Archives quotidiennes : 26 novembre 2009

L’erreur boréale: quand les lucioles nous flambent une forêt

 

Gaëtan Pelletier

«OK, Desjardins, on va les sortir de là, mais par
contre tu vas arrêter de m’appeler le ministre
des Environs.» ( André Boisclair)

 

On voit un lac, on le vide de ses poissons. On voit
une rivière, on la barre. On voit une patch de bois,
 on la bûche. Toujours à piocher dans le fond du baril.
Et maintenant, on veut commercialiser la biomasse
elle-même, le substrat de la vie… Richard Desjardins
 
La parade des Environs…
Dans le monde de la politique, comme dans celui du showbiz, les politiciens passent, mais les arbres restent… À condition que l’on gère bien notre patrimoine, et que l’on ait un suivi.  Ils ont souventes fois une vie politique aussi passagère que la lueur d’une luciole.

Je ne sais si vous avez lu les deux lettres au journal Le Devoir de M. Desjardins.

Mais ce dont je veux parler aujourd’hui, c’est qu’en lisant les lettres montrant le parcours de Richard Desjardins, c’est qu’on peut y voir jusqu’où les politiciens et fonctionnaires, alliés à des «politiques» dites de développement, peuvent aller.

La grande question que l’on se pose  – en regardant défilé de ces  bon gars « pas d’alcool, pas d’tabac»( R. Desjardins)-  est la suivante : le bon politicien est-il victime d’un mauvais système? Ou bien si c’est lui qui est en quelque sorte responsable de sa réputation?

Mais, avant, un petit rappel sur la forêt.

Constat

Durant les dernières décennies, toutefois, de nouvelles valeurs environnementales ont émergé et la population s’est de plus en plus impliquée dans le dossier des forêts. En 1999, le documentaire de Richard Desjardins, L‘erreur boréale, soulevait les passions et mettait à l’avant-plan les pratiques dévastatrices de l’industrie forestière, en dénonçant entre autres l’usage généralisé de la coupe à blanc. Déboisement dans le monde

De nouvelles valeurs environnementales?

La forêt boréale représente 20% de forêts vierges qui subsistent sur la planète. 15% de cette forêt est encore originelle.

Pendant des décennies, l’État a toléré des pratiques néfastes de la part des compagnies forestières qui ont miné une partie de notre forêt publique. En 2004, le rapport Coulombe sur la gestion de la forêt publique québécoise constatait plusieurs problèmes reliés à l’exploitation de nos ressources forestières. Entre autres conclusions, le rapport recommandait la mise en place d’une gestion plus participative de la forêt, une diminution des coupes et la création de nouvelles aires protégées Déboisement dans le monde

 J’ai visionné à nouveau le documentaire et décortiqué les lettres. Ce n’est pas qu’une «Erreur boréale», c’est une horreur d’un défilé de menteurs et d’actionnaires qui ont saboté la richesse collective du Québec.

Le pire est qu’après dix ans, le constat est que c’est irréversible. Tout simplement parce que les «spécialistes» ont été choisis en fonction des revenus et les forêts ne se renouvellent pas tel que prévu.

On se livrait alors à des études sur des scénarios de 150 ans et des investissements dans les 30 ans à venir…

On dirait que tout le monde veut le déluge mais ne veut pas être là pour construire l’arche.

Ne vous demandez plus d’où vient l’expression «développement durable»… C’est en fait «destruction durable», puisque le tourniquet des ministres  tourne 

Un défilé qui se défile

Sur sa route, M.Desjardins fera face au «marches d’escalier» de la fonction publique, ministres, sous ministres, etc.

1. Jacques Brassard, Ministre des Ressources naturelles

Suite au documentaire, M. Brassard tente d’éteindre un peu le feu de forêt pour «résorber la mauvaise impression qu’il dégageait».

Mais personne ne l’a suivi.

2. Jacques Robitaille, ancien sous-ministre,  adressa à M. Desjardins  une lettre d’avocat me mettant en demeure de ne plus évoquer publiquement son nom. M. Robitaille étant  devenu patron d’une  des compagnies de bois du Québec.

Et comme intimidation :

Le documentaire, présenté en France, subventionné, le Québec décide de retirer sa subvention. Elle fut ramenée…

Après ce bluff, le Québec a maintenu sa subvention, sans doute pour ne pas donner trop de publicité à son geste déplacé. D’autant plus que notre gouvernement avait fait placarder dans tout le métro de Paris une affiche touristique, une magnifique photo aérienne de la forêt boréale québécoise avec la chevelure d’une belle pitoune en guise de ciel.

3. François Gendron et André Boisclair. ( Respectivement ministre et responsable de l’environnement.)

«Si vous ne sortez pas Norbord de là, nous allons le faire nous-mêmes!» R.D.

«OK, Desjardins, on va les sortir de là, mais par contre tu vas arrêter de m’appeler le ministre des Environs.»

«Quelques jours plus tard, en décembre 2002, nos efforts pour alerter l’opinion publique au sujet de l’incurie de notre gestion forestière trouvèrent un formidable écho lorsque la vérificatrice générale du Québec déposa son rapport sur la question. Sa conclusion: «Le ministère des Ressources naturelles n’est pas en mesure de déterminer s’il y a surrécolte du bois dans les forêts publiques.» R.Desjardins

Ah! J’oubliais… Un certain Thomas Mulcair. Déménagé au pays de l’or noir, «ottawaé» dans le parti NPD.

Plein de bonne volonté…

Le rapport Coulombe

Les élections s’en venaient. Le ministre Gendron cafouilla, le premier ministre Landry bafouilla et Charest en profita, promettant une enquête publique advenant une victoire libérale. Il gagna. En résulta la commission d’étude Coulombe (2004).

Rapport qui «étouffa» un peu le gouvernement. Car on s’attendait à ce que M. Coulombe ne frappe pas trop fort. Hors, ce fut le contraire. M. Coulombe, honnête dans sa démarche, présenta un portrait de la situation peu flatteur.

Quant à savoir qui est responsable, ou s’il n’y a pas de responsable, il semble que l’on était au courant de la situation 

Frank Dottori, alors p.-d.g. de Tembec, l’entrepreneur forestier probablement le plus respecté dans le milieu industriel, eut cette candide réflexion: «La forêt nous a rendus riches parce que nous l’avons surexploitée. Le gouvernement a accordé des droits de coupe pour du bois qui n’existait pas. Et tout le monde le savait.» Et tout le monde le savait! Cette seule phrase aurait mérité le déclenchement d’une véritable enquête publique et la condamnation probable de tous ces sous-ministres et ministres dilapidateurs, dont plusieurs sont depuis passés à la solde de l’industrie. Ça reste à faire.( Lettre au Devoir, Richard Desjardins, juin 2009)

Les vendeurs

Ben! Beau! Comme dirait M. Desjardins. Le hic est que cette parade de «cvéistes» passe en coup de vent, jetant les richesses naturelles du Québec – richesse qui appartiennent au peuple – à des intérêts américains, octroyées par des acteurs de l’époque, tel Guy Chevrette, p.-d.g. du Conseil de l’industrie forestière et ancien ministre responsable de coupes de bois records, sillonne actuellement le pays, violon à quatre cordes sous le bras, pour forcer le gouvernement à se rendre à ses vues.  ( R. Desjardins).

Des richesses vendues pour quelques cents…

Après dix ans, après les parades, les luttes, les petites sournoiseries, la forêt est toujours amochée. Après 2.5$  milliards, en 2005. Combien a-t-on ajouté depuis?

Deuxièmement, la qualité moyenne des arbres coupés s’est considérablement dégradée depuis 25 ans. Pour les essences résineuses, le volume de bois par tronc récolté a diminué de 35 %. Dans le cas des feuillus (bouleau jaune, hêtre, chêne, noyer, etc.), on a assisté à un tel écrémage des arbres de qualité que les scieries québécoises affirment devoir maintenant importer des États-Unis presque 40 % de leurs billes de sciage. Imaginez : le Québec importateur de bois !

Quatrièmement, malgré les 2,5 milliards de dollars investis depuis 1980, les travaux sylvicoles de remise en production restent d’une efficacité douteuse. Leur effet véritable sur le rendement de la forêt publique n’atteint pas la moitié de ce qu’on avait espéré. L’action boréale

Le béton l’a emporté sur la sylviculture.

Détournement de bois…

De 2000 à 2005, les trois plus grandes entreprises forestières ont retourné à leurs actionnaires deux fois plus d’argent qu’elles n’en ont fait. Un gros milliard qui, justement, aurait pu être investi dans la diversification de la production. Or c’est ce même milliard manquant que nous venons de prêter-donner à l’industrie, les banques traditionnelles ne voulant plus rien savoir de ces bons-à-rien corporatifs. Et parfois bandits. Abitibi-Bowater, endetté jusqu’au trognon, vient de se mettre sous la protection de la loi sur la faillite, éludant ainsi l’obligation de verser les cinq millions dus à des travailleurs saguenéens. Quant à son patron Weaver, il se sauve avec 20 millions à titre personnel.

Les ministres passent, mais ils ne restent pas toujours dans les environs…

Forget it!

J’aime mon petit titre, parce qu’il contient un petit jeu de mots tout subtil : IT.

 Il y a comme une petite saveur des écrits de Stephen King. J’ai été tenté de ne mettre que le lien, mais comme nous sommes tous paresseux, j’ai été assez bûcheur pour vous le copier-coller. Si ça ne vous tente pas, sautez deux paragraphes.

Ils croyaient l’avoir vaincu, au terme d’un combat douloureux et épuisant dans lequel chacun des enfants joua un rôle important ; notamment Bill, dit Bill le Bègue, qui fut le seul à être assez fort pour pouvoir combattre Ça. Mais Ça est revenu leur rappeler que la terreur ne meurt jamais et qu’ils ont fait une grossière erreur en la laissant fuir, parce que cette fois-ci Ça ne se laissera pas surprendre et tuera les êtres qui vingt-sept ans plus tôt l’avaient défié. Tenus par une promesse qu’ils ont signée de leur sang, les membres du « Club des Ratés », car c’est comme ça qu’ils se sont appelés, doivent revenir à Derry, ville infernale sous l’emprise d’une créature diabolique et vicieuse, replonger dans un passé qui peut les tuer s’il ne les rend pas fous, afin d’achever ce qu’ils ont commencé. Malgré la force de l’amitié, de la loyauté et du courage qui les habitent, leur survie est désormais incertaine car Ça veille et rôde, nuit comme jour, puisant dans leurs souffrances et dans leurs cauchemars pour assouvir sa soif de sang… et de vengeance… Ça Stephen King

C’est un peu «ça»…

 Madame Monique Jérôme-Forget vient de se vertiliser ( recycler) dans un nouveau poste.

Après avoir quitté la vie politique en avril, Monique Jérôme-Forget se joint au cabinet d’avocats Osler, Hoskin & Harcourt à titre de conseillère spéciale rattachée au bureau de Montréal. Elle commencera sa nouvelle carrière dès demain. Les affaires

L’aviron des Environs a tenu tout juste le coup le temps d’une élection à titre de Ministre des Finances pour nous rassurer sur la crise économique.

Titre : conseillère spéciale.

Spéciale, en effet.

On suggère d’envoyer l’article à un ami. J’aurais envie de lui renvoyer…

« …renom de politicienne transparente, qui « parle vrai et qui donne toujours l’heure juste ». Radio-Canada

Une chose est sûre en démocratie au Québec : on est 7 millions à participer aux CV des élus.

Il existe une belle  expression dans la langue française : péter sa coche.

C’est tout de même surprenant  qu’en langage de comptabilité on utilise souvent l’expression ventilation des comptes.

Richard Desjardins, Lettre au Devoir 1

 Richard, Desjardins, Lettre au Devoir 2

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