Archives quotidiennes : 7 octobre 2010

Le dilemme Marois

Au niveau provincial, l’ambiance politique actuelle oscille entre une possibilité de renouveau, qu’un gouvernement les deux pieds dans les plats n’arrête jamais de suggérer, et un quasi statu quo, puisque le parti capable d’en récolter les fruits pour l’instant n’y arrive pas assez. Il faut se le dire, Pauline Marois, malgré sa bonne volonté, n’arrive pas à cristalliser la grogne autour de sa personnalité. Peut-être que ses mauvais coups du passé l’enrobent comme des spectres assombrissant pour une partie de l’électorat, peut-être est-ce simplement ce qu’elle dégage, ce que je pourrais appeler son aura aristocratique. En tout cas, si c’est beaucoup pour la première raison, cela remettrait en cause la réflexion maintes fois soulevée au Québec comme quoi les gens oublient vite… (Et tout cela donne encore plus le signal de l’omnipotence et de l’importance actuelle des chefs sur leurs partis, ce qui n’est pas la preuve d’une démocratie tellement saine, avouons-le.)

Alors, il faut l’exprimer franchement (et moi je le peux, puisque je ne suis pas impliqué dans ce parti — ni dans d’autres d’ailleurs), si le Parti Québécois veut un gouvernement majoritaire aux prochaines élections, il lui faudrait une nouvelle personne à sa tête. Mais les questions qu’il faut poser sont : est-ce que Madame Marois est dans le déni de la réalité ou non, et est-ce qu’elle met au devant son parti ou sa carrière (puisque bien sûr cela serait beau dans un curriculum vitae : première Première Ministre du Québec — même dans un gouvernement minoritaire…)? Si j’étais elle, je ferais un tour de passe-passe du genre à Bernard Landry qui a démissionné pour cause d’un vote de confiance totalisant 76,2 % à un prochain congrès du parti. Mais elle n’est pas moi.

Et pour brouiller les cartes, il y a la possible formation d’un nouveau parti politique de droite, qui se présente pour l’instant comme un mouvement : Force Québec. Jean-François Lisée croit que cet hypothétique parti nuirait « davantage aux libéraux qu’aux péquistes », mais je n’en suis tellement pas certain, étant donné que la question constitutionnelle semble devenir, à mon grand dam, de plus en plus flottante, et surtout, non prioritaire. Le PQ ne semble pas vraiment moins à droite que le PLQ alors, ultimement, être certain aujourd’hui de la tendance que prendrait l’ajout d’une nouvelle « force » politique me semble encore du domaine de l’inattendu.

Dans ce cas, est-ce que Pauline Marois devrait suivre la logique de Jean-François Lisée et se dire qu’elle risque fort bien de se retrouver majoritaire grâce à Force Québec (qui se rendrait alors jusqu’à une case sur les prochains bulletins de vote électoral) ou, devant l’impossibilité de faire des prédictions aussi importantes, est-ce qu’elle devrait mettre toutes les chances du côté de son parti en trouvant le moyen de se retirer?

La balle est dans son camp.

Si la notion de stratégie est importante en politique, cela serait une bonne occasion de le montrer.

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Classé dans Actualité, Renart L'Eveillé

Pour en finir avec la théorie de l’exploitation du labeur d’autrui de Marx

Lorsqu’on se retrouve face à des illettrés économiques qui ne jurent que par les écrits de Karl Marx, ça paie d’avoir les bons arguments. La théorie de l’exploitation du labeur d’autrui de Marx repose sur la théorie de la valeur du travail de Ricardo. Cette théorie est périmée et à maintes fois été réfutée.

Sa théorie se résumait à ceci:

«Si de la valeur d’une marchandise nous retranchons la valeur qui restitue celle des matières premières et des autres moyens de production consommés, c’est-à-dire si nous retranchons la valeur qui représente le travail passé qu’elle contient, la valeur restante sera réduite à la quantité de travail qu’y a ajoutée l’ouvrier occupé en dernier lieu. Si cet ouvrier travaille 12 heures. par jour et si 12 heures de travail moyen se cristallisent en une somme d’argent de 6 shillings, cette valeur additionnelle de 6 shillings est la seule valeur que son travail aura créée. Cette valeur donnée, déterminée par le temps de son travail, est le seul fonds d’où l’ouvrier ainsi que le capitaliste puiseront respectivement leurs parts ou dividendes, la seule valeur qui soit répartie en salaire et en profit. Il est clair que cette valeur elle-même n’est pas modifiée par le rapport variable suivant lequel elle peut être partagée entre les deux parties. Il n’y aura rien de changé non plus si au lieu d’un ouvrier nous mettons toute la population travailleuse et si au lieu d’une journée de travail nous en mettons 12 millions, par exemple.
Le capitaliste et l’ouvrier n’ayant à partager que cette valeur limitée, c’est-à-dire la valeur mesurée d’après le travail total de l’ouvrier, plus l’un recevra, moins recevra l’autre, et inversement. Pour une quantité donnée, la part de l’un augmentera dans la proportion où celle de l’autre diminuera. Si les salaires changent, les profits changeront en sens contraire. Si les salaires baissent, les profits monteront, et si les salaires montent, les profits baisseront. Si l’ouvrier, comme nous l’avons supposé précédemment, reçoit 3 shillings, c’est-à-dire la moitié de la valeur qu’il crée, ou si sa journée entière de travail se compose pour moitié de travail payé et pour moitié de travail non payé, le taux du profit s’élèvera à 100 pour cent, car le capitaliste recevra également 3 shillings. Si l’ouvrier ne reçoit que 2 shillings, c’est-à-dire s’il ne travaille que le tiers de la journée pour lui-même, le capitaliste recevra 4 shillings, et le taux du profit sera donc de 200 pour cent. Si l’ouvrier reçoit 4 shillings, le capitaliste n’en recevra que 2, et le taux du profit tombera alors à 50 pour cent. Mais toutes ces variations sont sans influence sur la valeur de la marchandise. Une hausse générale des salaires entraînerait par conséquent une baisse du taux général du profit, mais resterait sans effet sur la valeur.
Mais bien que les valeurs des marchandises doivent en définitive régler leur prix sur le marché, et cela exclusivement d’après la quantité totale du travail fixée en elle et non d’après le partage de cette quantité en travail payé et en travail impayé, il ne s’ensuit nullement que les valeurs de telle ou telle marchandise ou d’un certain nombre de marchandises produites, par exemple, en 12 heures, restent toujours constantes. Le nombre ou la masse des marchandises fabriquées en un temps de travail déterminé ou au moyen d’une quantité de travail déterminée dépend de la force productive du travail employé à sa production et non de son étendue ou de sa durée. Avec un degré déterminé de la force productive du travail de filage, par exemple, on produit, dans une journée de travail de 12 heures, 12 livres de filé, avec un degré inférieur, 2 livres seulement. Si donc dans un cas 12 heures de travail moyen étaient incorporées dans une valeur de 6 shillings, les 12 livres de filé coûteraient 6 shillings, dans l’autre cas les 2 livres de filé coûteraient également 6 shillings. Une livre de filé coûterait par conséquent 6 pence dans un cas et 3 shillings dans l’autre. Cette différence de prix serait une conséquence de la diversité des forces productives du travail employé. Avec une force productive supérieure, une heure de travail serait incorporée dans une livre de filé, alors qu’avec une force productive inférieure, 6 heures de travail seraient incorporées dans une livre de filé. Le prix d’une livre de filé ne s’élèverait, dans un cas, qu’à 6 pence, bien que les salaires fussent relativement élevés et le taux du profit bas. Dans l’autre cas, il serait de 3 shillings, quoique les salaires fussent bas et le taux du profit élevé. Il en serait ainsi parce que le prix de la livre de filé est déterminé par la quantité totale de travail qu’elle renferme et non par le rapport suivant lequel cette quantité totale est partagée en travail payé et travail impayé. Le fait mentionné plus haut, que du travail bien payé peut produire de la marchandise bon marché, et du travail mal payé de la marchandise chère, perd donc son apparence paradoxale. Il n’est que l’expression de la loi générale: la valeur d’une marchandise est déterminée par la quantité de travail qui y est incorporée, et cette quantité de travail dépend exclusivement de la force productive du travail employé et variera par conséquent à chaque modification de la productivité du travail.»


Parce que Marx croyait que le travail était ce qui générait la valeur économique, il conclue que les capitalistes, qui fournissent leur capital dans le processus de production, puisqu’ils ne travaillaient pas, ne méritaient pas la rente qu’il recevaient sur leur capital et qu’en la recevant, ils parasitaient le labeur des prolétaires. C’est un sophisme qui perdure depuis trop longtemps. Tout d’abord, démontrons comment le travail et la valeur économique n’ont aucune corrélation. Voici huit exemples qui démontrent les failles de la théorie de la valeur du travail.


Les failles de la Théorie de la Valeur du Travail

Faille #1: Argument de la valeur de produits obtenus de la nature: Certains produits peuvent être obtenus de la nature à un coût minime en labeur et avoir une valeur beaucoup plus grande. Supposons que je promène dans une forêt et que je ramasse une pomme tombée d’un pommier. Ramasser cette pomme n’a demandé qu’un effort minime de ma part, et pourtant en continuant mon chemin un peu plus loin et en croisant une autre personne, je peux revendre cette pomme pour un montant excédant le labeur que j’ai dépensé.

Faille #2: Le travail inutile. Certains travaux peuvent coûter de grands efforts en labeur et ne valoir strictement rien. Pendant la grande dépression, pour réduire le chômage, le gouvernement engageait des hommes pour creuser des trous et les remplir plus tard. Ces travaux stupides ne produisaient strictement rien, mais étaient très intensifs au niveau du labeur.

Faille #3: L’argument de l’effort excessif. Certains travailleurs peuvent parfois dépenser des efforts démesurés par rapport à la valeur du produit qu’ils produisent. Ainsi, un écrivain qui passerait la moitié de sa vie à écrire un livre à la main risque de ne pas retirer des ventes de son livre une valeur équivalente à de nombreuses années de travail. La valeur de son produit peut donc être moindre que le travail mis dans la production.

Faille #4: Argument de l’effort inexistant. Quelqu’un peut générer une valeur virtuellement sans faire d’effort physique. Un entrepreneur qui, par exemple, remarque que le prix d’un produit est plus élevé dans une région que dans une autre, peut mettre à profit cette information avec peu d’effort en achetant le produit où le prix est bas et en le revendant là où le prix est haut. Ou vendre cette information à un collègue en échange d’une part des profits. Encore une fois, une plus-value est générée sans travail excessif. Parce que la matière grise, ça vaut quelque chose quand on en a.

Faille #5: L’inégalité d’habileté. Certains travailleurs sont plus habiles et plus productifs que d’autres. Ainsi, le temps que le travailleur A construit une table, le travailleur B en construit deux. Les deux ont travaillé le même nombre d’heures, mais le travailleur B obtiendra deux fois plus que le travailleur A. Marx a toujours considéré le travail comme étant homogène, ce qui est complètement déconnecté de la réalité. Dans un système capitaliste, ceux qui sont plus productifs gagnent plus tout simplement parce qu’ils produisent plus.

Faille #6: L’argument de l’incitatif. Si un travailleur obtient de son travail exactement ce qu’il dépense en effort, il n’a aucun incitatif à faire cet effort, puisqu’il peut obtenir exactement le même résultat en ne travaillant pas du tout. Pour vaincre la disutilité du travail, il faut que la valeur reçue pour son labeur excède l’effort.

Faille #7: L’usage inégal du même produit. Le même objet acheté par deux personnes différentes, peut avoir une valeur différente. Une guitare achetée par un virtuose pourrait générer une grande valeur par son utilisation lorsqu’il en joue en public ou s’enregistre et vend les enregistrements. Par contre, dans les mais d’un néophyte, cette même guitare aura très peu de valeur.

Faille #8: l’utilité marginale décroissante. Deux unités d’un même produit dans les mains du même homme peuvent avoir une valeur différente. Un homme qui meurt de soif qui obtient deux bouteilles d’eau utilisera certainement la première bouteille pour épancher sa soif et sauver sa vie, mais il pourra peut-être utiliser la deuxième pour se laver, s’il n’a plus soif. Alors qu’il voudra peut-être vendre la deuxième bouteille, il refusera certainement de vendre la première à n’importe quel prix. Cette bouteille aura donc plus de valeur que la deuxième alors que les deux requièrent la même quantité de travail à remplir.

Ces huit failles démontrent sans contredit qu’il n’y a aucune corrélation entre la valeur économique d’un produit et la quantité de travail nécessaire pour le produire.

L’explication alternative: La Théorie de la Valeur de l’Utilité.

La théorie alternative qui a été mise de l’avant par des économistes qui ont suivi Marx s’appelle la théorie de la valeur de l’utilité qui dit que la valeur d’un produit ou un service est égale à l’utilité que ce produit ou service confère à son utilisateur. Plutôt que de faire une équivalence entre la valeur d’un produit et ce qu’un individu perd en le produisant, on fait une équivalence entre la valeur du produit et ce qu’un individu gagne en l’utilisant. Cette théorie explique tous les arguments contre la théorie de la valeur du travail (TVT).

Faille #1 de la TVT: Un produit obtenu naturellement avec peu ou pas de travail peut effectivement être d’une utilité à celui qui l’acquiert et ainsi produire une valeur, peu importe qu’il n’ait pas eu a travailler pour l’obtenir.

Faille #2 de la TVT: Le travail inutile n’est d’aucun bénéfice à personne et donc ne produit aucune valeur selon la théorie de l’utilité.

Faille #3 de la TVT: Selon la théorie de l’utilité, la valeur d’un produit est proportionnelle à l’utilité qu’en retire l’utilisateur, peu importe la quantité de travail nécessaire à la produire. Si la l’utilité d’un produit est inférieure à sont coût, on subira tout simplement une perte, ce qui est monnaie courante dans l’entreprise privée.

Faille #4 de la TVT: L’acquisition de certaines informations peut effectivement se monnayer et ainsi créer une valeur à celui qui utilise cette information sans nécessiter d’effort ou de travail. Parce que les idées ont une valeur aussi.

Faille #5 de la TVT: La théorie de l’utilité explique également les différences de valeurs engendrées par des différences d’habileté ou de productivité. Seul un communiste peut croire qu’un travailleur qui produit deux fois moins qu’un autre, mérite le même revenu que celui qui produit deux fois plus.

Faille #6 de la TVT: La théorie de l’utilité requiert qu’un travail productif doit générer plus de valeur que ce qu’il coûte. Il y a donc un incitatif au travail productif car le travailleur reçoit une plus grande valeur pour son travail.

Faille #7 de la TVT: La théorie de l’utilité explique également comment le même produit dans les mains de différentes personne peut valoir plus que dans les mains d’un autre.

Faille #8 de la TVT: La théorie de l’utilité explique également comment des bouteilles d’eau peuvent avoir une différente valeur pour le même utilisateur, dépendant de la quantité qu’il en a. Plus il possèdera un bien en grande quantité et moins une unité particulière de ce bien aura de valeur pour lui. Demandez à un fumeur de vous donner la dernière cigarette de son paquet, comparativement à quand son paquet est plein juste pour voir. Pourtant chaque cigarette nécessite la même quantité de travail. Mais une seule cigarette aura beaucoup moins de valeur à nos yeux si on en a 24 autres dans son paquet que s’il ne nous en reste qu’une.


Conclusion

L’assertion de Marx que les capitalistes volent aux travailleurs prolétaires la plus-value qu’ils génèrent par leur travail ne tient pas la route. Parce qu’il n’y a aucune corrélation entre la valeur économique d’un produit ou service et la quantité de travail pour le produire, l’assertion que ce travail génère une plus-value qui appartient à l’ouvrier plutôt qu’aux autres facteurs de production est tout simplement fausse. Dans la réalité, le processus de production comporte plusieurs facteurs qui ont tous droit à une redevance, le loyer pour le terrain, l’intérêt pour le capital et le salaire pour la main d’œuvre. Chacune de ces redevances doit être négociée séparément et doivent nécessairement déboucher à un accord mutuellement consenti où les deux parties profitent, sinon il ne pourrait y avoir aucun accord. Ainsi, le travail des prolétaires est « acheté » par un entrepreneur à travers un contrat de travail librement accepté par le travailleur et par l’employeur. L’employeur ne dispose d’aucun moyen de forcer qui que ce soit à signer ce contrat. Le salaire offert est généralement déterminé selon la valeur du marché pour des postes similaires parce que l’employeur doit offrir des salaires compétitifs pour attirer les meilleurs travailleurs. Ce n’est donc pas de l’exploitation, mais un accord donnant-donnant entre l’employé et l’employeur.

Si vous vous croyez exploité par votre employeur, dites-vous bien que personne ne vous a mis un révolver sur la tempe pour signer votre contrat de travail et rien ne vous empêche d’envoyer des CV à d’autres employeurs pour trouver un emploi qui paye plus. Si vous étiez vraiment exploités, vous n’auriez aucune porte de sortie. Or vous pouvez toujours prendre des cours du soir pour parfaire vos qualifications ou carrément changer de métier pour vous diriger vers une carrière plus profitable. Si vous décidez volontairement de ne pas faire d’effort pour augmenter la valeur de votre travail, c’est la faute à qui? La société? Votre patron? Foutaise!

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Classé dans Actualité, économie, Philippe David