«L’État, c’est la grande fiction à travers laquelle tout le monde s’efforce de vivre aux dépens de tout le monde.»
– Frédéric Bastiat (1801-1850), de l’article «L’État». Publié le 25 septembre 1848.
Rien ne pourrait être plus vrai aujourd’hui que cette citation de Bastiat, et pour cause! Car nous voyons à chaque jour les uns utiliser l’État pour piller les autres. L’État n’est plus que le véhicule par lequel tout le monde cherche à obtenir ce qu’il veut. C’est un « open bar », un coffre au trésor dans lequel tout le monde essaie de piger. De nos jours, braquer une banque est démodé. Pourquoi prendre ce risque alors qu’on peut voler légalement et sans remords? Il ne suffit que d’avoir des lobbyistes et on obtiendra tout ce qu’on veut.
Certains croient encore que l’État est au service du peuple. Quelle naiveté! Du peuple l’État prend toujours plus qu’il ne donne. Ça prend des ressources pour nourrir une bureaucratie toujours plus obèse. Les politiciens n’ont en réalité d’intérêt à aider ceux qui leur donneront des votes ou de l’argent. Les autres, il s’en foutent allègrement. Il ne faut pas se leurrer. La redistribution de la richesse se fait le plus souvent des masses aux amis du pouvoir. Du contribuable sans voix et sans lobby aux banques, aux corporations, aux centrales syndicales et autres groupes d’intérêt. Les deux seules choses qui intéressent un politicien est d’agrandir son pouvoir et de se faire réélire. Chaque décision qu’ils prennent vont donc passer à travers ces filtres. Peu importe quel parti politique ils représentent, ce sont tous des gens qui aspirent à guider la destinée des autres. Il n’espèrent que d’être en position pour dicter aux citoyens comment ils doivent vivre, ce qu’ils doivent manger, qui ils peuvent marier. Parce que, voyez-vous, ils sont plus sages et intelligents que vous. C’est pourquoi, lorsque s’installe une dictature, ce sont rarement des gens bienveillants qui prennent la gouverne, mais des despotes. L’expression « dictature bienveillante » est le roi des oxymores.
On attend beaucoup de l’État. On s’attend à ce qu’il nous donne du pain, du travail, qu’il prenne soins de nos maladies, qu’il nous soutienne dans la vieillesse, qu’il élève et éduque nos enfants, qu’il nous construise des routes, des ponts et des aqueducs, qu’il maintienne aussi l’ordre et la justice. Mais est-ce là vraiment son rôle? Est-ce vraiment à l’État d’élever nos enfants? Est-ce vraiment le rôle de l’État de nous prendre en main du berceau à la tombe? Ne nous reste-t-il pas une once de fierté et d’indépendance que nous soyons réduits à tout quémander de l’État? Nous, peuple fier, descendants de coureurs de bois et de pionniers qui ont à la sueur de leur front conquis ces quelques arpents de neiges inhospitaliers que nous appelons maintenant le Québec. Notre impatience à se tisser un filet social avant d’en avoir les moyens laissera nos descendants dans la ruine et esclaves d’une dette monstrueuse. Ce filet se désagrège maintenant parce que, comme nos viaducs, il a été confectionné à la hâte et mal entretenu. Nous avons sacrifié notre futur au confort présent et nos enfants et petits enfants sont ceux qui en paieront la note. Que diraient nos aïeux?
Contrairement à nous, nos voisins du sud ont eu une nation fondée sur la méfiance de l’État. Leurs pères fondateurs ont risqué leurs vies en combattant un tyran et se sont efforcés de mettre en place des mécanismes pour éviter qu’une telle tyrannie ne vienne subjuguer leurs descendants. Ils ont fondé la seule et unique république basée sur la philosophie libérale classique. Malgré leurs bonnes intentions, ils semble que leur création commence elle aussi à prendre les allures d’un Leviathan. Mais la soif de liberté fait encore partie de leur culture, c’est pourquoi le mouvement des «Tea Parties», si peu compris ici par nos élites gauchistes, existe et prend de l’ampleur. Ils n’ont pas oublié pourquoi la préambule de leur constitutions commence par ces mots en caractères plus grands et plus foncés que tout le reste: «Nous le peuple». Leur déclaration d’indépendance dit que l’État doit gouverner avec le consentement du peuple. Dans un récent sondage Rasmussen, on a demandé aux répondants s’ils croyaient que leur gouvernement fédéral avait ce consentement. 61% des répondants ont répondu par un retentissant «Non», et ce peu importe quel parti est au pouvoir. Les américains ont les yeux grand ouverts pendant que nous sommeillons encore dans les bras de la grande fiction de l’État-providence.
Je termine avec un autre extrait de « l’État » de Bastiat:
«Quant à nous, nous pensons que l’État, ce n’est ou ce ne devrait être autre chose que la force commune instituée, non pour être entre tous les citoyens un instrument d’oppression et de spoliation réciproque, mais, au contraire, pour garantir à chacun le sien, et faire régner la justice et la sécurité.»
Philippe David. Le Minarchiste Québécois.
À PD: Mois aussi, je vais donner un cours. Juste une fois. 🙂
Leçon 1
Le problème du dogmatisme, c’est qu’il remplace la réflexion par l’argument d’autorité et croit qu’on change les choses en en changeant le nom.
Qu’est-ce que l’épargne ? Vous pouvez retourner aux physiocrates ou citer Friedman, mais si on regardait simplement la réalité. ?
L’épargne c’est ce que vous avez choisi de ne pas consommer de ce dont vous disposez, incluant ce que vous avez produit. De cette épargne, une part peut servir à produire plus et on parle d’investissement. Ca va ?
Maintenant cette épargne peut être REELLE – des stocks de ressources, des équipements fonctionnels ou une main-d’oeuvre qui n’est pas pleinement utilisée.
On peut aussi donner une valeur monétaire arbitraire à ces ressources, des équipements et cette main-d’oeuvre.
Si vous prenez la valeur monétaire, l’épargne vaut ce que vous voulez qu’elle vaille. Avec le crédit on a créé une « épargne » monétaire astronomique. Dire qu’elle est anémique est une idée étrange…
Si vous allez à la RÉALITÉ, il n’y a présentement aucune carence de ressources, autres que celles qui sont créées par la spéculation. On ferme des usines – et on n’utilise donc pas leurs équipements…. qui deviennent donc, de fait, surabondants.
Quant à la main-d’oeuvre… Le chômage, vous connaissez ? On commence à parler de pénurie, mais on travaille activement a créer cette pénurie en détruisant le système de formation, pour en faire le problème qu’on feindra de résoudre dans 10 ans, pour amuser le bon peuple.
Il y a surabondance de ressources, matérielles et humaines. Les carences sont programmées. L’épargne est surabondante, car on ne réussit pas à consommer ce que l’on produit. CQFD
Je suis d’accord pour argumenter les faits, mais l’opinion d’un quelconque économiste ne m’intéresse pas sauf comme contribution à « Juste pour rire ». Je fais moi-même partie des augures certifiés et je sais à quel point tout le baratin du métier est de la poudre aux yeux. J’ai produit et vendu des tonnes de ce bullshit.
Pierre JC Allard
@Philippe
sur le premier billet que vous me proposer…
»Comment aurait-il pu prédire que ces méchants banquiers en abuseraient quand Fannie Mae et Freddie Mac garantissaient leurs prêts subprime avec l’approbation du HUD. »
Votre programme propose d’enlever des pouvoirs à l’État qui est le seul à pouvoir empêcher la politique libertarienne marchande du »laisser faire ». Le marché libre a fait ses preuves. Je le répète, on écrit cette page d’Histoire présentement.
À ce propos, le 17 mars 2010 l’Europe a renoncé, temporairement, à légiférer contre les hedge funds.
On laisse faire encore.. belle politique libertarienne.
Et pourtant, ils sont présentement au cœur de la crise grecque en accélérant, par leur spéculation, la chute des cours des obligations d’État.
Il est vrai que je ne sais pas de quoi je parle.
Vous voulez mon CV?
@ PD:
Nous sommes d’accord tant que cette solidarité est volontaire et non forcée.
Je suis d’accord. Pourquoi ne pas lire ce lien ? Trois (3) minutes et vous ne me répondrez pas à côté de la question… Vous y trouverez même une autre façon de dire beaucoup de choses que vous dites, vous les libertariens, :-))
http://nouvellesociete.wordpress.com/2005/03/06/11-le-mandat-explicite/
Croyez-vous que les Philippines (…) soit un pays où règnent la liberté et l’égalité devant la loi. Les philippins ne disposent que de peu de richesse à distribuer et elle est concentrée dans les mains d’officiels corrompus.
C’est devenu la norme partout. Ne présumez mais que je sois un ami de l’État dans sa forme actuelle !
Les américains sont plus généreux envers les œuvres de charité que tous les pays socio-démocrates (qui clâment haut et fort avoir une soi-disant conscience sociale) réunis. Signe que lorsque l’État ne force pas la solidarité qu’elle existe tout de même.
Ce qui existe toujours c’est la nécessite d’une redistribution pour maintenir la demande effective. Pourquoi ne pas prendre deux minutes et voir ce texte ?
http://nouvellesociete.wordpress.com/2008/09/14/la-demande-effective-2/
Je ne reconnais à la base que les fonctions régaliennes de la défense du territoire, la protection du public et l’administration de la justice comme étant les seules fonctions légitimes de l’État. Pour le reste, je fais plus confiance au marché à fournir des solutions.
C’est une affirmation. Pas un argument. Vous avez la foi, mais ça n’ajoute strictement rien au débat.
L’État a eu sa chance et a failli misérablement dans toutes les tâches qu’il a entrepris.
Ce qui ne prouve que notre impuissance passée et non notre impuissance a venir. Rien n’a jamais réussi… avant de réussir.
Il serait temps de changer de paradigme.
Bien d’accord
Toutes les différentes entreprises ont différents besoins en main d’oeuvre, dans l’ensemble elles ont toutes intérêt à financer des institutions qui formeront cette main d’oeuvre. Puisque les troncs communs sont souvent essentiels aux spécialités, Ils ont intérêt à les financer également.
Faux. L’expérience prouve que les intérêts de chacun priment sur l’intéret général et que la bonne solution pour l’ensemble n’est acceptée que quand les conflits à l’intérieur du groupe ont été résolus à l’avantage de la majorité effective dans des groupes inclus dont la taille se rétrecit.
Le lien suivant est essentiel: voyez-le comme le cours #2 🙂
http://nouvellesociete.wordpress.com/2008/03/10/11-la-mort-des-systemes/
Pour la recherche, puisque le but du marché est de satisfaire les consommateurs…
Faux. Dans une économie d’abondance c’est l’offre qui contrôle la demande. Ai-je rêvé, d’ailleurs, ou certains penseurs de droite américains n’ont-ils pas parlé du « supply side »… ?
http://nouvellesociete.wordpress.com/2009/02/10/produire-pour-produire/
Le marché a toujours été une plus grande source d’innovation que l’État.
D’accord. Puisque je vous dis que je souhaite une société entrepreneuriale ? Je dis toujours que l’État est littéralement « sans desseins »
Pierre JC Allard
@ Jean-Luc Proulx
» D’après moi, vous ignorez ce qu’est un revenu de citoyenneté (RC). Est-ce que je me trompe? »
Vous vous trompez; je le sais. Mais l’appeler « Revenu de citoyenneté » ne change strictement rien. Vous vous rapprochez un peu plus du Credit Social – ce qui pour moi n’est pas bête – mais il me semble évident qu’un système qui distribue le revenu sans égard au travail effectué en contrepartie va dans la mauvaise direction. Je suis surpris de retrouver un homme de droite aussi clairement à ma gauche.
Une assistance – en fait, une pension – pour ceux qui ne peuvent pas travailler, bien sûr, mais donner un dividende à quiconque est là, seulement parce qu’il est là…. curieux.
Ne serait-il pas plus sain de récompenser l’effort, que de faire une ponction annuelle de 330 milliards de dollars du revenu de ceux qui travaillent au profit, pour une large part, de ceux qui ne travaillent pas et à qui on ne demandera même pas de travailler ?
C’est la bêtise du « 4e travailleur » promue en alternative à la justice commutative
http://nouvellesociete.wordpress.com/2009/02/20/le-4e-travailleur/
On n’a plus la gauche et la droite qu’on avait…
Pierre JC Allard
@ Jean-Luc Proulx
« Voici un commentaire intéressant que j’avais déjà envoyé sur le blogue de Joseph Facal, en juin 2009! Il s’agit d’une liste d’engagements qui pourraient être inscrits dans un programme libertarien. »
Je suis d’accord avec une bonne moitié de vos propositions et j’ai, pour la moitié des autres, des solutions différentes mais avec lesquelles vous ne seriez peut-être pas en désaccord
Il n’y a guère que sur la répartition (raisonnable) de la richesse et l’impôt sur le capital que nous ayons des positions diamétralement opposées.
On ne règlera pas ça sur ce fil, qui a déjà eu une belle carrières… À la prochaine
Pierre JC Allard
@DenisG
« Greenspan a été un ami de Ayn Rand qui se définit républicain libertarien.
Milton Friedman le considérait Greenspan comme le meilleur gouverneur de la Fed »
Vous n’avez visiblement pas lu le livre Age of turbulence de Greenspan. Ce dernier y explique tous ses désaccords avec Ayn Rand et les libertariens, notamment concernant la politique monétaire. Il n’était définitivement pas libertarien.
Contrairement à ce que plusieurs pensent et à ce qu’il disait lui-même, Milton Friedman n’était pas un libertarien non plus:
http://www.leblogueduql.org/2009/09/milton-linflationniste-anna-la-keyn%C3%A9sienne.html
Philippe, je viens de lire que vous vouliez que nos commentaires se fassent ici. Désolé. Alors, le revoici:
Vous ne vouliez pas avoir de commentaires concernant ce texte:
« La grande fiction »
Vous ne vouliez pas lire mes ‘tites’ critiques… constructives ? 😉
Justement, j’avais décelé une petite erreur, dans un texte qui est, autrement excellent !!!
Lorsque vous écrivez:
« Ils ont fondé la seule et unique république basée sur la philosophie libérale classique. Malgré leurs bonnes intentions, ils semble que leur création commence elle aussi à prendre les allures d’un Leviathan »
Pour éviter ces dérives, il manquait une « couples d’ingrédients » à cette république, dont la démocratie directe « à la suisse »…
Et -en passant- la Suisse est -justement- un modèle de ‘république’ libérale…
Coïncidence ? Ou conséquence de « l’ingrédient » manquant ?
[Je viens de poster ce commentaire sur le même article publié sur CentPapiers. Je m’autorise 🙂 à le reproduire ici.]
Mentionnons que l’homme d’État et révolutionnaire américain Benjamin Franklin disait que la principale cause ( »the PRIME reason ») de la révolution américaine contre l’Angleterre était le fait qu’on enlevait aux Colonies le pouvoir de créer l’argent, pour confier ce pouvoir aux banquiers internationaux privés:
« The colonies would gladly have borne the little tax on tea and other matters had it not been that England **took away from the colonies their money, which created unemployment and dissatisfaction.** The inability of colonists to get power to issue their own money permanently out of the hands of George the III and the international bankers was the PRIME reason for the Revolutionary War. »
Jusqu’en 1913, c’est l’État américain qui a continué à créer la monnaie (en 1913, les Américains se sont fait passer le sapin de la Fed par une cabale de banquiers privés qui avaient acheté Wilson et l’avaient fait élire président).
*
Le payeur dicte. Et en amont, ce sont les banques centrales qui payent – tout l’argent vient de là – et ce sont elles qui dictent.
En ce sens, ça fait longtemps, à mes yeux, que l’État a été **privatisé** puisque ces Banques Centrales sont contrôlées par des consortium privés.
Les gouvernements, malheureusement, ne sont plus que des percepteurs d’intérêts (ou « taxes », c’est pratiquement synonyme) au profit des grands pillards, et ces derniers autorisent les percepteurs (les gouvernements) à garder un pool d’argent dont ils délimitent eux-mêmes (les prêteurs) l’étendue, un pool d’argent qui sert à maintenir les populations dans l’état qui leur convient le mieux, dépendant des circonstances, des époques, etc.:
Tiré d’un rapport de réunion des banquiers centraux au début des années 1990s, très tôt après la fin de la Guerre Froide:
» … les États doivent mettre en oeuvre des politiques propres à augmenter le niveau de désespoir ( « to raise the level of despair ») parmi les sans-emplois ( « among the unemployed ») ». Je cite de mémoire.
On trouve ça dans « Shooting the Hippo » de la journaliste Linda MacQuaid.
Article intéressant.
En passant, ceux qui voudraient lire Bastiat (que je n’ai pas lu, j’admets, et que je ne connais pas bien), ils peuvent le trouver à l’Uqac, gratis, « e-book », voici le lien:
http://classiques.uqac.ca/classiques/bastiat_frederic/bastiat_frederic.html
21:05, le Mardi 23 mars 2010
Loup.