Ce n’est un secret pour personne que Les 7 du Québec gèrent le journal CentPapiers. La semaine dernière, CentPapiers a fait l’objet de plusieurs attaques concertées sur divers plans, qui ont culminé en un changement forcé en catastrophe de ses serveurs-hébergeurs. Il en est découlé divers inconvénients, particulièrement sur le plan du calcul des visites et autres statistiques, mais, surtout, certains des fils RSS qui fournissent CentPapiers en mots et en idées ont cessé de fonctionner. Plusieurs de nos collaborateurs réguliers n’ont pu être publiés sur le champ. Nous avons perdu la dimension « scoop » dont le folklore populaire, diffusé par la télévision, a fait l’essence du journalisme.
Des articles de nos auteurs chevronnés, Bonnet, Cabanel, Jules et autres, tous a l’affut de la réalité quotidienne dans cette période survoltée que vit la France, ont été retardés et nous sont parvenus avec trois ou quatre jours de retard. Cataclysme ? Coup fatal porté à CentPapîers par ceux qui n’aiment pas que soient dites les choses que nous disons ? Au contraire, cet incident a été une bénédiction. Une épiphanie !
Nous avons eu une révélation, qui est venue confirmer ce que, bien sûr, nous savions deja : notre mission n’est en aucune façon de tenter de faire concurrence au Journal de 20 heures, ou au Téléjournal de Radio-Canada. Nous pourrions gagner un sprint à la nouvelle, en nous transformant en fil de presse, auquel cas, bien sûr, ce sont les médias liés a des horaires qui ne seraient plus dans le coup…. Nous pouvons tout publier en temps réel et les autres médias devraient adopter la même stratégie, avec des coûts autrement plus lourds…
Mais est-ce la mission d’un journal citoyen ? Un journal en ligne, comme CentPapiers, n’a absolument pas pour vocation de publier la nouvelle à la vitesse de la lumière, avant n’importe qui, mais de mettre la nouvelle en ligne quand elle semble avoir une signifiance, être porteuse de reflexion…
Avec l’Internet tout est aujourd’hui transparent. Les vrais scoops, ce ne sont plus des faits : ce sont les liens entre les faits et leurs agencements. Un scoop, en 2010, c’est « voir ce que personne n’a vu » comme dirait Albert Londres. . . C’est l’interprétation qui compte. Nous ne voulons donc pas annoncer la nouvelle; ce que nous publions est et sera toujours une REFLEXION sur une nouvelle.
Et cette réflexion même ne se prétend pas définitive, au contraire, mais le premier énoncé d’un dialogue qui doit se poursuivre, entre un auteur qui prend l’initiative d’ouvrir un debat en donnant une nouvelle en pature à la volonté populaire de la commenter… et TOUT LE MONDE.
Le défi est que se poursuive ce débat en s’enrichissant, commentaire par commentaire, jusqu’à ce qu’il en naisse une pensée populaire. Pensée indefiniment perfectible, prenant la forme d’opinions. La mission d’un journal citoyen est de donner une interprétation des faits, qui se raffine au cours des jours par l’ajout de commentaires. Il est souhaitable que cette interprétation commence aussitôt que possible après les faits, mais elle doit s’enrichir en continu des apports de tout le monde. C’est ça, la révolution de l’internet.
Dans cette optique, les articles vieux de quatre jours sont toujours d’actualité. Ils ont muri, comme du bon vin! Ceux qui n’ont pas gardé leur pertinence, ce sont ceux qui n’avaient pas vraiment de place sur CentPapiers dès le départ. Ceux qui ne devraient avoir de place dans aucun journal, ni aucun médium écrit, sauf un fil de presse. Le scoop, au palier des faits, c’est à la télé.
Ceux qui veulent des scoops de faits les y trouveront… à la vitesse de la lumiere. Mais ce sont des scoops pour grand maman… Un vrai scoop, en 2010, c’est au palier de la pensée innovante. La pensée qui est plus vite que la luniere… mais qui grandit et qui dure.
Vous avez, dans l’édition de CentPapierss aujourd’hui, une exemple de cette nouvelle vision, avec des articles qui parlent de la grève de la semaine dernière… , mais n’est-ce pas le moment d’y penser et de comprendre ? Des articles qui parlent des liens entre Tapie et la Présidence…, mais n’est ce pas le moment d’y penser davantage, de peur de l’oublier ? Et quand les Américains se retrouvent confrontés, 9 ans plus tard, à cette histoire du 911 qui fait de moins en moins consensus, n’est-ce pas le temps de revoir tout ça à tête reposée ? Comme il ne faut pas cesser de penser à cette horreur récurrente des soldats américains en Afghanistan qui tuent pour s’amuser…
Aujourd’hui, lisez ATTENTIVEMENT les articles de CentPapiers. La nouvelle est tirée… et elle est prête à boire.
Pierre JC Allard
Pierre JC Allard