Benoit Labonté, le second de Louise Harel dans cette campagne électorale à Montréal, a décidé de se retirer de la course. Il semblait malséant que le principal bénéficiaire des contrats de la Ville de Montreal – on parle des gens mêlés à l’histoire de GENIEau avec l’administration Tremblay – soit aussi le principal bailleur de fond de l’un des candidats du parti qui fait la lutte et pourrait succéder à l’administration Tremblay. On a une impression de déjà-vu. Quelque chose qui laisse penser que rien ne changera… alors que tout le monde semble vouloir que tout change.
Il faudrait bien que ça change. Il y a eu les compteurs d’eau pour plus de 600 millions. Avant, il y a eu la Société d’Habitation et de Développement de Montréal, privatisée dans des circonstances qui ont soulevé des questions, puis utilisée pour des transactions qui en suggèrent encore plus et sur lesquelles la police enquête… Une odeur de soufre se dégage des officines de l’administration de la Ville de Montreal.
Dans ce contexte, parler du toit de l’Hôtel de Ville de Montréal semble bien ridicule. On parle de 10 000 000 $. Une bagatelle. A-t-on une minute a perdre sur ces dix millions ? Surtout, qu’il ne s’agit pas vraiment de ces 10 millions, mais d’une somme de 40 000 $ qu’aurait réclamé un sieur qu’il serait prématuré de nommer, pour s’assurer le complaisance de deux (2) conseillers municipaux sur lesquels je demeurerai tout aussi discret, même si leurs noms sont partout, puisque qui ils sont est ici sans importance. Mais Il FAUT en parler.
On parle de bien peu d’argent, cette fois. Un des conseillers d’opposition dit bien haut que le Maire n’a plus l’autorité morale de gouverner, mais, dans le contexte des scandales en cours c’est une platitude. Un autre y va dans la casuistique, en soulignant que ce scandale est moins grave que les autres, puisqu’il n’implique pas des gens nommés par le Maire lui-même et qu’on n’a pas cette fois, comme pour l’affaire de la SHDM, perverti le systeme en privatisant ce qui n’aurait pas dû l’être… Ah bon… vous êtes soulagés ? Ce n’est pas la peste, braves gens, ce n’est que le choléra …
Une toute petite corruption… Pourquoi s’énerver ? On en a vu d’autres, n’est-ce pas ? Je m’énerve parce qu’il y a ici une circonstance aggravante. Ces 40 000 dollars, on ne les a pas demandés poliment. Le contracteur a recu des menaces. Pas des paroles en l’air, puisqu’on s’en est pris à ses équipements. Une grue de 500 000 $ a éte brulée. Kaput. Détruite.
On peut dire qu’il est assuré, mais ca ne regle rien. On l’a aussi menacé de mort… La corruption est une chose, l’extorsion sous menace de mort en est une autre. Bien sûr, il a averti la Sureté du Québec, qui elle aussi enquête, mais on n’est jamais trop prudent. Le contracteur nous dit donc, bien candidement, qu’il a aussi demandé à un Hells Angel du chapitre de Trois Rivières d’intervenir pour faciliter – ( « smooth out », dit The Gazette ) – ses relations avec l’industrie de la construction.
On peut présumer qu’il se sent plus tranquille. Tant mieux pour lui, mais quand il faut aller chercher protection ailleurs qu’auprès des corps policiers dont c’est la tâche de protéger les citoyens, on a quitté la corruption et l’on est à un tout autre niveau. On est au niveau où ce sont les gangs qui font la loi et où il n’y a plus d’État de droit.
Et il n’y a pas qu’à Montréal que l’on sent cette odeur. La semaine dernière, Sylvie Saint-Jean, mairesse de Boisbriand, discutait avec ceux qui auraient pu lui faire la lutte électorale de l’opportunité de ne pas la faire, cette lutte électorale…. En presence d’un autre “principal bénéficiaire des contrats de la Ville »… de Boisbriand, cette fois. Légaré de Cyberpresse en a été tout chaviré… Il écoute sans doute, comme tout le monde, l’émission « Enquête » de Radio Canada où, chaque jeudi, Alain Gravel et Marie-Maude Denis vont en remettre un peu plus, sur le cloaque qu’est redevenue industrie de la construction, avec des projets qui coûtent au Québec 30 % de plus qu’ailleurs.
Le Ministre de la sécurité publique du Québec, Jacques Dupuis, nous dit qu’il serait “prématuré” de faire une enquête publique sur les allégations de corruption dans l’industrie de la construction. Vraiment ? N’est-ce pas plutôt qu’on ne sait plus du tout à qui se fier, que la frontiére devient floue entre accusateurs et accusés, que personne n’est à l’abri des menaces et que l’on se rend compte que le droit n’a plus la force pour lui ?
Il semble que gouvernement du Québec ait perdu le contrôle de la situation, que ce soit la force qui prime, que le vrai pouvoir a changé de côté et que l’extorsion remplace peu peu la corruption. On ne quémande plus, on exige. Comment remet-on la force au service du droit quand elle ne l’est plus ? Il faut qu’une éthique s’impose. Si une société ne génère pas cette éthique, elle meurt. Au Canada, il y a l’alternative de faire appel a la Gendarmerie Royale Canadienne. Ce serait le moment de faire acte d’humilité et de demander l’aide qu’il faut. Tout de suite, si on veut assurer la légitimité des élections du 1er novembre