Les mères ont leur fête au temps du muguet, le Québec en juin, la République française en juillet, et même le petit Jésus a la sienne, en décembre. On leur fait des cadeaux. Des fleurs, des discours ou, quand on croit que le jubilaire a vraiment tout, on s’en fait entre nous. Chouette, les fêtes ! Êtes-vous Carrefour ou Wal-Mart ?
En Amérique, où l’on a compris que se faire des cadeaux fait marcher le commerce et est le plus beau cadeau collectif qu’on puisse se faire, on a la journée de la Femme, celle des Enfants, celle des Secrétaires et bien d’autres. Comme on importe tout des USA, mais qu’on fait tout mieux que tout le monde, on finira aussi par avoir des jours de n’importe qui, puis de n’importe quoi. Une journée Lambda, par exemple, où l’on parlera des Tibétains et où l’on achètera chinois… Mais je m’égare…
Pourquoi le travail n’aurait-il pas sa fête, lui aussi ? Un jour par année, où l’on pense aux travailleurs, est-ce trop demander ? Alors on a le Premier Mai… Le problème, c’est qu’à partir d’un certain âqe, se faire souhaiter bonne fête, c’est aussi se faire dire qu’on a pris un coup de vieux. Le travail n’est plus très jeune. Il marche encore, mais… pas très alerte. Évidemment, quand on a connu Germinal et qu’on a écouté Jaurès ou Michel Chartrand, fréquenter la Gauche aujourd’hui, c’est se sentir en pré-retraite.
Soyons sérieux. Il y a moins de travail, moins de travailleurs et la plus grande partie du travail qu’on fait, en col roulé plus souvent qu’en col blanc ou bleu; grand-papa n’aurait même pas appelé ça du travail. On vit dans une société de services, une société d’économie tertiaire, il ne reste que 16% de la main-d’œuvre en industrie aux USA. Le cambouis et la sueur sont devenus des raretés plaisamment rétro, comme le communisme. Alors on ne se retrouve plus. Il n’y a plus de prolétaires. On a fait disparaître la classe ouvrière.
Inutile de chercher le travailleur en bas de l’échelle sociale. Il a été poussé en haut par toute une horde de non-travailleurs. Les chômeurs, bien sûr, mais ça, c’est l’aristocratie des sans-travail, les temporaires… Il y a aussi les permanents du non-travail. Chômeur un jour, mais précaire toujours… Il y a les jeunes, il y a les vieux, les non-instruits, les pas-tout-à-fait-en-santé et les pas-tout-à-fait-doués, les immigrés et les pas-tout-à-fait-français ou pas vraiment « nous-z-autres. Vous êtes Syndiqué et vous vous dites défavorisé ? Vous plaisantez ou vous voulez une baffe ?
Le travailleur est monté à l’étage et marche sur du solide: ils sont nombreux en dessous… L’image choc des travailleurs en marche, ce n’est plus une démonstration sur les boulevards, ce sont les millions de voitures de travailleurs qui avancent lentement, en rangs serrés vers l’Espagne , début août, ou les retraités du SFPQ qui volent du Saint-Laurent vers la Floride, comme les oies blanches à l’automne. Le grand soir, c’est chaque soir où il y a du foot ou du hockey. Le travailleur a réussi son entrée dans la bourgeoisie.
Solidarité ? Avec qui ? Nous sommes tous disparates, avec des intérêts différents. C’est ça, une économie tertiaire. La lutte des travailleurs peut-elle être celle de ceux qui ne travaillent pas ? Comment être avec les exclus, quand on est « dedans » et qu’on a tellement peur de sortir ? « Diviser pour régner ? » Même pas, juste laisser l’égoïsme et la paresse faire leur œuvre, dans une société où il y en a assez pour que ce qui leur manque ne manque pas vraiment à ceux qui ont peu.
Ne cherchez pas le travailleur en bas. Ne le cherchez pas à gauche non plus. Sans solidarité, il n’y a plus de gauche. Il ne reste à gauche que quelques théoriciens et des journalistes qui bloquent le passage, pour qu’on n’aille pas trop loin. Pour qu’on ne tombe pas dans le vide, ou pire, qu’on ne découvre pas que la terre est ronde et qu’en poussant trop loin à gauche on ne se retrouve à droite.
Le travailleur a trouvé sa place dans le monde de l’abondance. Elle n’est ni en bas ni à gauche, juste un peu à l’écart. Presque tout le travail qu’on fait est d’une utilité douteuse et, sans le dire, on pense que l’assistanat vaut bien le travail dans un monde de loisirs. Il faut lire l »Insurrection qui vient« . Superbement écrit… et vrai, même si je veux y voir un passage, alors que l’auteur semble la voir comme une fin.
Le travailleur aurait trouvé son meilleur des mondes ? … Minute ! La moitié de la richesse nationale en France appartient à 5% de la population. 38% de la richesse aux USA appartient à 1% de la population, la moitié de l’humanité vit sur 1 euro par jour et 1 000 000 d’enfants dans le monde meurent de faim ou de malnutrition chaque mois.
Nous ne sommes plus une population démocratiquement gouvernée, mais un cheptel judicieusement exploité alors qu’il suffirait d’une décision politique pour que le niveau de vie du travailleur moyen double en quelques mois. Une idée troublante, si on y accorde trop d’attention. Mais seriez-vous plus heureux, qu’on nous dit ? Et ils feraient quoi, les riches, si tout le monde avait tout ? Vous imaginez la queue, chez Fouquet’s, quand Sarkozy est élu et que Paul Desmarais invite?
Allez, il n’y a plus de travailleurs, nous sommes tous des travailleurs. « Liberté, c’est une marque de yaourts » et l’Internationale est une chaîne d’hôtels. Souhaitons-nous bonne fête, entre travailleurs. Oublions nos rides, soufflons les chandelles et trinquons. Nous sommes là pour trinquer.
Pierre JC Allard
L’insurrection qui vient,
Le lien ne fonctionnant pas, j’invite le lecteur à un site où l’on peut télécharger un document en PDF.
Un « must ».
http://www.mecanopolis.org/?p=2071
Merci Gaetan.
En fait, mon lien fonctionne aussi, mais vers une page ou le lien direct vers l’Insurrection est perdu au milieu d’autres liens. Pas mauvais d’en avoir deux, car je suis toujours heureusement étonné de retrouver ces liens et je suis résigné à ce qu’un jour on les fasse disparaître
PJCA
Est ce que c’est le bon « L’insurrection qui vient »?
Cliquer pour accéder à pdf_Insurrection.pdf
Article vraiment intéressant, je penses encore passer quelques heures sur le site et quelques jours sur http://nouvellesociete.org/accueil.html
Au plaisir!
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Comment peut-on cinosdérer sérieusement qu’un tel texte puisse servir de base de discussion pour définir la nouvelle orientation du Parti socialiste ?
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