, ressorti pourtant dans un projet signé Wolfowitz et consorts… Houston pourrait très bien faire un nouveau Pearl Harbor/WTC, il réunit tout ce qu’il faut pour ça.

Cela semble être rocambolesque ? Pas tout à fait. On sait que Dick Cheney a déjà évoqué à plusieurs reprises cette possibilité de « bombe iranienne ». Mais une étrange déclaration venue directement d’israël a jeté le trouble ces dernières semaines en apportant de l’eau à ce moulin. C’est celle de Benjamin Netanyahou, nouveau premier ministre, déclarant craindre lui aussi la possibilité d’un second onze septembre sur le territoire des Etats-Unis. Or on sait les liens entre les neo-cons et le pouvoir actuel israëlien : lors de la campagne électorale de McCain on en a vu les effets et je les ai décrits en détail ici-même et sur Cent-papiers… La sortie de Netanyahou en ce sens rejoint parfaitement les craintes évoquées dans notre saga sur la FEMA. Netanyahou est en quelque sorte un habitué de ce genre de phrase prophétique : dans son livre (« Fighting Terrorism ») sorti en 1995 il aurait prophétisé que « des « islamistes » feraient un jour détonner une bombe atomique dans le World Trade Centrer… » le premier a s’en être souvenu, c’est évidemment un neo-con : c’est l’ineffable Daniel Pipes en personne (*9). Pipes citant la vraie phrase y référant (*10). On le voit, l’actuel premier ministre israëlien imaginait déjà que l’Iran avait la bombe dès 1995… alors qu’aujourd’hui encore on en est réduit à des supputations. En revanche, il était tombé pile sur l’objectif, il est vrai mis au grand jour par l’attentat raté de 1993 qui semble surtout avoir donné des idées à tout le monde ! Il n’empêche, sa façon d’annoncer les choses montre qu’il était au courant de beaucoup d’autres…

Netanyahou semble posséder il est vrai, sinon le don de voyance, du moins une certaine baraka : à Londres, lors des attentats, il n’était pas sorti de son hôtel depuis la veille (*11) On sait aussi qu’Israël possède la bombe atomique depuis les révélations de Vanunu en 1986. Sachant qu’on doit ajouter quinze ans de recherches pour arrive à la miniaturiser, on tombe dans les délais actuels, et un engin de ce type est beaucoup plus facile à dissimuler au milieu d’un amas de containers que celui que pourrait engendrer les iraniens qui n’ont toujours pas fait sauter la leur.. A Houston comme ailleurs, c’est en effet une aiguille dans une meule de foin (*12)... on comprend alors les craintes de Carnaby…

Selon certaines sources encore, pour l’assassinat de Carnaby, les agents israéliens auraient agi en représailles de l’arrestation le 22 avril 2008 d’un de leurs plus anciens informateurs : Ben-Ami Kadish, un ingénieur en armement travaillant dans le New-Jersey au centre de Dover, dans l’arsenal de Picatinny. L’homme aurait fourni des renseignements de 1979 à 1985 à israël . Il aurait donc fait parti du groupe de Jonathan Pollard, autre espion à la solde des israéliens condamné à la réclusion à vie le 4 mars 1987. Pollard travaillait pour le LAKAM (acronyme de « Bureau of Scientific Relations » en hébreu). Pollard avait posé problème à beaucoup, et parmi ceux qui avaient été le plus à le charger figurait Georges Tenet, l’ancien directeur de la CIA, celui qui avait tant tenu à assister aux funérailles de Carnaby. Tenet avait menacé de démissionner devant Bill Clinton si Pollard recevait son pardon et était libéré. Parmi les documents saisis chez Kadish, certains étaient justement sur la miniaturisation des armes nucléaires.

En 1970, ce citoyen possédant la double nationalité avait travaillé pour Israel Aircraft Industries, et avait été envoyé à l’arsenal par le biais du consulat général israëlien à Manhattan via le Consul for Science Affairs. Agé de 85 ans, en mauvaise santé, Kadish n’avait pas été incarcéré. En israël, l’arrestation de Kadish avait jeté un sacré froid. Le 30 mai 2009, le lendemain de l’anniversaire de la mort de Carnaby, Kadish se voyait imposer une simple amende de 50 000 dollars par un juge fédéral. Un verdict de clémence évident. Kadish avait eu du mal à expliquer ces revenus de 100 000 dollars de 2007 alors qu’il ne travaillait plus. En fait, tout cela résumait près de 30 années d’espionnage, comme l’avait fait Carnaby au sein de la CIA, qui semblait également avoir beaucoup de liens avec le Mossad, dont il était visiblement chargé de surveiller les activités aux USA. Avec en ligne de mire Naor Gilon, le chargé d’affaires politiques de l’ambassade israëlienne à Washington, censé être l’agent principal dans le pays. Car Carnaby courrait plusieurs lièvres à la fois. Et l’histoire évoquée hier du trafic de voitures vers le proche orient est bien plus complexe qu’on ne l’a imaginé au départ.

L’arrestation de Kadish suivait de quatre jours seulement la très étrange mort d’un activiste palestinien, Riad Hamad, retrouvé mort dans du lac Ladybird près d’Austin, Texas, les yeux, les mains et les pieds entourés de bande scotch. Verdict de la police locale : suicide ! Hamad était libanais d’origine, enseignait à Austin et avait créé le « Palestine Children’s Welfare Fund », une société d’entraide palestinienne (*13). En fait, Hamad était pisté par le FBI pour ses envois de livres en Palestine. Hamad avait dépensé beaucoup pour se défendre des attaques de David Horowitz, Daniel Pipes and Joe Kaufman qui l’accusaient d’être un activiste à la solde du Hamas. Sa mort ressemblait surtout à celle du journaliste Gary Webb (*14). Qu’avait-il trouvé qui lui aurait valu ce sort ? Aurait-il été victime du tristement célèbre Kidon ? (*15) ; La mort d’Hamad aurait-elle provoquée l’arrestation en représailles d’un vieil espion comme Kadish ? Nul ne le sait.

Car le pot aux roses est là, comme l’a trouvé le Houston Chronicle. Ça s’est fait en deux temps En premier, l’insigne de Carnaby, montré au policier, un indigne qui était bien véritable, mais ce dernier n’a pas réussi à joindre au téléphone un de ces responsables (*16). Cela explique deux choses : le retour du policier vers le véhicule de Carnaby lors de sa fuite, et l’enfermement dans son véhicule lors de son second et définitif arrêt. Carnaby a cherché à se justifier, et l’enregistrement du son lors de la première arrestation l’indique bien : le policier affirme que « ce n’est pas tous les jours qu’il arrête un membre de la CIA ». Et là, tout devient clair : un responsable de la police de Houston déclare que Carnaby n’est pas de la CIA, ce qui en fait automatiquement un homme dangereux, et le condamne, étant donné la violence connue de ces policiers (*17)  «  Un coup de fil haut placé à condamné Carnaby : qui a donné l’ordre de le considérer comme un dangereux criminel armé ? C’est bien la thèse que défend l’avocat de la compagne du défunt : Carnaby n’avait pas son arme sur lui, seulement les papiers (qu’il a à la main droite quand il se fait tuer)  (*18). Pour l’avocat, il y a bien eu de la part de Carnaby l’impression d’avoir été piégé : Carnaby craignait bien d’être abattu, et son instinct de vieux professionnel lui avait demandé de fuir (*19). Et effectivement, ce jour là, c’est bien lui qui a eu raison. Hélas pour lui !

A voir avec quelle violence le second policier matraque sa vitre alors qu’il n’est pas armé et ne fait que téléphoner à bord de son véhicule démontre que ce jour-là les policiers ont déjà choisi de l’abattre, quoi qu’il fasse. Le menotter dans le dos après qu’il eût reçu une balle mortelle est tout aussi significatif. A ces deux-là, on a donné le droit d’exécuter Carnaby, qui aurait dû davantage se méfier de ses amitiés haut placées au sein de la police corrompue de Houston. Notamment avec Harold Hurtt. Un homme bizarrement bien en vue…de W. Bush, qui en avait fait un de ses favoris… de la sécurité. Sa réponse à la question sur la multiplication des caméras à Houston était restée dans toutes les mémoires (*20). Le lendemain même, Bush annonçait qu’il le souhaitait comme remplaçant de Chertoff (*21) : Hurtt a un lourd passé de policier à poigne, pourtant : avant d’atterrir à Houston, il était à Phoenix, où il s’était rendu célèbre avec sa promotion des Tasers (*22). «  A Phoenix, comme à Houston, Hurt tirait déjà dans le tas (*23). Qui aurait ou donner un coup de fil donnant l’ordre d’abattre Carnaby, sinon un proche d’un pouvoir haut placé ? Selon FoxNews, la chaîne liée au pouvoir, la voiture de Carnaby contenait bien des armes (*24). Des armes que Carnaby n’avait pas montré au policier, détenant seulement les papiers. Deux choses intriguent : à Houston, tout le monde a une arme sur lui, ou dans sa voiture comme aux Etats-Unis en général. Mais que fiche donc Carnaby à sortir se faire descendre avec à la main des papiers seulement, alors qu’il a fui et qu’il connaît la gâchette facile des policiers de Houston ?

Et puis l’on retrouve après son décès des événements inquiétants. La veille de son assassinat, une étrange rencontre avait eut lieue dans le restaurant favori de Carnaby (*25). Il avait visiblement été l’objet d’intimidations. Les plaques, selon les deux personnes présentes, étaient celles du Consulat israélien…

Non, quelque chose cloche dans le cas Carnaby, mais quoi ? En fouinant un peu plus, et en se promenant sur les quais du port de Houston qu’il semblait tant aimer au point de le surveiller à distance par plusieurs téléphones portables, un journaliste plus curieux que les autres va tomber sur une mine véritable. Les hangars de Karnabe à Houston jouxtent ceux d’une firme appelée Karam LLC, et parfois également Karam Motors. Un nom qui n’est pas sans vous rappeler quelque chose, vous qui lisez cette saga depuis plusieurs épisodes. C’est le nom de l’entreprise qu’avait créé à Orlando, en Floride, un dénommé Mohammed Atta, un ressortissant « français » habitant « Marseilles » (sic) selon sa fiche locale d’entrepreneur ! Une société créée avec Hassan Erroudani, le président de la chambre de commerce américano-marocaine. Un homme très affairé avec sa compagnie Seawest Car Import/export : une entreprise d’export de voitures de luxe vers le Proche-Orient, c’est sûrement un hasard, dans laquelle figure aussi figure Murat Oner, l’attaché naval de l’ambassade turque à Washington, soupçonné de divers trafics, dont lui aussi celui aussi de voitures (on retombe ainsi sur Carnaby). Une dernière entreprise de déménagement, « Karam Moving and Storage » était également liée à Atta : elle utilisait des hangars à proximité de l’aéroport d’Orlando, celui fréquenté régulièrement par les avions de Wally Hilliard. Ceux qui transportaient l’héroïne à bord de son LearJet, celui que prenait régulièrement Jeb Bush. Bref, à ce stade, on comprend beaucoup mieux pourquoi Carnaby a fini comme Mike Connell : il est le énième locataire du placard gigantesque laissé par l’équipe de G.W. Bush. Visiblement, il en savait trop. Beaucoup trop.

Dans sa fuite incompréhensible sur l’autoroute, Carnaby cherchait aussi à joindre au plus vite Michael Hayden (ses appels téléphoniques en ont témoigné), l’ancien dirigeant de la CIA, très lié à l’équipe Bush et qui venait lui aussi de réintégrer la vie civile. Non sans avoir martelé depuis que les tortures étaient efficaces, alors que l’on sait qu’elles ne le sont pas. Carnaby avait eu aussi un ami au téléphone, et les journalistes ont révélé ses derniers mots (*26). Que pouvait-il donc avoir de si important à ne pas vouloir s’arrêter ? N’avait-il pas vu les campagnes de pub de la Police expliquant comment s’arrêter proprement en cas de demande de la Police ? Qu’y avait-il en cours de si important ? Carnaby était l’homme qui en savait trop ? Qu’avait-il appris des effets secondaires de l’arrestation de Ben Ami Kadish ??? Car le fuyard n’était pas tout à fait seul : s’il venait juste de se retirer de son entreprise florissante, un encombrant successeur avait pris sa place. Et notre homme était encore plus représentatif, peut-être, de l’évolution récente de la CIA. Et de ses plus lamentables dérives. C’est ce que nous verrons demain si vous le voulez bien. Pire que le cas de Carnaby, cela existe-t-il ? Oui, et nous ne sommes donc pas au bout de nos surprises !

(1) « he was subsequently personally accused of being a participant in the Kennedy and Letelier assassinations. He successfully sued several publications for libel, retractions were issued and monetary damages awarded. »

(2) « The word from the federal agents who were involved in identifying weaknesses in Houston port security is they did not want to see « another 9/11-type part false flag. »

(3) Certainly, the prime target for the United States right now is Houston, » says Mike Scheuer, the former head of the CIA’s Osama bin Laden unit. He says al-Qaida believes a successful attack on Houston would be a major blow to the U.S. economy. « It controls so much of the refining of gasoline. It’s the hub for natural gas distribution, and it only has one ship canal. »

(4)« The fundamental flaw in our thinking about Bin Laden is that « Muslims hate and attack us for what we are and think, rather than what we do. » Muslims are bothered by our modernity, democracy, and sexuality, but they are rarely spurred to action unless American forces encroach on their lands. It’s American foreign policy that enrages Osama and al-Qaeda, not American culture and society. »

(5) « Carnaby was to host Michael Sheuer, CIA Bin Laden chief , in 2 weeks at the Sheraton Galleria dinner. »

(*6) « The purpose of the workshop was to assess the current level of medical preparedness for a nuclear detonation of up to 10 kilotons in tier 1 Urban Area Security Initiative cities (New York/New Jersey ; National Capitol Region ; Houston ; Chicago ; Los Angeles ; and San Francisco/Bay Area) ».

(7) « The Israeli Defense Force did have three battalions of the 175mm artillery (36 tubes), reportedly with 108 nuclear shells and more for the 203mm tubes ».

(8) « Federal sources have told me that they fear the detonation of a small nuclear device in or around Houston/Galveston, TX. They say the old refineries there need to be modernized and expanded, but environmental regulations require expensive cleanup of existing ground pollution before upgrading. HOWEVER, a terrorist attack in that region would put the cleanup cost on taxpayers ! »…

(9) « I wrote a book in 1995, and I said that if the West doesn’t wake up to the suicidal nature of militant Islam, the next thing you will see is militant Islam bringing down the World Trade Center. »

(10) « Iran might be tempted to actually use nuclear weapons against Israel or a neighboring Arab state, and then avoid the consequences of Western reaction by threatening to activate its pre-armed militants in the West. … In the worst of such scenarios, the consequences could be not a car bomb but a nuclear bomb in the basement of the World Trade Center ».

(11) « Terrorism expert Tommy Preston of Preston Global in Frankfort, Kentucky, said sources in the intelligence community reported that at least one person in London, England was warned of Thursday morning’s terrorist attacks moments before the initial blast. Preston, citing sources in the intelligence community, said former Israeli Prime Minister and current Finance Minister, Benjamin Netanyahu, was in London this morning for an economic forum. “Just before the first blast, Netanyahu got a call from the Israeli Embassy telling him to stay in his hotel room. The hotel is located next to the subway station where the first attack occurred and he did stay put and shortly after that, there was the explosion,” Preston said.

(12) « More than 200 million tons of cargo moved through the Port of Houston in 2006. A total of 7,550 vessel calls were recorded at the Port of Houston during the year 2006″.

(13) « Because of this background and the circumstances of his death, there was immediate but unsubstantiated Internet speculation that Hamad had been assassinated, perhaps by U.S. or Israeli authorities ».

(14) « is it possible Riad Hamad was targeted for suicide as well, sort of the same way prize-winning American investigative journalist Gary Webb committed suicide with multiple gunshots to the head ? Webb investigated Nicaraguans linked to the CIA-backed Contras who had smuggled cocaine into the U.S. which was then distributed as crack cocaine into Los Angeles. Gary had to go, as he had yet another book on tap before he killed himself over a stolen motorcycle. Riad had to go too, as he was a thorn in the side of the neocons, the FBI, ICE, and the IRS. »

(15) “The Israeli statements were confirmed by more than a half dozen U.S. foreign policy and intelligence officials in interviews with UPI. Israeli hit teams, which consist of units or squadrons of the Kidon, a sub-unit for Mossad’s highly secret Metsada department, would stage the operations, former Israeli intelligence sources said. Kidon is a Hebrew word meaning ‘bayonet,’ one former Israeli intelligence source said.”

(16) « According to the Houston Chronicle, when the patrolman who pulled Carnaby over decided to verify whether Carnaby’s CIA badge was real, Carnaby then used his cell phone to contact an acquaintance, someone who worked in the Houston Police Department Internal Affairs. The officer who pulled him over asked Carnaby for the number to contact at the CIA to verify employment and the name of Carnaby’s supervisor. Carnaby wasn’t able to provide any answers. Instead Carnaby chose to call one of his « buddies » at HPD’s Internal Affairs. »

(17) « DBKP is not sure what his « buddy » told the patrol officer. The officer, still suspicious of the « CIA » badge, contacted HPD’s criminal investigation and major defender division and was told that Carnaby was not a real CIA agent. The officer was also told to « find something to arrest Carnaby on » that he couldn’t arrest the man just for speeding ».

(18) « When the officer discovered Carnaby had a permit to carry a concealed weapon but had not shown it, the officer asked Carnaby to step out of his vehicle. It was then that Carnaby took off. »

(19) « Maybe he thought he was being set up. That’s speculation only, » he said. « The answer is no, I don’t know. But there are multiple reasons why an experienced professional would feel threatened. And given the actions after the shooting, maybe his instinct was correct. »

(20 ) « When Chief Hurtt was asked by one reporter why people who aren’t doing anything wrong should be surveilled, he responded : « Only al Qaeda sympathizers and terrorists would protest such a policy. Are you with bin Laden ? »

(21) « And so, early this morning, the President announced his intention to replace Michael Chertoff with Harold Hurtt ».

(22) « Between 1980 and 2000 Valley cops killed more than 150 people. Between 1996 and 2000 « Phoenix police killed an average of 3.33 people per 1,000 officers, making them more than 2 1/2 times as likely to use deadly force than officers in bigger cities like Los Angeles and New York. » Hurtt’s policy shift was largely heralded as a major success. »

(23) « in fact, the Phoenix Police and other police agencies have faced several lawsuits over the last few years for inappropriate use of force, including theshooting of a half-blind, mentally ill Latino man in May 2001 that resulted in an award of $1 million« .

(24)« During a close inspection of Carnaby’s vehicle, police found two pistols and a rifle. »

(25) « the evening before Carnaby was shot, a man approached Carnaby and two friends at Houston’s Capital Grille, a favorite meeting spot for Houston’s business elite. A man, pretending to be inebriated, went up to Carnaby and acted as though he was an old friend. He was carrying an open bag, the type in which « to go » food orders are usually placed. Carnaby reportedly reached for his concealed hangun and told the man he had never seen him or met him before. The man apologized, quickly left the restaurant, and drove off in a car with diplomatic license plates »


(26) « He talked to a friend on the cell phone during the chase and was advised to pull over. His response was “I can’t ».


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Classé dans Actualité, Stéphane Bouleaux

De Victor Jara à Guantanamo : la même CIA (20)

carnaby_mortEt puis, dans le nombre incroyable d’affaires liées à la CIA, il y en a une qui soudain apparaît et rassemble toutes les tares et toutes les circonvolutions de ce mécanisme devenu depuis longtemps incontrôlable. Et comme souvent dans ces cas-là, ça commence par un meurtre. Et comme l’affaire se passe aux Etats-Unis même, on a même droit auparavant à une belle course poursuite dans les règles de l’art, filmée comme il se doit en direct à la télévision.  Ça se passe à Houston, au Texas, le 29 avril 2008. Une photo prise d’hélicoptère d’une chaîne de télévision montre juste après un homme étendu mort par terre, au milieu d’une route, à côté d’un énorme 4×4 noir. Une scène courante aux Etats-Unis, paraît-il. A part que là l’homme est face contre terre et a les deux mains liées dans le dos par des menottes. Pour un homme en fuite, voilà qui ressemble davantage à un assassinat qu’à une arrestation : on lui aurait mis les menottes après lui avoir tiré dessus ? Belle bavure de la police locale ! Un coup de zoom de la caméra de télévision sur la plaque d’immatriculation de l’énorme SUV Jeep de 2007 dont l’homme est sorti donne comme numéro DCL 848. Rentrés à la station, les journalistes découvrent avec surprise que la voiture appartient au National Security Command Center. Ils découvrent très vite également que l’homme abattu appartient au National Association for Intelligence Officers, une association d’anciens de la CIA, présidée par George H. W. Bush, le père du précédent, qu’il s’appelle Roland Carnaby, et qu’il est âgé de 52 ans. Et qu’il possède un sacré palmarès d’agent très spécial reconverti dans de florissantes affaires de sécurité privée. Mais ce n’est pas tout : les journalistes ne savent pas encore sur quelle fourmilière ils viennent de poser le pied. Le dossier Carnaby est explosif, car les ramifications de ses contacts et de ses activités sont nombreuses et très hautes placées. Très, très, hautes.

Pour en avoir la preuve, il faudra attendre ses obsèques. Et regarder avec surprise ceux qui tiennent les cordons de son cercueil à son enterrement : l’ancien Président George Bush Senior, l’ancien général du KGB, Oleg Kalugin, que Roland Carnaby avait personnellement invité en 2007 à Houston, mais aussi James Pavitt, l’ancien directeur des opérations de la CIA de 1999 à 2004, un personnage rarement vu à l’extérieur, (ayant déposé lui aussi à la commission du 11 septembre en affirmant que c’était bien l’œuvre de Ben Laden), et George Tenet, ancien directeur de la CIA sous W. Bush, et même un officier libanais de rang élevé. Roland Carnaby était bien un très gros poisson. Tellement gros que ses fiches internet depuis sa mort sont régulièrement vidées. Avec une régularité qui défie l’entendement. De même pour la vidéo de la caméra de la voiture de police, mise en ligne quelques heures et depuis introuvable : il n’en reste qu’une seule capture d’écran. Reste la poursuite aussi, mais sans la scène de meurtre figurant au départ…Bref, depuis sa mort, l’internet ne cesse de frémir.

Sa mort rocambolesque comme un vulgaire voleur de voiture pose question : comment est-on arrivé à le localiser, lui si discret durant toute sa vie (les femmes avec qui il a vécu ignoraient ses fonctions réelles), et à le contraindre à fuir éperdument de la sorte à la suite d’un contrôle ordinaire de police ? Qui avait-il rencontré sur sa route pour tenter d’échapper ainsi ? Pourquoi avoir fui devant de simples policiers de la ville ? Pourquoi donc rester enfermé dans sa voiture aussi longtemps avant de sortir, alors que l’attendent dehors des hommes en armes ? Pourquoi ne pas communiquer ? Pourquoi la voiture qui le poursuit et le rattrape en premier ne possède aucun signe distinctif de la police ? A qui cherchait-il désespérément à téléphoner ? Il n’avait certainement pas peur d’un simple officier de police de Houston ! Carnaby a été descendu dans le dos, alors qu’il cherchait son insigne dans sa voiture, parait-il. Or la vidéo existante le montrant a un temps disparu : on a bien la poursuite, mais plus la scène des tirs, qui infirmerait la thèse officielle de la tentative de geste brusque. Puis on a pu la retrouver, et distinguer l’incroyable brutalité de ces policiers : un qui brise une vitre à coup de matraque, et l’autre qui tire après avoir coincé Carnaby, désarmé et non menaçant, entre sa portière et son véhicule. Carnaby s’effondre en tenant à la main droite des documents papiers, et en aucun cas une quelconque arme ou un quelconque objet qui aurait pu être pris pour une arme. La bavure est manifeste : la sauvagerie de l’attaque est inimaginable : qu’à t-on raconté à ces policiers sur l’éventuelle dangerosité de Carnaby pour qu’ils agissent avec une telle violence ? Un officier de la CIA, aux Etats-Unis, ne peut posséder d’armes dans sa voiture. On du mal à croire à une simple méprise de la part de policiers à la gâchette trop rapide. Rien ne va dans ce scénario ; pourquoi a-t-il fuit tout d’un coup, pourquoi il n’aurait pas répond tout de suite aux injonctions, etc.. rien ne tient debout (*1).

Carnaby, d’origine libanaise, (il a américanisé son nom qui était au départ Karnabe) et dont le père, Vincent Said Karnabe, a été ambassadeur Libanais, et a travaillé pour la CIA a partir de 1975. Son père semble avoir dès 1936 avoir rejoint les phalangistes libanais, favorables aux chrétiens maronites, proches de l’extrême droite. Il a aussi rejoint pendant la guerre l’OSS, le précurseur de la CIA : Roland aurait donc suivi la filière familiale, tout simplement. La famille Karnabe aurait tissé dans les années 50 des liens étroits avec Camille Chanoun, président libanais de 1952 à 1958, devenu ami proche de la famille Karnabe. Très vite, les facultés du fils de bonne famille lui donnent un rôle clé : il parle en effet couramment l’arabe et le français, et devient logiquement une espèce à part à la CIA qui a toujours manqué de ce genre d’agent. Et très vite aussi il franchit les étapes et grimpe dans la hiérarchie. C’est un homme respecté et écouté au Proche-Orient, cette poudrière depuis cinquante ans. La CIA et la famille Karnabe c’est une vieille histoire en fait. A la mort d’Allen Dulles, en 1969, le directeur de la CIA, toute la famille Karnabe est déjà présente à l’enterrement.

Au Liban, le fondateur du Kataeb Party phalangiste, Pierre Gemayel est enlevé par des palestiniens en 1970, puis c’est au tour de son fils, Bachir Gemayel, ami d’enfance de Roland Karnabe devenu Carnaby. Bachir deviendra le chef des paramilitaires phalangistes libanais responsable des massacres de 1975 de palestiniens et de musulmans, puis en juin 1978 celui d’Ehden, consécutif à la tentative ratée d’enlévement de Tony Frangieh.. en 1980, la CIA (et donc Carnaby) va plutôt choisir de soutenir Gemayel contre les Tigres de Danny Chanoun, fils de l’ancien président, qui décédera en 1987. Carnaby est donc déjà en même temps fort partagé et très actif à cette époque au Proche-Orient, et il va le payer cher. En 1983, il est blessé à la jambe lors de l’explosion d’une bombe, le jour où plusieurs têtes de la CIA au Liban meurent dans cet attentat, alors que lui en réchappe par miracle. Il est censé ne plus travailler pour la CIA jusqu’en 1993, date de sa déposition sur les attentats du WTC. L’année précédente, toute sa famille Karnabe était présente lors des cérémonies pour la nomination de Rafik Hariri comme 41 eme premier ministre du Liban.

En 1993, on trouve donc trace de sa déposition dans l’affaire de la première explosion au WTC. Il travaillait alors sous les ordres de John O’Neil qui a eu la mauvaise idée de mourir dans le second attentat alors qu’il était devenu responsable de la sécurité du bâtiment ! Et comme tout agent de la CIA haut placé, c’est à lui de gérer les affaires les plus délicates et de monter les coups les plus tordus. Très vite, son passé va resurgir dès son décès, tout d’abord sous forme de vigoureuses dénégations : le premier a venir dire à la presse qu’il ne fait pas partie de la CIA est un dénommé Don Clark, présenté comme un correspondant de Fox news, dont on sait les liens avec le pouvoir (*2). Mieux encore : il l’avait même vu fort récemment à l’association des anciens de la CIA (¨3). décidément, dès sa mort on tient beaucoup à mentir à son propos… Le cas doit être embarrassant. Il l’est !

Très vite, les dénégations successives de ceux qui ont travaillé avec et les effacements de fiches sur Internet cherchent à détourner l’attention. Carnaby était sur un très gros lot, semble-t-il au moment de sa mort. La présence à l’enterrement de Carnaby de Bush père n’est pas non plus un hasard. Bush senior et Dick Cheney avaient tissé des liens forts avec la Syrie d’ Hafez el-Assad, qui a contribué à donner des troupes dans l’opération Desert Storm du père de W. Bush. Ce sont aussi les services secrets d’Hassad qui ont certainement éliminé Imad Mugniyah à Damas le chef militaire du Hamas, une opération très certainement supervisée par la CIA et Carnaby en personne. Pourquoi donc aurait-il tant tenu à aider à la disparition de Mugniyah ? Pour une raison simple : c’est celui qui avait torturé et assassiné son supérieur à l’époque en 1985, à savoir William Buckley, le patron au Liban de Carnaby. Et Carnaby, enlevé lui aussi, avait eu la chance d’en ressortir vivant (*4) D’aucuns citent le Mossad dans l’assassinat de Mugniyah, mais à cette date on n’en a toujours pas la preuve. Une coopération services secrets Syriens et CIA est tout autant envisageable. Comme l’est tout autant une collaboration Mossad-CIA, où Carnaby aurait joué les intermédiaires !

Carnaby semblait beaucoup circuler dans le monde et s’occuper de tout ce que d’aucuns n’auraient osé faire. Nous verrons plus loin qu’il a été aperçu en Europe à Londres et à Malte, à la descente d’avions bien connus de la CIA (nous y reviendrons). Les sales affaires, les coups tordus de déstabilisation de l’adversaire sont pour lui semble-t-il, et il est bien revenu aux « affaires », mélangeant sans doute désormais firme privée et CIA, puisque cette dernière en recrute à tour de bras. En 2007, le New-York Times redécouvre un très étonnant trafic de voitures, déjà évoqué deux ans avant dans le Boston globe, sans qu’il n’y aît eu beaucoup de remous. Or l’affaire est grave, très grave. Quelque chose de particulièrement inattendu et qui ravive les soupçons déjà énoncés ici : dans les débris des véhicules explosant sur les marchés de Bagdad ou dans les grandes villes irakiennes, des enquêteurs ont fait de bien étranges découvertes. Des plaques de moteurs ou de châssis révèlent que les véhicules sont… américains d’origine ! L’observation des fiches de la National Motor Vehicle Title Information System créée en 1992 est en effet formelle : parmi les voitures explosées certaines ont bien été achetées aux Etats-Unis ! (*5) précise le journal. Il y a le choix : près d’un million de véhicules sont volés aux Etats-Unis chaque année et on n’en retrouve qu’environ 1/3 (*6). 21 états ne participent pas au fichage dit de VIN (pour « vehicle identification numbers ») ce qui facilite la tâche des voleurs ! Quel intérêt pour des terroristes à faire venir des voitures des Etats-Unis alors qu’à Bagdad traînent les mêmes partout et qu’en voler est chose courante ? L’idée d’une « préparation » des voitures dès leur départ fait surface. Une fois « livrées », elles sont « disponibles » instantanément pour ceux qui le désirent. Le gag supplémentaire, c’est que dans le lot, il y a aussi des voitures… neuves. Quel intérêt pour un terroriste de recourir à du neuf ?

Lors de l’enquête, le nom de la CIA et de Carnaby apparaît fugacement. On a déjà affirmé ici que certaines explosions étaient douteuses et faisaient penser à des opérations type escadron de la mort. Carnaby apparaît, car la filière d’apport de voitures est … syrienne, et que notre homme possède une longue implantation libanaise et syrienne de par ses origines mêmes. (*7). Et le spécialiste incontesté de la Syrie, à la CIA, n’est autre que… Carnaby.

L’histoire des voitures et des soupçons sur leur provenance a démarré à Karbala, le 27 janvier 2007, où une douzaine d’insurgés ont kidnappé quatre soldats US de la base en y débarquant en SUVs, habillés d’uniformes américains et irakiens, certains parlant américain et l’un d’entre eux étant même blond. On retrouvera quelques jours plus tard les quatre soldats morts, une balle dans la tête, dans l’un des véhicules. Les engins étaient deux GMCs (numéroté 3GNGC26UX1G12602 pour le premier) et un Toyota numéroté JTGHJ01J143005349. Les trois viennent du Texas, et de Houston exactement. Selon le journaliste Wayne Madsen, l’homme qui était venu le certifier était bien… Carnaby. (*8)

A l’origine du trafic, des réfugiés politiques shiites du temps de Saddam, en majeure partie arrivés à Tampa en Floride. Et tous reconvertis en maquilleurs de véhicules volés, aidés ou laissés sans surveillance précise par une CIA plus que bienveillante. Une CIA qui va les choyer, comme elle a choyé les réfugiés cubains au temps de Kennedy en leur laissant faire leurs trafics (*9) A Tampa, ou à Savannah (*10) Le plus étonnant, c’est que la Floride est censée justement appliquer la législation VIN’s ! Il y a bien quelque chose qui cloche sur place, et une CIA toujours à l’affût qui n’attend que se trouver le porteur idéal de coup bas. Le 3 juillet dernier, les douanes irakiennes reconstituées faisaient leur première prise : quatre cargos irakiens surpris dans le détroit de Shatt Al-Arab transportant des véhicules volés. En provenance… des Etats-Unis ; C’était la première interception depuis l’invasion du pays. Les seuls à contrôler les ports depuis 2003 étaient les américains et les anglais… ou les services de Carnaby, qui inspectent les véhicules au départ de… Houston.

Parmi les témoignages recueillis après le décès de Carnaby, l’un d’entre eux est fort troublant. C’est celui de son propre… garagiste (*11)« . Mieux encore : la firme de protection qu’il avait créée avait obtenu de juteux contrats et des bénéfices importants, qu’il avait réinvesti… dans l’entretien d’une compagnie de porte-containers du port de Houston, une compagnie créée et détenue par…. son propre père Vincent Saïd ! (*12). La famille Carnabe/Carnaby payait cash, le meilleur moyen d’éviter les traces des transactions. Son bureau au port de Houston était dans le même immeuble où le père de W.Bush continuait à avoir le sien (au 9eme étage). Et comme notre homme était doué, il avait posé des caméras sur les quais qu’il activait de ses téléphones portable ou de son ordinateur (*13) L’homme n’avait pas moins de trois téléphones uniquement pour surveiller son quai personnel (*14) ! Etonnant geek de la CIA !

Carnaby se méfiait car selon lui le port de Houston n’était pas assez bien protégé (*15). Une opinion que partageait un de ces proches amis, lui aussi un beau cas d’espèce : Tim Spicer, un mercenaire de première catégorie d’Aegis Defense Services (*16). Aegis, les fameux mercenaires anglo-afrikaners qui s’amusent le soir à tirer sur les véhicules civils irakiens… les amitiés de Carnaby étaient bien étranges ou plutôt assez réminiscentes de celles de son père au Liban. Surtout Spicer, au dossier long comme un jour sans pain. Carnaby avait ses entrées depuis longtemps partout, y compris dans les bureaux d’Ehud Olmert, dont il semblait également s’occuper de la sécurité en contractant privé, après s’être occupé de celle d’Ariel Sharon (*17) : Ha-Mossad le-Modiin ule-Tafkidim Meyuhadim, autrement dit le Mossad…Voilà qui n’est pas très commun en effet !

Que faisait donc exactement notre exécuté d’autoroute ? Qui fuyait-il autant ? Quel était son rôle exact dans le trafic de voitures entre Houston et l’Irak ? Tenter d’y voir clair dans la vie de Roland Carnaby n’est pas chose aisée… c’est pourquoi nous allons y revenir dès demain : le sujet mérite qu’on s’y intéresse plus en détail encore, en effet.

(1) “There is no legitimate reason for a CIA officer in the U.S. to have weapons in his car. And (1°certainly, there’s no legitimate reason for a CIA officer in the U.S. to not comply with uniformed local law enforcement officers,” Adler said. “They certainly don’t engage in this sort of dangerous behavior that happened yesterday.”

(2) « I only knew him as Tony, » said Don Clark, FOX 26’s security and law enforcement analyst and former FBI agent. « I had no idea what his name may have been or was. The name that was in the newspaper, I had never seen that name before. » Or, le problème, c’est que Clark connaissait très bien Carnaby : « According to Clark’s bio that was released when he went to work for Sharp Technology, Clark managed the FBI’s investigation of the 1993 World Trade Center bombing.« 

(3) »on February 16, 2007, Clark was a guest of Roland Carnaby’s Houston chapter of the Association of Intelligence Officers. It was a formal dinner also attended by deputy director of the CIA James Pavitt. Roland Carnaby introduced Pavitt and Clark and gave a presentation that evening. Yet we’re to believe that a highly-decorated and highly-respected former FBI agent has no recollection of Carnaby’s name ? »…

(4) « Carnaby had worked for the agency in Beruit and was captured by Hezbollah 1984. After Carnaby’s capture, his boss, William F. Buckley, was captured, tortured, and murdered. Carnaby was returned in an prisoner exchange arranged by the Lebanese government. Recently, Carnaby rejoiced when the man behind his capture died when his car blew up ».

(5) »The FBI declined to estimate how many stolen U.S. cars have turned up as car bombs in Iraq but said the number is believed to be at least in the dozens » .

(6) « Authorities estimate that more than one million vehicles are stolen each year in the United States, yet only 35 percent of them are ever recovered ».

(7) « Investigators believe the cars were stolen by local car thieves in US cities, then smuggled to waiting ships at ports in Los Angeles, Seattle, and Houston, among other cities. From there they are shipped to black-market dealers all over the world, including in places like Syria where foreign militants fighting in Iraq are thought to be transiting from countries across the region and where they gain critical logistical support ».

(8) « The auto theft ring also caught the attention of Roland Carnaby, the Lebanese-American retired CIA agent who was gunned down by Houston police in April. In addition, our sources in Texas report that the auto theft ring put large amount of cash into the hands of Texas politicians, including George W. Bush gubernatorial and presidential campaign coffers. One of the major figures in the auto theft ring reportedly skipped out on a $250,000 bail and disappeared. It is believed he may have gone to Beirut. »

(9) .« the Shiite Iraqi refugees (now Car dealers) who arrived in Tampa Fl after the 1991 and the 1996 Iraq uprisings had been left to hang out to dry by the CIA and the U.S. DOD which never intervened ».

(10) »the Tampa (Iraqi) Shiite used car dealers who were exporting vehicles, operated out of the Port of Tampa and the Port of Savannah, vehicles were purchased at salvaged auto auctions and or from street hustlers of recent stolen vehicles. Stolen vehicles were disassembled, the engine and transmission taken out and then shipped with the hull of the vehicle packed in shipping containers as “auto parts” and sent to Dubai UAE ». « 

(11) « Car dealer Alan Helfman met Carnaby more than a decade ago when “a mutual friend high in law enforcement” brought him by the dealership. “He bought eight or nine cars from me over the years,” Helfman said.« 

(12)  » the Port Authority connection could make sense for a strictly commercial reason. Carnaby’s family, which used the different spelling of Karnabe, was involved in the shipping industry, which was the apparent source of his considerable but undetermined income. He paid cash for his cars ».

(13) « it still remains unknown what happened to Carnaby’s Mac laptop computer as well as a number of other cell phones, including an I-Phone and a Bang and Olufsen mobile phone in Carnaby’s possession at the time of his shooting. Carnaby’s colleagues revealed that Carnaby possessed a number of cell phones because some were dedicated to activating video and camera systems placed in strategic locations in and around Houston’s ports and airports and downloading images to his phones and eventually to his laptop ».

(14) « At least three phones in Carnaby’s possession on the morning of April 29 were used to activate cameras and download photos and videos from sites in and around Houston. One mobile phone number was reportedly used for this surveillance activity ».`

(15) « Carnaby’s fear about lax port security was borne out when this editor easily gained access through the main gate into the Port of Houston in a rental car. Although containers in bound and out bound from the port are x-rayed and checked for radioactive materials, the overall security is poor and that prompted Carnaby into calling for a better HUMINT program. However, better HUMINT would also result in the arms, drugs, and auto theft activities of the Russian-Israeli mob, Israeli intelligence assets, and their allies in the pro-Mojahedin e Khalq (MEK) Iranian expatriate community in Houston being identified by federal authorities ».

(16 )« some of Carnaby’s associates were also critical of the security contract for the Houston that involved ex-British commando Tim Spicer, whose Aegis Defense Services, the recipient of a number of private military contracts from the Defense Department and the former U.S.-run Coalition Provisional Authority in Iraq. Spicer, in 2002, managed to convince Per Christiansen, a retired Norwegian naval officer whose Hudson Maritime won a Homeland Security Department to secure various American ports, including Houston, to bring him on as a partner.

(17) « Roland Carnaby, the one-time CIA Station Chief for the Southeast Region, headquartered in Houston, had sources inside the office of Israel’s Prime Minister. A source who knew Carnaby said the agent, killed by Houston police on April 29, had a certificate of appreciation personally signed by former Israeli Prime Minister Ariel Sharon. The certificate was embossed with the seal of the Ha-Mossad le-Modiin ule-Tafkidim Meyuhadim »


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Classé dans Actualité, Stéphane Bouleaux

De Victor Jara à Guantanamo : la même CIA (19)

soto-cano-airbase-honduras2L’Iran, mais aussi de l’autre côté de la planète, le Honduras, avec un coup d’état de l’armée, comme il peut s’en produire régulièrement depuis plus de cinquante ans en Amérique du Sud et en Amérique Centrale, qui a toujours été la chasse gardée de « l’empire yankee ». Le 29 juin dernier, des troupes dirigées par Romeo Vásquez investissaient le palais présidentiel, capturaient le président et le conduisaient sur la base militaire de Soto Cano pour l’expulser brutalement vers le Costa-Rica. L’homme tentera bien de revenir via l’aéroport de Toncontin début juillet, mais l’armée l’en empêchera. Tous les observateurs ont vu derrière le coup d’état manifeste la main de la CIA, malgré les dénégations de l’administration de Barack Obama. En fait, le coup d’état avait été réalisé par des hommes tous formés jadis à Fort Benning, incontournable endroit pour apprendre les mauvais coups. Retour sur la situation Hondurienne et le rôle majeur joué dans cette mascarade par une autre base militaire, pivot de tout le débat actuel dans le pays.

L’Iran d’un côté et l’Amérique du Sud qui se rappelle aussi à nos bons souvenirs au Honduras, dans un coup d’état de militaires qui sent fort le coup monté de l’extérieur : tout est parti des forts mauvaises relations entre le président Zelaya et le général en chef des armées Velasquez, les militaires ayant refusé de distribuer les urnes du scrutin annoncé sur le deuxième mandat souhaité par Zelaya (*1). Un chef des armées démissionné qui reste en place et qui finit par se décider à renverser le président élu, voilà qui rappelle les meilleures heures de la CIA ! Car vous ne le croirez peut-être pas, mais Velasquez…. provient lui aussi de Fort Benning ! (*2) L’aviation Hondurienne aussi a son chef issu de la School of America (*3) : bref, au visu des différents curriculums, on aura du mal à ne pas imaginer que la CIA n’y a pas fourré son nez, dans le pétrin vénézuelien. Tous les comploteurs du pays sont passés par le « bonne école », celle des tortionnaires américains. Et au Honduras, Zelaya n’est pas non plus l’oie blanche qu’il voudrait bien être ou tenter de faire croire.

Car au Honduras, c’est aussi un fait historique : les exactions dans le pays ont commencé tôt, en 1979, avec la création du « Groupe 14 », devenu rapidement Special Investigations Branch (DIES), rebaptisé Intelligence Battalion 3-16, en 1984. Une milice devenue véritable institution militaire, chargée de capturer, de torturer et d’abattre les opposants au régime, et placée sous les ordres directs du sinistre général Gustavo Alvarez Martínez, tout droit sorti de l’école militaire argentine. Un général que rencontrait régulièrement John Negroponte (ambassadeur de 1981 à 1985 et plus tard nommé administrateur de l’Irak !), l’autre âme damnée des américains (on ne dénoncera jamais assez ses méfaits je pense). Averti des exactions du fameux Battalion 3-16, Negroponte n’a jamais émis ni la moindre remarque ni le moindre reproche (*4).

Quand Manuel Zelaya Ordoñez and Hortensia Rosales Sarmiento (plus communément appelé Manuel Zelaya) prend le pouvoir en 2006, on se rappelle tout de suite la période trouble de ces terribles exactions : en 1975, on avait trouvé 15 corps de paysans, de religieux franciscains (dont le père Ivan Betancourt, un colombien et le père Casimiro, alias Michael Jerome Zypher, un américain) et d’étudiants dans la propriété de son père, grand propriétaire terrien. L’affaire du massacre de Horcones avait marqué tous les esprits d’alors, car son père avait été blanchi par la justice de l’époque, alors que les traces de balles relevées menaient indubitablement à sa 22 long rifle. On arrêta huit lampistes qui furent amnistiés en 1980. La CIA s’était visiblement rangée du côté du père de Zelaya. Le futur président avait alors 22 ans, et des suspicions à son égard avaient eu cours, relevées lors de la campagne électorale par son principal adversaire Porfirio Lobo. Lorsqu’il hérite du pouvoir en 2006, elles resurgissent, car Zelaya s’entoure comme par hasard des anciens tortionnaires du Battalion 3-16 : pas moins de sept d’entre eux feront en effet partie de son administration : Billy Joya, Alvaro Romero, Erick Sánchez, Onofre Oyuela Oyuela, Napoleón Nassar Herrera, Vicente Rafael Canales Nuñez, Salomón Escoto Salinas et René Maradianga Panchamé. Parmi ceux-ci, Joya et Herrera sortaient directement de la fameuse School of the Americas… on y revient donc encore une fois, à Fort Benning !

Negroponte avait été à l’origine de la création de la base aérienne d’El Aguacate (*5) , car il avait aussi déclaré un jour que  » l’amérique centrale était la place la plus importante pour les USA ahourd’hui  » (*6). Negroponte avait en fait été nommé pour remplacer Jack Binns, qui s’apprêtait à dénoncer les escadrons de la mort honduriens (*7) notamment ceux qui avaient assassiné l’archevêque Romero, torturé et jeté vivant d’un hélicoptère… L’homme à poigne n’avait pas été choisi au hasard par Reagan : à son arrivée en 1981, l’armée hondurienne bénéficiait de 3.9 millions de dollars et en avait 77.4 millions en 1984 (*8). Le Honduras, entre la Colombie et la Floride sur le trajet de la drogue entre les deux pays était un point névralgique pour la CIA !

Negroponte fut nommé ambassadeur en Irak par Bush en 2004, avant d’avoir été pressenti en 2001 pour être celui des Etats-Unis à l’ONU. Or, justement, en 2001, lors de recherches sur la base d’El l Aguacate, fermée en 1994, on venait juste de découvrir un charnier….de 185 corps, dont celui de deux américains disparus… et celui du pilote d’avion des contras, Francisco Guzmán, abattu par les sandinistes (*9). Nommé à l’ONU en plein après 11 septembre, la nouvelle n’avait ébranlé personne ou presque… en 1985 pourtant, un rapport d’Amnesty l’avait déjà mis en cause pour la disparition d’un activiste, Manfredo Velasquez enlevé en septembre 1981 (10). Plusieurs autres enlèvements et disparition avaient suivi. En 1988, un procès a enfin lieu dans le pays, où un ancien sergent de l’armée, Florencio Caballero, avait dévoilé les liens entre les milices tueuses et la CIA (11). Parmi les personnes interrogées, un prêtre américain, Jim (James) Carney , disparu en 1983, que Caballero avouera avoir assassiné (12) !

En 1996, c’est un rapport de la CIA qui décrit les techniques utilisées par les escadrons de la mort (11) : tout le monde y voyait une tentative maladroite pour tenter de disculper Negroponte, qui ne pouvait pas ne pas être au courant, faisant lui-même partie de la CIA… le 13 septembre 2001, malgré la découverte du charnier d’El Aguacate, Negroponte était nommé par le Foreign Relations Committee ambassadeur-administrateur de l’Irak par 14 voix contre 3 …. on sait ce qu’il advint du pays, où un bon nombre de milices et d’escadrons de la mort refleurirent juste après comme par enchantement (14), dès l’arrivée de Negroponte : on ne se refait pas semble-t-il.

Parmi les restes trouvés à EL Aguacate dès 1982, ceux de Nelson Mackay Chavarria, 37 ans à l’époque, torturé et abattu par le Battalion 316, entraîné par la CIA (15), grâce au responsable local, (16) Donald Winters, devenu proche d’Alvarez, puisque ce dernier fut choisi pour être le parrain de sa fille adoptive. Les techniques de tortures furent clairement décrites par ceux qui en réchappèrent : électricité et suffocation, à l’aide de bonnets comme ceux pris en photo à Abou Ghraib (17). Sur le corps de Mackay, on retrouva des traces d’un insecticide puissant qu’on lui avait fait ingérer (18). Selon les témoignages, aucun américain ne torturait sur place, laissant faire les escadrons de la mort, mais en leur apportant tout le matériel nécessaire, notamment des magnétophones pour enregistrer les témoignages ou des caméras pour les filmer : aujourd’hui encore, les enregistrements des tortures sont monnaie courante à la CIA comme on a pu le voir récemment (19). L’ayant appris, l’ambassadeur Binns câbla à Washington qu’il souhaitait des éclaircissements sur le comportement des troupes d’Alvaez et les suspicions sur la disparition de personnes, dont celle de Tomas Nativi, un professeur d’université : il ne fut jamais entendu, et au contraire, on le remplaça… Par Negroponte (20). En mars 1981, Reagan augmenta encore au contraire les effectifs de la CIA au Honduras et demanda même le recours aux tortureurs Argentins (21), chaudement recommandés… par la CIA ! Alvarez ira bien trop loin, provoquant même le rejet de la part de ses collègues généraux dont le général Lopez qui commencèrent à se plaindre de ses excès : en mars 1984, il fut brutalement démis de ses fonctions par le président du Honduras, lassé par les campagnes des activistes sur les tortures pratiquées (22).

La tragique fin d’Alvarez résume à elle seule tous les errements de l’époque et fait un lien avec ce qui peut encore se passer aujourd’hui dans certains états américains. Alvarez fut expulsé par ses propres collègues vers le … Costa Rica (une habitude chez eux ?), puis partit s’installer en Floride…. à Miami, comme… pasteur évangéliste ! Devenu prophète visionnaire, il eut un jour une « révélation » lui « ordonnant » de retourner au Honduras, ce qu’il fit en 1988. Le 25 janvier 1989, cinq hommes habillés de bleu et portant des casques entourèrent sa voiture et la criblèrent de balles. On releva 18 impacts sur son corps. En mourant, Alvarez eut cette phrase  » pourquoi me font-ils ça  » ? En 1995, on découvrait (enfin) qu’un officier de haut rang de l’armée du Honduras, Julio Roberto Alpirez, était un agent de la CIA, payé par la CIA (23) et que c’était lui l’assassin de MacCkay.

Alors dans tout ce gâchis, ces coups tordus et ses assassinats d’opposants, comment ne pas voir dans le coup d’état Hondurien la main de la CIA ? Celle d’une entreprise n’appréciant pas trop le glissement de Zelaya de ces derniers mois vers des gens comme Chavez, l’épouvantail de l’extrême droite Hondurienne si représentée au sein de l’armée ? Et comment ne pas trouver logique la situation en Irak d’après 2004, ou beaucoup avaient commencé à s’interroger sur des attentats étranges, et notamment ceux où on retrouvait des plaques de moteurs de voitures neuves américaines ? Mais de tout cela nous allons parler un peu plus loin, si vous le voulez bien. Negroponte a hanté pendant des années le Honduras alors qu’il n’y est resté que quatre années. En Irak, il n’a fait qu’un cours séjour d’une année. Il est resté à la tête de la DNI jusqu’en 2007, l’organisme qui chapeaute la… CIA. Imaginons simplement les dégâts qu’il a pu commettre avec un budget de 40 milliards de dollars à son service…

Et au Honduras, que vient-il donc de se passer. Eh bien tout simplement un coup d’état, mais d’un genre inédit nous rappelle intelligemment Le Monde qui cite lui-même la Prensa : « Il ne s’agit pas d’un coup d’Etat militaire classique du siècle précédent où les militaires destituaient un gouvernement démocratiques, prenaient tous les leviers du pouvoir, supprimaient les garanties constitutionnelles et imposaient une dictature sanguinaire », veut croire le quotidien. Pour lui, la volonté du président Zelaya de modifier la Constitution pour pouvoir être réélu était à sa manière une entorse à la démocratie. » Le hic étant la méthode expéditive utilisée par les militaires, Zelaya ayant été cueilli en pyjama dans son palais et promptement emmené à l’aéroport pour être expulsé du pays. En fait c’est la dérive progressive de Zelaya qui a fini par le condamner, note un quotidien mexicain car selon lui, « son parcours depuis le libéralisme vers la gauche anticapitaliste ne pouvait manquer de lui attirer les foudres de »l’oligarchie et de la bourgeoisie hondurienne ». Les américains ont-ils été effrayés d »un rapprochement possible avec Chavez ? Très certainement, et dans ce cas ils devaient craindre pour leur présence militaire dans le pays. Selon Christophe Ventura, ça ne fait en effet aucun pli : « L’armée hondurienne est très liée à l’armée américaine, c’est une armée très réactionnaire, le corps d’officiers est très à droite, largement formé par les américains et organiquement lié à l’oligarchie hondurienne. Par ailleurs, historiquement l’armée hondurienne est la base arrière des USA dans sa lutte contre les sandinistes au Nicaragua et les USA ont encore une base là bas. »

La raison principale du coup d’état est peut être tout bonnement à chercher ailleurs : « bien qu’élu par la droite, il avait aussitôt déclaré après son élection que les traités de libre commerce avec les Etats-Unis n’avaient apporté aucun bénéfice au pays et qu’en conséquence, il proposait de se rapprocher du président vénézuélien Hugo Chavez en adhérant à l’Alliance bolivarienne. » Les grands groupes américains installés au Honduras depuis cinquante ans ont très certainement joué eux aussi un rôle important. A la façon clairement décrite par John Perkins, dans son célèbre « Confessions of an Economic Hit Man » écrit il y a vingt ans maintenant (24).

C’est bien possible, mais la plus grande raison reste à mon sens le cas de la base militaire de Palmerola, à Soto Cano, celle qui avait tant servi à Olivier North au temps des Contras, et que Zelaya avait aussi menacée. En voulant en faire un aérodrome… civil : Le 31 mai 2008, en effet, Manuel Zelaya avait annoncé que Soto Cano serait utilisé pour des vols commerciaux internationaux, au grand dam des miliaires. Toncontin, long de seulement 1 665 m en piste 01 et de 1 870 m en piste 19 , est bien trop dangereux…. et d’une approche bien trop délicate ! !! A chaque atterrissage on risque la catastrophe ! Pour ce faire, la construction du terminal aérien civil prévu avait été financée par des fonds de l’ALBA, la « Bolivarian Alternative for the Americas », un organisme économique chargé de contrebalancer l’hégémonie US en Amérique du Sud, et qui regroupe la Bolivie, Cuba, La République Dominicaine, le, Honduras, le Nicaragua et .. le Vénézuela. Or, c’est une évidence qu’il s’agît là du premier contrepouvoir économique créé dans cette partie du monde, et qui remet en cause toute la stratégie US en Amérique du Sud et Centrale.

La base de Palmerola redonnée aux civils ? Inacceptable, pour les militaires honduriens aussi bien que pour les militaires US ! S’il fallait chercher une origine à ce coup d’état, c’est bien là qu’il se situe. La plupart des comploteurs provenait de la base aérienne ! C’est très clairement dit en dix points ici. Paris valait bien une messe, le Honduras se contentera de Palmerola. Le crédit forcé, comme moyen de pression politique. Les crédits alloués aux achats de matériel militaire, notamment, parfois même disproportionnés. Reagan, ainsi, en 1987 insistait lourdement pour que le Honduras achète 12 chasseurs F-5E à la place de Migs, en arrosant aux passage quelques militaires bien placés (25). L’ensemble représentait 75 millions de dollars. C’est ainsi que Gustavo Alvarez Martinez avait reçu 50 000 dollars pour son intense lobbying. Et évidemment, dans le cas de figure Hondurien, le premier à être monté au créneau pour rejeter la proposition du transfert aux civils de la base de Palmerola fut…. John Negroponte, bien sûr ! (26), qui prit aussitôt l’avion pour Tegucigalpa pour y rencontrer Roberto Micheletti, le président du parlement hondurien pressenti comme président par intérim, et ferme opposant à Zelaya. S’il faut chercher un responsable américain au coup d’état du Honduras, il est tout trouvé.

Aux toutes dernières nouvelles, Zelaya, revenu caché dans « des tracteurs et un coffre de voiture » est à nouveau dans le pays, réfugié à l’ambassade du Brésil, d’où il nargue les militaires qui éprouvent du mal à repousser ses supporters. Zelaya, fin politique, ayant l’ONU dans sa poche (27). Le Monde ne peut donc que titrer « le bras de fer se continue au Honduras« …. où aucun accord n’est en vue, fin septembre, entre la junte militaire et le président évincé.

(1) « The crisis in Honduras began when the military refused to distribute ballot boxes for the opinion poll in a new Constitution. President Zelaya fired the head of the Joint Chiefs of Staff, Romeo Orlando Vasquez Velasquez, who refused to step down. The heads of all branches of the Honduran armed forces quit in solidarity with Vasquez. Vasquez, however, refused to step down, bolstered by support in Congress and a Supreme Court ruling that reinstated him. Vasquez remains in control of the armed forces. »


(2) « Vasquez, along with other military leaders, graduated from the United States’ infamous School of the Americas (SOA). According to a School of the Americas Watch database compiled from information obtained from the US government, Vasquez studied in the SOA at least twice : once in 1976 and again in 1984 ».


(3) « The head of the Air Force, Gen. Luis Javier Prince Suazo, studied in the School of the Americas in 1996. The Air Force has been a central protagonist in the Honduran crisis. When the military refused to distribute the ballot boxes for the opinion poll, the ballot boxes were stored on an Air Force base until citizens accompanied by Zelaya rescued them. Zelaya reports that after soldiers kidnapped him, they took him to an Air Force base, where he was put on a plane and sent to Costa Rica. »


(4) « Negroponte’s cables reflect no protest, or even discussion of these issues during his many meetings with General Alvarez, his deputies and Honduran President Robert Suazo. Nor do the released cables contain any reporting to Washington on the human rights abuses that were taking place.

(5) « He supervised the construction of the El Aguacate air base where Honduran and Argentinean graduates of the School of the Americas trained the Contras in torture and other methods of counterinsurgency warfare, so that they could conduct their illegal and immoral war against Nicaragua. This base was also a torture and detention center in itself. In 2001 the base was dug up and found to contain the bodies of 185 people including two Americans. John Negroponte, also, collaborated with Battalion 316, which was a Honduran death squad responsible for the disappearances and deaths of hundreds of people. John Negroponte was later made ambassador to Iraq in 2004 and afterward held a cabinet level post, newly created by then President George W. Bush called Director of National Intelligence. One can only wonder what havoc Ambassador John Negroponte created in Iraq. All the deadly bombings and religious violence between Sunnis and Shias have his fingerprints all over them. Divide and Conquer ! « 


(6) «  »Central America is the most important place in the world for the United States today. »


(7) Jack Binns, Negroponte’s predecessor as ambassador appointed by Jimmy Carter, complained about the blatant human rights abuses in Honduras and briefed him as he took office. He later reported that Salvadoran nuns who fled to Honduras after the assassination of Archbishop Oscar Romero had been tortured by the Honduran secret police and thrown out of helicopters alive – a speciality of the Argentine military officers employed in Honduras during Negroponte’s stint. One official, Rick Chidester, claims Negroponte ordered him to remove all mention of torture and execution from his report on human rights in Honduras.

(8) After winning the 1980 election, President Ronald Reagan needed someone reliable in Honduras to replace Jack R. Binns, a Carter administration holdover. The new ambassador would coordinate a huge increase in military assistance, from $3.9 million in 1980 to $77.4 million in 1984. Negroponte had hawkish credentials : A former aide to Henry A. Kissinger, he had criticized his patron for making too many concessions to the North Vietnamese in the previous decade.

(9) Many other Honduran victims of the US led war in Central America ended up at the El Aguacate airstrip, whose creation was supervised by Negroponte, and where dissidents were detained and tortured – 185 corpses were dug up there in 2001. When George W. Bush appointed Negroponte as US ambassador to the UN, members of Honduran death squads who had previously been granted asylum in the US were deported. It was feared they testify about Negroponte’s role in human rights abuses while ambassador to Honduras.


(10) According to a November 1985 CIA report, which has since been partly declassified, the kidnapping was the work of the Honduran Anti-Communist Liberation Army, or ELACH. A 1997 CIA study identified ELACH as a « death squad » with close ties to a special security unit reporting to Alvarez.

(11) A former Honduran Army sergeant, Florencio Caballero, testified in earlier proceedings that he was a member of an army death squad. He detailed his involvement in interrogating civilians and said the prisoners were all killed. Mr. Caballero said he was trained by the C.I.A. to be an interrogator, which American officials concede is true. Mr. Caballero said in an interview last year that he tried to hide his death squad activities from his C.I.A. advisers in Honduras, but American officials say the C.I.A. and the American Embassy in Honduras were well aware of the slaying

(12) Besides running political death squads, the Honduran Army has also executed dozens of suspected leftist rebels caught in army sweeps in recent years, including an American priest, Jim Carney, who was interrogated and then killed in 1983, according to two Honduran soldiers and American officials. Mr. Caballero said he personally interrogated Father Carney before the priest was killed.

(13) « A CIA working group set up in 1996 to look into the U.S. role in Honduras found that « the Honduran military committed most of the hundreds of human rights abuses reported in Honduras » between 1980 and 1984. The report added that « death squads » linked to the military had used tactics such as « killings, kidnapping and torture » to deal with people suspected of supporting leftist guerrillas. U.S. « intelligence collection and reporting requirements on human rights abuses [in Honduras] were subordinated to higher priorities, » the CIA working group reported, according to a summary released to the Senate Foreign Relations Committee in 2001, before confirmation hearings on Negroponte’s nomination to become U.S. ambassador to the United Nations ».

(14) « When Negroponte was ambassador in Honduras his building in Tegucigalpa became one of the nerve centres of the CIA in Latin America with a tenfold increase in staff. In Baghdad, he will have a similar role ».

(15) « The CIA was instrumental in training and equipping Battalion 316. Members were flown to a secret location in the United States for training in surveillance and interrogation, and later were given CIA training at Honduran bases. »

(16) » By 1983, when Alvarez’s oppressive methods were well known to the U.S. Embassy, the Reagan administration awarded him the Legion of Merit for « encouraging the success of democratic processes in Honduras. » His friendship with Donald Winters, the CIA station chief in Honduras, was so close that when Winters adopted a child, he asked Alvarez to be the girl’s godfather. »


(17) « They started with 110 volts, » said Miguel Carias, an architectural draftsman who was held captive with Nelson Mackay for a week in 1982. « Then they went up to 220. Each time they shocked me, I could feel my body jump and my mouth filled with a metal taste. » Former members of Battalion 316, interviewed in Canada where they are living in exile, described how prisoners were nearly suffocated with a rubber mask wrapped tightly around their faces. The mask was called « la capucha, » or « the hood. » Women were fondled and raped, the torturers said.


(18) « Farmers who found Mackay’s body in 1982 and later buried it reported that his hands and feet were tied with rope and a noose was around his neck. A black liquid spilled from his mouth. The farmers recognized the substance as « criolina, » a thick, black liquid rubbed on cattle to kill ticks and mites. »


(19) » The Americans … brought the equipment, » he said. « They gave the training in the United States, and they brought agents here to provide some training in Honduras. « They said, ’You need someone to tap phones, you need someone to transcribe the tapes, you need surveillance groups.’ They brought in special cameras that were inside thermoses. They taught interrogation techniques ».


(20 « The U.S. ambassador was shocked. In an urgent cable to superiors in Washington, he described the conversation : « Alvarez stressed theme that democracies and West are soft, perhaps too soft to resist Communist subversion. The Argentines, he said, had met the threat effectively, identifying – and taking care of – the subversives. Their method, he opined, is the only effective way of meeting the challenge. « When it comes to subversion, [Alvarez] would opt for tough, vigorous and Extra-Legal Action, » Binns warned. Four months later, Binns was outraged to learn of the violent abduction and disappearance of Tomas Nativi, a 33-year-old university professor and alleged subversive. Nativi was dragged from his bed on June 11, 1981, by six men wearing black ski masks, according to witnesses and a 1993 Honduran government report ».


(21) « By March 9, 1981 – after less than two months in office – Reagan signed a presidential « finding » that ordered the expansion of covert operations authorized by the Carter administration, to « provide all forms of training, equipment, and related assistance to cooperating governments throughout Central America in order counter foreign-sponsored subversion and terrorism. » On Dec. 1, 1981, he ordered the CIA to work primarily through « non-Americans » against the Sandinistas in Nicaragua and leftist insurgents in El Salvador. The « non-Americans » were to include Argentines, paid for by the CIA, Enders said in an interview last month. He said there did not seem to be any alternative to using the Argentines, despite their poor record on human rights. »


(22) « Gen. Walter Lopez, currently one of Honduras’ three vice presidents, recalled in an interview : « (Alvarez)was dangerous. He was pushing our country to do something we did not want to do. We were willing to be trained professionally, but only to defend our country. Not for so-called undercover operations. » On March 31, 1984, Alvarez’s military career came to a sudden and unexpected end ».


(23) » It was disclosed this year that a Guatemalan army officer linked to two high-profile killings was a paid CIA agent. One of the victims was an American innkeeper in Guatemala, the other a leftist guerrilla married to a Baltimore-born lawyer. » CIA officials allegedly knew that the Guatemalan, Col. Julio Roberto Alpirez, was involved in the killings, but concealed the — information.


(24) « Perkins writes that his economic projections cooked the books Enron-style to convince foreign governments to accept billions of dollars of loans from the World Bank and other institutions to build dams, airports, electric grids, and other infrastructure he knew they couldn’t afford. The loans were given on condition that construction and engineering contracts went to U.S. companies. Often, the money would simply be transferred from one bank account in Washington, D.C., to another one in New York or San Francisco. The deals were smoothed over with bribes for foreign officials, but it was the taxpayers in the foreign countries who had to pay back the loans. When their governments couldn’t do so, as was often the case, the U.S. or its henchmen at the World Bank or International Monetary Fund would step in and essentially place the country in trusteeship, dictating everything from its spending budget to security agreements and even its United Nations votes. It was, Perkins writes, a clever way for the U.S. to expand its « empire » at the expense of Third World citizens. « 


(25) Congressional concern over the close United States relationship with Honduras was heightened by a report Sunday in The Washington Post that Gustavo Alvarez Martinez, who was ousted as head of the Honduran armed forces in early 1984, received more than $50,000 for Defense Department consulting work in the last two years.


(26) « Throwing fuel on the fire Assistant Secretary of State John Negroponte, a former U.S. ambassador to Honduras, said that Honduras could not transform Palmerola into a civilian airport .from one day to the next.. In Tegucigalpa, Negroponte met with Zelaya to discuss Palmerola. Speaking later on Honduran radio the U.S. diplomat said that before Zelaya could embark on his plans for Palmerola the airport would have to receive international certification for new incoming flights. According to Spanish news agency EFE Negroponte also took advantage of his Tegucigalpa trip to sit down and meet with the President of the Honduran Parliament and future coup leader Roberto Micheletti [the news account however did not state what the two discussed ».

(27) « Selon lui, l’ambassade « a fait l’objet d’actes de harcèlement et d’intimidation de la part des autorités de facto (…) en violation des obligations découlant de la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques ». M. Amorim a indiqué que M. Zelaya, chassé de son pays par un coup d’Etat en juin, était rentré afin de chercher « par des moyens pacifiques » une sortie de crise et qu’il n’avait « aucune raison » de douter de sa bonne foi. Mais, a-t-il ajouté, « le gouvernement brésilien est gravement préoccupé de la possibilité que les auteurs du coup d’Etat au Honduras remettent en cause l’inviolabilité de l’ambassade afin d’arrêter par la force le président Zelaya ».

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Classé dans Actualité, Stéphane Bouleaux

De Victor Jara à Guantanamo : la même CIA (18)

iran-emeutes_articleEt puis il y a aussi bien entendu l’actualité récente de la CIA : l’Iran, notamment, où elle s’active depuis des années, avec des projets parfois assez farfelus découverts par les iraniens éberlués…comme j’avais pu vous le dire en novembre dernier. Passé la période d’incrédulité, les autorités iraniennes avaient bien dû se rendre à l’évidence : oui, leur pays était bien espionné, et comme en espionnage il n’y a pas de règle, tous les moyens sont bons. Certains ont cru voir dans les explosions au sein d’une mosquée au Bélouchistan une résurgence des explosions sous Mossadegh orchestrées par la CIA. Rien à ce jour ne permet de le dire. En fait, pour déstabiliser un pays, aujourd’hui, rien de tel que les réseaux informatiques, me direz-vous. On s’attendait donc, juste avant une élection cruciale, à la rupture de faisceau, par d’autres moyens d’espionnages sophistiqués déjà décrits ici, ou par un bombardement d’attaques virales comme il est de règle aujourd’hui. En fait, ce fut tout l’inverse, la CIA venant de découvrir la cover-up informatique via le noyautage des réseaux sociaux, bien aidé il est vrai par la nature même de certains, depuis le début de leur existence issus eux-mêmes des services d’espionnage de la CIA. Place à la mise en place de la déstabilisation Twitterienne ou Facebookisée d’une nation, orchestrée de main de maître par un homme, tout au service d’un banquier : George Soros.

Extérieurement, les « opérations spéciales » décidées par la CIA sous W. Bush sur le territoire iranien portaient déjà leurs fruits il y a quelques mois déjà. Ordonnées le 22 mai 2007, elles avaient bénéficié d’un budget conséquent, renforcé le 30 juin 2008 (pour 400 millions de dollars !). Selon l’ancien général pakistanais Mirza Aslam Beig, la somme a bien servi à ça, et pour d’aucuns, la BBC n’y est pas allé de main morte, en attribuant par exemple la photo d’un soutien à Ahmadinejad aux protestataires, par exemple ! La contestation récente a bénéficié d’une aide évidente pour arriver à remettre en cause une élection dont le résultat a visiblement été trafiqué. Les dénégations récentes du pouvoir central semblent être davantage une preuve de bon sentiment dans le but d’amadouer Obama qu’autre chose : il serait fort étonnant que les iraniens n’aient pas vu passer quelques « conseillers » bien intentionnés chez les mouvements d’opposition qu’ils surveillent si étroitement. Le pouvoir iranien qui n’a donc pas été renversé avait tout intérêt à montrer des signes d’apaisement le bouc émissaire parfait de l’opération étant Saïd Mortazavi , le terrible procureur de Téhéran prié de faire ses valises après avoir joué pendant dix ans le rôle de la justice au gant de fer.

Il est étonnant en effet de voir l’implosion iranienne au prisme des annonces de l’ère Bush et de ces derniers mois au pouvoir (1). Il semble à cette lecture que l’enthousiasme des opposants a dû bénéficier de ces pratiques de déstabilisation de régime, c’est une évidence ! Ce n’est pas remettre en cause la légitimité des opposants iraniens que de dire que l’explosion actuelle a dû bénéficier d’une aide importante sur comment attaquer le pouvoir en place : l’utilisation à outrance de l’Internet est une de ces méthodes, mais là il devient difficile de prouver l’ingérence : son utilisation ne nécessitant pas de matériel spécial, les espions pouvaient ranger leur mallette à gadgets. Facebook et Twitter, en revanche, on se doute bien de ce qu’ils cachent au fond d’eux-mêmes depuis leur apparition sur la toile… la suspicion sur leur surveillance par la CIA est désormais de règle en effet à leur égard ; tout le monde en est conscient j’espère. Enfin, c’est ce que je pense.

Le tour rapide de leurs investisseurs donne en effet la couleur, comme pour FaceBook : « Comme toute start-up ambitieuse, Facebook avait d’importants besoins de financements pour mener à bien son projet. Dès l’été 2004, Peter Thiel, l’ex CEO de Paypal investi 500 000 dollars dans la société. Peter Thiel semble avoir des liens importants avec le think tank néoconservateur Vanguard PAC. Peter Thiel a travaillé aux côtés de Rod Martin, président de ce think tank et proche de l’administration Bush. Rod Martin préside, entre autres, le puissant lobby des armes : la “National Rifle Association“. Puis en mai 2005, Facebook lève 12,7 millions de dollars auprès du fond d’investissement Accel Partners. Son président, James Breyer, accède alors au conseil d’administration de Facebook. James Breyer a siégé, entre autres, chez NVCA et BBN (à l’origine de l’ARPANET). Dans ces sociétés, on retrouve Gilman Louie et Anita Jones qui ont tous deux siégé au conseil d’In-Q-tel, fond d’investissement de la CIA fondé en 1999. De plus, le docteur Anita Jones a travaillé pour le compte du département américain de la défense ». N’en jetez plus la cour est pleine.

Le cas Roxana, en Iran, en ce sens, faisait bien parti d’un plan global souhaité et donc concerté. Condamnée à 8 ans de prison, puis libérée après une énorme pression internationale. La pauvre a servi de test aux deux parties : d’un côté à Washington pour montrer sa détermination, de l’autre pour faire comprendre aux USA que toute velléité d’espionnite serait vaine. Un plan incluant la réactivation de vieux moteurs de perturbation et de contestation, qui nécessite d’injecter quelque argent ne serait-ce que pour acheter des téléphones portables et des ordinateurs supplémentaires, si l’on souhaite s’y prendre via les réseaux sociaux. L’argent de mécènes locaux, parfois, à défaut des billets verts de la CIA. Tel celui de Manucher Ghorbanifar, un affréteur iranien travaillant avec la France et grand ami de Hussein Mousavi, au temps où ce dernier était le premier ministre de Komeiny. Ce Ghorbanifar, qui a aussi été agent de la Savak, sous le Shah, depuis longtemps associé à Adnan Khashoggi, traîne pourtant derrière lui un lourd passé de marchand d’armes (2). Le contact privilégié d’Oliver North, en effet, c’était déjà lui. Et les deux hommes déjà cités ont eu dans les années 80 de drôles de clients, en allant acheter les armes iraniennes en israël, comme l’avait révélé le Time. Via une firme, Bedek, firme impliquée aux USA pour d’autres trafics tous aussi passionnants…(3) Ghornanifar informant pendant ce temps la DGSE, en pleine crise des orages avec Pasqua et Machiani…(4). Bref, si la CIA devait aider Moussavi, l’intermédiaire-financier était tout trouvé en la personne de Ghorbanifar, qui mange à tous les ateliers du renseignement, visiblement. Des liens débutés en 1984 déjà. L’homme avait gardé un calendrier de rencontres bien chargé ces dernières années…. Voir autant de personnes en haut lieu, ce ne doit pas être pour leur parler tricot, on suppose.

En réalité, la déstabilisation de l’Iran est une vieille « habitude » américaine, débutée avec Mossadegh en 1953. En quelques mois et plusieurs explosions et attentats provoqués, visant surtout les musulmans…. pour mettre cela sur le dos des partisans de Mossadegh qui voulait nationaliser l’Anglo-Iranian Oil Company. Il fut remplacé par un tyran véritable, tenant parfois des propos antisémites en privé et en public, et disposant d’une terrible police secrète (la SAVAK) pourchassant et torturant l’opposition (5). Ceci pour les années passées. Bien plus tard, en Europe, les bombes de la CIA feront place à des ordinateurs, fournis également grâce aux subsides du financier américain George Soros. Pour passer plus inaperçue, la CIA va se fondre dans un bouquet d’associations dites « non gouvernementales » prônant « la démocratie » dans les anciennes dépendances soviétiques, et utilisant toutes, comme par hasard, des moyens de vote informatisés : elles ont pour noms « Open Society Institute » (de George Sorios), « Freedom House » ou le « National Endowment for Democracy« . On les verra s’activer beaucoup en Ukraine, ou au Liban, en Georgie et au Kyrgyzstan, notamment. En Georgie, on vous en a raconté les ravages sur les élections, qui ont subi la même manipulation « Connellienne » que celle de 2004 aux USA. La CIA, à cette date, a délibérément laissé de côté ses flingues et ses explosifs pour passer aux logiciels déstabilisateurs. C’est moins voyant et le résultat moins contestable : ce n’est pas un tyran qui dirige le pays, « puisqu’il a été élu ». En trichant, mais bon, on n’est pas censé s’en être rendu compte ni avoir été mis au courant. Evidemment, si l’adversaire utilise les mêmes méthodes, on aura tôt fait de les dénoncer… en criant à la manipulation !

En Iran, cela va donc tout d’abord commencer par une campagne de « teasing démocratique » dans le New-York Times, qui va faire une série d’articles avant les élections sur l’ouverture vers la « jeunesse ». Tous rédigés par le béliorusse Evgeny Morozov,(6) la plume de fiel de George Soros, l’homme qui parle partout dans le monde de « My e-Molotov cocktail « . Vantant les mérites des forums sociaux comme vecteur de « démocratie » (la sienne uniquement, celle de George Soros), et mettant FaceBook et Twitter sur le piedestal de cette fameuse démocratie new-style. En réalité, le chantre d’une propagande ultra-libérale qui n’ose pas dire son nom. Mais qui met en place des actions beaucoup plus discrètes que dans les années 50. Pas de bombes cette fois, des e-mails, en masse. Une fois les principes installés, les machines et les logiciels en place, il n’y a plus qu’à laisser mijoter, puis laisser reposer…et attendre le moindre frémissement de foule. Bien entendu, Morozov sera aussi le grand pourfendeur des attaques virales contre les ordinateurs iraniens : à se répandre partout pour clamer de ne surtout pas le faire. En flinguant à qui mieux-mieux les sites tels que TechPresident ou DailyKos qui en faisaient la promotion, et qui apportaient à leurs utilisateurs des informations précises et surtout véritablement démocratiques qu’était bien incapable de fournir de faux « expert » libéral de Morozov. La crainte de notre homme était simple à comprendre : si les Iraniens coupaient les lignes internet en raison d’attaques DDOS répétées, c’en était fini du projet de la CIA de s’en servir comme vecteur de déstabilisation du régime en place. Il fallait donc s’activer à calmer le jeu auprès des internautes, avant de passer à l’offensive médiatique véritable. Morozov va s’y employer avec zèle, bombardant la presse sur les dangers des cyber-attaques, dans un premier plan. A satiété (si en plus, depuis l’équipée de l’USS Jimmy Carter, l’acheminement des infos par câble sous-marin a été détournée, il va sans dire que le « bombardement » pourra être plus efficace, et savoir lutter plus facilement contre celui des espions de l’URSS qui surveillent attentivement les flux terminaux, mais sans en avoir, eux, les sources). L’USS Jimmy Carter a-t-il reçu une partie des 400 millions de dollars supplémentaires offerts par Bush ?

Le 13 juin, Evgeny Morozov peut donc activer la seconde partie de son plan : l’Iran a un réseau en parfait état de marche, et comme par magie dans l’instant qui suit 30 000 « gazouillis » ou « tweets » (7), apparaissent en provenance d’Iran, avec tous le même profil d’enregistrement. Une génération « spontanée que remarquera quelques heures après à peine le Jerusalem Post (8)… Le 15 mars, pour assurer le fonctionnement, Morozov, omniprésent sur le net, rappellera quand même une dernière fois « surtout pas de DDOS ». Ne pas bloquer, donc, surtout, quitte même de la par de la CIA et le gouvernement US à demander à Twitter de ne surtout pas faire son opération de maintenance prévue en plein milieu des mouvements de rues iraniens. « Depuis quelques jours, les Etats-Unis donnent des petits signes discrets de soutien à Moussavi. Selon Associated press par exemple Washington a demandé à Twitter (un outil de réseau social et de microblogage par messagerie et SMS) de reporter une opération de maintenance prévue pour lundi, qui aurait privé les jeunes Iraniens de l’un de leurs moyens de communication privilégiés en pleine contestation de l’élection présidentielle, selon trois responsables américains ayant requis l’anonymat. Le département d’Etat américain (Affaires étrangères) est intervenu auprès de la direction de Twitter afin d’éviter l’interruption d’une heure et demie initialement prévue sur le réseau, qui permet de publier des messages au format SMS (140 signes) sur un forum en ligne, par ordinateur ou par téléphone portable ». Pour The Inquisiter, en tout c’est net : Twitter a manifestement joué un rôle non négligeable dans l’état pré-révolutionnaire iranien.

La suite on la connait, le monde sera assailli de mails, de vidéos et de tweets…. à en faire parfois rappeler, par leur nombre et leur excès, ceux des images du prétendu charnier de Timisoara pendant la révolution contre le dictateur roumain Nicolas Ceaucescu (et la célèbre scène des corps mutilés aux poignets serrés par du fil de fer). Attention : je ne minimise en rien la réaction féroce de la police, on constate simplement que les médias se sont bien emballés, c’est tout, bien aidés et bien guidés par les textes glanés ici et là… tous bizarrement signés de l’omniprésent Morozov… dispatchés par des agences de presse bien fournies au bon moment… arrosées, diront même certains.

« Le droit de blogguer, la frontière des nouvelles libertés », « les craintes exagérées sur la guerre du cyber-espace « , « les zéros et les uns de la guerre des OS » ou un texte entre deux sur le rappel des droits d’auteur pour les professionnels offrant du contenu sur le Web, notre homme n’est jamais avare de titres ronflants ou de professions de foi libérale, et nous aura littéralement tout fait ces derniers mois. Relevez son nom sur Internet, vous verrez la véracité de ce que je vous raconte : la toile garde encore la trace de celui qui a joué pendant quinze jours au moins à l’homme araignée blasée des mouvements de rue iraniens, après avoir fourni en texte jusqu’en juin son blog, et de ne plus le faire après… faute d’occupation de déstabilisation. Bien évidemment, dès la « révolution » en marche, il sera le premier à s’en féliciter, saluant l’avènement d’une « Revolution Twitter » dont il a été en fait l’instigateur et l’organisateur, son mentor en ayant été le financier…. ce rustre adorant se lustrer lui-même les manches, piquant au passage la police iranienne sur un délit de FaceBook bien improbable, ou très imaginé (de la pure propagande : « j’ai un ami qui, etc, etc » !), mais surtout en songeant à conclure par le fait qu’en définitive Twitter, selon lui n’a pas servi à grand chose à Teheran !!! (9) On croit avoir mal lu… mais non. Et en réfléchissant un peu, on comprend vite : la dite révolution de Téhéran n’a pas abouti au final au renversement du régime… ce n’est pas le moment de flinguer la prochaine possibilité : pour ça, il faut impérativement que Twitter ne soit pas interdit !! Autant alors répandre au plus vite l’idée qu’il n’a eu que peu d’influence ces dernières semaines !!! Au passage, il place évidemment sa propre publicité dans son propre article, se présentant comme l’interlocuteur de tous les iraniens déçus par le régime au pouvoir….(9). De la récupération pure et simple.

Les iraniens ont-il laissé faire pour autant ? Pas du tout : le site Debka nous apprend qu’ils détiennent un centre spécialisé de télécommunications, situé à Téhéran, à Sepah (Khomenei) Square. Construit par les israëliens de Soleh Boneh sous le Shah et remis entièrement à neuf en équipements par Siemens et Nokia en 2008, le centre est capable de surveiller l’Internet comme les liaisons téléphoniques. Selon Debka toujours, au lendemain de l’élection, le site aurait pris le contrôle des 10 fournisseurs d’accès principaux du pays et les avait ralentis, en envoyant des paquets de data ininterrompus pour faire ralentir le flux, jusqu’à le faire descendre de 1500 kilobytes, à seulement 50 kilobytes, la vitesse d’un modem de génération antérieure, pour empêcher notamment la transmission de photos. En même temps, les services de contre espionnage iraniens reprenaient l’attaque en masse les sites Internet de l’armée américaine. Toujours selon Debka, c’est en raison de ces attaques ayant déjà culminé en juin dernier que Robert Gates avait demandé le 24 du même mois au Lt. Général. Keith Alexander, à la tête de la National Security Agency (NSA) les moyens pour protéger les 15 000 sites Webs et les 7 millions d’ordinateurs de l’armée américaine. Pour cela avait été créé dans l’urgence un Cyber Command, dirigé par Keith Alexander. A se demander s’il n’avait pas été créé dans le but de prévoir les représailles iraniennes…

Car la révolution ratée iranienne avait eu un prédécesseur que tout le monde avait déjà oublié… tout d’abord, en Iran même, car le 24 mai 2007 un magazine télévisé américain avait révélé l’entreprise américaine d’espionnage en Iran. Tom Mangold, un grand (très grand) spécialiste à la BBC, l’avait clairement dit, en insistant déjà sur le rôle à jouer par l’internet et celui des faisceaux sociaux. Une chose confirmée par le président Carter lui-même enregistré de façon surprenante en webcam, qui parlait d’actions menées depuis deux ans au minimum. Et en fait, le système avait été rodé deux mois avant, mais ailleurs… en Moldavie. Mais cela, tout le monde l’a oublié. Car là, après une victoire communiste qui avait fort déplu aux américains. Le 5 avril 2009, en effet, les gens n’en revenaient pas : le « Parti des communistes de la République de Moldavie » (PCRM), pour la troisième fois consécutive, venait alors de remporter la majorité absolue des sièges à la Chambre des Députés (60 sur 101). Consternation américaine… et cyber-représailles qui se mettent aussitôt en place. Le lendemain même, un des membres autoproclamé d’une obscure « Twitter Revolution » moldave annonce qu’il peut mobiliser d’un claquement de doigts 15 000 personnes dans la capitale : son propos est aussitôt reporté dans le NYT.  Le lendemain, des manifestants (on cite 50 000 personnes) attaquent le Parlement et la présidence de la République, et provoquent de sérieux dégâts. On relèvera 78 blessés, plus de 250 selon le pouvoir local… Derrière l’annonce et le fameux « flashmob » vindicatif, un femme, Natalia Morar, devenue « madame Twitter Revolution »... accusée en avrll 2009 par le pouvoir d’avoir incité à l’émeute. La dame avait eu maille à partir en 2008… avec la russie. Mariée à un russe, expulsée du pays, poursuivie par les services secrets, on a du mal à ne pas voir chez elle un esprit de vengeance autant que des velléités purement démocratiques. Comme beaucoup d’opposants russes, en tout cas, elle reçoit automatiquement le soutien de la CIA.

L’effet Twitter ? C’est difficile à dire : la Moldavie est un des pays parmi les plus pauvres d’Europe (voir nos articles sur la Transnistrie voisine), et un I-Phone ou un ordinateur portable une denrée pas trop répandue… certains pensent alors à ce qui s’est passé en Ukraine, où pendant la « Revolution Orange », les télévisions avaient été abreuvées de séquences où l’on voyait partout d’immenses écrans de TV plats pour montrer que le libéralisme était déjà en marche dans le pays, alors que les gens n’en n’avaient pas un seul chez eux. La Moldavie, pauvre en équipement informatique ou en liaisons rapides aurait-elle été arrosée dans les mois qui précédaient et aurait-elle surtout servie de test grandeur nature aux projets « cyber » de la CIA ? Sans nul doute ! Mais il fallait encore le prouver.

La Moldavie et Natalia Moorar confrontées, ne l’oublions pas non plus, en face, à la redoutable « All-Russian Center for the Study of Public Opinion » (VTsIOM), l’émanation des services secrets russes se chargeant de contrecarrer les dires des anti-soviets. Aidé par le consultant Stanislav Belkovsky du National Strategy Council, et le fameux spin doctor russe, Greb Pavlovsky, et ses sites de propagande tels qu’ Foundation for Effective Politics (FEP) ou Kreml.org, un des éléments du Center for Political Forecasting dirigé par Aleksei Chesnakov , l’homme à la tête du « Main Department of Domestic Politics of the Presidential Administration », à savoir directement lié à Poutine. Selon Morar, Chesnakov avait recruté des sociologues pour assister le VTsIOM. Selon la même toujours, ils étaient payés par un organisme « off-shore » afin de ne pas révéler combien cela coûtait à l’Etat Russe…. Comment a-t-elle eu l’information ? Beaucoup soupçonnent un judicieux coup de fil de la CIA. Au pays de la déstabilisation, tous les coups sont permis.

En Moldavie, des internautes plus futés que d’autres avaient alors remonté les filières « Twittesques »… pour découvrir qu’elles émanaient le plus souvent d’une de ces fameuses NGO, intitulée « Hyde Park Organization” . Et d’autres, dont l’Open Society Institute, le Freedom House et la National Endowment for Democracy, déjà citées (10). Au bas de la page, une ligne avait retenu l’attention : ce site internet est pris en charge gratuitement par l’Internet Access Training Program (IATP) ». Deux pages plus loin on était au siège de l’IATP : le « Bureau of Educational & Cultural Affairs (ECA) » de « l’US Department of State » ; le Département d’Etat américain. On ne pouvait faire plus clair : sur le site même de l’ US Agency for International Development qui alimentait le programme IATP, on pouvait lire le but du jeu : “Strengthening Democratic Political Activism in Moldova (SPA).« Soutenir et renforcer l’activisme politique« , fût-ce t-il « démocratique » : le nouvel euphémisme, en réalité, pour parler d’opérations barbouzardes de déstabilisation dans un pays ! Un programme apporté en Moldavie par…USAID, dont on ne dira jamais assez la malignité dans le monde. Parmi les formations proposées par ce service : « l’Internet Access and Training Program”, autrement dit « apportons leur la liberté » de pouvoir suivre bêtement n’importe quel slogan sur Internet : la CIA a effectivement beaucoup changé, mais son but reste bien le même. Bienvenue au monde merveilleux des moutons élevés à l’hoax et à l’intox libérale journalière (11). Tout, sauf le communisme, en fait. En avril, en Moldavie, la CIA avait pu vérifier in vivo comment marchait son nouveau programme pour jeter dans les rues des protestataires : l’Iran n’en sera que la répétition à plus grande échelle !

Et la preuve de tout ça, on l’a, en la personne de l’inénarrable Morozov, qui affirmait il n’y a pas si longtemps encore être à l’origine de la « Twitterisation »… de la Moldavie : « Mais ne prenez pas Morozov pour un ennemi irréductible de Twitter. Il affirme avoir inventé, au mois d’avril, la « version moldave de la révolution Twitter ». Selon lui, le nombre d’utilisateurs de Twitter dans un pays instable n’est pas aussi important que leur capacité à diffuser des infos. Il ne faut pas sous-estimer l’effet de réseau de quelques auteurs très engagés. » Oublié, déjà, le rôle de Natalia Morar : Morozov s’était attribué les seuls mérites des diverses actions menées en Moldavie. Lui n’avait pas pour autant oser faire ce qui avait valu une expulsion de Russie de Morar, qui avait écrit en 2007 que le FSB (la CIA russe) était responsable de la mort d’Andrey Kozlov, alors à la tête de la Banque Centrale russe… (*12). Un contrat mafieux type, comme beaucoup durant l’ère Poutine, ancien des services secrets soviétiques, ce qu’on ferait bien de ne jamais oublier.

En résumé, selon notre sommité du Web Morozov, trois pékins munis d’I-Phone sont donc capables de vous monter des barricades dans un pays et d’y faire la révolution : seuls les utilisateurs de FaceBook peuvent croire ce genre de choses… Demain nous deviendrions tous des cyber-Gavroche ? Avec des barricades montées grâce à des « flashmob » où il faut apporter soi-même son pavé ? Une révolution avec des révolutionnaires décorés plus tard, une fois parvenus au pouvoir de médailles en forme de souris d’ordinateur ou de clé WIFI ? Car dès que le pouvoir aura été renversé, ne nous leurrons pas, viendra la démocratie du Homelands Security, de la surveillance du Net et des élections informatisées biaisées !

Décidément, la Moldavie a vraiment servi de labo à la CIA, a Soros et à son gourou cybernétique déclaré. L’agitation iranienne a bien été manipulée (ce qui ne veut pas dire qu’elle n’a pas d’embase démocratique réelle !), en prenant comme modèle le ballon d’essai Moldave, qui a été copié point par point. L’Iran a bien vu sa jeunesse manipulée… et son tyran rester en place, en définitive, mais avec de la part des mollahs des circonvolutions pour en limiter les nouveaux pouvoirs. Pendant ce temps, dans un pays où les ordinateurs se font encore plus rares, on continue les bonnes vieilles méthodes : avant les élections, en Afghanistan, les hélicoptères ont déversé des centaines de milliers de tracts sur les villages isolés pour inciter la population à aller voter, sans que cette même population ne sache très bien à quoi cela pouvait servir, ni les avantages qu’elle pourrait en tirer pour sa vie quotidienne et ses lendemains. Résultat, dans certains secteurs, personne ne s’est rendu aux urnes. Elles étaient déjà pleines, parfois, pourtant… Enfin, c’est ce qu’à dit vertement l’envoyé de Barack Obama à Hamid Karzaï, admirateur de méthodes éprouvées venues d’ailleurs.

Les Etats-Unis, qui ont eu un président ayant magouillé deux élections consécutives, manipulé les résultats et utilisé des machines à voter trafiquées peuvent-ils faire des remontrances à Hamid Karzaï, qui est au courant comme tout le monde de ces manigances ? Difficilement, nous dirons. Fort difficilement. Les marionnettes, remarquez, parfois, ça apprend vite.

(1) Bush Authorizes New Covert Action Against Iran The CIA has received secret presidential approval to mount a covert “black” operation to destabilize the Iranian government, current and former officials in the intelligence community tell the Blotter on ABCNews.com. » Ou cette annonce « Mr Bush has signed an official document endorsing CIA plans for a propaganda and disinformation campaign intended to destabilise, and eventually topple, the theocratic rule of the mullahs. »

(2) « Khashoggi and Ghorbanifar have emerged as prominent back-channel figures in the series of hush-hush shipments of American-made weapons to Iran that has flowered into the U.S. scandal of the decade. Of all the dubious aspects of that affair, one of the most unsavory is that U.S. national policy became entangled with the maneuvers of private arms dealers.  »

(3) Ghorbanifar has been suspected of being a former French DGSE informer, and allegedly accompanied Jean-Charles Marchiani, the right-hand man of former French Interior Minister Charles Pasqua, during his meetings with the deputy Iranian foreign minister to negotiate the release of the French hostages in Lebanon in the mid-1980s [4].

(4) « TIME has obtained a memo written by an Israeli arms merchant to the Tel Aviv Ministry of Defense that offers some intriguing hints about how secret arms deals are set up. In the fall of 1984, when the U.S. was still trying vigorously to stop the flow of arms to Iran, the merchant met with Iranian representatives in Geneva and relayed to Israel a list of weapons they wanted to buy, including air-to-air missiles and spare parts for tanks. One hitch : the Iranians also wanted some jet engines overhauled. « British firms were providing this service . . . but some have now been caught by the Americans and cut off from spare parts, » the agent reported. The Bedek division of IAI, said the agent, was eager to take over the work « as long as they had some sort of engine factory between them and the end user. »

(5) Ironically, Iran was also the birthplace of the original CIA program for destabilizing a foreign government. Think of it as Destabilization 1.0 : It’s 1953 and democratically-elected Iranian leader Mohammed Mossadegh is following through on his election promises to nationalize industry for the Iranian people, including the oil industry of Iran which was then controlled by the Anglo-Iranian Oil Company. The CIA is sent into the country to bring an end to Mossadegh’s government. They begin a campaign of terror, staging bombings and attacks on Muslim targets in order to blame them on nationalist, secular Mossadegh. They foster and fund an anti-Mossadegh campaign amongst the radical Islamist elements in the country. Finally, they back the revolution that brings their favoured puppet, the Shah, into power. Within months, their mission had been accomplished : they had removed a democratically elected leader who threatened to build up an independent, secular Persian nation and replaced him with a repressive tyrant whose secret police would brutally suppress all opposition

(6) « Evgeny Morozov is an online media and digital activism expert from Belarus. He is writing a book on how the Internet influences civic engagement and regime stability in authoritarian and semi-authoritarian societies such as China, Egypt, Russia, and Venezuela. He is focusing on the unanticipated consequences of increased Internet usage, including nationalist activism and the dampening effects of new online social freedoms on political engagement »

(7) On Monday, the Twitter site showed topics that were getting the most attention, including « IranElection, » ’’Mousavi » and « Tehran. » In one 10-minute period, 12 users who identified themselves as being within 50 miles of Tehran posted Tweets.

(8) On June 13th, 30000 « tweets » begin to flood Twitter with live updates from Iran, most written in English and provided by a handful of newly-registered users with identical profile photos. The Jerusalem Post writes a story about the Iran Twitter phenomenon a few hours after it starts (and who says Mossad isn’t staying up to date with new media ?). Now, YouTube is providing a « Breaking News » link at the top of every page linking to the latest footage of the Iranian protests (all shot in high def, no less). Welcome to Destabilization 2.0… »

(9) « L’un des plus sévères détracteurs de Twitter que j’ai lu cette semaine s’appelle Evgeny Morozov. Sur le site d’info ForeignPolicy.com, il a exposé son avis hérétique selon lequel un contrôle ou un blocage des tweets et des articles de blog publiés par des manifestants iraniens dans le pays n’est peut-être pas la priorité numéro un du régime. « Lorsque des vraies émeutes se déroulent dans les rues, les « émeutes » sur Twitter n’apparaissent pas comme une vraie menace », écrit-il. Par ailleurs, Evgeny Morozov doute que Twitter ait contribué à l’organisation des manifestations, même si le réseau social a permis de braquer les projecteurs sur la crise iranienne. »

(10) Destabilization 1.2 involves seemingly disinterested, democracy promoting NGOs with feelgood names like the Open Society Institute, Freedom House and the National Endowment for Democracy. They fund, train, support and mobilize opposition movements in countries that have been targeted for destabilization, often during elections and usually organized around an identifiable color. These « color revolutions » sprang up in the past decade and have so far successfully destabilized the governments of the Ukraine, Lebanon, Georgia and Kyrgyzstan, among others

(11) « Now we arrive at Destabilization 2.0, really not much more than a slight tweak of Destabilization 1.2. The only thing different is that now Twitter, Facebook, YouTube and other social media are being employed to amplify the effect of (and the impression of) internal protests. Once again, Soros henchman Evgeny Morozov is extolling the virtues of the new Tehran Twitter revolution and the New York Times is writing journalistic hymns to the power of internet new media…when it serves western imperial interests. »

(12) « Morar was expelled from Russia in 2007 after writing a series of articles accusing top Kremlin officials, including Alexander Bortnikov, the current head of the Russian security services, the FSB, of being behind the murder of Russia’s central bank deputy head Andrey Kozlov in September 2006. »

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Classé dans Actualité, Stéphane Bouleaux

De Victor Jara à Guantanamo : la même CIA (17)

ArmandoValladaresHier nous avons abordé le cas des préparatifs d’attentat contre Evo Morales, visiblement l’œuvre de la CIA et de son éternelle filière européenne d’extrême droite. Une CIA qui s’appuie toujours quelque part sur un organisme soit humanitaire, soit aux valeurs de défense de la démocratie, et qui cachent le plus souvent des hommes au passé plus que trouble. La Bolivie ne fait pas exception à ce schéma établi de longue date comme nous l’avons vu au fil de tous ces épisodes. Lors de nos recherches, nous sommes en effet tombé sur de vieilles connaissances de la subversion des années soixante-dix, celle qui avait tenté à moult reprises de renverser Fidel Castro en particulier. Ce sont les mêmes qui continuent à s’activer dans les Andes, aidés par les larges oboles versées par la CIA, qui continue à défier semble-t-il jusqu’au pouvoir en place, faisant resurgir chaque jour un peu plus le spectre du pouvoir réel, celui d’un « gouvernement invisible » si bien décrit en 1965 dans un livre magistral dont je ne peux que recommander une nouvelle fois la lecture.

Reste en effet le problème du financement de l’attentat contre Evo Morales : or là c’est encore plus net : « Le Ministère public bolivien a identifié Hugo Acha Melgar, que l’AFP signale comme le représentant en Bolivie de l’ONG étasunienne Fundación Human Rights (FHR), comme le principal pourvoyeur de fonds de la bande terroriste démantelée à Santa Cruz et impliquée dans une conspiration pour assassiner le président Evo Morales ». On savait USAID impliqué ailleurs dans le monde, on découvre la FHR comme pourvoyeuse de comploteurs : « FHR est une organisation basée à New York. Elle est connue pour ses actes d’ingérence et ses liens avec la CIA. Son secrétaire général n’est autre que le terroriste d’origine cubaine Armando Valladares. Le procureur Marcelo Sosa, chargé de diriger l’enquête dans cette affaire, a identifié Acha, dit « Superman », ainsi que Alejandro Melgar, connu sous le pseudonyme de « El Lucas », en tant que membres et financiers du complot. » Valladeres est à lui seul un cas d’école : il a été emprisonné par Castro. « Arrêté à la fin des années 60 à La Havane alors qu’il posait des explosifs dans des lieux publics pour le compte de la CIA, Armando Valladares a acquis sa renommée grâce aux médias qui couvrirent sa sortie de prison alors qu’il se faisait passer pour un « poète paralytique ». Cet ancien indicateur de police sous le régime du tyran Fulgencio Batista s’était reconverti quelques années plus tard en poseur de bombes, jusqu’à son arrestation. Le seul livre signé Valladares, intitulé « Depuis ma chaise roulante », a en réalité été écrit par son pote et complice Carlos Alberto Montaner. » Valladares est un mythomane menteur de haut vol : « Valladares sort de sa cellule en fauteuil roulant mais il arrive à Madrid debout. Entre le décollage de l’avion de La Havane et son atterrissage à Madrid il avait guéri. Et il ne s’est plus jamais assis dans un fauteuil roulant et qui plus est, n’a plus jamais trouvé l’inspiration pour écrire un poème ». Dans la foulée en 1988-89, les Etats-Unis lui accordent la nationalité américaine et ils le nomment même représentant des Etats-Unis à l’ONU à la Commission des Droits de l’Homme ! Le choix de ce parfait mythomane ancien supporter de Battista ne cesse de questionner depuis… comme lorsqu’en pleine campagne électorale de McCain, ce dernier arbore devant son public (de Miami !) le dernier livre de Valladeres « Against All Hope » : la bonne vieille droite US arbore toujours les mêmes héros…

Pour mémoire, Valladeres libéré avait été remis à Régis Debray, et à Cuba, un visiteur assez inattendu avait négocié la libération de 21 autres prisonniers politiques : Jacques-Yves Cousteau, le commandant bien connu. Son propre frère, Pierre-Antoine Cousteau, mort en 1958, était il est vrai un extrémiste de droite avéré, ayant participé activement à Je suis Partout, mais de ça on n’a jamais voulu en parler dans la presse. Le frangin était plus que sulfureux : « C’est un « antisémite de plume », engagé dans la Collaboration, condamné à mort en 1946 pour « crime contre la nation », avant que sa peine ne soit commuée en détention à perpétuité. Libéré en 1951, il collabore ensuite à l’hebdomadaire Rivarol et à la revue Lectures françaises ». Je me suis toujours personnellement étonné du silence des médias sur la famille Cousteau, Jacques-Yves avait certes pris ses distances avec son frère dès 1943, mais en 1991 une phrase le ramenait étrangement à des critères datant des meilleures heures de l’eugénisme (*1). Eliminer 350 000 personnes par jour pour sauver la planète ? Il n’y allait pas avec le dos de la cuillère ce bon commandant Cousteau !

Ce n’est pas la première fois que FHR est cité en fait dans des opérations fort douteuses. C’est un bon vieux paravent de la CIA remontant à des activistes d’extrême droite connus (*2) Issu d’une des familles les plus riches du Venezuela, son dirigeant Thor Halvorssen Mendoza est un « héritier de grande famille », paraît-il. D’un père riche, en tout cas. Les américains le connaissent donc bien : obligatoirement, car il était devenu un de ces consultants si prisés de la célèbre FOX News ces dernières années ! (*4). La CIA, avec Thor Halvorssen Mendoza s’est trouvée le même terrain de jeux qu’au Darfour : elle intervient avec le bouclier humain des droits de l’homme. Il s’agît bien, avec USAID et HRF de détournement politiques d’actions dites humanitaires. Mais ce qui ne manque pas de sel, dans l’histoire de Thor Halvorssen Mendoza, c’est qu’il est aussi le fils de Thor Halvorssen Hellum, un autre beau cas d’espèce : lui, sous la présidence précédente de Perez avait été nommé grand responsable de la lutte contre la drogue. Ce « tsar de la drogue »…. en profitait en fait largement au passage, au lieu de lutter contre elle, au point d’incommoder les services anti-drogues US de la DEA, sous W. Bush, qui ne voulaient rien avoir à faire avec lui. Douteux, il avait révélé les comptes bancaires du Président qui l’appointait et celui de sa maîtresse pour regagner l’indulgence américaine. Perez, ridiculisé, y perdra les élections. Il mouillera également Annabelle Grimm, la représentante de la DEA dans son propre trafic, incluant au passage le général Ramón Guillén Davila, le chef du bureau antidrogue de la Garde Nationale vénézuelienne…. en s’en sortant encore une fois lui-même, car il était à la fois la source des infos de la CIA, dont il était aussi un agent, et l’informateur de la DEA sur le trafic qu’il entretenait !! Voilà le père et le fils, tout droit issus tous les deux de la CIA, et de ses turpitudes, qui sont à la base d’une partie des sérieux ennuis de Morales dans le pays.

Le NYT avait dressé un portrait au vitriol du fiston en août 2007, l’appelant le Maverick Mogull….le « magnat non-conformiste ». Un grand cynique, avant tout. Un de ses derniers exploits ayant été de faire un film à la gloire des révoltés hongrois de 1956. A trop sabrer les communistes, il en avait fait un film ultralibéral. A signaler que parmi les producteurs de ce film, on a Quentin Tarantino… pas plus à l’aise en politique que derrière une caméra. Ou toujours aussi mauvais dès qu’il s’agît de parler histoire. Tarantino a le degré de conscience politique de l’américain moyen, à savoir le QI d’une huître. « Quitte à évoquer juifs et nazis entre 1941 et 1944, il aurait pu mettre ses idées au clair avant de donner le premier clap. » Mendoza avait fait ensuite un autre film, soi-disant écologiste en fait à la gloire des grands groupes industriels miniers, un phénomène dénoncé par Greenpeace. Le film avait été financé par Gabriel Resources, a une grande compagnie minière canadienne ! Le dernier en date est le pire : au prétexte de liberté de parole, Thor Halvorssen Mendoza n’est pas loin des pires thèses… l’homme se prend pour le Michael Moore du libéralisme, c’est évident ! Mendoza, visiblement, est un homme très dangereux pour une démocratie !

La Bolivie est donc littéralement infestée de groupes néo-nazis dont pas mal sont issus tout simplement de mouvements recréés sur place ou en Argentine par les dignitaires nazis ayant échappé aux mailles du filet de l’après 1945. Comme la « Bolivian Socialist Falange« , par exemple, qui comme son nom l’indique est directement issue de l’idéologie franquiste ou mussolinienne. Dans les manifestations anti-Morales, on a tendance en effet à pas mal lever la main droite et à la tenir à plat, bien haut. Ceux-là ou ceux de l’UJC, les jeunes nazis de Juan Gueber Bruno et ses traversées de rues assez étonnantes…. (*5). Un de ces écervelés conspirateurs, arrêté, a fini par lâcher le morceau : Ignacio Villa Vargas, Président de la Santa Cruz Youth Union (l’extrême droite de l’ Unión Juvenil Cruceñista, ou UJC) dans les années 70. L’homme a raconté comment en 2008 il s’est retrouvé aux côtés de Branko Marinkovic, et s’est très vite aussi retrouvé mêlé à des attentats à l’explosif (*6).

Branko Marinkovic, comme on peut facilement le catégoriser, est un « fasciste ordinaire », qui cache derrière une mascarade séparatiste des ambitions nettement dictatoriales. Il est vrai que le terrain s’y prête : « au fil des années, Santa Cruz a été, étrangement, une terre d’accueil pour le nazisme. Dans cette ville sont nés des groupes néofascistes comme « Los novios de la muerte » (les fiancés de la mort), actif durant la dictature de García Meza. Quelques années auparavant, sous la dictature du colonel Hugo Bánzer, né à Santa Cruz, on avait même réussi à cacher et protéger un criminel de guerre nazi, Klaus Barbie, le « boucher de Lyon », et à lui offrir la citoyenneté bolivienne ; celui-ci organiserait plus tard les attaques paramilitaires du 17 juillet 1980 contre la Central Obrera Boliviana à La Paz, » nous dit Alejandro Saravia. Il faudrait en effet se rendre compte que Morales se bat, mais il se bat contre des néo-nazis tel Marinkovic, retranchés dans une des régions les plus riches dont ils demandent bien sûr l’autonomie, appuyés par la CIA et de l’argent américain qui continue de couler à flots dans ses caisses ! En avril 2008, Morales révélait l’existence d’une cellule de la CIA au sein même de son palais… « Autonomie pour les riches et révolution pour les pauvres », ironise YouTube…. Malheureusement, c’est cela en effet !

Obama pourra-t-il faire quelque chose contre cette tendance à avoir un état dans l’état depuis longtemps en la personne de la CIA ? Pas sûr. Au moment même où il avait décidé un réchauffement des relations avec Cuba, comme par hasard, la CIA « découvre » deux vieux espions au bord de la retraite sinon déjà en retraite. Qui auraient espionné depuis trente années… sans que la CIA ou le FBI ne le sache. « Le FBI est parvenu à confondre Walter Kendall Myers, 72 ans, alias « agent 202 », et son épouse Gwendolyn Steingraber Myers, 71 ans, ( « agent 123 »), en faisant passer l’un de ses agents pour un espion cubain. Les Myers ont rencontré mi-avril à l’agent du FBI et lui ont révélé des détails sur le sommet des Amériques, qui doit se tenir quelques jours plus tard sur l’île de Trinidad et Tobago et auquel a participé Barack Obama. » Cela faisait au moins trois années qu’on le savait : la sortie du dossier Myers APRES l’élection d’Obama n’est donc pas le fruit du hasard : « Le Département d’Etat suspectait depuis trois ans Myers d’ébruiter des renseignements et avait placé le couple sous surveillance afin d’en découvrir davantage sur la nature des fuites. » A la CIA, il y en a toujours pour revitaliser une bonne vieille guerre froide au bon moment.. visiblement. Des espions qui travaillaient exactement comme on s’attend à trouver des espions au XXI ème siècle : « Au fil du temps, les Myers ont perfectionné leurs méthodes, passant de l’encre sympathique et la transmission en code Morse sur radio à ondes courtes à l’envoi de renseignements codés depuis des cafés Internet en 2007. Selon les aveux des époux, La Havane les contactait souvent par le biais de messages radio codés via des ondes courtes, qu’ils décryptaient ensuite à l’aide d’un programme fourni par les services de renseignement cubains ».

On n’aura beaucoup de mal à me faire avaler qu’avec un Homeland Security omniprésent depuis 2001 ils puissent n’avoir été découverts qu’il n’y a que trois ans… Ou alors Echelon n’existe pas non plus… Non, dans l’arrestation du couple Myers à un moment où les relations commençaient juste à se réchauffer, il y a bien une volonté. Celle, pour la CIA, de rester maîtresse du jeu, et ce, quel que soit le président en place. Il y a bien un pouvoir fantôme « invisible » aux Etats-Unis, et le livre fondamental de Wise et Ross, qui décrit ce gouvernement caché qui tire les ficelles du pays, pourtant écrit en 1965, n’a que plus d’importance encore aujourd’hui. Il avait failli ne jamais voir le jour, pourtant : le directeur du moment John McCone ayant tout tenté pour bloquer sa parution chez son éditeur Random House, allant jusqu’à offrir à l’éditeur d’acheter l’intégralité des ouvrages imprimés à défaut de ne pouvoir empêcher sa fabrication. Ou d’abreuver la presse d’articles flinguant son contenu ! (*7)

Il est donc clair que l’opacité demeure le mode privilégié de fonctionnement de la CIA et qu’elle ne fait que poursuivre, aujourd’hui encore ce qui a été mené depuis cinquante ans. Il n’y aura jamais de rupture dans ce sens : en nommant à la tête de l’organisme Léon Panetta, Barack Obama s’inscrit bien dans cette lignée. Ce n’est autre que l’ancien secrétaire général de la Maison Blanche du temps du président Bill Clinton, à savoir l’administration héritière de celle qui avait mis en place… Ben Laden et qui avait plus que failli à le capturer, notamment au Soudan. Ou au camp afghan de la Tarnak Farm (près de Kandahar, nommé aussi camp El Farouq ou Abu Abaida), où un Prédator l’avait capturé en vidéo en 2000 (*8). La CIA qui le suivait l’a bel et bien laissé alors filer. La vidéo avait été montrée à la commission du 11 septembre, pourtant (*9).

Deux ans avant, un Clinton au langage ferme d’un W.Bush conquérant avait affirmé qu’il ferait tout pour le capturer (*10). En juin 2003, les soldats US « découvraient » à Tarnak Farm, cachés dans une piscine comblée, une des plus grandes caches d’armes de la région (*11). La roquette de 107, envoyé par les talibans sans même l’usage d’un lanceur approprié ! Universellement connue, et universellement utilisée, y compris par les américains. Le « fameux camp », archi-connu et archi filmé !!! Ben Laden, filmé par la CIA par la caméra d’un Predator alors non armé !!! Logique, c’était là où les américains entraînaient les troupes de Ben Laden… contre les russes. Ils savaient pertinemment où filmer.

Léon Panetta, issu au départ des républicains, passé démocrate, son seul fait de gloire et de s’être opposé à Nixon au temps de sa lutte contre les droits civiques, évoquée dans son ouvrage Bring Us Together : « The Nixon Team and the Civil Rights Retreat » sorti en 1971. Qu’on ne compte pas sur lui pour révéler les photos d’Abou Ghraib supplémentaires ni les détails des tortures de Guantanamo : se serait reconnaître la méthode Cameron, assumer les assassinats ciblés et reconnaître l’implication directe de la CIA dans ses assassinats, interdits depuis le grand nettoyage de 1975. Une récente déclaration le prouve amplement. « Panetta a envoyé une lettre de 24 pages au juge de New York Alvin Hellerstein, pour souligner que rendre publics les câbles de la CIA décrivant les méthodes musclées utilisées contre des membres présumés d’Al-Qaïda fournirait à l’ennemi trop d’informations sur le travail des Etats-Unis en matière de contre-terrorisme ». En clair, ce serait signifier aussi que les méthodes utilisées ne sont pas celles d’interrogatoire mais bien de manipulation de personnes, afin d’aboutir à de faux aveux et surtout à une revendication des attentats du 11 septembre, mais sans qu’on en sache jamais les arcanes. Le travail contre le terrorisme est connu depuis Trinquier, les méthodes n’ont pas beaucoup changé et le waterboarding emprunté aux méthodes d’interrogatoires Viet-Congs date de plus de 50 ans dans l’armée américaine. Panetta ment donc ouvertement, car il y est aussi obligé. Khalid Sheik Mohamed restera bien insubmersible… mais inaudible. C’est ça, ou reconnaître « l’inside job » qui a présidé à la réalisation du 11 septembre. Ou le fait d’avoir un jour réussi à filmer tranquillement Ben Laden sans jamais avoir vraiment cherché à le capturer…

Car le problème subsiste : le 11 juin, Panetta déclare que selon lui Ben Laden est « toujours au Pakistan ». Il y était déjà localisé depuis 2002, à Quetta, après sa fuite de Tora Bora ! Les américains et leurs célèbres services secrets si efficaces l’auraient raté six années de suite ? Ou faut il croire plutôt le président pakistanais Asif Ali Zardari  : “En 1989, Ben Laden était en contact permanent avec les directeurs de la CIA. Il était votre agent à l’époque, il est encore votre agent aujourd’hui.” Un Zardari passablement remonté devant un journaliste US quand on lui demande s’il sait où se trouve Ben Laden : “C’est à vous de me dire cela. Cela fait 8 ans que vous êtes en Afghanistan. C’est vous qui êtes allé le chercher, à Tora-Bora et l’avez laissé échapper… moi je n’ai rien à avoir avec tout cela, à l’époque j’étais en prison, avec la bénédiction des Etats-Unis”… tout en répétant ce que sa femme avait déjà énoncé à la surprise générale : “J’ai une très forte prémonition qu’il est mort, encore renforcée par les conversations que j’ai eu avec des membres de la communauté du renseignement U.S. Cela fait des années qu’il n’ont pas trouvé la moindre trace permettant de garantir qu’il est encore en vie. » Bhutto, Musharaf et Zardari étaient et sont persuadés qu’il est mort depuis longtemps. Panetta aurait relancé la course au fantôme ? Ou la chasse à son agent principal de la CIA ? On devrait logiquement le trouver mort bientôt à ce rythme, connaissant la maison ! Le sortir empaillé pour enfin arrêter la mascarade ? Des phrases comme celles de Panetta ne sont-elles pas là pour nous préparer à cette « découverte » ? Le temps d’aller chercher le frigo ?

La CIA, à l’étranger, continue donc comme avant sur sa lancée, et s’appuie donc sur des dissidents dans le pays pour ses basses œuvres. Car elle le fait depuis toujours. Un essayiste le rappelle : « Selon Bruno Drewski, il faut se souvenir de « l’assassinat du Secrétaire Général du parti communiste sud-africain, juste avant la chute de l’apartheid, par un polonais récemment immigré là-bas ». Le spécialiste rappelle également le positionnement des ex « dissidents » de l’Est en faveur de l’occupation de l’Irak et le rôle des ex « refuzniks » soviétiques (Chchtaranski, Lieberman), qui ont soutenu les pires excès d’Israël. « Un important travail d’enquête reste à faire sur ces réseaux troubles pour découvrir les bases de cette internationale d’assassins », dit l’expert français. » « Internationale d’assassins », le mot n’est pas trop faible en effet, à relire tous nos épisodes précédents. D’autres s’en étaient déjà aperçus il y a bien longtemps, pourtant…

Le rôle des USA en Amérique du Sud, Simon Bolivar l’avait en effet résumé dès 1829 : « los Estados Unidos que parecen destinados por la Providencia para plagar la América de miserias a nombre de la Libertad » (Les États-Unis, qui semblent destinés par la Providence à semer la misère dans toute l’Amérique au nom de la Liberté). »


(1) « In order to stabilize world population, we must eliminate 350,000 people per day. It is a horrible thing to say, but it is just as bad not to say it. » Jacques Cousteau, 1991 UNESCO courier.


(2) « Selon Eva Golinger, avocate et chercheure vénézuélienne, qui est également l’auteur de l’ouvrage La telaraña imperial (La toile d’araignée impériale), Human Rights Foundation a été créée par Thor Halvorssen Mendoza, en 2005, dans le but d’attaquer et de discréditer les gouvernements du Venezuela, de Bolivie et d’Equateur.


(3) « son of Thor Halvorssen Hellum, the Venezuelan-Norweigean ex-president of CANTV during the administration of Carlos Andres Perez in the 1970s. Then, he served as the Venezuelan drug czar and worked as an agento of the DEA and CIA. In fact, Halvorssen worked with the CIA in El Salvador and in Nicaragua during the dirty wars of the 80s, and was a close collaborator of the Contra leader, Adolfo Calero. In 1993, Halvorssen was arrested and jailed for 74 days, charged with having participated in an act of terrorism (a series of bombing attacks in Caracas meant to influence the stock market and the economic climate). « 


(4) « THM, also the son of one of the wealthiest families in Venezuela, the Mendozas, has participated as a commentator on Fox News, including one appearance with Rev. Pat Robertson when Robertson declared that it was necessary to assasinate President Hugo Chavez. Halvorssen is president of the HRF. »


(5) « On Tuesday, police apprehended an advisor to the ultra-right-wing Santa Cruz Youth Union (UJC), Juan Carlos Gueber Bruno, suspected of having ties to the foreign mercenary cell broken up last month in the City of Santa Cruz ».

(6) « For the first attack we were staying in Branko Marinkovic’s house at Km4 of the northern highway. For the Ávalos attack we were in the Hotel Asturias and for the Cardinal’s attack in Hotel Las Americas. For the three attacks Germán was always the leader. Security and gunman was Michael Dwyer and his driver, always in the same place. »


(7) « John McCone called in Wise and Ross to demand deletions on the basis of galleys the CIA had secretly obtained from Random House. The authors refused to made these changes and Random House decided to go ahead and publish the book. The CIA considered buying up the entire printing of InvisibleGovernment but this idea was rejected when Random House pointed out that if this happened they would have to print a second edition. McCone now formed a special group to deal with the book and tried to arrange for it to get bad reviews »…


(8) « The tape proves the Clinton administration was aggressively tracking al-Qaida a year before 9/11. But that also raises one enormous question : If the U.S. government had bin Laden and the camps in its sights in real time, why was no action taken against them ? ».


(9) « As the 9/11 commission investigates what Presidents Bill Clinton and George W. Bush might have done to prevent the Sept. 11, 2001, terrorist attacks, one piece of evidence the commission will examine is a videotape secretly recorded by a CIA plane high above Afghanistan. The tape shows a man believed to Osama bin Laden walking at a known al-Qaida camp. »


(10) « In 1998, President Clinton announced, “We will use all the means at our disposal to bring those responsible to justice, no matter what or how long it takes.”


(11) « It took EOD two days and five separate blasts to destroy the 25,000-pound cache found in the Tarnak Farm region, once the famous training site of al-Qaeda terrorists. In all, members of the 731st and 704th Ordnance Companies (EOD) found 1,801 107mm rockets, 36 120mm mortars and 85,640 rounds of small arms (30mm or less) ammunition. The munitions were located – following on a tip from the 313th Military Intelligence Battalion – at the bottom of a swimming pool completely covered with dirt. The cache held 1,801 107mm rockets and 85,640 small arms rounds, the largest collection found in the Kandahar Air Field region ».



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Classé dans Actualité, Stéphane Bouleaux

De Victor Jara à Guantanamo : la même CIA (16)

op_corribglengadLéon Panetta va-t-il restaurer au sein de son organisme une pointe d’éthique qui lui fait cruellement défaut ? Rien n’est moins sûr. L’historique de la CIA penche pour elle, pas pour son dirigeant. Récemment encore, en Amérique du Sud, deux exemples bien précis laissent entrevoir que la bonne vieille technique de l’assassinat ciblé présidentiel n’a pas été abandonné. Si on s’en doute pour l’inénarrable Chavez, au Venezuela, on en est moins conscient semble-t-il pour la Bolivie, ou Evo Morales se bat contre ce qui n’est rien d’autres que des nostalgiques du nazisme, soutenus sans faille aucune par la CIA. L’Amérique du Sud qui verse à gauche, c’est toujours impossible à avaler pour les américains, même si aujourd’hui le discours de façade est différent. Les intérêts économiques et la zone d’influence est telle que les Etats-Unis feront tout ce qui est en leur pouvoir pour ralentir le processus. L’aile droite de la politique américaine considère toujours les Andes comme une chasse gardée. Je n’en veux pour preuve que la visite inopinée de McCain en Colombie, deux jours seulement avant l’opération pour libérer Ingrid Bétancourt et les trois otages de DynCorp retenus par les Farcs. Une opération où la CIA a participé de bout en bout, malgré les dénégations d’Uribe à cet égard.

En Afghanistan, on est donc bien confronté à un fait : Barack Obama ayant reçu en cadeau de son prédécesseur une situation inextinguible a donc du trancher rapidement. L’option des bombardements massifs, ces « Guernica hebdomadaires » étant désormais à exclure, il a bien dû se trouver une solution de repli pour ne pas voir le spectre du départ honteux de Saïgon à la fin de la guerre du Viet-Nam. Sa présidence n’y résisterait pas, et il le sait. Les américains ne veulent jamais perdre un conflit, on le sait. Il a donc fallu trancher, et sélectionner l’option la plus efficace et la moins désastreuse aux yeux de l’opinion publique. Celle du retrait en douceur, facilité par la traque de l’ennemi par des services spéciaux dédiés, ou par… la CIA. Obama, en ce sens est bien traditionnaliste : il impose à nouveau une énième version de l’opération Chaos, à peine relookée par des moyens techniques nouveaux, drones et capteurs GPS attractifs. Les symptômes en sont évidents, déjà et nous allons les voir en détail, pour bien prouver nos dires. Un homme l’avait pourtant enjoint de ne pas s’y aventurer, dans une vidéo magnifique que je conseille à tous de regarder. C’est un démocrate qui se permet de lui faire la leçon, et non un républicain comme on aurait pu s’y attendre. Mais pas n’importe quel démocrate : c’est le sénateur Georges McGovern, celui qui avait perdu l’élection contre Nixon (la seconde de Nixon, en 1972), celle gagnée à coups de coups tordus comme le Watergate. A l’époque, il était opposé à la guerre du Viet-Nam : il sait donc de quoi il parle ! L’homme avait un jour comparé Obama à un second Lincoln, mais il n’a pas pour autant gardé sa langue dans sa poche. Il représente depuis toujours l’aile gauche des démocrates, c’est une évidence à l’entendre fustiger un conflit qui s’éternise et qui risque assez vite de ternir l’étoile de son héros. Pour mémoire, l’affaire du Watergate c’était quatre « plombiers » venus installer des micros dans les bureaux de campagne de McGovern, alors l’adversaire de Nixon à la présidentielle. Le récent décès d’un de ses quatre sbires, Bernard Leon Barker a été annoncé for récemment (le 7 juin). Barker avait été enrôlé en 1961 dans la désastreuse affaire de la Baie des Cochons à Cuba : c’était bien un agent de la CIA !

Quant à savoir si Barack Obama laissera la CIA réactiver ou plutôt poursuivre les assassinats d’homme politique, c’est encore une autre histoire. Il semble bien que son prédécesseur ait été tenté de le faire à l’encontre d’Hugo Chavez… La révélation est récente est à été faite par Chavez lui-même à la télévision, ce qui permet aussi de la mettre en doute, Chavez découvrant en moyenne un complot contre lui par semaine.(*1). Mais ce qui l’est moins, c’est l’explication que donne Hugo Chavez de l’organisation du complot contre lui… car au passage, il ressort un homme très connu des placards de la CIA (*2). Luis Posada Carilles, un cubain partisan de la dictature… au lourd passé de membre de la CIA.

Luis Posada Carilles, malfrat surnommé Bambi par ses amis cubains, encore lui, car cité dans notre longue enquête dans l’épisode premier… le tueur d’ Orlando Letelier, à Washington, en 1976. Posada formé lui aussi à Fort Benning et devenu au Venezuela d’avant Chavez le chef de la CIA locale, la DISIP…. ! Autrement dit, c’est un sérieux client au poste d’assassin présidentiel ! Posada est un extrémiste, à un point difficilement imaginable : il avait tenté d’assassiner Kissinger quand ce dernier n’était plus assez de droite pour lui… Il est responsable d’avoir posé la bombe qui a détruit l’avion du vol 455 à Cuba qui a fait 83 morts en octobre 1976. Avec l’assentiment de la CIA (*3). On le retrouve encore en train de poser des bombes en 1997 à Cuba afin d’y empêcher l’extension du tourisme ! Des documents récents rendus publics ont révélé son extrême dangerosité (*4) La panoplie complète du parfait comploteur ! Au passage, on apprend que des agents du FBI se baladent toujours, aujourd’hui encore, à Cuba !

Trois ans après, rebelote, c’est Castro qu’il visait (*5)  Arrêté puis libéré en 2004 au Panama par la présidente corrompue Mireya Elisa Moscoso Rodríguez de Arias, il s’était réfugié… aux Etats-Unis, où il a bénéficié d’une incroyable mansuétude de la justice, qui n’a jamais voulu l’extrader vers le Venezuela d’où il s’était évadé. En 2007, il avait été quand même été arrêté pour entrée illégale sur le territoire US, au nom du Homeland Security… en prison, on sait aussi qu’on peut tout apprendre…sur de nouveaux projets d’assassinat…. surtout si ce n’est que sous bracelet de surveillance, ce qu’on lui avait forcé à mettre. Dès juillet 2007, une autre juge le relâchait déjà et lui retirait son bracelet électronique. Au début de cette année un nouveau procès était mené contre lui pour les attentats de 1976. Avec cette fois un nouveau grief (*6). Trente-trois ans qu’on lui reproche la même chose, à savoir d’être un terroriste international de haut vol, et l’homme se promène toujours librement dans le pays ? Même Ben Laden n’a pas fait mieux ! Un tel obsédé de la bombe, si protégé par la CIA ferait effectivement un très bon client pour assassiner Chavez, finalement… s’il n’était il est vrai âgé aujourd’hui de 71 ans…

Chavez raconte-t-il des bobards, où la large mansuétude américaine à propos de Posada ne pourrait-elle pas s’expliquer par cette nouvelle tentative ??? La découverte d’une véritable armurerie il n’y a pas si longtemps à Caracas est là pour raviver les thèses complotistes en tout cas : au milieu des activistes arrêtés, des Dominicains, on trouvait également un français… Laurent Frederic Bocquet, 38 ans, de nationalité franco-suisse, accusé d’être le tireur d’élite du lot alors que le gouvernement français lui octroie une pension d’invalidité… (reconnue par l’ambassadeur français) le spectre de l’activisme d’extrême droite, de l’ancien militaire pensionné réapparaissait…(*7) . Bocquet aurait-il été militaire et envoyé en Bosnie ? Il nous a été impossible de le vérifier. Aucune trace visible de l’individu. En tout cas, chez lui, il y avait du monde et du matos  : « Les forces de l’ordre affirment avoir découvert un véritable arsenal dans un logement dont il serait propriétaire à Caracas : treize fusils à longue portée, deux mitrailleuses, trois carabines, des silencieux, des viseurs télescopiques, des gilets pare-balles, 5.000 cartouches, des grenades, des uniformes militaires et 500 grammes d’explosif C4. «  Cela dépasse un peu le simple goût pour les armes, non ? Même si selon Franck Cognard de France-Info l’homme était aussi informateur de la police, ou plutôt du responsable précédent limogé par Chavez, le stock de munitions est tel qu’on a du mal à croire à sa seule collectionnite… c’était un véritable arsenal de guerre dans un appartement ! Il y en avait pour plusieurs milliers de dollars, à 6000 euros le fusil spécial longue portée. D’où provenait l’argent du pensionné de l’état français ? « La présence d’armes lourdes dans la chambre d’hôtel et surtout celle de mercenaires étrangers, dont les services sont coûteux, soulignent que cette cellule bénéficie d’appuis logistiques et financiers importants » affirme devant les caméras le ministre de l’intérieur.

Et ce n’est pas fini en Amérique du Sud : Le 29 avril dernier, c’était le président Evo Morales qui était visé par une tentative d’attentat (*8) «  Il y aura deux morts, lors de leur arrestation, et les détails qui vont suivre vont renforcer l’idée d’un travail typique de la CIA, via des tueurs interposés d’origine bien particulière, ou plutôt politiquement déterminés. Une fine équipe de tueurs qui se la jouaient, comme l’attestent les photos prises par eux-mêmes dans leur hôtel. Des fanfarons, comme tous les mercenaires.

Parmi eux, un Bolivien… au nom d’européen d’Europe Centrale : Mario Tadic, tué dans l’opération, ou Elod Toazo, un jeune hongrois, mais surtout Tibor Revsz, surnommé « Photosniper ». Le chef avéré du groupe… et membre éminent de la Légion Szekler, un groupe paramilitaire très particulier (*9). En Roumanie, effectivement, Szekler est bien un groupe fasciste. Avec comme fer de lance » l’Iron Guard », la Garde de Fer (*10) Difficile de faire pire. Très particulier comme mouvement : au début il s’appelait « La Légion de L’Archange » ! (*11) Le seul mouvement fasciste ouvertement religieux ! Nous revoici en tout cas chez les néo-nazis !

Tibor Revsz avait amené avec lui un irlandais, Michael Dwyer, tué lors de l’assaut de la Police bolivienne. Faisant partie du même groupe et responsable d’exactions sur la population bolivienne (*12) Une amitié qui le relie encore davantage à l’extrême droite (*13)  Eduardo Rozsa-Flores, surnommé en Croatie « Chico« , ayant donc participé au nettoyage ethnique en ex-Yougoslavie, un autre beau cas d’espèce d’extrême droite (*14) On est bien au milieu d’un creuset de néo-nazis voire de pro-nazis véritables, partisans chez eux de « l’élimination des Roms ». De véritables dangers pour l’Union Européenne, tant ils jouent en ce moment les trouble-fêtes électoraux !

Son parcours est saisissant, comme celui de ses amis, dont le dénominateur commun et la guerre dans les Balkans : « il a rejoint l’armée Croate et a participé à divers combats au cours desquels il a été blessé trois fois. Suspecté de trafic d’armes et de drogue, il a abandonné le territoire croate et est revenu en 1994 en Hongrie. De manière très étrange, Rozsa Flores réapparaît en 2003, affirme s’être converti à l’Islam et se prétend le porte-parole d’une faction « indépendante » iraquienne. Ensuite, il se rapproche des néo-nazis de Jobbik, un parti fasciste qui exige le rétablissement de la peine de mort et l’éradication des Roms (Gitans). Lui, et ces deux complices mènent à l’extrême droite encore : Arpad Magyarosi, tué lors d’un combat, Elod Toaso, emprisonné, sont des hongrois de Transylvanie (Roumanie) qui ont rejoint en 2002 la Székely Légio (Légion Siculus), une organisation paramilitaire qui a projeté des attaques de commandos contre le territoire roumain. De son côté, l’Irlandais Michael Martin Dwyer, « soldier of fortune », une gâchette facile obsédée par les armes, a été mercenaire dans les Balkans et y a sans doute rencontré le leader du groupe, en Croatie ». Dwyer l’irlandais était lui aussi nazi : son avant bras droit était tatoué d »une croix gammée. Le groupe avait eu des réunions avec Branko Marinkovic Gora Jovicevic, l’ ex-président du Comité Civique de Santa Cruz qui revendique l’indépendance de la région et la véritable tête du complot. Le fils du nazi Silvio Marinkovic Suarcic, autre partisan du nazisme, et avec Jorge Mones Ruiz, un ponte de UnoAmérica, un groupe fasciste lié à la CIA depuis longtemps, car cela remonte à l’époque de l’Opération Condor. Comme pendant l’époque de ces opérations, les futurs assassins possédaient un explosif qui représente la signature de la CIA : le fameux C4.

Comment ces activistes d’horizons aussi divers s’était-ils rencontrés ? Au Kosovo, en Serbie ? Même pas. Tout simplement chez Shell, en Irlande, au sein d’une de ces fameuses « sociétés de sécurité » appelée par la firme de pétrole pour lutter contre les activistes écologistes qui ne voulaient pas de l’exploitation d’une nappe de gaz par 355 m de profondeur et d’un pipe-line à haute pression le reliant à la terre ferme. Integrated Risk Management Services (IRMS) installée à Nass, County Kildare, et fondée par Terry Downes et James Farrell. Des mercenaires, à la Blackwater, obnubilés par les armes et leur déception de n’avoir jamais pu intégrer une armée pour la plupart, ou ayant été éjectés d’un régiment par leur comportement : de nouveaux légionnaires, mais civils en quelque sorte. Les logos de leur société, mi-celtiques mi morbides sont très significatifs : d’avoir fait de la coquille StJacques de Shell un symbole de mort est très représentatif de leur état d’esprit, à mi chemin entre les délires des Hells Angels et le groupe folklorique : en France on a les mêmes avec les fanfarons d’extrême droite de Terre Celtique par exemple ! Les deux patrons d’IRMS étaient eux d’anciens militaires appartenant au Irish Army Rangers. Des soldats d’élites irlandais ayant une particularité intéressante (*15) : il sont tous passés par… Fort Benning. On y revient à nouveau ! Décidément l’école a fait des petits, bizarrement souvent devenus des néo-nazis… et tous en tout cas devenus mercenaires, appointés par la CIA qui n’a cessé depuis des années d’externaliser ses crimes, en les faisant faire par des mercenaires extérieurs.

(1) « I am not accusing Obama. I think the American president has good intentions, » Mr Chavez said. « But over and above Obama, there is the CIA, and all of its tentacles. I have no doubt US intelligence services are behind this.


(2) Behind the plot, according to the Mr Chavez, was former CIA operative, Luis Posada Carriles, who is currently under house arrest in Florida, but wanted in Venezuela for the downing of a Cuban airliner in 1976 in which 74 people were killed. He was also sentenced to eight years in prison in Panama for planning to kill Fidel Castro of Cuba, another Chavez ally, in 2000, but granted a surprise presidential pardon in 2004, which analysts insisted was the result of pressure from the US, perhaps the CIA. »


(3) Declassified FBI and CIA reports show that the agencies suspected his involvement in the airline bombing within days of its occurrence ».


(4) « On May 3, 2007 it was revealed that FBI agents traveled to Cuba in 2006 as part of an investigation into Posada’s possible role in the 1997 bombings in Havana. New FBI documents were also released revealing new details about Posada’s many terrorist plots, including concealing high explosives in shoes and shampoo bottles ».


(5) On November 17, 2000, Posada was discovered with 200 pounds of explosives in Panama City and arrested for plotting theassassination of Fidel Castro, who was visiting the country for the first time since 1959″.


(6) « Another new charge is obstruction of a U.S. investigation into « international terrorism ».


(*7) « Venezuela’s Interior Minister has given a presser this afternoon to name the group as a « terrorist organization ». Minister Tareck Al Aissami also said that Bocquet is known as an expert in military matters and a sharpshooter/sniper who saw action in Europe (the exact country wasn’t mentioned) ».


(8) LA PAZ, Bolivia – Bolivian police foiled an alleged plot to assassinate President Evo Morales, killing threemen in a 30-minute gunbattle with a mysteriousgroup that included suspects from Hungary, Irelandand possibly Croatia, government officials said Thursday. Police had attempted to arrest the men in the center of Santa Cruz, an eastern Bolivian city and hub of anti-Morales sentiment, but they fled to a hotel where an intense shootout took place. »


(*9) « The Szekler Legion have been implicated in violent incidents in Romania. The group openly promotes neo-fascism and race hate ».


(10) « The Iron Guard (Romanian : Garda de fier) is the name most commonly given to a far-right movement and political partyin Romania in the period from 1927 into the early part of World War II. The Iron Guard was ultranationalist, homophobic,antisemitic and fascist in character ».


(11) « Few European Fascist movements went so far as to proclaim that ’God is a Fascist !’ or that ’the ultimate goal of the Nation must be resurrection in Christ !’ Romania was the exception. Romanian Fascists wanted ’a Romania in delirium’ and they largely got one. The Legion of the Archangel Michael was founded in 1927 in honour of the archangel, who had allegedly visited Corneliu Codreanu, its chief ideologist, while he was in prison. It was the only European Fascist movement with religion (in this case Romanian Orthodoxy) at its core. In 1930 the Legion was renamed the Iron Guard ».


(12) « The same terror group which the Bolivians say Mr Dwyer (24) joined last October was suspected of carrying a series of attacks on the homes of Bolivian cabinet ministers, civil servants and politicians since 2006 when its leader, Eduardo Rozsa-Flores, sneaked into the country ».


(13) « Despite repeated claims that Mr Dwyer was an innocent party and had been associated with « adventurers », photographs released by the Bolivian authorities last week show he was heavily armed and close with the terrorist ring-leader Rosza-Torres, a man who has been implicated in ethnic cleansing in former Yugoslavia and who, at his own admission, was actively seeking the overthrow of left-wing Bolivian president Evo Morales. »


(14) « Eduardo Rozsa Flores, le chef d’origine hongroise de la conspiration pour assassiner le Président bolivien Evo Morales, appartient aux cercles de l’extrême droite hongroise proches du parti néonazi Jobbik qui entretient illégalement une organisation paramilitaire, la Garde Hongroise ».


(15) « ‎In the late 1960s and early 1970s a small number of Irish Defence Forces personnel attended the United States Army Ranger School at Fort Benning, Georgia, USA.. »


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Classé dans Actualité, Stéphane Bouleaux

SIDA de civilisation – l’économie 6 / 8

Yan Barcelo, 12 septembre 2009

Avec la crise financière et économique en cours, notre SIDA économique, tel qu’il s’incarne dans la formule du shareholder value, éclate au grand jour. Mais le syndrome apparaît maintenant sous d’autres habits plus… « fastueux ».

Le plus exubérant de ces habits est celui de produits financiers dérivés. On ne dira jamais assez de mal pour les plus exotiques de ces créatures artificielles, et c’est ce que je me suis occupé de faire dans d’autres chroniques. Je ne m’attacherai ici qu’à quelques aspects plus pernicieux.

La virtualisation. Les dérivés financiers nous ont fait passer à l’économie Nintendo. Il s’agit de constructions souvent complexes qui ne tiennent en place qu’à partir de modèles mathématiques sophistiqués. Et ces montages n’ont que deux propos : primo, faire de l’argent à partir de flux financiers anticipés, c’est-à-dire en mots simples, faire de l’argent avec de l’argent; secundo, contourner les réglementations nationales en place.

Dans leur premier objectif, ces instruments de dette ne poursuivent aucun investissement productif. De façon typique, ils sont élaborés pour spéculer ou se défendre des aléas du casino financier international dans les domaines des taux d’intérêt, des devises ou des denrées.

D’un côté, les spéculateurs, qui ne vivent et ne se repaissent que de volatilité, s’en servent pour maximiser leurs profits en faisant jouer l’emprunt de façon colossale. Et ces spéculateurs – faut-il s’en étonner? – sont les banques elles-mêmes ou leurs filiales, qui vont mettre en jeu, par exemple, 5 milliards $ en une seule mise dans l’espoir de réaliser un mince profit d’un demi ou d’un point de pourcentage. Mais ils risquent de telles sommes sur une période de quelques semaines seulement. Répétez un gain de 1% à chaque deux semaines, et vous vous tirez un substantiel profit de 24% au bout de l’année!

De l’autre côté, on trouve tous les producteurs (PME, entreprises multinationales) qui doivent mettre en jeu des sommes aussi colossales aussi pour se protéger des aléas du casino afin protéger leurs profits, le plus souvent en provenance de marchés étrangers. Les entreprises canadiennes, dont 40% des revenus proviennent de l’exportation, sont très aguerries à ces manœuvres de casino.

Notez que les trillions de dollars mis en jeu par toutes ces opérations ne servent strictement aucun propos économique réel. Dans un monde où on laisse les monnaies fluctuer allègrement et où les taux d’intérêt nationaux doivent s’ajuster constamment pour se protéger de ces fluctuations, les acteurs économiques réels se font plumer constamment par les opérateurs du casino – les banques et institutions financières internationales. Un chiffre est éloquent plus que tout autre : en 1980, les banques américaines n’engrangeaient que 5% de la totalité des profits des corporations aux Etats-Unis. En 2004, ce pourcentage était passé entre 25% et 30%, selon les résultats de deux études économiques indépendantes.

La déresponsabilisation. À la racine des dérivés financiers repose un processus très simple et extraordinairement vicieux : la titrisation, c’est-à-dire le processus par lequel une banque transforme les actifs qu’elle détient dans ses livres en actifs vendus sur les marchés financiers. Ainsi, 1) elle prend des prêts hypothécaires, des portefeuilles de placement, des prêts-auto, bref n’importe quel « actif » qu’elle détient dans ses livres, 2) les rassemble dans divers véhicules qui épuisent les ressources acronymiques (ABD, CDO, MBS, CLO, CDS, etc.) et 3) les vendent à quiconque cherche à maximiser le rendement de son portefeuille. C’est ainsi que l’hypothèque d’un propriétaire de maison à Orlando, en Floride, se retrouve incrustée dans un dérivé très sophistiqué que détient un fonds d’investissement hongrois ou une banque de Taiwan.

Auparavant, la banque de Floride qui détenait cette hypothèque connaissait son emprunteur et les conditions de son marché local. Mais à présent, la propriété de l’hypothèque et son risque attenant sont détenus par un financier de Hongrie ou de Taiwan. Quel est le résultat de ce tour de passe-passe de la titrisation? Une déresponsabilisation sans nom où la banque à l’origine de l’hypothèque, en transférant la propriété de celle-ci à quelqu’un à l’autre bout de la planète, a dégagé de la place dans ses livres pour accueillir d’autres prêts (puisqu’elle doit maintenir un ratio stable entre ses actifs et son niveau de capitalisation propre). Or, ces nouveaux actifs, elle s’empresse de les titriser à leur tour. Car, le jeu de la banque n’est plus de réaliser un rendement sur les hypothèques qu’elle consent, mais d’encaisser une redevance sur chaque actif qu’elle a titrisé. Dans un tel contexte, quelle est la qualité de ces nouveaux prêts : très souvent, on peut parler de pure scrap. C’est ce qui a éclaté au grand jour dans la crise des subprime loans, ou prêts à risque, aux États-Unis.

Cet engloutissement dans la déresponsabilisation a eu deux conséquences catastrophiques. Tout d’abord, on a complètement déplacé l’impératif de la gestion financière du rendement des actifs dont on est responsable vers la collection systématique de frais et de ristournes. Et c’est ainsi qu’on en est arrivé à une surenchère grotesque des rémunérations et bonis aux dirigeants et employés des institutions. Ensuite, en multipliant à qui mieux-mieux les transactions de dérivés construits sur l’opération originale de la titrisation, on s’est retrouvé avec une créature financière monstrueuse où tout le monde achète les titres virtuels de tout le monde, empilant échafaudage par-dessus échafaudage d’endettements précaires et instables, et où le sort de chaque acteur est intimement lié au sort de tous les autres. C’est ce qu’on a appelé le risque systémique, une toute nouvelle entité conceptuelle qui n’existait tout simplement pas au début des années 1980, et dont la réalité menaçante a emporté tout sur son passage à partir de l’été 2008.

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Classé dans Actualité, Yan Barcelo