Archives quotidiennes : 13 octobre 2011

DES EXTRÊME-DROITES ET DES NATIONS


Je lis la revue Relations, celle des Jésuites, depuis l’âge de 18 ans. C’est-à-dire depuis une soixantaine d’années. Cela me donne une certaine perspective sur cette aventure bien québécoise de la pensée. Je vois, aujourd’hui, que la saveur jésuite – pas étrangère à la qualité de l’intellect – est quasi disparue; le Québec, d’évidence, n’est pas un très bon terreau pour la Compagnie de Jésus.

Dans le dernier numéro, celui de septembre, par exemple, on ne voit qu’une seule signature suivie de ces deux lettres caractéristiques «s.j.» et c’est celle d’un prêtre latino-américain. On me permettra d’être un peu nostalgique de ces temps où l’esprit des jeunes religieux d’ici formé à la dure s’exprimait de facon éclatante et claire. Je n’étais pas toujours d’accord avec eux, mais il me fallait de bons arguments pour oser contester.

Aujourd’hui, la rédaction s’est laicisée et féminisée. La direction compte trois femmes et un homme, celui-ci, M. Jean-Claude Ravet, est rédacteur en chef. C’est le nouvel ordre des choses. Les hommes d’ici, au fond, ont apparemment moins de choses à dire et le disent moins souvent.

Je ne me plains pas. Car le porte-voix Relations poursuit, grosso modo, les mêmes objectifs qu’avant. La chose sociale, sous tous ses aspects, est prise en compte, décortiquée et évaluée à vaux l’eau, comme ce dossier de ce mois sur l’engagement de la jeunesse… Cet engagement pour la chose sociale, celui du moment présent, se trouve en quelque sorte dans le prolongement de celui qui dominait lorsque j’étudiais le latin au Collège Sainte-Marie; c’est-à-dire au moment où il ne manquait pas de grands esprits jésuites en rhétorique ou en philosophie; tout comme en éléments latins du reste!

Et c’est ainsi que Relations prenait le parti social de promouvoir le syndicalisme tout autant que le christianisme; les deux étant du pareil au même. Je sentais, toutefois, que le corps professoral, comme la revue Relations elle-même, défendaient du même coup la nation québécoise en son essence (on disait canadienne-francaise à l’époque). Pour eux l’existence collective était tout aussi réelle que l’individuelle et que les injustices à combattre étaient tout aussi collectives qu’individuelles autant nationale que sociales.

Je me demande si, par les temps qui courent, il y a cette même ardeur, chez les élites qui scribouillent, à défendre (collectivement) le petit contre le fort? Le petit, culturellement, en Amérique du Nord, c’est principalement le peuple québécois, qui ne compte pratiquement pas d’alliés sur le plan international; lui qui se trouve laissé à lui-même et dont la culture est constamment grignotée au point où elle tend à disparaître par dilution.

Dans son éditorial de septembre, le rédacteur en chef, M. Ravet, s’en prend au péril – bien réel – que représente la poussée vers la droite à travers le monde, une vague qui apporte ses frissonnements jusqu’au Canada anglais et parfois au Québec. Il s’élève contre «un certain appel (nationaliste et généralisé) à la vertu comme à une innocence ou à une pureté perdue» et ceci aurait sa racine dans «la peur de l’étranger et l’obsession sécuritaire».

Il faut se demander, ici, s’il n’y a pas une distinction à faire. Ne faut-il pas établir que certaines situations nationales, comme celle du Québec, doivent être corrigées, protégées, au motif de la justice sociale et que cela n’a rien à voir avec l’extrême droite? Si je dis, par exemple, comme je le crois, que le seuil d’immigration, au Québec, devrait être réduit de moitié – pour diverses raisons – comme cela a été proposé récemment par des experts, est-ce que je dois être classé parmi les fascistes?

Je suis certain que je ne pense pas ces choses par «peur de l’étranger». Je les pense parce que la culture francaise d’ici aurait pu – est-ce possible encore? – avoir un effet calmant par rapport à la violence américaine. Un effet civilisateur peut être…! C’est parce que je veux «conserver» ma culture dans ce qu’elle a de meilleur : il y a des seuils d’immigration au-delà desquels les sociétés d’accueil meurent. Moi je veux vivre individuellement et collectivement. Il me semble que ces choses là devraient être dites et écrites plus souvent – au moins en filigrane – sans qu’il y ait autour de cela des odeurs d’extrémisme.

Jean-Pierre Bonhomme

7 Commentaires

Classé dans Actualité, Jean-Pierre Bonhomme

Les bé-belles à péage!!!


Un cinéma c’est une “bébelle” à péage. Lorsque je veux aller voir un bon film, je vais au cinéma et paie un frais d’entrée. Pour l’instant, les cinémas ne sont pas gouvernementaux. Donc, il est prouvé que l’entreprise privée construit et administre des cinémas d’une façon au sujet de laquelle personne n’a rien à redire.

Lorsqu’une entreprise privée veut construire un cinéma, elle se rend à la banque, fait un emprunt et paie cet emprunt avec les revenus des frais d’entrée. Les seuls qui défraient la note sont les « usagés » du cinéma en question. Ceux qui ne sont pas intéressés s’achètent des « cinéma-maison ».

Un « quéteu » c’est aussi une « bébelle » à péage. Il se tient sur le coin d’une rue, et les passants déposent des sous dans la petite assiette, ou encore, dans le vieux chapeau qui est devant le  « quéteu ».

Le service qu’il rend à la société se retrouve au niveau psychologique. Il laisse l’impression au « donneur » d’avoir aidé « son prochain » et d’avoir « combattu la pauvreté ». Par contre, le « quéteu » ne dispose pas d’une force policière « pour servir et protéger » qui s’assure que les passants donneront au « quéteu ». Les policiers ne prélèvent pas, non plus, dans la « petite assiette » sous prétexte que le quéteu bloque le trottoir avec ses jambes étendues.

De plus, le « quéteu » du coin de la rue, n’est pas un employé du gouvernement. On peut alors l’inclure dans « l’entreprise privée »; mais, lui, contrairement aux constructeurs de cinéma, n’a pas besoin des banques.

À l’époque chaque famille recevait le quéteu du village. C’était une sorte de « quéteu-maison »; mais ça n’existe plus.

Une péripatéticienne de la « minorité ethnique » (nom « politically correct » pour désigner une putain de toutes les couleurs) établit ses contacts sur le trottoir; pas tellement loin du quéteu. Lorsqu’on a besoin de ses services, on va prendre une marche et on débourse « à l’acte ». C’est, là aussi, de l’entreprise privée « à péage » sans l’aide des banques. Je ne sais pas s’il existe des péripatéticienne-maison » payée à l’acte. Ça me surprendrait puisque les couples travaillent et ne sont jamais à la maison.

Vous comprenez sûrement, maintenant, en quoi consiste le système « à péage ».


Comparons maintenant à l’entreprise publique :

On a besoin d’un pont?

Pas de problème, nos « élus » se rassemblent et en discutent.

Après quelques mois de tergiversation, on décide qu’on a besoin du pont, dont on avait besoin au début de la rencontre. Ensuite on « engage » des firmes qui détermineront le coût du fameux  pont. Déjà, les coûts commencent avant même de connaître ces coûts. Ajoutons que la discussion du début nous a déjà coûté les salaires des députés/ministres qui ont « confirmé » le besoin du pont qui était évident.

Après quelques  millions de dollars de « coût », on a établit que le pont coûtera 5 milliards de dollars. Ces 5 milliards seront prélevés sur le budget du Ministère des transports; ce qui est tout à fait normal.

Bravo! Nos impôts font des ponts.

-Mais, dis-moi; c’est quoi la pancarte sur le bord de la route, là-bas?

-C’est une pancarte disant : Vos impôts font des routes!!!

-Mais pourquoi est-elle toute délabrée?

-Parce qu’elle est vieille.

-Est-ce que ça signifie qu’on refait toujours le même bout de route?

-Ça alors; je n’y avais pas pensé, à celle-là!!!

On a besoin d’un système de santé performant?

-On y travaille messieurs-dames; nous, vos élus du gouvernement y travaillons constamment.

En fait, on y travaille tellement que les coûts de la santé engloutissent plus de 40% du budget gouvernemental. La santé c’est du sérieux!!!

Bravo! Nos impôts assurent notre santé.

Par contre, heureusement qu’on n’est pas malade; sinon, ho la-la; qu’est-ce que nous débourserions????

On a besoin d’un système d’éducation  efficace?

-Pas de problème messieurs-dames, on se penche sur la situation avec réflexion et toutes nos compétences. Comme vous le savez, nous avons construit des CEGEPS;

-mais peut-être devrions-nous les éliminer?

– Nous avons des commissions scolaires depuis les tout débuts du système d’éducation.

-On devrait peut-être les faire disparaître?

-Nous avons installé l’instruction gratuite.

-Alors-là, ça n’a vraiment aucun sens, puisque notre système est un système d’ÉDUCATION. Pourquoi l’INSTRUCTION serait-elle gratuite.

-Messieurs-dames, après étude sérieuse de la part des compétences gouvernementales sur l’éducation, voici donc les changements que notre gouvernement décide d’y apporter.

-Non, attendez M. le ministre; ce ne sont pas ces changements-là!!!

-Ah bon! Alors voici les « vrais » changements.

-Non-non, vous faites erreur!!!

-Veuillez m’excuser, quelqu’un a mêlé mes notes. Le gouvernement à décidé de… mais nous avons décidé de… quoi au juste?

-Je ne sais pas; mais je pense qu’on devrait donner une augmentation de salaire aux enseignants.

-OK!

Nous avons besoin de garderies pour nos enfants (puisque les épouses sont obligées d’aller travailler pour assurer un revenu « convenable » à la famille).

-Pas de problèmes messieurs-dames, nous avons installé des garderies à 5 dollars.

-Oui mais ça ne marche pas!!!

-Pas de problèmes messieurs-dames, elles seront maintenant à 7 dollars.

-Non-non, ce que nous voulons dire c’est qu’il n’y en a pas assez.

-Ah bon! Mais nous allons nous occuper de ça tout de suite. M. Tomassi, auriez-vous les contacts nécessaires pour créer des garderies?

– Mais bin sûr M. le premier ministre; pas de problème, je m’en occupe.

Bravo! Nos impôts protègent nos enfants.

Permettons-nous d’installer une petite « oreille » lors d’une rencontre du gouvernement « à huis clos » où se font les études sérieuses.

-Mais c’est défendu!!! On n’a pas le droit!!!

-Ouais; pis après????………Ça se fait bien à Montréal!!!

Le premier ministre prend la parole :

-Messieurs, le Québec est aux prises de problèmes économiques très graves. Il faut trouver une solution. Je laisse donc la parole au vice-premier ministre.

-Monsieur le premier ministre, puisque les problèmes sont économiques, il est évident que le seul qui puisse les solutionner est le ministre des finances. Je passe donc la parole à M. Bachand.

-Merci M. le Vice-premier ministre.

Messieurs il n’y a pas réellement de problèmes. Il ne nous suffit que de nous décider de « porter la culotte » et de prendre les décisions adéquates pour le bien de tous.

-Que nous suggérez-vous M. le ministre des finances?

– Premièrement, il nous faut diminuer les dépenses. Pour ce faire, nous devrons considérer les choses d’une optique différentes.

-C’est-à-dire???

–  Le système « à péage » messieurs les ministres. Le système « à péage » résout tous les problèmes.

– Mais le système « à péage » consiste à quoi?

– Il consiste à faire payer un service par l’usagé de ce service. Par exemple, les ponts seront maintenant à péage. Les autoroutes seront aussi « à péage ». Ce seront, alors les automobilistes, usagés de ces services, qui défraieront le coût. Ce n’est que très équitable.

-Mais cela ne solutionnera certainement pas tous les problèmes.

-Détrompez-vous messieurs. Il faut simplement élargir l’optique du système « à péage ». À ce moment-là, les coûts de l’assurance médicament seront haussés, les étudiants devront débourser deux fois plus qu’actuellement pour leur instruction, les garderies passeront de 7 piasses à 15 piasses, on remboursera la dette en majorant la cotisation publique appelée « fonds des générations », on ajoutera un montant forfaitaire additionnel pour « ajuster » les coûts des médicaments, on diminuera la liste des médicaments remboursés par le gouvernement, on doublera la « cotisation » annuelle pour l’assurance maladie, on haussera le coût des immatriculations automobiles, on doublera les impôts lors des décès, on doublera le coût d’assurance automobile des personnes de moins de 21 ans (remarquez qu’on pourrait aller jusqu’à 25 ans) et, finalement, avant de prendre une dernière décision, j’ai besoin d’une information capitale.

-Quelle information m. Bachand?

-Je voudrais savoir si certains d’entre nous sont des adeptes de la moto?

-Hummmmm. Non. -Moi non plus; -non, -personnellement, je ne peux même pas tenir sur une bicyclette -moi non plus.

– Bon d’accord. Dans ce cas, le coût d’immatriculation et d’assurance pour les motos sera alors triplé. Voilà, M. le Premier ministre, les améliorations que nous devons apporter pour que les citoyens de notre beau Québec puissent bénéficier d’une qualité de vie incomparable dans le monde capitaliste actuel.

-Merci M. le ministre des finances. Je vous suis reconnaissant. Ça, c’est ce qu’on appelle du travail sérieux. Vous venez de sauver le Québec!!!

Bon. Eh bien moi j’arrête mon article ici et je vais prendre une marche. Je connais un « quéteu » pas mal moins exigeant, pis des pripapatété blabla, non seulement rouge, mais de toutes les couleurs, qui vont  me « fourrer » pour pas mal moins cher. Pour être plus précis : deux péages minimes.

Salut.

André Lefebvre

4 Commentaires

Classé dans Actualité, André Lefebvre, économie