L’affaire Duchesneau
M. Jacques Duchesneau est le grand responsable de l’obligation pour le gouvernement de mettre sur pied une “commission d’enquête » sur la collusion dans l’industrie de la construction qui était refusée depuis deux ans. Collusion qui implique le financement des partis politiques et qui, au premier chef, sabote notre système démocratique.
Pas besoin de vous dire quelle menace représente M. Duchesneau pour la politique québécoise. Voici ce que l’on peut lire chez Cyberpresse :
« L’ancien chef de la police de Montréal connaît la juge Charbonneau depuis très longtemps – du temps où elle était procureure aux assises. Il la tient en haute estime.
M. Duchesneau, maintenant sans emploi, a laissé cette porte ouverte hier en interview avec La Presse. (Il serait prêt à travailler avec elle si elle le lui proposait).
Il a rencontré vendredi matin le patron de l’Unité permanente anticorruption (UPAC), Robert Lafrenière. L’unité de M. Duchesneau, l’UAC (Unité Anti Collusion), a été intégrée à l’UPAC en septembre dernier. (Le gouvernement ne pouvait absolument pas laisser des « radicaux libres » dans son système de « deux mains sur le volant ». Remarquez qu’une commission d’enquête publique NORMALE serait également un « radical libre »).
La rencontre a été très brève, raconte M. Duchesneau. Son contrat, qui devait se terminer dans cinq mois, a été résilié pour manque de loyauté. Il ne reçoit pas d’indemnité de départ ni de compensation salariale.(Lui dont le travail sert maintenant à protéger un magot social de 40 milliards).
«M. Duchesneau avait fait connaître publiquement son opinion sur la structure et sur le chef de l’UPAC. Dans ce contexte, il était devenu impossible de poursuivre la collaboration avec lui», a expliqué Anne-Frédérick Laurence, porte-parole de l’UPAC. »
Donc, il est clair que si on n’adopte pas l’opinion du « cheuf », on ne peut pas travailler avec l’UPAC. Cela nous rassure de façon absolue sur l’intégrité que pourront démontrer les enquêteurs de l’UPAC. Il nous reste à déterminer qui est ce « cheuf » en réalité. Nous le ferons à la fin de l’article.
Ce n’est plus surprenant pour personne qu’une majorité d’enquêteurs d’expérience qui travaillaient pour M. Duchesneau, ont claqué la porte de l’UPAC, ne voulant pas porter le carcan qu’on voulait leur imposer. M. Lafrenière a maintenant les coudées franches, il vient de se débarrasser du dernier danger qui menaçait les politiciens québécois.
Le pire des commentaires qu’a fait M. Duchesneau est certainement le plus pertinent et donc, le plus dangereux.
Il a affirmé qu’il aurait été préférable que l’UPAC soit dirigé par un juge à la retraite plutôt que par un policier. Autrement dit : par quelqu’un qui possède une approche « d’analyse de systèmes illégaux », plutôt qu’une approche strictement répressive. (Remarquons, tout de suite, qu’un tel juge serait, lui aussi, un « radical libre »).
Cette remarque indique clairement que le rapport Duchesneau voulait souligner l’importance de démanteler un « système frauduleux imbriqué dans le système politique et social », plutôt que de « trouver des coupables » à donner en pâture aux médias, ce qui résulterait à garder intact le système frauduleux implanté.
La « mise à pied » de M. Duchesneau indique, avec tout autant de lumière, que le gouvernement s’acharne à mettre sur pieds des organismes qui dégoteront des « coupables » en ne risquant pas de déranger le fameux système outre mesure.
Comme nous le répètent si bien, et continuellement, certains ministres incluant le Premier, NOUS SOMMES DANS UNE SOCIÉTÉ DE DROITS; ce qui nous oblige à trouver des preuves que nous devons absolument protéger. Ici, on parle de preuves pour déterminer la culpabilité d’individus; et rien n’est plus exact que cette affirmation.
Par contre, ces preuves individuelles ne sont pas nécessaires, pour l’instant, pour parvenir à contrer la menace prioritaire qui plane sur notre démocratie. Le premier but à atteindre pour contrer cette menace, est de découvrir et de rendre public, ce système de collusion jusqu’au bout de ses ramifications. Ce n’est qu’après avoir réussit cela que nous pourrons déterminer les vrais coupables et éliminer le danger.
Il est clair que le gouvernement, à la lumière de ses agissements et de ses décisions, ne veut absolument pas clarifier ce système de collusion jusque dans ses plus « secrètes » ramifications. On peut se demander pourquoi si on veut, mais ce serait une perte de temps, on le devine; pourquoi.
Il faut se demander plutôt, pourquoi doit-on s’assurer que ce système de collusion soit rendu public. La réponse est très simple : C’est parce que l’information publique d’une telle menace sur notre société est un DROIT LÉGITIME de la population. Ce qui nous ramène au débat continuel entre ce qui est légitime et ce qui est légal.
Finalement ce « principe de base » d’une SOCIÉTÉ DE DROIT, derrière lequel se cachent constamment nos systèmes judicaire, législatif et gouvernemental est un principe qui ne répond pas et qui, même, s’oppose aux droits LÉGITIMES de la population. On le sait depuis longtemps : Ce qui est légitime n’est pas nécessairement légal. Est-ce une raison valable de se péter les bretelles à cause de notre fameuse SOCIÉTÉ DE DROITS? Au départ, ce n’est même pas logique.
Remarquez maintenant, à quel point est important ce rapport présenté par M. Duchesneau. Il ébranle les bases même du système social dans son intégralité. Il démontre la nécessité de replacer ce qui est LÉGITIME au-dessus de ce qui est LÉGAL. Il démontre que le législatif devrait défendre la « légitimité » au lieu de toujours défendre la « propriété des acquis». C’est quand même assez révolutionnaire comme situation.
Revenons à Duchesneau.
Il assure avoir entretenu d’excellents rapports avec M. Lafrenière. «On collaborait très bien. Quand des médias ont écrit que nous étions comme des coqs, on s’est appelés et on en a ri. Je ne renie pas ce que j’ai dit, mais ça n’a rien à voir avec lui, j’ai même vanté ses mérites, mais ce n’était pas dans l’article [de Michèle Ouimet].»
Donc Lafrenière et Duchesneau sont plutôt « copain/copain » et tout allait assez bien entre eux. Mais alors, qui a décidé de foutre Duchesneau à la porte?
Une seule réponse possible : celui QUI A LES DEUX MAINS SUR LE VOLANT. Lafrenière, directeur de l’UPAC, a reçu un « Post-it »; c’est clair!!!
Curieux tout de même, vous ne trouvez pas? De quel côté qu’on se retourne, que ce soit du côté de la commission d’enquête, du côté de la commission parlementaire sur la loi 33 qui sera passée INTÉGRALEMENT, ou du côté des enquêtes sur les systèmes frauduleux dans notre société, transparaît TOUJOURS l’ingérence politique continuelle du PREMIER MINISTRE qui protège ses arrières. Ce n’est certainement pas le genre de « transparence » qu’il souhaitait.
Y’a pas à dire; non seulement a-t-il les deux mains sur le volant, mais il se conduit comme un pied.
Note:
Il est important de s’élever contre l’ingérence illicite de certaines politiques dans la liberté administrative interne de d’autres sociétés, et j’en suis; mais il est impératif de déceler qu’il se passe le même phénomène d’ingérence politique illicite dans l’administration de notre propre société.
Amicalement
André Lefebvre