Archives quotidiennes : 4 février 2010

De Victor Jara à Guantanamo : la même CIA (30)

Et puis il y a l’intendance, qui trahit également la CIA et ses dérives actuelles. Et là encore, c’est un entrefilet qui nous en donne les éléments, assez inquiétant à vrai dire. Des éléments encore une fois royalement ignorés par la presse française, qui soit s’intéresse davantage aux problèmes de plomberie du Cap Nègre, soit ne sait pas relier les différentes pièces d’un puzzle qui s’étale il est vrai depuis plus de huit ans devant nos yeux. Cette fois, c’est de deux autres hommes dont il s’agit, et de deux autres pays : l’Algérie et Allemagne. Et là encore, cela commence par une belle affaire de corruption et de beaux procès en cours. Un de ces jours, on s’apercevra enfin du cloaque dans lequel baignait l’administration Bush, qui, dès qu’elle touchait de l’or, la transformait aussitôt en substance nauséabonde. Cette fois aussi, la seconde histoire révèle aussi avec acuité les craquements internes au sein même de la CIA, où l’arrivée de jeunes loups avides d’honneurs et d’argent n’a pas vraiment été appréciée par la frange la plus conservatrice de l’organisation : leurs frasques et leur train de vie, surtout, entrant en contradiction complète avec le secret nécessaire à la réussite des opérations. Il n’y a pas qu’à la base, avec les désastreux NOC, à savoir les « non official cover » (voir un des épisodes précédents) que l’édifice a commence à se pourrir : au sommet aussi, le service de l’Etat comme priorité a été remplacé par le seul souci de s’en mettre davantage dans les poches ou même d’assouvir leurs fantasmes de violence ou sexuels. W.Bush ne se sera entouré que de personnes avides d’argent ou essentiellement et fondamentalement corrompues, et rien d’autre. Voire de psychopathes véritables, comme nous avons pu en découvrir le long de cette enquête.

La première affaire commence en février de cette année par la colonne fait divers, et de façon plutôt sordide, puisqu’il s’agit d’un viol. Celui d’une femme, en Algérie, par le responsable algérien de la CIA, pas moins. Et celui d’autres femmes, encore, agressées par lui entre septembre 2007 et octobre 2008 (*1) . L’annonce fait l’objet des journaux télévisés US. L’homme de la CIA, Andrew Warren, utilisait des drogues pour arriver a ses fins, et filmait aussi après ses ébats : les enquêteurs n’ayant eu aucun mal à retrouver les bandes vidéos, le scandale s’annonçait énorme et indiscutable. Certains enregistrements dataient du séjour de notre homme au Caire, en Egypte, où il exerçait la même responsabilité. L’enquête qui débute alors va révéler un autre scandale d’une ampleur inimaginable. Warren avait été recruté parce qu’il était musulman et parlait arabe : « Agé de 41 ans, Andrew Warren est un agent de la CIA converti à l’Islam qui a été recruté par l’agence à la suite des attentats du 11 septembre. Maîtrisant la langue arabe et connaissant parfaitement le fonctionnement des milieux islamistes, il a exercé en Afghanistan, puis en Egypte avant de rejoindre, en septembre 2007, Alger en tant que chef de la CIA. Les personnes qui l’ont côtoyé le décrivent comme quelqu’un de très doué et pointilleux dans son travail. « Il avait fait ses preuves au pays des mollahs où il a fréquenté « sans le moindre complexe les mosquées afghanes », racontent ceux qui l’ont connu, cités par des média US. Ici, on avait aussi évoqué le cas. En se prenant la volée de bois vert habituelle de la part des supporters américains habituels qui hantent ce site.

Or, la présence de la CIA en Algérie n’est pas fortuite, à l’époque, loin de là. Le 5 juillet 2005, le président George W. Bush écrivait en effet à son homologue algérien : « L’Amérique continue de compter sur l’Algérie en sa qualité de partenaire de grande valeur dans la lutte contre le terrorisme et dans notre objectif commun de promouvoir la démocratie et la prospérité dans votre région ainsi que de par le monde. » En avril 2008, Robert Mueller, le directeur du FBI (Federal Bureau of Investigation) annonce devant le Congrès américain l’ouverture d’une antenne de ses services à Alger. En fait, on s’interroge aussi surtout sur ce que l’individu avait pu faire auparavant au Caire : « Selon le quotidien égyptien Adostour, Andrew Warren, qui occupait le même poste de chef de section de la CIA au Caire durant deux ans – sa dernière fonction avant d’atterrir à Alger -, a dû quitter précipitamment ce poste sans que les autorités égyptiennes ou américaines expliquent ce départ. « Depuis que l’affaire Andrew Warren a éclaté à Alger, nous avons tenté d’enquêter sur son histoire ici au Caire : pourquoi a-t-il quitté son poste ? Etait-ce lié à des scandales de mœurs ou à autre chose ? Mais personne ne veut parler », nous explique une journaliste d’investigation du quotidien cairote Al Masry Al Yaoum« . En réalité, il eut fallu chercher ailleurs ; du côté d’Al Libi, l’homme dont les prétendus aveux avaient été cités par Colin Powell à l’ONU en février 2003.

L’homme n’avait rien dit au départ, mais sous la torture, dont celle consistant à être enfermé dans une boîte de 50 cm de côté pendant 17 heures…. il avait dit ce qu’on lui avait soufflé. Les révélations avaient été dévastatrices pour les services secrets US et Egyptiens, et Warren expédié vite fait… en Algérie, ou une base secrète US était en cours d’édification, à côté de l’oasis d’Ihérir, dans le Tassili des Adjer, à 110 km nord-ouest de Djanet, à 220 km de la frontière libyenne… Une base ou sévissent d’étranges mercenaires, les sinistres « Executives Outcomes«  appelés aussi NFD ou NSG (pour « Nicholas Frederick Duncan Ltd » et « Northbridge Services Group » ), venus d’Afrique du Sud (et ce ne sont pas des noirs, ce qui donne une petite indication de leur idéologie Afrikaner) ayant à leur tête Emanuel Damink. et Stefan Desmond, deux anciens chefs de l’espionnage du temps de l’apartheid ! Un reportage saisissant d’ABC ne faisait pas mystère des liens étroits entre l’armée algérienne et les forces spéciales américaines. La vue des deux drapeaux l’un à côté de l’autre étant révélateur. Le conseiller sur place pour les drones, dont le petit Raven, dans le reportage, n’avait rien d’un militaire.. mais bien d’un responsable de mercenaires. C’est en fait Georges Tenet, qui dans un livre avouait le scandale du cas Libi. Un Libi qui ne fera pas long feu après être renvoyé en Lybie… très vraisemblablement via la base US citée…

La suspicion en effet était grande, résume un journal algérien (cf. »le courrier d’Algérie »). C’est ainsi que nos sources se sont montrées catégoriques hier en nous affirmant qu’ « Andrew Warren a été maintes fois aperçu durant les soirées de ramadhan passé, à peine quelques semaines avant son évacuation urgente vers son pays, au volant d’un véhicule de couleur verte, immatriculé auprès de l’ambassade US, écumant les mosquées situées entre El Harrach, Bourouba, Kouba (ancien fief d’Ali Benhadj), Bab El Oued, (son autre fief) et Aïn Benian ». Ce n’est pas tout. Nos sources ajoutent que « le barbouze portait régulièrement un kamis et se mêlait aux groupes des islamistes portant quant à eux barbes et kamis « nisf essak », c’est-à dire salafistes ». Nos sources, en nous faisant ces révélations, se sont ainsi demandé « si ce barbouze n’est pas plutôt un agent double puisque ce comportement est assimilable à celui des éléments surentraînés du Mossad ». L’homme aurait-il profité de sa notoriété locale pour être l’instigateur d’attentats ? La presse algérienne laisse planer le doute, en tablant sur un départ précipité sans évoquer de liens avec la sexualité débridée de l’individu : se serait-il grillé auprès des services secrets égyptiens ?

Warren, on a fort peu étudié son cas. On aurait dû s’y arrêter davantage. En 2001, il avait en effet écrit un bouquin, pourtant  » « The People of the Veil. » (*2) (« les personnes du voile », ou « les personnes derrière le voile ») Que la presse résume comme étant du genre « pulp fiction » mettant en scène ses propres fantasmes. Un malade, ça s’appelle. Et s’apercevoir aussi de ce à quoi il avait bien pu servir au Caire. Car l’individu pose clairement le problème de la psychopathie à la CIA, dont nous avons pu voir qu’elle était davantage répandue que prévue, avec des gens comme Jack Idema, notamment : « Un homme comme Warren, un désaxé, un illuminé qui se prend pour une espèce de Laurence d’Arabie, n’aurait jamais dû être recruté. Dans le roman qu’il a publié, son caractère pathologique et ses délires de justicier sont frappants (-en voilà un qui pourra servir un jour de héros à Tarantino, en tout cas-). D’autres par contre considèrent les sélections opérées par la CIA dans ses recrutements comme très viables. Des portraits psychologiques sont régulièrement actualisés dans les fichiers de la Centrale. Ainsi, le recrutement de Warren est l’exception qui confirmerait la règle. C’est la position notamment de Robert Baer, ancien agent de la CIA chroniqueur du Time et auteur de See No Evil, et plus récemment, de « Blow the House Down ».

Un cas particulier, certes, mais qui, l’air de rien remet en cause l’un des fondements du recrutement des agents de la CIA, dont on sait qu’ils doivent tous subir une épreuve de détecteur de mensonges avant d’intégrer la maison : comment Warren a-t-il pu autant dissimuler ses pensées profondes et cacher son addiction véritable à ses turpitudes ? Pas de réponse : la CIA, pressée de recruter des agents parlant l’arabe, sa tare fondamentale, a-t-elle squizzée l’étape traditionnelle ? On ne sait, à vrai dire. Une exception, donc, pourquoi pas… mais qui s’occupait aussi au Caire du traitement des prisonniers de Guantanamo. Car au Caire, ce n’est pas avec Bush que cela avait commencé le traitement de certains prisonniers d’Al Quaida mais bien avec… Bill Clinton. Sous l’égide de Michael Scheuer (*3). L’homme est bien un véritable faucon, déguisé derrière le pamphlet Imperial Hubris, qui avait déclaré un jour que le seul moyen de s’en sortir était de pourchasser et tuer les partisans de Ben Laden… alors que ces propres services l’avaient laissé filer à deux reprises au Soudan….en insistant par la même occasion au passage sur un support « indéfectible » à Israël (*4). Au Caire, où avaient donc été créées les toutes premières cellules de prisonniers en provenance de Guantanamo. Et là, deuxième scandale. Qui commence aussi par une autre coupure de presse. Celle annonçant en février 2007 une plainte déposée par des juristes liés au Congrès américain sur des paiements exorbitants de matériels pour construire les fameuses prisons déportées de Guantanamo, toutes faites sur le même modèle à partir de matériaux de supermarché (Wal*Mart est abondamment cité dans l’enquête). Il viennent sans le savoir de tirer sur un écheveau qui va les mener très loin…

La firme visée ayant remporté le contrat sans appel d’offres (encore une « no bid« , les contrats de la CIA n’étant pas rendus publics !) s’appellait Archer Logistics, elle était basée à San-Diego en Californie et avait pour responsable Brent Wilkes. L’homme au milieu d’un réseau de détournements et de coteries politiques diverses. En découvrant les paiements indus, les juges venaient de soulever le couvercle de la boîte de Pandore qui allait jusqu’aux sphères dirigeantes, et mouiller bien des personnalités. Dont celle de Randy Duke Cunningham, ancien pilote de Phantom au Viet-Nam, (un as véritable, crédité de 3 Migs descendus) devenu sénateur républicain et membre du « House Appropriations Defense Subcommittee » chargé de choisir, justement, les sociétés contractuelles pour la défense… Un vrai loup, introduit dans la bergerie. Ayant fait fortune avec ses détournements, à vivre dans une luxueuse villa.… à Rancho Santa Fe.

Bref, un sommet de magouilles éhontées, ou c’était à celui qui allait se sucrer le plus sur les crédits alloués par l’état fédéral, à savoir l’usage des impôts des citoyens américains. Durant l’enquête qui va être dévastatrice, on va retrouver les bouts de papier à l’en-tête du Sénat sur lequel Cunningham notait le tarif des contrats et son taux de prélèvement personnel pour avoir favorisé telle ou telle société : une mafia véritable, des procédés dignes de la Cosa Nostra ! Et comme pour la mafia sicilienne, les heureux contractuels n’oubliaient pas de remercier leurs donneurs d’ordre, en accordant lors des élections d’importants paiement au parti républicain et à son candidat. Au pays de la tricherie, et du détournement de fonds publics, W.Bush était bien… le roi du gang.

Les prisons secrètes, comme celle découverte en Roumanie avaient donc été édifiées avec les moyens du bord et des matériaux ordinaires, mais facturées à un prix faramineux au Pentagone. Mais ce n’était pas que cela : pour obtenir les contrats, il n’y avait pas que des politiciens véreux comme Cunningham, presque le double parfait de McCain en carrière politique. Non, l’enquête révélait l’implication directe d’un homme ayant touché en échange des voyages dans des îles idylliques ou des prostituées : le responsable allemand… de la CIA, Kyle D. Foggo (*5). L’exemple parfait de ce qu’est ou de ce qu’est devenu la CIA, et sur lequel nous reviendrons demain si vous le voulez bien… tellement le cas est significatif d’un organisme sans foi ni loi depuis toujours.

(1) « Selon ce même document, la première victime a affirmé aux autorités américaines qu’elle « avait été violée en septembre 2007, à l’occasion d’une réception organisée par le personnel de l’ambassade US à Alger au domicile d’Andrew Warren. Elle a également déclaré « qu’on lui a servi un cocktail (Whisky-Coca), préparé loin de son regard ». Tard dans la soirée, « après un dernier verre qui lui a été servi par le mis en cause », ajoute-t-elle, « elle s’est subitement sentie mal et a commencé à vomir ». Pour la suite, elle se rappelle uniquement que « le lendemain elle s’est réveillée au domicile de l’agent de la CIA, toute nue, avec le sentiment d’avoir été violée », selon le rapport d’enquête du département d’Etat. Elle dit aussi n’avoir « aucun souvenir d’avoir eu des rapports sexuels avec le concerné ». La seconde victime, pour sa part, place les faits à « février 2008, mais donnant un récit des faits tout à fait similaire. »

(2)  » The hero of the book is a U.S. diplomat, based in Algiers, who battles terrorists trying to take over the U.S. Embassy. In a subplot, the hero, Nick Phillips, has an affair with Mariam, a beautiful Algerian woman who shunned Arab men (« because they were too controlling ») but fell in love with Nick because he « respected her and treated her as an equal, » and who « never pressured her and understood her culture. »

(3) « Michael Scheuer, a 22-year veteran of the CIA who resigned from the agency in 2004, has toldDie Zeit that the US administration had been looking in the mid-1990s for a way to combat the terrorist threat and circumvent the cumbersome US legal system « President Clinton, his national security adviser Sandy Berger and his terrorism adviser Richard Clark ordered the CIA in the autumn of 1995 to destroy Al Qaeda, » Mr Scheuer said. « We asked the president what we should do with the people we capture. Clinton said ’That’s up to you’. » Mr Scheuer, who headed the CIA unit that tracked Al Qaeda leader Osama bin Laden from 1996 to 1999, says he developed and led the « renditions » program. He says the program includes moving prisoners without due legal process to countries without strict human rights protections. « In Cairo, people are not treated like they are in Milwaukee, » he said. « The Clinton administration asked us if we believed that the prisoners were being treated in accordance with local law. « And we answered, ’yes, we’re fairly sure’. »

(4) « The crux of my argument is simply that America is in a war with militant Islamists that it cannot avoid ; one that it cannot talk or appease its way out of ; one in which our irreconcilable Islamist foes will have to be killed, an act which unavoidably will lead to innocent deaths ; and one that is motivated in large measure by the impact of U.S. foreign policies in the Islamic world, one of which is unqualified U.S. support for Israel. »

(5) « In February 2007, Mr. Foggo and Mr. Wilkes were indicted. Prosecutors believed that the C.I.A. had paid an inflated price to Archer Logistics, a business connected to Mr. Wilkes that had a $1.7 million C.I.A. supply contract. In return, the prosecutors claimed, Mr. Wilkes had taken Mr. Foggo on expensive vacations, paid for his meals at expensive restaurants and promised him a lucrative job when he retired. »

Poster un commentaire

Classé dans Six de l'Hexagone, Stéphane Bouleaux

L’économie en une leçon (2e partie)

Philippe David – Dossier Spécial: L’Économie en une leçon

Bienvenue à mon deuxième cours basé sur le livre « Economics in One Lesson » de Henry Hazlitt. Dans le premier cours, nous avons énoncé la leçon d’économie de Hazlitt, à savoir:

« The art of economics consists in looking not merely at the immediate but at the longer effects of any act or policy; it consists in tracing the consequences of that policy not merely for one group but for all groups. »

« L’art de l’économie consiste non seulement à regarder les effets immédiats, mais les effets à plus long terme d’une politique; ça consiste à retracer les conséquences de cette politique non-seulement pour un groupe, mais sur tous les groupes. »

Et nous l’avons appliquée pour déboulonner le mythe populaire que la destruction a un effet positif sur l’économie avec la fable de la « vitre cassée » de Frédéric Bastiat. Dans ce second chapitre, nous l’appliquerons aux soi-disant bienfaits des travaux publics.

Travaux publics = taxes.

S’il y a une équation que je veux que vous reteniez à la fin c’est ceci: Les travaux publics sont ultimement toujours financés par nos taxes. Il n’existe pas de mythe plus persistant que celui qui dit que les dépenses gouvernementales sont une panacée pour l’économie (Bastiat en avait même fait un petit essai – plus ça change plus c’est pareil). Est-ce que l’industrie privée est stagnante? Pas de problème! Il n’y a qu’a la subventionner. Il y a trop de chômage? Pas de problème! On va inventer des projets pour remettre le monde au travail. Les personnes qui voudront vous faire croire ça, les politiciens et les économistes à leur solde, essaieront de vous faire croire que le gouvernement peut dépenser, dépenser, dépenser à l’infini sans nous taxer plus. Sans vouloir les offenser, tout ça n’est que des contes de fées. La réalité est que tous les états qui, dans l’histoire, ont essayé de le faire ont sombré dans l’insolvabilité et l’hyper-inflation. Suffise de dire pour les besoins de cette leçon que chaque dollar de dépense publique doit éventuellement être recueilli par les taxes, que de porter cette échéance à plus tard par l’emprunt ne fait qu’exacerber le problème et que l’inflation causée par l’impression d’argent pour financer les déficits, elle-même n’est qu’une forme insidieuse de taxation.

Maintenant, il arrive fréquemment que ces travaux soient justifiés et nécessaires. Si ces travaux sont exécutés dans le but d’alléger la circulation, de remplacer des infrastructures vétustes, etc., je n’ai rien à redire. Mais si ces travaux sont faits dans le but spécifique de créer de l’emploi ou de « relancer l’économie » ou de créer de la richesse qui n’aurait pas existé autrement, je m’objecte. Lorsque l’objectif principal devient la création d’emploi, ces travaux prennent une toute autre dimension. À ce point, les dépenseurs de l’état ne pensent plus à ou une infrastructure doit être construite et pensent plutôt à où une infrastructure pourrait être construite. Qu’on aie vraiment besoin de cette infrastructure n’est plus un critère et on va même jusqu’à inventer des projets. Et plus ces projets sont inefficaces en termes d’utilisation de main d’œuvre, plus ils sont appropriés si le but est de créer des emplois. Après ça, doit-on être surpris que les travaux publics ne respectent jamais les budgets?

Supposons qu’on construit un pont et qu’il coûte 100 million$ à construire. On voit très bien les ouvriers à l’œuvre pour le construire et à la fin, nous voyons très bien le pont construit. Alors les avocats de ces travaux pointeront ces choses et diront « Voyez les emplois et la richesse que nous avons créé! » Mais si vous vous êtes entrainés à regarder au-delà des apparences, un tableau très différent se dessine. Pour chaque dollar dépensé sur ce pont, un dollar a été prélevé des poches du contribuable. Ultimement, chaque dollar dépensé provient de nos poches et nous empêche de le dépenser à des fins qui concordent avec nos préférences personnelles. Au final, chacun de ses dollars aurait autrement été dépensé ou investi dans l’économie vers d’autres projets qui auraient répondu à la demande des consommateurs. Ils auraient étés dépensés en denrées alimentaires, en vêtements, en appareils ménagers, en automobiles, ce qui aurait en retour entrainé la création d’autres biens pour les remplacer et ainsi de suite. Ça prend un peu d’imagination pour voir tout ce qui aurait pu être créé à la place de ce pont, n’est-ce pas? Ça prend également beaucoup d’imagination pour voir les emplois qui auraient autrement été créés pour fabriquer tous ces biens. Alors si vous usez du gros bon sens dont je sais que vous êtes capables, vous imaginerez peut-être que la construction de ce pont n’ajoute en réalité rien à la richesse, mais que c’est plutôt seulement une ré-allocation de richesse. Simplement un transfert de 100 million$ d’un secteur à un autre. Et vous aurez parfaitement raison. La construction de ce pont aura créé plus d’emplois dans l’industrie de la construction qu’il y en aurait eu autrement, mais seulement au prix de la destruction d’emplois dans d’autres secteurs. Il y aura plus d’emplois dans la construction, mais moins dans l’industrie manufacturière, en informatique, etc. Non seulement est-ce que nous déshabillons Paul pour habiller Pierre, mais dans ce petit jeux les politiciens et leur clique vous montreront fièrement Pierre ainsi habillé et s’empresseront de vous faire oublier Paul.

Les taxes découragent la production

Il y a une autre raison pour laquelle il est improbable que les dépenses gouvernementales créent suffisamment de richesse pour compenser la richesse détruite par les taxes. Ce n’est pas tout à fait aussi simple que de prendre l’argent d’une poche et de la mettre dans une autre. La réalité est que nous ne sommes pas tous taxés au même taux et que le plus grande part des taxes collectées ne proviennent que d’un très faible pourcentage de la population. Ces impôt affectent les actions de ceux qui les paient. Lorsqu’une entreprise perd 100 cents pour chaque dollar qu’elle perd, mais qu’elle ne peut conserver que 60 cents de chaque dollar qu’elle gagne et qu’elle ne peut pas compenser les années de pertes avec les années de gains, ses politiques seront affectées. Elle ne fera pas d’expansion, ou ne le fera que si le risque est limité. Les entrepreneurs qui reconnaissent cette situation peuvent décider de ne pas lancer d’entreprise. Donc les employeurs existants ne créent pas autant d’emplois qu’ils le feraient autrement et d’autres décideront de ne pas devenir employeurs. Les usines prennent plus de temps avant de se ré-équiper avec de la nouvelle machinerie, etc.

L’effet est le même pour les particuliers. Si un particulier doit travailler 6, 7 ou 8 mois par année pour le gouvernement et seulement 4,5,6 mois pour sa famille, Il pourrait être découragé de produire plus, sachant que la plus grande part de ce supplément s’évaporera en impôts. Ils décideront aussi que ça ne vaut pas la peine de prendre de risques dans leurs investissements, ce qui limitera le capital disponible pour financer des entreprises.

Un certain montant d’impôt doit nécessairement être perçu pour assurer le fonctionnement de l’état, mais quand l’impôt devient excessif, il décourage l’investissement et la production de façon à causer le problème de chômage qu’on tente de résoudre.

Conclusion.

Si on regarde au-delà de ce qui est immédiatement apparent et qu’on examine les conséquences secondaires, on se rend vite compte que les dépenses gouvernementales ne sont pas aussi créatrices d’emploi et de richesse que certains voudraient nous faire croire. Il est certain que certaines de ces dépenses sont nécessaires, mais lorsque ces dépenses doivent servir à la création d’emploi ou à la relance de l’économie, ne vous laissez bas berner. D’ailleurs, c’est un secret de polichinelle que les gouvernement ont une culture de dilapidation qui fait que tout ce qu’ils font nous coûte plus cher.

46 Commentaires

Classé dans Actualité, économie, Philippe David