Archives quotidiennes : 7 janvier 2010

Les désossés

Gaëtan Pelletier

Derrière tous ces problèmes de santé publique, on retrouve les choix productivistes d’une poignée d’entreprises qui contrôlent l’approvisionnement de centaines de millions de personnes. Ces entreprises déploient des trésors d’imagination et de marketing pour maintenir en vie le mythe selon lequel ce que l’on mange vient directement de la ferme.
Une ferme avec une gentille vache cornue (appelons-la Marguerite), de l’herbe grasse et des barrières joliment peintes en blanc ! Mais les ingrédients de base proviennent en réalité d’exploitations agricoles aux méthodes industrielles, et sont transformés dans de gigantesques usines. Le soja a été génétiquement modifié pour résister à des doses massives d’insecticide, et les tomates, pour être transportées et conservées des mois sans perdre leur belle robe rouge. Les animaux quant à eux sont « calibrés » pour devenir plus gros, plus vite et pour s’adapter sans perte de temps ni d’argent aux abattoirs géants où ils finissent leur vie. Nous ne sommes plus très loin du poisson carré… Les alimenteurs

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Progrès : Le poulet meure debout

Elle  est déjà là la tomate carrée… Plus facile pour l’emballage et pour les sandwiches. Sauf que pour l’instant, elle ne se vend qu’aux amateurs d’horticulture qui s’adonnent à la culture de  l’étrange.

La bonne nouvelle : on mange moins de fast-foods. La mauvaise… L’agriculture industrielle vient de nous gâcher le plaisir pour  faire grossir les profits. On le savait, sauf que Monsanto a louvoyé à travers toutes les règlementations de la FDA pendant la dernière décennie  pour en arriver à produire 90% du soja… Et les droits d’auteur… Ne cherchez plus Dieu…

Les épiceries sont maintenant des vendeurs d’images.  Et avec de beaux dessins comme dans Sesame Street .

Nous nous perdons de plus en plus dans la dentelle de la menterie…

Si vous adorez les quatre services au restaurant ou à la maison, vous apprécierez grandement le documentaire Food Inc. ( Les alimenteurs ). On peut y voir comment la technologie de l’élevage peut vous créer un poulet en le sculptant selon les goûts du consommateur : 48 jours au lieu de 70, avec … poitrine assortie.

Le résultat de cette « innovation » n’est toutefois pas sans inconvénient : le poulet n’a pas le temps de se bâtir une ossature assez solide pour soutenir cette rapide et démesurée poitrine qui fait l’envie du consommateur. Imaginez Pamela Anderson élevée selon cette technique…. Vous aurez les yeux tellement grands que vous ne pourrez plus marcher.

Elle non plus…

Bon!

Le poulet meure debout… On enterre quelques carcasses… Mais certaines ne sont pas tout à fait mortes. Et on ne demande pas un doctorat en triage de poulets… Il y a comme un petit doute qui persiste…

Pas à pas, sur les traces de papa…

Stella McCartney, la fille du célèbre Paul, aurait créé une chaussure « végétarienne ». Une lectrice se demande si la chaussure  ne mange pas de viande. Mais non, madame. Non. Cyberpresse. Des chaussures sans cuir, tout simplement. Là où le bât fait bobo, c’est que Mme Stella a un contrat qui la lie avec Adidas jusqu’en 2010. On veut bien sauver les animaux, être pour la vertu et la verdure, mais Adidas s’est tracé  un parcours « racailleur » dans le cas du travailleur, des conditions de travail,  et du reste…  C’est le genre de compagnie, très adroite, qui fabrique un soulier gauche dans une usine et le droit dans l’autre… pour ne pas que les travailleurs se sauvent avec leurs « running shoes ». Exploitation dans les usines d’Adidas en Asie

Comme disait Elvis :

One for the money…

Two for the show

Il y a quelques années, papa McCartney était venu au Canada s’étendre sur une banquise, glacée pour défendre les phoques. En se plantant devant une belle paire d’yeux bleus, tout mouillés… Pas son ex, le phoque…

On aurait dit un bébé langé dans du poil de Dieu. Tellement beau! Dire qu’on les tue à coups de gourdins cloutés ! …. Ils n’ont même pas droit à l’injection intra veineuse. Je sais, c’est cruel… Un jour, on apprendra que le céleri parle…

Tout ça pour dire qu’il est bien difficile d’être vert verdure et de chauffer son  poêle aux cure-dents recyclés.

On fait des efforts… Mais la route est longue…

Avant de se jeter sur une banquise pour sauver le tamandua, il faudrait s’entendre sur un ordre de priorités.

Un végétarien n’ayant pour seul fournisseur que Monsanto, risque de finir sa vie avec une main au bout du tibia. Ou de passer du rose au vert… Son rêve enfin réalisé…

Du poulet au citoyen

Leur vie, ils seront flics ou fonctionnaires
De quoi attendre sans s’en faire
Que l’heure de la retraite sonne
Il faut savoir ce que l’on aime
Et rentrer dans son H.L.M.
Manger du poulet aux hormones

Ferrat, c’est loin… Mais le poulet de TYSON ( Food Inc )   ou la tomate « à murissement à l’éthylène »  ( Tomate, OGM, Gouvernement canadien )   , c’est encore une fois un progrès… Un progrès vers la charcuterie d’un animal de plus en plus élevé par un nombre limité d’éleveurs et de profiteurs d’une race en voie de perdition: l’humain. Il existe maintenant un monopole de quelques compagnies qui font signer des contrats- selon leurs conditions – avec des éleveurs piégés dans l’endettement.

Les poulets de la Cie Tyson sont élevés dans le noir. Pas un poulet n’a vu la lumière du jour à partir du moment où il a dirigé vers l’engrossoir (sic). Et pour ce qui est d’essayer de garder en « vie » cette poulaille, et surtout de faire en sorte qu’il reste debout pendant au moins 48 jours, la recette n’a rien de vert. Certains  employés de  « fermes » sont des sans papiers. Alors, ils ne se plaignent pas à ramasser les carcasses. D’autres travailleurs sont… loués. Et les éleveurs réussissent parfois à gagner un maigre 18,000$ annuellement.

Entassement. Caca. Surpopulation. E-Coli., nouvelles souches.  Et autres inconvénients…

On n’entre pas sans masque. Ni avec une caméra…

Le bardeau et la maison…

Quand tous les besoins que l’on éprouve spontanément ont pu être comblés, le système industriel a continué sur sa lancée et nous en a créés d’autres, artificiels. Il en est résulté la constitution presque obligée, par chaque citoyen qui se veut respectable, d’un invraisemblable patrimoine d’objets matériels hétéroclites dont l’utilité est souvent douteuse, mais le potentiel d’embarras bien évident. Dans un monde où la mobilité s’affirme comme condition de succès, mais aussi de joie, l’industrie en déclin a imposé, par un conditionnement incessant, le modèle pervers de l’accumulation. La masse des choses que l’on possède – et dont il faut prendre soin – occupe une place démesurée dans la vie de l’individu moyen. C’est une contribution non négligeable de l’industrie à la menace qui pèse sur chaque être humain de limiter sa vie à gérer l’insignifiance. On a créé une société obèse. . LA SOCIÉTÉ OBÈSE, Pierre JC Allard, NS

Ce n’est qu’un bardeau du pan de mur de la maison (société) dans laquelle nous vivons.

La vérité est que nous vivons comme les poulets de Tyson… À l’abri de la lumière…  On peut bien bomber le torse au bout de quelques années  de vie…À se demander comment nous pouvons être debout avec tout ce que nous avalons comme nourriture intellectuelle autant que celle de l’assiette.

C’est l’ère du  Kapo qui lance  des os aux animaux d’élevage que nous sommes devenus.   Tant et tant de semailles d’illusions, de miroirs aux alouettes, que nous finissons par croire que nous vivons dans le plus merveilleux des mondes.

Le progrès se concentre maintenant dans les innovations techniques, comme ces 20 000 «bébelles» que dévoileront cette semaine à Las Vegas les quelque 2500 exposants du Consumer Electronic Show. Le Devoir

Le gadget électronique. Voilà un des os sur lequel nous rongeons pendant qu’une élite nous engraisse à la charogne se gavant  du  meilleur de ce monde.  Toute l’organisation de nos sociétés fait en sorte qu’il ne nous reste plus qu’une peau fragile et tendue. Car, voyez-vous, le danger ne provient pas  de  ne produire des « accrocs » à l’électronique ou autres produits – sceau de progrès apposé –,  mais de l’essentiel : Nourriture, logement, travail. Et, bonheur relatif… . En poursuivant ce pouvoir et en l’affermissant dans son mode de corruption libre, nous finirons par ne plus avoir accès à cette richesse dite élémentaire.

La sournoiserie va jusque là : on nous peinturlure de vernis en  minant la couche du solide qui nous fait tenir debout.

Plus d’os… On est comme le poulet : mort avant d’être cuit. Mais avec quelques médailles à la poitrine.

Le cochon de la décennie

J’ai souvent parlé de l’intelligence des porcs (L’Âmographe: les cochons ne meurent jamais ). On a découvert récemment que 8 ou 9 cochons sur 10 se reconnaissent dans un miroir. Les politiciens ne prennent pas de chance : ils s’affichent à tous les poteaux…

Au lieu d’aller tracer des X  inutiles sur des bulletins de vote, nous aurions intérêt à faire passer nos élus devant un miroir en guise de  test aux candidats.

Toujours bien élevés et bien greffés à  la finance, pensant  que c’est un bien privé au service du collectif. Calife au pays des merveilles!… Goscinny avait raison : «  Ils sont tous bêtes et je suis leur chef »…

En ce qui concerne la décennie, il suffit de faire un tour de table sur le Net pour constater jusqu’à quel point on a voulu nous enfariner, nous concocter des virus « adéènés », des finances gonflées, des guerres « d’occasion », et le reste… Je passe les tours du WTC…

Ah! J’avais oublié qu’il faudrait 500 ans avant de reconstruire Gaza.

Se taire aveuglément

Nous vivons dans un système dans lequel s’engraissent des cochons carrés. Après, on dira que le monde ne tourne pas rond. Si on manque d’imagination pour améliorer la société, on n’en manque pas pour le but final camouflé : « produire » de l’argent.

Le grand drame est de saisir çà et là des fragments d’un univers éclaté qui nous échappe. Et plus encore… Une manière de faire qui s’est accentuée depuis deux décennies dans un « développement » exponentiel, et qui se répand partout. Un laisser-aller et une concentration de pouvoir économique dus à une organisation qui nous estropie.  Autant de l’âme que du corps. Comme les tomates…

On a fait l’analyse de la décennie passée. Le vernis, toujours le vernis. L’irritant vernis…

Avant, c’était simple : si on vous demandait d’où provenaient les poules.

–  La ferme.

–  D’où proviennent les vaches?

–  La  ferme.

–  D’où provient le maïs?

–  La  ferme.

Maintenant, si je vous donnais la recette de l’élevage des poulets, du bœuf, du maïs, et de ces répugnantes organisations qui fomentent  notre nourriture et que je vous  racontais   48 jours de vie de ce bétail, vous auriez le cœur qui ferait du bungee… Et si je vous demandais, après, d’où ils proviennent :

–          LA FERME!

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Pour jouer à Qui va acheter qui ? : Profil des éleveurs ,  Gouvernement du Canada.

Les alimenteurs , Daily Motion… Potion : 10 minutes longtemps après les repas.  Éviter de conduire de la machinerie lourde.

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