Archives quotidiennes : 11 février 2010

De Victor Jara à Guantanamo, la même CIA (44)

La CIA, une « bande de nazes« , alors ? A voir certains ratages manifestes et certaines actions rocambolesques, on serait parfois tenté de le dire en effet. Oh, vous savez, dit comme ça ça à l’air plutôt abrupt. Mais quand on voit, en France, le général Rondot se mélanger les notes ou l’ineffable Yves Bertrand venir littéralement « péter les plombs«  un soir à FR3 (lui aussi avec des notes bizarroïdes), on se dit que du renseignement au bidonnage, il y a souvent fort peu, même en plus haut lieu, en France comme ailleurs : les histoires d’avions renifleurs ou de la peinture rendant les avions invisibles, ce n’est pas moi qui les ai inventées, et des services secrets français ont même bûché sur la question, paraît-il. L’épaisseur d’une feuille à cigarette, donc, comme espace, parfois, entre grotesque et élément vital pour la nation, remplie parfois par de véritables escrocs sachant profiter d’un état devenu schizophrène prêt à acheter très cher n’importe quel renseignement. L’histoire, rappelée récemment par la sortie d’un livre d’Aram Roston, « The Man Who Conned The Pentagon » (interviewé ici au Daily show), tout aussi incroyable, est celle d’un programmeur en informatique qui a réussi à faire chanter la CIA pendant des mois, avec de véritables élucubrations, et même à obtenir de sa part des réactions surprenantes à ses dires inventés de toutes pièces : celle d’empêcher des vols transatlantiques européens d’avoir lieu, en décembre 2003, au prétexte de menaces pesant sur ces derniers. Mais l’homme en cachait un autre… sinon d’autres, tous aussi avides que lui, et c’est ce que je vous propose de découvrir aujourd’hui, sur quatre épisodes, rattrapés par l’actualité en plein jour de Noël. Des « nazes », peut-être pas, de sacrés menteurs, à coup sûr.

L’idée repose en fait sur un mystère qui n’en est plus un. Pour beaucoup, Al-Quaida n’existe pas dans la forme dans laquelle le gouvernement de G.W.Bush nous l’a vendue pendant des années, à savoir une sorte de label distribué à des groupes certes fondamentalistes, qui ont ont assez peu de choses à voir entre eux. Je n’y reviens pas, tout est dans ce magnifique documentaire intitulé « Power of Nightmares » de la BBC, qui revient sur la création ex-nihilo d’Al-Quaida, uniquement pour promouvoir son pendant étatique, à savoir la notion fumeuse de « guerre au terrorisme » qui permet tous les excès à l’intérieur du pays. Selon ce documentaire, donc, Al-Quaida n’existe pas tel qu’on nous l’a présenté (ou plutôt fourgué à coup de Fox News) : cette labelisation de mouvement épars et d’opinions et objectifs sensiblement différents, est bien l’œuvre d’une désinformation entretenue par une guerre au terrorisme qui n’a pour but que de renforcer le contrôle de l’état qui s’y adonne. Pour ce faire, il faut enjoliver et créer dans les esprits la notion d’un Al-Quaida hyper-organisé, utilisant les techniques les plus sophistiquées pour commettre des attentats. Et entretenir également souvent l’idée, de manière à ce que les gens en soient persuadés : d’où les piqûres de rappel régulières… A croire que plus on insistera sur cette prétendue hypertechnicité et plus on arrivera à faire gober une histoire de tours qui s’effondre où celle d’un avion entrant dans un immeuble au ras du sol ! Faire par exemple d’Al-Qaida des chefs artificiers, c’est aussi le bon moyen d’en cacher d’autres, d’artificiers

C’est ainsi qu’on est arrivé à vendre l’histoire rocambolesque des bombes liquides, qui, lorsqu’elles ont été expliquées dans des procès, notamment en Angleterre, ont révélé qu’elles étaient infaisables en vol, à moins de disposer d’un véritable étal de petit chimiste en cabine, et de conditions de fabrication dignes d’un laboratoire… lors du premier procès des huit comploteurs arrêtés en 2006, les chimistes anglais invités à la barre n’avaient jamais réussi à fabriquer en laboratoire une bombe avec les éléments réunis lors des saisies : le mélange, en TATP (péroxyde d’acétone) comme en HexaMéthylène Tripéroxide Diamine, ou HMTD, était bien trop instable et bien trop difficile à doser ! Comme certains l’ont remarqué avec humour, fallait être sacrément adroit pour y arriver ! Pas si simple qu’en schéma ! Voilà qui nous rappelle un peu les circonstances actuelles !

Chez les inculpés et lors d’une gigantesque rafle, la police anglaise avait trouvé (dit-elle) 400 ordinateurs, 200 téléphones mobiles, 8 000 éléments de sauvegarde, (clés USB, CDs et DVDs), et 6 000 gigabytes de data sur les ordinateurs (150 Mo par machine, ce qui est… peu !) et quelques vidéos, dont celle de déclarés au suicide, dont deux des comploteurs. Au final, il n’y avait que les produits de beauté, dont de l’eau oxygénée les boissons gazeuses (du Tang) un thermomètre de précision et les piles électriques pour être déclarés « éléments de bombe ». Le 17 août 2006, la police annonce avoir trouvé dans les bois une « valise » contenant des bombes au HMTD… la photo montrée par la BBC est celle d’un sac poubelle contenant un litre d’eau oxygénée. Sur le papier, il y a effectivement de quoi faire des bombes. Le problème, c’est que les chimistes appelés à la barre, des professionnels de la chimie, n’arriveront pas à en fabriquer une seule ! Alors pensez-donc, en vol !

Aux USA, l’ineffable chaîne qu’est Fox-news en avait fait ces choux gras, de cette théorie de la « bombe Tang », du nom de la boisson gazeuse au départ, car à l’époque, au Homeland Security, sévissait un proche de Bush, Michael Chertoff, qui avait présenté l’arrestation des huit anglais de façon absolument apocalyptique, provoquant le deuxième grand chaos de l’histoire des traversées d’avion entre l’Europe et les USA ! Oubliant également de préciser que les personnes arrêtées n’avaient même pas de tickets de vol, pas non plus de réservation ou même pour certains même pas de passeport ! C’est lui qui avait mené la charge principale, ce proche de G.W.Bush, parlant de plus de « 50 personnes compromises » (il en restera 8 à juger), que c’était bien « un plan signé Al-Quaida », que « les plans des bombes provenaient d’une de leurs relations qui aurait rencontré un leader d’Al-Quaida à la frontière afghane », qu’ils préparaient « un massacre de taille inimaginable en visant 10 avions », et que « cela rappelait les dires de r Khalid Sheikh Mohammed, qui avait annoncé attaquer des avions en…1995 ». Prouvant aussi que ce dernier était surveillé depuis cette époque ! Et révélant aussi qu’un agent du MI6 avait infiltré le groupe depuis des mois !

Au final, lors d’un premier procès, trois seront accusés de tentative de meurtre, pour les autres le jury ne s’entendra pas sur un sentence et un sera carrément acquitté. En appel, en septembre 2009, Abdulla Ahmed Ali, Assad Sarwar et Tanvir Hussain sont condamnés à plus de 30 ans de détention : leur condamnation portait désormais sur la tentative d’abattre des avions. On n’a pas réussi à trouver de bombes, les artificiers ont été incapables d’en faire une qui marche sur les plans saisis, mais bon, c’est l’intime conviction d’un jury populaire (qui voit tous les jours ses soldats mourir en Afghanistan, ne l’oublions pas !).

L’échec fort récent d’une tentative semblant utiliser une technique similaire de mixage de deux produits est là pour renforcer l’idée comme quoi le procédé n’est pas le bon : ce n’est décidément et définitivement pas la bonne méthode ! Car comme par hasard, la même désinformation déjà entendue est de retour en cette fin d’année, avec à nouveau les grands effets de manche et les télévisions qui tournent en boucle sur le sujet. La première annonce de la tentative du 25 décembre dernier était intitulée « pétards dans un vol Amsterdam-Detroit« . L’un des responsables de la compagnie minimisant en effet tout de suite le problème : « A l’atterrissage, un passager a causé une perturbation à bord en allumant quelques pétards ». Le Monde lui-même titrant la même chose (« Un vol Amsterdam-Detroit perturbé par un passager muni de pétards »)… pour l’effacer juste après… de ses tablettes. De simples pétards, on va très vite passer à une « tentative d’attentat »… avec des « flammes » et non plus des « pétards », et des passagers bondissants de leur siège pour ceinturer le terroriste… mais le mot reste dans les caches des serveurs : l’action décrite ne semble pas avoir eue l’ampleur qui sera décrite dans les jours qui vont suivre… on a certes découvert des explosifs, mais leur mise en œuvre, voire même le moment de leur déclenchement (au-dessus de l’Alantique on tue davantage, logiquement !) est tellement étrange qu’on se pose rapidement des questions sur cet acte absolument rocambolesque. Huit ans après, un Reid bis ? Aussi maladroit, sinon davantage ?

Car la machine habituelle s’est déjà emballée, en oubliant très vite l’histoire d’origine : celle de son prédécesseur, Richard Reid, ceinturé le 21 décembre 2001 à bord du Vol 63 d’American Airlines (par un journaliste de Canal +) dans un vol avec la même tentative avortée d’explosion. Reid, relié paraît-il à un ordinateur déniché au Pakistan sous le nom d’Abdul Rauff… qui serait plutôt le fameux Rachid Rauf, ce « boulanger-chimiste » qui avait échappé à la police pakistanaise en demandant d’aller faire sa prière… ou d’aller manger un hamburger, selon la version officielle assez changeante, et qui ne donne plus signe de vie depuis qu’on l’a annoncé lui aussi « Prédatorisé »… Richard Reid, qui avait tenté de prendre l’avion à Roissy, sans aucun bagage, en réglant en liquide comme notre jeune nigérian (1800 euros !) et avait été entendu tellement longtemps la veille par la police française qu’il avait dû prendre le vol suivant…. Reid, un sans le sou habitué des vols longues distance, et ami de … Zacharias Moussaoui. Et de Jerôme Courtailler, de St Pierre-en-Faucigny, dans les Alpes, placé lui aussi sur la liste de la CIA des terroristes, et converti à l’islam par Djamel Beghal. Bref, difficile à croire que toute cette faune soit totalement inconnue des services de la CIA ! Ou alors c’est à désespérer de l’agence qui devrait logiquement être la mieux renseignée au monde, vu l’équipement qu’elle possède et son nombre d’agents… des « nazes » ou des petits malins manipulateurs ?

A lire en effet le nombre d’articles le lendemain en revanche sur le « jeune héros ayant sauvé l’avion« … Jasper Schuringa, oh là, on se dit que la machine à gros mensonges a été bien vite remise en marche ! Et à puissance maxi avec le phénomène Schuringa ! Un gars venu sur les plateaux télé raconter qu’il vait dû « sauter au dessus de passagers » restés bien passifs (?) (animation 3D déjà faites à l’appui ! ) et bien indifférents (? ?) pour sauver quasiment le monde, et accessoirement l’appareil d’un embrasement complet, et qui parade deux jours après avec deux petits sparadraps seulement au bout des doigts…. Non, franchement, le story-teller est à nouveau passé par là ! « Le héros du vol 253 s’est brûlé les mains en tentant de déjouer l’attentat  » peut-on lire aujourd’hui partout. « Mes mains sont gravement brûlées », a-t-il affirmé depuis à CNN, « ajoutant que même si toute cette histoire l’a secoué, il est heureux d’être en vie », … en serrant ostensiblement ces deux fameuses mains de sauveteur-héros l’une contre l’autre devant les caméras, et en croisant même les doigts avec vigueur (en oubliant qu’elle avaient des brûlures « graves« , sans doute…). Non, décidément, à trop en faire… on finit par mentir effrontément. A citer à plusieurs reprises le mot « suspect« , également, ce qui peut aussi paraître surprenant dans sa bouche (il ne travaille pas dans la police, mais parle comme elle !). Surtout si c’est dans la catégorie « héros » qu’affectionne tant le public américain, de deux ans d’âge mental, on le sait. Il fait encore deux prestations, le nouvel héros, et il aura droit à sa place dans un scénario de film façon Vol 93, pour sûr, aux côtés de Bruce Willis ou de Chuck Norris ! Il ne va pas y échapper, c’est évident ! En prime, si Twitter s’en mêle…

Détail à connaître sur la profession de Jasper Schuringa. Il est… metteur en scène et réalisateur, dans le civil… il a signé notamment « The Significance Of Seventeen« . Un nanar sur le rôle des songes, des pressentiments et des chiffres bizarres prémonitoires. On ne sait pas si le chiffre 253 fait partie de ses rêves, mais bon… c’est celui du vol en tout cas. Et pas celui de son compte en banque... visiblement ! « Selon des blogs américains spécialisés, ce Néerlandais aurait touché 10.000 dollars pour le témoignage qu’il a fourni à CNN, et ne s’exprimera désormais qu’en échange d’une contrepartie financière. » Amusant : quand j’ai commencé à rédiger cet article, c’est plutôt moi qui ai eu un pressentiment, à regarder attentivement ses (fort petites) bandelettes !

Mais cela, bien amené, bien martelé et bien mis en scène aide bien à faire peur et à renforcer les contrôles ! ou à raviver les contraintes ! Ou a viser clairement cette fois…. un autre pays, le Yemen, tant on insiste depuis l’arrestation du jeune kamikaze sur ce pays, précisément ! La BBC pouvait bien titrer le 24 décembre, la veille de l’attentat : « Le Yemen, la nouvelle frontière de la guerre à la terreur »…. c’était pile avant la tentative… avec une phrase qui résonne très fort au milieu : « c’est un terrain fertile pour Al-Quaida »… rappelant aussi habilement que plus de 50% des prisonniers de Guantanamo étaient des Yeménites… ce que tout le monde avait oublié ! C’est un peu aussi l’histoire de la BBC annonçant la chute de la tour du WTC7 alors qu’elle est encore debout qui recommence : la veille de l’attentat perpétré par quelqu’un ayant séjourné au Yemen, on affiche un texte affirmant que le Yemen est un repère d’islamistes pro Al-Quaida prêts à faire des attentats !!! Le service de presse de la CIA, a voulu trop en faire, est allé trop vite il semble là… sans oublier les sempiternels joueurs de tambour… républicains, déjà à entonner le laxisme de la CIA façon Panetta et le manque de réaction de Barack Obama… leur vitesse à débouler est plus que suspecte, surtout concernant Pete Hoekstra, l’homme étant plus de connivence avec la branche neo-con subsistante de la CIA.

Car dans l’exemple récent, on retombe sur les mêmes encore une fois : une dépêche d’agence en date du 26 décembre 2009 nous apprenait en effet que « le républicain Pete Hoekstra, qui siège à la Commission du Renseignement de la Chambre des représentants, suggère quant à lui que l’homme aurait pu être en contact avec l’imam américain (qui vit aujourd’hui au Yémen) Anwar al-Aulaqi, également cité dans l’affaire du massacre de Fort Hood (Texas). Il a déclaré à l’AFP que « la question qui devra être soulevée est la suivante : est-ce que cet imam au Yémen a été suffisamment influent pour convaincre des gens d’attaquer de nouveau les Etats-Unis ». Or cet Hoesktra, on en avait déjà ici tiré le portrait peu flatteur : c’était celui qui orchestrait la campagne de Rick Santorum… et celui qui avait remplacé Peter Goss : rien que le fait de venir « expliquer » aussi vite la récente tentative d’attentat discréditait cette dernière sur le champ ! Ces gens-là sont toujours à entonner la même trompette !!! Au même moment, on apprenait la mort de l’imam concerné…. abattu par une rafale de missiles Hellfire, tirés d’un drone Predator... au Yemen, bien entendu !!! Pensez-donc, c’est idéal ça : voilà que l’homme qui aurait influencé le militaire américain, cet aumônier islamique qui a tiré sur ses collègues, qui aurait déjà été lui aussi volatilisé : même Tarantino, qui ne rêve que de vengeance dans tous ses films, n’aurait pu imaginer pareil scénario express !

Quant au jeune homme lui-même, auteur de la dernière tentative rocambolesque, plus ratée encore que Reid et sa chaussure de l’enfer, d’il y a 8 ans déjà, il faisait depuis longtemps le sujet idéal pour un kamikaze manipulé : son père lui-même avait averti les autorités américaines de sa possible et fort probable dangerosité ! Ou alors, c’est à croire qu’ à l’ambassade d’Abuja, il n’y aucun service… de la CIA. Ce que personne ne peut croire… à moins que l’ambassade ne possède elle aussi aucune archive : le 6 septembre 2007, cette même ambassade avertissait les américains résidant dans le pays d’une attaque potentielle d’Al Qaida visant leur personne (*1) ! Qu’on ne nous fasse pas croire en 2009 qu’au Nigeria il n’y a plus trace de CIA… et que les vieilles habitudes prises là-bas n’existent plus non plus. L’arrivée au pouvoir d’Olusegun Obasanjo, juste après l’assassinat de Muritala Mohammed le 13 Février 1976, tout le monde s’en souvient, pourtant… comme étant bien l’œuvre de la CIA (*2) ! Un Obasanjo si proche du pouvoir US, au plus haut niveau(*3)… un ami, même, de Robert MacNamara (*4).

« Le père d’Umar, un ancien ministre nigérian et banquier réputé, a également pris contact avec des agences de sécurité étrangères pour qu’elles apportent « leur aide et ramènent Umar chez lui ». L’ancien ministre a ainsi signalé la radicalisation de son fils à l’ambassade américaine du Nigéria, en novembre dernier,  » nous apprend aujourd’hui le Figaro : sachant les liens directs entre la CIA est les ambassades US, expliqués en long et en large dans cette longue saga, on ne peut en conclure qu’une seule chose une nouvelle fois : on savait, à la CIA, mais on a laissé faire un gamin… instrumentalisé, sans aucun doute.

Quant au pentaerythritol nitré utilisé par notre bien jeune terroriste… du PETN (ou penthrite), il a déjà été cité car c’était le même matériau que celui qu’avait utilisé le fameux Richard Reid. Qui avait échoué de la même façon, car pour faire exploser ce genre de matériau, il lui faut un détonateur initiateur de déflagration : une simple mise à feu ne suffit pas, car il faut monter rapidement à 175°C minimum ! Sous une couverture, ça semble difficilement réalisable ! Or visiblement, l’homme n’en possédait pas sur lui, de piles ou de détonateur (qui auraient été détectés à Shipol) ! A Londres, c’était du triacetone triperoxide ou TATP qui avait fait partie de l’arsenal des inculpés de tentative d’attentat : celui où il faut un établi de chimiste pour bien doser ! La penthrite est bien plus sujette encore au choc ou à la friction (ou aux décharges électrostatiques !) que le TNT : or on parle ce soir encore dans les journaux télévisés de « vêtements enduits« … (« Selon un témoignage concordant des enquêteurs, cité par la chaîne de télévision américaine ABC, le suspect portait 80 grammes de cette penthrite cousus dans ses sous-vêtements ») ce qui ne colle pas davantage à l’organisation d’un attentat à la penthrite portée sur des vêtements ! Notre jeune nigérian a faux sur tous les tableaux, mais il aura désormais le temps de songer à ceux qui lui ont recommandé la méthode, sans doute, avec les années de barreaux qui l’attendent. Des islamistes extrémistes qui conseillent une méthode qui a déjà échoué… ça doit se faire rare, sur le marché, ou alors on a affaire à de sacrés entêtés. Comme aurait pu le dire Audiard, c’est à ça qu’on les reconnaît, sans doute…. un site de crash aérien parle de « crétin de la semaine », remarquez (voir la copie écran en bas de l’article)….

Bref, cette histoire de très jeune convaincu qui clamait partout son radicalisme islamiste, même à sa famille, qui ne l’a pas supporté et l’avait carrément dénoncé à l’ambassade US, et qui se retrouve à refaire la même tentative que celle dont on sait qu’elle ne peut pas marcher, pardonnez-moi, mais j’ai beaucoup de mal à y croire… Les Etats-Unis ont investi dans le pays 70 millions de dollars pour faire la course aux terroristes (*5), utilisent depuis peu des drones armés comme au Pakistan, débusquent au radar sophistiqué les combattants d’Al-Quaida, signifient à leurs employés sur place de faire attention… et auraient mis au panier à leur ambassade même une demande d’un père accusant son fils d’être très certainement d’Al-Quaida, au point de le soupçonner lui-même de préparer des attentats ? A qui va-t-on cette fois essayer de faire avaler ça ? Pete Hoekstra, qui siège à la Commission du Renseignement, connaît obligatoirement des gens de la CIA… et il doit savoir ce qu’il en est exactement de ce cas !

Car de toute façon, on ne peut y croire tel quel pour une raison encore plus simple. Ce matin même, un spécialiste d »Al-Quaida, Jean-Pierre Filiu, auteur du livre « Les neuf vies d’al-Qaida » avait énoncé dans le Figaro un principe majeur vérifiable historiquement. A la question « Faut-il s’attendre à une revendication qui confirme l’appartenance d’Abdulmutallab à al-Qaida ? » il avait répondu clairement : « J’en doute. Al-Qaida ne revendique jamais ses échecs« . Or ce soir, bingo, un groupe »de la péninsule arabique » (Al-Qaeda in the Arabian Peninsula (AQAP) a revendiqué l’attentat… au nom d’Al-Quaida. Ne cherchons pas plus loin : il est aussi précisé que cette revendication n’est pas arrivée toute seule sur nos écrans : « Un communiqué découvert par le centre américain de surveillance des sites islamistes SITE » nous dit le Figaro. Or, vous savez ce qu’on peut en penser de ce site. Enfin pas ici, puisque les deux articles où j’expliquais son très étrange fonctionnement ne sont pas parus, pour les mêmes éternelles raisons ici sur Agoravox, où l’on a pas le droit d’évoquer le nom de son dirigeant… Sur Cent Papiers, vous pouvez allez les lire, et vous apercevoir de la manipulation fondamentale que le SITE exerce sur la communication des islamistes. Ma conclusion est donc simple pour deux raisons, donc : cette revendication est du bidon intégral, et si elle l’est, c’est aussi parce que la tentative elle-même est grotesque et bidonnée. Comme est grotesque la mise en scène des quatre barbus (non, pas les chanteurs !) censés représenter le mouvement de l’Aquap. Une mise en scène avec surimpression de logo… dessiné façon As-Sahab, le studio vidéo censé être celui d’Al-Quaida au Pakistan, et qui pourrait très bien être celui d’Intel Center (voir les deux articles de Cent Papiers, pour les liens IntelCenter et le Memri ou le SITE !).

On ferait bien aussi de s’interroger sur la composition de cet avatar yéménite d’Al-Quaeda, avec un ancien marchand de tapis devenu chef de guerre, Abu Basir Nasir al-Wuhayshi (Nasser al-Wahaishi), ancien de…Guantanamo, libéré en 2007 et remis aux autorités…. saoudiennes pour un camp de « rééducation » paraît-il ! Ici le troisième à droite, avec à ses cotés à l’extrême droite de la photo Said al-Shihri, lui aussi libéré de Guantanamo en 2007 (il y portait le N°372). Abu Hareth Muhammad al-Awfi, lui aussi sorti de Guantanamo (N°333) est au centre gauche, à l’extrême gauche c’est Qassim al-Raimi. Abu Hareth Muhammad Al-’Awfi, le plus poseur des quatre, qui s’est rendu depuis aux Saoudiens, en mai dernier, après que ces derniers aient menacé sa famille. A ce jour, on explique difficilement les liens entre l’Arabie saoudite et ces leaders libérés… avant l’arrivée au pouvoir d’Obama, sur qui est déjà en train de retomber le problème !!!

Dans le journal (anglais) le Telegraph, on trouve cette phase étrange, après tout un article décrivant la similitude complète entre les deux attentats ratés de Reid et d’Abdul Mutallab : « malgré l’échec des deux attentats, la tentative démontre que les supporters d’Al-Quaida sont constamment en train d’inventer de nouvelles façons d’attaquer l’Ouest, avec comme cibles préférées les lignes aériennes » (*6). C’est le même scénario, à la chaussure près, et se serait une « nouvelle façon » de faire ? Ce garçon aurait dû être sur des listes de personnes à surveiller, il l’a certainement été, mais on dit l’inverse, officiellement. Il se retrouve à tenter quelque chose qui a déjà été tenté et a déjà échoué. Et vient d’un pays où l’on cherche à étendre la chasse à l’islamiste radical à coups de drones. Etranges coïncidences, non ?

Ironiquement, une publicité s’affiche depuis hier dans les journaux en ligne US : » la CIA. L’œuvre d’une nation. Le centre du renseignement »… je la fais figurer en bas de ce texte. La maison a vraiment besoin de redorer son blason auprès de ses concitoyens ! Demain, si vous le voulez-bien, nous allons parler téléphonie et moyens de communications au sein d’Al-Quaida. Là encore, ça réserve quelques surprises, avant d’arriver à notre cas spécial, celui qui faire croire à la CIA qu’il avait décrypté quelque chose… qui n’existait pas. L’homme qui a littéralement pigeonné « l’œuvre d’une nation » pendant plusieurs années. On reste dans le mensonge, car nous sommes toujours sur les suites du 11 septembre en effet…

(1) The embassy also asks Americans to « report specific incidences of targeted violence to the U.S. Embassy in Abuja or the U.S. Consulate General in Lagos. »

(2) « When Muritala Mohammed was killed on 13 February 1976, suspicions were widespread that the CIA had a hand in assassination. This much is reflected in a secret report prepared by the U.S. Information Agency, the propaganda office that oversees VOA broadcasts and U.S. Information Service (USIS) installations around the world. The USIS 1976 Country Plan for Nigeria, declassified only five years ago, acknowledged that the political climate in Nigeria following Mohammed’s assassination had been one of « uncertainty, distrust and suspicion. » It further advised, « Charges of U.S. (CIA) backing for the attempted coup were prevalent [and] the Chancery and all USIS posts were physically attacked. »

(3) « To track the careers of the high-ranking U.S. policy makers of the 1970s into the present time is to follow a sequence of bizarre coincidences — or perhaps something far more sinister. It is here that Obasanjo’s ties to the « inner circle » in Washington and New York become apparent. »

(4) « Ironically, a key actor in the Haiti-CIA saga was none other than Obasanjo’s prestigious colleague at the Leadership Forum, Robert McNamara. Indeed, McNamara was part of a group of U.S. foreign policy elites who met with Aristide immediately after his election, portraying him to U.S. officials as another Fidel Castro — and « vehemently anti-American. »

(5) « Yemen is one of the poorest countries in the Arab world with almost half its 24 million people living below the poverty line and an authoritarian government that has failed to win the trust of a substantive part of its own population.This makes fertile ground for al-Qaeda ».

(6) « Although both attacks failed, the plots demonstrate that al-Qaeda and their supporters are constantly inventing novel ways of attacking the west, with airlines being their favourite target. »

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Classé dans Six de l'Hexagone, Stéphane Bouleaux

De victor Jara à Guantanamo : la même CIA (43)

La CIA, disait-on dans l’épisode précédent, s’était donc aussi posée sur une minuscule île à quelques encablures des Etats-Unis. Pas n’importe laquelle : celle juste en face de Cuba, à quelques centaines de miles seulement de la Floride. Un état américain dont nous avons déjà amplement parlé dans cette saga, où il joue un rôle éminent. Dans un reportage plutôt racoleur de Mirror TV, la chaîne liée au journal à scandale anglais, on avait entr’aperçu un pilote, Mark Wierdak, annoncé ce jour là comme s’appelant Mark Mikarts, expliquant que oui, c’était bien celui-ci, l’avion des terroristes en effet, ici, chez Huffman Aviation, en Floride. Un homme curieux, qui était également instructeur et volait aussi à quelques kilomètres de là, au Sarasota-Bradenton Airport, aux commandes des avions d’une compagnie intitulée Agape Flights, dont le siège est à Venice, en Floride, habituée à faire un vol par semaine, pas plus, vers la République Dominicaine, Haïti ou les Caraïbes, au nom d’une mission évangélique. Le surnom du service collé au fronton du hangar loué 2 114 dollars par mois affichait : « Wings of Love« . Avec un nom pareil, se dit-on, tout devait y baigner dans la ferveur et les petits oiseaux… détrompez-vous !

Un peu trop idyllique, cette vision, en effet : une rapide enquête démontrait que le groupe évangélique travaillait étroitement avec le « Summer Institute of Linguistics », ou « SIL International », une association sœur de la « Wycliffe Bible Translators« , dont le but est de traduire la Bible pour les minorités. On la trouve présente au Brésil, en Equateur, au Mexique et au Panama, et à un degré moindre en Colombie et au Pérou. Or cette fameuse SIL avait été décrite en détail en 1976 par deux journalistes, Gerard Colby and Charlotte Dennett (*1), comme étant une entitée masquant des activités plus que douteuses, sous l’influence de la CIA, révélées au fameux Church Committee du sénat US. Parmi les découvertes montrées aux sénateurs, le fait de posséder une radio fort particulière, la « Jungle Aviation and Radio Service » (ou JAARS), qui permettait au SIL d’échanger des données cryptées à l’insu des gouvernements qui l’hébergaient. L’outil idéal pour la contre-insurrection et l’espionnage ! Parmi les supporters de la SIl et ces principaux donateurs, les deux journalistes trouvèrent (*2) la Standard Oil of New Jersey, la famille Pew, créatrice de la Sun Oil Company (Sunoco) et des Pew Charitable Trusts, la famille Rockfeller, mais aussi la « US Agency for International Development » (USAID), encore elle, et les militaires, avec leurs dons de matériels. L’un des plus actifs penseurs jusque les années 1950, chez Rockfeller, était John Mott, prix nobel de la paix en 1946, continuateur des  « Student Volunteer Movement for Foreign Missions » créées en 1886, en fait aussi un millénariste qui souhaitait évangéliser le monde en une seule génération. Vaste programme, et vaste ambition.

Les avions d’Agape étaient pilotés par des pilotes expérimentés, dont Steve Huisman, le fils d’un évangéliste de la Wycliffe Bible Translators, justement, qui travaillait en même temps pour Dynamic Aviation. installée à Bridgewater en Virginie. Un double emploi, pour un agent double ? Très certainement, car Dynamic Aviation est une firme très, très, spéciale, en fait, volant régulièrement vers l’Afghanistan, équipée d’avions épandeurs et doté d’une flotte conséquente de King Air A90 (U-21), bizarrement équipés de moyens de détections dignes de ceux utliisés par l’armée américaine en Irak et en Afghanistan. La firme en avait racheté en 1996 à l’armée US un stock de 124 exemplaires datant de la fin ces années 60. Des modèles similaires à ceux rencontrés chez Agape Flights, comme par hasard. Une société qui volait donc fort peu, malgré des avions performants entreposés dans un hangar où il était quasi impossible de pénétrer, comme le racontait l’infortunée Agnes Imregh, d’origine hongroise, dont le Mooney N4126H de 1979 avait été réparé sur le petit aéroport de Floride.

La patronne dynamique de NEC USA avait eu un mal fou à récupérer son appareil, en raison de la surveillance excessive à l’endroit où il était garé : dans le hangar d’Agape Flights, justement. La pauvre n’aura pas de chance et se tuera à l’atterrissage le 4 juin 2007 à Canton, dans le Massachusetts. Un aéroport connu des lecteurs d’Agoravox : c’est à quelques kilomètres de là que Mike Connell avait vu son appareil exploser. L’enquête sur le crash Agnes Imregh accusera le réglage de trim défaillant de l’aileron de queue, selon elle mal fait lors des dernières réparations… C’est fou ce à quoi peut tenir parfois la disparition de personnes qui ont vu trop de choses qu’elles ne devaient pas voir…

Des avions qui ne volent pas ou volent peu (certains se crashent parfois quand même comme le 20 décembre 2007) des hangars loués chers et fort surveillés, des avions symptomatiques de ceux qu’utilisent la CIA en Colombie ou en Afghanistan et des pilotes qui font aussi des trajets sur d’autres appareils vers ce même Afghanistan : que fait exactement et véritablement Agape Flights, difficile à dire, tant son fonctionnement aérien demeure opaque. Ce que beaucoup ont du mal à comprendre à propos d’Agape, c’est l’idée de vols coûtant entre 6000 et 8000 dollars au seul prix du kérosène pour porter des lettres à des missionnaires haïtiens, alors qu’UPS ou DHL font ça partout dans le monde à un coût nettement moindre (*3) ! En tout cas, les pistes non préparées ne font pas peur à ces pilotes chevronnés… comme ici au Guatemala. A les voir se poser de la sorte, la suspicion devenait forte. A regarder de plus près leurs vols, ont croit comprendre… (*4)

D’autant plus que d’autres société aériennes sont sur les rangs, dont CFI et la Mission Aviation Fellowship MAF, par exemple, ou même Tortug Air et ces Let et l-410 Turbolet polonais. Ces derniers enregistrés au Swaziland ! La MAF, implantée dans plusieurs pays dans le monde se vante de possèder en 2008, 122 appareils, d’avoir fait 88 200 vols représentant 6,7 million de miles, et ayant transporté 245 687 passagers et 19, 8 million de livres US de cargaison. Grâce notamment à son avion particulier, le Kodiak. L’avion de l’évangélisation par excellence, béni par le JAARS, Inc (émanation de la Wycliffe Bible Translators) et la SIL. La Kodiak, le livreur de Bibles dans le monde ! A la MAF, pour le service vers Haïti, on trouve rien de moins que trois Kodiaks, un Cessna 182 et trois Cessna 206 ! A voir l’importance de la flotte, on se demande bien pourquoi créer à côté une société spécialisée qui fasse la même chose, pour aussi peu de vols : à moins que ce ne soient des vols… bien particuliers !

Car la CIA, depuis longtemps, nous apprend un livre remarquable s’est en effet infiltrée partout dans la société à Haïti. La raison est simple : en face, il y aCuba, ne cherchons pas plus loin. Pour y arriver, à déstabiliser un pays, on le sait, la drogue est le meilleur moyen : le Sénat américain avait découvert dans les années 90 que les trafiquants colombiens fournissaient 100 millions de dollars par an au lieutenant-colonel Joseph Michel François et son l’organisation paramilitaire, le FRAPH (Front Révolutionnaire Armé pour le Progrès d’Haïti). Joseph Michel François était l’homme qui avait renversé Aristide. Ayant fui le pays en 1994, parti se réfugier à San Pedro Sula au Honduras, devenu soi-disant simple gérant de magasin de meubles, l’homme n’avait pas perdu ses habitudes et avait en particulier réussi à faire passer en contrebande 33 tonnes de cocaïne et d’héroïne aux Etats-Unis, à partir de son aéroport privé en Haïti. La drogue étant fournie par les trafiquants colombiens, et les américains l’avaient arrêté en 1997 seulement : mais la justice hondurienne l’avait juste après relâché. Comme par hasard. Or, pour ces trafics, il a bien fallu utiliser des avions : mais lesquels ? Ceux des chefs de la mafia colombienne, par définition d’apparition fantômatique, où ceux plus discrets de petites sociétés faisant régulièrement un trajet précis ? Des trafics en constante augmentation en réalité. En 2007, le trafic vers la République Dominicaine et Haïti (en fait la même île d’Hispaniola) prenait en effet des proportions inquiétantes, selon CNN. Le long d’une route de la drogue, bien balisée : la Colombie, puis le Venezuela, après Porto-Rico ou Haîïi, et … la Floride (on y revient !). Des vols ont lieu tous les jours, et la route de la drogue est effectivement archi connue … mais personne ne semble vouloir sérieusement endiguer le flot de cocaïne déferlant vers la Floride… pourquoi, mystère… et CIA !

Des vols tel celui en 2006 de l’infortuné Huisman à bord de son fameux Beechcraft King Air 90. Parti selon ses dires avec un avion transportant des mouches stérilisées (une des grandes particularités de Dynamic Aviation, elles sont destinées à protéger les cultures fruitières, en s’accouplant avec celles qui dévorent les fruits, sans fabriquer de descendance !). Un vol plutôt étrange, car parti en plein ouragan Alberto en train de s’approcher de la Floride. Comme le fait justement remarquer le journaliste d’investigation Daniel Hopsicker, qui a suivi le cas dans le détail, qu’avait-il donc de plus important à faire ou à transporter que cela, ce jour-là ? L’avion s’était crashé près de Tampa, en pleine tempête. Un père de quatre enfants de moins de dix ans aurait pris des risques pareils pour transporter de simples mouches stériles ? Et pourquoi donc, au sein de sa société, aussi peu de vols, et des hangars si verrouillés ? A l’ère de l’avion partout, pourquoi donc chez une aussi petite organisation entretenir un parc d’avions pareil, une opération coûteuse, pour transporter des « messages  » à ses missionnaires ? Et pourquoi donc utiliser les mêmes appareils que ceux d’une entreprise autant mêlée au Pentagone, voire les mêmes pilotes ? Non, décidément, les « vols de l’amour » cachent bien quelque chose. Pour le découvrir, il faut retourner quelques années en arrière…

En 2004, l’ancien chef de la police d’Haïti, Guy Philippe, avait fomenté un coup d’état contre Aristide revenu au pouvoir : (ce n’était pas le premier, déjà en 2000 il avait fait de même) et tous les hommes qu’il avait recrutés avaient été entraînés en Equateur par les US Special Forces de 1991 à 1994. L’homme sanguinaire avait deux héros : Ronald Reagan et Augusto Pinochet. L’armée américaine venait de distribuer 20 000 M-16 à l’armée dominicaine, et les complotistes venus par cette frontière en étaient tous équipés. Des M-16, des M-60 et des bazookas et des missiles capables de descendre les hélicoptères gouvernementaux. Ceci pour la piétaille, mais au niveau des responsables sur place, le procédé était différent. Lors de la tentative de coup d’état de Phiilippe, l’armée Haïtienne avait arrêté un citoyen américain, un évangéliste, James White Glenn, en l’accusant d’avoir importé illégalement des armes et des uniformes dans le pays. Une importation faite sous la couverture « d’une mission humanitaire protestante pour qui travaillait Glenn » indiquait la police. Quelques précisions plus loin on apprenait que « Pour mémoire, le missionnaire américain James Glenn White a été appréhendé la main dans le sac, le 9 mai dernier aux Gonaïves par la police haïtienne. M. White a déclaré aux autorités policières que la cargaison d’armes saisie était destinée au pasteur Luc Joseph, qui serait un membre influent du MOCHRENAH ». Les fouilles de la police ont permis de découvrir un véhicule appartenant à M. White à la résidence du Pasteur Luc Joseph aux Gonaïves ». Le Morchrenah, ou « Mouvement Chrétien pour une nouvelle Haïti« , James White Glenn faisant partie, lui, de « Sharing the Vision« , une association humanitaire visitée régulièrement par les avions… de l’Agape. Le 7 juillet de l’année, il était expulsé du pays. Mais son départ révélait d’autres noms de personnes impliquées dans la tentative de prise de pouvoir. Notamment un autre missionnaire américain.

« Dans le décor des événements de Saint-Marc, il convient de souligner la présence d’un missionnaire de nationalité américaine en croisade, le pasteur Terry Snow qui a été l’un des principaux informateurs de la NCHR, Coalition Nationale pour les Droits des Haïtiens (devenu depuis Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH). Qui est ce Terry Snow, la bonne personne, au bon moment, à la bonne place pour donner à la NCHR tous les éléments d’informations controuvées pour le montage du scénario. En tout cas, sa description répond à toutes les caractéristiques d’un agent de la CIA. Un autre pasteur également de nationalité étasunienne, originaire de l’Indiana, nommé James Glenn White, avait été surpris en train de débarquer, le 9 Mai 2003 aux Gonaïves un « container » avec des armes de guerre et des munitions, dont un hélicoptère à téléguidage. Il avait été arrêté et sous la pression de l’Ambassade des Etats-Unis à Port-au-Prince, il fut libéré et rapatrié dans son pays d’origine où il a regagné sa base aux Etats-Unis ». Snow, fondateur du YWAM Haiti (Youth With a Mission) avait écrit « Taking the High Places : Haiti » en 2007…. à propos de son organisation, Youth With a Mission, dont le siège Haïtien est situé à… Fort Lauderdale, en… Floride (alors que sa branche dominicaine réside dans le pays !).

En fait, à Haïti, les américains ont depuis abandonné les coups d’état foireux et préfèrent faire une autre révolution de velours, en travaillant plutôt les entrepreneurs locaux pour en faire une force d’opposition.. et renverser à nouveau Aristide, poussé vers la sortie le 29 février 2004 par ses incroyables et terribles exactions dans le pays. (il vit depuis réfugié en Afrique du Sud). « Dans un article intitulé ‘The other regime change’ (L’autre changement de régime) publié en juillet 2004 par le site web salon.com, le journaliste nord-américain Max Blumenthal révèle comment l’International Republican Institute (IRI), une « fondation politique sans but lucratif », fortement subventionnée par la USAID et représentée dans l’île infortunée par Stanley Lucas, a dirigé l’opération anti-Aristide. Dans cette besogne, l’IRI a reçu l’appui inconditionnel d’un noyau d’extrême droite du parti Républicain étroitement lié à George W. Bush dans lequel Caleb McCarry semble jouer le rôle clé » (*5) . L’IRI, et les liens avec le premier ministre haïtien, Michèle Pierre Louis, une économiste qui a longtemps dirigé « Fokal », une fondation dédiée aux programmes sociaux. Or cette fondation a été avant tout financée par George Soros. Tiens, le revoilà, après l’Iran et la Moldavie… on prête à l’IRI, le 18 décembre 2002 d’avoir payé le déplacement en avion d’une cinquantaine de conspirateurs en République dominicaine pour préparer la prise de pouvoir envisagée. Par des vols discrets, bien entendu…

En 2008, un des autres mercenaires ayant tenté le coup d’état de 2004, « Toto » Constant, réfugié aux Etats-Unis où il était devenu millionnaire, avait être condamné à New-York à 30 ans de prison fini par (mais pas pour ses exactions en Haïti !). Parmi ses complices mercenaires, Louis Jodel Chamblain, « chef paramilitaire de sinistre réputation » en fait le créateur du FRAPH, après avoir fait un cours séjour en prison a été libéré en 2005. En revanche, Jean Tatoune (de son vrai nom Jean Pierre Baptiste) qui s’était échappé lui en 2002 des prisons Haïtiennes, a été lui aussi condamné en 2004 avec de nombreux mercenaires. A la tête de la CIA haïtienne, McCarry (*6) n’est autre que le fils de Charles McCarry, un auteur de romans… membre lui aussi de la CIA. Jean Pierre Baptiste et « Toto » Constant, avaient reconnu lors de leur procès faire partie de la CIA et de travailler directement sous les ordres de Caleb McCarry. Lui-même donc obligatoirement appointé à l’agence de renseignements US.

« En ayant recours à d’ex-militaires, à des sbires et des délinquants pour déstabiliser Jean-Bertrand Aristide, Caleb McCarry a été l’artisan de la situation actuelle des droits de l’homme dans ce pays des Caraïbes, qualifiée de « catastrophique » par l’ONU. L’ex-fonctionnaire du parti Républicain, lié aux services de renseignement nord-américains, est celui qu’a choisi George W. Bush pour mettre à exécution le dernier plan d’annexion de Cuba mis de l’avant par l’Administration et la mafia de Miami » disait fort justement Jean-Guy Allard. Carry nommé à son poste en 2005 par Condelezza Rice, et qui est toujours chargé d’annexer un jour Cuba, à la mort de Castro, est en même temps membre du bureau de Creative Associates International(CAII), une association censée promouvoir la femme dans le monde et dont 90% des fonds provient.. d’USAID ! Elle a été active au Nicaragua pour aider directement les Contras, a participé au coup d’état contre Aristide en Haïti, et on la retrouve aujourd’hui en Irak et en Afghanistan… censée s’occuper là-bas de l’éducation.

Au Pakistan on la retrouve aussi, et sous le couvert cette fois d’une action humanitaire dont les membres évangélistes n’étaient autres que des employés de… Blackwater ! Nous vous en avions déjà parlé ici-même ; en citant le nom de l’individu : Craig Davis et la même organisation, la Creative Associates International(CAII). En résumé, c’est USAID qui payait les mercenaires de Blackwater au Pakistan ! Tout se passe donc comme si on avait deux gouvernements aux USA : un officiel, qui nie toute ingérence au Pakistan ou en Haïti, et un parallèle, qui s’y active sous couvert d’organisations humanitaires déguisées employant souvent des mercenaires ou des paramilitaires. Cela sans l’aval quelconque du Congrès ou du Sénat, tenus bien à l’écart de ces opérations douteuses.

Car Haïti, comme beaucoup d’autres endroits dans le monde, a été et est encore le lieu même du déchirement entre le gouvernement américain et.. la CIA. On possède en effet un exemple historique, en Haïti, de la différence de position d’un président, à l’époque Bill Clinton, et celle du représentant sur place de la CIA, opposé aux décisions gouvernementales. La scène se passe en 1993, où Bill Clinton, assisté par le sénateur Jesse Helms, très conservateur (surnommé « mister no ») et alors à la tête du très influent Senate Foreign Affairs Committee propose pour préparer le terrain du retour d’Aristide d’envoyer U.S.S. Harlan County avec des troupes Canadiennes à bord pour former et « professionnaliser l’armée d’ Haïti. Ce qui n’était pas du goût de John Kambourian, alors chef de la CIA sur place. Ce dernier organisa à l’aide des mercenaires du FRAPH et de ses sinistres et sanguinaires Macoutes une série de manifestations de force…. avec force journalistes malmenés : résultat le transport de troupes fit demi-tour et Aristide dû attendre encore (il reviendra le 15 octobre 1994, protégé par plus 20 000 soldats américains) : il existe bel et bien un gouvernement officiel, et un « invisible », celui de la CIA, aux Etats-Unis. A l’époque déjà, tous les rapports énonçaient une profonde infiltration de la police Haïtienne par la CIA (*7).

Helms, ouvertement raciste, et toujours ségrégationniste, était également à la tête du « Subcommittee on Western Hemisphere Affairs ». Il était bien caché derrière les opérations haïtiennes : il avait aussi été un des ardents supporters de Roberto d’Aubuisson au Nicaragua et avait participé à l’opération de détournement des élections dans le pays, organisée par la CIA. Lui-même un « Southern Baptist », il était aussi à la tête du mouvement des chrétiens de droite, et avait fondé le Camp Willow Run centre d’endoctrinement religieux de la jeunesse US : tout se tient en ce qui le concerne. Il était notamment fort proche de Jerry Falwell, l’évangéliste en cheville en Floride avec Wallace J. Hilliard, le financier de la Huffman Aviation. On retombe sur… Mohammed Atta et sur la circulation de drogue via un jet cette fois. Celui d’Hilliard. Bien connu des lecteurs d’Agoravox…. et de cette longue série !

(1)  » Dennett was also a veteran journalist, having recently been stationed in Beirut, where she covered the civil war then raging in Lebanon. The authors found SIL a veritable empire whose missionary activities spanned every country in the Amazon basin, with a network of bases that look more like picket-fenced American suburbia than the frontier outposts for the global economy that they actually are. SIL even has its own air force and communications system, the Jungle Aviation and Radio Service (JAARS), which permits it to act virtually independently from the governments of the countries where it operates. After years of research, Colby and Dennett found a number of irrefutable links between SIL and US counterinsurgency operations. Among these, SIL agressively denied that the native peoples of Brazil and Guatemala were being slaughtered by the military regimes of their countries ; it allowed its base in the Ecuadoran Amazon to be used by Green Berets who were combing the Western Amazon for signs of armed insurgency ; and it assisted the Peruvian air force, which had napalmed the Mayoruna and Campa Indians ».

(2) « If Colby and Dennett had limited themselves to just exposing SIL, Thy Will be Done would still have been a formidable journalistic achievement. But the authors went on to research the American institutions, private and governmental, that provided support for SIL’s mission. These included Standard Oil of New Jersey ; the Pew family, creators of the Sun Oil Company (Sunoco) and the Pew Charitable Trusts, the US Agency for International Development, and the US military through its donations of surplus military equipment. Although they could find no smoking gun directly linking the CIA to SIL, they did find several circumstantial and indirect links, such as financial support from a foundation that was later exposed as a CIA front and the fact that JAARS’s top pilot, Lawrence Montgomery, was on the Agency’s payroll. »

(3) « With the price of aviation gasoline today, it costs them between $6000 and $8000 just to fly down and back to Haiti. And for what ? A couple hundred bucks worth of toasters ?”

(4) « While working to keep key Haitian military and political leaders in power, the CIA turned a blind eye to their clients’ drug trafficking. In 1986, the Agency added some more names to its payroll by creating a new Haitian organization, the National Intelligence Service (SIN). SIN was purportedly created to fight the cocaine trade, though SIN officers themselves engaged in the trafficking, a trade aided and abetted by some of the Haitian military and political leaders. »

(5) « Le premier ministre sortant, Michèle Pierre Louis, une économiste de 62 ans, a longtemps dirigé Fokal, une fondation (financée par la fondation de George Soros) qui a multiplié les programmes sociaux. » Plusieurs diplomates avaient exprimé leur préoccupation avant le vote contre Mme Pierre-Louis, qui avait gagné la confiance des bailleurs de fonds. La secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton, avait même téléphoné au président Préval pour renouveler le soutien des Etats-Unis à Michèle Pierre-Louis, selon le Miami Herald. Plusieurs sénateurs réputés proches du chef de l’Etat ont mis en cause la gestion d’un fonds d’urgence de 197 millions de dollars accordés par le gouvernement vénézuélien dans le cadre du programme Petrocaribe après les dévastations provoquées par quatre ouragans en 2008″.

(6) « La cérémonie de nomination de McCarry a eu lieu au Salon des traités de l’édifice Harry S. Truman au Département d’Etat, en présence de deux éminents membres de la mafia de Miami, le sénateur Mel Martinez, mentor du Cuban Liberty Council, dont les membres se distinguent pour leurs liens avec le terroriste international Luis Posada Carriles, et Lincoln Diaz-Balart, le congressiste furibond qui se vante de ses relations privilégiées avec les cercles les plus fanatiques de la Floride du sud. »

(7) « Unfortunately for the would-be putschists, a sector in the U.S. Embassy alerted Haitian authorities about the seditious meetings at Douyon’s home, according to our source. This leak reflects theexistence of two factions in the U.S. government : the official government and the invisible one (the Pentagon and CIA), which is often referred to in Haiti as the « laboratory. » This « invisible government » is represented by politicians like Sen. Jesse Helms (R-NC), head of the Senate Foreign Affairs Committee. One of the most well-known feats of the « laboratory » was the turning-around on Oct. 14, 1993 of the U.S.S. Harlan County carrying U.S. and Canadian troops sent by President Bill Clinton to « professionalize » the Haitian Army and prepare the ground forAristide’s Oct. 30, 1993 return. But John Kambourian, the CIA station chief in Haiti at that time, orchestrated on the Port-au- Prince wharf with his FRAPH and Macoute henchmen a snarling « show of force, » in which some journalists and some cars were kicked. The troop carrier turned back, Aristide’s return was called off, and Clinton lost face ».

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Classé dans Six de l'Hexagone, Stéphane Bouleaux

De victor Jara à Guantanamo : la même CIA (42)

La CIA a donc recruté un peu partout, cherchant dans les pays où elle désirait s’implanter le bon levier pour soulever la bonne porte. Si l’humanitaire a été un excellent moyen pour espionner, la religion en a offert un autre, tout aussi efficace. On a vu que la CIA s’était appuyée sur la candeur des Mormons pour en faire de dociles cobayes pour expérimenter des produits dangereux pour l’être humain. En mélangeant les deux notions, et en regardant en détail une autre façon de voir l’aide humanitaire, mâtinée de bons sentiments religieux, on obtient « l’arme sacrée de la CIA ». La mission humanitaire religieuse infiltrée. Une pratique née aux alentours des années 70, et dont l’initiateur s’appelait Bush, le père de l’autre, G.Bush Senior, bien aidé par ses ardents supporters de la National Association of Evangelicals (NAE). En public, tous deux dénonçaient toute ingérence entre politique extérieure, bien sûr, mais en privé les deux passaient des accords secrets pour que des espions de la CIA infiltrent discrètement les missionnaires, avec leur plein accord (*1). En 2008 encore, on trouvait par hasard des traces de cette infiltration dans une étrange association humanitaire évangélique installée en Floride, possédant des avions pour livrer des médicaments ou des biens d’équipement dans des pays défavorisés d’Amérique du Sud ou en Haïti. Des avions ayant pour base le même aéroport que celui ou Mohammed Atta avait pris des leçons de pilotage. Le monde de la CIA, vu sous cet angle, peut paraître bien petit en effet. Et l’emprise de la CIA en Floride bien importante.

C’est dans les années 80 qu’on a commencé à s’apercevoir du procédé, grâce à un magazine religieux assez ouvert, Christian Century, qui dénonçait plutôt vertement la mainmise de la CIA sur des organisations humanitaires religieuses, dont notamment World Vision, la « Southern Baptist Convention’s Foreign Mission Board » et même « Habitat for Humanity ». Selon le magazine, resté depuis fort viigilant, ces organisations étaient toutes très proches du gouvernement, un lien qui perdure encore de nos jours et qui relie également à l’autre organisation dénoncée dans l’épisode précédent (*3) : ainsi, le Dr Robert Seiple, qui a été à la tête de World Vision de 1987 à 1998 fut nommé par Clinton à la tête de l’ International Religious Freedoms, organisme d’état (*4). Son adjoint de 1993 à 1998, Andrew S. Natsios prenant alors la tête d’USAID. World Vision semble avoir exercé une influence assez particulière disons sur ses membres : Mark David Chapman, l’assassin de John Lennon, et John Hinckley, l’homme de la tentative d’assassinat de Reagan étaient tous deux membres du mouvement… et Hinckley, en 1978, s’était même inscrit au National Socialist Party of America… le parti néo-nazi américain. A leur propos revient souvent le nom du programme MK-ULTRA dont nous avons déjà parlé ici. Les deux hommes auraient en effet subi un véritable lavage de cerveau sectaire. Le père d’Hinckley, décédé récemment en 2008, était un membre éminent et très actif de World Vision et en même temps... un officier important de la CIA, un républicain tendance fort droitière, ardent supporter de H.W. Bush, tout en dirigeant son entreprise de pétrole, Hinckley Oil, devenue plus tard la Vanderbilt Energy Corporation. World Vision sentait le soufre, c’est une évidence, mais l’association a traversé le temps et les tempêtes médiatiques. « Bâtir un meilleur monde pour les enfants » est toujours sa devise aguicheuse. Au temps de Reagan, World Vision s’intéressait davantage aux réfugiés cubains qu’aux enfants du monde entier. C’était la principale source d’informations de la CIA sur l’île de Castro, en réalité, via les réfugés castristes, qui ont toujours reçu les soins attentifs de la CIA. Et les enfants, détournés, tout simplement !

Pour « Habitat for Humanity », l’histoire est différente. C’est un crash d’avion encore un qui révèle les accointances de l’association dont le but était de construire des maisons pour les plus démunis, aux Etats-Unis comme à l’étranger. Le 27 août 2006, l’avion de Patrick Smith, un Bombardier CRJ-100ER du vol Comair Flight 191 (Delta Connection Flight 5191) avec 47 passagers à bord avait raté son décollage de Lexington dans le Kentucky, en s’étant trompé de piste (le pilote avait pris la trop courte, les deux pistes n’étant pas éclairées !). Patrick Smith était le co-fondateur d’Habitat for Humanity, avec Millard Fuller (disparu en février 2009), qui venait juste d’être débarqué le 9 mars 2005 pour harcèlement sexuel (des faits pas véritablement prouvés, aux dires de certains, il semblait surtout qu’il aît été la victime de fortes rivalités internes dans l’association). Fuller avait été invité auparavant par G.W.Bush à participer à sa « Religion Initiative », un ThinkThank dédié à promouvoir la religion qui avait fait grand débat. L’entreprise, avec Fuller débarqué et Smith mort dans un accident, se retrouvait quasiment sans direction, et vacillait, les plus anciens affiliés étant même sur le point de se révolter. Des anciens qui commençait à raconter un peu partout les accords passés avec World Vision pour promouvoir les élites religieuses dans le pays… ou dans d’autres, où les deux associations étaient amenées à travailler. Plus que du prosélytisme religieux ; les deux annonçaient un anticommunisme viscéral et la promotion des valeurs de la pire droite républicaine, notamment sur l’avortement.

Ces chamailleries internes étalés au grand jour firent que la presse s’emparait du problème, montrant par la même l’emprise évidente de membres du gouvernement sur ces différentes associations et les liens étroits qu’elles entretenaient avec le pouvoir. Car le hic, c’est que dans le staff d’Habitat for Humanity, association avant tout religieuse, on trouvait un bon nombre d’épouses de membres du gouvernement, dont Alma Powell et Stephanie Glakas-Tenet (son mari étant alors le patron de la CIA !), et même Laura Bush, la propre femme du président ainsi que Janet Huckabee, la femme du candidat malheureux de 2008. Au sein de l’organisation on trouvait aussi Nabil Abadir , CEOSS (Coptic, Evangelical Organization for Social Services) du Caire en Egypte, ou encore Henry Cisneros, l’ancien maire de San Antonio, Texas, l’ ancien secrétaire d’Etat au logement de 1993 à 1997, qui avait dû quitter son poste pour avoir été surpris à donner de l’argent public à son ancienne maîtresse (mais avait obtenu le pardon de Clinton en 2001, qui avait aussi accordé la Presidential Medal of Freedom à Fuller…). L’ex-président Carter, président évangéliste (c’est un « Southern Baptist » ), est très impliqué dans le mouvement HFH. Le nouveau président nettement moins, tout en faisant bonne figure pour les médias. Quand on l’avait vu au début de son mandat donner un coup de rouleau à peinture, c’était en effet pour HFH. Pour des maisons pas toujours habitables quelques années après… mais bon, c’est un autre problème. La CIA avait aussi infiltrée HFH, qui en 2003 était active dans 92 pays. Une CIA un peu plus transparente parfois dans d’autres associations évangéliques, car dirigées par d’anciens de la maison… invisible..

Pour la « United Methodist Church » (*5) c’est en effet un ancien de la CIAMark Tooley, lui même croyant, mais de droite prononcée, qui avait mené la charge inverse dès 1981, en accusant l’église à laquelle il appartenait pourtant d’être devenue une simple « courroie de transmission du communisme« . Derrière Toley se profilait tout ce qu’il pouvait y avoir comme droite raciste et anti-avortement en réalité regroupée sous la bannière de l’Institute on Religion and Democracy (dont il est devenu finalement président en 2009). En réalité, Tooley roulait pour David Horowitz, un agnostique passé de la gauche à la droite la plus conservatrice, raciste et anti-étudiant, chaud partisan d’un Israël fort et isolé. En 2009, Tooley prenait de façon étonnante le parti de la torture pour les prisonniers de Guantanamo, en expliquant que d’autres pays tels la Corée du Nord, la, Chine, et Arabie Saoudite la pratiquaient ! On était très loin des préceptes de Jésus, là. Sidéré, le truculent San Francisco Weekly avait fini par trouver le bon surnom de l’association de Tooley : cétait bien devenu en effet « l’institut de la haine« ….

La présence de membres de la CA au sein des organisations humanitaires, voilà qui n’est pas sans rappeler notre grand ami Mike Connell, et son appartenance active à l’association « Serving Christ through His Poor«  fondée en 2005, et qui elle bâtit des maisons au Salvador. On pouvait en voir les pratiques « dans une scène hallucinante (la troisième) de prière collective de fin de travaux humanitaires« , disais-je ici même. « A la fin de la scène, écoutez bien le responsable de l’association s’enquérir non pas du bien être de la (vieille) personne aidée mais bien du fait d’avoir pris des photos et une vidéo de la remise de la croix à la malheureuse ! C’est de mauvais goût et c’est une absence de respect notable. Sur le site de son entreprise, Connell raconte son action de bienfaiteur, mais aussi son appartenance aux « Chevaliers de Colomb » »… Connell venait de monter en grade dans l’organisation et venait tout juste d’être promu « grand chevalier » ! » Un Connell dépêché au Salvador, et certainement pas pour n’y faire que de l’humanitaire avais-je alors relevé : « car au Salvador encore, voler les élections est un sport national depuis les années 90. (*6) « Connell est-il là aussi allé mettre son grain de sel informatique« , disais-je encore. Dans ce cas, il n’aurait pu être guidé sur place que par… la CIA. Qui, en ce qui le concerne, semble bien s’être passé de ses services.

Et si l’on résume, pour faire dans l’humanitaire « présentable », aux USA, il vaut mieux en effet être membre d’une association religieuse et également posséder des talents de pilote. Et posséder, pourquoi pas, le même modèle d’avion « standard » que celui des opérations de la CIA en Amérique du Sud, genre celui de Dyncorp en Colombie, dont vous connaissez bien le look désormais. Un bon vieux Cessna 208B, dont le coffre de sous-fuselage se prête à toutes les manipulations (ça ou un solide bimoteur comme le Beechraft E-90 version cargo). Eh bien, ça tombe bien : une organisation de ce type, on en a trouvé une. En Floride, sur les mêmes pistes où s’était entraîné Mohammed Atta et son coéquipier Marwan Al-Shehhi. Un bien curieux hasard encore une fois. Et une fort curieuse organisation, il est vrai, là aussi.

Cette fois, la CIA va nous emmener dans une toute petite île, où avait abordé un jour Christophe Colomb. « la Española ». Etrange rappel de l’histoire. La CIA aura véritablement marqué son époque, c’est sûr.

(1) « Incidentally, it was George Bush Sr who in his first action as the new CIA director declared on February 11, 1976, that he would ban the practice of enlisting “clergymen and newsmen as intelligence agents. » But this was just public grandstanding, doublespeak to save the CIA not only from embarrassment, but protect its operations in Latin American countries such as Guatemala, Nicaragua and El Salvador ».

(2) « In the 1980s, Christian Century magazine published a series of articles demonstrating that several well-known missionary organizations — including the famed World Vision — provided cover for CIA personnel operating in faraway lands ».

(3) « World Vision had a hand in the movement of the Cubans into the United States and other refugees of revolutionary regimes. When you’re a refugee you’re cut loose, basically, and pretty much fair game to be manipulated by whoever is willing to give you a hand because you don’t have a home or any place to stay and somebody has got to accept you.

World Vision was able to recruit out of these mercenary populations, people who could be politically turned to their intelligence purposes.

(4) « World Vision, the world’s largest Christian church mission agency, has traditionally been closely linked with successive American governments. The former US Ambassador for International Religious Freedoms, Dr Robert Seiple, was World Vision chief for 11 years till 1998 when he was picked by former president, Bill Clinton, to head the office of International Religious Freedoms. Around the period when Seiple was the president of World Vision, its vice-president from 1993 to 1998 was Andrew S. Natsios. He is now the administrator of the US Agency for International Development (USAID). For more than 40 years, USAID has been the leading government agency providing economic and humanitarian assistance to developing countries ».

(5) « The church was supporting (1) Marxist guerrilla movements in Central America ; (2) violent revolution in southern Africa ; (3) halting U.S. defense programs ; (4) government-funded abortion ; (5) expanding the role of the federal government in the lives of ordinary Americans. He then asked, « Did membership in the United Methodist Church require loyalty to a political program of the far left ? » Tooley, who learned his trade of dirty tricks in the CIA, did not—and could not—document any of these assertions. »

(6) « El Salvador is still ruled by a few rich families who use rigged elections, corrupt police and unrelenting violence to maintain their power, and who are supported by the U.S. military-intelligence complex. His characters see El Salvador as an eventual staging ground for a U.S. invasion of Venezuela to oust President Hugo Chavez and seize the oil resources there.« 

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Classé dans Six de l'Hexagone, Stéphane Bouleaux

Les bien-pensants

Par Philippe David. Le Minarchiste Québécois.

Big Government

Laissez-moi vous poser une simple question. Si vous avez le choix entre faire vos propres choix et en accepter les conséquences, bonnes ou mauvaises, ou de laisser quelqu’un vous imposer un choix; lequel préférez vous?

Cette question est importante parce qu’il existe plein de gens qui croient que vous n’êtes pas capable de prendre vos propres décisions et donc qu’ils doivent prendre ces décisions à votre place pour votre plus grand bien. Ces personnes y croient tellement, qu’elle n’hésiteront pas à utiliser le gouvernement pour vous forcer à adopter un comportement qu’elles souhaitent vous voir adopter comme quoi manger, quelle genre d’éducation vos enfants devraient avoir, etc. Comme si vous n’étiez pas compétent pour prendre ces décisions et comme si eux savent ce qui est bon pour vous ou votre famille.

Je ne sais pas pour vous, mais ce genre de chose tend à m’irriter. Qui sont ces gens qui prétendent être mieux qualifiés que nous qu’ils croient avoir le droit de choisir à notre place et de nous imposer ce choix selon leur propres valeurs? Car selon eux le gouvernement peut tout faire. Peut tout solutionner. Vous allez avoir le sourire toute la journée parce que comme le Slap Chop, le gouvernement promet de régler tous vos problèmes! Parce que naturellement, vous êtes des incapables et sans lui, vous ne sauriez mettre un pied devant l’autre. Pendant que vous vivez sous l’illusion que ce gouvernement bienfaisant veille sur vous, il vous saigne à blanc.

Chaque fois que le gouvernement s’immisce dans nos vies, il nous prive de notre libre-choix. Parce que le gouvernement paie pour nos soins de santé, il a le droit de nous dicter ce que nous devons manger, où et quand nous pouvons fumer (si nous pouvons fumer), si nous devons porter des casques protecteurs, une ceinture de sécurité et naturellement, il doit contrôler la vente de boissons alcooliques et faire la guerre aux drogues. Le gouvernement doit aussi nous donner la permission de partir en affaires, de faire des rénovations sur notre propre propriété, même quand on peut ou ne peut pas tondre son gazon. Parce qu’il paie pour l’éducation de nos enfants, il dicte également ce que nos enfants doivent apprendre ou ne pas apprendre et quand ils iront à l’école (même la fin de semaine), peu importe que nous soyons d’accord ou non, parce que bien sûr, les bien pensants pensent que les enfants appartiennent à l’état et non à leur parents. Il peut également vous dicter avec qui vous pouvez vous marier. Bientôt, il viendront vous forcer à installer des fenêtres éco-énergétiques et poser des panneaux solaires et des éoliennes sur vos toits. Pourquoi pas? Ils veulent bien vous dicter quelles ampoules mettre dans vos lampes. Parce que le gouvernement doit absolument vous sauver de vous-même. Ils veulent votre bien et ils vont l’avoir.

Il n’y a que deux façons d’obtenir quelque chose de quelqu’un: par la coopération volontaire ou par la force. À mon sens, il n’y a qu’une seule de ces méthodes qui préserve les droits et libertés de l’individu. La force du gouvernement existe pour nous protéger des autres, pas de nous-même. La vie comporte toujours des risque et c’est à nous, pas au gouvernement d’évaluer si ces risques sont acceptables pour nous. Le gouvernement doit être notre serviteur et non notre maître. L’histoire a maintes fois démontré que les gouvernements sont de dangereux serviteurs et des maîtres impitoyables. Si vous les laissez gérer vos vies, vous deviendrez leurs esclaves. Nous avons plus besoin d’être protégés de notre propre gouvernement, que de nous-mêmes ou de toute menace extérieure. C’est pourquoi nous avons des chartes de droits et libertés et des constitutions. Mais même ces documents ne peuvent nous protéger si les politiciens cessent de les respecter et que la cour et la presse, leur chiens de garde, regardent de l’autre côté ou même se rangent de leur côté.

Une société juste ne peut pas reposer sur l’usage de la force pour imposer une vision des chose compatible avec la pensée de l’élite au détriment des masses. Une société juste doit au contraire promouvoir la coopération entre individus et non l’imposer. C’est d’ailleurs infiniment arrogant que de croire qu’une personne, ou une poignée de personnes puissent avoir LA solution pour tout le monde. La société est composée d’abord et avant tout d’individus ayant des besoins et des intérêts différents. Il n’existe pas de solutions qui puissent plaire à tous. Il n’est écrit nulle part non plus qu’on ne puisse pas appliquer plusieurs solutions différentes au même problème. Il existe d’ailleurs plein de gens qui s’appliquent à trouver ces solutions et qui n’ont pas voix au chapitre par ce qu’elles ne sont pas conformes aux désirs de l’élite. Nous devons donc redéfinir le gouvernement et limiter, et non étendre son pouvoir. L’état ne doit pas être l’outil de l’élite bien pensante, mais le protecteur du peuple.

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Classé dans Actualité, Philippe David