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La crise de la sécurité publique… en 1 000 mots

Image Flickr par conner395

La première demande de l’individu en société est qu’on assure sa sécurité. Ce n’est pas d’hier, mais depuis toujours. On aurait dû apprendre à le faire. En fait, on l’a appris. Il y a des havres dans le monde, surtout en zone urbaine en Occident, où la sécurité est suffisante pour que l’on puisse marcher sur le trottoir en pensant à autre chose, ce qui n’a pas été le cas durant la plus grande partie de l’Histoire… Tout va bien. Où est la crise ? Elle est triple.

D’abord, on parle de havres. Le monde presque partout est encore une mer furieuse dont la violence n’est pas disparue. La crise, cependant, ce n’est pas qu’il faille se garder des brigands quand on traverse le Tanezrouft et des pirates quand on vogue sur la mer de Sulu ; c’est que les havres de sécurité dans le monde se font plus rares…

Il y a 50 ans, j’ai fait Paris-Delhi seul, par voie terrestre, sans arme et sans graves ennuis. Pratiquement sans risques. Toutes les frontières – Pakistan, Afghanistan, Iran, Irak, Syrie, Turquie et ce qui était la Yougoslavie se traversaient avec un passeport et/ou un petit cadeau. Le même périple aujourd’hui, exigerait une division blindée et un soutien aérien… On pouvait aussi faire l’Afrique à peu près partout il y a à peine 30 ans. Je ne suis plus volontaire.

Les havres se rétrécissent aussi sous nos yeux. Bien des villes sont maintenant entourées d’une zone de non-droit où il vaut mieux connaître le chef du gang local. D’autres, surtout aux USA, mais aussi dans le tiers-monde, sont devenues des beignes, avec au centre un trou dans la sécurité qu’on ne visite qu’à grand péril. Il faut mettre combien de baffes à une civilisation pour qu’elle comprenne qu’elle est en décadence ?

Deuxième aspect de la crise. De nouveaux dangers : les gangs, mais surtout l’individu. La bombe atomique chez les Russes, c’était le bon temps. Le plus grave problème n’est plus au niveau des États ; la technologie met maintenant un terrifiant pouvoir de nuire entre les mains non seulement de petits pays, mais de petits groupes et même des individus ! Je ne décrirai pas ces façons de nuire ou même de détruire un société, mais quiconque veut le faire y pensera tout seul.

Le plus grave problème n’est pas tant le révolutionnaire – il est visible et prévisible – que le pur cinglé. On disait, il y a quelques années, qu’une personne sur seize aux USA aurait dans sa vie au moins un épisode de désordre mental qui justifierait son institutionnalisation au moins temporaire…. Comment une société peut-elle se protéger contre 20 millions d’individus qui pourraient sans prévenir vous tirer dessus dans une école ou un centre d’achat ? Ou vous trancher la gorge dans le métro…

Troisième volet, le plus grave, une confusion des valeurs qui fait qu’on ne sait plus avec certitude ce qui est bien ou mal, ni donc qui est avec qui et contre quoi. L’injustice dans notre société nous donne à tous mauvaise conscience et l’on ne sait plus trop parfois s’il faut donner un croc-en-jambe au voleur qui fuit ou au gendarme qui le pourchasse. Quand un jeune Catalan fraude quelques banques de centaines de milliers d’euros, le clame partout et utilise l’argent pour financer Podem, un mouvement de contestation sociale, bien peu de gens que je connais en ont éprouvé une grande indignation.

Un escroc sans scrupules au Québec a ruiné des centaines de victimes à revenus modestes en leur prenant pour cent millions de dollars des épargnes de toute leur vie. Si l’une de ses victimes l’abattait froidement, à sa sortie de prison où il passera quelques mois, je continuerais, bien sûr, de défendre le principe qu’il ne faut pas se faire justice soi-même, mais est-ce qu’on pleurerait beaucoup dans les chaumières ?

Comment assurer la sécurité publique, si le citoyen ordinaire n’est pas INCONDITIONNELLEMENT du côté de l’ordre ? Combien de gens en France, au cours des récentes protestations contre la modification du système des retraites, souhaitaient qu’on mette les grévistes au pas… et combien regrettaient plutôt que la protestation ne soit pas plus musclée ?

On ne respecte plus l’ordre établi ; comment respecter un système qui permet les inégalités que nous voyons et dont la priorité est l’éradication du pavot plutôt que celle de la prostitution des enfants ? Les héros que la télévision nous montre faisant respecter la vraie justice sont souvent peints agissant hors des cadres du système ou même de la loi.

La sécurité est aussi en crise parce que le système actuel, conscient de ses inégalités, voit souvent le citoyen non pas comme celui que la police devrait protéger, mais comme un contestataire et donc un fauteur de trouble en puissance. Le citoyen lui rend bien ce manque de confiance et de soutien…

La solution n’est donc pas de mettre en place une force policière plus puissante ; ce serait de pouvoir compter sur l’appui omniprésent et sans réticence de la population pour prêter main-forte aux forces de l’ordre. Au palier de la vigilance, de la dénonciation des crimes, au besoin d’une intervention ponctuelle pour les prévenir.

Cet appui de la population n’est possible que si celle-ci est intimement convaincue que la loi est juste, percevant les forces de l’ordre comme une émanation d’elle-même appliquant une morale et de principes qui sont les siens, non pas comme un corps étranger de mercenaires à la solde d’une minorité et en protégeant les seuls intérêts.

C’est cette perception ce qui fait toute la différence entre un recrutement fascisant de la population pour qu’elle soutienne des mesures d’oppression et une conscription volontaire des citoyens pour défendre l’ordre contre le crime. C’est cette identification du citoyen à une police qui est à son service et non l’inverse, qui est la seule solution a une vulnérabilité telle de la société au crime que les mesures nécessaires pour s’en protéger rendraient notre liberté illusoire.

Pierre JC Allard
La crise de la sécurité publique… en 1 000 mots

La première demande de l’individu en société est qu’on assure sa sécurité. Ce n’est pas d’hier, mais depuis toujours. On aurait dû apprendre à le faire. En fait, on l’a appris. Il y a des havres dans le monde, surtout en zone urbaine en Occident, où la sécurité est suffisante pour que l’on puisse marcher sur le trottoir en pensant à autre chose, ce qui n’a pas été le cas durant la plus grande partie de l’Histoire… Tout va bien. Où est la crise ? Elle est triple.

D’abord, on parle de havres. Le monde presque partout est encore une mer furieuse dont la violence n’est pas disparue. La crise, cependant, ce n’est pas qu’il faille se garder des brigands quand on traverse le Tanezrouft et des pirates quand on vogue sur la mer de Sulu ; c’est que les havres de sécurité dans le monde se font plus rares…

Il y a 50 ans, j’ai fait Paris-Delhi seul, par voie terrestre, sans arme et sans graves ennuis. Pratiquement sans risques. Toutes les frontières – Pakistan, Afghanistan, Iran, Irak, Syrie, Turquie et ce qui était la Yougoslavie se traversaient avec un passeport et/ou un petit cadeau. Le même périple aujourd’hui, exigerait une division blindée et un soutien aérien… On pouvait aussi faire l’Afrique à peu près partout il y a à peine 30 ans. Je ne suis plus volontaire.

Les havres se rétrécissent aussi sous nos yeux. Bien des villes sont maintenant entourées d’une zone de non-droit où il vaut mieux connaître le chef du gang local. D’autres, surtout aux USA, mais aussi dans le tiers-monde, sont devenues des beignes, avec au centre un trou dans la sécurité qu’on ne visite qu’à grand péril. Il faut mettre combien de baffes à une civilisation pour qu’elle comprenne qu’elle est en décadence ?

Deuxième aspect de la crise. De nouveaux dangers : les gangs, mais surtout l’individu. La bombe atomique chez les Russes, c’était le bon temps. Le plus grave problème n’est plus au niveau des États ; la technologie met maintenant un terrifiant pouvoir de nuire entre les mains non seulement de petits pays, mais de petits groupes et même des individus ! Je ne décrirai pas ces façons de nuire ou même de détruire un société, mais quiconque veut le faire y pensera tout seul.

Le plus grave problème n’est pas tabt le révolutionnaire – il est visible et prévisible – que le pur cinglé. On disait, il y a quelques années, qu’une personne sur seize aux USA aurait dans sa vie au moins un épisode de désordre mental qui justifierait son institutionnalisation au moins temporaire…. Comment une société peut-elle se protéger contre 20 millions d’individus qui pourraient sans prévenir vous tirer dessus dans une école ou un centre d’achat ? Ou vous trancher la gorge dans le métro…

Troisième volet, le plus grave, une confusion des valeurs qui fait qu’on ne sait plus avec certitude ce qui est bien ou mal, ni donc qui est avec qui et contre quoi. L’injustice dans notre société nous donne à tous mauvaise conscience et l’on ne sait plus trop parfois s’il faut donner un croc-en-jambe au voleur qui fuit ou au gendarme qui le pourchasse. Quand un jeune Catalan fraude quelques banques de centaines de milliers d’euros, le clame partout et utilise l’argent pour financer Podem, un mouvement de contestation sociale, bien peu de gens que je connais en ont éprouvé une grande indignation.

Un escroc sans scrupules au Québec a ruiné des centaines de victimes à revenus modestes en leur prenant pour cent millions de dollars des épargnes de toute leur vie. Si l’une de ses victimes l’abattait froidement, à sa sortie de prison où il passera quelques mois, je continuerais, bien sûr, de défendre le principe qu’il ne faut pas se faire justice soi-même, mais est-ce qu’on pleurerait beaucoup dans les chaumières ?

Comment assurer la sécurité publique, si le citoyen ordinaire n’est pas INCONDITIONNELLEMENT du côté de l’ordre ? Combien de gens en France, au cours des récentes protestations contre la modification du système des retraites, souhaitaient qu’on mette les grévistes au pas… et combien regrettaient plutôt que la protestation ne soit pas plus musclée ?

On ne respecte plus l’ordre établi ; comment respecter un système qui permet les inégalités que nous voyons et dont la priorité est l’éradication du pavot plutôt que celle de la prostitution des enfants ? Les héros que la télévision nous montre faisant respecter la vraie justice sont souvent peints agissant hors des cadres du système ou même de la loi.

Las sécurité est aussi en crise parce que le système actuel, conscient de ses inégalités, voit souvent le citoyen non pas comme celui que la police devrait protéger, mais comme un contestataire et donc un fauteur de trouble en puissance. Le citoyen lui rend bien ce manque de confiance et de soutien…

La solution n’est donc pas de mettre en place une force policière plus puissante ; ce serait de pouvoir compter sur l’appui omniprésent et sans réticence de la population pour prêter main-forte aux forces de l’ordre. Au palier de la vigilance, de la dénonciation des crimes, au besoin d’une intervention ponctuelle pour les prévenir.

Cet appui de la population n’est possible que si celle-ci est intimement convaincue que la loi est juste, percevant les forces de l’ordre comme une émanation d’elle-même appliquant une morale et de principes qui sont les siens, non pas comme un corps étranger de mercenaires à la solde d’une minorité et en protégeant les seuls intérêts.

C’est cette perception ce qui fait toute la différence entre un recrutement fascisant de la population pour qu’elle soutienne des mesures d’oppression et une conscription volontaire des citoyens pour défendre l’ordre contre le crime. C’est cette identification du citoyen à une police qui est à son service et non l’inverse, qui est la seule solution a une vulnérabilité telle de la société au crime que les mesures nécessaires pour s’en protéger rendraient notre liberté illusoire.

Pierre JC Allard

http://nouvellesociete.wordpress.com/ordre-securite/

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Au nom de quelle liberté ?

Yan Barcelo, 30 janvier 2011 (Photo: site Visipix.com)

Nous avons une conception trop limitée et partielle de la liberté. Et cette conception, loin d’être seulement une affaire de théorie et de philosophie désincarnée, a des conséquences extrêmement déterminantes sur l’organisation et l’action sociales.

 Ce thème de la liberté s’est imposé à ma réflexion suite à la lecture dans ce site d’une excellente chronique de Pierre JC Allard (La crise de la liberté en 1000 mots, 17 janvier 2011). Voici un bon moment que Pierre et moi échangeons et discutons et j’ai le plus grand respect, en fait la plus grande admiration, pour sa pensée et, je dirais même, son génie.

 Cependant, le concept de liberté qu’il articulait en introduction à son propos m’a rebuté. Voici ce qu’il mettait de l’avant :

« La liberté, c’est faire ce qu’on veut, jouer à être Dieu en n’acceptant les contraintes ni de la nature ni des autres. La liberté est fonction du pouvoir qu’on possède, puisque c’est toujours le pouvoir qui fait défaut quand on ne fait pas ce qu’on veut. Liberté et pouvoir sont les deux faces de la même médaille. Le corollaire est qu’on est dans un jeu à somme nulle et que le pouvoir des uns pose la limite de la liberté des autres. »

Suite à un bref échange entre nous, il a ajouté ceci :

« La responsabilité n’est pas une « composante » de la liberté, mais une de ses conséquences… Dire que ma liberté n’a pas de frontière, sauf celle dictée par l’ordre de la nature, me semble une évidence. »

 Je distingue deux limitations fondamentales dans ces propos.

a) C’est une vision essentiellement « politique » et « légaliste » de la liberté. Elle limite la liberté à la capacité de faire : je ne suis libre que dans la mesure où j’ai la latitude politique et sociale d’exécuter mon désir pour réaliser soit un besoin, soit un caprice. La notion de liberté se confond ici à celle de pouvoir. Un pouvoir absolu – soit la capacité d’exécuter infiniment mon désir – implique une liberté absolue. Bien sûr, si on demeure dans une aire plus restreinte de la notion de liberté, cette dimension de la liberté réfère à l’époque où le citoyen, aux prises avec l’arbitraire tyrannique des aristocrates, cherchait à s’en libérer.

Cette dimension de la liberté que met de l’avant Pierre Allard est certes très réelle et valable, mais elle n’en est que la partie la plus visible et je dirais même la plus superficielle. 

b) Cette notion de liberté repose sur une profonde erreur anthropologique, une erreur que nous avons héritée, je dirais, de la pensée anglo-saxonne. Cette erreur consiste à percevoir l’individu, à la base, comme un pur agent détaché et sans ancrage, un atome ou un « électron libre » qui, à loisir, oriente ou tente d’orienter son action selon une sorte de décision souveraine et dégagée de toute amarre. Ce n’est qu’après coup que cet agent libre choisit ou non de s’inscrire dans le vaste réseau des appartenances et enracinements sociaux. 

Dans une telle vision de la liberté, il est certain que la responsabilité ne vient que se greffer dans un deuxième temps à l’exercice de la liberté. Et je crois que c’est faux. La responsabilité fait intrinsèquement partie de la liberté, mais elle en constitue la face cachée, et plus profonde. Voici pourquoi.

La conception de l’agent libre et autarcique posé a priori avant tout engagement social, politique, économique et spirituel est un leurre. Notre humanité est pétrie, dès le départ, de tout le bagage acquis des mains d’autrui. Sans autrui, sans toute l’histoire humaine que les autres m’ont transmise, je ne suis strictement rien, tout au plus une sorte d’humain-loup coupé de tout langage, de toute articulation, de tout moyen de gagner ma subsistance, de toute possibilité de réaliser une œuvre. Pensons simplement au langage et à l’écriture; ces outils fondamentaux que l’humanité a mis des dizaines de milliers d’années à acquérir, ils m’ont été inculqués en moins d’une dizaine ou quinzaine d’années. Il en est de même tant pour pour ma capacité de planter un clou que pour celle de résoudre une équation algébrique. 

Je suis, et chacun de nous est, enchassé de façon inextricable à la communauté humaine et nous en sommes totalement tributaires. Or, c’est de ce cosmos commun, comme un tissu intellectuel et spirituel auquel chacun appartient de façon indissoluble, que jaillit la responsabilité. Et c’est à l’intérieur de ce tissu commun que la liberté d’action s’exerce – après coup.

En fait, sur la base de ce cosmos commun, il devient évident que la responsabilité est première et constitue la couche fondatrice sur laquelle émerge, dans un deuxième temps, la liberté. Tous les instruments et les institutions de la vie me sont transmis en premier lieu par les humains, et c’est seulement après coup que j’exerce parmi ces instruments et véhicules ma liberté de choix et d’action. 

Les sociétés anciennes, tant en Occident qu’en Orient, ne s’y sont pas trompées en comprenant la société en premier lieu non pas comme un enchevêtrement inextricable de libertés et de droits, mais comme un tissu de responsabilités et de devoirs. Ce n’est que très tardivement, grâce à la réflexion chrétienne sur le message évangélique durant le Haut Moyen-Âge, que nous avons élaboré une philosophie totalement originale et inédite des droits et libertés individuelles.

Il en a émergé le discours tout à fait légitime de la liberté du citoyen, libre d’exercer son action sans craindre l’arbitraire et la répression d’un État oligarchique constitué autour des seuls intérêts des puissants. Ce fut la naissance de nos démocraties modernes. Et encore une fois, cette dimension de la liberté, est tout à fait justifiée, légitime et nécessaire.

Mais cela ne doit pas nous faire oublier la dimension qui précède la liberté d’action : c’est le libre arbitre. C’est la possibilité intérieure, dans l’intimité et le « silence articulé » de la conscience, de choisir entre l’action bonne et l’action mauvaise, entre l’action égoïste et l’action responsable. 

La notion prévalente de liberté en tant que liberté d’action, notion sœur de celle de pouvoir, nous a lentement orientés vers une myopie qui nous fait voir la liberté comme s’exerçant seulement dans l’aire du choix gratifiant et égoïste, tandis que le choix qui s’exerce en faveur de la responsabilité et du devoir est vu comme une contrainte et une obligation. C’est une vue très adolescente de la liberté.

Car, au-delà de la liberté qui nous fait opter pour l’action qui nous gratifie ou qui exalte notre sensation de pouvoir, il y a une liberté plus noble et plus grande : c’est la liberté de choisir la voie responsable, celle du bien commun, que nous commande d’emprunter le libre arbitre à la lumière de la conscience. En fait, c’est la première et la plus haute liberté : celle qui nous fait reconnaître notre appartenance à la communauté humaine et qui nous engage dans son soutien et son affirmation.

(Je traiterai la semaine prochaine des conséquences néfastes qui découlent de notre vision partielle et unilatérale de la liberté.)

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Classé dans Actualité, Yan Barcelo

Léa Clermont-Dion jeune journaliste photographe

 

Léa Clermont-Dion, exposition de photos

Léa Clermont-Dion a photographié des habitants du Burkina Faso, plus précisément de Banfora, une ville où les femmes ont plus de pouvoir que n’importe où ailleurs en raison de l’association de femmes Munyu qui y joue un rôle socio-culturel important.

Raymond Viger Dossiers Culture, International

Le 4 février prochain, une exposition de la journaliste et photographe Léa Clermont-Dion. Pour ceux qui ne pourrait pas y être, l’exposition originale de Léa Clermont-Dion sera aussi en ligne.

Dans le cadre de la semaine de développement international qui se tiendra du 6 au 12 février prochain, l’exposition photo de Léa Clermont-Dion «Banfora en 30 visages» pose un regard personnel et sensible sur le peuple du Burkina Faso.

Léa Clermont-Dion a réalisé une série de portraits, un échantillonnage quasi-ethnologique d’une communauté fortement influencée par une organisation matriarcale. L’étude des cultures, l’intérêt pour les structures économiques et sociales des ethnies est au cœur de cette démarche documentaire de Léa Clermont-Dion.

Mais qui est Léa Clermont-Dion?

Léa Clermont-Dion à Tout le monde en parle

Initiatrice de la Charte québécoise pour une image corporelle saine et diversifiéelea-clermont-dion-feministe-hypersexualisation-des-jeunes la jeune journaliste de 18 ans, Léa Clermont-Dion a été l’invité de Guy A. Lepage à l’émission Tout le monde en parle.

Léa Clermont-Dion fait parler d’elle et de la cause sociale qu’elle soutient, la prévention de l’anorexie. À 14 ans, Léa Clermont-Dion a déjà organisé des conférences sur l’hypersexualisation des jeunes à l’Université du Québec à Montréal (UQAM). Une féministe engagée et précoce.

Textes sur l’anorexie, Léa Clermont-Dion et la Charte québécoise pour une image corporelle diversifiée. Exposition photos de Léa Clermont-Dion.

Autres articles sur l’anorexie:

Témoignage: l’anorexie une histoire d’horreur

Dietes, regimes et anorexie pour la Journee internationale sans diete

Anorexie, Elle Québec et Clin d’oeil

Anorexie et publicité pour perdre du poids

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Classé dans Actualité, Raymond Viger, santé

Quand les victimes sont traitées en criminels

On dit souvent en dérision que lorsque les secondes comptent, la police sera là dans quelques minutes. En fait, dans la plupart des grandes villes canadiennes, le temps de réponse de la police à un appel au 911 est en moyenne dix minutes. Si vous faites face à un attaquant armé, ça veut dire que les policiers arriverons à temps pour tracer le contour de votre cadavre à la craie. Aussi, peut-on blâmer un citoyen qui cherche à se protéger lui-même, sa famille et sa propriété? Apparemment, les policiers croient que oui. Je vous cite quelques exemples:

En août dernier à Port Colbourne en Ontario, trois hommes masqués ont lancé six cocktails molotov sur la résidence de Ian Thomson alors qu’il dormait à l’intérieur. Réveillé par le bruit et apercevant les intrus, il récupère un de ces révolvers de son coffre fort, le charge et sort à l’extérieur, tirant deux ou trois fois dans les airs pour effrayer ses agresseurs qui ont pris la fuite. Il a ensuite avertit la police et leur a remis les enregistrements de ses caméras de sécurité (apparemment ce n’était pas la première fois qu’on commettait des actes de vandalisme sur sa propriété). Deux des suspects furent appréhendés peu après et on passa les menottes aussi à M. Thomson pour usage négligent d’une arme à feu. L’ironie est que Ian Thomson est un instructeur de tir et aurait très bien pu tuer ou blesser ses agresseurs s’il l’avait voulu. Les procureurs de la couronne réclâment une peine de prison pour M. Thomson.

En 1995, James Morrow d’Ottawa dû faire face à un homme avec qui il avait eu une dispute d’affaires. L’homme en question, ivre, a défoncé la porte de l’immeuble dans lequel M. Morrow habitait et est monté à son appartement en disant être armé d’un révolver et menaçant de bruler lui brûler la cervelle. M. Morrow a immédiatement téléphoné au 911 et a passé 9 longues minutes avec le répartiteur alors que les secours n’arrivaient toujours pas. L’intrus a finalement défoncé la porte et est entré dans l’appartement où M. Morrow, qui possédait une arme, l’a tué d’une balle. Malgré le fait qu’il s’agissait d’un cas parfait de légitime défense, James Morrow a dû se défendre pendant deux ans et demi contre des accusations de meurtre avant que, finalement, un juge rejette les accusations.

En mars 2010, averti par ses voisins de la présence de trois intrus dans sa cours arrière, Lawrence Manzer du Nouveau Brunswick, sort de sa maison avec un fusil de chasse non-chargé pour faire fuir les intrus. M. Manzer était fréquemment la victime de vandalisme. Jusqu’ici la police locale s’en était très peu préoccupé, mais cette fois-ci elle a agit, arrêtant M. Manzer pour avoir troublé la paix publique.

Finalement, en avril 2009, après avoir souffert des visites quotidiennes de voleurs à l’étalage et l’indifférence totale de la police, David Chen, un marchand de Toronto, décide de faire une arrestation citoyenne d’un de ses voleurs, le ligotant en attendant l’arrivée de la police. L’ont-ils remercié? Non. Ils l’ont plutôt accusé de voies de fait et séquestration. Il fût acquitté en octobre dernier.

Qu’auraient du faire ces hommes? Laisser leurs agresseurs faire leur sale boulot? Il est certain que ce n’est pas une très bonne idée de laisser des citoyens prendre la loi dans leur mains, mais nous avons un droit de nous défendre, non? Ce droit est d’ailleurs un corollaire au droit à la vie et à celui à la propriété. C’est notre droit légitime, dans une situation où on est agressé, d’utiliser autant de force qui soit nécessaire pour repousser une attaque contre notre personne, notre famille et notre propriété. Il serait grand temps de laisser le gros bon sens prévaloir et que la police et les procureurs de la couronnes se contentent de poursuivre les vrais criminels et cessent de traiter les victimes en criminels.

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Classé dans Actualité, Philippe David

En ligne droite

 

Ce qui va suivre est un exemple flagrant de biais que la droite économique extrémiste peut nous servir. Parfois, c’est plus difficile à débusquer, mais là c’est tellement gros qu’il n’y a que les gens profondément pris dans ces préceptes idéologiques pour s’y laisser prendre.

En gros, l’Antagoniste nous sert un discours comme quoi l’égalitarisme que prônent les gauchistes est idiot et surtout fautif, puisque l’indice qui le mesure (GINI) donne des résultats plus égalitaires pour des pays pauvres comme l’Éthiopie, la Tanzanie, le Bénin et la Guinée que les États-Unis. La question qu’il soulève pour appuyer son point est :

 

Si je vous donnais la possibilité de vivre dans l’un des 5 pays […], quel serait votre choix ?

 

Ce qui est évident, c’est que le choix des pays à comparer avec les États-Unis est comme un chemin pour accompagner la pensée vers où on veut qu’elle aille. On pose une question et on donne carrément la réponse. Pourtant, un tout autre choix de pays dans la liste donnerait un questionnement beaucoup moins évident. Et comparer avec des comparables, ce n’est pas un luxe, c’est de l’honnêteté intellectuelle.

Dans la liste des pays riches plus égalitaires que les États-Unis (avec une cote GINI de 0,408 — 0 étant le plus égalitaire, 1 le moins égalitaire), il y a entre autres le Japon (0,249), l’Allemagne (0,283), la France (0,289), le Canada (0,331), la Suisse (0,331), l’Australie (0,352) et l’Angleterre (0,360). Mais, bien sûr, le propagandiste n’aurait pas choisi un de ces exemples puisque ça bifurque trop du chemin qu’il veut nous faire emprunter.

Parenthèse : je dois être profondément gauchiste puisqu’à choisir entre les États-Unis et le Japon pour émigrer, je choisirais sans nul doute le Japon, même en ne sachant pas leurs cotes GINI respectives…

Voilà pour la démonstration.

Pour ce qui est de l’égalitarisme, pour ma part, j’ai conscience que c’est bien utopique dans sa forme pure. Je ne crois pas possible ni souhaitable qu’un pays atteigne le chiffre magique de 0. Mais pousser ouvertement pour plus d’inégalités, non merci!

En tout cas, ce billet-là, c’est ce qu’on appelle se tirer dans le pied. Une chance que la contribution de la droite à la blogosphère ne se résume pas à ça. J’ai même l’impression que c’est un attrape-nigaud, que c’est voulu comme ça pour attirer les demeurés, les influençables, genre ceux qui se targuent pourtant très sérieusement d’être des libres-penseurs…

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Classé dans Actualité, Renart L'Eveillé

Pronostic 2012: Vers un nouvel ordre mondial social

Ce texte est largement basé sur l’article de Richard K. Moore «  Prognosis 2012: Towards a New World Social Order  » qui méritait bien d’être traduit pour le bénéfice des lecteurs francophones, ne serait-ce que pour stimuler la réflexion et soulever quelques débats nécessaires. Il sera présenté en différents volets vu la longueur du texte original.

François Marginean

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Contexte historique – l’Establishment de la suprématie capitaliste

Lorsque la révolution industrielle a commencé en Grande-Bretagne, vers la fin des années 1700, il y avait beaucoup d’argent à faire en investissant dans les usines et les fabriques, en ouvrant de nouveaux marchés, et en prenant le contrôle des sources de matières premières. Les gens qui avaient le plus d’argent à investir, cependant, n’étaient pas tant en Grande-Bretagne, mais plutôt en Hollande. La Hollande était la principale puissance occidentale dans les années 1600 et ses banquiers figuraient parmi les plus grands capitalistes. En quête du profit, le capital néerlandais a coulé sur le marché boursier britannique et donc, les néerlandais ont financé la montée en puissance de la Grande-Bretagne, qui a ensuite éclipsé la Hollande tant au niveau économiquement que géopolitique.

De cette façon, l’industrialisme britannique en est venu qu’à être dominé par de riches investisseurs, et le capitalisme est devenu le système économique dominant. Cela a conduit à une transformation sociale majeure. La Grande-Bretagne avait essentiellement été une société aristocratique, dominée par des familles propriétaires de terres. Alors qu’économiquement le capitalisme devenait dominant, les capitalistes devenaient dominants sur le plan politique. Les structures fiscales et des politiques d’import-export ont été progressivement modifiées pour favoriser les investisseurs par rapport aux propriétaires fonciers.

Il n’était plus économiquement viable de simplement maintenir un domaine à la campagne: il fallait le développer, le transformer pour en faire une utilisation plus productive. Les drames victoriens sont remplis d’histoires de familles aristocratiques qui connaissent des temps difficiles et qui sont forcées de vendre leurs propriétés. Pour des fins dramatiques, ce déclin est généralement attribué à un échec de certains personnages, un fils aîné faible peut-être. Mais en fait, le déclin de l’aristocratie faisait partie d’une plus grande transformation sociale provoquée par la montée du capitalisme.

L’activité du capitaliste est la gestion du capital, et cette gestion est généralement traitée par l’intermédiaire des banques et des maisons de courtage. Il ne devrait pas être surprenant que les banquiers investisseurs se soient retrouvés au sommet de la hiérarchie de la richesse et la puissance capitaliste. Et en fait, il n’y a qu’une poignée de familles bancaires, incluant les Rothschild et les Rockefeller, qui sont arrivés à dominer les affaires économiques et politiques dans le monde occidental.

Contrairement aux aristocrates, les capitalistes ne sont pas liés à un lieu, ou à l’entretien d’un lieu. Le capital est déloyal et mobile – il coule à l’endroit où la plus forte croissance se trouve, comme il a coulé de la Hollande à la Grande-Bretagne, puis la Grande-Bretagne vers les États-Unis et plus récemment, de partout en direction de la Chine. Tout comme une mine de cuivre peut être exploitée puis ensuite abandonnée, sous le capitalisme, une nation entière peut être exploitée pour être ensuite abandonnée, comme nous pouvons l’observer dans les régions industrielles en ruine de l’Amérique et de la Grande-Bretagne.

Ce détachement par rapport à un lieu en particulier conduit à un type différent de géopolitique sous le capitalisme que sous l’aristocratie. Un roi va à la guerre quand il voit un avantage de le faire pour sa nation. Les historiens peuvent «expliquer» les guerres datant des jours pré-capitalistes, en termes d’agrandissement des monarchies et des nations.

Un capitaliste déclenche une guerre pour faire des profits et en fait, les familles de banquiers d’élite ont financé les deux côtés de la plupart des conflits militaires depuis au moins la Première Guerre mondiale. C’est pourquoi les historiens ont beaucoup de difficulté à «expliquer» la Première Guerre mondiale en termes de motivations et objectifs nationaux.

Avant la venue de l’ère capitaliste, la guerre était comme les échecs, chaque côté essayant de gagner. Sous le capitalisme, la guerre ressemble plus à un casino où les joueurs s’affrontent aussi longtemps qu’ils peuvent obtenir un crédit pour plus de jetons, et le vrai gagnant s’avère toujours être la maison – les banquiers qui financent la guerre et qui décident qui sera le dernier homme debout. Non seulement les guerres sont-elles la plus rentable de toutes les entreprises capitalistes, mais par le choix des gagnants et la gestion de la reconstruction, les familles de banquiers d’élite sont en mesure, au fil du temps, d’adapter la configuration géopolitique en fonction de leurs propres intérêts.

Nations et populations ne sont que des pions dans leurs jeux. Des millions de personnes meurent dans ces guerres, les infrastructures sont détruites, et alors que le monde pleure, les banquiers comptent leurs gains et font des plans pour leurs investissements dans la reconstruction d’après-guerre.

À partir de leur position de pouvoir, étant les financiers des gouvernements, les élites bancaires ont perfectionné leurs méthodes de contrôle au fil du temps. Demeurant toujours dans les coulisses, ils tirent les ficelles contrôlant les médias, les partis politiques, les agences du renseignement, les marchés boursiers et les bureaux du gouvernement. Et leur contrôle sur les devises est peut-être leur plus grand levier de pouvoir. Par le biais de leur arnaque de la banque centrale, ils créent des cycles d’expansion et de récession économique et ils impriment de l’argent à partir de rien qu’ils prêtent ensuite avec intérêts aux gouvernements. Le pouvoir des élites bancaires est à la fois absolu et subtil…

«Certains des plus grands hommes aux États-Unis
ont peur de quelque chose. Ils
savent qu’il y a un pouvoir quelque part, si
organisé, si subtil, si vigilant, si
interconnecté, si complet, si envahissant
qu’il valait mieux ne pas parler à haute voix lorsqu’ils parlent en
condamnation de celui-ci.  »
– Le Président Woodrow Wilson

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La semaine prochaine:

– La fin de la croissance – les capitalistes vs le capitalisme

– L’économie du carbone – contrôle de la consommation

– «La guerre contre le terrorisme» – préparer la voie à la transition

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Classé dans Actualité, François Marginean

Quand les gouvernements ne sont plus aimés

Jean-Pierre Bonhomme

Image Flickr par AaronBBrown

Nos voisins des États-Unis n’aiment pas leur gouvernement central. Une récente étude Gallup a montré récemment que 72 p. cent des ‘américains’ ont une perception négative du gouvernement fédéral; le contraire de ce qui se passait en cette époque Kennedy pas si lointaine que ca.
Les intellectuels États-Uniens – il en existe quelques uns; notamment ceux de la revue Harper’s – expliquent cela par la puissance des idéologues traditionnels qui ont favorisé la ploutocratie au détriment des bonnes mœurs sociales, celles du partage et de la compassion. Aux États-Unis il faut choyer les élites possédantes, les laisser accumuler des fortunes afin que celles-ci finissent par retomber sur les pauvres et sur les musées. Ne pas trop taxer les plus riches est devenu une sorte de crédo et même le président Obama – on l’a vu récemment – n’a pu changer cet ordre des choses, cet ordre vertical de l’économie. Autrement dit la sécurité sociale des années Eisenhower n’est qu’un accroc dans la toile de nos voisins. La norme c’est de laisser Andrew Carnegie, le baron de l’acier, et ses semblables s’enrichir et ceux-ci s’arrangeront bien pour donner leurs surplus aux moins nantis et aux institutions indispensables.
Au Québec ce n’est pas très différent, cela ressemble au syndrome Chagnon, ce système en vertu duquel un riche, après avoir vendu un monopole de la communication, peut se permettre de redistribuer son argent aux bonnes œuvres, mais à sa guise et selon son bon vouloir. L’État, après tout, n’est pas le meilleur déversoir, le meilleur lieu pour déterminer comment faire le partage de la richesse! Il faut laisser la ploutocratie décider.

Oui mais il y a un hic. La revue Harper’s laisse entendre qu’il n’est pas si bon que ça, pour la classe moyenne, de se comporter en serviteur des possédants. Il se pourrait, laisse-t-elle entendre, que certains riches n’aient pas le sens du partage bien aiguisé et que leurs vues n’embrassent pas un horizon bien large. S’il était bon, par exemple, que les États-Unis aient un nouveau réseau de trains rapides, est-ce que les industriels de l’automobile n’auraient pas la tentation de tergiverser et de conserver leurs profits pour eux-mêmes? Ne faudrait-il pas les taxer un peu pour ‘le bien de la nation’?
L’auteur de ces lignes, quant à lui, n’est pas loin de penser que les «inégalités sociales» d’Haiti et la misère du lieu ont un lien direct avec la ploutocratie locale et internationale qui n’a pas vu que «ce qui est bon pour tous, en définitive, est ce qui est bon pour chacun». Et de penser qu’un gouvernement réellement démocratique, saurait, mieux que les possédants mener la barque sociale à bon port…
Ce même auteur a vu comment, à Bangkok, par exemple, les ploutocrates ont failli à la tâche de bien planifier certaines villes et de laisser le domaine social dans un état de délabrement spectaculaire. En maints lieux, c’est un combat acharné de l’automobile contre le piéton que les possédants mènent actuellement. Un combat contre la beauté et contre l’équilibre des formes. Il n’y a pas d’autre explication : les commerçants puissants, ont, là, une ascendance évidente, au point où il n’y a pas de limite à l’intrusion de la publicité. Certains panneaux publicitaires, (comme ceux que le gouvernement du Québec autorise le long des autoroutes) prennent, là des proportions gigantesques; c’est au point où les paysages disparaissent complètement.
N’est-il pas utile, ainsi, que les classes moins possédantes aient une voix dans les affaires d’aménagement urbain, une voix par la voie des ministères appropriés et dont la liberté est relativement bien assurée? Évidemment un gouvernement n’est pas bon parce qu’il est un gouvernement; mais c’est un instrument. Et si un instrument brise on le répare; on ne le jette pas en en faisant un démon!

La «démonisation» de l’appareil gouvernemental américain, qui se poursuit actuellement et qui touche le territoire québécois est dangereuse car elle est contraire à tous les principes démocratiques. Elle a pour objet de donner à des intérêts particuliers le contrôle sur la chose commune.
Si un gouvernement Charest, par exemple, devait céder ses droits politiques à des Carnegies, il ne serait pas intelligent de vouer l’institution parlementaire aux gémonies; il vaudrait mieux réparer l’instrument afin que celui-ci réponde mieux aux intérêts nationaux.

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Classé dans Actualité, Jean-Pierre Bonhomme

La crise de la politique… en 1 000 mots

On ne parle pas ici d’une crise politique dans le sens d’un choix critique à faire entre Pierre et Paul, entre Libéral et Conservateur, entre Démocrate et Républicain ou entre un programme de gauche et un programme de droite, mais d’une crise de la politique elle-même. Une remise en question, non pas tant des procédures pour déterminer qui exerce le pouvoir – même si elles ont leur importance –  que de la façon dont la gouvernance se définit, de ses limites et de ses modalités d’exercice.

En apparence, il semble y avoir un consensus. Qui vous a dit du bien, récemment, du fascisme, du stalinisme, du despotisme éclairé,  de la monarchie absolue ou que quelque forme de gouvernance autre que la démocratie ?   La DÉMOCRATIE occupe seule tout l’espace correct du débat politique. Tout le monde ou presque est convaincu des mérites de la démocratie. On est pour la démocratie ou l’on est un monstre.

Au point où même ceux pour qui se dire démocrates exige de sérieux accommodements avec la logique – comme les amoureux de la charia islamique ou les nostalgiques de la dictature du prolétariat – par exemple,  cherchent souvent à se dire démocrates quant même ! Il y a un consensus en faveur de la démocratie. Évidemment, le consensus s’arrête là. Parce que, lorsqu’on a dit  » démocratie  » et qu’on a applaudi,  le consensus se brise.

Il éclate dès qu’on tente de répondre à quelques questions pourtant simples, mais bien embêtantes, comme  » Qu’est-ce que la démocratie ? « ,  » Quel type de démocratie ?  » , » Quelles sont les conditions minimales pour qu’on soit bien dans un régime démocratique ?  » etc. etc… Ces questions agacent, parce qu’elles nous confrontent à cette réalité choquante que si l’idéal démocratique comme concept règne sans rival sur les coeurs et les esprits,  celle-ci ne règne en fait nulle part ailleurs. La démocratie est un projet de société qui reste à bâtir.

D’abord, elle n’existe pas. Peut-on parler de démocratie, quand certaines options de gouvernance disposent, pour se faire connaître et vanter leurs mérites, de moyens financiers qui sont 100 fois ceux de leurs concurrents et que l’accès de ceux-ci aux médias est, avec les premiers, dans  le rapport du zéro à l’infini ? Les conditions matérielles pour un choix démocratique n’existent pas.  Triste, mais ce n’est que le moindre des problèmes de la démocratie…

Supposons une information parfaite, accessible à tous. Peut-on honnêtement prétendre que tous les citoyens, adéquatement formés par et dans un système d’éducation dont la sagesse ni la compétence ne suscitent le moindre doute, ont le bagage de connaissances générales, la culture et l’éducation pour accueillir cette information et la comprendre ?

Supposons même que les connaissances générales de tous soient de même niveau, peut-on poser comme axiome que nous, les enfants chéris du bon Dieu, avons tous une même aptitude fondamentale à penser droit et qu’a connaissances et information égales nous en arriverons tous à nous former  une opinion éclairée et judicieuse ?

Faisons un acte de foi et supposons-le aussi.  Il n’en reste pas moins qu’une société qui peut fonctionner doit être, par définition, un ensemble de compétences complémentaires.  L’opinion de chacun sur chacune des questions spécifiques auxquelles gouverner exige une réponse a-t-elle la même probabilité de conduire à la décision la plus efficace ?  Serait-il raisonnable  que mon avocat opine sur le traitement de mon ulcère et mon médecin sur la conduite de mes affaires ?

La volonté populaire nous dira-t-elle avec sagacité, si on doit encourager l’épargne ou la consommation, si la conjoncture internationale et le rapport des forces suggèrent des investissements militaires, si on doit favoriser un nivellement des revenus, si nous avons les ressources pour un système de santé gratuit et universel, etc. ?

La réalité, c’est que dans une société complexe, considérant tous les facteurs, il n’y a qu’une seule meilleure solution  et que ce n’est pas Quidam Lambda, mais des experts qui la connaissent.  On peut s’en remettre à la volonté du peuple pour nous dire ce qu’il juge « la meilleure », mais on connaît ses critères. Les réactions du peuple sont prévisibles.

La politique globale qui résulterait de la volonté populaire ne constituerait pas un ensemble cohérent, mais serait au contraire un tissu dense de contradictions.  La volonté démocratique de la population serait d’augmenter les services et de diminuer les taxes et impôts tout en remboursant la dette, misant sur un gain d’efficacité qui irait de paire avec une réduction non seulement des effectifs, mais de la charge de travail de chacun…

Le rôle du politicien en démocratie est d’abord de faire croire à l’impossible, puis de s’excuser de ne pas l’avoir livré… en promettant que maintenant il le fera. Mentir n’est cependant pas suffisant. Pour qu’un État fonctionne, il faut qu’aux choix démocratiques des quidams soient substituées des décisions prises par des experts. Cohérentes. Efficaces. Le fonctionnariat est là pour ça.  Il est choisi, nommé, pas élu.

Quand on dit démocratie, en  faisant tout pour exclure toute participation du peuple à la prise de décision, il faut donc comprendre que ce n’est pas SEULEMENT une arnaque pour déplacer le maximum de richesses vers ceux qui ont déjà la richesse et le pouvoir.  C’est AUSSI un geste de mansuétude, pour cacher aux enfants chéris du bon Dieu que, non seulement la démocratie n’existe pas, mais que, dans le sens racoleur qu’on a donné au terme “démocratie”, celle-ci est rigoureusement impossible. La crise de la politique, c’est qu’une part grandissante de la population prend conscience de cette impossibilité.

La solution ? Comprendre que l’individu ne peut pas définir des politiques : il ne peut que choisir celle qu’il veut entre des options cohérentes qu’on lui présente.  La démocratie efficace est celle d’un droit de veto.  Globalement, mais il faut aussi introduire dans la gestion de l’État BEAUCOUP de points de contrôle sectoriels permettant que les citoyens puissent dire démocratiquement ce qu’ils ne veulent pas et, dans le champ de leur compétence, exclure les moyens qu’ils considèrent inacceptables.

 

Pierre JC Allard

N.B  Pour un exemple de ce que serait une démocratie au palier des secteurs, voyez: http://nouvellesociete.wordpress.com/2008/03/14/22-le-verdict-populaire/

 

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SIDA DE CIVILISATION : Les grandes hypothèses / Conclusion – 3

Yan Barcelo, 23 janvier 2011
C’est à partir du christianisme et surtout du message du Christ-Dieu que l’Occident (en tant que notion de civilisation plutôt que de zone géographique) a pu ériger ses accomplissements uniques et originaux. Or, ses élites cherchent depuis plus de 200 ans à décomposer et détruire cet héritage chrétien. Un tel renoncement relève-t-il d’un accomplissement ou d’un suicide?
Pour ma part, je juge qu’il s’agit d’un suicide. En détruisant ses racines, l’Occident perd ses capacités de se renouveler. (On en voit une manifestation symptomatique chez les jeunes qui refusent de plus en plus les disciplines à caractère scientifique et technique.) Plutôt que de privilégier la perspective cosmique du destin humain, nous nous cantonnons dans un hédonisme informe de la gratification instantanée. Au lieu de voir comment la vision d’un horizon divin centré sur le triomphe du Christ peut informer les décisions morales et spirituelles à chaque moment de la vie, nous sommes enlisés dans un immédiat du corps et de ses pulsions dans lequel toute composante morale et toute solidarité responsable se trouve minées.
Certains vont dire qu’il s’agit d’un progrès et d’une avancée inéluctable vers une société strictement laïque dans laquelle prévaut l’injonction antique des sophistes : l’homme est la mesure de toute chose. En fait, il s’agit d’un recul. Nous retournons vers les formes sociales et intellectuelles pré-chrétiennes, à l’époque où les peuples antiques qui en sont venus à former l’Occident ressemblaient à tous les autres de la planète et vivaient sous une règle dominante : la force. C’est la société que vantait un Nietzsche, par exemple, pour qui la vertu équivalait à la virtu antique, la force vitale de l’individu capable d’imposer sa volonté à tous ceux qui l’entouraient. Ces sociétés n’étaient pas fondées sur la justice et le partage, mais sur la domination et l’acquisition. Face à cette logique, le Christ est venu proposer la révolution de l’Amour. Face à Eros, la force de l’attrait et de la répulsion, il a proposé Agapè, la dynamique de l’inclusion et de l’accueil universel. Tout l’Occident est tributaire de cette nouvelle équation fondamentale, comme j’ai essayé de le démontrer au long de ce chapitre des Grandes Hypothèses. Cependant, l’érosion que nous faisons subir aux propositions fondamentales du christianisme nous ramène imperceptiblement vers les sociétés qui prévalaient avant la révolution christique.
Comme disait à juste titre un poète allemand, « nos racines sont au ciel ». C’est dire que c’est l’invisible spirituel qui structure toute l’expérience humaine. Qu’on croie au ciel ou non, qu’il s’agisse du ciel chrétien ou autre, il est certain que les grands fondements des personnes, et partant des sociétés entières, sont dans l’invisible. Cet « invisible » pour l’Occident, qu’on le veuille ou non, pour le meilleur et pour le pire, a été structuré selon les équations du christianisme. En brisant ces équations, nous remettons en question la survie de la seule civilisation qui a tenté d’échapper au règne de la force. Car, face au rapport maître-esclave, cette civilisation a misé sur l’égalité des personnes sous une même loi; au primat des oligarchies et de leur logique de la rareté et de l’acquisition stérile, elle a opposé la création et la distributions de richesses pour la multitude.
Que veut dire concrètement « retrouver nos racines chrétiennes »? S’agit-il de ramener à l’honneur l’Église catholique? Pas du tout. Cela veut dire, très certainement, reconstruire et remettre à l’honneur une foule de valeurs reléguées aux oubliettes : contre le narcissisme triomphant, il s’agit de priser à nouveau la modestie et l’humilité; contre l’exhibitionnisme de plus en plus névrosé lié à ce narcissisme, il s’agit d’opposer la pudeur; au travail bâclé il faut opposer l’amour du travail bien fait; face à la surconsommation d’un ego qui ne sait plus quoi dévorer pour se conforter, il faut revaloriser la frugalité et la prudence; à l’impératif du « moi d’abord » et de sa constante gratification vaniteuse, il faut opposer le sens du dont et du sacrifice individuel au profit du bien commun.
Enfin, face à la dissolution croissante de toutes les communautés par un individualisme de plus en plus atomisé et solitaire, il faut affirmer les communautés essentielles du couple, de la famille et de l’école. Une de ces communautés essentielles est celle de « l’église », c’est-à-dire la communauté des fidèles de la chrétienté. Tout à l’heure j’ai dit que la redécouverte de nos racines chrétiennes n’impliquait pas la remise à l’honneur de l’Église catholique. Pas nécessairement. Par contre, il est certain que la spiritualité des personnes n’est pas quelque chose qui se vit dans un vacuum; il faut une communauté qui rappelle et ré-affirme constamment les valeurs essentielles de la vie. Ce rappel et cette ré-affirmation tenaient au rôle des prêtres de l’Église. Il faut quelqu’un pour tenir ce rôle. Si ce n’est pas le prêtre et toute la structure hiérarchique de l’Église traditionnelle qui s’en charge, alors il faudra imaginer une nouvelle Église, une Église nettoyée de ses excès et de ses impuretés, et orientée résolument vers ses postulats fondateurs qu’on trouve dans les Évangiles.
Nos sociétés sont devenues profondément matérialistes au point d’être a-métaphysiques. Et tranquillement, à cause de ce vacuum intérieur qui envahit les êtres et les affaiblit de plus en plus, nous sommes appelés à immoler sur l’autel de l’hédonisme les trésors les plus riches de l’histoire humaine, les fruits qui nous ont été légués par le christianisme et qui sont maintenant en voie de conquérir toutes les nations de la Terre. Il est impérieux que nous retrouvions l’héritage métaphysique qui nous a été transmis d’abord par les Grecs de l’antiquité pour être ensuite reformulé et amplifié par le christianisme. Il en va de la survie de la civilisation occidentale et de sa guérison du SIDA spirituel et moral dont elle est affligée.
(Avec cette chronique, je termine l’essai, égrené sous forme de blogue, intitulé SIDA de civilisation. Merci à tous ceux qui m’ont fait part de leurs commentaires, souvent très fertiles pour ma réflexion.)

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Classé dans Actualité, Yan Barcelo

Des façons de faire questionnables

Les aveux obtenus lors d’un interrogatoire sont-ils recevables?

Lors d’un interrogatoire, le prévenu est-il en état de répondre aux policiers? Les aveux obtenus avec l’aide de fausses promesses et de mensonges devraient-ils être recevables devant un juge?

Jean-Pierre Bellemare, prison de Cowansville.   Dossier Chronique du prisonnier, Justice

juge-prison-systeme-carceral-penal-penitencier-bagne-pen Il serait inapproprié, voire déplacé, de demander à quelqu’un qui vient d’apprendre qu’il est atteint d’un cancer généralisé de prendre une décision éclairée sur le champ. On penserait la même chose suite à un grave accident d’automobile. Cela va de soi. Notre capacité de raisonnement en pareille circonstance est temporairement amoindrie.

Il devrait en être de même avec la justice. Je crois fermement qu’un juge, en toute connaissance de cause, ne devrait jamais accepter de confessions écrites d’un prévenu lorsqu’elles sont obtenues durant un interrogatoire policier, contrairement à ce qui est accepté par le législateur.

Des policiers qui mentent…

Les policiers, au nom de la loi, mentent, utilisent la peur ou font des promesses (pratiques courantes) pour obtenir des aveux. Pourtant, si vous avez fait l’expérience dans votre vie d’une arrestation la moindrement musclée, vous savez que votre raisonnement en pareilles circonstances est exempt de discernement. Comme lors d’un accident grave ou à l’annonce d’une importante nouvelle.

Votre état d’esprit, ainsi que vos réactions, ne vous ressemblent pas. L’anxiété, l’angoisse et le stress déforment votre perception de la réalité. Vous devenez vulnérable à des suggestions qui, en temps normal, vous feraient bien rire mais, dans le cas présent, c’est le mal, la peur et surtout le désir d’y mettre fin le plus rapidement possible qui guident vos décisions.

Des juges qui cautionnent les menaces?

Les aveux signés obtenus sous une menace quelconque devraient être rejetés par le juge qui, à la lumière des événements, reconnaîtrait l’opportunisme honteux d’une telle pratique et la rendrait inadmissible. Pourquoi, dans un contexte de stress intense et de choc qu’entraîne une arrestation suivie d’un interrogatoire, l’aveu obtenu par des policiers serait recevable devant un tribunal? Ce qui est triste, c’est que le plus gros de cette clientèle judiciaire est peu scolarisée et provient d’un milieu économique défavorisé.

Cette pratique jette un sérieux discrédit sur un appareil censé prévenir des abus et elle entraîne de lourdes conséquences dans un système ou ce qui est dit et écrit peut être utilisé contre l’individu.

Je voudrais tellement signer Simon Marshall (jeune autiste accusé à tort à deux reprises comme un violeur en série) et combien d’autre anonymes qui, par manque de moyens de se défendre, deviennent des erreurs judiciaires.

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Classé dans Actualité, Raymond Viger