Gaëtan Pelletier
La liste de Schindler
Have you seen the little piggies
Crawling in the dirt
And for all the little piggies
Life is getting worse
Always having dirt to play around in.
George Harrison
Il est rare qu’un film ait une évaluation de 9.5 /10 sur IMDB. Avec un budget de 22$ millions, Spielberg n’avait pas «voulu» de faire un grand film. Il s’était offert un cadeau, se disant qu’il n’intéresserait que peu de gens.
Bien sûr, tout le monde a été touché par les scènes cruelles et le grand repentir d’un homme dont l’ambition était de s’enrichir sans aucune morale.
Oskar Schindler avait compris que pour devenir riche, il n’y avait pas meilleur moyen que la corruption. Et c’est l’ouverture du film qui nous montre un Schindler en train de bâtir son empire en saupoudrant les pots-de-vin aux hauts-gradés, sachant qu’ils se répandraient par la suite chez les valets exécutants.
La corruption est définie comme la perversion ou le détournement d’un processus ou d’une interaction entre une ou plusieurs personnes dans le dessein, pour le corrupteur, d’obtenir des avantages ou des prérogatives particuliers ou, pour le corrompu, d’obtenir une rétribution en échange de sa bienveillance. Elle conduit en général à l’enrichissement personnel du corrompu. C’est une pratique qui peut-être tenue pour illicite selon le domaine considéré (commerce, affaires).
- l’abus de pouvoir ;
- à des fins privées (donc ne profitant pas nécessairement à la personne abusant du pouvoir, mais incluant aussi bien les membres de sa proche famille ou ses amis) ;
- un pouvoir que l’on a reçu en délégation (qui peut donc émaner du secteur privé comme du secteur public).
Qui donc a tapé cette liste jaunie de l’Histoire? Un simple exécutant… D’où l’art de la corruption qui consiste à créer des exécutants javellisés. C’est ainsi qu’on ne trouve jamais de coupables : ils sont noyés dans la paperasse qu’ils délèguent à des aveugles qui travaillent pour des chiens de guerre. Toute corruption est un processus pyramidal… Et quand on arrive au sommet, on ne trouve qu’une pointe d’aiguille sur laquelle rien n’est écrit ou signifiant.
C’est là le malheur de notre As-Aylmer…
Mais, avec le temps, tout le monde se retrouve six pieds sous terres avec des richesses qui flottent sur Terre… On coule tous… La Nature, toutefois, nous a alloué le pouvoir d’oublier…
Alors faisons le trajet en une liste de ceux qui veulent notre bien. Et comme disaient Les Cyniques : « On veut votre bien, et on va l’avoir!».
La liste de Pfizer
En 2006, le groupe est le leader de son secteur au niveau mondial avec un chiffre d’affaires s’élevant à 48,371 milliards USD[2], une capitalisation boursière de 219 milliards USD et des effectifs de 100 000 employés dans le monde. Le groupe a réalisé en 2006 un investissement de 7,599 milliards USD dans la recherche et le développement et obtenu un bénéfices de 19,3 milliards USD, en augmentation de 130% par rapport à 2005, dû à la vente de sa division de produits de santé grand public à Johnson & Johnson. Son titre fait partie du DJIA. PfizerWiki
Impressionnés?
Saviez-vous que Pfizer s’est plaint au gouvernement canadien de ne pas être suffisamment encouragé à produire des médicaments (sic) pour la santé des canadiens?
Dressons une petite liste des «activités» de Pfizer et les autres compagnies de Big Pharma :
1.Un certain Dr Scott R Reuben aurait trafiqué une vingtaine d’études pour les Cies Pfhizer et Merck. Doctor Admits Pain Studies Were Frauds, Hospital Says).
2.Pfizer accepte de payer une amende de 2.3$ milliards.( 2009). Le règlement civil met aussi fin à des allégations de commissions occultes versées par Pfizer à des prestataires de soins de santé pour les inciter à prescrire ses médicaments.
Entre autres… Radio-Canada
3. Reuben a été payé par Pfeizer pour des conférences dévolues à la gloire des médicaments. Wall Street Journal.
4. Glaxo SmithKline (GSK) fait l’objet, en Italie, d’une gigantesque enquête de police, concernant 2 900 médecins, c’est un silence médiatique quasi absolu : à l’exception du British Medical Journal (BMJ) et du Guardian de Londres (13 février 2003). Le monde diplomatique, Philippe Rivière
2001 . Poursuite judiciaire. Une trentaine de familles nigérianes ont saisi un tribunal new-yorkais afin de faire condamner le laboratoire américain Pfizer pour le test du Trovan ®, un antibiotique destiné à lutter contre la méningite. ( Et vous tapez sur un clavier lié de très loin à la fondation Bill Gates, expériences financées par la fondation… Le monde diplomatique, Jean-Philippe Chippaux
5. Utilisation des habitants des pays pauvres pour tester les médicaments. En 1999, les fonds publics ou privés américains auraient financé 4 458 essais hors des Etats-Unis contre 271 en 1990 (3).
6. Versements illégaux, cadeaux, etc. visites « médicales » au Grand Prix de Monte-Carlo ou aux Caraïbes, versements en liquide de sommes allant jusqu’à 1 500 euros, etc. Le monde diplomatique, Philippe Rivière
7. Utilisation, encore, de «noirs» pour tester des médicaments contre le sida.
Test sur des prostituées…. Cobayes humains . ( Encore le claviériste Gates..)
Il est presque minuit, et nous venons de visualiser un reportage hallucinant sur la deuxième chaîne de télévision française. Depuis le mois de Septembre 2004 un laboratoire américain du nom de GEDEAD s’est implanté à Douala pour (officiellement) tester un médicament préventif’ du nom de VIREAD sur des jeunes camerounaises saines c.a.d. SERONEGATIVES!!
a) A raison de 4 Euro par mois + des examens médicaux gratuits et une promesse de prise en charge en cas de contamination, les filles sont encouragées à n’avoir que des rapports sexuels non protégées avec des partenaires multiples. Afrique, terre de cobayes
b) Mars 2006, Londres. Six personnes qui ont participé à l’essai d’un médicament anti-cancéreux tombent dans le coma. Elles avaient été rémunérées 3 300 euros pour ce test. La presse s’émeut et les questions fusent : les essais cliniques sont-ils dangereux ? Qui les pratique ? Cobayes humains ose briser le silence sur ce sujet tabou. Cobayes humains
10. Rédaction d’articles «tendancieux» par des «ghostwirters» signés par des «scientifiques». Les prête-noms de la recherche ( La Presse)
11. Création de pseudo-journaux scientifiques payés par les compagnies pharmaceutiques.
12. Entre 1997 et 2002 seulement, le monde pharmaceutique et médical a dépensé près d’un demi-milliard de dollars en activités de lobbying à Washington…
Faut-il continuer? La liste est longue… Et je vous signale qu’elle n’est pas issue de potins de «complotistes», mais de journaux sérieux et bien documentés.
Que la Cie Pfizer paye 2.3$ milliards, soit!… Mais qui donc va payer la facture? Pfizer n’a qu’à augmenter le coût de ses médicaments…
Et pour les médecins? Comment peuvent-ils se fier à ces compagnies et nous soigner vraiment?
Allons-y gaiment avec un copier-coller. Supposons que dans le secteur de la construction, les ouvriers travaillent avec des matériaux qui ont fait un «trajet» semblable. Vous allez payer pour la corruption et pour des matériaux qui mettent en danger vos vies : elle risque de s’écrouler, comme la maison de paille de l’histoire des trois petits cochons. Et, de plus, ça va vous coûter des yeux exhorbités… Mais on s’y habitue.
Un hic parmi tant d’autres.
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L’expression, «c’est scientifique!» dans maints domaines, est devenue semblable au grand raccourci du créationnisme.
Quelqu’un, quelque part, est en train de taper une partie de la liste des 6 milliards d’habitants de la planète. Il serait temps que la justice ajoute autre chose que des amendes à payer à ces compagnies. La corruption acceptée passivement par les fonctionnaires et les responsables de la justice n’est pas plus valable que celle ouverte : cette tiédeur est sans doute encore due au fait que ces compagnies ont un rôle crucial dans les pays. Belle perception! Sauf que dans les faits, elles ne semblent pas fournir que du «bon stock» et prend un peu trop de distance avec l’éthique.
Il serait temps de trouver une formule un peu plus corsée et réellement punitive.
Sinon, plus tard, nous rirons de la même couleur que les feuillets décrépis de la liste de Schindler : Jaune.
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P.S.
Recherche médicale: la belle affaire! Marc-André Gagnon, Chercheur postdoctoral pour le Centre des politiques en propriété intellectuelle de l’Université McGill