Archives quotidiennes : 29 août 2011

Le post-abortum de l’indépendance du Québec

 
 

 

On n’en finit plus de souffrir des sequelles de cet enfant qui n’est pas né. On n’a jamais fait le deuil ni le curetage.  Est-ce qu’on va bientôt en sortir et faire autre chose ?   Il faudra encore combien de temps pour que  l’on comprenne enfin que le monde de 2011 n’est pas le monde de 1960 et que l’indépendance dans le sens dont en  parlaient André d’Allemagne, Bourgault, Levesque  et les autres, est aujourd’hui aussi dépassée que le régime féodal et le droit de cuissage ?

On peut bien garder le mot et le faire mijoter autrement, pour que le potage épaississe, devienne une sauce et qu’on puisse napper de « souveraineté » le statut qu’on donnera au Québec dans l’Union Nord Américaine, mais il faudrait comprendre que l’interdépendance a remplacé l’indépendance.  Comme la « France éternelle » est à devenir une  division culturelle  pittoresque d’une Europe qui ira de Brest à Behring.

On vit tassé sur une Terre retrécie. Chaque nation ne peut plus faire que ce qui n’embête pas trop les autres, puisque sans les autres elle ne peut pas survivre.  70 % et plus des lois qui s’appliquent en France sont déjà conçues et décidées à Bruxelles et le Québec verra les siennes approuvées à Washington, même si pour nous faire plaisir on les signera à Ottawa… ou sur la Grande-Allée.

Notre défi, comme Québécois, n’est pas d’en faire plus que ce que nous pouvons, mais de  faire mieux ce qu’il nous appartient de faire.Nous pouvons faire mieux sans changer un iota des pouvoirs dont dispose le Québec. Mieux en Education, mieux en Santé, mieux pour l’accès à la justice, pour une distribution plus équitable du revenu et de la richesse, pour diffuser notre culture, etc…

On fera mieux si on fait un peu de politique, mais quand on regarde se dessiner la nouvelle carte poliique du Québec qui prendra acte de la fin du Parti Québécois, on se désole.  On voit que l’avenir immédiat risque de scinder en deux ou trois volets les clientèles crypto ou pseudo souverainistes « molles » du PQ  – avec sensibilités de gauche ou de droite tout aussi velléitaires –  laissant isolé un noyau d’irréductibles « séparatistes», insensibles à tout sauf  à la  nostalgie des mots eux-mêmes et qui fera sagement son deuil d’accéder jamais seul au pouvoir.

Ils offriront quoi ces Marois, Legault, Duceppe, Curzi, Khadir, Deltel ?  Quoi de neuf ?  Quoi d’autre que les sempiternelles jérémiades en variations sur le thème des relations entre Ottawa et Québec ?  Si l’un ou l’autre d’entre eux, ou un chevalier blanc sorti d’une boîte a surprise, ne rompt pas avec cette vision passéiste – en disant brutalement que le mot même  d’indépendance est tabou – aussi bien nommer Charest Premier Ministre à vie ! Il faut que quelqu’un apporte aux Québécois un NOUVEAU projet.  Un changement qui modifie vraiment leur vie quotidienne et crée un ENTHOUSIASME.

Du neuf. On n’a pourtant vraiment que l’embarras du choix, car RIEN ne fonctionne très bien au Québec et on n’a RIEN proposé d’original depuis le premier gouvernement Levesque de 1976.  Toute notre structure sociale a la vetusté de ces structures en béton qui s’effondrent maintenant partout, parce qu’on a cru que le petit moment de travail sérieux qu’on a fait il y a des décennies réglerait tous les problèmes pour l’éternité.

Or ce e n’est pas ça. Ni pour le béton, ni pour les idées.  Si le monde était ainsi fait, Obama serait Pharaon, le Pape nous dirait encore comment gérer nos vies de couple et on achèterait tout des Chinois en les payant en opium ou en verroterie.  Tout est à remettre à l’heure. Il faut se recréer une société.

Il faudrait le faire partout, mais notre défi de Québécois est de le faire au Québec.  Idéalement, on changerait tout, mais ne changer qu’UNE SEULE CHOSE  serait déjà merveilleux. Un éveil/réveil. Un pas hors de la complaisance béate dans l’insignifiance qui est la source de l’injustice, puisqu’elle  nous convainc que la justice sociale est une chimère et ne signifie rien.

Il y a tant de choses qu’on pourrait proposer. Il ne manque que les méninges – un peu – et des couilles, beaucoup… Dans les paragraphes qui suivent il y a des liens. Je vous suggère de les garder en référence.  Inutile de les ouvrir aujourd’hui, on va se perdre…  Il y a tant de choses à faire.

On pourrait, par exemple, mettre en place un revenu et un travail garanti pour tous, supprimant la misère du Québec (où un enfant sur trois aujourd’hui vit sous le seuil de la pauvreté).  Difficile ?  Facile au contraire. En un an.  Un trait de plume, quelques fonctionnaires affectés à un travail utile et la VOLONTÉ de le faire.

http://nouvellesociete.wordpress.com/travail/

Restructurer l’éducation autour d’une relation de longue durée entre un enseignant et une cohorte d’apprenants. La pédagogie est l’affaire de l’enseignant ; l’Etat établit les objectifs, gère les examens (docimologie) … et ferme sa gueule. Quand il s’en mêle davantage, il nuit.

http://nouvellesociete.wordpress.com/education/

Créer un systeme de santé efficace, en formant d’abord les ressources dont nous avons besoin et en écrasant brutalement tous les corporatismes. Après, établir une relation de confiance entre un médecin payé par capitation et ses patients, avec EN SOUTIEN les spécialistes requis et, à la disposition des ressources médicales, les ressources matérielles hospitalières et pharmaceutiques.

 http://nouvellesociete.wordpress.com/s-80-essais-sur-la-sante/

Décréter que toute cause civile d’origine contractuelle se règle en première instance par arbitrage, avec un appel possible au tribunal civil, mais TOUTES AFFAIRES CESSANTES, alors, mettant fin à ces délais malhonnêtes qui n’enrichissent que les avocats et font que la justice n’existe que pour les riches et n’est qu’un chantage  institutionnalisé.

http://nouvellesociete.wordpress.com/justice/

Remettre à l’heure du jour la loi 101, qui a le double démérite d’être d’une part inutilement vexatoire pour les minorités linguistiques… tout en étant, d’autre part, tout a fait insuffisante pour garantir que le Québec soit et reste français.

http://nouvellesociete.wordpress.com/2008/09/17/188-quebec-francais-1/

Et il y a d’autres questions à régler, pour gérer la culture, le droit à l’information, la fiscalité…. Mais faire au moins QUELQUE CHOSE.. Une seule… pourvu qu’elle soit bonne.

Il y a aussi VRAIMENT des contentieux à discuter entre Québec et Ottawa. La représentation du Québec et de ses intérêts à l’étranger par exemple. L’immigration qui est aujourd’hui un partage bancal des responsabilités. La défense nationale…  Mais cessons la rengaine que les priorités sont la !   Derrière tout ça, il y a, surtout, la monnaie. On le sait, mais ne soyons pas naïf au point de croire que c’est Ottawa qui en décide. Élisons au Québec un gouvernement qui fera ce qu’il PEUT faire.

Il y a des choses dont on devrait parler et sur lesquelles la population devrait opiner. Il faudrait que s’ouvre un débat politique sur ce que nous voulons être comme société, et que ceux qui prétendent nous gouverner s’identifient aux options entre lesquelles nous voulons choisir. Pour l’instant ils se comportent comme des pantins : des poupées qui semblent toutes se coucher et dire « Maman » quand on les paye.

Pierre JC Allard

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