Archives quotidiennes : 12 février 2010

De Victor Jara à Guantanamo, la même CIA (46)

Les conversations téléphoniques de Ben Laden et de ses sous-fifres captées et décryptées depuis toujours, que ce soit par téléphone satellitaire ou portable, on se demande ce que vient faire un jour un individu, qui débarque à la CIA en affirmant qu’il possède les dates et les emplacements des futurs attentats des artificiers Al-Quaida, car il a décrypté leur méthode spéciale de communiquer entre eux. Bluffant ! Selon lui, ils annoncent même la longitude et la latitude, et la date de l’événement ! Epoustouflant ! Tout le monde s’interroge immédiatement sur ce nouveau lecteur de boule de cristal. Enfin tout le monde les quelques pontes qu’il vient de berner ! Un véritable magicien, qui va leurrer la CIA pendant des mois en lui soutirant de l’argent avec sa méthode bidon. Jusqu’au jour où on va apprendre que ce qu’il avait découvert était du flan complet, et que surtout on lui avait ouvert des portes qu’on n’aurait jamais dû lui ouvrir. A moins de faire de l’individu véreux concerné un complice, ce que des faits de corruption manifeste démontrent. Au sein de la CIA, on n’a eu de cesse de vous le dire, il existe un bon nombre de personnes prêtes à tout pour s’enrichir, tant l’organisme reçoit un argent dont l’utilisation est encore loin d’être soumise à vérification. L’exemple du troisième de l’organigramme de l’agence, Dusty Foggo, aujourd’hui emprisonné, n’avait donc pas suffi : retour sur les détournements de fonds et les bobards utilisés comme arme politique au sein de l’agence américaine, décidément bien mal en point. En somme, on a eu droit à l’adaptation américaine d’un grand classique français, pour une fois : le film sur les célèbres avions renifleurs *.

On en est donc là, à cette évidente duplicité, renforcée par le allégations récentes sur les manipulations de certains attentats en Irak, parmi les plus meurtriers (imputés tout d’abord à des« forces étrangères » par Maliki, « en raison du C4 », un explosif militaire, découvert sur place, pour avouer après avoir des complicités dans la police elle-même !) quand on apprend, il y a fort peu de temps, qu’un individu aux Etats-Unis à réussi pendant des mois à soutirer de l’argent à des agents de la CIA en faisant croire à un bobard inimaginable. Celui selon lequel il avait découvert un moyen extrêmement sophistiqué et subtil avec lequel Al Quaida communiquait à ses troupes les objectifs à viser et les moyens à utiliser pour les atteindre… Bien meilleur que les téléphones, et surtout indétectable, sauf bien entendu par notre héros ! Avec l’idée développée par le New-York-Times comme quoi les américains entendaient tout des conversations téléphoniques des leaders visés depuis au moins 2002, on ne voit pas très bien à quoi rime cette annonce… ils possédaient depuis longtemps l’origine des téléphones portables d’Al-Quaida : tous fonctionnaient sous cartes prépayées Swisscom !

En fait un bobard complet, qui semble pourtant avoir marché auprès d’investigateurs de la CIA, qui ont couru des mois derrière, en abreuvant leur direction de rapports sur la crédibilité de ce racontar. Obligeant parfois leur direction, dans le flou complet, de prendre des décisions arbitraires, notamment d’empêcher des décollages d’avions susceptibles d’être atteints par des attentats. Souvenez-vous c’était en en Angleterre, notamment, où British Airways, alerté par une possible menace, interrompait tous ses vols, causant une panique et un chaos indescriptibles dans les aérogares anglais. Air France avait fait de même. Combien de familles se sont retrouvées à attendre avec des enfants en bas âge un vol annulé ? A maudire obligatoirement un Ben Laden rendu responsable de leur déconvenue ? Comment fabrique-t-on la haine d’un individu, sinon avec de pareilles pratiques ? Comment obtient-on l’assentiment indirect à une guerre peu enthousiasmante, sinon en déclarant qu’une terrible menace planait sur tous les vols transatlantiques anglais ? une menace, on le sait aujourd’hui… totalement inexistante !

L’homme ira même faire dire à Tom Ridge, responsable du Homeland Security que « selon une source sûre, une menace sérieuse existait.. d’un niveau plus élevé que celui du 11 septembre » ce même Ridge, enfumé jusqu’au trognon par son propre gouvernement (ou les dossiers fallacieux de la CIA et leurs « sources sûres », ces faux code-barres !), qui finira par avouer (tardivement) « qu’un bon nombre de menaces avaient été largement exagérées », en juillet 2009, lâchant ainsi définitivement celui qui l’avait nommé à la place. La menace évoquée par Dennis Montgomery, à l’origine du bobard, il est vrai, et à ranger dans le grand spectacle et le ridicule qui va avec : celui qui dirigeait une société informatique du Nevada, alors plutôt en déconfiture, a eu un jour l’idée saugrenue, (en 2002), de contacter la CIA pour lui présenter le résultat de ces étonnantes et fumeuses investigations (*1). Selon lui, en effet, les chefs d’Al-Quaida communiquaient d’une bien étrange façon qu’il était bien entendu le seul à savoir décrypter, grâce à son logiciel maison. Selon ses élucubrations, Ben Laden, c’est simple, truffait les vidéos d’Al-Jazeera de code-barres donnant les indications codées sur les objectifs à atteindre ! Suffisait de savoir les décrypter ! La longitude et la latitude des attentats prévus figurait dans le code-barre ! C’est cette histoire débile de code-barres qui avait bloqué tous les vols et forcé Ridge à un commentaire qui restera dans l’histoire au même rang que les WMD de Colin Powell à l’ONU !! Ils avaient commencé dans le mensonge, ils l’ont… entretenu !

On est pas loin du surréalisme ou des théories subliminales les plus farfelues, mais ses délires ont obtenu l’oreille attentive d’agents de la CIA… ou plutôt d’une direction bienveillante qui lui a allongé les dollars sans discuter, pour pousser plus loin ses recherches. On se croirait vraiment en France sous Giscard avec les avions renifleurs * ! L’homme n’avait jamais arrivé à reproduire devant des officiels l’exemple tortueux qu’il avait fabriqué, mais il n’empêche, il avait été crû sur parole, et avait hérité d »un contrat mirobolant à la clé (*2) ! Son logiciel miracle était paraît-il le seul à savoir lire ces messages cachés, mais il n’en donnera jamais les sources ! Ce qui ne semblera pas inquiéter tant que ça la CIA ! Sans oublier qu’à l’autre bout, pour communiquer, il fallait le même décodeur sophistiqué, ce qui semble tout simplement irréalisable pour des terroristes disséminés un peu partout et n’ayant pas tous le degré de technicité requis pour interpréter les images ! « La menace plus élevée que celle du 11 septembre », un faux notoire ? Que penser alors de son original ? « Be a fraud, be a very fraud » titre Rachel Maddow sur Msnbc…. en affichant les faciès de Ridge, de Bush et de Cheney…  « Plus c’est gros, plus ça passe… » pour résumer ! L’art de l’enfumage constant, le résumé des huit années de G.W.Bush au pouvoir ! Tout est faux depuis le début, et tous les jours on en trouve des preuves supplémentaires !

Ça semble incroyable, mais ça s’est effectivement passé comme ça. Au point que sur les indications (foireuses) du dénommé Montgomery, des vols transatlantiques de British Airways et même d’Air France ont bel et bien été annulés en décembre 2003, semant une pagaille mémorable dans les aéroports européens  ! Un événement impensable, sauf si des « consultants » bien intentionnés avaient sorti auparavant d’autres théories alarmistes … se plaignant notamment de la sécurité dans les aéoports US ! C’est un procédé pourtant bien connu : pour avoir des Canadairs en plus, il vaut mieux avoir des incendies au départ. En informatique, on se doute depuis toujours que les fabricants d’anti-virus sont les mêmes que les hackers fabriquants de virus : ils fabriquent leur propre marché de sécurité : ici, le principe est le même. En France, Alain Bauer fait pareil en faisant peur aux municipalités pour mieux fourguer ses services sécuritaires. Et présidentiellement, une paire de banlieues qui brûlent en 2005 fabriquent un joli couvre-feu servant de tremplin à un Sarkozy-gendarme ! Même méthode, mêmes effets, même manipulation de l’opinion ! Attendons nous, après deux ou trois années de débat sur l’identité nationale, à marcher sur des braises juste avant 2012 !

En fait, même si le gouvernement US n’avait pas été totalement convaincu lui-même, le fait que les messages auraient été cachés dans les journaux télévisés Al-Jazeera, la qatarie, tombait pile : selon Donald Rumsfeld, la chaîne de TV était en effet « vicieuse » et présentait des « choses fausses et inexcusables« . Bref, l’hystérie neo-con dans toute sa splendeur sautait davantage sur l’occasion d’enfoncer le réel boulot d’information de la chaîne qu’autre chose (*3) ! Vade retro, Al-Jazeerah ! En ce sens, l’inventeur du procédé apportait une fière chandelle aux neo-cons, et c’est bien pour ça qu’il en a été gratifié, sans doute !

Quel intérêt à fomenter de telles fausses menaces ? Quel intérêt à vouloir autant tromper les gens ? Il y avait déjà les profiteurs de guerre, voici les provocateurs de pagaille ! Quel intérêt ? L’argent, toujours l’argent, bien entendu ! Si son auteur, Dennis Montgomery, a reconnu assez tardivement ( récemment, dans Playboy !) l’avoir fait dans le seul but d’être grassement rémunéré par la CIA sur ses prétendues révélations, en admettant aujourd’hui leur totale fausseté, l’histoire va bien plus loin encore dans le sordide, en révélant qu’il a profité bien davantage encore, et fait profiter d’autres de la candeur de la CIA ! En se vantant au passage de « fournir directement Dick Cheney » (*4). Mais de cela, nous parlerons demain si vous le voulez bien : Montgomery est une petite partie de l’iceberg des profiteurs de guerre et des pousse à la haine, une partie qui s’inscrit dans les manipulations du gouvernement US pour cacher l’usage de crédits « secrets » dans des opérations douteuses, devenues habituelles depuis la guerre froide. Cela fait cinquante ans que ça dure. D’aucuns, connus ici, seraient tentés ici de dire « on ne voit pas pourquoi ça changerait »… pour les profiteurs seuls, s’entend bien.

Une manne financière dans laquelle se sont engouffrés de véritables escrocs, devenus profiteurs de crédits de la CIA… vivant sur le dos du contribuable américain, ponctionné depuis des lustres au nom d’un adversaire inexistant, monté en épingle ou fabriqué de toutes pièces ! « Le pouvoir des cauchemars« …. savamment entretenu par quelques-uns, qui fait leur fortune personnelle et n’améliore en rien la paix dans le monde, bien au contraire…

(1) « A self-styled Nevada codebreaker convinced the CIA he could decode secret terrorist targeting information sent through Al Jazeera broadcasts, prompting the Bush White House to raise the terror alert level to Orange (high) in December 2003, with Tom Ridge warning of « near-term attacks that could either rival or exceed what we experience on September 11, » according to a new report in Playboy. »

(2) « A former CIA official went through the scenario with me and explained why sanity finally won out. F5rst, Montgomery never explained how he was finding and interpreting the bar codes. How could one scientist find the codes when no one else could ? More implausibly, the scheme required Al Jazeera’s complicity. At the very least, a technician at the network would have to inject the codes into video broadcasts, and every terrorist operative would need some sort of decoding device. What would be the advantage of this method of transmission ? »

(3) « Al Jazeera was an inspired target since its pan-Arabic mission had been viewed with suspicion by those who saw an anti-American bias in the network’s coverage. In 2004 Secretary of Defense Donald Rumsfeld accused Al Jazeera of “vicious, inaccurate and inexcusable” reporting. »

(4) “ He claimed he provided Cheney’s office with new output data on terror that would validate his work. He said the data, which had been encrypted in Al Jazeera, were the keys that allowed investigators to crack the liquid-bomb plot in London. ” Since 1996 the Al Jazeera news network had been operating in the nation of Qatar, a U.S. ally in the war on terror. Montgomery claimed he had found something sinister disguised in Al Jazeera’s broadcast signal that had nothing to do with what was being said on the air : Hidden in the signal were secret bar codes that told terrorists the terms of their next mission, laying out the latitudes and longitudes of targets, sometimes even flight numbers and dates. And he was the only man who had the technology to decrypt this code.

* l’histoire des avions renifleurs reposait sur une « invention » « d’ldo Bonassoli, un agriculteur italien autodidacte et Alain De Villegas, un riche aristocrate vivant en Belgique » et d’un avocat plutôt adroit, inscrit un temps au SDECE, Jean Violet. Les liens de Violet expliquent l’ampleur de l’escroquerie : « avec l’aide d’Antoine Pinay, du dirigeant d’UBS, de ses contacts parmi les anciens fonctionnaires des services secrets recyclés chez Elf (dont Jean Tropel, responsable de la sécurité au sein de l’entreprise) et dans la hiérarchie catholique (notamment le révérend père Dubois, dominicain français), il persuade Pierre Guillaumat, directeur d’Elf à ce moment, de réaliser des expérimentations. L’expérience débouche en 1975 sur un premier contrat pour le perfectionnement et le développement de l’appareil miraculeux. Le premier contrat représente 400 millions de francs de l’époque. Un deuxième contrat est signé en 1977, puis un troisième de 600 millions de francs en 1978. Au total, 1 milliard de francs sont engagés. Une partie de la somme servira aux pseudo-recherches, en particulier pour acquérir une flotte aérienne (dont un Boeing 707 (….) Jules Horowitz, physicien au Commissariat à l’énergie atomique, dévoile l’escroquerie par une astuce très simple. Les inventeurs ont l’habitude de démontrer l’efficacité de leur appareil en faisant apparaître sur l’écran un objet placé derrière un mur. Le professeur y dispose une règle.L’image de celle-ci apparaît effectivement, mais Jules Horowitz avait pris soin au préalable de la plier. Or elle apparaît droite sur l’écran. Cela prouve que l’image était une simple photo préalablement rentrée dans l’appareil ». Fin mot de l’histoire, révélé par le Canard Enchaîné le 21 décembre 1983 : « Les crédits ont été versés principalement à Fisalma, une société implantée à Panama et dont le fondé de pouvoir est Jean Violet. C’est cette société qui profitera des fonds détournés, et non les deux inventeurs. Or cet individu se trouve lié à un cercle de conservateurs défendant les valeurs de l’Occident et ayant en Italie des liens étroits avec des membres de la hiérarchie catholique (comme le cardinal Marcinkus). La justice italienne a plus tard mis au jour une organisation qui ressemble plutôt à une entreprise mafieuse. Cette affaire a fait également scandale ». L’air de rien, cette affaire ressemble beaucoup à celle décrite ici… l’argent avait été versé en abondance sans aucune vérification véritable !

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Classé dans Six de l'Hexagone, Stéphane Bouleaux

De Victor Jara à Guantanamo, la même CIA (45)

Hier, nous avons vu que la dernière tentative d’attentat aux Etats-Unis présentait de trop importantes zones d’ombre pour n’en faire qu’une simple tentative isolée. L’embarras évident, le soir-même, du chef d’état américain face au problème posé, bien visible, prouvait par l’exemple qu’il ne s’agissait pas nécessairement d’un attentat tel qu’on voudrait bien le présenter. Obama ressemblait davantage ce soir là à un G.W.Bush en train d’errer dans le ciel de Floride à bord d’Air Force One pendant qu’on s’attaquait aux valeurs du pays qu’à autre chose, et son discours sur la collaboration des autres pays pour lutter contre ce type d’événement loin d’être convaincant. Le piège est évident : l’étrange publicité passée dans la presse sur la CIA comme trésor de l’Amérique en dit davantage : il se passe en ce moment même aux Etats-Unis une lutte interne à couteaux tirés entre un pouvoir occulte, capable des pires choses, et un pouvoir légitime, élu, qui doit faire face à une opposition interne prête à tout pour ne rien lâcher de ses prérogatives antérieures. Celles bâties ces dernières années autour du mensonge Ben Laden, que le pouvoir actuel est contraint de continuer, sur lequel je vous propose de revenir aujourd’hui sur la traque du fantôme, en particulier sur le plan de ses écoutes téléphoniques, qui n’ont jamais cessé et ont toujours été efficaces. Si bien que lorsqu’un individu va annoncer en 2002 qu’Al-Quaida utilise un autre moyen pour communiquer, beaucoup vont écarquiller les yeux en grand… Mais commençons d’abord par la téléphonie, si vous le voulez bien…

En ce qui concerne les communications supposées d’Al-Qaida en Afghanistan : tout le monde se doute en effet que les moyens mis en place par les américains, satellites espions, avions radars, mouchards électroniques disséminés partout, etc, permettent depuis longtemps de tout savoir à distance. Souvenez-vous d’Echelon, par exemple, qui n’est pourtant pas récent. On nous a bien vendu des enregistrements infaisables de téléphones portables venus d’avions volant à 650 km/h à 3 000 m d’altitude entre plusieurs faisceaux téléphoniques en plein Manhattan ou Washington, on doit bien avoir réussi à capter un jour Ben Laden, dans ce cas, non ? Car des téléphones, il en a utilisé, le bougre, lui et ses coéquipiers de cavale !

On sait, en effet, je vous l’ai déjà expliqué à maintes reprises, que Ben Laden, au début de sa carrière terroriste, utilisait un téléphone satellitaire Compact M Immarsat,, le même que celui utilisé par Reyes dans les Farcs. Un appareil connu… et donc décrypté depuis longtemps par la CIA, qui avait avant 2001 tenu un éphéméride complet de ses appels (décrit récemment ici), avec évidemment son contenu en clair. Les techniques évoluant, et les réseaux téléphoniques s’installant très rapidement en Afghanistan comme ailleurs, le téléphone satellitaire a été délaissé au profit de téléphones portables plus classiques, régulièrement changés, mais souvent utilisés. Les services secrets intercepteront ainsi les messages encore satellitaires de Ben Laden à ses troupes, en 2001 à Tora Bora, leur intimant l’ordre de décamper, notamment, des messages confirmés à plusieurs reprises par : Gary Berntsen, ancien membre de la CIA ayant déclaré à plusieurs reprises avoir été sur le point de saisir le fugitif… « dead or alive » pour en être vertement dissuadé, notamment par son supérieur Cofer Black, passé après chez Blackwater/Xe, et par Donald Rumsfeld en personne. Il l’avait même entendu au téléphone à plusieurs reprises, dira-t-il dans son livre et sur les plateaux télévisés ! Nous reviendrons ailleurs sur l’équipée de « Jawbraker« . Bernsten avait aussi affirmé que Mohammed Saddiq Odeh, l’auteur de l’attaque des ambassades US au Kenya et en Tanzanie avait été arrêté quatre heures avant les explosions… au Pakistan.

Après le téléphone satellite, le téléphone portable, donc, dont tous les membres arrêtés d’Al Quaida étaient munis, notamment les dignitaires, (tel l’insubmersible Khalid Sheikh Mohammed qui en possédait à lui seul, paraît-il, jusqu’à une quarantaine). C’est en jouant entre les modèles qu’ils espéraient déjouer leur repérage. Une théorie qui se tient à moitié à peine, jusqu’à l’arrivée tardive en Afghanistan de moyens de détection sophistiqués, reposant sur une nuée de petits appareils fonctionnant en trio, par triangulation, les RC 12N Guardrails, ou sur le même aperçu en Colombie, le fameux CrazyHawk. Ceci, ce n’est pas avant… 2004. Un article très étonnant du NYT de cette année-là, passé malheureusement inaperçu à l’époque mais retrouvé par l’intelligent site Cryptome, avait laissé entendre que toutes les conversations téléphoniques d’Al Quaida avaient été entendues par la CIA bien avant… dès 2002, et sans même les engins cités, destinés eux à localiser l’endroit exact de l’émetteur !

Sheikh Mohammed s’était effectivement fait pincer à Rawalpindi, au Pakistan… avec un ordinateur portable et 6 000 numéros de téléphone différents… l’homme n’était donc pas seulement le champion toutes catégories du waterboarding ! Pour se faire prendre, la CIA avait remonté, nous apprend le NYT, un appel téléphonique de Sheikh Mohammed ayant duré moins d’une minute… et n’ayant entamé ce jour là aucune conversation ! L’appel avait été capté… en Allemagne, chez Christian Ganczarski, soupçonné (déjà ?) de faire partie de la nébuleuse du réseau du sheikh. Le domicile du dénommé à Duisberg, fouillé, avait livré un bon nombre d’autres numéros, tous utilisant le même opérateur… suisse. Ganczarski, auteur d’un attentat contre une synagogue en Allemagne, ayant été arrêté en France, en juin 2003, à sa descente d’avion, à Roissy. On le soupçonnait fortement d’être le responsable des attentats en Tunisie. Un attentat dont on avait remonté l’origine… grâce aux téléphones portables utilisés notamment par Mounir El Motassadeq et Karim Mehdi, deux marocains extrémistes poseurs de bombe. Lors de son procès, en France on l’avait montré en vidéo accompagné de Ben Laden et de Mohammed Atta. Jolie photo de groupe, non ?

Al-Quaida ne possédait donc aucun moyen sophistiqué, que des téléphones pré-payés à carte suisse (de chez Swisscom !) pour donner des ordres à ses « soldats » ou ses kamikazes : selon certains observateurs, y compris de la CIA, c’est même parfois l’envoi d’émissaires munis de billets écrits qui aurait servi… ce qu’on ne croit pas davantage, à vrai dire. Encore un peu ils nous auraient vendu les signaux de fumée, là… Bref, on va dépenser des fortunes en équipements militaires d’écoutes téléphoniques pour courir après la même ombre… Qui ne communique plus depuis 2002 par vidéo… laissant lourdement planer l’histoire de sa disparition… faute de preuve véritable de son existence. Téléphoniquement, ils doivent donc bien le savoir, les américains, s’il est encore vivant ou pas : or Robert Gates a confirmé il y a peu qu’on n’avait plus aucune nouvelle de lui depuis longtemps : et je ne pense pas que ce soit son téléphone portable qui ait seul rendu l’âme ! Mais pendant ce temps, les contrats mirobolants du Pentagone pour de la traque et du décryptage continuent à être signés… surtout si on le maintient en vie virtuelle ! Les profiteurs de guerre n’ont d’intérêt qu’avec un Ben Laden existant : disparu, c’est une grande partie de leur matelas de billets verts qui disparaît…

Les téléphones ordinaires utilisés par le groupe Ben Laden, étaient donc bien connus : ils passaient tous par le réseau Thuraya, fonctionnant avec des cartes pré-payées, ceux-là même qu’utilisaient en Irak les mercenaires de Blackwater (Xe), comme un reportage signé National Geographic comme je vous l’avais laissé entrevoir. Les mêmes appareils, exactement, que ceux qu’utiliseront en effet en 2008 les terroristes pakistanais de Mumbai ! Ça, et les armes ou leur canot pneumatique ressemblant comme deux gouttes d’eau à celui des forces spéciales pakistanaises… mais tout ça nous le savons déjà.

A Mumbaï , même scénario en effet : on apprendra il y a quelque semaines seulement que toutes leurs conversations avaient été piratées, à ces fameux attaquants meurtriers, via un de leurs membres américain retourné par la CIA, David Headley. Un document Debka (*1) avait mis en lumière fort récemment les détails de l’investigation menée.. Les Etats-unis avaient donc tout su… avant que les massacres ne se produisent, mais n’avaient rien dit pour les en empêcher, donc. Ce qui n’est pas sans poser de questions ! Et sans rappeler la technique du jour avec notre jeune nigérian, les dégâts en moins ! A peine les attentats produits, on en avait déjà eu une vague idée, avec l’assertion comme quoi les « autorités indiennes n’avaient pas écouté les mises en garde »… En réalité, le détail complet des opérations, et donc logiquement l’ampleur de la tuerie, devait être connu bien longtemps à l’avance (à voir l’arsenal préparé et utilisé !). On imagine en ce cas de la même façon que de savoir à l’avance qu’un jeune nigérian bien extrèmisé et bien encadré se baladant dans un avion avec 80 grammes de Penthrite scotchée sur lui … n’oblige pas à l’en empêcher de commettre son attentat… car c’est selon ce qu’on souhaite faire au final. Si on s’arrange pour que sa technique ne marche pas… c’est tout bénéfice, on n’est pas obligé d’avoir plus de 278 passagers-victimes, mais on gagne largement sur le tableau de l’assentiment contre un mouvement ou un pays, en l’occurrence le Yemen et… un Al Quaida local, dont les représentants sortent tous ou presque de Guantanamo… et ont été libérés juste avant l’élection de Barack Obama…

Car personne n’avait empêché les extrémistes pakistanais d’agir à Mumbaï : dans la théorie de la fameuse guerre au terrorisme, il faut d’abord que terrorisme se fasse, ou se montre, visiblement, pour mettre en place après un régime autoritaire pour le réprimer sévèrement… de là à lui donner parfois un coup de main… l’homme, selon Debka, avait été arrêté en 1977 pour trafic de drogue avec le Pakistan… et était devenu informateur après le 11 septembre 2001…. Headley connaissait le groupe islamiste du LeT et était en contact étroit avec lui (*2) ! Sidérante et très inquiétante révélation, qui met à mal aujourd’hui en miroir la théorie du jeune kamikaze nigérian perdu !

Or, et c’est ce que nous allons voir demain, si vous le voulez bien, alors qu’en réalité la CIA épluchait depuis des années consciencieusement les appels téléphoniques de tous les terroristes qu’elle surveillait via leurs cartes sim prépayées (*3) , un homme va apparaître sur scène, affirmant qu’il vient de découvrir une chose extraordinaire : selon lui, Al Quaida utiliserait un autre moyen, beaucoup plus sophistiqué, pour communiquer les objectifs de ses attentats à commettre. Il est le seul, bien sûr, à pouvoir lire ce genre de message, clame-t-il alors. On va l’écouter, et mieux encore, lui offrir un pont d’or pour qu’il délivre sa méthode de décryptage fort particulière. On n’en est pas à une surprise près, en effet, dans cette vaste opération d’enfumage débutée avec le célèbre discours de Colin Powell à l’ONU…

(1)« DEBKA file’s counter-terror sources report that New Delhi suspects the CIA knew in advance about the Mumbai attack, in which 177 people died and 500 were injured, and were aware of Headley’s links with its LeT perpetrators, al Qaeda’s operational arm in Pakistan, but omitted to forewarn Indian authorities for fear of touching off a military showdown between India and Pakistan. »

(2) « DEBKAfile’s sources add : The court records show that the Chicago-based Headley was pressed into service by the US Drug Enforcement Agency in 1977 after he was caught smuggling heroin from Pakistan to America. They also show that he became an FBI informant after al Qaeda’s 9/11 attacks in New York and Washington. After that outrage, the FBI and CIA were directed to coordinate their counter-terror work. The Indians assume that the CIA must have been aware of the Chicagoan’s existence, and certainly picked up on his frequent trips to India with side trips to Pakistan to meet his Lashkar e-Taibe associates. »

(3) « For two years, investigators now say, they were able to track the conversations and movements of several Qaeda leaders and dozens of operatives after determining that the suspects favored a particular brand of cellphone chip. The chips carry prepaid minutes and allow phone use around the world. « They thought these phones protected their anonymity, but they didn’t, » said a senior intelligence official based in Europe. Even without personal information, the authorities were able to conduct routine monitoring of phone conversations. »This was one of the most effective tools we had to locate Al Qaeda, » said a senior counterterrorism official in Europe. « The perception of anonymity may have lulled them into a false sense of security. We now believe that Al Qaeda has figured out that we were monitoring them through these phones. »

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Ça dérape à droite

Par lutopium – Je ne vous apprendrai évidemment rien en disant que les militants et sympathisants de la droite politique se cherchent… Depuis le départ de Mario Dumont et le rendez-vous manqué de la course à la chefferie de l’ADQ, les québécois qui se sentent attirés vers les idées un peu mal définies de ce courant politique semblent perdus. Un jour, ils se rallient à un renouveau de leur parti et le lendemain, ils explorent d’autres options sans que rien de concret ne se dessine devant eux. Cependant, même si aucune structure sérieuse ne rallie la droite politique ces jours-ci, on sent tout de même l’influence de ses idées. Des économistes ayant un petit penchant vers la droite sont recrutés par le gouvernement afin de préparer le terrain pour des réformes néolibérales. Des chroniqueurs de radio, de la télévision et de certains journaux répètent inlassablement le même discours qui suggère d’abolir certains services (sans jamais les nommer spécifiquement), d’en explorer la privatisation tout en exigeant une tarification supplémentaire pour d’autres. Le Conseil du Patronat, l’Institut Économique de Montréal et les chambres de commerce se montrent évidemment fort sympathiques à ces idées tout en unissant leurs voix pour répéter inlassablement que les fonctionnaires sont des paresseux, leur refusant ainsi toute augmentation de salaire. Les héros de la croissance économique savent exactement ce qui doit être fait et s’approprient ce qu’ils considèrent comme une nouvelle révolution: réduction de la taille de l’état, introduction du privé dans la prestation de services essentiels et protection des privilèges fiscaux pour les mieux nantis. Si le monde était complètement privé, tout serait pour le mieux, nous disent-ils…

Alors que le débat qui fut lancé récemment par le gouvernement libéral nous amenait à se questionner sur le financement des services publics, voilà que la droite recadre le débat, non pas pour proposer des solutions concrètes, mais surtout pour lancer des constats populistes afin de gagner la sympathie de ceux qui succombent aux discours des radios-poubelles et des chroniqueurs démagogiques. Cette semaine par exemple, le nouveau chef de l’ADQ, Gérard Deltell, lançait la question magique: « est-ce que la sécurité d’emploi protège l’incompétence? » Les membres de l’opposition de l’Assemblée nationale devant normalement critiquer le gouvernement ou, dans le meilleur des mondes, collaborer avec lui pour trouver des pistes de solutions, voilà que l’ADQ préfère détourner le débat et, se comportant comme un André Arthur, préfère soulever l’opinion publique contre cette sécurité d’emploi en l’associant donc à l’incompétence de quelques-uns.  L’incompétence, est-il nécessaire de le souligner, se retrouve partout, fruit de la nature humaine. Des incompétents, il y en a partout et même à l’Assemblée nationale!

La prochaine fois que vous rencontrerez un professeur d’école, remerciez-le pour son excellent travail, dites-lui de ne pas trop sans faire avec l’épuisement et la fatigue et profitez-en pour lui dire qu’il ne mérite pas d’augmentation de salaire cette année parce que quelques-uns de ses collègues sont incompétents. Lorsque vous visiterez un de vos proches à l’hôpital, prenez donc la peine de remercier l’infirmière pour les bons soins qui lui sont donnés mais dites lui qu’elle ne mérite pas un modeste ajustement de ses revenus car l’incompétence règne partout autour d’elle…

Ces jours-ci, tout ce que la droite cherche à accomplir c’est de faire peur au monde et de les soulever contre la fonction publique. Les ténors de la droite n’ont aucune solution concrète. On commence même à admirer le mouvement réactionnaire Tea Party en vantant les principes de liberté individuelle et la richesse de la constitution américaine. Entre vous et moi, ce que les partisans de la droite souhaitent réellement, c’est de payer moins d’impôt, point à la ligne.

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