On a dit de l’Armée qu’elle était la « Grande Muette ». Bravo, car en démocratie le civil prime sur le militaire. L’Armée doit être belle et se taire. Bravo, dans une démocratie, mais le régime qui gouverne la France n’a plus rien d’une démocratie que le geste, qu’on voudrait magique, de donner un vote à l’un ou l’autre des partis.
Le « demos » ne prend pas d’autre décision que celle de choisir, entre Pierre et Paul, celui qui appliquera la seule politique possible : celle déterminée par les circonstances, dans un monde où tout se tient et où ce n’est pas la France qui tient le haut du pavé.
Le geste n’est pas magique. Le vrai pouvoir – qui est financier et qui contrôle les médias – peut biaiser l’opinion publique un peu jocrisse jusqu’à la limite du crédible, mais ce sont là « jeux de princes ». Une coquetterie. Au moment de vérité, on peut ne pas tenir compte du vote – comme cette plaisanterie de référendum pour le traité de Lisbonne – ou corrompre un à un les politiciens et les fonctionnaires, pour que ce qui soit fait soit bien ce que veut le vrai pouvoir.
Et celà, nonobstant tout ce qui aura été dit ou écrit. La république française fonctionne maintennt à coup de buzz, d’édits et d’enveloppes kraft bourrées de billets de banque . Démocratie ? Soyons sérieux. Alors quand on s’inquiète que l’Armée parle…. Mais au fait, pourquoi s’inquiète-t-on ? On s’inquiète parce que l’Armée est le dernier bastion de dignité dans une France corrompue.
L’Armée n’a pas parlé. Pas encore On s’inquiète seulement qu’un certain Général ait dit de façon bien académique – il est à l’ex – Ecole de Guerre, et c’est son rôle d’avoir des opinions en matières de stratégie – que les Américains, en Afghanistan, ne s’en sortaient pas très bien. Une évidence. Mais, parce que l’information est plus libre aux USA qu’en France, parce que l’opinion d’un géméral français, bien présentée dans les médias d’outre-Atlantique, peut faire des ravages dans les manigances électorales qui en Amérique remplacent la pensée politique… il y a eu froncements de sourcils à Washington.
Or, comme les USA sont pas mal plus près que la France du haut du pavé, une œillade mauvaise de Washington vaut cent coups de knout. Panique donc, chez les gouvernants. De Dieu à ses saints, l’anathème se prépare et se répand. Consistoirein pectore à l’Élysée et Morin, peut-être jaloux de faire moins les manchettes que Woerth, annonce qu’il va sévir. On va sanctionner le Général Desportes. Desportes ? Qui est Desportes ?
Je ne vous donnerai pas tout son profil, ni ses états de service ; Google est la pour ça si vous êtes pressés et tous les médias qui auront lu Google vous les donneront demain, mais Général Desportes n’est pas un pauv’ con à faire tasser. Ce qui semble TRES intéressant ici – et je ne vous dirai que ça – c’est que le Général a écrit des livres de stratégie.
Comme ce type, Charles, le grand qui a fini dans la politique, vous vous souvenez ? Or, dans un de ses livres, le Général Desportes a écrit une de ces phrases qu’on retrouve parfois plus tard gravée dans le marbre :
» L’armée, dernier grand corps de l’État parfaitement discipliné, autonome, polyvalent, constitue l’ultima ratio, disponible et efficace à tout moment quand bien même plus rien d’autre ne fonctionnerait. Nous devons donc nous inscrire dans une logique duale, être capable d’efficacité au service de la population et de sa défense, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur de nos frontières. »
Souvenez-vous bien de ces paroles. Souvenez vous que je vous les ai soulignées aujourd’hui : » au service de la population et de sa défense, tant à l’extérieur qu’à l’INTÉRIEUR de nos frontières. » Vous avez compris ?
Souvenez-vous, maintenant, de ce que je vous dit depuis deux ans:
« Le peuple veut un conte de fées. Il veut un héros qui parte de très bas pour pouvoir monter très haut, très vite, car c’est à l’ascension du météore que la foule veut s’identifier, C’est là qu’elle trouve son plaisir (…) On a parlé de Marcel Aymé ? Disons que le peuple cherche une « jument verte ». Ceux qui n’étonnent pas ne se rendent même pas à la ligne de départ. Si quelqu’un peut vaincre Sarkozy en 2012, ne le cherchez pas: il est trop tôt. On verra bientôt trotter sous les vivas, sur la piste Internet, Melenchon, Cohn-Bendit, Joly, tous les vieux et quelques jeunes aussi, sans doute, mais la Jument verte n’arrivera que vers la fin 2010. Elle arrivera en météore, comme Bayrou. Elle ne galopera pas avant 2011, sans quoi on s’en lasserait, comme de Bayrou… »
Ça aussi vous avez compris ?
La France veut un homme HONNÊTE. Y a-t-il dans toute la gouvernance actuelle une personne à qui vous donneriez votre portefeuille ? Le controle de vos fonds de retraite, un droit de regard sur votre emploi et l’éducation de vos enfants ? Et pourtant… ILS ONT TOUT ÇA ! La question n’est plus de le leur donner, mais de le leur reprendre. Quand on regarde autour de soi, et qu’on cherche des justes pour sauver la France, n’est-il pas raisonnable de penser que beaucoup sont dans l’Armée ?
Si quelqu’un peut reprendre pour vous les remettre votre portefeuille et le reste de vos biens et de vos valeurs des mains de ceux qui les ont et ne les lâcheront jamais, n’est-ce pas l’Armée ce « dernier grand corps de l’État parfaitement discipliné, autonome, polyvalent, (qui) constitue l’ultima ratio, disponible et efficace à tout moment quand bien même plus rien d’autre ne fonctionnerait » ?
Il faut faire le constat lucide que plus rien d’autre que l’Armée ne fonctionne honnêtement en France. Il serait temps qu’un miracle arrive et que la Grande Muette parle. Coincidence cette déclaration du Général Desportes, juste avant le 14 juillet, ou un piège tendu à une gouvernance qui n’a plus le soutien des Français ? Pourquoi pas un piege dans un piège, une manoeuvre des USA pour démasquer ceux dans l’Armée française qui refuse d’être inféodés ?
On le saura sans doute tres vite. En sanctionnant Desportes, dont personne ne met en doute l’intégrité et l’intelligence, non plus que le patriotisme, Sarkozy, Morin et les autres mènent à la parade un cheval de race et allument les projecteurs. La France peut avoir trouvé sa « jument verte »… Quand la muette parlera, on verra peut-être que c’est une bourrique, mais au premier coup d’oeil je la trouve séduisante. Desportes en 2012 ? Pourquoi pas Desportes tout de suite … ?
Tout de suite ? Pour ceux qui n’ont pas atteint l’âge de la retraite l’idée que la France puisse vivre un coup d’État militaire est ridicule. Mais je me souviens de 1958. Pas le temps de Clovis, de Charlemagne ou de Robespierre, 1958. La Cinquième République – Oui, oui, celle qui est là – est née d’un coup d’État militaire. Le Général de Gaulle a été appelé à former un gouvernement dans des circonstances où l’opinion de l’Armée comptait pour beaucoup. Un coup évité, a-t-on dit pudiquement… mais les coups d’État « évités » sont ceux qui ont bien réussi.
Bien sûr, le monde a changé… et l’Armée est bien sage dans ses casernes. Mais ce qui n’a pas changé, c’est la parfaite capacité de l’Armée d’occuper stratégiquement la France en quelques heures sans opposition crédible. Et ce que l’on croyait parti pour toujours est revenu: un gouvernement qui se dit démocratique, mais dont ne veut plus une vaste majorité des Français.
Étant étranger, je regarde la situation actuelle en France en spectateur, comptant les coups sans avoir l’occasion ni le droit de prendre parti. Je vois qu’il n’est pas exclu que l’on cherche à éviter la violence par la substitution consensuelle d’une gouvernance d’Union Nationale ayant la confiance du peuple à une structure de pouvoir qui apparaît discréditée. Une Sixieme République.
Si cette solution est proposée, la décision de l’Armée de rester loyale à sa mission – qui est la défense de la volonté clairement exprimée de la Nation et non d’un quelconque régime – serait déterminante. Comme en 1958, le temps est peut-être venu en France où l’on évitera un coup d’État.
http://nouvellesociete.wordpress.com/2009/06/10/bayrou-meteores-et-juments-vertes/
Pierre JC Allard