Archives mensuelles : février 2011

La crise de la culture… en 1 000 mots

Image Flickr par angela7dreams

Rassurez-vous, je ne tenterai pas en mille mots d’imposer ma définition de la culture : je sais que mille volumes n’y suffiraient pas. Je donne ici au mot  « culture » un sens restreint et c’est dans ce sens uniquement que je l’utilise dans ce texte. Gardant implicitement les guillemets, donc, la culture dont je parle est d’abord la somme des connaissances acquises pour le plaisir de connaître et de reconnaître, par opposition au savoir dit « utile », qui trouve son sens dans ce qu’il permet de devenir, d’avoir ou de faire.

Quand la culture reste ainsi au palier du pâtre solitaire qui se taille un roseau pour accompagner le rossignol, elle ne pose pas de problèmes critiques. Vite, toutefois, la culture assume elle-même une fonction utilitaire. On est identifié, classé, jugé selon la culture qu’on a et ces connaissances, acquises en principe par plaisir, deviennent le vrai passeport qui vous fait Français, Allemand, Anglais… et aussi un aristo ou un cuistre.  On peut aimer ou ne pas aimer Mozart, Xenakis ou les deux, mais par-delà l’émotion esthétique, il y a l’apport à votre image de votre préférence, réelle ou feinte.

Problème, parce que, lorsqu’il s’agit de culture, les objectifs de la société et ceux de l’individu ne sont pas du tout les mêmes. Une société a pour objectif essentiel de promouvoir, chez tous ses citoyens, une connaissance raisonnable du patrimoine commun favorisant l’éclosion et le maintien d’un sentiment d’identité, de fierté et d’appartenance. Pour l’État, l’essentiel de la culture est ce qui fait que ses citoyens se ressemblent et se rassemblent

Pour l’individu, sa culture n’est pas uniquement un plaisir, mais aussi ce qui le distingue des autres, un outil de développement personnel, un atout dans l’émulation qui l’oppose à ses voisins. Son accès à la culture est donc une séquence de choix, préférablement plaisants, mais qui tendent aussi à faire de lui un être unique… et supérieur. Les choix culturels des individus tendent à stratifier une société qui, sur ce plan de l’appartenance, se voudrait égalitaire.

Le problème est indissociable du double rôle dévolu à la culture, mais il s’aggrave et devient critique s’il n’existe même pas un large consensus quant a l’identité que la société veut promouvoir.   Identité, le mot est lâché : la culture, c’est le volet acquis, par opposition au volet inné de l’identité. Le racisme ayant rendu inacceptable par contagion tout ce qui est inné, tous ceux qui prônent une identité bien typée  n’ont plus que la culture comme légitime champ de bataille.  C’est ici que vient la crise. Kulturkampf… au sens large.

Si on veut se refermer sur sa propre identité comme une huître sur sa perle, c’est au palier de la culture qu’il faut agir immédiatement. Avec un parfait chauvinisme ou patriotisme – choisir le mot est prendre parti – il faut mettre en place un système d’éducation qui fera que Dupond restera Dupond, quels que soient sa couleur et ses gènes. Il faut que le système d’information qui, par les médias – sous toutes leurs formes écrite, audiovisuelle, internetique – est le prolongement de l’école et constitue la véritable éducation permanente, y voit sa mission sacrée.

L’État doit, dans ce cas de figure, favoriser le développement de la culture en général, mais chercher à en privilégier certains aspects au détriment d’autres aspects… comme tous les États l’ont toujours fait. Rien d’original, la vie continue avec plus ou moins de franchise.

Si, au contraire, avec les phénomènes migratoires que l’on constate, on veut une société en transformation qui devienne « pluriculturelle » – et toutes les sociétés sont déjà peu ou prou  pluriculturelles – le rôle de l’État n’est plus de favoriser une culture, mais de faire le constat quasi-quotidien des choix culturels des sociétaires et de ce que devient ainsi une nouvelle culture sui generis, facilitant par ses actions la genèse de l’ensemble culturel unique que créent ainsi ces choix.

Cet État culturellement impartial doit alors, encore et toujours :

1) faciliter à ses citoyens un accès gratuit à l’apprentissage formel des éléments de connaissance donc ils bâtiront leur culture;

2) mettre gratuitement aussi à la disposition des citoyens les équipements essentiels leur permettant de compléter leur apprentissage et d’étayer leur culture;

3) créer des services d’aide aux travailleurs de la culture et de soutien à la diffusion des produits culturels;

4.) subventionner la consommation des produits culturels, afin que le citoyen puisse jouir d’une gamme plus  variée de ces produits culturels que ne le permettrait la seule loi du marché, compte tenu du coût des facteurs de leur production et de l’espérance de gain nécessaire pour inciter à leur création.

Mêmes gestes essentiels a poser, donc, mais si on se donne comme but une transformation de notre culture et donc de notre identité par des apports externes, c’est la culture que les individus ont choisi d’acquérir qui doit recevoir cet appui. Un foulard n’est pas plus moche qu’une cornette. Affaire d’habitude…

C’est  la décision fondamentale de changer ou de ne pas changer qui doit être prise. Mieux, celle de changer plus ou moins vite, et dans la trajectoire de nos traditions ou  par des sauts dans un hyperespace inconnu. La crise de la culture naît de ce que l’on ne prend pas cette décision. Elle sera résolue quand  on l’aura prise et qu’une majorité effective de la population l’aura acceptée.

J’ai fait ailleurs une foule de propositions pour le développement de la culture. Mais sur cette décision préalable je n’ai rien a dire, car nous sommes dans l’univers des émotions  et de l’irrationnel. Dans une guerre de religions…  Mais il FAUT que le choix soit fait, sans quoi tout s’étiolera faute de soins et notre société n’aura  simplement plus une, ni plusieurs cultures valables. Elle en viendra à éviter, comme une source de discorde, tout ce qu’on pourrait appeler culture.

Pierre JC Allard

http://nouvellesociete.wordpress.com/culture/

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Le laïcisme, nouvelle religion – 2

Yan Barcelo, 27 février 2011

Dans ma chronique de la semaine dernière, j’annonçais que j’allais traiter du laïcisme en tant que fait religieux. Or, pourquoi dire de lui qu’il est d’ordre religieux? À un niveau superficiel, il ne semble pas avoir de rituels particuliers, ni de signes distinctifs de telle sorte qu’on dira qu’il n’est pas d’ordre religieux. En fait, le laïcisme se distingue par son absence de signes de foi et, tout particulièrement, par son insistance pour que tous les signes de foi soient éliminés de la sphère politique. Mais identifier le fait religieux à des signes et rituels relève d’une analyse trop superficielle. Je propose de chercher plus profondément.

J’ai argumenté dans l’essai SIDA de civilisation, à l’intérieur de ce site, que l’être humain est métaphysique par essence. Il est situé, qu’il le veuille ou non, devant l’immense mystère de l’être (le simple fait que les choses sont) et devant la question incontournable d’un possible destin cosmique qui englobe son existence actuelle et sa possible survie après cette existence.

Toute position intellectuellement articulée qui se prononce face à ce destin cosmique relève inévitablement de la métaphysique et, dans certains cas plus particuliers, de religion et de spiritualité. Dire que l’homme est appelé à régler les comportements de sa vie selon les préceptes d’une conscience inspirée par Dieu, ce que propose le christianisme ou l’islamisme, relève de la foi. Et dire que l’homme n’a à répondre à aucun Dieu, qu’il est illusoire de se soucier de conscience et d’un destin cosmique, que sa station dans la vie est uniquement réglée par la raison, ce que propose le laïcisme, cela relève aussi de la foi. Mais dans ce cas, il s’agit d’une non-foi, d’une a-métaphysique. Cela reste de l’ordre de la foi et de la métaphysique, mais sur un mode négatif.

Ne nous y trompons donc pas : le laïcisme est une religion et il manifeste déjà tous les tics de la religiosité étroite chez ses représentants plus fanatiques : l’obsession avec des peccadilles qui créent un « inconfort » ou un « malaise » comme c’est présumément le cas pour ce citoyen qui a intenté une poursuite devant le tribunal des libertés; l’impérieux besoin d’avoir raison sur l’autre; l’impératif d’excommunier ceux qui n’adhèrent pas au code.

Devant cette montée inexorable du laïcisme, les questions du professeur Garant peuvent sembler farfelues (j’en réfère à ma chronique de la semaine dernière). Elles ne le sont pas. Quand la sphère politique aura été aseptisée de tout relent de foi et de religion, il deviendra de plus en plus pressant de nettoyer la sphère publique. Car la sphère politique et la sphère publique sont évidemment en continuité directe. Ce jour-là, les clochers, les croix, les noms de rue et de ville avec tous leurs « saints » et « saintes » et même les concerts sacrés deviendront suspects, peut-être même des cibles.

On se sera assuré de confiner toute religion et manifestation de foi à la stricte sphère privée. Mais à bien y penser, les sphères publiques et privées ne sont-elles pas en continuité? La seconde n’a-t-elle pas constamment tendance à déborder dans la première et à y « imposer » ses signes? Après tout, un homme riche n’est pas riche seulement dans son salon, il accuse une forte tendance à l’être aussi avec son auto qui circule dans les rues et avec les bijoux et le manteau de vison de son épouse.

Ce jour-là, on peut s’attendre à ce que le laïcisme revendique l’intégralité pure et dure et cherche à interdire la croyance et la pratique religieuse même dans la sphère privée. Autrefois, on appelait cela de la persécution, une activité très présente aujourd’hui encore : des centaines et même des milliers de chrétiens sont assassinés chaque année à cause de leur croyance religieuse.

Or, qu’on cherche à faire cesser les prières du maire Tremblay, qu’on en débatte sur la place publique et finalement qu’il en vienne à faire preuve de plus de discrétion, voilà qui relèverait d’un processus démocratique tout à fait légitime. Mais dans la controverse du Saguenay, quelqu’un a été « offensé » par la prière du maire, en a fait appel à un « tribunal des libertés » (l’Inquisition aussi avait ses «tribunaux »), et cette « offense » coûte au maire 30 000$. C’est de la persécution. Nous sommes en pleine guerre de religions. Le maire est d’autant plus coupable que plusieurs le perçoivent comme étant « quétaine ». Péché impardonnable pour nos « élites » intellectuelles.

Exagération que tout cela? Pas du tout. Nous avons déjà vu les monstruosités auxquelles ont procédé l’idéologie profondément et intrinsèquement laïque du communisme, une idéologie qui sévit encore en Chine, pays qui abrite un cinquième de la population de la planète.

Mais qu’est-ce qui se cache derrière cette querelle des signes religieux? Y a-t-il un enjeu plus profond que simplement des disputes autour de signes, somme toute assez superficiels. C’est ce que je vais explorer dans deux prochaines chroniques.

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Portrait de la peinture au Québec avec Marc de Roussan

Rencontre avec Marc de Roussan

Est-ce la fin des cabanes à sucre?

Les paysages québécois ont la cote. Le déclin annoncé est loin de la réalité. Des peintures de paysages, il y en a depuis le début du siècle, aussi loin que je me rappelle. Et ça ne ralentit pas. C’est Marc de Roussan qui le dit. Expert et passionné de peinture québécoise, il a pris la relève de son père dans la publication d’un guide annuel sur les tableaux de la belle province.

Dominic Desmarais   Dossier : Culture, Graffiti

murales-rurales-urbaines-campagne-ferme La journée avait bien mal commencé pour cet homme occupé par ses émissions de radio, ses projets de radio communautaire avec des écoles primaires, sa passion pour les bandes dessinées alternatives, ses deux enfants et sa femme. Un détour par le garage au petit matin et le voilà obligé de changer ses 4 pneus. Hydro débarque sans crier gare, impossible de travailler avec l’ordinateur. Marc de Roussan accepte sans broncher. Il vient s’entretenir de peinture, la vie est belle.

Ce grand gaillard aux cheveux longs attachés est fin pédagogue. Il transmet sa passion avec une facilité déconcertante. Il a réponse à tout, son argumentation est lucide. En contact constant avec le milieu de la peinture, il avoue ne pas avoir entendu les galeristes se plaindre ces deux dernières années. En ce moment, il n’y a pas de crise économique. Le marché n’est pas en déclin. Le prix des tableaux continue d’augmenter d’environ 5% par année. Et que veut le marché? Des paysages. La vaste majorité, ce sont des paysages. Pas du contemporain, pas de l’abstrait.

Peinture et tourisme

murale-graffiti-salon-chalets-maisons-de-campagne-stade-olympique-graffiti Dans le Vieux-Québec, le Vieux-Montréal et Charlevoix, les principaux pôles du marché de la peinture, les touristes font vivre les galeries. Les années où il n’y a pas de tourisme, les galeries se rongent les ongles. Il n’y a pas beaucoup d’amateurs d’art au Québec. Pour attirer les amateurs d’art de l’extérieur, Charlevoix est devenu un immense magasin. Marc de Roussan constate. Rien ne ressemble plus à un paysage de Charlevoix qu’un paysage de Charlevoix. Il y a 20 peintres qui en font. Ils doivent développer leur touche personnelle pour se démarquer.

Quand un galeriste voit qu’un de ses peintres vend facilement un genre de tableau, il lui en redemande. Le peintre est pénalisé, à toujours faire la même chose. Pour appuyer ses dires, il utilise l’exemple de Claude Théberge. Il peint des parapluies depuis 20 ans. Ça se vend, pourquoi ferait-il autre chose?

L’art urbain, nouvelle tendance?

murale-graffiti-rue-clark-art-hiphop-canettes-jeune-artiste Marc de Roussan range l’art urbain dans le contemporain. Un art intéressant, avoue-t-il, mais qui ne permet pas d’en vivre. Le marché d’amateurs n’est pas assez gros pour la peinture contemporaine. Il y en a très peu ici. La galerie Michel-Ange en a très peu; Multi Art, Laroche… ce n’est pas leur grosse clientèle. Sur la rue Sainte-Catherine, il y a de petites galeries d’art contemporain mais elles ne roulent pas sur l’or. Elles vendent du matériel d’artiste pour boucler leur budget. En dehors des grands centres tel New York, l’art urbain vivote, sans plus. Je n’ai jamais vu de galerie qui s’affiche art urbain.

Les jeunes d’aujourd’hui vont délaisser les paysages au profit du contemporain? Marc de Roussan n’y croit pas une seconde. Les gens vont simplement s’intéresser à la peinture à un âge plus avancé. Je ne suis pas sûr que les jeunes vont tripper contemporain. On ne se découvre pas un goût pour l’art du jour au lendemain. Il vient avec le temps. Le jazz, la musique classique, t’écoute pas ça à 10 ou 12 ans. Même chose pour la peinture. La sensibilité, ça se développe plus tard, à la trentaine.

Personnellement, il aime le message qui transpire derrière le graffiti. On reconnaît qu’ils ont quelque chose à apporter. La différence sociale est intéressante. Ce sont des alternatifs, dit-il en parlant des gens qui gribouillent les murs. J’aime beaucoup le côté attrait touristique qui peut se développer avec le graffiti. Si on remet l’art dans la rue, on donne l’occasion à Monsieur Madame tout le monde de se réapproprier l’art. Le passionné d’art refait surface. Les galeries, c’est pas jojo. La petite musique de Chopin, les gens bien habillés… Si je rentre, les gens vont me juger par la façon dont je suis habillé. Ils vont se dire: lui n’achètera pas.

La relève en peinture

La relève est là. Et dans la qualité, et dans la diversité des manières de peindre les paysages. Ils ont de nouvelles teintes, leurs touches personnelles. Toujours dans le paysage, les scènes de ville. Démodée, la cabane à sucre?

Je parlais aux galéristes de la relève. On parlait des très jeunes peintres… Ils ont 40 ans. C’est ça la nouvelle garde. Il faut au moins 5 ans de travail assidu aux jeunes artistes avant de faire partie de cette relève.

Parmi les 3000 peintres répertoriés au Québec, Marc de Roussan chiffre de 200 à 300 les artistes qui vivent de leur art. Le professionnel va faire entre 200 et 250 tableaux par année. L’amateur va en faire un par mois. Il n’a pas besoin de ça pour vivre. Au nombre de tableaux peints par année, Charlevoix peut dormir sur ses deux oreilles pour un temps.

 

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Murale graffiti, animation de foule, peinture en direct, T-shirt

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Pour rejoindre un artiste du Café-Graffiti: (514) 259-6900 cafegraffiti@cafegraffiti.net

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Classé dans Actualité, économie, Raymond Viger

Libre-Marché 101: Les prix

Ceci continue ma série sur le libre-marché, dans l’introduction nous avons eu, grâce au texte «Moi, le Crayon», un bref aperçu des processus très complexes que le marché accomplit sans aucune autorité planificatrice pour coordonner le tout. Nous avons vu que pour fabriquer un simple crayon, une grande quantité d’outils et d’infrastructures doivent déjà avoir été construites afin d’extraire la matière première, d’acheminer ces matières vers diverses usines qui, à leur tour fabriqueront les diverses composantes qui serviront à l’assemblage final. S’il n’y a aucun chef d’orchestre qui dirige le tout, ce que beaucoup croient nécessaire, comment alors arrive-t-on à fabriquer ce crayon?

Bien des gens s’imaginent que le marché est incapable d’une telle coordination. Pourtant, c’est ce que le marché fait à chaque minute de chaque jour. Chaque jour, d’innombrables individus participent à la fabrication de crayons, de produits alimentaires, d’automobiles, et des nombreux gadgets qui rendent notre vie plus agréable, sans même se connaitre l’un l’autre, sans même savoir comment les autres contribuent au produit qu’ils fabriquent. La coordination de tous ces processus de production de l’économie mondiale est si complexe qu’il n’existe aucun ordinateur au monde qui soit suffisamment puissant pour le faire, encore moins une personne ou un groupe de personnes. Le volume de cette information est tout simplement trop grand. C’est pourquoi Hayek disait que la planification centrale d’une économie est une «présomption fatale». Si le totalitarisme se définit par un contrôle complet par une autorité centrale, le marché est au contraire «anarchique». Son contrôle est assuré de bas en haut et non de haut en bas.

Malgré cela, certains apprentis-sorciers persistent à croire qu’à l’aide de certaines données agrégées comme le taux de chômage, le PIB, l’IPC ou la demande agrégée, ils peuvent savoir tout ce qu’ils ont à savoir pour «diriger» l’économie. Leur présomption fatale ne fait que verser du sable dans les engrenages du marché et lorsque les choses tournent mal, ils blâment le marché car c’est tellement plus facile de blâmer la cupidité des acteurs du marché que de reconnaitre qu’ils n’ont en réalité aucun contrôle sur l’économie et qu’ils la dirigent avec toute la finesse d’un taureau dans une boutique de porcelaine. Ils ne sauraient admettre que ce qu’ils appellent des «défaillances ce marché» sont en réalité le résultat de leurs interventions arbitraires. Nous allons donc commencer à bâtir les bases d’une réfutation complète de leurs prétentions.

Les premiers pionniers de l’étude de l’économie, à partir des scholastiques espagnols de l’Université de Salamanque au moyen âge, étudiaient l’économie en étudiant ce qui ce passait sur le terrain. Ils observaient comment les biens étaient produits et échangés et formulaient des axiomes basés sur ces observations. C’est ainsi qu’ils furent les premiers à observer que les acteurs du marché se servent de certains signaux afin d’obtenir de l’information sur ce qui doit être produit, en quelles quantités, etc. Le premier de ces signaux est le prix.

Le mot « prix » est dans la famille du verbe « priser » qui signifie apprécier ou évaluer. En d’autres mots, attribuer une valeur à quelque chose. Donc avant d’expliquer comment les prix sont formés sur le marché, il conviendrait de définir le concept de valeur. Pendant longtemps, nous nous sommes questionnés à savoir pourquoi les diamants ont une plus grande valeur que du pain, alors que le pain, est beaucoup plus utile à l’homme que le sont les diamants? Le concept de valeur a été chaudement débattu pendant de nombreuses années, aussi je ne vous étalerai pas toutes les différentes théories qui ont été étayées, mais je me limiterai seulement à celle que je considère la plus juste et la plus sensée.

La réponse au paradoxe du pain et des diamants est bien entendu la rareté relative des diamants comparativement au pain. Cependant, la valeur d’un bien peut-être hautement subjective et varier grandement. L’eau, pourtant essentielle à la vie, a peu de valeur dans un endroit où elle est abondante, mais elle deviendra très précieuse au milieu d’un désert. Une bouteille de sable saharien serait très rare au Canada, mais serait tout de même sans valeur parce qu’il est difficile d’y trouver une quelconque utilité. La valeur d’un bien peut très bien varier d’une personne à l’autre, selon ses goûts personnels. Je peux adorer les pommes, mais détester les bananes, je serais donc prêt à payer plus pour obtenir des pommes que pour la même quantité de bananes. Ou je serais disposé à donner plus de bananes en échange d’une certaine quantité de pommes. On dit souvent que la beauté est dans l’œil de celui qui la regarde, alors la valeur d’un bien est dans l’œil de celui qui le convoite. De plus, la valeur peut également être sujette aux choses alternatives qui pourraient être obtenues. Ainsi, dans l’échelle des valeurs de la plupart des gens, il est plus important d’obtenir les choses essentielles comme la nourriture, des vêtements et un toit au-dessus de nos têtes que des objets de luxe. Ces objets de luxe n’auront de valeur pour nous que si nous avons les moyens de nous les offrir sans sacrifier l’essentiel.

La subjectivité de la valeur joue un grand rôle dans la formation des prix sur le marché. Le prix que vous payez au supermarché pour les différentes denrées n’est pas fixé arbitrairement. Il est le résultat de plusieurs facteurs. Il est influencé par l’abondance ou la rareté, par une demande particulière pour un certain produit, etc. Le prix livre certaines informations aux acteurs du marché. Ainsi par exemple, si une période de sécheresse causait de très mauvaises récoltes dans l’ouest canadien, il y a fort à parier que la rareté relative du blé qui serait causée en ferait hausser les prix, amenant les consommateurs à diminuer leur consommation de cette céréale. Le consommateur n’a pas vraiment besoin de savoir qu’il y a eu sècheresse pour agir dans ce sens, la hausse du prix transmet le besoin de rationner cette denrée. De la même façon, l’effondrement de la voute d’une mine de cuivre signifierait une diminution de l’extraction de ce minerai qui aurait un impact sur la disponibilité de cuivre sur le marché pendant un certain temps, ce qui en ferait hausser le prix. Par conséquent, ceux qui utilisent le cuivre dans la fabrication de leur produit devront agir en conséquent et diminuer leur production ou utiliser un matériau différent. Nous pouvons donc affirmer que le prix a une influence inverse à la demande d’un produit, quoique cette influence ne soit pas nécessairement proportionnelle. Si le prix d’un produit double, ce ne sera pas nécessairement vrai que la demande diminuera de moitié.

Sachant que les prix ainsi formés par les conditions variables du marché, communiquent des informations aux divers acteurs du marché, qu’arrivera-t-il si nous tentions de les contrôler arbitrairement? Ce serait effectivement comme un brouillage radio. Les prix fixés arbitrairement ne transmettraient plus d’information sur les conditions du marché. Dans l’exemple plus haut des récoltes détruites par la sécheresse, si on plafonne le prix pour éviter qu’il ne monte trop haut, les consommateurs, ne voyant pas le prix augmenter, continueraient de consommer du blé au même rythme qu’avant, alors qu’il y a beaucoup moins de stock disponible. Le résultat est prévisible, il y aurait vite une pénurie. Si par contre, on fixait les prix trop hauts, on se retrouverait avec un surplus de blé qui pourrirait dans les silos. Dans tous les cas où des contrôles de prix ont été appliqués par des gouvernements, nous avons constatés les même effets, tant pour l’essence aux États-Unis en 1973, que le lait au Venezuela plus récemment. Ce ne sont pas des défaillances du marché, mais bien au contraire les conséquences de l’intrusion des gouvernements sur le marché.

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Classé dans Actualité, économie, Philippe David

La laïcité, ou nettoyer l’ardoise

Par Renart Léveillé

Dans mon billet de la semaine dernière, concernant la lubie catholique du maire Jean Tremblay, par boutade, je soumettais un anti-souhait :

(Et je ne veux lire personne déclamer que la laïcité est un complot de la religion athée…)

Mon collègue des 7 du Québec, Yan Barcelo, l’a en quelque sorte brisé, en titrant un billet récent : « Le laïcisme, nouvelle religion ». Malheureusement, il ne creuse pas tellement dans cette direction dans son texte, mais promet de le faire en conclusion dans un futur billet.

Quoi qu’il en soit, ce n’est pas bien difficile d’imaginer ce qu’aura l’air ce prochain billet quand pour lui le laïcisme est « un nouveau terrorisme intellectuel ». Pour arriver à une formule aussi chargée que celle-là, il faut visiblement être du côté, ou des croyants, ou du conservatisme moral, ou des deux.

En laissant quand même de côté les suppositions, j’en viens à me dire que les croyants (enfin certains) sont tellement pris dans leur monde qu’ils ne peuvent comprendre que les manifestations de leur foi peuvent être agressant pour d’autres, non-croyants et croyants d’autres confessions. À partir du moment où il est possible pour un croyant de prier en silence (même en étant en public), et que ce serait bien l’accommodement le plus raisonnable pour tous, crier haut et fort son supposé droit de prier à haute voix est le comble de la mauvaise foi…

Je vais prendre un exemple simple : le métal (dans le sens du style de musique). Si un maire décidait de faire jouer en début de réunion une pièce musicale de ce style, tout le monde serait d’accord pour dire que cela n’a pas sa place (même si personnellement le métal m’agresse vraiment moins qu’une prière, même pas du tout, d’ailleurs). Les amateurs de métal ont des occasions de se réunir pour en écouter ou ils le font en solitaire. La plupart sont des gens civilisés qui comprennent que leurs goûts musicaux ne doivent pas être imposés aux autres. Pourquoi certains croyants ne comprennent-ils pas cette évidence?

Je les entends déjà rétorquer que la prière est un héritage de notre passé, mais pas le métal, ce qui justifierait là toute cette croisade du maire (ainsi que ses forts appuis). Globalement, je ne nie aucunement cet héritage en pensant que la prière n’a pas sa place, puisque je vis sur cette planète : je sais que nous sommes en civilisation judéo-chrétienne, avec ses valeurs intrinsèques; valeurs que je ne peux nier en bloc, même si, séparément, elles me semblent avoir besoin d’un examen… Mais accepter le fait que c’est un héritage important veut-il dire pour autant qu’il faille cautionner ces manifestations de piété d’un autre temps, cette religiosité qui n’a plus sa place dans un monde (occidental) où adhérer à la religion n’est plus, heureusement! un préalable à l’acceptation d’un individu à la société?

Et encore, la tentative de lier par la force la laïcité (et même l’athéisme) à la religion dans son sens dogmatique est menée par la peur. C’est essayer de tout mettre sur un pied d’égalité pour espérer gagner des points. C’est chercher à imposer dans le débat un handicap à l’autre partie : c’est le réflexe de ceux qui se sont peinturés dans un coin, de ceux qui sont acculés au mur. La laïcité, c’est tout simplement nettoyer l’ardoise, repartir sur des bases plus propres, plus respectueuses de chacun, puisque chacun se « garde une petite gêne » en public quant à ses croyances, d’autant plus les personnes en situation de pouvoir, hein? Monsieur Tremblay!

Et puis, est-ce que le laïcisme a ses prières, son iconographie comme la religion? Idem pour l’athéisme? Oh! que non! Et ce n’est pas parce que le terme « doctrine » peut être utilisé pour nommer une religion ou un système de pensée qu’ils sont pour autant synonymes. Démagogie, quand tu nous tiens…

Dans le fond, qu’est-ce qu’on perd à réserver les affaires publiques aux affaires publiques? Absolument rien, les gens religieux sont bien libres de se pavaner avec leur foi avant et après les réunions. Si ça peut leur faire plaisir, je ne m’empêcherai pas en retour de ressentir à leur endroit un parfait mépris.

(Photo : analogian)

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Classé dans Actualité, Renart L'Eveillé

L’inflation, cette taxe cachée

Par François Marginean

Si vous pensiez que les déboires de l’économie avait déjà assez affecté votre budget, attendez de voir la suite. Attachez votre ceinture, car maintenant une nouvelle donne commence à se faire sentir – l’inflation. Puisque l’économie va de mal en pis, il est assez évident que l’inflation n’est pas principalement causée par l’emballement et la surchauffe de l’économie. Elle est plutôt un résultat direct et mécanique de la création démesurée d’argent par les banques centrales et privées. De plus, cet argent entre dans l’économie en tant que dette, puisqu’il doit être remboursé, avec intérêts en plus de cela. Donc, pour maintenir ce système(de Ponzi), on doit toujours créer plus de dettes pour le maintenir en vie. Cette présente crise économique n’est pas dû à un manque de liquidités, mais bien par un problème de solvabilité.

L’image présentée ci-bas, montre clairement qu’il n’y a pas que les gouvernements qui s’enfoncent dans la dette tellement profondément qu’il sera simplement impossible d’arriver à la rembourser; les particuliers doivent de plus en plus d’argent sur leurs cartes de crédit qu’ils utilisent régulièrement pour arriver à joindre les deux bouts et mettre de la nourriture sur la table et aller au travail, s’ils ont la chance d’en avoir un.

Les dettes accumulées sur les cartes de crédit représentent maintenant jusqu’à 15% du revenu familial moyen. La moyenne de la dette due sur les cartes de crédit en 1980 était de $670. Elle est maintenant de $7800 aujourd’hui. (Source)

Ainsi, les plans de sauvetage et les phases d’assouplissement quantitatif (quantitative easing) ne contribuent qu’à amplifier la masse monétaire, diminuant ainsi la valeur relative de chaque unité d’échange. De cette façon, il faut débourser plus de cet argent dévalué pour acheter les mêmes biens. La spéculation et d’autres facteurs entrent certainement en jeu, mais en fin de compte, l’inflation est une forme de taxation insidieuse et cachée dans les prix à la consommation. Ceux qui collectent les dividendes de cette taxe sont évidemment les banquiers privés. Et la solution privilégiée pour combattre cette inflation est de monter les taux d’intérêts… ce qui profite également aux banquiers privés. On se demande ensuite pourquoi ce sont les banques qui possèdent les plus hauts et luxueux édifices dans les centres-villes de la planète entière.

Puisqu’on dit que la chance favorise les esprits préparés, il serait peut-être nécessaire d’observer les multiples signes d’une grave inflation qui s’installe et qui risque de sévir dans les temps à venir et s’y préparer en conséquence.

C’est que le prix de pétrole et de l’énergie est concerné, ainsi que celui de la nourriture qui s’enflamme, sans compter d’autres produits de base, comme le coton et ainsi de suite.

Voici un portrait de la situation:

– Le prix du baril de pétrole brut vient d’atteindre sont plus haut point depuis deux ans. Au début janvier il avait passé la barre des $90 le baril. Aujourd’hui,  moins de mois plus tard, le baril atteint les $100 et plus. Le Brent Crude a fermé la journée de lundi à $105,74, suite aux soulèvements populaires au Moyen-Orient. Il a même atteint $108,70 le baril après la fermeture des marchés, causé par les inquiétudes par rapport aux évènements en Libye. Le prix du pétrole aux États-Unis a été gardé temporairement sous contrôle grâce à des surplus de réserves stratégiques de pétrole à Cushing, Oklahoma et a transigé à un peu plus de $94 le baril sur le New York Mercantile Exchange. Les jours du baril de pétrole à plus de $100 sont de retour.

– Joe Petrowski, le directeur général de Gulf Oil and the Cumberland Gulf Group, a déclaré au réseau CNBC que le prix du baril de pétrole brut pourrait atteindre $150 cet été.

– Depuis la création en 1870 du New York Cotton Exchange, le prix du coton a atteint un sommet historique en décembre 2010, un record en 140 ans.

– Selon les chiffres publiés aux États-Unis par le U.S. Bureau of Labor Statistics, pour la première fois depuis 2008, les consommateurs sont frappés dans l’estomac par l’inflation. Les coûts de la nourriture augmentent et le pire est encore à venir. Les prix à l’épicerie ont gonflé 50% plus rapidement que l’inflation générale cette dernière année, surpassée seulement que par les coûts de transport et de la santé. Les économistes prévoient que ce n’est que le début. Gonflé par les coûts plus élevés du blé, maïs, sucre, soja et de l’énergie, les consommateurs pourraient voir leur facture augmenter de 4% à la fin de l’année.

Le marché du maïs est extrêmement serré et des analystes s’attendent à des pénuries et une grande demande, ce qui devrait garder une pression à la hausse sur les prix du maïs en 2011. On recommande un rationnement du maïs disponible.

– Toutes les évidences pointent vers une augmentation dramatique des prix de la nourriture à l’échelle mondiale, incluant possiblement des pénuries. Les froides températures de cet hiver et les pertes de récoltes n’aideront certainement pas.

– Le monde pourrait faire face à des soulèvements sociaux, incluant des manifestations en avril contre le prix à la hausse des grains, a soutenu Philippe Chalmin, un conseiller auprès du gouvernement français. Les dommages causés aux cultures par les inondations en Australie et les sécheresses en Argentine vont sans aucun doute gonfler les prix des grains au cours des prochains mois, a déclaré le professeur en économie à l’Université de Paris- Dauphine. D’ailleurs, il est à noter que ce sont en partie les prix de la nourriture qui ont allumé la mèche des révoltes en Algérie, en Tunisie ainsi qu’en Égypte.

Les gouvernements autoritaires ont d’ailleurs commencé à emmagasiner des réserves de nourriture pour combattre la colère du public. Cependant, cette tactique ne pourrait qu’empirer la situation et pousser les prix en une spirale à la hausse, selon des analystes. Des gouvernements en Asie, au Moyen-Orient et en Afrique du nord ont récemment fait l’achat sur les marchés ouverts de larges quantités de nourriture. L’Algérie a acheté 800 000 tonnes de blé et l’Arabie Saoudite a acheté une réserve de blé de douze mois. L’Égypte devrait suivre. Le Bangladesh a triplé ses intentions d’importations de riz et l’Indonésie a acheté 820 000 tonnes de riz Thaïlandais. « Ce n’est que le début de la panique d’achat », a déclaré Ker Chung Yang, un analyste basé à Singapour.

Selon le New York Times, la sérieuse sécheresse qui a sévi au nord de la Chine, région où le blé est produit, pose un danger sérieux à la sécurité alimentaire globale, spécialement dans le monde d’importation des nations en développement. Une alerte publiée par la Food and Agriculture Organisation (FAO) avertissait que plus des deux tiers des récoltes de blé de la Chine sont menacées par des précipitations substantiellement sous la normale cet hiver.

– Des vagues de froid dévastatrices au Mexique, les pires depuis 50 ans, ont anéanti de 80 à 100% des récoltes qui fournissent normalement l’Amérique du nord en produits frais, tels que les haricots verts, aubergines, concombres, courges, poivrons, asperges et tomates. Le Mexique et des distributeurs majeurs tels que la Sysco Corporation ont dû recourir à des importations provenant de l’extérieur du pays pour rencontrer leurs engagements commerciaux, mais ils ont récemment signalé que cela ne sera plus possible. (Source: Sysco Release/Memo: Mexico Freeze [PDF])

Ces froides températures ont sérieusement endommagé les cultures de maïs dans la région du Sinaloa, au nord du pays, avec des pertes estimées à plus de quatre millions de tonnes de maïs. Plus de 400 000 hectares de récoltes ont été affectées par le froid et le gel, soit environ 16% des récoltes annuelles mexicaines.

– Le prix du maïs sera d’autant plus affecté à la hausse que les importations chinoises devraient se multiplier par neuf, selon les projections officiellesComme le rapporte le Financial Times, les prix du maïs « – et avec eux, le prix de la viande – devraient exploser si les dernières estimations de l’importation en provenance de Chine sont corrects. Le US Grain Council, l’organisme de l’industrie de l’agriculture, a déclaré qu’il a reçu des informations montrant que les importations chinoises vont atteindre 9 millions de tonnes en 2011-12, comparé à seulement 1,3 million en 2010-11. En d’autres termes, toute la prévision d’équilibre entre l’offre et la demande est sur le point d’être déchiré en lambeaux . Le prix du maïs pourrait donc augmenter de 15% cette année.

Pour ceux qui pensent qu’il y a un quelconque espoir, même distant, d’un répit dans la montée sans fin des prix, nous vous suggérons de lire ce qui suit:
Le plus de maïs que la Chine a importé dans l’histoire moderne est 4,3 tonnes en 1994-95 et 3 millions de tonnes en 1978-79. Pour la majorité des 50 dernières années, Beijing a été largement absente du marché international, la production intérieure ayant été suffisante pour répondre à la demande. « Nous notons que la Chine pourrait devenir un importateur net de 25 millions de tonnes de maïs dès 2015 », ont déclaré des cadres supérieurs de la maison de commerce Rabobank.

– La Floride est normalement un important producteur de fruits et légumes, mais ils ont eux aussi été frappé par de sévères froids et gels qui ont endommagé les cultures en décembre et janvier. Ils avaient alors eu recours à des achats de produits du Mexique pour assurer leurs engagements commerciaux, mais comme on le sait maintenant, le Mexique n’est plus une option lui-même. Le Sud-Ouest américain est aussi aux prises avec les pires froids depuis 60 ans, détruisant des récoltes entières. Il a déjà été rapporté que certains supermarchés américains ont doublé, voire triplé, le prix de certains produits frais, tels que les légumes.

Le distributeur Sysco Corporation a rapporté qu’ils seraient forcés de monter les prix des produits laitiers et de la viande, mettant de la pression à la hausse des produits fabriqués par les géants comme Kellogg. C’est qu’ils ont des hausses de 10%  et plus dans le prix de la production de la viande, produits laitiers et des fruits de mer. L’inflation des prix de la nourriture constitue une inquiétude au niveau mondial. Une récente étude d’une agence de l’ONU a montré qu’ils sont atteint un niveau record en janvier et qu’ils ne s’amélioreront pas. On peut s’attendre à ce que ces coûts montants d’opération et de production viennent heurter les consommateurs durant les prochaines semaines et prochains mois.

– Le prix d’une série d’items de nourriture de base a augmenté de façon précipitée au début de l’année, affichant la plus forte hausse mensuelle depuis plus de cinq ans. Un autre coup pour les familles. L’inflation en Angleterre a sauté à 4%, le double des prévisions initiales, et se dirige vers 5% d’inflation rapidement, selon l’index des prix au détail (RPI).

La Banque Mondiale a publié un rapport indiquant que les prix de la nourriture sont à « des niveaux dangereux » et pourraient contribuer à de l’instabilité politique, poussant des millions de personnes dans la pauvreté et faisant monter les coûts d’épicerie.

Vous savez comment la bulle hypothécaire a rendu les banquiers riches et vous sans-abri? Et bien il y a maintenant une nouvelle bulle, une bulle de la nourriture, qui rend les banquiers plus riches et qui vous fait mourrir de faim. Comprenez-vous maintenant comment le monde fonctionne? Comprenez-vous pourquoi les Islandais ont viré leur gouvernement et mis en prison les banquiers criminels? Et pourquoi les Égyptiens et les autres pays de la région font de même?

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Notre langue est-elle exportable?

Image Flickr par ShironekoEuro[away]

Jean-Pierre Bonhomme

Il y a quelques jours je me trouvais dans une capitale asiatique, seul dans ma chambre d’hôtel. Je me suis donc permis d’ouvrir la télé et je me suis aperçu que TV5 se trouvait au programme ; cela pourrait me permettre de tromper l’ennui d’un terne voyage! Justement, à ce moment-là, il sortait, de la boite à distractions, des sons familiers à mon oreille. C’était une émission québécoise – une série dont je ne me souviens pas du nom et que je voyais pour la première fois –  mettant en vedette de jeunes comédiens délurés lesquels décrivaient la vie quotidienne de jeunes garcons et filles des environs disons du… Plateau Mont-Royal et dont les interactions  rebondissaient drôlement.

Quel fut mon étonnement de constater que les diffuseurs de TV5 avaient cru bon de placer des sous-titres français. On avait ainsi constaté que les Québécois d’aujourd’hui, (on dit souvent les Canadiens français, à l’étranger), ceux qui appartiennent à une classe moderne relativement à l’aise, ne pouvaient plus se faire comprendre dans la langue de Molière – ce qui en reste – à l’extérieur de la Vallée du Saint-Laurent.

Le choix de disposer des sous-titres français sous une émission canadienne-françaises contemporaine décrivant la vie urbaine n’était pas très flateur pour le «sacré» Ministère de l’Éducation du Québec, celui qui devait sauver la culture française en Amérique d’une mort certaine! Est-elle donc bien vivante, bien riche cette culture?

Quoi qu’il en soit ladite émission diffusait des réparties amusantes, parfois compréhensibles pour des papous francophiles – si cela se trouve – mais souvent hors de la sphère de l’univers de la francophonie et de la beauté. Par exemple au lieu de dire vas-y Arthur ou allez les filles, on se permettait d’utiliser ce lourd «enwouaiye» Arthur ou «enwouaiyez» les filles qui aurait pu désarçonner n’importe quel honnête étudiant. Sans parler des «calvaires» qui tombaient de la bouche d’une jeune dame : cela  pour exprimer une émotion de déplaisir; était-ce le mot juste? Et le reste dans le même registre.

Si je comprends bien, le monde entier, par  ce geste du sous-titrage, est en train de nous dire, nous les habitants des rives du Saint-Laurent, que notre monde actuel n’est plus français. Il est devenu dialectal sinon du domaine du patois et qu’il faut cesser de parler, au nord de l’État du Vermont, d’une culture française.

Transformer le peuple québécois en une collectivité créolisée n’est pas un péché. C’est un choix. Et traduire le nom de l’Office de la langue française en celui d’Office de la langue québécoise ne coûterait pas trop cher. Cela enlèverait un peu de prestige à des haut- fonctionnaires de la capitale (la vieille) mais cela ne serait pas insurmontable.

Mais encore faudrait-il le faire ce choix. Ce qui est mauvais dans cette histoire c’est de faire fi de la réalité et de prétendre qu’une chose est telle lorsqu’elle ne l’est pas.

L’hypocrisie a mauvais goût.

Votre serviteur, lui, lorsqu’il se trouve devant un compatriote dont l’élocution ressemble à de la bouillie ou à du patois  se fait fort de demander une traduction ou des précisions. Il affirme ne pas comprendre le dialecte local – ce qui n’est pas toujours vrai – et que, pour sa part, c’est le français qu’il a choisi de parler. Un choix affirmé, même si cela indispose des compatriotes.

S’il advenait que je ne sois pas seul et que maints amis veuillent faire le choix de parler français comme j’essaie de le faire, il y aura des gestes collectifs à poser.  Il faudra, pour commencer, demander des comptes aux hordes de fonctionnaires du Ministère de l’Éducation à Québec et exiger de lui qu’il resserre les exigences en matière d’élocution et de vocabulaire; qu’il crée des programmes d’échanges de professeurs avec les pays où le français est encore respecté, comme au Maroc et au Sénégal, aussi…  Et le gouvernement pourrait encore, pour améliorer les choses dans la capitale, se servir du 400 millions$ destiné au domaine de la distraction sur glace, pour subventionner les bibliothèques privées des citoyens du territoire. Cela changerait pas mal de choses dans le domaine de l’esprit. Dans le moment la proportion des citoyens qui ont des bibliothèques dignes de ce nom dans les chaumières approchent du chiffre zéro. C’est le contraire dans d’autres pays, comme en Islande, par exemple, où le chiffre approche le 100 p.cent. Cela, aussi, diminuerait probablement l’intérêt pour la radio poubelle; écouter les énergumènes diffamer les hommes publics – et privés – à loisir relève de l’ignorance et de la peur n’est-ce pas? Et les «tabarnacs» des jeunes gens ne tombent pas du ciel; ils surgissent des bungalows où ils les ont assimilés.

Quoi qu’il en soit cette question de la qualité de la langue et de sa beauté est ouverte et elle relève du choix individuel et collectif. Il ne faut certes pas  laisser certaines de nos élites bien pensantes laisser entendre qu’il faut laisser aux seuls individus le devoir d’apprendre et d’aimer les connaissances. Il faut aider les Québécois à s’aider eux-mêmes par le moyen de leur gouvernement; celui-ci n’est souvent pas à la hauteur. Mais ce n’est pas en le faisant disparaître, comme des sorciers le veulent que le Québec pourra exporter ses talents.

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La crise de l’éducation… en 1 000 mots

Il y a une crise de l’éducation parce que l’on n’éduque plus. Les parents n’éduquent plus parce que c’est devenu trop complexe et que, de toute façon, l’emploi du temps que prévoient les plans de carrière de la société actuelle ne le leur permet pas . L’école ne le fait pas davantage, car ce n’est pas le job des enseignants d’éduquer, mais d’instruire : transmettre des connaissances.

Instruire et encore… Transmettre des connaissances, mais celles dont ont décidé les planificateurs de l’éducation – ce qui n’est pas bête, puisqu’on devrait avoir un objectif en  tête quand on instruit  – mais on leur demande aussi de les transmettre avec les moyens et selon le schéma défini aussi par les planificateurs de l’éducation, ce qui est une aberration.

Une  bêtise, car l’enseignant est le pédagogue et c’est le propre de la pédagogie de savoir formater un contenu pour le rendre accessible à des apprenants qui ont des aptitudes et des intérêts différents, voire des connaissances antérieures modérément dissemblables. Si ce n’était le cas, l’enseignement pourrait être entièrement programmé et l’élève n’aurait pas besoin d’un guide dans l’univers des connaissances : il lirait et apprendrait…

Quand on veut dire à l’enseignant comment enseigner, on le rend inutile. En lui demandant surtout d’enseigner de la même façon à tout le monde, on crée un système ou le bon sens exige  qu’il introduise une myriade de ce que l’on considérera comme des exceptions ou des dérogations, au lieu d’accepter que l’éducation est du « sur mesure » et que tout le monde ou presque est normal, dans le sens ou la norme est large et se confond avec le vaste espace ou l’éducateur peut réaliser ses objectifs.

On ne doit avoir qu’une exigence face à l’enseignant : que les apprenants qu’on lui confie apprenne. Quand on veut qu’il éduque, il faut lui en demander plus, mais d’abord le tirer du piège ou, même sur le plan de la transmission des connaissances, l’école d’aujourd’hui, qui devrait faire du « sur mesure », s’ingénie à faire de l’industriel.

Aujourd’hui, on a le lit de Procuste pour tout le monde.  On a donc des échecs, des abandons en masse et des vies se décident sur le talent ou la bonne volonté d’un adolescent qui se pliera ou non à la corvée de maîtriser le calcul intégral, qu’il soit de lqa graine de Mozart ou de Picasso n’y changeant rien.

Une approche dont les résultats sont encore pires, bien sûr, quand il ne s’agit plus de transmettre des connaissances, mais des règles d’interprétation, des principes, une culture, des valeurs… tout ce qui devrait être une éducation.

Il y a deux générations, le collège offrait du grec, du latin et de la philo; il offrait aussi des valeurs, une culture et un sentiment d’appartenance. C’était rétro, mais la plupart étaient fiers de leur vieux collège, même s’ils en sortaient en pensant tous à peu près la même chose…

Vers les années 60, on a voulu créer une société plus complexe, une société pluraliste, avec du monde ordinaire qui pensent par eux-mêmes; avec des gens, donc, qui ne pensent pas tous la même chose et où chacun respecte les valeurs et la culture des autres. On a mis le paquet sur l’éducation, mais on a raté un virage.

On a oublié que plus une société est complexe, plus il est essentiel d’y valoriser l’appartenance à des groupes de dimension humaine. On a oublié que c’est dans une société pluraliste qu’il est le plus nécessaire de fournir à chaque éduqué toutes les ressources nécessaires pour éclairer ce qui devient pour lui un choix plutôt qu’une acceptation des valeurs. On a oublié, surtout, que pour que les valeurs de chacun soient respectées, on doit faire en sorte, d’abord, que chacun en ait, des valeurs.

On a sauté le garde-fou des valeurs et on a créé des écoles monstrueuses, des écoles inhumaines, qui ne favorisent pas l’autonomie de l’individu, ni sa formation professionnelle, ni surtout son insertion sociale. Pire, on a créé des écoles que l’on n’aime pas. Vous en connaissez beaucoup, vous, des gens de nos jours qui ont la fierté de leur vieille polyvalente ?

Solution ?   Recommencer à éduquer, en faisant le contraire de ce qu’on fait dans une polyvalente. Plutôt qu’une école impersonnelle ou l’enfant  est passé de spécialistes en spécialistes, il faut une école dont l’axe soit une relation personnelle de longue durée entre un groupe d’élèves et un enseignant qui soit un modèle et assume une responsabilité plus globale sur son apprentissage.

Que ce soit le même pendant 5 ans. C’est cette relation de longue durée qui permettra à l’enseignant devenu éducateur d’être un modèle et qui favorisera l’éclosion d’un vrai sentiment d’appartenance. En revanche, l’enseignant qui est le seul maître de sa pédagogie ne doit pas avoir le contrôle des examens : c’est au Ministère de définir la docimologie et de conférer attestations et diplômes

J’ai parlé, il y a longtemps d’un système « préceptoral », lequel  permet un meilleur développement socio-affectif de l’adolescent, de meilleurs résultats scolaires, une activité professionnelle plus gratifiante pour l’enseignant. C’est un moyen de bâtir une vraie culture populaire plus large et d’obtenir une orientation professionnelle bien plus adéquate. C’est aussi la façon idéale de réduire absentéisme, vandalisme et violence à l’école. Et un système préceptoral coûterait moins cher que notre système actuel…

Il n’y a qu’une seule condition préalable à la mise en place de ce système, en plus, bien sur, d’une véritable volonté politique de changement. Cette condition, c’est qu’existe chez un nombre suffisant des enseignants, le désir de créer une relation plus humaine avec leurs élèves. J’aime le penser.  Il faudrait leur en parler

Pierre JC Allard

http://nouvellesociete.wordpress.com/education/

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Le laïcisme, nouvelle religion

Yan Barcelo, 20 février 2011

 La maire de Saguenay, Jean Tremblay, soulève beaucoup d’animosité avec son refus de se soumettre au Tribunal des droits de la personne qui lui impose de cesser de faire une prière au début de chaque session de conseil. Au nom de la liberté de conscience des non-croyants, chez qui cette prière est supposée créer un « grand malaise » et un « grand inconfort », le Tribunal somme le maire de cesser ses prières et de verser une amende de 30 000$ au citoyen Alain Simoneau qui a porté la plainte devant le Tribunal. (On peut espérer que le malaise et l’inconfort de M. Simoneau seront apaisés par ce soudain afflux d’argent dans son compte de banque… si le maire ne gagne pas en cour d’appel, où il a l’intention de soumettre sa cause.)

Lire les commentaires sur cette équipée dans La Presse du 17 février était à la fois triste et comique. En page A5, Patrick Lagacé y allait de ses pointes, tentant de discréditer toute la cause en faisant une attaque à l’endroit de la personne du maire. (Stratégie typique : quand on ne peut pas vraiment discuter d’un sujet, on tâche de discréditer l’interlocuteur.) En page A21, le prêtre Raymond Gravel faisaitt son laïus tout à fait typique du clergé québécois en tâchant de préserver la chèvre et le chou, regrettant l’entêtement du maire qui « peut conduire à une polarisation malheureuse entre croyants et athées ». Devant son attitude, un proverbe chinois me revient à l’esprit : « La meilleure façon d’apprivoiser un tigre, c’est de se laisser dévorer par lui. »

Le seul commentaire vraiment éclairant, également en page A21, est celui de Patrice Garant, professeur de droit à l’Université Laval, qui rend au conflit sa véritable portée. Référant au « grand malaise et grand inconfort », il écrit : « On pourrait dire la même chose de tout ce qu’on trouve dans le domaine ou l’espace public : croix du Mont-Royal, clocher des églises, temples et mosquées, messe du dimanche à la SRC, concert de musique sacrée. En quoi cela constituerait-il ‘l’imposition d’un conformisme en matière religieuse’ »?

Nous voici dans un chapitre inédit du débat des accommodements raisonnables. Car il s’agit d’un affrontement non pas entre la pratique d’une faction culturelle et d’une majorité ethnique. Dans ce cas-ci, il s’agit d’accommoder les revendications d’un athée. « Imaginez quelle tournure aurait pris le débat si la plainte avait été soumise par un islamiste !) Mais notre plaignant est un athée, ce qui lui donne tout le vernis de la respectabilité politiquement correcte dans la campagne en cours visant à vider la sphère politique de toute composante religieuse et en faire une zone intégralement laïque.

Cette manœuvre du Tribunal des droits de la personne fait partie d’une nouvelle phase dans offensive de la laïcité. Dans une premier temps, elle visait à préserver un principe tout à fait légitime qui veut séparer l’État et l’Église. Cela ne fait évidemment plus problème. C’est un principe dont le Christ lui-même a lancé la première semence en proposant de « rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ».

Mais voici qu’on veut sur-extensionner ce principe et veiller à ce que la sphère politique soit vidée de tout contenu et de toute valeur d’ordre religieux et, plus encore, de tout contenu de foi. Le premier principe (séparer État et Église) demande qu’on crée une étanchéité entre deux pouvoirs l’un par rapport à l’autre. Mais pour le mouvement laïc, ce n’est pas assez : on ne distingue plus des zones de pouvoir autonome, il faut maintenant aseptiser la chose politique de tout contenu qui pourrait avoir un relent de religion ou de spiritualité, de croyance ou de foi.

Il est clair que nous avons affaire à un nouveau terrorisme intellectuel, plus exactement, à une nouvelle religion. Et comme toute religion, celle-ci a ses éléments modérés, et elle a ses fanatiques. Pourquoi dire du « mouvement laïc » qu’il est une religion? C’est la question dont je vais traiter dans ma prochaine chronique.

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Homosexualité et politique

L’arène politique québécoise compte peu de personnes ouvertement homosexuelles. Les hypothèses sont nombreuses pour expliquer cet état de fait mais un consensus prédomine parmi les personnes interrogées : l’orientation sexuelle demeure du domaine privé et le « coming-out » public est un libre choix.

Frédéric Lacroix-Couture   Dossiers Homosexualité, Politique

C’était au lendemain des élections provinciales de 2007. Le Parti québécois (PQ) terminait derrière l’Action démocratique du Québec (ADQ). Une défaite cuisante pour les péquistes qui ont obtenu leur pire score électoral depuis 1970. Certains candidats du PQ ne se sont pas gênés pour blâmer l’homosexualité de leur chef, André Boisclair. Un facteur qui aurait fait perdre des votes, selon eux.

Trois ans plus tard, le principal intéressé refuse de rejeter le blâme sur son homosexualité. M. Boisclair, aujourd’hui consultant en Développement stratégique et affaires publiques pour la firme Ernst & Young,  juge que les résultats électoraux sont là pour en témoigner. « Je regarde l’appui, il venait surtout des régions comme l’Abitibi et le Saguenay Lac-Saint-Jean, des endroits aux valeurs plus conservatrices et traditionnelles », se défend-t-il. L’ancien chef péquiste admet que l’homophobie est encore existante, mais demeure minime au Québec.

Homosexualité, politique et les régions

Le maire de Bécancour, Maurice Richard, abonde dans le même sens, son homosexualité n’a plus aucune importance chez ses électeurs. Le politicien a fait son « coming-out » public depuis longtemps, soit en 1975. « Les gens ne sont pas réticents à élire des homosexuels. Je ne vois pas l’ombre d’un problème dans la population. L’homophobie existe bien sûr dans certains milieux, mais nous sommes reconnus comme une société progressiste », soutient M. Richard.

Malgré cela, le Québec compte pourtant une liste bien courte d’hommes et de femmes politique ouvertement gais. Pourquoi? La peur de mettre en jeu leur avenir politique en incite certains à ne rien révéler sur leur orientation sexuelle, croit le professeur en sociologie à l’Université Laval, Michel Dorais.

Ils réfléchiront sur les conséquences qu’aura une sortie du placard sur les intentions de vote de l’électorat, soutient le président de Gai Écoute, Laurent McCutcheon. « Lors des élections, le vote est souvent serré dans une marge de 10%. Il faut seulement 5% des électeurs qui décident de ne pas voter pour un candidat parce qu’il est homosexuel pour qu’il soit défait », prétend le militant gai.

« Nous comptons entre 15 et 18% de gais dans la société, c’est donc tout à fait normal d’avoir peu d’homosexuels en politique »,  rappelle toutefois le maire Richard.

Coming-out politique

Le coming-out médiatique de l’ancien chef du Parti québécois a été motivé par le désir d’être un modèle pour les jeunes. « Il faut en parler publiquement parce que certains gais vivent des difficultés et cherchent des modèles pour s’en sortir », soutient M. Boisclair.

Sans prétendre que c’est une nécessité, le maire de l’arrondissement Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, Réal Ménard, juge que de rester dans le « placard » n’apporte rien de bénéfique. « Ne pas le dire amène certainement plus de problèmes. Ils seront victimes de chantage parce qu’ils gardent secret leur orientation sexuelle», dit l’ancien député bloquiste.

Le libre choix s’impose également en ce qui concerne présenter son amoureux ou son amoureuse en public. C’est une question de vie privée. La décision revient aussi aux conjoints ou conjointes de participer aux sorties publiques ou de rester dans l’ombre, même du côté des politiciens hétérosexuels, selon le professeur Michel Dorais.

« Est-ce qu’un politicien hétérosexuel montre toujours sa conjointe en public ?, questionne Maurice Richard. Ce qui n’est pas obligatoire pour un hétérosexuel ne l’est pas pour un gai », ajoute-t-il.

Compétence d’abord

Au final, les aptitudes d’un candidat priment sur son orientation sexuelle. « Être homosexuel ne réduit pas les standards au niveau éthique », affirme Réal Ménard.

Le professeur Michel Dorais juge que les gais en politique doivent être meilleurs afin de compenser leur homosexualité qui, selon lui, peut être encore vu par certaines personnes comme un « léger handicap».

Lorsqu’on demande à André Boisclair si un jour le Québec aura à sa tête un premier ministre gai, il ne peut s’empêcher de rire. « Je n’y vois aucun obstacle. Cela dépend de ses compétences », conclut-il.

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