Le premier ministre Charest vient de faire son lit: Ce sont tous les Québécois dépendants de l’énergie hydro-électrique qui vont faire les frais des pertes astronomiques de la Caisse de dépôt et de placements (45 milliards), pertes dont les origines douteuses n’ont jamais été l’objet d’enquêtes sérieuses et rigoureuses afin qu’on sache qui exactement a profité de ce détournement de nos fonds publics.
Mais les Québécois, malgré leur devise, ont souvent la mémoire courte et il ne faut pas compter sur les journalistes à gages pour remonter la filière de cette arnaque dont nous ferons maintenant les frais.
L’Hydro-électricité, qui était depuis des années considérée comme notre héritage collectif, verra son tarif considérablement majoré au cours des prochains mois. Probablement par décret, les libéraux, sans opposition musclée, vont mettre la hache dans ce fleuron de notre patrimoine. Et ça va nous coûter la peau des fesses !
Il faut entendre les chantres de cette augmentation sauvage nous en vanter les mérites. Ils prétendent que nos tarifs actuels sont un encouragement à la consommation et qu’ils profitent davantage aux nantis.
Quel ratoureux sophisme: Comme si les riches allaient se priver de consommer à outrance après une hausse des tarifs. Les riches ont toutes sortes de trucs pour ne pas payer cher. Ils forment des compagnies et reçoivent des subventions, ils déduisent de leurs impôts plein de frais que ni vous ni moi ne saurions même imaginer. Pourtant, le très riche Clément Gignac (celui-là même que Pauline Marois courtisait pour qu’il soit candidat du PQ aux partielles) et qui est le nouveau ministre du développement économique, en a fait son credo.
C’est sûrement pas lui qui va se les geler cet hiver quand nous devrons baisser nos thermostats afin d’éviter la catastrophe économique dans nos budgets de monde ordinaire qui trouvons qu’on paye déjà assez cher pour jouir de cette richesse collective.
Ça m’enrage d’autant plus que, tous les jours, en feuilletant les bulletins des actualités, je constate les innombrables gaspillages à tous les niveaux de nos administrations. Une orgie de dépenses inutiles auxquelles nul n’a le courage de s’attaquer de front.
Pendant que le président de l’Hydro garroche ses faramineux profits en « bonnes oeuvres » favorisant ses amis, nous du peuple chiâleux mais silencieux ne levons même pas le petit doigt pour protester… exactement comme si nous vivions sous une dictature.
Nos cerveaux ont-ils été à ce point lessivés par l’abrutissante télé qu’on ne réagisse même plus quand on se fait détrousser de notre héritage patrimonial ?
Les riches magouilleurs (pléonasme voulu) prétendent que tous les savants spécialistes sont d’accord avec cette hausse sauvage parce que le gouvernement (qui dépense sans compter pour toutes sortes de niaiseries) a un pressant besoin de cash.
On voit bien que l’imagination n’est pas au pouvoir et qu’au lieu de dépenser des centaines de millions pour l’éducation dite traditionnelle (qui est de toute façon un échec retentissant), on pourrait dès maintenant couper dans les dépenses scolaires et mettre en place un réseau de formation par internet sous la supervision de tuteurs. On pourrait ainsi sauver des montagnes de dépenses et cesser de s’attaquer à notre bien le plus précieux: L’eau qui produit cette énergie dont on ne saurait se passer dans ce pays de grands froids. Cette même eau, richesse collective des Québécois, qu’on laisse filer par de gros producteurs venus nous siphonner en toute impunité.
Vivement le pouvoir citoyen. Vivement la République francophone du Québec.
PIERRE SCHNEIDER