La complexification de la vie en société laisse l’humain derrière

C’est indéniable, la vie qu’on mène se complexifie. Il devient alors très difficile de suivre et de comprendre tous les enjeux importants de notre société, donc de bien prendre la mesure de la démocratie (enfin, ce qui nous fait office de…). Personnellement, j’ai la chance d’avoir beaucoup plus de temps que la moyenne pour m’y consacrer — ce billet en est bien la preuve — et pourtant j’ai beaucoup de difficulté à suivre, et par manque de temps — parce qu’il faut bien aussi décrocher parfois —, et d’énergie — il y a des limites à ce qu’un être humain peut approfondir.

Alors, je me dis que la majorité doit bien se sentir, soit désemparée, sinon déconnectée, ou un joyeux mélange des deux, devant le flot, le flux, l’afflux d’événements (et qui ne sont en plus, on le sait, que la pointe de l’iceberg). C’est comme s’il y avait un décalage entre ce qu’on devrait et ce qu’on peut faire; dans le fond, on ne peut pas faire grand-chose d’autre que de participer de près ou de loin à ce qu’on appelle communément « l’opinion publique ».

Parlons-en justement de ce concept d’opinion publique! La communication n’a jamais été aussi avancée, les outils pour partager notre opinion n’ont jamais été aussi évolués et pourtant j’ai l’impression que ce concept englobe seulement les chroniqueurs, éditorialistes et journalistes des grands médias, et certains groupes de pression, parfois. Les citoyens, mis à part par ce qui ressort des sondages (qui restent quand même la plupart du temps des commandes des grands médias), que nenni!

C’est quand même incroyable! Comment ne pas arriver à la conclusion que dans le fond même les plus grands efforts que certaines personnes font pour pétrir les fondements de notre société et en communiquer le résultat ne sont en fait que du vain papotage, qui n’a pas plus, et même peut-être moins, de valeur, de poids dans la balance que du papotage celui-là assumé?

En fait, la complexification de la vie en société demanderait un perfectionnement qui se fait attendre. Parce qu’il ne semble pas y avoir de différence notable entre quelques-uns qui se passionnent par exemple pour les chats (en surface et non dans un sens scientifique) et d’autres qui se passionnent pour la vie en société, qui philosophent, qui analysent ce qui se passe autour d’eux.

Des citoyens qui ont un passe-temps comme les autres. C’est bien de ça dont il s’agit.

(Image : jared)

21 Commentaires

Classé dans Actualité, Renart L'Eveillé

21 réponses à “La complexification de la vie en société laisse l’humain derrière

  1. Pingback: La complexification de la vie en société laisse l’humain derrière | Renart Léveillé

  2. modotcom

    tout-à-fait raison Renart, la voix toute teintée de sens soit-elle, ne porte que difficilement. l’image accompagnant ton billet est splendide et illustre à merveille le propos. merci.

  3. Modotcom,

    je suis très heureux de t’avoir touché avec cette publication.

    J’espérais que ça ne soit pas trop déprimant…

  4. C’est un peu le constat auquel j’arrivais dans mon dernier billet: http://www.simondor.com/blog/2010/11/autodefense-intellectuelle-et-milieu-academique.html

    Il serait intéressant de réfléchir à un système qui nous permette de faire davantage confiance en nos médias.

  5. Topaze

    La vie pas simple ?

    Il faut reconnaître qu’il y a des gens qui sont payés pour tout embrouiller .

    Mais parfois nous avons la surprise de voir intervenir un acteur politique au verbe clair et salutaire :

  6. Simon Dor,

    je l’avais bien sûr lu, il a dû inconsciemment nourrir ma réflexion! 😉

    « Il serait intéressant de réfléchir à un système qui nous permette de faire davantage confiance en nos médias. »

    Pour ça, il faudrait que les médias ne soient pas liés à des entreprises qui veulent faire des profits ni à des gouvernements menés par la partisanerie des partis politiques. Ça ne serait pas une mince tâche…

  7. La vie n’est, selon ma perception, pas plus complexe qu’avant.. ce qui rend le quotidien « plus compliqué » est le rajout en sur-couche d’une panopolie de gadgets dont certains ne savent déjà plus se passer … on n’a pas plus d’événements qu’avant, on a plus de moyens de savoir très rapidement ce qui se passe partout … assimiler la vie en société à toute cette nouvelle technologie est une erreur, tout le monde n’est pas accro à Twitter ou Facebook, tout le monde ne vit pas en ville en étant saturé de moyens soi-disant de communications … les blogs, les forums et autres nouveaux web 2,0 ( y a eu un 1,0 ?) sont une des couches de ces nouveaux médias, avec les plus et les moins que cela apporte , que ce soit pour les utilisateurs (qui viennent chercher de l’info ou une connaissance ou un divertissement) et les acteurs /contributeurs qui naviguent entre partager ou qui essayent réellement d’informer avec l’utopie de penser qu’ils gagneront évnetuellement un peu de $ grâce à ça…

  8. « Il serait intéressant de réfléchir à un système qui nous permette de faire davantage confiance en nos médias. »

    Bof… pourquoi devrait on faire confiance à nos médias dés le départ connaissant leur fonction , leur financement et donc leur agenda ? le peu de journalisme d’investigation qui reste represente 10 % de la soupe à médias, le reste n’est plus que papotage biaisée calculé sur l’audience donc sur le pourcentage de pubs que ça générera …

  9. Jean-Marie De Serre

    La majorité doit se sentir , soit désemparée , sinon déconnectée ou un joyeux mélange des deux. === Ayoie , je ne peux que vous dire que ce n’est tout simplement pas , ni l’un ou l’autre , la majorité ne sait tout simplement pas. === La Haute vitesse n’est à peu près nullepart à la campagne et ce n’est pas vous en ville qui allez changer le  » MONDE  ».
    Jean-Marie De Serre.

  10. @Marc Lafontan

    Parce que connaître est une richesse! À la limite, comment fait-on pour connaître « leur fonction , leur financement et donc leur agenda »? Si on est capable de savoir qu’ils mentent ou manipulent (ce que je ne crois pas), il doit bien y avoir une manière d’appliquer ce procédé à l’information elle-même?

  11. Nelson

    Ce n’est pas tant la société qui se complexifie que plutôt l’occultation des enjeux réels des débats de société. Parce que ce qui étaient guidées il y a quelques années encore par une rationalité fondée sur des valeurs sociales est de plus en plus soutenues par une rationalité économique.

    Parce que même l’opinion publique est loin d’être éclairée. Chaque enjeu social même expliqué à fond dans tous les moyens de communication possible reste une interprétation et pour pouvoir l’interpréter adéquatement il faut posséder le savoir. Notre société favorise surtout un type de savoir, celui axé sur l’économique, l’efficience et de la recherche de croissance.

    La paradigme des problèmes sociaux vu sous un angle non économique et de la recherche de l’efficience devient donc la panacée de quelques-uns seulement.

    La société ne peut générer des systèmes qui ne font que l’auto-alimenté donc ses systèmes donc les médias de communication font partie ne peuvent qu’apporter de l’eau au moulin pour assurer sa pérennité. Quand on sait qu’à la télévision les cotes d’écoute (= ventes publicitaires $$$) sont une question de vie et de mort, peut-on vraiment penser que les médias peuvent apporter une regard neutre sur les enjeux sociaux complexe d’aujourd’hui.

    Est-ce que les médis favorisent réellement la réflexion sur les idées ou plutôt ne favoriseraient-ils pas réflection des idées des autres, celles qui soutiennent cette société à rationalité économique et de profit.

  12. comment fait-on pour connaître “leur fonction , leur financement et donc leur agenda”?
    Come on … comment penser qu’un journal qui appartient à un groupe ne suivra pas la ligne politique et donc éditoriale de ledit groupe ? t’as déjà vu une article dans le journal de Montréal qui attaque Péladeau toi ? t’as déjà vu un article dans la Presse qui attaque la clique à Desmarais ?
    Donc, dans la mesure où le journaliste ou le rédacteur en chef accepte ou n’accepte pas un article de fond parce que trop nuisible aux intérêts du proprio du journal, la fonction même du journal ( qui est d’informer objectivement et de faire des enquêtes sur le terrain) est manipulable… surtout quand on sait la puissance de feu ( journaux, tv, radios) de certains groupes..

    On se demande sinon pourquoi le Canada est classé 21 ième en censure journalistique dans le monde ?

    Au niveau Tv, les capsules d »infos » de trois minutes entre deux pubs ne donnent sûrement pas le temps de faire beaucoup d’investigation … et on n’ira sûrement pas sortir une enquête sur une quelconque collusion entre ( par exemple) groupes pharmaceutiques et gouvernement quand le-dit groupe pharmaceutique a acheté des blocs de pub pour x…millions …

    Au niveau enquête, comme je le mentionnais, un rapide tour des rédactions permet de voir que la diffusion des nouvelles est assurée par un noyau central de journalistes ( genre AFP) dont les news sont ensuite répercutées à toutes les salles de nouvelles ..mais qui posséde, par exemple, AFP ?
    Peut on dire qu’une chaine comme Fox est objective ? etc etc ….me semble que c’est assez évident que n’importe quel publication/radio/tv /web qui appartient à un groupe passera l’info qui lui plait et pas celle qui L’attaque..donc, l’info est manipulable selon un agenda, et selon la fonction du média qui est d’abord et avant tout d’être rentable, donc achetable… est ce trop radical comme point de vue selon ta perception ????

  13. Kevin

    Et le plus difficile, c’est que tu dois adapter ton fameux plan de construction sociale pour rendre le monde meilleur et équitable. C’est tellement compliqué et il faut plein de solution élaboré de manière centralisée pour protéger les gens contre eux même.

    Ça c’est difficile hein!

  14. @Marc Lafontan

    Tout ça m’apparaît évident, ce sont des conflits d’intérêts ou apparences de conflits d’intérêts. Ma question portait sur ce qui vous pousse à affirmer de telles choses:

    « pourquoi le Canada est classé 21 ième en censure journalistique dans le monde ? »

    Qui compile ces statistiques et pourquoi, eux, vous les croyez?

  15. Reporters Sans Frontières est à but non lucratif, et ne reçoit pas , selon mes connaissances, de fonds des grands magnats de la presse ni de l’industrie hein ?

    http://en.rsf.org/press-freedom-index-2010,1034.html

  16. @Marc Lafontan

    Je n’aime vraiment pas votre ton, vous semblez penser que je suis de mauvaise foi! Je pose sérieusement la question sans vous juger ou quoique ce soit. Je suis en toute sincérité en train de me questionner sur la possibilité de moyens collectifs de réfléchir aux médias et il me faisait plaisir de pouvoir échanger avec vous.

  17. Désolé, il n’y avait aucune malice ni intention derriere ma réponse, je tape comme je parle …

  18. et j’aurai probablement dû citer la source dés le départ ce qui aurait évité ce malentendu …

  19. Analphabètes secondaires», l’expression est de l’allemand Hans Magnus Enzensberger, auteur de «Médiocrité et folie» Editions Gallimard-1991.

    Les Etats-Unis auront constamment cherché à rendre leurs ennemis inaudibles, au besoin en les discréditant avec des puissants relais locaux ou internationaux, tout en amplifiant leur offensive médiatique, noyant les auditeurs sous un flot d’informations, pratiquant la désinformation par une perte de repères due à la surinformation en vue de faire des auditeurs lecteurs de parfaits «analphabètes secondaires»

    Non des illettrés, ou des incultes, mais des êtres étymologiquement en phase de processus de «désorientation», psychologiquement conditionné et réorienté dans le sens souhaité. Pur produit de la phase de l’industrialisation, de l’hégémonie culturelle du Nord sur le Sud, de l’imposition culturelle comme un préalable à l’envahissement et à l’enrichissement des marchés, «l’analphabète secondaire n’est pas à plaindre. La perte de mémoire dont il est affligé ne le fait point souffrir. Son manque d’obstination lui rend les choses faciles.

    Une inversion radicale du schéma économique se produit et la loi de l’offre et de la demande se décline désormais selon un mode radicalement différent: la fabrication du désir de consommation détermine désormais l’activité d’une entreprise. Ce n’est plus le consommateur qui commande le rythme de la production mais le producteur qui orchestre désormais le désir de consommation. Le contrôle de l’appareil de production parait compter désormais moins que la maîtrise de la demande de consommation.

    Le citoyen actif cède ainsi le pas au consommateur passif, l’aventurier de l’esprit au télé phage, le journaliste à l’animateur de divertissement, le patron de presse au capitaliste, entraînant du coup le glissement du journalisme vers le règne de l’«infotainement» néologisme provenant de la contraction de l’information et de l’entertainement (terme américain de divertissement). La mondialisation des flux d’information permet ainsi la mise sous perfusion éditoriale d’un organe de presse et par voie de conséquence la sédentarisation professionnelle de l’information, stade ultime de l’anaphabétisme secondaire.

  20. A la fin des années 1990, le budget américain de l’industrie des relations publiques a dépassé celui de la publicité. Selon une étude de John Stauber et Sheldon Rampton, qui passent pour être les meilleurs spécialistes de la profession et co-auteurs d’un remarquable ouvrage sur la question (Toxic sludge is good for you- Common Courage presse 1995), le nombre des salariés des agences des relations publiques (150.000) dépasse celui des journalistes (130.000).

    Aux Etats-Unis, 40 pour cent de ce qui est publié dans la presse est directement reproduit, sans altération, des communiqués des «Public relations» (3) soutient Paul Moreira, producteur de l’émission de référence de Canal + et auteur d’un ouvrage documenté sur «Les nouvelles censures- dans les coulisses de la manipulation de l’information» (Editions Robert Laffont février 2007).

    Deux chiffres suffisent à caractériser l’Empire des Médias: il vit aux deux tiers de la publicité, et il dépense chaque année deux fois le budget de l’état français. Au niveau mondial, le chiffre d’affaires mondial de la télévision, hors subventions, est voisin de 220 milliards de dollars en 2006, dont environ 160 milliards financés par la publicité, soit 70%.
    Le chiffre d’affaires mondial des journaux et magazines est voisin en 2006 de 275 milliards de dollars, dont environ 175 milliards financés par la publicité, soit 65%, en augmentation, avec un maximum de 88% aux Etats-Unis. En ajoutant les radios, cela fait environ 540 milliards de dollars par an, soit presque deux fois les dépenses annuelles de l’état français.

    «Entertainment» (divertissement) comme outil et «advertising» (publicité) comme finalité. Le but n’est pas d’informer, mais d’attirer assez l’attention pour faire passer le vrai produit : la publicité. L’«information» là-dedans est un excipient comme un autre, dont le but n’est pas d’informer mais d’attirer l’attention et de véhiculer des messages publicitaires.
    L’information devient « infotainement », une information de divertissement. Ce qui explique en France que les grandes émissions politiques des précédentes décennies, comme l’ «Heure de vérité» sur France 2, faite par des journalistes, a depuis longtemps cédé la place aux émissions de divertissement. Les hommes politiques préfèrent, et de loin, passer chez les animateurs Michel Drucker ou Marc Olivier Fogiel pour promouvoir leurs idées

    Le temps de cerveau disponible du lecteur ou téléspectateur humain ingurgite chaque année pour 400 milliards de dollars américains de messages intéressés. Emis par qui? Sur les 360 milliards fournis aux anciens médias par la publicité, selon ce document du groupe Lagardère, 160 milliards, soit 44%, sont «attribués» par les sept premiers groupes de publicité, qui font un chiffre d’affaires direct d’environ 50 milliards.

    Source :René Naba
    Ancien responsable du monde arabo-musulman au service diplomatique de l’Agence France Presse, ancien conseiller du Directeur Général de RMC/Moyen orient, chargé de l’information, et auteur

  21. Topaze

    En fait la complexité souvent n’est qu’apparente :

    Au lieu de présenter un tableau les responsables ont pris l’habitude de découper la réalité en une foultitude de petits morceaux qui ne s’emboitent pas forcément .

    Il est parfois possible de reconstituer le puzzle , mais ça demande du temps , car il faut souvent chercher les pièces ailleurs ou les reconstituer .

    Cdt. Tz.

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