Les conversations téléphoniques de Ben Laden et de ses sous-fifres captées et décryptées depuis toujours, que ce soit par téléphone satellitaire ou portable, on se demande ce que vient faire un jour un individu, qui débarque à la CIA en affirmant qu’il possède les dates et les emplacements des futurs attentats des artificiers Al-Quaida, car il a décrypté leur méthode spéciale de communiquer entre eux. Bluffant ! Selon lui, ils annoncent même la longitude et la latitude, et la date de l’événement ! Epoustouflant ! Tout le monde s’interroge immédiatement sur ce nouveau lecteur de boule de cristal. Enfin tout le monde les quelques pontes qu’il vient de berner ! Un véritable magicien, qui va leurrer la CIA pendant des mois en lui soutirant de l’argent avec sa méthode bidon. Jusqu’au jour où on va apprendre que ce qu’il avait découvert était du flan complet, et que surtout on lui avait ouvert des portes qu’on n’aurait jamais dû lui ouvrir. A moins de faire de l’individu véreux concerné un complice, ce que des faits de corruption manifeste démontrent. Au sein de la CIA, on n’a eu de cesse de vous le dire, il existe un bon nombre de personnes prêtes à tout pour s’enrichir, tant l’organisme reçoit un argent dont l’utilisation est encore loin d’être soumise à vérification. L’exemple du troisième de l’organigramme de l’agence, Dusty Foggo, aujourd’hui emprisonné, n’avait donc pas suffi : retour sur les détournements de fonds et les bobards utilisés comme arme politique au sein de l’agence américaine, décidément bien mal en point. En somme, on a eu droit à l’adaptation américaine d’un grand classique français, pour une fois : le film sur les célèbres avions renifleurs *.
On en est donc là, à cette évidente duplicité, renforcée par le allégations récentes sur les manipulations de certains attentats en Irak, parmi les plus meurtriers (imputés tout d’abord à des« forces étrangères » par Maliki, « en raison du C4 », un explosif militaire, découvert sur place, pour avouer après avoir des complicités dans la police elle-même !) quand on apprend, il y a fort peu de temps, qu’un individu aux Etats-Unis à réussi pendant des mois à soutirer de l’argent à des agents de la CIA en faisant croire à un bobard inimaginable. Celui selon lequel il avait découvert un moyen extrêmement sophistiqué et subtil avec lequel Al Quaida communiquait à ses troupes les objectifs à viser et les moyens à utiliser pour les atteindre… Bien meilleur que les téléphones, et surtout indétectable, sauf bien entendu par notre héros ! Avec l’idée développée par le New-York-Times comme quoi les américains entendaient tout des conversations téléphoniques des leaders visés depuis au moins 2002, on ne voit pas très bien à quoi rime cette annonce… ils possédaient depuis longtemps l’origine des téléphones portables d’Al-Quaida : tous fonctionnaient sous cartes prépayées Swisscom !
En fait un bobard complet, qui semble pourtant avoir marché auprès d’investigateurs de la CIA, qui ont couru des mois derrière, en abreuvant leur direction de rapports sur la crédibilité de ce racontar. Obligeant parfois leur direction, dans le flou complet, de prendre des décisions arbitraires, notamment d’empêcher des décollages d’avions susceptibles d’être atteints par des attentats. Souvenez-vous c’était en en Angleterre, notamment, où British Airways, alerté par une possible menace, interrompait tous ses vols, causant une panique et un chaos indescriptibles dans les aérogares anglais. Air France avait fait de même. Combien de familles se sont retrouvées à attendre avec des enfants en bas âge un vol annulé ? A maudire obligatoirement un Ben Laden rendu responsable de leur déconvenue ? Comment fabrique-t-on la haine d’un individu, sinon avec de pareilles pratiques ? Comment obtient-on l’assentiment indirect à une guerre peu enthousiasmante, sinon en déclarant qu’une terrible menace planait sur tous les vols transatlantiques anglais ? une menace, on le sait aujourd’hui… totalement inexistante !
L’homme ira même faire dire à Tom Ridge, responsable du Homeland Security que « selon une source sûre, une menace sérieuse existait.. d’un niveau plus élevé que celui du 11 septembre » ce même Ridge, enfumé jusqu’au trognon par son propre gouvernement (ou les dossiers fallacieux de la CIA et leurs « sources sûres », ces faux code-barres !), qui finira par avouer (tardivement) « qu’un bon nombre de menaces avaient été largement exagérées », en juillet 2009, lâchant ainsi définitivement celui qui l’avait nommé à la place. La menace évoquée par Dennis Montgomery, à l’origine du bobard, il est vrai, et à ranger dans le grand spectacle et le ridicule qui va avec : celui qui dirigeait une société informatique du Nevada, alors plutôt en déconfiture, a eu un jour l’idée saugrenue, (en 2002), de contacter la CIA pour lui présenter le résultat de ces étonnantes et fumeuses investigations (*1). Selon lui, en effet, les chefs d’Al-Quaida communiquaient d’une bien étrange façon qu’il était bien entendu le seul à savoir décrypter, grâce à son logiciel maison. Selon ses élucubrations, Ben Laden, c’est simple, truffait les vidéos d’Al-Jazeera de code-barres donnant les indications codées sur les objectifs à atteindre ! Suffisait de savoir les décrypter ! La longitude et la latitude des attentats prévus figurait dans le code-barre ! C’est cette histoire débile de code-barres qui avait bloqué tous les vols et forcé Ridge à un commentaire qui restera dans l’histoire au même rang que les WMD de Colin Powell à l’ONU !! Ils avaient commencé dans le mensonge, ils l’ont… entretenu !
On est pas loin du surréalisme ou des théories subliminales les plus farfelues, mais ses délires ont obtenu l’oreille attentive d’agents de la CIA… ou plutôt d’une direction bienveillante qui lui a allongé les dollars sans discuter, pour pousser plus loin ses recherches. On se croirait vraiment en France sous Giscard avec les avions renifleurs * ! L’homme n’avait jamais arrivé à reproduire devant des officiels l’exemple tortueux qu’il avait fabriqué, mais il n’empêche, il avait été crû sur parole, et avait hérité d »un contrat mirobolant à la clé (*2) ! Son logiciel miracle était paraît-il le seul à savoir lire ces messages cachés, mais il n’en donnera jamais les sources ! Ce qui ne semblera pas inquiéter tant que ça la CIA ! Sans oublier qu’à l’autre bout, pour communiquer, il fallait le même décodeur sophistiqué, ce qui semble tout simplement irréalisable pour des terroristes disséminés un peu partout et n’ayant pas tous le degré de technicité requis pour interpréter les images ! « La menace plus élevée que celle du 11 septembre », un faux notoire ? Que penser alors de son original ? « Be a fraud, be a very fraud » titre Rachel Maddow sur Msnbc…. en affichant les faciès de Ridge, de Bush et de Cheney… « Plus c’est gros, plus ça passe… » pour résumer ! L’art de l’enfumage constant, le résumé des huit années de G.W.Bush au pouvoir ! Tout est faux depuis le début, et tous les jours on en trouve des preuves supplémentaires !
Ça semble incroyable, mais ça s’est effectivement passé comme ça. Au point que sur les indications (foireuses) du dénommé Montgomery, des vols transatlantiques de British Airways et même d’Air France ont bel et bien été annulés en décembre 2003, semant une pagaille mémorable dans les aéroports européens ! Un événement impensable, sauf si des « consultants » bien intentionnés avaient sorti auparavant d’autres théories alarmistes … se plaignant notamment de la sécurité dans les aéoports US ! C’est un procédé pourtant bien connu : pour avoir des Canadairs en plus, il vaut mieux avoir des incendies au départ. En informatique, on se doute depuis toujours que les fabricants d’anti-virus sont les mêmes que les hackers fabriquants de virus : ils fabriquent leur propre marché de sécurité : ici, le principe est le même. En France, Alain Bauer fait pareil en faisant peur aux municipalités pour mieux fourguer ses services sécuritaires. Et présidentiellement, une paire de banlieues qui brûlent en 2005 fabriquent un joli couvre-feu servant de tremplin à un Sarkozy-gendarme ! Même méthode, mêmes effets, même manipulation de l’opinion ! Attendons nous, après deux ou trois années de débat sur l’identité nationale, à marcher sur des braises juste avant 2012 !
En fait, même si le gouvernement US n’avait pas été totalement convaincu lui-même, le fait que les messages auraient été cachés dans les journaux télévisés Al-Jazeera, la qatarie, tombait pile : selon Donald Rumsfeld, la chaîne de TV était en effet « vicieuse » et présentait des « choses fausses et inexcusables« . Bref, l’hystérie neo-con dans toute sa splendeur sautait davantage sur l’occasion d’enfoncer le réel boulot d’information de la chaîne qu’autre chose (*3) ! Vade retro, Al-Jazeerah ! En ce sens, l’inventeur du procédé apportait une fière chandelle aux neo-cons, et c’est bien pour ça qu’il en a été gratifié, sans doute !
Quel intérêt à fomenter de telles fausses menaces ? Quel intérêt à vouloir autant tromper les gens ? Il y avait déjà les profiteurs de guerre, voici les provocateurs de pagaille ! Quel intérêt ? L’argent, toujours l’argent, bien entendu ! Si son auteur, Dennis Montgomery, a reconnu assez tardivement ( récemment, dans Playboy !) l’avoir fait dans le seul but d’être grassement rémunéré par la CIA sur ses prétendues révélations, en admettant aujourd’hui leur totale fausseté, l’histoire va bien plus loin encore dans le sordide, en révélant qu’il a profité bien davantage encore, et fait profiter d’autres de la candeur de la CIA ! En se vantant au passage de « fournir directement Dick Cheney » (*4). Mais de cela, nous parlerons demain si vous le voulez bien : Montgomery est une petite partie de l’iceberg des profiteurs de guerre et des pousse à la haine, une partie qui s’inscrit dans les manipulations du gouvernement US pour cacher l’usage de crédits « secrets » dans des opérations douteuses, devenues habituelles depuis la guerre froide. Cela fait cinquante ans que ça dure. D’aucuns, connus ici, seraient tentés ici de dire « on ne voit pas pourquoi ça changerait »… pour les profiteurs seuls, s’entend bien.
Une manne financière dans laquelle se sont engouffrés de véritables escrocs, devenus profiteurs de crédits de la CIA… vivant sur le dos du contribuable américain, ponctionné depuis des lustres au nom d’un adversaire inexistant, monté en épingle ou fabriqué de toutes pièces ! « Le pouvoir des cauchemars« …. savamment entretenu par quelques-uns, qui fait leur fortune personnelle et n’améliore en rien la paix dans le monde, bien au contraire…
(1) « A self-styled Nevada codebreaker convinced the CIA he could decode secret terrorist targeting information sent through Al Jazeera broadcasts, prompting the Bush White House to raise the terror alert level to Orange (high) in December 2003, with Tom Ridge warning of « near-term attacks that could either rival or exceed what we experience on September 11, » according to a new report in Playboy. »
(2) « A former CIA official went through the scenario with me and explained why sanity finally won out. F5rst, Montgomery never explained how he was finding and interpreting the bar codes. How could one scientist find the codes when no one else could ? More implausibly, the scheme required Al Jazeera’s complicity. At the very least, a technician at the network would have to inject the codes into video broadcasts, and every terrorist operative would need some sort of decoding device. What would be the advantage of this method of transmission ? »
(3) « Al Jazeera was an inspired target since its pan-Arabic mission had been viewed with suspicion by those who saw an anti-American bias in the network’s coverage. In 2004 Secretary of Defense Donald Rumsfeld accused Al Jazeera of “vicious, inaccurate and inexcusable” reporting. »
(4) “ He claimed he provided Cheney’s office with new output data on terror that would validate his work. He said the data, which had been encrypted in Al Jazeera, were the keys that allowed investigators to crack the liquid-bomb plot in London. ” Since 1996 the Al Jazeera news network had been operating in the nation of Qatar, a U.S. ally in the war on terror. Montgomery claimed he had found something sinister disguised in Al Jazeera’s broadcast signal that had nothing to do with what was being said on the air : Hidden in the signal were secret bar codes that told terrorists the terms of their next mission, laying out the latitudes and longitudes of targets, sometimes even flight numbers and dates. And he was the only man who had the technology to decrypt this code.
* l’histoire des avions renifleurs reposait sur une « invention » « d’ldo Bonassoli, un agriculteur italien autodidacte et Alain De Villegas, un riche aristocrate vivant en Belgique » et d’un avocat plutôt adroit, inscrit un temps au SDECE, Jean Violet. Les liens de Violet expliquent l’ampleur de l’escroquerie : « avec l’aide d’Antoine Pinay, du dirigeant d’UBS, de ses contacts parmi les anciens fonctionnaires des services secrets recyclés chez Elf (dont Jean Tropel, responsable de la sécurité au sein de l’entreprise) et dans la hiérarchie catholique (notamment le révérend père Dubois, dominicain français), il persuade Pierre Guillaumat, directeur d’Elf à ce moment, de réaliser des expérimentations. L’expérience débouche en 1975 sur un premier contrat pour le perfectionnement et le développement de l’appareil miraculeux. Le premier contrat représente 400 millions de francs de l’époque. Un deuxième contrat est signé en 1977, puis un troisième de 600 millions de francs en 1978. Au total, 1 milliard de francs sont engagés. Une partie de la somme servira aux pseudo-recherches, en particulier pour acquérir une flotte aérienne (dont un Boeing 707 (….) Jules Horowitz, physicien au Commissariat à l’énergie atomique, dévoile l’escroquerie par une astuce très simple. Les inventeurs ont l’habitude de démontrer l’efficacité de leur appareil en faisant apparaître sur l’écran un objet placé derrière un mur. Le professeur y dispose une règle.L’image de celle-ci apparaît effectivement, mais Jules Horowitz avait pris soin au préalable de la plier. Or elle apparaît droite sur l’écran. Cela prouve que l’image était une simple photo préalablement rentrée dans l’appareil ». Fin mot de l’histoire, révélé par le Canard Enchaîné le 21 décembre 1983 : « Les crédits ont été versés principalement à Fisalma, une société implantée à Panama et dont le fondé de pouvoir est Jean Violet. C’est cette société qui profitera des fonds détournés, et non les deux inventeurs. Or cet individu se trouve lié à un cercle de conservateurs défendant les valeurs de l’Occident et ayant en Italie des liens étroits avec des membres de la hiérarchie catholique (comme le cardinal Marcinkus). La justice italienne a plus tard mis au jour une organisation qui ressemble plutôt à une entreprise mafieuse. Cette affaire a fait également scandale ». L’air de rien, cette affaire ressemble beaucoup à celle décrite ici… l’argent avait été versé en abondance sans aucune vérification véritable !