Archives mensuelles : juillet 2010

Enfants-soldats: de la guerre à la rue

Sierra Leone, petit pays d’Afrique de l’Ouest d’environ 5 millions d’habitants, se remet d’une guerre civile impitoyable. De 1991 à 2002, le pays s’est entre-déchiré. Pas pour des raisons politiques ni religieuses. Le but de cette guerre fratricide: s’approprier les riches mines de diamants du pays.

Dominic Desmarais Dossier Enfants-soldats, International

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Pendant plus de 10 ans, des rebelles, financés par le président John Taylor, du Libéria voisin, ont forcé des enfants à joindre leurs rangs. Soldats, transporteurs, esclaves sexuels. C’est à ces jeux que se sont adonné des milliers d’enfants sierra-léonais. Pour ceux qui refusaient: la mort ou l’amputation. Ces enfants, aujourd’hui adultes, sont traumatisés par ce qu’ils ont fait, ce qu’ils ont subi. Nombre d’entre eux doivent passer seuls à travers cette épreuve, la guerre ayant emporté leurs parents.

Depuis bientôt 10 ans, le pays panse ses plaies. La violence est disparue, mais la pauvreté progresse. Le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) classe la Sierra Leone avant-dernière sur 177 pays au niveau du développement humain. Cet indice prend en compte l’espérance de vie, l’éducation et l’accès à une vie décente de la population.

Reflet de Société est allé à la Sierra Leone voir comment on réintègre ces enfants, victimes de la guerre. Vous pourrez lire plusieurs témoignages d’enfants qui ont dû suivre les rebelles. Sarah, qui a reçu l’aide des organisations internationales pour retrouver sa place dans la société. Et Alex, comme de nombreux autres, qui apprend à se débrouiller seul. Bienvenue dans leur univers.

CAUSE et les enfants-soldats

CAUSE Canada, une ONG albertaine qui œuvre dans le développement, a déjà piloté un projet destiné aux enfants-soldats. De janvier 2000 à juillet 2001, 2274 enfants, victimes de la guerre et amputés, ont profité d’un programme de réintégration. Le tiers des participanenfants-soldats-sierra-leone-enfant-guerrets était composé de filles. Faute de fonds, le projet a duré un an et demi. La directrice de CAUSE, Beverley Carrick, souhaitait un projet de cinq ans. La guerre est trop loin dans la mémoire des donateurs qui sont constamment sollicités pour soulager les nombreux maux de la planète. Pour obtenir du financement, les ONG doivent trouver d’autres projets plus attrayants.

Prince Cotay, directeur de CAUSE pour la Sierra Leone, constate que le vent a tourné. Depuis la fin de la guerre, les besoins ont changés. «Maintenant, il n’y a pas de besoin pour les enfants-soldats. On a un besoin urgent pour les enfants de la rue.» Plusieurs enfants-soldats ont glissé entre les mailles des programmes de réintégration. Ils n’ont reçu aucune aide. D’autres n’ont pas réussi à s’intégrer, après leur séjour au sein d’un centre de réhabilitation. «Ils ont perdu leur famille, leurs parents. Ils ne peuvent pas retourner chez eux. Ils ont été soldats, ils sont habitués de commander. Ils ne veulent pas retourner vivre sous l’autorité de leurs parents. Ils sont retournés vivre dans la rue», explique M. Cotay.

Plutôt que d’aider des jeunes en particulier comme les enfants-soldats, les nouveaux projets touchent la communauté. Avec le support d’Unicef Canada, CAUSE veut favoriser l’accès à l’éducation pour les enfants. Tous victimes de la perte de leur système d’éducation en raison de la guerre. Les écoles se reconstruisent, les enseignants sont formés. Un travail complémentaire au centre de la Croix-Rouge, qui envoie, après un an, ses plus jeunes sur les bancs d’école.

Pour épauler son projet de rétablissements des écoles, CAUSE s’apprête à mettre sur pied un programme pour sponsoriser l’éducation d’enfants. L’organisme espère rejoindre 5 000 enfants sur les 100 000 de la province. «Les parents doivent payer 50 000 à 60 000 léones par année (20$ US) pour envoyer un enfant à l’école. Certains parents n’ont pas ces moyens», raconte Prince Cotay.

«Le plus gros problème des victimes de la guerre, c’est que la plupart se sont appauvris. Ils n’ont aucune source de revenu. Pas de soins médicaux. Pas d’éducation. Avoir un toit est un autre problème important. Ils vivent au jour le jour. Ils ne peuvent pas penser à demain, car demain n’existe pas. Et plusieurs ont des femmes, des enfants. Avant la guerre, entre 70 et 80% des gens étaient pauvres. Avec la guerre, ça s’est empiré.» Le directeur de CAUSE possède une vaste expertise. Il a supervisé des projets concernant les enfants-soldats, les femmes, les amputés, l’éducation, la santé, les maladies sexuelles.

De la pauvreté à la guerre

Si la pauvreté est visible, la misère ne se sent pas. Philippe Stoll, de la Croix-Rouge, l’admet. «C’est calme en surface. Mais les gens explosent rapidement.» Comme cette fois où, expropriés de leurs terrains, des habitants s’en sont pris au ministre responsable du dossier. Ils l’ont torturé. Il a payé de sa vie sa décision.

Les signaux pour une autre guerre sont là. «Le sous-emploi, les abus aux droits de l’homme, l’accès à la propriété. Le gouvernement garde l’argent. C’est ce qui est arrivé il y a dix ans», fait savoir Daphne Olu Williams, de l’organisation FAWE (Forum for african women Educationalists). Assermentée commissaire pour les élections de 2007, cette femme énergique et bouillante n’a pas peur de ses opinions. Entre des directives à ses enfants, des conversations au téléphone qui ne dérougit pas, elle clame tout haut ce que les gens de la communauté internationale racontent sous le couvert de l’anonymat. Elle aussi remarque que les indicateurs qui ont mené à la guerre en 1991 sont aujourd’hui présents. Il ne manque plus qu’un leader, un rassembleur. Les ONG, elles, poursuivent leur travail. En espérant ainsi empêcher une autre boucherie.

Autres textes sur les enfants-soldats:

Enfants-soldats; Reflet de Société à la Sierra Leone

Enfant soldat et Cause: de la guerre à la rue

Enfants soldats: les anges de la guerre

Les enfants de la rue en Amérique Centrale

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Classé dans Actualité, Raymond Viger

Molle république

J’en ai marre des mous. Sérieux. Pour vrai. Je ne suis plus capable. Ils me sucent mon énergie vitale et m’obligent à leur remettre à la face toutes leurs contradictions. Un mou, c’est toujours entre deux mondes, entre deux positions. Ça dit blanc quand ça fait noir, ça pense noir quand ça dit blanc. Un mou, ça ne mène à rien. Du vent, de la distorsion, du bruit de fond, des idées qui s’envolent et que n’agrippent jamais ceux qui auraient le pouvoir ou le talent d’en faire quelque chose de concret.

Tenez, prenez ce type. Il parle à qui veut l’entendre, depuis quelques mois, de République. La République ceci, la République cela. Tu manges République, tu baises République, ton étron c’est le divin joyau de la transformation du pouvoir citoyen en merde républicaine. Nous sommes tous des citoyens, des enfants de la République en attente de LA CONSTITUTION qui saura concrétiser ce désir.

Or, le type, ce grand Républicain parmi les enfants de Républicains souhaitant la République, me contait à quel point il s’empressait de parler anglais à une de ses amies américaines vivant actuellement au Québec. Pourquoi? Pour pratiquer son anglais, quoi donc. Voyez-vous, le type qui ne peut débiter trois mots consécutifs sans le mot République se dépêche, au même moment, de parler une langue étrangère sur le territoire du Québec. Vous y comprenez quelque chose?

Oh, mais n’allez pas lui reprocher. La République, elle est ouverte, la République, elle est grande, la République elle est fine. Et le type de me citer son amour des républicains irlandais, ces grands patriotes oeuvrant à la constitution d’une société leur permettant d’assurer la survie de leurs idéaux. Sauf que… Les Irlandais ont perdu leur langue. Ils ne sont plus que 3% à avoir le gaélique irlandais comme langue principale. Le français se porte mieux en Saskatchewan que le gaélique en Irlande. Oh oui, elle est belle la République, elle règle tout la République!

De tout temps, les idées magiques ont eu bonne presse. L’humain aime rêver. Ça fait partie de nous. Les idées complexes, on déteste – trop compliqué! Alors amenez-nous un truc simplet, genre la-République-qui-règle-tout et on embarque. On oublie nos réels objectifs, on s’enterre un peu, et on embarque sur le Titanic d’une idée en apparence merveilleuse mais qui, dans les faits, ne règle absolument rien.

Qu’on me comprenne bien: la République n’est ni bonne ni mauvaise. C’est une idée, un concept. Mais la vraie réalité derrière ce concept et cette idée ne doit pas être occultée: on doit vouloir la République pour assurer notre survie collective et non pas comme un simple apparat pour ourler d’or la jupe de notre disparition. Que vaut une République où notre langue deviendrait l’équivalent du gaélique, une langue-morte parlée seulement dans quelques foyers retardés?

Ces mous, ces Républicains prêts à écrire une CONSTITUTION mais incapables de concevoir l’objectif réel – assurer la survie du peuple québécois – font-ils réellement avancer notre cause? Que vaudrait un pays indépendant et une République si elle avait l’anglais comme langue réelle principale?

À un moment, dans l’histoire d’un peuple, il faut en finir avec les mous, avec les carriéristes, avec les opportunistes. Tourner le dos aux malotrus qui se proclament patriotes mais qui nous tirent dans les jambes à grand coup de locutions anglaises. Il faut oser se tenir debout, contre la tempête, et affirmer que notre combat est celui de l’identité, de la langue et que rien – pas même la République – ne saurait nous en distancer.

Les mots veulent dire quelque chose. Et mieux vaut un système imparfait où nous obtenons des gains concrets pour la survie de notre langue et de notre identité qu’un système imaginaire rose-bonbon consacrant notre fin et drapant d’un linceul républicain notre existence collective en terre d’Amérique. Mieux vaut une saine dose de radicalisme qu’une mollesse n’ayant de finalité que la disparition finale.

L’indépendance, la République, oui. Mais le français et l’identité d’abord. Toujours, et à jamais.

Louis Préfontaine

Publié  aussi sur le site de Louis Préfontaine

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Classé dans Actualité, Louis Préfontaine

La carte du racisme

Boston Tea Party

Lorsqu’on est incapable de discréditer un adversaire autrement, il est fréquent d’avoir recours à la démonisation de cet adversaire. Quoi de mieux alors que d’utiliser la carte du racisme. Cet argument est souvent utilisé lorsqu’un des antagonistes est membre d’une minorité visible. Si nous nous opposons à lui, c’est que nous devons forcément être racistes. Les musulmans jouent cette carte très efficacement avec la supposée offense de blasphème et d’islamophobie. Cette tactique rend toute opposition ou critique de l’Islam politiquement incorrecte. Les démocrates et les grand médias américains ont pour leur part décidé de jouer la carte du racisme pour faire taire toute critique à l’encontre de l’administration Obama et notamment contre le mouvement des tea parties. Pourtant, de croire que ce mouvement est primairement motivé par le racisme, c’est de très mal connaître nos voisins du sud.

Le Boston Tea Party de 1773.

Les États-Unis sont nés à toute fin pratique d’une révolte de taxes. Plus précisément d’une collections de plusieurs taxes imposées par la couronne sur les colonies américaines, sans que celles-ci puissent être représentées au parlement britannique. Ce principe étant cher aux américains, ils devinrent de plus en plus insatisfaits alors que la couronne imposait le Stamp Act et le Townsend Act, mais ce fût le Tea Act qui a enfin fait déborder le vase. Une bande de 200 hommes déguisés en amérindiens ont pris d’assaut trois navires de l’East India Company chargés de Thé dans le port de Boston le 16 décembre 1773 et jetèrent 343 caisses de thé par dessus bord. Les conséquences de ce geste furent le coup d’envoi de la révolution américaine. L’esprit même de la révolution américaine fût celui d’établir un nouveau gouvernement aux pouvoirs restreints, gouvernant selon la volonté et le avec le consentement du peuple, concept plutôt révolutionnaire à l’époque. Ce désir est amplement reflété grandement dans la Déclaration d’Indépendance américaine et dans le préambule de leur Constitution. Encore de nos jours, un très grand nombre d’américains adhèrent encore farouchement à ces principes.

La crise économique de 2008.

Appuyons le bouton d’avance rapide jusqu’à 2008. Grâce à diverses interventions gouvernementales visant à favoriser l’accès à la propriété par le biais de la sécurisation d’hypothèques par les compagnies gouvernementales Fannie Mae et Freddie Mac et grâce à des taux d’intérêts maintenus artificiellement bas par la Réserve Fédérale, la plus grosse bulle immobilière de l’histoire éclate, laissant Wall Street en lambeaux avec des tonnes d’actifs toxiques basées sur des hypothèques ne valant plus rien. L’administration Bush décide alors qu’il faut absolument sauver les banques de Wall Street de peur de voir tout le système bancaire s’écrouler. On institua donc le Troubled Asset Relief Program, visant à racheter les actifs toxiques des banques. Pilule qui fût extrêmement difficile à avaler par le contribuable américain à qui on veut refiler la note de l’irresponsabilité des banques de Wall Street. L’administration Bush était déjà coupable de grossiers excès de dépenses pendant ses huit ans au pouvoir, mais le TARP fût très probablement la goutte qui a fait déborder le vase pour plusieurs américains, mais Bush s’en allait et Obama arrivait pour le remplacer.

Hope and Change.

Obama a pris office avec la promesse d’espoir et de changement. Malheureusement, aussitôt arrivé au pouvoir, il s’est empressé d’endosser et amplifier toutes les politiques de l’administration précédente. Non seulement a-t-il continué le TARP de $700 milliards, mais il s’en est servi pour nationaliser une partie des banques commerciales, AIG (qui a promptement récompensé ses dirigeants de fabuleux bonis), ainsi que GM et Chrysler afin de préserver des emplois payés $80/heure avec avantages sociaux, en plus d’ajouter un programme de stimulus de $800 milliards, tout ça aux frais des contribuables pour la plupart beaucoup moins nantis. Devrait-on se surprendre que la grogne atteigne un point culminant. Pour les contribuables américains, c’en était trop.

La naissance des Tea Parties.

Réalisant que le fameux changement promis par Obama n’était qu’un mirage, les contribuables américains ont pris la rue d’eux-mêmes le 27 février 2009 pour protester contre le TARP, agitant des sacs de thé et des drapeaux de Gadsden, premier drapeau de la révolution américaine. La symbolique était apparente. Le citoyen américain moyen commence à se soucier grandement de la direction qu’a pris son gouvernement qu’il perçoit de plus en plus gigantesque. À cause de toutes les nationalisations de banques, d’AIG, de GM et de Chrysler, ils perçoivent Obama comme un socialiste qui vise à nationaliser graduellement l’économie américaine. La réforme de la santé et la nouvelle réforme du système financier n’ont rien fait pour les rassurer non-plus. Les américain sont par nature réfractaires au concept d’état-nounou et ils réalisent que c’est la direction que prend l’administration Obama et le congrès majoritairement démocrate. Ce fait les inquiètent et avec raison. La dette américaine, déjà gonflée sous Bush, a littéralement explosé sous Obama et la création monétaire de la Fed a atteint des sommets historiques. L’américain moyen commence à se demander comment cette dette sera remboursée et les chance sont qu’elle ne le sera jamais. Le jour où les créanciers des États-Unis perdront confiance, c’en sera fini de l’empire américain.

Conclusion.

Depuis l’inauguration d’Obama, les américains ont eu d’amples raisons d’être insatisfaits et déçus. Un très grand nombre des manifestants des tea parties sont des républicains, mais un grand nombre d’entre eux se disent démocrates et avouent leur déception de l’administration Obama. Ils n’ont pas besoin d’être racistes, ils auraient été insatisfaits peu importe la couleur de la peau de leur président. Ils sont insatisfaits de ses politiques, un point c’est tout. Les accusations de racisme ne sont que l’acte désespéré de démagogues.

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Classé dans Actualité, Philippe David

La « réalité » à la manière Ikea

Image : Udner Blogspot

La réalité, c’est ce qui continue à s’imposer à vous quand vous cessez d’y croire.

Philip K. Dick

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J’jusqu’alors, se croyant éperonné par l’action, il ne s’était accordé que des accointances sensuelles qui laissaient la tête libre. Mais maintenant il lui fallait connaître les subtilités du cœur qui après tout aiguisent l’esprit.
P. Drieu La Rochelle, Rêveuse bourgeoisie, 1939, p. 205.

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« Affordable solutions for better living »

Slogan Ikea

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Ikea a fait fortune en donnant à chacun les pièces et les plans pour « bâtir » ses propres meubles. Tournevis fournis, dans bien des cas. Au point ou la formule, aujourd’hui, est si répandue qu’il est difficile d’acheter une bibliothèque sans avoir à la monter nous-mêmes…

En tant qu’individus, nous sommes tous un peu Ikea…

Je ne cherche pas à définir une « réalité cosmique », mais plutôt à nous questionner sur notre perception de la réalité de nos sociétés, et du grand vent des intellectuels, dont les gaz, après un bon repas du bric-à-brac,  prend l’ascenseur et s’en va ballonner le cerveau.

Et c’est comme ça depuis près d’un demi-siècle puisque l’on n’a pas produit que des choux, des ordinateurs, ou des armes sophistiquées… C’est comme ça depuis que l’on a distribué à tout le monde des morceaux des « savoirs ».  Ce qui a permis à monsieur et madame tout le monde de se monter un beau meuble de « connaissances » qui, un peu attisé par la somme des pièces, des visses, et des plans tout faits, de se tracer « une idée »… De la vie, de l’Univers, des sociétés, des « grands »…

On a des opinions « rationnelles » sur tout…

Rationnelles…

Leurre et drame…

Les piranhas gris et le perce-oreille

Si vous vous jetez dans l’eau d’un site pour commenter ou pour écrire,  souvenez-vous des scènes de films dans lesquelles les piranhas dévorent un humain en quelques minutes.

Ces piranhas du net se nourrissent de toutes les eaux qui polluent maintenant la « connaissance humaine » sur la toile.  À se demander ce qu’elle a d’humain – cette connaissance – si elle ne sert pas à l’humain?

Une autre accointance entre la civilisation nombriliste du « Me, Myself and Die » (sic).

On ne meure qu’une fois. Les fabricants de déluges foisonnent, mais peu  d’élus  pour fabriquer des arches.

Les « destructeurs » d’humanité ne sont pas bien nombreux… Mais ils disposent d’un pouvoir dangereux : l’argent. Ils peuvent donc se payer deux variétés de la race humaine : les pauvres et les vaniteux. Comme dirait l’anglophile : The big piece of cake…

En fait, nous voilà à l’ère de la méthode du perce-oreille :

Contrairement aux grands animaux et aux humains qui produisent généralement peu de rejetons mais leur prodiguent ensuite des soins, les insectes optent presque tous pour une stratégie différente qui consiste à produire davantage de descendants, mais à ne pas investir d’énergie pour s’en occuper. Infestation.ca.

Réalité et perception : la Tour de Babel

Cette histoire est parfois vue comme une tentative de réponse des hommes au mystère apparent de l’existence de plusieurs langues, mais est aussi le véhicule d’un enseignement d’ordre moral : elle illustre les dangers de vouloir se placer à l’égal de Dieu, de le défier par notre recherche de la connaissance, mais aussi la nécessité qu’a l’humanité de se parler, de se comprendre pour réaliser de grands projets, ainsi que le risque de voir échouer ces projets quand chaque groupe de spécialistes se met à parler le seul jargon de sa discipline. Ce récit peut aussi être vu comme une métaphore du malentendu humain; où contrairement aux animaux, les êtres humains ne se comprennent pas par des signes univoques, mais bien par l’équivocité du signifiant. Tour de Babel

Après avoir passé une journée pédagogique – la meilleure, sans doute, de ma « carrière »-  nous sommes sortis tous ébranlés par cette expérience qui consistait,  à partir d’un texte ou d’une image, à donner notre version de ce que nous pouvions percevoir. Et les mettre en commun…

Pénible.

Les plus secoués furent les mathématiciens. Sans doute parce que plus on verse dans la rationalité, plus les résultats sont certains et concrets, voire vérifiables.

Et là, ils étaient perdus…

Le syndrome de la porte fermée…

Il est évident que l’on peut tout comprendre dans un système où on a choisi les pièces pour procéder à un montage et se  bricoler un résultat.

Le danger des gens dits « intelligents » est qu’ils finissent par croire – tient,  une foi n’est pas coutume – que tout peut être compris.

Devant un candidat souffrant du syndrome, j’ai rétorqué, un jour :

– Quand tu ne comprends pas, tu acceptes.

– Qu’est-ce que tu veux dire par là?

Il n’avait pas compris.

Je voulais simplement signifier que toute connaissance est une série de gommages d’ignorances passagères. Mais plus encore : tout n’est pas saisissable.

Pour moi – c’est une conception personnelle – un être intelligent  c’est quelqu’un qui a une poignée d’eau dans la main et un océan d’ignorance devant lui. Son érudition consiste en la prise de conscience de la vastitude de cet infini et à constater avec une certaine fierté ce qu’il a pu cueillir dans sa vie. Avec une certaine humilité…

Surtout devant une « poignée » de mains sèches…

Amour et acceptation

Déjà qu’avec le mot « amour », on devient confus : attirance affective et principe d’union universelle.

C’est là ou se piègent le plus aisément les adeptes dudit « rationnel ».

Pas d’ouverture. Pas de ventilation.

Exaltés, frénésiques, (sic), fiévreux.

Il n’y a qu’une potion : le doute.

Le doute est la congélation des notions ou des idées. C’est la raison pour laquelle vous vous retrouvez parfois devant une sorte de pierre morte…

On n’évolue pas sans ce doute nécessaire pour parfaire son « idée », sa vision.

Sans lui, nous sommes morts.

Bref, évoluer.

Et que faire de l’amour quand il n’y a ni attirance affective ni union universelle? C’est qu’il n’existe pas de volonté ni de compréhension- ni désir de comprendre ou d’accepter dans cette dormance d’esprit solide.

Une pierre en dormance, mais solide dans sa rationalité. Si dans la chanson country le cowboy fait le tour de la montagne, les dépeceurs d’idées en sont que des bouchers pour la race humaine, et ils font sans cesse le tour de leur nombril.

Belle chanson!

Sainte-Anne-de Beaupré

Il y a eu un reportage, ce soir sur la Basilique Sainte-Anne-de-Beaupré, où des milliers pèlerins,  venus de tous les coins du monde hurlaient leur foi devant les caméras.

Risible!

Les « rationnels » ne comprennent pas. Et ils n’acceptent pas… Ils n’acceptent pas le ridicule qu’ils voient.

C’est qu’ils sont victimes de la méthode Ikea qui consiste à ne vivre que dans un montage Ikea.

Ils appellent cela la foi…

Qui peut juger de la démarche d’un humain? Qu’a-t-il de si singulier et hautain ce« j’ai raison » devant un tel phénomène?

Posez-vous la question…

Un intellecto-ikea… Ça sert à quoi?

Il n’y a pas de morceaux ou de pièces en dehors de son « achat » …

Dieu en trois personnes

On en arrache des neurones… Ouach! Ça écorche l’ego, au point d’éviter la question.

Mais nous vivons avec chacun notre  Dieu,  et nous sommes toujours dans une bouillie qui nous stérilise.

Il y a trois paliers :

  1. La connaissance pour soi, de notre développement spirituel, par notre singularité. Non partageable.
  2. L’élaboration d’une vision de la Vie dans une tentative de se situer dans l’Univers en tant qu’unicité, tout cela barbouillé d’émotions, de craintes, d’effroi face à la survie après la vie… Semi-partageable.
  3. La volonté d’être participatif à un « bonheur océan » avec sa petite poignée d’eau. Obligatoirement partageable.

Finalement, notre amateur de meubles Ikea est pire que celui du meuble Dieu en trois personnes. Il a foi en son système rationnel…

Alors, il mène  une guerre de religions terroristes avec deux personnes : lui et son nombril.

L’athéisme est une foi.

Elle est sans doute née d’un montage de formules rationnelles « choisies ».

D’où l’expression revue et corrigée : mauvaise foi.

C’est juste qu’avec sa poignée d’eau il croit détenir l’océan.

Il est dommage que l’on mélange religion et société.

Dans le doute, il vaut mieux faire abstinence d’une certitude morte que d’un doute mouvant.

Les piranhas ne savent pas d’où provient l’eau dans laquelle ils nagent. Ils ignorent également qu’ils sont le produit de cette eau.

Ce serait une belle histoire que de raconter celle de la goutte orgueilleuse. Car une fois l’océan éteint, dans quoi vivront-ils?

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Classé dans Actualité, Gaëtan Pelletier

Remède à l’abus du Système

François Marginean

Tout d’abord, une mise à jour du dossier de BP et le volcan de pétrole impossible à colmater. On nous ment délibérément: le puits fuit de plusieurs endroits comme une passoire et le pétrole/méthane s’échappe de partout autour du puits de pétrole lui-même.

Cette semaine, apprenons les rouages du Système avec notre invité exceptionnel: Jacques-Antoine Normandin.

Une question de liberté, de souveraineté de l’individu et de confiance en nos pouvoirs. Il est possible d’exercer nos pouvoirs sans défaire le système.

Définition de termes importants, explication des principes de base du fonctionnement du Système; de notre identité réelle dans ce Système, du système légal; de la Common Law vs la Loi Commerciale (UCC); de la personne légale que nous représentons majoritairement à notre insu vs l’être humain en chair et en os.

Nous explorons les puissantes ramifications de tout cela sur nos vies quotidiennes et sur la réalité économique. Des remèdes existent, mais nous les ignorons. Heureusement, des gens comme notre invité ont eu le courage et la persévérance de s`avancer, de défricher cette jungle comme de véritables pionniers, des pionniers de notre liberté à retrouver.

Des solutions sont disponibles pour remédier à ce marasme, à ce qui semble bien être une impasse de civilisation, mais qui en fait une véritable crise évolutive. Vous trouverez certainement d’intéressantes pistes de solutions dans cette émission unique. Une chose est certaine: nous ne sommes pas impuissants.

Ne manquez pas d’écouter cette extraordinaire entrevue, des informations explosives jamais entendues au Québec auparavant, une gracieuseté de L’Autre Monde et la radio officielle de l’UQÀM, CHOQ FM, ainsi que de Jacques-Antoine Normandin.

L’Autre Monde 22 juillet 2010 

120min – CHOQ FM

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Classé dans Actualité, économie, environnement, François Marginean

Le pari d’Oncle Tom

Je vous apporte aujourd’hui un article que j’ai écrit il y a presque deux ans.   En panne d’inspiration ? Pas vraiment…  Je crois simplement que parfois il faut se répéter.  Il faut dire inlassablement qu’on ne joue pas impûnément avec des allumettes…  et qu’on ne doit jamais penser  que l’ennemi est vaincu parce qu’il a trébuché… Seulement, dit le I Ching, quand « ses cendres ont été dispersées par le vent » . Prenez le racisme aux USA, par exemple…

***

45 ans après le fameux discours de Martin Luther King, rêvant tout haut que les Noirs en Amérique  seraient comme des Blancs, le rêve a pris forme, ce jeudi 28 aout 2008, dans un stade de Denver, Colorado, devant 80 000 personnes, dont un quart d’Afro-américains occupant bien leur place.  En choisissant Barack Obama comme leur candidat à la présidence, les Démocrates ont annoncé que ceux des Noirs qui avaient  fait le pari de faire confiance aux Blancs  – Les “Oncle Tom” – avaient eu raison contre Malcolm X  et que l’égalité était arrivée aux USA.

C’est l’égalité par la grande porte qui est arrivée pour les Noirs d’Amérique, avec en prime un droit de regard sur le choix du maître du monde qui  trône à Washington et qui sera celui qu’ils voudront.  Celui qu’ils voudront, parce qu’en votant comme un bloc – 91% ! – pour  l’un des leurs, ils rendent bien probable sa victoire sur l’autre prétendant, vieillard au demeurant assez désagréable, mais dont le clivage partisan aux USA aurait pu faire malgré tout un gagnant.

91%. Les Noirs d’Amérique vont voter comme un seul homme. The Man – le Blanc, dans le slang des ghettos urbains, où il n’est plus présent que comme une petite touche pour faire contraste – va au contraire continuer son appui coutumier, tel aux Démocrates, tel aux Républicains, obéissant à ses tropismes acquis pour réagir à la seule lumière à laquelle l’auront rendu sensible les médias qu’il fréquente.

Les Blancs d’Amérique se partageront entre les deux partis, à parts égales ou presque, comme ils ont accoutumé de le faire. Comme on a voulu qu’ils le fassent, afin qu’un minimum d’effort soit requis pour faire pencher  la charge  de-ci de-là et guider la bicyclette  sociale sans sembler tenir le guidon.   Les Blancs américains devraient se scinder en deux, car ils n’ont pas la solidarité des espèces menacées.    C’est le vote des Noirs qui fera la différence. Oncle Tom aura la balance du pouvoir.

Faut-il se plaindre, si c’est ce vote noir massif qui va devenir la clef du changement ?  La clef pour qu’on mette fin a un impérialisme et un individualisme forcené qui détruisent l’Amérique, avec des mercenaires en Irak et des tireurs fous sur les campus ?

Faudrait-il s’en plaindre, même si l’hypothèse était évoquée d’un angélique complot qui aurait prévu de longue date faire  de ces élections un choix clair de western entre le Bien et le Mal, pour qu’associant le Noir et le Bien on en finisse avec le racisme et que l’Amérique puisse affronter unie les défis d’un monde où sa prépondérance s’achève ?

S’en plaindre, certes pas, mais s’en inquiéter, peut-être. Il n’y aurait rien que de bien favorable à ce qu’une majorité d’Américains préfèrent ce qu’offre Obama à ce qu’offre McCain, sans égard  à la couleur de sa peau, mais est-ce bien çà que l’on est à vivre ?

Considérant l’état de la société et de l’économie américaine, il est troublant qu’une majorité de ceux aux USA qui n’appartiennent PAS à la communauté noire, favorisent aujourd’hui le Parti Républicain, porteur de guerre, de pauvreté, de turpitude morale et de mensonges si énormes qu’on voit presque tiquer ceux qui les profèrent.   Est-on vraiment en train d’exorciser le racisme, ou n’est-on pas à l’instrumentaliser pour la bonne cause… et vice-versa ?

La victoire annoncée d’Obama, qui doit marquer l’accession des Américains à une société sans préjugés, est présentée comme le triomphe du melting pot qui devait les rendre tous semblables, mais n’est-elle pas plutôt, paradoxalement, celui d’un communautarisme  qui s’installe  à demeure et qu’il n’est pas  politiquement correct de contester, ni même d’évoquer, puisque le résultat est celui dont on a rêvé ?

Jusqu’où la fin justifie-t-elle les moyens ?  À partir de quelle dose le soma qui fait rêver risque-t-il d’induire un cauchemar ?  Si on en croit les sondages, Obama, s’il est élu en novembre, le sera vraisemblablement malgré un soutien majoritaire à son adversaire de la population blanche. Une  population  blanche  dont les prévisions démographiques nous informent que, dans une génération, elle sera devenue  une minorité.

Le risque est bien réel que les prochaines élections et leurs séquelles transforment déjà par anticipation  cette population blanche déclinante en une « communauté », se distinguant des autres communautés, perçues toutes ensemble comme « les autres ».  Si cette identification communautaire  a lieu avant novembre, le vote des Blancs ne se scindera plus en deux ; elle signifiera une victoire de McCain. Les Noirs américains le prendront mal, mais on trouvera bien prétexte à l’expliquer autrement. Si elle a lieu après, toutefois, ce sera plus grave…

La situation dont héritera le futur président des USA sera critique, quasi désespérée.   La société américaine est tarée, non seulement par des inégalités sociales, mais par des inégalités économiques qui ont atteint le point de rupture.  Son économie de production et ses finances reposent sur  des concepts battus en brèche. La puissance militaire de l’Amérique, incontestable, est néanmoins si mal adaptée aux exigences des conflits modernes qu’elle pourrait tout aussi bien ne pas exister.

Pire, l’Amérique est vue comme responsable de la crise financière mondiale qui menace et – on le voit sur tous les blogues – d’une résurgence possible de l’impérialisme russe dans un contexte de guerre froide.   On l’accuse de tous les péchés d’Israel et on regarde, goguenard, la Chine qui la rejoint et la dépasse sur tous les plans. Le prestige des USA est à son nadir. On n’aime plus l’Amérique.

Si Obama renverse cette situation à l’avantage de l’Amérique, il prendra sa place avec Washington et Lincoln.  Les dieux n’ont pas de couleur – l’Inde védique les peignait en bleu ! – et  qui veut se souvenir  de la couleur bistre imprécise de Dumas ou de Pouchkine ?  S’il n’y parvient pas, toutefois,  il se pourrait bien que le communautarisme blanc naissant aux USA cherche à grandir et à tirer ses lettres de roture d’une opposition  à Obama, présenté  alors soudain comme la source de tous les maux.

Si Obama ne fait pas de miracles, le risque est grand  qu’une opposition irréfléchie, inconditionnelle se manifeste.  Le risque d’un  rejet viscéral d’Obama et d’un profond mépris pour ses « échecs”  et  sa «différence ».   Un racisme intolérant, voire haineux,  pourrait alors apparaître aux USA.   C’est ce pari quitte ou double contre le racisme que signifie la candidature d’Obama.   Apprécions en la promesse, mais n’en mésestimons par les dangers.

Pierre JC Allard

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Pourquoi reprendre ce texte aujourd’hui ?  Parce que Obama n’a pas fait de  miracle  et qu’un racisme intolérant, voire haineux,  semble pointer aux USA.    Il n’est plus du tout certain qu’Oncle Tom gagnera son pari. Or, s’il le perd, quelle sympathie  et quel espoir pourra-t-on encore garder aux USA  ?

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SIDA DE CIVILISATION : Les grandes hypothèses (suite)

Yan Barcelo, 17 juillet 2010

(Avec cette série de chroniques « les hypothèses de vie », j’arrive dans les derniers milles de l’essai intitulé SIDA de CIVILISATION que j’ai débuté il y a environ 1,5 an sur ce site. Il s’agit d’un long chapitre qui se composera d’une dizaine de chroniques toutes liées les unes aux autres. Je débute cette deuxième chronique en rappelant le dernier paragraphe de la précédente.)

Aux prises avec son désert intérieur, il est très probable que la sainte de Calcutta ait connu des jours très angoissés à la fin de sa vie, peut-être autant que Louis, peut-être davantage. Il n’est pas du tout certain qu’elle soit morte dans la sérénité. Mais il est permis de croire que sa vie de dévouement et de dévotion lui aura gagné une place, ou tout au moins une trajectoire heureuse dans les dimensions de l’après-vie (en supposant que de telles dimensions existent, bien sûr).
D’un côté, nous avons un homme qui s’est consacré à une hypothèse de vie très conventionnelle, vouée aux devoirs et aux plaisirs les plus courants. De l’autre, nous avons une femme dont l’hypothèse de vie exprimait la fine fleur du destin chrétien : la vie consacrée au secours d’autrui de façon à gagner la faveur de Dieu.
Qui peut dire vraiment si Louis a eu tort ou raison d’organiser sa vie selon une hypothèse de bonheur terrestre qui laissait très peu de place aux considérations spirituelles? Qui peut dire si Thérèse de Calcutta a eu tort ou raison de se vouer à l’hypothèse du service à autrui?
Tout dépend de la façon dont on répond pour soi-même à la question suivante : ai-je une âme engagée dans un cheminement cosmique après la vie et dont je devrai répondre devant Dieu ou devant tout autre grand ordonnateur universel? S’il n’y a pas d’âme et pas de Dieu, alors le problème est réglé : on peut s’adonner à n’importe quelle hypothèse de vie, même la plus déréglée et meurtrière, sans le moindre souci. Tout finira à la tombe et le seul critère de réussite de cette vie aura été la jouissance qu’on aura pu coûte que coûte extraire du fruit terrestre. En fait, comme je l’ai dit ailleurs, si on ne souscrit pas du tout à l’idée d’une après-vie, alors il n’y a que les exploiteurs, les brutaux et les égoïstes finis qui ont raison en ce monde : ils ne s’enfargent pas dans les fleurs du tapis pour se payer les plaisirs et les jouissances que leurs pulsions et instincts commandent. En fait, tous les autres qui craignent la loi, la police ou l’opinion dans leur envie de se payer du bon temps – fut-ce aux dépens d’autrui – ne sont que des poltrons.
Mais s’il y a une âme, s’il y a Dieu, si on est appelé à répondre de notre conduite de vie, alors vaut mieux privilégier certaines hypothèses de vie, notamment celles qui ont une certaine teneur morale et spirituelle, et en éliminer d’autres, surtout les plus égoïstes et avides. C’est un peu en ces termes que Pascal posait son fameux pari…
Mais il reste que la validation d’une hypothèse de vie ne saurait être « objective ». Aucun tribunal cosmique ne nous apparaît à intervalles réguliers (à tous les 10 ans, par exemple), terrible et magnifique, drapé d’éclairs et d’aurores boréales, pour nous informer des hypothèses de vie les plus rentables sur un plan cosmique et nous détaillant les conséquences plus ou moins éprouvantes, ou plus ou moins béatifiques, dont chacun écopera ou jouira selon l’hypothèse avec laquelle il a mené sa vie.
S’il existe une mesure de la validité d’une hypothèse de vie, elle serait sans doute très intime et subjective : c’est une certaine paix intérieure qui vient du sens du devoir accompli. Il est permis de penser que la personne de vertu connaîtra une telle paix intérieure, même si ses conditions de vie extérieures sont par ailleurs dénudées de prospérité ou malheureuses. Par ailleurs, on peut penser que même l’homme très fortuné, entouré de tous les richesses terrestres, n’aura aucune paix intérieure s’il a la sensation intime d’avoir failli à ses devoirs d’être humain.
Mais il reste que rien ne nous garantit que le saint a raison et que l’exploiteur a tort. Donner raison à l’un et tort à l’autre relève d’un pur geste de foi, sans aucune garantie. Et quand on saurait les immenses sacrifices personnels au prix desquels le saint a pu atteindre à son statut exalté comparé à tous les objets de luxe et de jouissance que l’exploiteur a pu accumuler, il n’est pas dit que plusieurs préféreraient probablement emprunter la voie de l’exploiteur et… fermer les yeux.

Selon la logique que j’ai tracée dans les textes précédents, il semble impossible de dire objectivement, au plan individuel, si une hypothèse de vie est supérieure à une autre. Le seul compas auquel on peut se fier est celui de la conviction et de la foi personnelle. Toutefois, au plan de sociétés entières, certaines observations au niveau des cultures et des civilisations peuvent peut-être nous éclairer. C’est ce que je vais explorer dans les prochains textes.

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Les enfants de la rue en Amérique Centrale

 

Les mots «Mexique, Guatemala, Costa Rica, Honduras» projettent dans nos imaginaires, des destinations exotiques et des voyages. D’autres, ingénieurs ou administrateurs pensent aux nouveaux marchés, à de belles opportunités pour le commerce. D’autres encore, historiens, politologues ou économistes évoquent une zone d’influence américaine. Peu d’entre nous, en entendant prononcer les noms de ces États, penseront aux enfants de la rue, ni même les dirigeants de ces pays. Les enfants de la rue représentent un fardeau pour l’Amérique Centrale. Il est plus facile de les ignorer!

Par Mathieu Chagnon, Waterloo. Dossiers Communautaire, Commerce équitable

enfants-rue-amerique-centrale Les problèmes humains sont énormes en Amérique centrale. La pauvreté fait des ravages. Dans cette région, les enfants qui n’ont pas de famille se comptent par milliers. Ils affluent de la campagne après que leurs parents, incapables de pourvoir aux besoins de leur famille devenue trop nombreuse, ne puissent plus les nourrir.

Les conditions de vie pour les enfants de la rue

Devenus de plus en plus nombreux, la plupart d’entre eux sont trop jeunes pour se débrouiller dans la société. Ils quêtent, volent ou vendent leur corps pour un repas chaud, une douche ou un lit propre. Vivant non pas au seuil de la pauvreté, mais bien au seuil de la mort, ils sont faciles à entraîner vers la violence. Ils sont les victimes privilégiées des touristes sexuels, des trafiquants d’organes, des policiers et des agents de sécurité ayant la gachette facile.

Les conditions de vie qui les attendent dans les villes sont misérables et, au dire de Bruce Harris, directeur exécutif de Casa-Alianza, une organisation indépendante, sans but lucratif, vouée à la réhabilitation et à la défense des enfants de la rue: «Les enfants de la rue sont les plus pauvres des pauvres sans même que ce soit de leur faute».

Un espoir pour les enfants de la rue

C’est dans ce contexte qu’œuvre Casa-Alianza. Fondée en 1981 au Guatemala, puis étendue par la suite au Honduras, au Mexique et au Nicaragua, Casa-Alianza prend en charge 9 000 enfants par année. La plupart d’entre eux sont devenus orphelins par la guerre civile, sont abusés ou rejetés par leurs familles vivant la pauvreté. Ils sont tous traumatisés par la société dans laquelle ils vivent. De même que «Covenant House», la fondation mère située aux États-Unis, Casa-Alianza procure des repas, des abris, des soins médicaux, une éducation de base et des formations techniques à ses protégés. Grâce à ses programmes, Casa-Alianza réussit à réinsérer environ 60% des enfants dans la société latino-américaine qui pourront avoir un travail de base et un revenu suffisant. C’est le plus grand organisme humanitaire autofinancé en Amérique centrale.

L’organisme réalise sa mission de protection et de développement par le biais de plusieurs dispensaires, dortoirs, écoles, hôpitaux de fortune. Les travailleurs y sont bénévoles et proviennent de partout à travers le monde, ils sont de tous niveaux de scolarité et de tous âges. Si les besoins en main-d’œuvre, matériel et financement sont grands, la nécessité d’une prise de conscience de la part des citoyens du monde l’est d’autant plus.

Les problèmes rencontrés

enfants-de-la-rue-amerique-centrale Casa-Alianza est aux prises avec des problèmes beaucoup plus graves que le manque matériel pour les enfants. Plusieurs réseaux criminels abusent des enfants de la rue. Les pédophiles et les mafias organisent la prostitution, sans compter les trafiquants d’organes. Les enquêtes menées par l’organisme révèlent des violations incroyables des droits humains. On croirait plus à une fiction policière qu’à la réalité.

Casa-Alianza poursuit les policiers, les gardes de sécurité et les touristes sexuels auteurs de violence contre les enfants. Au Honduras et au Guatemala, plus de mille assassinats de jeunes de moins de 21 ans ont été répertoriés par l’organisme dans les 45 derniers mois. En février dernier, plus de 18 enfants de la rue sont morts au Honduras. Les enfants sont anonymes, les morts ne sont pas rapportés aux autorités. Les gens là-bas sont dépassés par le problème. Il n’y a même pas de guerre en Amérique Centrale actuellement. Rien aux bulletins de nouvelles! En fait, elles sont étouffées pour ne pas nuire aux relations économiques de ces pays. Ces pays sont nos partenaires économiques.

Casa-Alianza est aussi impliquée dans une lutte à finir contre l’inaction des gouvernements du Guatemala et du Honduras. Plusieurs poursuites judiciaires ont été intentées contre ceux-ci. Pendant les procès, Bruce Harris a reçu des menaces de mort. On l’a sommé de démissionner, on a tiré sur sa maison au fusil-mitrailleur et on a tenté de lui faire perdre le contrôle de sa voiture.

En Amérique centrale, la cause des enfants de la rue est oubliée. Dans tout ce que je peux lire à ce sujet, les enfants de la rue sont considérés comme un fardeau pour la société. Je suis très délicat dans mes propos parce que les textes sur lesquels je m’appuie font état de cas d’enfants traités comme des déchets humains.

Sierra Leone, les enfants de la guerre:

De la guerre à la rue

Enfants soldats, de la guerre à la rue

Les anges de la guerre

Malnutrition

Chaudrons et AK-47 à 13 ans

Traumatismes de guerre

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Classé dans Actualité, Raymond Viger

La leçon de Bathurst

Imagineriez-vous une bande d’Américains forçant la ville d’Hiroshima à hisser bien haut leur drapeau à tous les 6 août, afin de célébrer le bombardement atomique ayant tué des centaines de milliers de personnes? C’est pourtant le coup de force qu’a réussi à accomplir la Anglo Society du Nouveau-Brunswick, qui a convaincu la ville de Bathurst, en Acadie, de hisser leur drapeau anti-français à l’hôtel de ville le 18 septembre afin de célébrer la fin officieuse de la présence française en Amérique du Nord et de marquer leur opposition au bilinguisme néo-brunswickois. Le fanatisme anglo-saxon est sans limite.

Soyons sérieux rien qu’un instant. Pour les francophones en Amérique du Nord – ou ce qu’il en reste – la fin de la présence française marque un point tournant; il s’agit d’un traumatisme collectif possiblement aussi pire, sinon davantage, que les bombardements atomiques au Japon. La société de nos ancêtres a été décapitée, on a interdit notre langue, on a déporté plus des deux tiers de la population d’Acadie. On a volé des terres. On a tué. On a détruit. Et ces anglophones voudraient, aujourd’hui, célébrer cela?

À la limite, si le français se portait bien au Canada, et si les francophones exigeaient, au sein de cette seule province bilingue du Canada, d’interdire complètement l’anglais, on pourrait comprendre. À la limite, je dis bien. Célébrer un événement douloureux pour l’autre, ce n’est jamais quelque chose de très respectable. Un peu comme si les Allemands hissaient le drapeau nazi à Auschwitz à tous les ans, si vous me pardonnez la boiteuse comparaison.

Or, le français au Canada hors-Québec en est au stade terminal, et il se porte extrêmement mal au Nouveau-Brunswick. Le taux d’assimilation des francophones y dépasse les 10% et leur nombre ne cesse de décroître. Ils ne forment même plus un tiers de la population de la province. À l’ouest, ils ont bien les régions faiblement peuplés du Québec pour les aider, mais au sud et à l’est, on ne parle que l’anglais.

Mais pour les extrémistes anglophones, un mot en français est un mot de trop. Lors d’une précédente manifestation contre le bilinguisme à Moncton, ils se promenaient avec des pancartes du genre « Bilingue aujourd’hui, français demain » où ils avaient apposé une fleur de lys sur l’image du Canada. Voyez-vous, le français, avec peut-être 3% de locuteurs de langue maternelle dans l’ensemble de l’Amérique du Nord, constitue une terrible menace pour les anglophones! Si rien n’est fait, l’anglais va disparaître! Imaginez-vous à quel point ces gens sont mentalement atteints? On pourrait sûrement en rire et leur suggérer une bonne dose de médicaments si les élus de Bathurst ne les prenaient au sérieux.

La leçon

La leçon de ces événements doit être claire pour tous les francophones: ce pays n’est pas et ne sera jamais le leur. La simple égalité constitue un affront pour les anglophones et ils feront tout en leur pouvoir pour s’y opposer. S’ils doivent interdire les écoles francophones comme ils l’ont fait pendant près d’un siècle, ils le feront. S’ils doivent fouler de leurs pieds nos valeurs, notre histoire, notre désir de survie, ils n’auront pas de remords.

Qu’on cesse un peu, nous, Québécois, de considérer les Acadiens comme des gens d’ailleurs. Les francophones de l’Acadie sont nos frères. Nous sommes Canadiens-français, comme eux, et si nous sommes devenus Québécois, c’est seulement parce que nous avons compris qu’il n’y avait pas de futur pour la langue française en-dehors d’une province où ses locuteurs pourraient être majoritaires. Nous sommes Québécois par défaut, parce que nous n’avons pas le choix. Nous sommes Québécois parce qu’on nous a volé tout le reste de notre identité.

Ce combat pour l’égalité et pour la survie du français doit se poursuivre partout, d’une Acadie où on insulte les francophones en hissant un drapeau anti-français au Québec où on sur-finance des écoles et des hôpitaux anglophones. Nous sommes tous ensemble.

Il faut se presser. Les nôtres disparaissent rapidement et la prochaine génération de francophones, éduqués dans la sacro-sainte admiration débile de tout ce qui est anglais et à qui on apprend à dire « thank you » avant même qu’ils sachent accorder un participe passé, ne sera peut-être pas à la hauteur pour défendre ce qui reste de notre francophonie. Si nous avions un gouvernement qui a des couilles, il demanderait des explications, voire des excuses, à Bathurst pour avoir permis cette insulte.

Mais si nous avions un gouvernement qui a des couilles, nous serions déjà indépendants et nous ne dépenserions pas 1,5 milliards pour un méga-hôpital anglophone et nous ne financerions pas un réseau universitaire pour anglophone sau triple de leur poids démographique.

Savez-vous quoi? Si nous n’agissons pas maintenant, nos descendants seront peut-être ceux qui exigeront qu’on hisse un drapeau anti-français et qu’on en finisse avec un peuple qui a préféré vivre à genoux plutôt que d’avoir le courage de se tenir comme se tiennent les vrais peuples: debout, le regard vers un futur où ils représentent autre chose qu’une note de bas de page dans le Grand Livre de l’Histoire.

Louis Prefontaine

http://louisprefontaine.com/2010/07/16/bathurst-anglo-society

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Classé dans Actualité, Louis Préfontaine

Les zélotes du recensement.

Tony Clement, Ministre de l'Industrie et du Commerce.

Si vous ignoriez jusqu’à présent qui est Tony Clement, son nom risque certainement de vous être familier avec le tollé qu’a créé sa récente décision concernant la formule longue du prochain recencement. Rappelons que le formulaire long du recensement est envoyé à 20% des ménages canadiens et contient une cinquantaine de questions additionnelles au formulaire court et pose certaines questions que beaucoup trouvent très intrusives sur le chapitre de l’ethnicité et des habitudes de vies. Jusqu’à présent, de remplir et retourner ce formulaire était obligatoire et le refus d’obtempérer est passible d’amendes et de peines d’emprisonnement. M. Clement a décidé pour sa part que ces pénalités étaient indues et a décidé de permettre que le remplissage de ce formulaire soit sur une base volontaire et qu’il soit distribué sur une base plus large, soit un tiers de la population. Personnellement, j’applaudis cette décision. Si je reçois ce formulaire, je vais promptement le mettre dans mon bac à recyclage.

De fait, je questionne l’éthique d’un gouvernement qui utlilise la force sous forme d’amendes et de peines d’emprisonnement pour obliger ses citoyen à un exercice de plus en plus intrusif à leur vie privée. Il fût une époque où le rôle principal du recensement était d’avoir un décompte des citoyens, permettant ainsi de fixer le nombre de sièges dans les différentes assemblées législatives. Maintenant, on veut même savoir combien de temps les différents membres de ma famille consacrent aux tâches ménagères. De quel droit le gouvernement me menace-t-il pour obtenir ce genre d’information?

Mais il y en a qui ont sévèrement critiqué la décision de M. Clement et une levée de bouclier a rapidement suivi cette décision. Naturellement, les opposants les plus vocaux sont justement le genre de gens qui profitent à contrôler chaque facette de nos vies. Bien entendu, l’état a besoin de ces informations afin de bien « gérer » notre économie et nos vies. Il a absolument besoin de savoir mon revenu ainsi que combien de chambres à coucher il y a dans ma maison. Est-ce que l’État a vraiment le droit de tout savoir? N’avons-nous pas nous aussi des droits, comme celui qu’on nous fiche la paix? Le droit de ne pas être harcelés par notre gouvernement sans juste cause? Le droit de ne pas être menacé d’emprisonnement pour avoir refusé de remplir un vulgaire formulaire? Dans son édito, André Pratte disait:

«Le questionnaire court (sept questions) demande aux Canadiens des renseignements sur leur état matrimonial, notamment s’ils vivent avec une autre personne en union libre. N’est-on pas là au coeur de l’intimité de chacun? Suivant la logique tordue des conservateurs, ne faudrait-il pas abolir ce questionnaire également?»

Une excellente idée!

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Classé dans Actualité, Philippe David