L’ange et la bête

Un dicton dit que qui veut faire l’ange, fait la bête. C’est souvent le cas de certains bien-pensants comme Jack Layton. M. Layton trouve que les taux d’intérêts des cartes de crédit sont trop élevés et propose que s’il est porté au pouvoir, il règlementerait ces taux pour qu’ils ne puissent dépasser le taux préférentiel des banques plus cinq pour cent. Pourquoi cinq pour cent? Aucune idée, c’est probablement juste un beau chiffre pour Layton. Ça semble bienveillant de la part de M. Layton puisqu’avec les taux actuels variant de 14% à 19%, il semblerait que les banquiers s’en mettent pleins les poches au dépens des pauvres simples d’esprit qui son incapables de gérer leur crédit et doivent souffrir ces taux d’usurier.

Je pourrais vous fournir une explication selon laquelle les taux de cartes de crédit sont ainsi pour répartir le risque et pour compenser pour les mauvais payeurs, et tout ça serait vrai, mais je suis absolument certain que vous n’avez aucune sympathie pour les banquiers, et aussi surprenant que cela puisse vous paraitre, je n’en ai rien à cirer moi non-plus. Ce qui me concerne plus est le fardeau de la famille moyenne et de réduire artificiellement les taux d’intérêts des cartes de crédit ne leur rendrait pas service à long terme. Au contraire, je vous soumettrait que ce serait nuisible.

Je suis toujours surpris de constater comment la gauche manque de cohérence. D’un côté, ils se plaignent de la surconsommation effrénée et de l’autre, ils prônent des mesures qui encouragent cette surconsommation. Il est à noter que la plupart des canadiens sont sur-endettés. Selon les dernières statistiques, le fardeau d’endettement des canadiens est de 148% de leur revenu disponible, ce qui signifie qu’un ménage canadien qui dispose de $60 000 par an après impôt a typiquement $90 000 de dettes. C’est énorme. Dans ce contexte, je vous soumettrait que le problème n’est pas que les taux d’intérêts des cartes de crédit sont trop élevés, mais qu’ils ne le sont pas assez.

Les cartes de crédit sont supposé être un prêt gratuit avec une échéance de 30 jours. Si vous payez dans ces délais, vous n’aurez jamais à payer un sou d’intérêt. C’est donc dire qu’une personne responsable doit gérer ses dépenses de façon à rembourser son solde à chaque mois, ce qui implique de vivre selon ses propres moyens. Ça devrait aller de soi que si vous travaillez au salaire minimum, vous n’avez peut-être pas les moyens de vous offrir une télé plasma géante, à moins d’économiser scrupuleusement pendant un an ou deux. Si vous sortez votre carte Visa et que vous faites un achat de $2000 en sachant pertinemment que vous n’aurez jamais ce montant à la fin du mois, ni à la fin de l’année, vous devriez également être influencés par le fait que vous allez payer $300 ou $400 d’intérêts en trainant un solde de $2000 sur votre carte de crédit pendant un an. Si vous n’arrivez pas à résister à cette tentation, c’est probablement parce que vous estimez que ces intérêts ne sont pas assez important, ou que du moins, ils sont un sacrifice acceptable. Si ce sacrifice vous est acceptable alors que votre taux est de 18%, qu’est-ce que ce serait si on forçait les banques à plafonner leur taux à 10%. Consommeriez-vous plus ou moins?

C’est bien beau vouloir alléger le fardeau des pauvres. Les cartes de crédit ont toujours eu l’effet d’encourager la surconsommation, en particulier pour ceux qui en ont le moins les moyens. Le crédit peut être un outil très utile, mais il peut facilement vous amener à dépenser bien au-delà de vos moyens s’il est trop facilement accessible. Le crédit ne donne pas de la richesse, il ne fait qu’en donner l’illusion. Nos grands-parents n’utilisaient que très peu le crédit. Mon grand-père a toujours acheté des autos en payant comptant. S’ils n’avaientt pas l’argent pour se payer quelque chose, nos grand-parents s’en passaient. Demandez-leur s’ils en étaient si malheureux. Des taux d’intérêts plus élevés, loin d’être un fardeau, seraient probablement le meilleur outil pour amener les gens à consommer responsablement. En ces jours où il est aussi facile de payer avec un carte-débit, il n’est pas vraiment nécessaire de payer avec une carte de crédit. Vous avez le choix.

8 Commentaires

Classé dans Actualité, Élections, économie, Philippe David

8 réponses à “L’ange et la bête

  1. gdm

    « aucune politique ne peut aller à l’encontre de la loi de l’offre et de la demande », dit Paul Krugman, prix Nobel d’économie.

    Il est triste de voir que certains politiciens ignorent encore cette loi fondamentale de la science économique. Un prix imposé par l’Etat provoque nécessairement une perte pour l’ensemble des vendeurs et une autre perte pour l’ensemble des acheteurs. A l’université, dans le monde entier, chaque prof d’économie l’enseigne à ses étudiants. Et aussi bien les profs de gauche que les profs de droite.

    Bon, il existe de rares cas où le marché dysfonctionne. Et lorsqu’on analyse, les causes du dysfontionnement proviennent le plus souvent d’une réglementation défectueuse. Et alors, le plus souvent, l’intervention de l’Etat est pire encore. Et ces cas sont infiniment plus rares qu’on ne l’imagine.

    Pour un politicien, tous les arguments sont bons pour séduire. Même les mensonges.

  2. @gdm

    Pour une rare fois, je suis d’accord avec Krugman… Mais ses recommandations de politiques dernièrement le contredisent.

    Bon, il existe de rares cas où le marché dysfonctionne. Et lorsqu’on analyse, les causes du dysfontionnement proviennent le plus souvent d’une réglementation défectueuse. Et alors, le plus souvent, l’intervention de l’Etat est pire encore. Et ces cas sont infiniment plus rares qu’on ne l’imagine.

    Et pourtant, nous persistons dans l’erreur.

  3. Céline Lagacé

    Ce fut longtemps le marketing des cartes de crédit «Servez-vous en intelligemment». Mais il semble que l’attrait à la consommation supplante l’intelligence. La sollicitation pour dépenser toujours plus et ainsi faire tourner la roue de l’économie est omni présente. Tout le marketing est axé sur la surconsommation «Achetez maintenant et payez dans un an, dans 18 mois sans intérêt!!!» Ce que les gens en général ignorent, c’est que ces intérêts sont calculés, inclus dans les prix, cachés dans le calcul du coût de vente et que en conséquence, tout le monde se partage ces intérêts camouflés dans le prix d’achat même en achetant comptant. Les compagnies et les commerces ne sont jamais perdants. Voilà!

  4. Fernand Cloutier

    Les gouvernements n’auraient jamais dûs accepter que le crédit existe.
    Ils l’ont acceptés pour qu’eux mêmes puissent empruntés .
    Qui profitent de tout celà, les « prêteurs » qui récoltent la richesse du peuple.
    La population mondiale va payer cher pour s’être faite embarquer dans ce stratagème mortel par le crise qui commence et qui sera extrêmement pire que la crise de 1929 car les gens des pays industrialisés sont « gâtés » à l’extrême en étant pas habitués à attendre d’être capables d’acheter comptant.

  5. sopadeajo

    « Selon les dernières statistiques, le fardeau d’endettement des canadiens est de 148% de leur revenu disponible, ce qui signifie qu’un ménage canadien qui dispose de $60 000 par an après impôt a typiquement $90 000 de dettes. C’est énorme. Dans ce contexte, je vous soumettrait que le problème n’est pas que les taux d’intérêts des cartes de crédit sont trop élevés, mais qu’ils ne le sont pas assez. »

    Le problème avec l´économie et la loi de l´offre et de la demande et sa généralisation à la maxime: « l économie s´autorégule savamment toujours et tend à l´équilibre » c´est qu´elle est plus compliquée qu´il n´y paraît et qu´elle n´es t pas linéaire: vous n´allez pas obtenir, par exemple en réduisant de 50 % les taux d´intêret 50 % de consommation de plus.
    Il y aun facteur temps/habituation qui fera, par exemple, que des taux d´intêret trop élevés des cartes de crédit, ne dissuadent pas les gens de ne pas les utiliser, contribuant à un acroissement général de l´endettement, comme le montrent par ailleurs les chiffres s´ils ne sont pas faux (150 % d´endettement c´est énorme et prouve que l´économie est loin d´être en équilibre. Je suppose que cet endettement est similaire dans les pays Européens et aux étatsunis).

    La conclusion que vous prenez: « le problème n’est pas que les taux d’intérêts des cartes de crédit sont trop élevés, mais qu’ils ne le sont pas assez », directement tirée de l´équilibrisme trop linéarisé offre/demande est fausse. Il ya des marges, des zones d´ombre, de non linéarité, de comportement casi aléatoire ou chaotique (mathématiquement parlant), de poussée vers la consommation qui font que ce soient les banquiers qui ont tort: 17,5 % d´intêret en moyenne, c´est un abus

  6. sopadeajo

    « Selon les dernières statistiques, le fardeau d’endettement des canadiens est de 148% de leur revenu disponible, ce qui signifie qu’un ménage canadien qui dispose de $60 000 par an après impôt a typiquement $90 000 de dettes. C’est énorme. Dans ce contexte, je vous soumettrait que le problème n’est pas que les taux d’intérêts des cartes de crédit sont trop élevés, mais qu’ils ne le sont pas assez. »

    Le problème avec l´économie et la loi de l´offre et de la demande et sa généralisation à la maxime: « l économie s´autorégule savamment toujours et tend à l´équilibre » c´est qu´elle est plus compliquée qu´il n´y paraît et qu´elle n´es t pas linéaire: vous n´allez pas obtenir, par exemple en réduisant de 50 % les taux d´intêret 50 % de consommation de plus.
    Il y a un facteur temps/habituation qui fera, par exemple, que des taux d´intêret trop élevés des cartes de crédit, ne dissuadent pas les gens de ne pas les utiliser, contribuant à un acroissement général de l´endettement, comme le montrent par ailleurs les chiffres s´ils ne sont pas faux (150 % d´endettement c´est énorme et prouve que l´économie est loin d´être en équilibre. Je suppose que cet endettement est similaire dans les pays Européens et aux étatsunis).

    La conclusion que vous prenez: « le problème n’est pas que les taux d’intérêts des cartes de crédit sont trop élevés, mais qu’ils ne le sont pas assez », directement tirée de l´équilibrisme trop linéarisé offre/demande est fausse. Il ya des marges, des zones d´ombre, de non linéarité, de comportement casi aléatoire ou chaotique (mathématiquement parlant), de poussée vers la consommation qui font que ce soient les banquiers qui ont tort: 17,5 % d´intêret en moyenne, c´est un abus qui ne peut être expliqué par les équilibres macro-économiques de l´offre/demande. Les banquiers sont en cela bien des usuriers qui font leur mois d´août avec les pulsions irréfrénables des gens vers la consommation, que le capitalisme prend bien soin de créer.
    Notez que je suis en traîn de dire que tout le libre-échangisme et tout le capitalisme est une merde; j´ai vu la merde des dirigistes « socialistes » qui est encore bien pire. Mais il faudrait être un peu plus fin dans les analyses.
    Pour ma part, j´ai refusé une carte de crédit avec ma Caisse d´Epargne; mais ils t´en imposent une de toutes façons que j´utilise toujours seulement comme carte de débit (je ne voulais qu´une carte de débit, pas de crédit, mais ils ne donnent plus à personne des cartes de seul débit: le crédit est donc un option obligatoire ) et j essaie toujours de payer avec des billets pour ne pas m´habituer. Mais la tentation, qu´il faut résister, est au coin de la rue, et poussera des gens très rationnels à payer, pour pouvoir consommer , des taux d´intêret de 17, 5 % indécemment élevés. Il faut faire baisser ces taux pour ne pas ruiner les ménages et faire des campagnes publicitaires contre l´excès de dépenses à la consommation quotidienne: n´utilisez pas les crédits abusifs des banques voleuses! J´ai bien dit: banques voleuses ! Il n´y apas ici l´équilibre offre/demande, seulement le vol.

  7. sopadeajo

    Je m´excuse du premier mauvais envoi. Une touche du clavier l´a involontairement provoqué.

  8. sopadeajo

    En d´autres termes: nous constatons clairement qu´il y a un déséquilibre économique: 150 % d´endettement. La conclusion fausse est celle qui affirme que les banquiers rendent un grand service en plaçant l´intêret à 17, 5 % parce que le peuple est incapable de modérer sa consommation. La conclusion fausee est celle là: banquiers virtueux, peuple fautif. Est-ce que le capitalisme n´est pas , lui aussi ,fautif, en incitant sans cesse à consommer: « achetez maudits, nous payons pour vous, ne vous en faites point, on régulera bien quelque part…lorsque vous ne pourrez plus arrêter l´aliénation de consommer sans cesse » ?

    Voulez vous que les banquiers, monsieur David établissent un taux d´intêret à la consommation par carte de crédit de 30 % ou plus, de
    l ´authentique dissuation de type péril nucléaire ?

    Voyez la différence entre le prix de l´argent établi par les banques centrales et le prix du crédit à la consommation. Ce n´est pas de l´équilibre économique mais un excès d´enrichissement des banquiers: 25 % de bénéfices de plus par an chez moi. Leur capital multiplié par plus de 100 tous les 21 ans !!! Tel est le vrai déséquilibre!

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