Archives mensuelles : septembre 2010

Impôts aux entreprises : fiction et réalité

Je vais faire ici un peu de politique-fiction. Pas dans le sens d’un scénario avec une histoire, des protagonistes, etc., mais dans le sens d’une anticipation théorique. Et sans désir, bien entendu.

En lien avec une étude du stratège géopolitique de la Financière Banque Nationale Pierre Fournier, je discourais voilà pas si longtemps dans un billet de la mondialisation du marché du travail qui est en train de fragiliser nos sociétés occidentales par les pertes d’emplois qu’elle occasionne, pour y aller au plus simple. Tout cela est franchement sujet à débat, mais ce n’est pas le but ici.

D’un autre côté, une partie de la population — ceux que j’ai déjà nommés bien « amicalement » les éconocentrophiles — voudrait bien que les gouvernements abolissent les impôts aux entreprises pour encourager l’économie, et je me dis qu’il faudrait bien lier ces deux points.

Donc, voilà, dans le cas où collectivement nous arrivions à la conclusion que les entreprises ne devraient pas payer directement d’impôt (il faut rappeler que c’est de la fiction, puisque si ça arrive, c’est clair que cela nous sera imposé), je crois que ce cadeau devrait être conditionnel. Et j’espère que vous me voyez venir!

L’idée serait que dans le cas où une entreprise d’ici ferait de la sous-traitance dans un autre pays, il y aurait une pénalité en impôt à payer en lien avec le nombre d’emplois perdus (ou non créés) ici. Je n’irai pas jusqu’à échafauder un système vraisemblable pour ma démonstration, mais il faut quand même comprendre que le but serait de faire en sorte qu’il ne soit pas bon marché pour une entreprise de déménager une partie de ses emplois ailleurs. Si une entreprise fait du profit avec ses activités ici (et qu’en plus elle ne paye pas d’impôts), je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas la pénaliser dans ce sens.

Rendu-là, c’est certain que nos éconocentrophiles trouveraient le moyen de pointer la chose comme étant du protectionnisme malsain, parce que pour eux la mondialisation est la perfection incarnée, et la liberté entrepreneuriale est au-dessus de toute liberté, surtout celle des individus!

Voilà pour la fiction. Même si la fin est manifestement bâclée…

Donc, j’aurais bien pu terminer ce billet là-dessus, mais je vais transformer cette fiction en réalité, du moins du côté de la vraisemblance et en lien avec le contexte actuel.

C’est simple, la prochaine fois qu’un gouvernement considérera abaisser le taux d’imposition des entreprises, il devrait le faire seulement pour les entreprises qui n’ont jamais transféré d’emplois dans d’autres pays, qui ne font affaire qu’avec des employés d’ici, selon des barèmes tenant en compte les types d’entreprises, si ce sont des multinationales, etc.

Pour qu’un jour ça ne soit plus rentable d’être infidèle au pays qui nous permet de bien brasser des affaires. Parce que dans le fond c’est bien ça la pratique de la délocalisation, c’est un flagrant manque de loyauté au nom du profit!

Mais bon, la loyauté, mis à part pour les employés, ce n’est tellement pas une valeur importante…

(Photo : rangerrick)

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Classé dans Actualité, économie, Renart L'Eveillé

Le prix de l’attente.

Au Canada et au Québec, quand il est question de soins de santé, nous sommes habitués d’attendre. Le terme « patient » est certainement approprié. Selon ce rapport, la moyenne canadienne d’attente dans les salles d’urgences est d’environ 6 heures, mais peut aller jusqu’à 23 heures. Au Québec, nous ne devrions probablement pas être surpris d’apprendre que la moyenne est 17h36 min, mais dans certains hôpitaux de la région de Montréal, l’attente peut dépasser 33 heures! On meurt très littéralement dans les corridors et les salles d’attente. Le budget du MSSS a augmenté de $12 milliards depuis 2000, mais l’attente ne fait qu’augmenter. Pourquoi?

Passons sur le fait que, parce que notre système de santé est une monopole étatique, ce qui par définition mène au gaspillage de ressources et que depuis 2000, le personnel administratif a augmenté de 52% et le nombre de cadres de 30% alors que le personnel soignant n’a augmenté que de 6%. Les fonds supplémentaires pompés dans le système ont servi à embaucher des fonctionnaires plutôt que du personnel soignant. Si ce n’est pas du détournement de ressources, je me demande ce que c’est. Mais le problème est encore plus compliqué que ça.

La dynamique d’une salle d’attente

Comme la plupart des parents, ma conjointe et moi avons passé un bon nombre d’heures dans les salles d’urgences, dans notre cas, sur la Rive-Sud de Montréal. Aussi je peux dire sans exagération que j’ai eu amplement le temps d’observer le va-et-vient continuel des salles d’attentes. À peu près à n’importe quel moment donné, il y a peut-être 30 patients qui attendent dans la salle d’urgence des deux principaux hôpitaux de la Rive-Sud. En l’espace d’une heure, 5 ou 6 patients sont appelés dans des salles d’examen. Ils sont généralement remplacés par le même nombre de nouveaux patients dans le même laps de temps, de sorte que le nombre de personnes dans la salle d’attente reste à peu près constant. (La prochaine fois que vous serez à une salle d’urgence, essayez de vous prêter à cet exercice, vous constaterez l’exactitude de ces observations.)

L’arithmétique fonctionne ainsi. Un patient qui arrive à la salle d’urgence a en moyenne 30 personnes avant lui. Si le médecin voit 5 patients à l’heure, ça prendra 6 heure à ce patient pour voir le médecin. Nous pourrions donc comparer la salle d’attente typique d’une salle d’urgence à une piscine qu’on tente de vider, mais qui se remplit aussi rapidement.

Quelqu’un qui n’est pas familier avec les lois de l’économie pourrait penser à ce point que tout ce qu’il suffit de faire pour réduire les temps d’attentes est de mettre plus de ressources, en augmentant le nombre de médecins et infirmières par exemple. Malheureusement, ça ne fonctionnera pas.

Le temps est un prix dans un système sans prix

Les prix jouent un rôle très important dans une économie de marché. Des prix élevés donnent un signal aux entrepreneurs sur les préférences des consommateurs et conséquemment les incitent à attribuer leurs ressources vers les biens et services que les consommateurs préfèrent. Un autre rôle important que les prix jouent est d’amener une certaine harmonie entre l’offre et la demande d’un produit donné. En général, on considère que toute autre chose étant égale, quand le prix augmente, la demande diminue et quand le prix baisse, la demande augmente.

Simplement, si Jacques Bonhomme, a de la difficulté à garder le stock sur ses tablettes à cause que ses clients se l’arrachent, ça pourrait être un signe qu’il ne charge pas assez cher pour son produit. En augmentant son prix, il arrivera non-seulement à réguler l’achalandage de son commerce à un rythme qu’il est capable de soutenir, mais il augmentera ses revenus en même temps. D’un autre côté, s’il voit ses stocks s’accumuler, c’est signe que ses prix sont trop élevés et qu’il doit les baisser s’il veut écouler ses surplus. Ce genre d’opération se produit à tous les jours dans les commerces au détail. Pourquoi croyez-vous qu’il y a des soldes?

Le prix agit donc comme un levier qui détermine la quantité de biens et services qu’une personne doit sacrifier pour obtenir un bien en particulier. Plus le prix d’un bien est élevé et plus vous aurez à puiser dans des ressources qui pourraient servir à autre chose pour obtenir ce bien et seuls les clients qui voudront sacrifier ces autres produits continueront d’acheter le produit en question.

Maintenant, que ferait Jacques Bonhomme s’il ne pouvait pas charger un prix en argent pour son produit, autre que de fermer ses portes à un certain moment donné et faire attendre ses clients? Les clients qui désirent beaucoup obtenir son produit attendront, d’autres non.

Le temps vient alors remplir la même fonction qu’un prix. Certains attendront parce que le temps qu’ils attendent pour obtenir le produit est le seul prix qu’ils payent. D’autres iront probablement voir d’autres commerces pour y trouver un produit similaire. Mais supposons que le produit est unique, ou que la loi interdit à d’autres compétiteurs de vendre ce produit. Il est possible alors que les gens aient une haute tolérance face à l’attente.

Ces mêmes lois économiques s’appliquent à tous les produits et services, incluant les soins de santé. Au Québec, ces soins sont dispensé par un monopole gouvernemental, centralement planifié qui ne charge pas de prix monétaire par unité de service. Plutôt que des prix monétaires, ce système doit utiliser des méthodes non-monétaires afin de réguler le flot de la dispensation des soins et de l’utilisation de ses ressources. Par règlementation bureaucratique et inévitablement, par l’attente.

La plupart des gens qui se présenteront à l’urgence auront un problème de santé suffisamment grave à leurs yeux pour supporter 6 heures d’attente. Ceux qui ont des malaises plus légers et qui s’attendent probablement à ce que ce malaise disparaisse de lui-même, ne se donneront pas cette peine. Par contre, si le temps d’attente venait à diminuer, disons à 4 heures, beaucoup des gens qui ne seraient pas venus quand l’attente était à 6 heures se présenteraient alors à la salle d’urgence. Le diagramme ci-bas illustre la relation entre le temps d’attente et la demande de soins.

Le principe est plutôt simple, plus on consacrera de personnel et de ressources pour diminuer le temps d’attente et plus il y aura d’achalandage dans les salles d’urgence, ce qui fait que la quantité de ressources qu’on devra appliquer pour diminuer le temps d’attente de façon significative pourrait être plutôt élevé.

Supposons que nous doublons la capacité de la salle d’urgence en doublant le personnel. Au départ, le temps d’attente diminuerait de 6 heures à 4 heures, mais le personnel ferait alors face à une nouvelle vague de gens dont la tolérance pour l’attente est moins de 6 heures et plus de 4 heures. L’achalandage passe donc de 5 patients à l’heure à 10 patients à 10 patients à l’heure. Bien que le temps d’attente a diminué, la diminution n’est pas dramatique et le nombre de personnes dans la salle d’attente est passé de 30 à 40.

Autre chose, bien que la quantité de personnel a doublé, la charge de travail pour ce personnel demeure la même, puis qu’elle a également doublé. Les avantages pour le personnel sont donc plutôt mitigés. Le personnel n’a donc pas un gros incitatif au changement, mais il ne font que répondre de façon normale à la situation créée par le système. Pourquoi se pousseraient-ils au-delà de leurs limites pour aucun gain appréciable?

D’un autre côté, de drainer des ressources qui peuvent mieux être utiliser ailleurs pour régler le problème n’est peut-être pas l’idée la plus géniale non-plus, mais c’est pourtant ce que nous faisons depuis très longtemps sans résultat.

Un autre effet pervers d’un système sans prix monétaires que la plupart des gens ne considèreront pas: Alors que de payer pour un service avec de l’argent représente un échange de ressources, de le payer avec du temps représente une destruction de ressource. Le temps ainsi dépensé est perdu et ne sera jamais utilisé à des fins productives. L’argent dépensé pour le service pourrait être utilisé pour acheter d’autres produits et ressources existantes. Le temps perdu aurait pu servir à créer de nouvelles ressources.

Conclusion

Étant donné la structure de nos services de santé, les temps d’attentes sont ici pour rester. Ceux qui croient que le problème serait résolu en mettant de plus en plus de ressources dans le système ignorent l’effet d’augmentation de la demande qu’engendrerait une diminution du temps d’attente. Ceux qui croient que les temps d’attentes sont tout simplement un fait de la vie inévitable ignorent qu’ils sont en réalité le résultat d’un système sans prix, administré sous des impératifs politiques.

Lorsque les prix ne peuvent pas remplir leur fonction dans le rationnement de l’offre et de la demande, quelque chose d’autre viendra remplir cette fonction. Dans le cas de notre système de santé, ce quelque chose est notre temps. Le problème est que trop de gens ignorent le coût réel en ressources perdues pour l’économie que ce système engendre. Alors que ces coûts invisibles sont faciles à ignorer, ils consomment constamment nos ressources.

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Classé dans Actualité, économie, Philippe David

Vive le hockey libre

Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond dans le monde le la rondelle québécoise et montréalaise. Un important député de notre Assemblée nationale, Pierre Curzi, nous le signalait clairement et calmement il y a deux ou trois semaines : l’équipe de hockey de Montréal, avançait-il sur cette glace mince, pose problème parce qu’elle ne reflète pas l’identité québécoise. Il y a là, selon lui, un «problème identitaire». C’était une manière polie, presque universitaire – de dire que l’équipe, nommée «canadien» ne représente pas la population où elle évolue et qui la paye.

C’est pourtant une évidence. Jusqu’à tout récemment l’équipe «canadien» (cela voulait dire jadis canadien-francais) – la seule de la ligue principale sur le territoire national – était le symbole sportif fort des Québécois.

La direction et la propriété du Club étaient anglaises, c’est vrai, mais il y avait assez de joueurs québécois pour que la population puisse avoir l’illusion de se trouver chez elle, de «s’identifier» à «son» équipe.

Maintenant les Québécois ne peuvent même plus se faire d’illusion. L’équipe «canadien» est devenue complètement «canadian». Il n’y a pratiquement plus de joueurs du pays d’ici dans cette formation; ils viennent d’un peu partout au Canada anglais et dans le reste de l’Amérique. Il n’y a qu’un pas à faire pour extrapoler; cela signifie que les propriétaires ont choisi, consciemment ou non, de faire de Montréal une ville «canadian» plutôt que québécoise. Et si on leur pose la question ils répondent que les Québécois ne sont intéressés qu’à «gagner» un point c’est tout. Comme si des joueurs québécois – qu’on trouve dispersés un peu partout en Amérique – ne pouvaient pas «gagner». C’est comme si l’équipe de foot du Mexique ne comptait pas de Mexicains et qu’on insistait pour que ceux-ci trouvent cela «normal».

Il y a un mot pour cela : c’est du colonialisme; un point c’est tout!

Il est vrai que la population de Montréal – en son centre – est portée sur l’anglais; les immigrants s’y mettent à loisir; il est aussi vrai que les familles françaises de Montréal vivent plus près de Terrebonne et de Repentigny que de la Place d’Armes, mais, tout compte fait, le Grand Montréal reste majoritairement français; pourvu que ca dure!

Et la métropole est encore québécoise.

Notre Assemblée nationale nous a donc mis la puce à l’oreille… Que faire?  Il faudrait commencer par prendre conscience du fait et s’en indigner. Les Québécois n’ont pas l’indignation facile, il est vrai… mais tout de même! il n’y a pas lieu de se féliciter de cette sorte de déconfiture.

Lors de la première partie du Canadian, cette année, le gardien de but Carey Price s’est fait copieusement huer; on a dit que cette déconvenue est due au fait que le joueur n’a pas bien performé. Peut-être bien. Mais n’est-ce  pas aussi, au fond, que ce joueur, originaire de la Colombie britannique, n’est pas de chez nous? N’était-il pas devenu le symbole d’un ailleurs auquel il est devenu impossible de s’identifier? Moi je pense que oui.

Et que font les journalistes dits «sportifs», ceux de La Presse notamment?  Ils se portent au secours de M. Price par des entourloupettes magiques, sans même mentionner qu’il y a un problème fondamental en l’instance; sans mentionner le débat ouvert par nos députés. Ces journalistes sont-ils si désincarnés qu’ils ne peuvent percevoir la nécessité pour un peuple de savoir se représenter, de prendre sa place dans l’univers ludique comme dans les autres?

Pour ma part je désire que les Québécois ne se divisent pas les uns contre les autres. Ils sont déjà assez fragilement pourvus comme ils le sont maintenant. Un club de hockey «canadian» de Montréal contre un club de hockey plus francais à Québec ce ne serait pas bon pour notre nation; cela briserait son âme en deux!

L’équipe de hockey «canadian» devrait appartenir à une société sans but lucratif et alors elle deviendrait vraiment canadienne et québécoise.  Actuellement ce club de hockey ne me représente pas; ce n’est pas «mon» équipe.

Jean-Pierre Bonhomme

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Un système gangréné, du pain et des jeux…

Quand les dignitaires romains offraient au peuple les spectacles de l’arène, ils faisaient étalage de leur puissance et de leur richesse. Ils s’assuraient aussi une certaine paix sociale, en maintenant la plèbe hors du jeu politique. Juvénal résuma ce que le peuple de Rome demandait à ses dirigeants en deux mots: Du pain et des jeux (Panem et circensens).

2000 ans plus tard si le sanguinaire a laissé place au spectacle cette volonté de faire passer provisoirement un évènement sportif en premier plan de manière à occulter une certaine réalité reste la même. Les combattants de l’époque, ont laissé la place aux sportifs de haut niveau. Ballons ronds et maintenant ovales remplacent glaives et tridents

Offrir au peuple des divertissements fait toujours parti de la vie publique, la notion de propagande reste la même[…]

Du pain et des jeux

Comme en parlait notre collègue Pierre JC Allard dans son billet «Les hommes de confiance», le monde ordinaire souffre de ne plus faire confiance à personne. Je dirais même plus, le monde ordinaire se sent trahis par tout le système et ses représentants. Il n’y a plus de modèles, seulement des exemples d’échecsToute notre démocratie apparait comme un leurre, une entreprise de manipulation médiatique et de corruption pour garantir, sous couvert de choix vides de sens,  la pérennité de la dictature d’une certaine élite cooptée qui exploite tous ceux qui n’en sont pas.

Nous sommes entrés dans l’ère de l’éthique il y a quelque temps, ayant pour résultat de faire prendre conscience à la masse que la corruption a été érigée en système et que les repères du passé n’existent plus. C’est le moment de vérité. Nous sommes entourés de scandales. Il n’y a qu’à regarder ce qui tient les Québécois occupés de ces temps-ci: l’affaire Bastarache,  les gaz schistes, le refus de John James Charest d’ouvrir des enquêtes indépendantes publiques pour faire la lumière sur les contrats mafieux de la construction et sur les pertes faramineuses de la Caisse de dépôts et de placement.

La grogne et la frustration sont à leur paroxysme dans la population. Pour s’assurer une paix sociale et éviter la révolte générale, la classe dirigeante doit fournir du pain et des jeux, comme à l’époque de Rome. On n’a certainement pas réinventé la roue, ni les principes de la propagande. Le sport professionnel et le divertissement constituent la soupape de sécurité pour éviter que la population explose de rage.

Divertissement: 2. Au fig., littér. Élément qui détourne des choses sérieuses. Synon. mod. diversion. Spéc. [P. réf. à la conception pascalienne du divertissement] Occupation, ensemble de données qui détourne l’Homme de l’essentiel et l’éloigne des problèmes propres à sa condition. (Source)

À voir ce dont les médias et les Québécois parlent présentement, il semble qu’une des grandes préoccupations de l’heure ne soit pas la politique et la gangrène qui désagrège rapidement le Système, mais bien le sort des Canadiens de Montréal et de Carey Price! On dirait qu’une bonne frange de la population opère tranquillement un transfert psychologique de leur malaise vers le sport en en faisant une question démesurément importante. Les gens ont besoin de trouver des héros pour combler leur sentiment (injustifié) d’impuissance. Le peuple cherche une soupape pour relâcher un peu de frustration sous pression, mais comble du malheur, ils sont même privés de leur pain et leurs jeux.

Les héros n’existent plus au niveau politique ni judiciaire. Alors on se tourne vers le sport professionnel. Et comme le hockey est la religion du Québec, c’est de là que plusieurs cherchent le sauveur qui incarne ce qui reste des valeurs que le peuple chérit. Jaroslav Halak avait transporté les foules lors de la dernière série de la Coupe Stanley, incarnant le succès face à l’adversité. Le nouveau héros était trouvé. Mais dans la froideur d’un geste incompréhensible de l’organisation des Canadiens qu’on justifie comme étant un choix d’affaire dû au plafond salarial de la LNH, Halak fut échangé, venant ainsi frustrer une grande quantité de fans de hockey. Une grande indélicatesse de la part des dirigeants des Canadiens qui semblent souvent oublier que bien qu’ils sont les propriétaires du club de hockey, c’est les gens qui leur permettent de vivre. Encore une fois, on fait fi de la volonté du peuple. La soupape ne fonctionne plus et on s’en prend à Carey Price, le pauvre! La grande maladresse des Canadiens a été de ne pas reconnaitre qu’on ne peut pas ne pas tenir compte de ce que les gens ont dans le coeur. C’est le même problème avec la classe dirigeante au Québec qui ignore complètement ceux qui détiennent le pouvoir, mais qui l’ont oublié: le Peuple.

Ce n’est pas dans mes habitudes de parler de sport, mais je pense réellement qu’il y a beaucoup plus dans l’air qu’un simple mécontentement des partisans et de la population face à un gardien de but. Il n’est plus possible de se détourner des choses sérieuses et essentielles! Si seulement on pouvait canaliser cette énergie pour effectuer un grand ménage au Québec, mettre au chômage tous les politiciens véreux et corrompus, remettre à leur place le secteur privé et financier qui a opéré un coup d’État silencieux et contrôle la nation québécoise. Au lieu de chercher des héros dans le monde du sport, il serait opportun de remettre nos valeurs en place, de retrouver le sens de la vie et de réaliser que les héros, c’est tous et chacun. Le pouvoir, c’est le Peuple. Si on ne le représente plus, si on le trompe, le trahis, le vole et le ridiculise, et bien que ce peuple se défende. Que notre rage soit dirigée vers l’essentiel, l’important et que le sport redevienne une joie momentanée de se réjouir ensemble lorsque tout ira mieux dans notre nation québécoise.

François Marginean

Image Flickr par Guillaume Boisseau

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Les hommes de confiance

Je vois évoluer l’affaire Bastarache et tout ça me met un goût de cendre à la bouche.  La situation me rappelle une époque post-référendaire où l’on se demandait  « à quoi bon » ?  On était alors déçu de nous, maintenant, nous sommes déçus d’EUX .. C’est peut-etre moins grave,  mais ce n’est pas la fête pour autant.   EUX ?   Tous ceux à qui l’on faisait confiance… Le Québec n’a pas seulement été appauvri et exploité par la corruption. il a surtout été trahi.

Presque tout le monde connaît Dante et sa fameuse vision de l’enfer. C’est en son « honneur » qu’on qualifie de « visions dantesques » les grandes fresques du cinéma de l’horreur, du type « Apocalypse Now » ou « Débarquement en Normandie ». Ce qui ne veut pas dire que l’on a tous lu la Divine Comédie, ou qu’on s’en souvienne.

Tenez, par exemple, savez vous quel groupe de pécheurs Dante a jugé les plus ignobles de tous et a mis dans son dernier « cercle », au plus profond des enfers, dans les bras de Satan, si on peut dire? Les meurtriers?, les violeurs d’enfants?… Non. Pour Dante et son époque, l’être le plus infâme était celui qui, « feignant l’amitié et ayant obtenu avec malice la confiance d’autrui, lui était félon et usait de cette confiance pour le mener à sa perte ». Le modèle « Judas », quoi.

Aujourd’hui, il semble que les temps ont changé. Traîtrise, félonie…? Mais non, voyons! Disons plutôt: « astuce », « sens des affaires », « ré-alignement », « mise à jour »… Heureusement que les temps ont changé, sinon Satan en aurait plein les bras…! Mais les gens, eux, ont-ils vraiment changé leurs valeurs? Pas sûr, parce que, vous n’avez peut-être pas remarqué, mais les groupes professionnels qui ont plongé au niveau le plus bas des sondages d’opinions ont tous quelque chose en commun: ce sont ceux à qui, traditionnellement, la population faisait confiance.

Ce n’est pas des « capitalistes » ou des « banquiers » dont la population à la plus piètre opinion. Même s’il est évident que c’est bien par eux que le plus clair du mal arrive, le monde ordinaire ne le prend pas « personnel », selon l’expression courante, quand les riches et les forts le dépossèdent, car il en a toujours été ainsi. Les plus mal-aimés, ce sont ceux qui ont feint d’être ses amis et l’ont mené à sa perte: les politiciens, les avocats, les leaders syndicaux, les journalistes…

Ce qui met le monde ordinaire sérieusement en rogne, c’est quand il s’aperçoit que le journaliste qui devrait lui dire la vérité ne lui dit que ce qui fait bien l’affaire du système. C’est quand il voit que les défenseurs de la classe ouvrière ne défendent que leurs cotisants et se recyclent en investisseurs. Quand il comprend qu’il vaut souvent mieux ne plus même parler à un avocat que de risquer une facture dont le montant pourra dépasser la valeur des droits en litige. Quand il doit se résigner à choisir ses gouvernants parmi des candidats interchangeables, qui ont tous pour programme de défendre le système tel qu’il est et de voir à ce que les choses ne changent pas.

Le monde ordinaire souffre de ne plus faire confiance à personne. Et politiciens, avocats, leaders syndicaux et journalistes ne sont que les quatre Rossinantes vedettes de la parade des félonies. Le monde ordinaire, de mémoire d’homme, a vu ses curés défroquer… et accusés en masse de molester les enfants, ses médecins faire la grève… et mis en demeure de ne pas faire des heures supplémentaires, ses enseignants se réfugier dans une convention collective… et astreints à dire des insignifiances devant trop d’enfants pour qu’ils puissent même se souvenir de leurs noms.

On a vu nos militaires commettre des atrocités et des bassesses en Somalie, nos policiers coupables d’agression et de corruption, nos fonctionnaires s’acharner à NE PAS faire justice, quand ils refusent d’obtempérer à des jugements de cours ordonnant que soient dédommagées les victimes de la mauvaise foi et du crétinisme administratif. On a vu un premier ministre en accusation, des sénateurs en prison, des juges démis pour des écarts de langage… ou blamés pour avoir pris le parti des enfants.

Tous ceux qui d’office servaient de balises à la société et de confidents à la population ont soit trahi massivement la confiance qu’on mettait en eux, soit été eux-même calomniés au point de ne plus offrir un refuge tranquille. Et quand Monsieur ou Madame tout-le-monde va se blottir auprès de son ou sa conjoint(e), il doit encore prendre garde d’oublier que la majorité des mariages finissent en divorces et que le partage obligé du patrimoine est une embuscade qui se prépare de longue main…

Maintenant, c’est le pouvoir judiciaire qui est compromis à son tour et il ne reste plus rien. Inutile de regarder au-delà des frontières.  Aux USA, la gouvernance d’Obama a été une terrible déception et ce qui pourrait suivre semble encore pire. En France,  tout un jeu se déroule dont on ne voit rien de bon sortir qu’un appauvrissement croissant et un refus de vivre ensemble.  Il n’y a plus de modèles, seulement des exemples d’échecs. Sauf  la Chine, mais pouvons-nous nous penser Chinois ?

Toute notre démocratie apparait comme un leurre, une entreprise de manipulation médiatique et de corruption pour garantir, sous couvert de choix vides de sens,  la pérennité de la dictature d’une certaine élite cooptée qui exploite tous ceux qui n’en sont pas. On se plaint – et moi le premier – de l’apathie de la population face à son sort, à son évolution sociale, à ses choix politiques… Mais vers qui la population pourrait-elle se tourner? Où sont les hommes de confiance? A quel saint se vouer ?

On rêverait qu’une cohorte d’Abbés Pierre, une légion de Don Quichotte, une armée de gens de bonne volonté, compétents, dignes de confiance et faisant voeu d’altruisme apparaisse à l’horizon en justiciers  comme des moines soldats ou des Croisés de l’an 2000…  Mais jusqu’à maintenant, je ne vois rien venir. Je vois seulement chaque jour apporter sa fournée de têtes qui mériteraient d’être coupées.

Je regarde tous les jours. Regardez bien aussi. Si vous voyez quelque chose ou quelqu’un dites le bien haut. Ce serait une bien bonne nouvelle.

Pierre JC Allard

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SIDA DE CIVILISATION : Les grandes hypothèses – 8

Yan Barcelo, 26 septembre 2010

Je poursuis dans cette chronique avec les grands thèmes qui forment les fruits privilégiés de l’Occident et dont le mûrissement est tributaire de l’héritage chrétien d’une façon fondamentale. La dernière fois, il y a trois semaines, j’avais élaboré sur le science comme un des fruits suprêmes de l’Occident chrétien. Aujourd’hui, je vais traiter des deux petites sœurs de la science :

Technologie et industrie – En établissant une filiation directe qui va de l’héritage du Christ et passe par l’œuvre intellectuel du christianisme pour donner naissance à la technologie et à l’industrie, certains vont sans doute crier au scandale. Y a-t-il rien de plus dissemblable que la haute spiritualité du Christ et… un moteur à combustion interne?

Mais je rappelle les lignes de force de la matrice chrétienne :a) l’enquête rationnelle du monde privilégiée par les grecs et le christianisme; b) la vision linéaire de l’histoire issue du judaïsme par laquelle l’univers est un long processus de dévoilement d’un plan divin cheminant vers son accomplissement; c) et surtout, l’affirmation éthique du monde telle que reçue du Christ et interprétée par le christianisme. Enlevez à l’Occident cette trinité intellectuelle et la technologie, comme la science d’ailleurs, n’auraient pas vu le jour. Dans une bonne mesure, on pourrait dire que l’Occident a reçu, dans l’événement Christ-Dieu la mission – même davantage encore : le devoir! – d’explorer les replis secrets du monde physique.

On va dire que la planète n’a pas eu besoin du christianisme pour donner jour à des techniques. Très juste. Archimède, cinq cents ans avant le Christ, a mis au point une foule machines de guerre ingénieuses. Et les Chinois, si loin de l’Occident chrétien, ont donné jour à une foule de techniques comme la boussole, le papier, l’imprimerie, le séismographe, la poudre à canon, etc. On ne peut nier ces contributions. On peut d’ailleurs en ajouter bien d’autres qui précèdent par plusieurs siècles et millénaires le christianisme : la roue, la domestication du feu, la culture maraîchère, l’écriture, etc.

Mais toutes ces avancées constituent des techniques, des outils individuels et uniques. Ce que l’Occident a mis en place, et il est le seul à l’avoir fait, c’est une technologie, c’est-à-dire une culture systématique de l’invention et une méthode de création de techniques.

De la même façon, on va dire que la Grèce, bien avant l’époque chrétienne, a mis au point la science. Erreur. La Grèce a mis au point un processus d’enquête intellectuelle et un certain corpus de connaissances. Mais elle n’a pas mis en place l’élément essentiel constitutif de la science : la méthode expérimentale. Aujourd’hui, cette méthode semble aller de soi, mais on soupçonne mal l’immense travail de réflexion et l’immense humilité intellectuelle qu’il a fallu déployer pour donner jour à cette avancée, si évidente en apparence : l’expérimentation.

Dans l’Antiquité grecque, comme chez tous les peuples qui ont exercé quelque chose qui ressemble à la science, on procédait à de la science spéculative et on expérimentale. On formulait une foule de postulats et d’axiomes et, une fois qu’on avait atteint à ce qui ressemblait à un corpus cohérent et logique, on arrêtait là. On ne s’occupait tout simplement pas de confronter ces spéculations avec l’expérimentation dans les conditions réelles de la matière.

Un symptôme de cette attitude tient à la proposition d’Aristote qui disait que de deux corps de poids différent, le plus lourd allait se rendre plus rapidement au sol. Il a fallu attendre que Galilée monte en haut de la tour de Pise et laisse tomber deux sphères de poids différent pour constater, expérimentalement, que tous deux arrivaient au sol en même temps! La geste semble tellement banal et évident, qu’il devrait aller de soi. Pourtant il a requis des millénaires de réflexion avant d’éclore.

Or, la technologie est fille de la science et de sa méthode expérimentale. S’alimentant à ces mamelles, elle met au point des techniques qui « marchent » de mieux et mieux et qui livrent des résultats de plus en plus productifs.

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Classé dans Actualité, Yan Barcelo

Design artistiques vitrines Maison Simons

Raymond Viger Présentation du spectacle aHÉROSol, Murales

maison-simons-montreal-artiste-designer-graffiti-muraliste Pour une cinquième année consécutive, c’est avec grand plaisir et fierté que les artistes muralistes du Café-Graffiti ont participé aux design des vitrines de la Maison Simons pour la rentrée scolaire.

Après la réalisation des oeuvres par les artistes muralistes du Café-Graffiti, elles ont été découpé et remonté sur une languette de plexiglas. Les oeuvres peuvent ainsi être placé dans différentes positions tout en leur donnant un effet trois dimensions. Imaginez-vous que vous pouvez ainsi changer votre décor aussi souvent que bon vous semble!

Il y a eu 26 créations artistiques qui se sont retrouvées dans les vitrines des magasins Simons de Montréal, Laval, St-Bruno, Ste-Foy et le Vieux-Québec. Elles mesurent toutes 4 pieds de haut avec deux formats pour la longueur: 6 pieds et 10 pieds.

maison-simons-vieux-quebec-vitrine-murals Question de garder un souvenir que vous pouvez partager avec vos amis, nous vous partageons aujourd’hui quelques photos représentant les vitrines 2010 de la rentrée scolaire de la Maison Simons.

Je profite de l’occasion pour souligner et féliciter l’excellent travail des étalagistes qui ont participés au montage des vitrines de la rentrée dans les différentes succursales de la Maison Simons:

maison-simons-montreal-artiste-designer-graffiti-muralistes À St-Bruno: Karine Meunier, Marilyne Prairie et Frédéric Rhéaume.

À Laval: Nancy Dubé, Antoine Larochelle, Manon Lefebvre, Sharon Quenneville et Eve Filliatrault.

À Ste-Foy: Frédérique Bois, Véronique Labonté, Fanie Giguère, Lany Turmel, Valérie Gobeil et Vanessa Cloutier-Plourde.

Pour le Vieux-Québec: Catherine Lavoie, Nadine Simoneau, Sébastien Duchesne et Julie Bergeron.

Pour Montréal: Valérie Daigneault, Julie-Maud Desormiers, Stephane Burket, Mathieu Duguay, Gabriel Gagnon et Chaykoung Louang.

Dans ce projet, pour la conception et faire le lien entre les étalagistes et nos artistes, nous avons eu la chance d’être accompagné par Nadine Simoneau et Chantal Perron.

concert-benefice-orchestre-symphonique-pop-de-montreal-graffiti Toutes ces équipes de la Maison Simons ont réussi, une fois de plus, à mettre en évidence le travail des artistes du Café-Graffiti. Cette année, les artistes ont été: Grae, Zek, Rohs, Rodz 32, Ose, Dcae, Gaston, Sbu, Fléo, Axe, Exit, Arpi et Enoch.

Merci à la Maison Simons pour la confiance que vous nous témoignez avec cette opportunité. Merci pour votre soutien à la culture urbaine.

Lorsque les oeuvres quitteront les vitrines de la Maison Simons, elles seront réinstallées au skatepark du Taz pour la présentation du spectacle bénéfice aHÉROSol du 20 novembre prochain pour le soutien de notre intervention auprès des jeunes.

Lors du spectacle bénéfice du Café-Graffiti, les oeuvres seront mises en vente. Vous pouvez en réserver une dès à présent en contactant le Café-Graffiti, (514) 259-6900. Pour les informations sur le spectacle aHÉROSol.

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Classé dans Actualité, Raymond Viger

Gaz de schiste : Charest se bouche le nez

Alors que l’orgie juridique nommée Bastarache nous arrache du temps précieux, son instigateur opportuniste, John James « Jean » Charest, lève le nez sur la peur citoyenne de se voir tout bonnement empesté par les gaz de schiste. Donc, en bon capitaine (pirate…), « Charest maintient le cap sur l’exploitation des gaz de schiste » alors qu’il est dans plusieurs tempêtes jusqu’au cou!

Soit il est bien conscient d’échafauder son propre suicide politique, soit il veut en faire passer le plus possible pour ses copains (dans le sens de « copinage ») alors qu’il a la majorité avant de se faire abattre (politiquement, bien sûr). En réalité, il y a de fortes chances que ce soit tout ça. Mais il pourra bien faire ce qu’il veut jusqu’aux prochaines élections, ça ne fera pas de son électorat gagné d’avance des infidèles… Pour le reste de l’électorat, la mémoire est souvent trop courte!

Mais pour revenir à proprement parler aux gaz de schiste, le pire, c’est que de mon côté il n’y a aucun préjugé défavorable envers l’exploitation de cette ressource naturelle, si bien sûr on réussit à me prouver qu’elle ne va pas foutre un bordel monstre dans les environnements autant sociaux que naturels. C’est la position de beaucoup de gens, je crois, et non celle de simplement décrier le capitalisme par esprit de contradiction, comme certaines personnes de la droite aiment bien l’inventer pour mieux le crier. Il doit bien y en avoir une poignée de ces gens qui pensent de la sorte, et c’est bien pratique de gonfler le tout pour le spectacle.

Oui, dans un monde idéal je préférerais qu’on laisse dormir là ces gaz pour développer au lieu des énergies alternatives, mais nous ne sommes pas dans un monde idéal… Dans notre monde, les gens qui aurait le pouvoir de changer le paradigme énergétique se concentrent seulement à marcher comme des tortues, leurs lourdes carapaces étant le profit à court terme, c’est bien évident. Cette lenteur est par dépit ce qui nous tient lieu de dynamique et la vitesse des besoins économiques pour la masse n’a pas tellement les moyens de se doter de freins. Il n’y a donc que les citoyens qui sont concernés de près pour avoir ce poids. Et Jean n’a pas l’air de le sentir… il est déjà à plat ventre malgré son air enflé d’arrogance.

Il se meut encore, mais c’est sous la forme d’un reptile.

(Photo : celesterc)

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Classé dans Actualité, Renart L'Eveillé

Dossier Santé (Conclusion): Un choix à faire.


Ceci est la conclusion de mon Dossier Santé dans lequel j’explore divers systèmes de santé à travers le monde dans le but de démontrer comment notre système pourrait être amélioré en puisant des idées qui ont déjà fait leurs preuves ailleurs.


Le constat

Force nous est de constater qu’au Québec, comme dans le reste du Canada, le système de santé accuse de sérieuses lacunes. Les temps d’attentes ne font qu’augmenter. Au Québec, le temps médian d’attente après avoir vu un omnipraticien jusqu’au traitement par un spécialiste est de 18 semaines. Il est monnaie courante de passer plus de 12 heures d’attente à une salle d’urgence. Nous nous sommes habitués à accepter l’inacceptable. De plus, nous n’en finissons plus de payer de plus en plus pour de moins en moins de service. La croissance des dépenses de santé dépasse la croissance des revenus de l’état, ce qui rend notre système insoutenable à long-terme. Le budget du MSSS atteindra bientôt la barre des 50% du budget total du Gouvernement du Québec, étouffant petit à petit les autres missions que se donne notre gouvernement. Même la Cour Suprême du Canada a reconnu que la loi sur l’assurance santé ne remplit plus sa mission et qu’elle met en danger la vie et la santé des québécois. Pourtant, il n’y a rien de nouveau là-dedans. Nous savons depuis des décennies que des changements s’imposent.

L’irresponsabilité politique

Si nous savons que nous avons un problème depuis si longtemps, pourquoi n’avons nous donc rien fait et même au contraire, empiré les choses? Je crois que la responsabilité revient aux politiciens qui promettent du bout des lèvres qu’ils vont régler le problème et qui ensuite se dégonflent devant les nombreux groupes d’intérêts qui trouvent leur compte dans le statut quo. Afin d’éviter de confronter ces groupes, dont certains ont un poids politique démesuré, on essaie d’étouffer le problème avec de l’argent que nous n’avons pas et en pelletant le problème par en avant. Le problème avec cette stratégie est que tôt ou tard, nous allons frapper un mur et c’est même discutable si nous ne l’avons pas déjà atteint. Et puisque nous avons été obsédés par la question nationale pendant les 40 dernières années, il n’y a jamais vraiment eu de débat de fond sur la santé. Que devrions-nous faire?

Les solutions

Heureusement, ce ne sont pas les solutions qui manquent, si nous arrivions seulement à greffer une paire de couilles à nos pleutres de politiciens. Avec ce dossier, j’ai cherché à démontrer comment les choses se font ailleurs dans des pays qui ont du succès à maintenir un système de santé soutenable et efficace. La plus grande erreur que nous avons fait au Québec est de confier notre système de santé à un double monopole, celui du Ministère de la Santé et des Services Sociaux et celui des syndicats de la fonction publique. Dans une dynamique de marché, rien n’est plus inefficace qu’un monopole et le pire des monopoles est un monopole public. Pourquoi? Parce qu’au minimum, un monopole privé dépend de sa clientèle pour générer un revenu. Un monopole public n’a pas à se soucier de sa clientèle parce que son financement est totalement déconnecté du service qu’il offre. Il l’obtient par la force à travers vos taxes. Il n’a donc aucun incitatif réel à servir sa clientèle, autre que la bonne volonté. On n’a qu’à ouvrir les yeux et regarder le manque de productivité dans la plupart des services publics pour s’en convaincre. Aussi n’est-il pas surprenant que tous les systèmes de santé qui dépendent strictement d’un monopole public, comme le NHS britannique, accusent des temps d’attentes excessifs et du rationnement des soins. À l’opposé, des systèmes comme celui de la Suisse et de Singapour démontrent depuis plus de 10 ans qu’une certaine dose de mixité public-privé permet de réduire les coûts, augmenter l’efficacité et assurer l’universalité d’accès aux soins de santé, peu importe le revenu. Certains vont continuer à essayer de vous faire croire que l’inclusion du privé en santé est la semence du Diable en personne. Qu’il est particulièrement vil de profiter de la maladie des autres. Mais si on pousse leur logique tordue jusqu’au bout, il serait tout aussi vil de profiter de la vente de nourriture. Devrions-nous nationaliser cette industrie? Je vous dirais tout de suite qu’à tous les endroits, où ils ont essayé ça, les tablettes des épiceries étaient vides et les gens dépendaient souvent d’un système de carte de rationnement, ou même dans certains cas extrêmes, crevaient de faim. Dans notre système de santé actuel, notre carte-soleil de la RAMQ est devenue très précisément une carte de rationnement. Nous travaillons la moitié de notre année pour nous acquitter de toutes les différentes taxes que nous payons et ce sont des bureaucrates qui décident à quel soins nous avons droit et quand nous pourrons les recevoir. Et si par hasard, les délais sont trop longs, nous n’avons absolument aucune alternative à part aller aux États-Unis. Certains osent appeler ça de la liberté.

Nous avons un choix à faire en tant que citoyens. Soit nous élevons nos voix en exigeant du changement, soit nous continuons de nourrir cette bête jusqu’à ce qu’elle nous dévore en entier:


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Les vérités de septembre

Il y a des moments, dans un mois où l’actualité n’est pas trop captivante, où certaines pensées profondes peuvent surgir; pensées qui peuvent tout remettre en question, tout changer les perspectives et les idées reçues. Les journaux, on ne le sait que trop, ne se donnent pas pour mission de propager la spiritualité; ils se limitent bien souvent à l’éclectique et au distrayant.

En ce mois de septembre-ci deux perles rares, deux propos révélateurs ont surgi de la masse des propos superficiels; propos qui pourraient changer le cours des choses si tant est que les lecteurs choisissent en nombre de s’arrêter un moment pour penser.

Le premier propos est venu des États-Unis par la voie – la voix – du magazine Harper’s et par l’instrument d’une relation de livre (des extraits). Cet ouvrage a été rédigé par l’ancien rédacteur en chef de Harper’s, Roger D. Hodge; il est intitulé «The Mendacity of  hope : Barak Obama and the Betrayal of American Liberalism. Cette critique paraît dans le numéro d’octobre de l’influente revue;  mais celle-ci est arrivée dans ma boite aux lettres le 17 septembre, ce qui en fait une histoire d’été.

Imaginez-vous qu’une revue à pareille diffusion décrit le président Obama comme un prisonnier du complexe industriel et comme un homme politique incapable de librement choisir la voie libérale dont il se dit l’héritier – n’avait-il pas promis la compassion pour se faire élire? Autrement dit l’article du magazine montre que l’argent des possédants, des grands possédants, a la parole,  – la seule parole – et c’est pourquoi l’article est titré «speak money» (Parlez, forces de l’argent).

Ce ne sont pas des idées nouvelles :  nous nous doutions bien un peu que le capitalisme américain n’a pas l’intention de se taire, lui qui gère encore pour un moment l’économie de la planète. Mais le rédacteur établit que les citoyens américains n’ont pas l’air de se rendre compte que le régime actuel est corrompu en ce sens que les valeurs anciennes, celles d’une république désireuse de pourvoir au bien commun, ne peuvent plus s’exprimer. C’est quand même assez gros!

Les tribunaux américains, montre l’auteur, ont récemment dévoyé la politique américaine en donnant aux corporations une voix (personnelle). Comme si les compagnies avaient une âme et de ce fait la ‘vertu civique’ n’existe plus. Le vote n’a plus son ‘sens’. En réalité il établit que les Américains n’auront plus la capacité de légiférer pour établir un système de financement public des élections. Ce sont les monopoles et les corporations transnationales qui se sont emparées des institutions du gouvernement dit M. Hodge. N’est-ce pas assez pour avoir peur? Et puis si l’on songe que l’actuel président américain a dépensé deux fois plus d’argent que son adversaire McCain pour se faire élire il a fort à parier que M. Obama est redevable aux puissances de l’argent davantage qu’aux idéaux libéraux, laisse entendre l’auteur. Le financement public des élections (par un amendement constitutionnel) est ‘lettre-morte’.  Les démocrates, supposément plus portés que les républicains à être civiquement vertueux, ont «démontré que les contributeurs à la caisse électorale seront récompensés pour leurs investissements». Et vlan pour la démocratie américaine!

La seconde perle a roulé des pages très «correctes» de La Presse (de Montréal). Le propos n’a pas la profondeur métaphysique des «readings» de Harper’s, mais il est néanmoins cinglant et, s’il y a un bonne dose de vérités là, les citoyens (ceux qui ne sont pas analphabètes) ont cause à se faire du souci.

M. Pierre Foglia dit la même chose que M. Hodge. Les citoyens sont «manœuvrés»; on (les forces de l’argent)  les «persuade selon les méthodes déshonorantes du marketing». En d’autres termes le gouvernement québécois, comme l’américain, «prend le citoyen pour une valise» à remplir de sorte que le vote n’a plus son sens civique. L’opinion du citoyen ne fait dont plus le poids face aux manipulateurs!

Tout cela n’est pas encourageant. Un premier constat c’est que la mentalité du consommateur, au Québec, a du vent dans les voiles et qu’ainsi les citoyens du Québec ont peu de raisons de se sentir «meilleurs» que leurs voisins du sud. Toutefois, et c’est le rayon d’espoir, il se trouve des citoyens, ici dans la vallée du Saint-Laurent qui ont assez de conscience pour ne pas se laisser manipuler, dont l’esprit est éveillé. Il serait bon qu’il s’en trouve davantage parmi nos communicateurs.

Jean Pierre Bonhomme

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