Archives quotidiennes : 12 septembre 2011

La démocratie à prendre…ou à laisser

 
 


J’entends par « démocratie » la doctrine politique qui veut confier la gouvernance de l’État au peuple et j’appelle « démocraties » les États dans la mesure où cette doctrine y est appliquée… et selon l’évolution de la pensée politique

Aujourd’hui, démocratie signifie que le pouvoir formel de décision de l’État appartient à la majorité de ses citoyens, mais on accepte généralement que ce pouvoir soit : a) délégué à des représentants du peuple et b) encadré par une loi fondamentale (constitution), ou une éthique transcendante qui fait consensus et protège les minorités de la tyrannie d’une majorité.

Le démocratie ainsi définie a si bonne presse, que même les États qui ne laissent aucun pouvoir significatif à leurs citoyens mettent aujourd’hui beaucoup d’ingéniosité à se prétendre démocratiques.

Pourquoi cette cote d’amour, alors qu’il est bien clair qu’il n’est pas efficace d’accorder la même valeur à l’opinion de celui qui s’y connaît qu’a celle de celui qui ne s’y connaît pas ? L’efficacité n’est-elle pas nécessaire à la survie de l’État ?

C’est que l’on triche un peu… Le démocratie réussit son opération de charme grâce à une myriade de clins d’œil et de sourires complices. On dit que « va de soi » tout ce qui ne va pas du tout et un Talleyrand qui s’y opposerait ne ferait pas vieux os…

Ainsi, il va de soi que Quidam Lambda ne s’y connaît ni en géopolitique, ni en stratégie militaire et nos chefs militaires sont donc nommés et non élus. Normal. Après tout, Q.L ferait-il voter ses copains, si son cardiologue lui recommandait un pontage ? Petit clin d’œil pour dire que tout le monde ne peut pas donner une opinion sur tout…

Notre ami Q.L ne sera pas non plus consulté, s’il s’agit d’envahir l’Afghanistan ou la Libye. Que connaît-il des implications économico-politico-culturelles d’une intervention au Mahreb ou en Asie centrale ? Autre clin d’œil, mais si son fils est tué a Kandahar, dans une guerre dont il n’a pas décidé et dont la majorité des citoyens ne veulent pas, ce sera un bien triste sourire…

Comme Quidam Lambda ne s’y connaît pas en finances, on ne lui demandera pas non plus son avis pour que la France abandonne à une Banque Central Européenne son droit de battre monnaie. On décidera aussi, sans lui en parler, de payer en « intérêts » l’équivalent de tous les gains de productivité que la Nation a fait depuis trente ans, créant une dette de pure complaisance qui garantira que les pauvres restent toujours à leur place dans l’échelle sociale.

QL ne s’y connaît pas davantage en éducation, en santé, en culture, en sécurité, en création d’emplois, en démographie… On ne le consultera donc sur rien. Il est « représenté », bien sûr, mais celui qui le représente ne connaît vraiment bien qu’une seule chose : l’art de se faire élire.

Les députés, les ministres, le président ne connaissent pas autre chose, car se faire élire est un travail à plein temps. Aucun de ceux qui représentent Q.L ne connaît ce qu’il faut pour gérer un État, sauf les experts – fonctionnaires ou conseillers – qui ont consacré – du moins on l’espère – le temps qu’il fallait pour en connaître quelque chose.

Notons bien : pas tout en connaître, mais « en connaître quelque chose ». Chacun, comme les aveugles de la fable, connaît bien, qui la trompe, qui les oreilles, qui la queue de l’éléphant, mais personne ne connaît bien l’éléphant qu’est le système. Chacun agit dans sa sphère de connaissance – au mieux de ses propres intérêts, n’en doutez pas un instant – mais qui coordonne la trajectoire de l’éléphant ?

On peut croire que la grosse bête folâtre à sa guise dans les cultures, en faisant surtout des dégâts ou, si on est « conspirationniste », croire qu’une force occulte gère le tout. Le plus probable est sans doute que des groupes d’opportunité se font et se défont, puis s’entendent pour servir un temps de cornac à l’éléphant…

On choisit la thèse qu’on veut, mais ce qui est sûr, c’est que ni ce que les statisticiens appellent « la marche de l’ivrogne », ni une quelconque théorie du complot, ne sert au mieux les intérêts de Quidam Lambda.

Ce qu’on fait les sert même si mal, que c’est devenu une évidence crasse que la démocratie est un mode gratifiant de gouvernance, mais ne remplit pas ses promesses et qu’il faille changer la démocratie ou y renoncer.

Présentement nous sommes à y renoncer, en permettant que l’INFORMATION sans laquelle aucun choix pertinent n’est possible soit de plus en plus biaisée, partiale, ridiculement incomplète. En l’absence d’information, pas de vraie consultation possible et tout tend donc à favoriser une cession du pouvoir à des institutions non-démocratique, comme la Commission Européenne, laquelle fait ou inspire déjà la majorité des lois d’un pays membre comme la France.

Il y aurait beaucoup à faire pour ramener la démocratie en France, mais ne faisons ici qu’une suggestion: banaliser le processus référendaire, pour que le peuple puisse s’exprimer plus souvent sur des aspects sectoriels de la politique de l’État. On pourrait ainsi donner au peuple un droit de veto absolu sur certaines décisions spécifiques. Une mesure facile et peu couteuse à prendre, mais bien motivante, car le peuple, qui ne sait pas toujours dire ce qu’il veut, sait cependant toujours dire ce qu’il ne veut pas !

On pourrait aller plus loin en soumettant aussi au peuple, en forme référendaire, les propositions de lois du gouvernement et celles d’autres experts, laissant finalement le peuple mieux informé trancher, en choisissant celle qu’il préfère des alternatives COHERENTES qu’on pourrait lui offrir.

Pourquoi, par exemple, en démocratie – sachant preuves à l’appui qu’on ne peut faire les trois (3) – ne serait-ce pas au peuple de choisir s’il veut qu’on réduise (augmente) les taxes et impôts, qu’on réduise (augmente) les services ou qu’on réduise (augmente) la dette publique ?

Un pas vers la démocratie. Il faudrait bien, aussi, que soient élus en France en 2012, et dans les autres pays d’Europe à la première occasion, un président et une Assemblée qui posent clairement un ultimatum à Bruxelles.

Soit une Europe démocratique, avec un Président élu au suffrage universel, disposant du pouvoir exécutif selon le modèle USA en tout ce qui concerne les pouvoirs délégués aux instances européennes en y ajoutant le CONTRÔLE SUR LA BCE… Soit pas d’Europe, ou une Europe sans la France.

Pierre JC Allard

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