Le systeme de gouvernement que nous avons ne va plus. Il y a mille choses à faire pour la santé, l’éducation, la justice, la redistribution du travail et de la richsse, maintenir la paix dans le monde, mettre fin à la misère dans un société globale d’abondance et rebâtir TOUT DE SUITE une structure monétaire et financière stable avant que tout ne s’effondre. On ne les fait pas.
Mille choses à faire, mais l’oligarchie au pouvoir n’acceptera pas de bon gré la réforme d’un ordre social privilégiant les forts et les nantis en fonction directe de la force et de la richesse de chacun. La plupart de ceux qui comprennent le fonctionnement du Système admettent discrètement que celui-ci va vers sa perte, mais une majorité effective de nos dirigeants se plaisent encore à penser que le déluge ne commencera que le lendemain de leurs obsèques. Si on veut entreprendre la transformation de nos institutions, il faudra le faire en opposition au Pouvoir et donc créer d’abord un large consensus contre l’ordre établi.
Qu’on ne rêve surtout pas que ce consensus se bâtira autour d’un ensemble complexe de propositions, comme le Programme pour une Nouvelle Société, par exemple. Le consensus large qui engagera le processus de renversement du Système n’est possible que s’il présente une seule revendication. Une seule. Il faut frapper un seul coup fatal à la jugulaire du Système
Cette revendication doit être extrêmement simple – donc facile à comprendre – et immensément populaire. Il faut que le Système ne puisse la rejeter, mais que, l’acceptant, il ouvre la porte à des changements irréversibles. Y a-t-il une revendication qui puisse satisfaire à ces deux (2) exigences? OUI. C’est celle d’instaurer une véritable démocratie. C’est au nom de la démocratie et sur le terrain de la réforme des institutions démocratiques qu’il est possible d’établir un vaste consensus contre l’ordre établi.
Qu’est-ce qui permet de penser que l’on puisse réussir ce coup de force? La conjoncture de deux (2) faits dont résulte une situation explosive. Le premier, c’est que pour lutter efficacement contre le fascisme et le communisme à la fois, le système a si totalement conditionné la population à vénérer le mot “démocratie” qu’il s’est piégé à ne pouvoir la lui refuser. Le second, c’est que la démocratie a été si ostensiblement mise au rancart, que tout le monde peut constater qu’elle n’existe plus.
La démocratie n’existe plus, car nous avons rompu avec l’idéal du citoyen se prononçant sur les grandes orientations de la société et confiant à ses représentants le mandat de réaliser ses voeux. Ce que nous avons, désormais, c’est une structure politique pseudo-démocratique à trois volets d’importances bien inégales.
En première ligne de la pseudo-démocratie actuelle il y a le député, devenu désormais sans importance réelle. C’est pour lui que l’électeur vote et c’est lui, en principe, le représentant de l’électeur. En fait, cependant, l’électeur doit voter à la fois pour un candidat député et un programme de gouvernement (parti); il choisit donc, la plupart du temps, de sacrifier celui-là à celui-ci, votant pour le parti qu’il préfère sans égard à la personnalité du candidat.
En pratique il a bien raison, car le député élu n’aura jamais le moindre mot à dire dans le processus de gouvernance; mais le résultat en est que le citoyen ne se sent plus vraiment représenté par celui-là même auquel il a accordé son vote et que le député, déjà privé de pouvoir, n’a même plus la légitimité d’un mandat populaire réel.
En deuxième ligne, il y a les partis politiques. Ce sont eux qui ont la mission de réunir en un tout cohérent et de formuler de façon crédible les programmes entre lesquels une société démocratique devrait choisir. S’en acquittent-ils? Dans la réalité, le Système tend vers l’existence de deux (2) partis seulement, tous deux aussi près du centre que possible et donc pouvant partager un meme programme.
Les tiers partis? Un « tiers parti », naissant à la marge, ne peut accéder au pouvoir que s’il tend rapidement vers le centre et assimile, investit ou détruit l’un des deux partis traditionnels. Ainsi on a vu au Québec l’Union Nationale remplacer les conservateurs, puis le Parti Québécois remplacer l’Union Nationale. À Ottawa, on a vu le Reform remplacer le Crédit Social dans puis devenir l’Alliance redevenant finalement les “Conservateurs” et recréant le bipartisme qui permet de garder l’apparence d’un choix des électeurs… mais le forçant à choisir au centre entre bonnet blanc et blanc bonnet.
En troisième ligne, derrière les députés-poteaux totalement inutiles et les partis interchangeables qui n’offrent plus que le choix entre deux visages de leaders, il y a le vrai pouvoir politique: un fonctionnariat inamovible qui poursuit, quels que soient les élus, la réalisation d’un seul et même programme de gouvernement: l’agenda néo-libéral de l’hyper-pouvoir financier. On maquille cet agenda en bleu ou en rouge, mais nul ne le remet en question.
Cette structure à trois volets dont le troisième est occulté n’a de démocratie que le nom et le peuple en est bien conscient. C’est à cette structure pseudo-démocratique que, selon un sondage de l’Actualité publié il y a quelques années et qui a fait grand bruit, 96% de la population ne fait plus “entièrement confiance” aux politiciens … Elle a bien raison ! Mais si ce 96% de la population qui ne lui fait plus “entièrement confiance”… ne lui fait plus du tout confiance, le système est discrédité et meurt.
Il meurt, parce que le système ne peut pas modifier les règles du jeu politique CONTRE la démocratie par la répression dure à laquelle donnerait lieu, par exemple, une tentative même timide de redistribution de la richesse. Dénoncer la démocratie dont on a fait la pierre d’assise de la société, ce serait pour la gouvernance inviter une insurrection immédiate.
Instaurer une véritable démocratie, c’est donc prendre le pouvoir par surprise, peut-être même sans coup férir. Tout le reste viendrait par surcroit, car ce que veut le peuple est aux antipodes des politiques actuelles. Une vraie démocratie peut naitre si le système actuel est discrédité.
C’est l’abstention ou l’annulation du vote qui discrédite le Système en enlevant sa pseudo légitimité au processus électoral. Quand une majorité de la population refuse de s’exprimer, la non-représentativité des élus apparaît. On crée une situation où sans violence, mais sans préjugés, on peut regarder de plus près si le gouvernement ne viole pas les droits du peuple en faisant le contraire de ce que celui-ci demande.
On peut légitimement se demander si le peuple n’en acquiert pas des droits sacrés… et des devoirs dont le premier est celui de la désobéissance. Un système auquel on n’obéit plus est mort. Le discrédit qui découle de l’abstention le tue. Une grave décision, mais y a-t-il une alternative acceptable réaliste ?
Pierre JC Allard