Archives quotidiennes : 14 janvier 2010

Libéralisme et moralité

Philippe David.  Le Minarchiste Québécois

Soyez les bienvenus à ma première chronique « officielle » publiée sur Les 7 du Québec. Tout d’abord, je voudrais remercier tout les lecteurs de ce bloque pour l’accueil chaleureux qu’ils m’ont fait dans mon billet de présentation. Je suis d’ailleurs très encouragé par la lucidité et l’intelligence derrière la plupart des commentaires. La qualité des débats y est excellente.

Les quatre dernières années que j’ai passé sur mon blogue et sur de nombreux blogues m’ont vu prendre part à de nombreux débats sur une foule de sujets. J’ai croisé le fer avec beaucoup de personnes représentant des courants idéologiques très divers. Mon propre cheminement idéologique a beaucoup évolué au fil de ces échanges. Depuis que j’ai pris le virage libertarien, il y a de ça un peu plus de deux ans, je m’applique à faire connaitre cette philosophie qui est fondée sur le concept de la liberté de l’individu. Pour ma peine, je me suis fait traité d’individualiste, d’égoiste, de sans coeur. Je me suis fait dire que mon idéologie ne mène qu’au chaos, à la loi de la jungle, la loi du plus fort; généralement par des gens qui ne voient aucun inconvénient à ce que nous soyons taxés jusqu’aux oreilles et que le gouvernement impose « leur » idéologie sur le reste de leurs concitoyens par la force.

Je veux donc dès le départ tenter d’expliquer ma philosophie pour ceux qui ont de la difficulté à la comprendre. J’ai déjà publié des billets (ici et ici) tentant de livrer cette explication, mais j’ai décidé d’y revenir un peu plus en profondeur de façon à déboulonner certains mythes. Donc pour ceux trop paresseux pour aller cliquer sur les liens, je vous propose d’abord de visionner la vidéo intitulée « La philosophie de la liberté ». C’est un clip très court de 8:46 minutes qui explique la base. Ensuite nous approfondirons différents concepts.



Les droits et libertés.

Le libéralisme est d’abord et avant tout fondé sur le libre-arbitre et des droits naturels qui en découlent. On confère le plus souvent au libre-arbitre une origine divine. En deux mots, ça nous a été donné par Dieu. Pour les athées dans l’audience, considérons que ça fait partie intégrale de notre humanité, et donc, ne peu pas être abrogé par d’autres êtres humains. Le libre-arbitre signifie que nous sommes tous libres de choisir notre propre voie, nos propres objectifs et le meilleur moyen d’y parvenir tout en respectant les droits et libertés des autres. Ce libre-arbitre nous confère donc certains droits qu’on appelle « droits naturels ». Ce sont ces droits qui nous permettent de conserver et défendre notre libre-arbitre. Une liste très partielle de ces droits sont la liberté de parole, la liberté de conscience, la liberté de voyager, la liberté de produire par notre travail et de jouir du fruit de notre travail qui est notre propriété, la liberté de commercer et la liberté de vivre paisiblement. Un droit ne nous est pas donné par l’état. Il ne coûte strictement rien en lui-même. Le seul rôle légitime de l’état est de les préserver.

On pourrait croire évident que la démocratie est le meilleur système pour garantir ces droits et libertés, mais rien n’est moins sûr. Presque tous les jours voient des nouvelles lois qui viennent restreindre un ou l’autre de ces droits. Un exemple concret: les mesures de sécurité des aéroports qui restreignent notre droit de libre-mouvement et notre vie privée. Certaines de ces restrictions peuvent être justifiables dans une société, d’autres non. Sans restrictions sur les pouvoirs de l’état, la démocratie peut être 50%+1 de la population qui votent pour enlever les droits du 49% qui reste. De cette façon, pour paraphraser l’auteur Terry Goodkind: « Le viol collectif pourrait très bien être un exemple de la démocratie en action. » Il est donc passablement naïf de croire que parce qu’on vit supposément dans une démocratie que nos droits sont systématiquement préservés et que les citoyens ne doivent pas faire preuve de vigilance, voire même de méfiance envers l’état. Il devrait également être tout naturel que ces citoyens fassent l’impossible pour limiter les pouvoirs de l’état. Une société vraiment libre commence par garantir la liberté de tous les individus qui la composent, sans quoi il ne peut y avoir de justice.

La loi et l’ordre.

Ceux qui argumentent que les libertariens prônent le chaos et la loi du plus fort nous comprennent très mal. La philosophie libertarienne est anti-violence, il est donc exclu que les libertariens favorisent un modèle « free for all » où la loi est écrite par un fusil. Le seul usage acceptable de la violence est en réponse à une agression. Ceci s’applique même à l’état qui n’a pas plus de droits que ses citoyen et ne gouverne qu’avec le consentement des gouvernés. Il ne peut pas y avoir de liberté sans ordre. Une société libertarienne aurait donc des lois pour protéger contre la fraude, le meurtre et le vol. Il y aurait également des mécanismes d’arbitrage pour les disputes civiles. En bref, il n’y aurait pas moins de sécurité que nous en avons maintenant. La différence, c’est que nous éliminerions bien des lois superflues et les agences qui sont responsables de les appliquer. Par exemple, les libertariens ne mènerait pas la guerre aux drogues, qui s’est avérée tout aussi futile que la prohibition des années 30 et qui est la plus grande source de criminalité. Arrêter de poursuivre des non-crimes permet de s’occuper des véritables criminels. Les Vincent Lacroix ne s’en tireraient avec des sentences bonbon dans une société libertarienne. Laisser la main invisible faire son travail ne veut pas dire qu’il y a absence de règles.

La responsabilité.

Lorsque l’état fait tout pour nous, nous avons tendance à abdiquer nos responsabilités. Nous ne nous occupons plus de nos personnes âgées, nous les plaçons dans un centre d’accueil et nous laissons l’état s’en occuper. Même chose pour nos enfants. Nous ne nous en chargeons qu’à temps partiel. Donner aux œuvres de charité? Vous voulez rire? Je donne à chaque paie au bureau! Pas surprenant que les québécois soient las moins généreux en Amérique du Nord quand vient le temps de donner aux oeuvres de charité, loin derrière ces méchants individualistes américains! Ah mais ce que nous sommes solidaires, nous les québécois! Nous surtaxons nos citoyens afin de nous payer de riches programmes sociaux. Nous forçons tous nos riches à être charitables, qu’ils le veuillent ou non. Par la même, nous oublions ce qu’est la signification des mots « charité » et « solidarité » et nous traitons ceux qui désireraient avoir le libre-choix d’égoïstes! Mais par définition, la charité et la solidarité sont des gestes qui viennent du cœur. Ils ne peuvent être forcés. Faire la charité avec l’argent des autres n’est pas de la charité, c’est du vol! Il n’y a aucune vertu dans la solidarité quand elle vient à la pointe d’un fusil.

Si je suis propriétaire de mon corps, j’en suis aussi responsable. Je suis responsable de mes succès comme de mes échecs. Je suis responsable du mon bien-être et de celui des miens. Il devrait être normal que les parents se dévouent pour leurs enfants quand ils ne peuvent prendre soin d’eux-mêmes et que les enfants puissent retourner la pareille lorsqu’ils sont plus vieux. Il y a déjà eu une époque où on aidait volontiers son voisin et vice-versa. Il y a déjà eu une époque où on prenait nos vies en main. Être responsable, c’est aussi de prévoir et d’en mettre de côte pendant les années de vache grasse pour survivre les années maigres. Il y a déjà eu une époque où nous étions fiers d’être indépendants. Vous croyez que les coureurs de bois se fiaient au gouvernement pour quoi que ce soit? Non. Ils retroussaient leurs manches. De nos jours, certains préfèrent sanctionner que le gouvernement utilise la force (sous la forme d’une peine d’emprisonnement) pour prendre jusqu’à la moitié du fruit du labeur de certains membres de la société, au nom de la collectivité, supposément pour aider les démunis, mais dont la plus grande partie sert à nourrir une machine bureaucratique toujours plus grosse. Quelle différence y a-t-il entre ça et aller braquer votre voisin avec une arme pour l’obliger à payer vos soins de santé? Et pourtant, ceux qui réclament ce genre d’action se croient plus vertueux. Apparemment, selon eux, la vertu est dans la force et dans le vol. Voilà la moralité que l’état tente de vous enseigner.

L’état et la violence.

« L’état ce n’est pas l’éloquence, c’est la force. Comme le feu c’est un dangereux serviteur et un maitre impitoyable » – George Washington

George Washington a mené une lutte ardue contre ce qui était la superpuissance de l’époque. Il savait pertinemment les dangers que comportaient un état trop fort envers les libertés individuelles. L’état est la seule entité qui puisse utiliser la force de façon légale. Toute autre entité le ferait uniquement dans l’illégalité. Dans une société qui se veut libre, cette force ne devrait servir que pour la protection des citoyens et ne devrait jamais se retourner contre eux à moins qu’il ait été déterminé par procès de loi que ceux-ci aient commis une agression contre les droits d’autrui. La coercition de l’état ne devrait jamais être utilisée pour imposer aux citoyens une certaine vision des choses. Elle ne devrait jamais être utilisée non plus pour favoriser certains individus ou groupe d’individus au détriment d’autres individus ou groupes. Nous considérons comme violence toute violation des droits innés d’un individu. Donc tout usage de force, ou toute menace d’utiliser celle-ci afin d’enlever la vie est du meurtre, afin de priver quelqu’un de liberté est de l’esclavage, et afin de saisir la propriété est du vol. Il ne pourrait en être autrement dans une société juste. Il n’est pas permis à qui que ce soit d’initier une agression contre les autres, ou d’engager un autre pour le faire en son nom, même si cet autre est l’état. Telle est notre position envers les lobbies, syndicats, BS corporatifs et tout autre pillard ou sangsue qui tente d’utiliser l’état pour son profit. Nous ne sanctionnons aucune subvention, tarif douanier, convention, etc qui visent à favoriser quiconque au détriment des autres. Point à la ligne. Voilà qui devrait mettre fin au mythe que nous visons à favoriser les plus forts au détriment des plus faibles. Nous ne sanctionnerons pas le pillage des riches par les masses du prolétariat non-plus. La seule justice sociale provient de l’égalité devant la loi.

Le libre -marché.

L’économie, c’est la somme de l’action humaine. Ce sont des milliards d’êtres humains qui transigent de façon consensuelle et mutuellement bénéfique. Une économie planifiée implique qu’on doit contrôler ces actions afin de les diriger dans la direction voulue. Cette direction ne peut être déterminée que de façon arbitraire car il est impossible aux planificateurs de déterminer avec justesse ce qui doit être produit dans quelle quantité et à quel prix. Un tel système nécessite que l’individu sacrifie ses besoins personnels à ceux de l’état. Il nécessite que l’individu se plie au plan, plutôt que de poursuivre ses propre objectifs. Et ultimement, ce genre de système est voué à l’échec parce que sa nature arbitraire va à l’encontre de tout bon sens économique. C’est pourquoi nous argumentons que le capitalisme « laissez-faire », le libre-marché, est le seul système socio-économique qui permet à une société de vivre véritablement libre et prospère. Seulement en laissant les gens traiter entre eux sans coercition, pouvons-nous être libres. Le système que nous avons présentement est centralement planifiée parce que la monnaie qui est la force vitale de l’économie est contrôlée par un cartel de banquiers qui bénéficient d’un monopole protégé par l’état. C’est banquiers usent impunément de leur pouvoir pour diriger l’économie et faire des faveurs à leurs amis et les amis de l’état au détriment de tous les autres. Ce n’est pas une économie libre et par définition, ce n’est pas du capitalisme. C’est ce système qui est plus proche du corporatisme fasciste de Mussolini que du véritable capitalisme qui est la source de toute l’exploitation qui est si vivement dénoncée par les anti-capitalistes. Afin de combattre cette injustice, ceux-ci tentent de livrer toujours plus de pouvoir aux exploiteurs. Les libertariens dénoncent ce système, mais ils sont seuls à connaitre les véritables exploiteurs.

Conclusion.

Le libéralisme est la seule philosophie qui cherche à préserver la liberté des individus, car une société ne peut être libre tant que la liberté de chaque individu n’est pas protégée. Une société qui place les besoins de la collectivité avant ceux de l’individu ne peut pas être libre. Le libéralisme considère que chaque individu jouit de l’égalité devant la loi et de l’égalité d’opportunité, mais pas de l’égalité de revenus. Il confère à chaque individu le droit inné de vivre sa vie comme il l’entend et de poursuivre son intérêt personnel, de rechercher son propre bonheur et de jouir du fruit de ses labeurs.

Philippe David.

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