Archives quotidiennes : 13 mai 2010

Les ennemis des pauvres

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Philippe David

La gauche au Québec s’est toujours donné le monopole de la vertu. Ils se targuent souvent d’être les défenseurs de la veuve et de l’orphelin. Si leurs intentions sont bonnes, leurs méthodes font souvent tout le contraire et nuisent à ceux-là même qu’ils tentent d’aider, en plus de nuire à la société en général. La gauche dit aider les pauvres en utilisant deux méthodes. La première, en utilisant la force du gouvernement pour taxer les mieux nantis et redistribuer cette richesse et la seconde consiste à restreindre à certains l’utilisation de leur propriété pour la rendre accessible à d’autres.

Ce que les partisans de la gauche ne comprennent pas c’est que les méthodes qu’ils utilisent, le socialisme et l’interventionnisme, non-seulement n’aident pas, mais elles aggravent le problème de pauvreté qu’ils essaient de résoudre. En proposant des programmes sociaux, les gauchistes font une grave assomption: que la richesse existe dans la société. Après tout, s’il n’y avait aucune richesse à redistribuer, à quoi ça servirait d’avoir tous ces programmes? L’état-providence assume qu’il y a des gens qui produisent de la richesse ou en ont accumulé. Ce sont ces gens qu’is cherchent à taxer pour redistribuer aux pauvres.

Considérons une petite histoire de science-fiction. Supposons qu’on a découvert une nouvelle planète habitable dans notre système solaire. Afin d’alléger la surpopulation de nos prisons, nous décidons d’envoyer 50 000 prisonnier(ière)s pour coloniser la nouvelle planète. On leur donne assez de vivres, de vêtements et fournitures à chacun pour survivre 6 mois. Aussitôt arrivés, les bagnards élisent un gouvernment démocratique avec tous les pouvoirs pour éliminer la pauvreté et qui projette d’établir ipso facto, un état-providence avec système de santé gratuit, assurances chômage, pensions de vieillesse, congés parentaux, garderies, etc. Voyez-vous un problème? Le gouvernement lui-même n’est pas une source de richesse. Afin d’avoir l’argent pour établir ces programmes, il doit d’abord taxer les gens. Voyez-vous le problème suivant? Dans notre colonie, tout le monde est dans un état de pauvreté extrême. Il n’y a pas de richesse à redistribuer. Quoi faire?

En proposant ses programmes sociaux la gauche assume que la richesse pour les soutenir existe naturellement dans la société, comme si elle poussait sur les arbres. Elle ne considère pas pour un instant qu’une société ou la richesse croît peut être un grand bénéfice pour les pauvres ou que la taxation et redistribution puisse détruire la base de création de la richesse et appauvrir tout le monde.

Reprenons notre exemple, puisque que tout le monde dans la colonie est pauvre, on décide de tout mettre en commun. Le gouvernement est chargé de tout planifier, de décider les récoltes à être plantées, les commerces à créer, qui travaille où et comment allouer toutes les ressources de la colonie. Tout va bien au départ, ce genre d’arrangement va très bien au colons qui sont habitués à la vie de prison, mais après un certain temps, la nature humaine fait en sorte que personne ne veut travailler très fort. L’absentéisme est rampant, on a des pénuries de biens et services et la situation ne fait que s’empirer.

Cette situation s’est produite dans la première colonie américaine à Plymouth Rock. Ils ont tenté de fomer une société où toute propriété appartenait à la communauté (apparemment, Marx n’avait rien inventé). Le résultat fut la famine. Le gouverneur Bradford décida alors d’attribuer à chacun sa terre et donna le droit à chacun de conserver les fruits de son travail. Soudainement, tous les habitants de la colonie avaient plus d’ardeur au travail et d’excellentes récoltes. La solution à leur problème de famine fût la propriété privée et les marchés libre. Doit-on être surpris que le peuple américain soit le plus grand partisan de la libre-entreprise?

La même solution s’appliquerait à notre colonie hypothétique. Tout le monde est libre de partir en affaire dans le domaine qu’il veut et libre de poursuivre sont intérêt et appliquer ses talents particuliers à fournir des biens et services que les autres voudront acheter. Les gens seraient libres de transiger avec qui ils veulent et d’accumuler le fruit de leur travail.

Évidemment, au départ la pauvreté est manifeste. Il est plus difficile d’accumuler du capital alors qu’on fait à peine assez pour survivre, mais déjà la deuxième génération jouit d’un meilleur niveau de vie et est capable d’accumuler un peu d’épargne qu’elle passera à la troisième génération. Dans quelques décennies, le système commencera non-seulement à produire ses premiers millionnaires, mais le niveau de vie de ceux au bas de l’échelle aura aussi augmenté. Tout aussi important, les plus pauvres sauraient qu’il peuvent eux aussi rejoindre les rangs de la classe moyenne en travaillant fort et en épargnant.

Cette situation n’est pas si hypothétique, c’est celle qui prévalait pendant la révolution industrielle. Pendant cette période, les gens étaient relativement libres de transiger sans règlementation excessive et étaient très peu taxés. Les quelques premières décennies de cette période furent difficiles, comme pour toute société avec une base de richesse limitée.

Comme d’habitude, les partisans de la gauche sont vite à critiquer cette période. Ils sont vites à nous rappeler les horreurs des usines de l’époque où femmes et enfants travaillaient de longues heures. Mais ils manquent un point important, dans une société qui n’est pas encore riche, ces usines, aussi horribles soient-elles offrent une chance de survie à ceux qui y travaillaient. Une société qui n’a pas une base de richesse et aucun moyen d’en accumuler va inévitablement voir des gens crever de faim. Les pères de familles de l’époque n’envoyaient pas leur femme et leurs enfants à l’usine parce qu’ils les haïssaient, mais parce que ça leur donnait une meilleure chance de survie. Plus tard, alors que les familles ont réussi à accumuler un peu d’épargne, le besoin pour les femmes et les enfants de travailler est devenu moins criant et ils ont pu arrêter. Ultimement, lorsque nos gouvernements ont légiféré contre le travail juvénile, il n’y avait que très peu d’enfants qui travaillaient encore et leurs familles ont dû souffrir, privées de ces revenus. Ce qu’on ne vous dira pas non plus de cette période, c’est que la vie avant la révolution industrielle, pour 80% de la population était courte, brutale et miséreuse avec un taux de mortalité infantile rampant et une espérance de vie sous les 40 ans. On vous l’enveloppera plutôt de romantisme pour vous cacher qu’en fait, le niveau de vie de la révolution industrielle était supérieur au mode de vie agraire qui prévalait avant ou seule la noblesse était privilégiée, vivant de ses pillages, et que peu qui naissaient au bas de l’échelle sociale avaient de chance de changer de station. La clef d’un niveau de vie croissant est donc l’épargne et l’accumulation de capital.

Imaginez qu’un fermier emploie un homme de main qui n’est équipé que d’une bêche pour travailler une terre de 100 hectares. Le fermier paie cet homme de main $10 000 par an et a $5000 de dépenses additionnelles. À la fin de la saison il vend sa récolte $30 000, empochant un profit de $15 000. Supposons aussi que notre fermier considère qu’un profit de $15 000 est le strict minimum qu’il doit avoir pour nourrir sa famille et rester en opération. Une ferme est un investissement risqué et rien ne garantit le prix et la quantité des récoltes d’année en année. Si les choses restent les mêmes d’une année à l’autre, il est donc impossible au fermier d’augmenter le salaire de son homme de main. Puisque ses profits n’augmentent pas, le fermier ne peut pas se permettre d’augmenter ses salaires.

Mais supposons, que le fermier puisse augmenter sa production? Supposons qu’il puisse doubler le rendement de ses 100 hectares? S’il pouvait faire ça, il pourrait aussi augmenter le salaire de son employé. Que ferait-il pour y parvenir? Il pourrait mettre un certain montant de ses profits de côté, disons $1000 à chaque année et dans quelques années il pourrait s’acheter un tracteur usagé qui permettra à son employé d’augmenter le rendement de sa terre. Est-ce que l’employé dépend du bon vouloir du fermier pour obtenir son augmentation? Pas du tout parce qu’il peut aller visiter les fermes voisines pour découvrir combien les employés y sont payés et exiger l’équivalent de son employeur. Si l’employeur refuse, l’employé est libre d’accepter une meilleure offre ailleurs, laissant le fermier sans employé pour l’aider à cultiver sa terre.

Donc, même les travailleurs au bas de l’échelle bénéficient de l’augmentation des profits de leur employeur. Ils ont un intérêt, tout autant que leur employeur à la réussite de l’entreprise. Et plus il y a d’entreprises qui font de même, et plus ils feront augmenter les salaires réels des travailleurs.

Retournons maintenant à notre colonie fictive et propulsons la 100 ans dans le futur. À ce point, le niveau de taxation et de règlementation étant demeuré bas, la société a accumulé une grande quantité de richesse. Bien sûr, certains auront eu plus de succès que d’autres, mais même les plus pauvres ont un niveau de vie enviable comparativement à ce qu’ils avaient 100 ans auparavant et tout le monde comprend que leur niveau de vie dépend de l’épargne et l’accumulation de capital des plus riches et de tout le reste. Arrivent les partisans de la gauche qui s’exclament comment il est injuste qu’il existe de si grands écarts de richesse

« Nous devons faire la guerre à la pauvreté » disent-ils, « Et nous débarrasser de ce capitalisme sauvage et établir un état-providence ». Les gens finissent par céder à leur chant de sirène. Au départ, tout fonctionne bien. Les personnes âgées ont un revenu de retraite garanti, les gens ont des soins de santé gratuits, les entreprises recoivent des subventions, les enfants reçoivent une éducation gratuite.

Par ailleurs, les gens négligent de remarquer un étrange phénomène. Le nombre de riches commencent à diminuer, dû au fait que ceux qui se situaient à la limite entre la classe riche et la classe moyenne retombent à la classe inférieure à cause des impôts qu’ils doivent payer pour financer ces nouveaux programmes. Au fur et à mesure que le temps avance, le gouvernement doit élargir son assiette fiscale pour inclure la classe moyenne. Et ceux qui se trouvaient dans la marge entre la classe pauvre et la classe moyenne retombent dans la classe inférieure. Graduellement, l’assiette fiscale continue de s’élargir et les impôts continuent d’augmenter jusqu’à ce qu’il se présente un autre phénomène: le taux d’épargne et l’accumulation de capital, la clef de la richesse, commencent à diminuer.

Ce scénario n’est pas si hypothétique non-plus. C’est exactement ce qui se produit au Québec depuis la Révolution Tranquille. Notre fardeau fiscal étant l’élément de notre budget familial qui a le plus augmenté depuis 1960. Une augmentation de plus de 1600%! Lorsqu’on se compare avec l’Ontario, on note que nous avons 42% des québécois qui sont trop pauvres pour payer de l’impôt, contre 29% en Ontario et nous n’avons que 1.6% de riches contre 2,9% en Ontario. Nous sommes donc, grâce à notre état nounou plus lourd et expansionniste que toutes les autres provinces, de plus en plus riches en pauvres et pauvres en riches. C’est ce que nous a donné notre modèle québécois.

Le modèle socialiste retourne éventuellement les gens à l’état de pauvreté jusqu’à ce que tous atteignent l’égalité; soit également pauvres. Cuba est un excellent exemple. En confisquant au riches leurs commerces, leur propriétés et leur comptes en banque, soit-disant pour aider les pauvres, Fidel Castro a amené son pays jusqu’à la conclusion logique de ce système. Le résultat est une pauvreté manifeste où la grande majorité des habitants survivent à moins de $1 par jour. N’eût été de prêts provenant de l’URSS et maintenant de la Chine, Cuba aurait sombré depuis longtemps dans la famine.

La seule raison pourquoi nous n’avons pas eu une telle érosion au Québec encore, c’est que l’entreprise privée est arrivée à accumuler le capital un peu plus rapidement qu’il ne lui est confisqué et encore, l’investissement privé est en sérieuse baisse depuis plusieurs années et avec le déclin démographique, notre manque de productivité va s’empirer et l’écart avec la moyenne américaine et canadienne va s’accentuer grandement. Dépêchez-vous à faire payer les riches. Bientôt, il n’y en aura plus.

Les gauchistes semblent croire que tout ce qui compte en implémentant leurs programmes, ce sont d’avoir de bonnes intentions. En autant qu’ils se croient bienfaisants, ils croient que les moyens qu’ils utilisent sont justifiés. Malheureusement, leur compréhension de l’économie est assez sévèrement limité au point de croire qu’ils peuvent défier les lois de l’économie et du gros bons sens en abolissant la pauvreté par une loi. (Eh oui, sans blague!) Ils se croient vertueux, mais dans la réalité, il semble qu’un grand nombre d’entre eux seraient satisfaits de voir les pauvres plus pauvres, si en revanche, les riches étaient moins riches.

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Classé dans Actualité, économie, Philippe David