Archives mensuelles : novembre 2011

ENLEVER LE MASQUE (partie 2)

Avoir été capable de se créer un masque pour ne pas souffrir a été dans un sens un acte de courage, qui a aidé à survivre et à s’adapter à l’environnement dans lequel on évoluait. Rappelons les cinq blessures et les masques qu’elles incitent à porter :

Le FUYANT – masque de la blessure du REJET

Le DÉPENDANT – masque de la blessure de l’ABANDON

Le MASOCHISTE – masque de la blessure de l’HUMILIATION

Le CONTRÔLANT – masque de la blessure de la TRAHISON

Le RIGIDE – masque de la blessure de l’INJUSTICE

Petite mise au point. Nous NE PORTONS PAS TOUJOURS un masque, seulement lorsque nous avons peur de souffrir, de revivre la blessure que le masque est supposé protéger, ce qui peut se produire au cours de la journée, ou rarement, dépendant des personnes et de leurs blessures. De plus, nous ne possédons pas TOUTES les caractéristiques décrites dans l’article de la semaine dernière relatives à une certaine blessure. La description du caractère de chacun est là pour nous aider à nous reconnaître dans certains des comportements reliés à notre blessure.

Chaque type de caractère a tendance à se leurrer

S’il est très facile de voir objectivement les autres et leurs comportements, il n’en est pas ainsi pour nous-mêmes. Voici quelques leurres faciles à reconnaître.

Le FUYANT (masque de la blessure du REJET) se fera croire qu’il s’occupe bien de lui-même et des autres pour ne pas sentir les différents rejets vécus.

Le DÉPENDANT aimera faire l’indépendant et répéter à quel point il se sent bien seul et qu’il n’a besoin de personne.

Le MASOCHISTE se convaincra que tout ce qu’il fait pour les autres lui fait énormément plaisir. Il trouvera des excuses aux situations ou personnes qui l’ont humilié.

Le CONTRÔLANT sera convaincu de ne jamais mentir, qu’il garde sa parole et que personne ne lui fait peur.

Le RIGIDE aimera dire à tout un chacun combien il est juste, que sa vie est sans problèmes. Il aimera croire qu’il a beaucoup d’amis qui l’aiment comme il est.

Comment guérir les blessures?

Pour qu’un problème disparaisse, il faut d’abord le voir et l’accepter. S’accepter inconditionnellement, c’est-à-dire s’accepter même si nous ne sommes pas d’accord avec ce qui nous arrive et même si nous ne comprenons pas le pourquoi de certaines situations. Parfois, il faut même accepter de ne pas être capable d’accepter telle chose. Pour s’accepter véritablement, la notion de responsabilité est essentielle. En tant qu’être humain, on ne peut pas plaire à tout le monde et on a le droit d’avoir certaines réactions humaines qui peuvent déplaire.

Qui se cache derrière le masque?

Quand nous commençons à prendre conscience des peurs qui influencent nos pensées et nos comportements, le masque devient inutile, et tombe. Il n’y a alors plus de raison de stagner dans une énergie négative, réactive. Se révèlent alors dans toute leur plénitude nos forces innées. Si une personne par la suite réagit encore par la peur, au moins elle en sera consciente et pourra se regarder avec objectivité.

QUI SE CACHE DERRIÈRE LE MASQUE? Voici les forces cachées derrière les blessures et les masques.

DERRIÈRE LE MASQUE DU FUYANT (blessure du rejet) SE CACHE UNE PERSONNE …

• efficace, dotée d’une bonne endurance au travail, capable de travailler seule

• débrouillarde, douée d’invention, d’imagination, de créativité

• apte à réagir; habilitée à faire ce qu’il faut en cas d’urgence

• autonome

Lorsque le FUYANT prend de plus en plus sa place, ose s’affirmer, et ce, même si une autre personne semble oublier qu’elle existe, qu’elle peut quand même être bien dans sa peau, on peut dire que sa blessure est en voie de guérison.

DERRIÈRE LE MASQUE DU DÉPENDANT (blessure de l’abandon) SE CACHE UNE PERSONNE…

• habile sachant faire ses demandes. Qui ne se sent pas abandonnée si on lui dit non

• qui a des dons artistiques et de comédien. Personne qui sait capter l’attention des autres

• qui peut aider les autres sans entrer dans leurs problèmes

• qui, bien que sociable, a besoin de moments de solitude pour se retrouver

Lorsque le DÉPENDANT se sent bien, même seul, qu’il recherche moins l’attention, qu’il entreprend les projets qui l’inspirent, même si les autres ne l’appuient pas, on peut dire que sa blessure est en voie de guérison.

DERRIÈRE LE MASQUE DU MASCOHISTE (blessure de l’humiliation) SE CACHE UNE PERSONNE …

• audacieuse, aventurière, possédant de grandes capacités dans divers domaines

• sensible aux besoins des autres, capable de respecter la liberté de chacun

• qui est bon médiateur, conciliateur, susceptible de dédramatiser des situations difficiles

• joviale qui aime le plaisir et met les autres à l’aise

• généreuse, serviable et altruiste

• qui a des talents d’organisateur

• sensuelle, personne qui sait se faire plaisir en amour

• digne et fière

Lorsque le MASOCHISTE (blessure de l’humiliation) prend le temps de vérifier ses besoins AVANT de dire oui aux autres, et qu’il en prend moins sur ses épaules, cesse de se créer des limites, on peut dire que sa blessure est en voie de guérison.

DERRIÈRE LE MASQUE DU CONTRÔLANT (blessure de la trahison) SE CACHE UNE PERSONNE …

• qui possède des qualités de chef et qui, par sa force, est habile à rassurer et à protéger

• sociable, bon comédien, possède le talent de l’art de oratoire

• aide les autres à acquérir plus de confiance en eux, en faisant valoir leurs talents

• capable de déléguer – permet aux autres de se valoriser

• capable de gérer plusieurs choses à la fois, de prendre des décisions rapidement

• s’entoure des bonnes personnes pour passer à l’action

• capable de grandes performances et capacité de lâcher priser complètement

Lorsque le CONTRÔLANT réagit moins négativement quand les autres dérangent ses plans et qu’il commence à lâcher prise (signifiant arrêter de s’attacher aux résultats) et s’arrête de vouloir que tout se passe selon sa planification, on peut dire que sa blessure est en voie de guérison.

DERRIÈRE LE MASQUE DU RIGIDE (blessure de l’injustice) SE CACHE UNE PERSONNE…

• créative, très énergique, dotée d’une grande capacité de travail

• ordonnée et excellente pour produire un travail de précision

• qui a la capacité de simplifier et d’expliquer clairement

• très sensible et perçoit ce que les autres ressentent

• enthousiaste, vivante et dynamique

• qui, tout comme le FUYANT (blessure du rejet), sait quoi faire en cas d’urgence

Lorsque le RIGIDE (blessure de l’injustice) se permet d’être moins perfectionniste, de faire des erreurs sans vivre de colère ou de critique, qu’il se permet enfin de montrer sa sensibilité aux autres sans la peur d’être jugé, on peut dire que sa blessure est en voie de guérison.

Enlever le masque

En conclusion, les personnes qui se cachent derrière un masque sont tellement plus belles, productives et riches que les attributs même qu’elle se sont créés à travers le masque, pourquoi attendre? Oser enlever le masque, c’est oser se montrer dans sa vulnérabilité et sa condition humaine. Oser juste être soi, audacieusement, sans se laisser intimider par les peurs de rejet, d’abandon, d’humiliation, de trahison et d’injustice.

Un aveu de mon plus jeune frère lors d’une réception m’avait profondément touchée : «Je n’apprécie plus les personnes trop parfaites, lisses, que l’on ne peut jamais atteindre… les personnes qui me touchent, maintenant, sont celles qui montrent leur vulnérabilité. Elles sont attachantes. Je les crois dans leurs propos. Elles me touchent.»

Ces personnes qui ne sont plus occupées à bien paraître et à chercher l’approbation, à être parfaites, ou à avoir peur d’être rejetées, ont de l’énergie à consacrer au bien du tout. Elles aiment et accueillent les autres pour ce qu’ils sont. Alors, telle l’image qui apapraît en début d’article, nous rayonnons dans l’univers.

CAROLLE ANNE DESSUREAULT

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Classé dans Actualité, Carolle-Anne Dessureault

LE RETOUR DES RÉVOLTÉS – LE CAIRE QUE NOUS AIMONS

 
 

 
 

Ce n’est pas une seconde « révolution » qui a pris corps au Caire le 19 novembre dernier, c’est plutôt la première révolte égyptienne qui s’est ravivée – elle couvait toujours sous les cendres de la répression sanglante après la démission du 11 février puis le démantèlement des barricades des insurgés. Ce jour de novembre a lancé le deuxième round de la révolte égyptienne qui pourrait bien, cette fois, accoucher d’une révolution  c’est-à-dire du renversement total de l’ancien régime militaire compradore corrompu. Mais, cette fois ci sera-t-elle la bonne ?

En février 2011, nous l’avions fortement souligné, les jeunes petits-bourgeois « Twitters – des réseaux sociaux », pseudo révoltés, formés en Serbie, nous a-t-on dit, avait réussi, non pas à soulever les masses, mais bien à récupérer et à endiguer vers un cul-de-sac électoraliste le mouvement spontané des jeunes désoeuvrés de la rue, rapidement appuyé par la population égyptienne mal logée, paupérisée, affamée, assoiffée d’eau, de justice et d’équité, mais surtout pas d’élection bidon réservée aux riches pour consolider leurs institutions d’oppression (1).

Au premier round, le mouvement né Place Tahrir avait été trahi parce qu’il était désorienté par l’idéologie petite bourgeoise réformiste – social-démocrate – des « indignés désolés » qui aurait préféré sauvegarder le système compradore de Moubarak, mais sans Moubarak, le fantoche. La junte militaire qui avait porté ce larbin au pouvoir, après l’avoir forcé prématurément à une retraite dorée dans sa datcha de Charm el Cheikh, promettait d’assurer et de réformer – dont la tenue d’élection – la drogue des petits bourgeois internautes – quelques réformettes d’un système que l’armée d’opérette avait elle-même érigé et qu’elle manœuvre toujours en sous main.

Demander à une armée fasciste d’assurer l’abolition du fascisme, ce n’était pas une bonne composition. Il survient ce que nous avions pressenti la rue arabe n’a rien obtenu et aujourd’hui elle se rappelle au bon souvenir des maréchaux en goguette (2).

Le 19 novembre dernier, les petits-bourgeois égyptiens (courroie de transmission de ces vauriens) sont donc retournés dans la mêlée, Place Tahrir, parmi les jeunes et le peuple égyptien écoeuré – enragé – révolté, afin, comme au premier round, de pervertir le mouvement de l’intérieur, de le trahir à partir du cœur, par des slogans électoralistes et réformistes – comme celui de chasser le maréchal Tantaoui du pouvoir – un autre maréchal pourra-t-il diriger la révolution contre le pouvoir des maréchaux ? Un Président civil et une Assemblée du peuple à la solde pourront-ils assurer l’emploi, la relance économique, la sortie de crise financière, le développement social, les soins de santé, les logements décents, la fin de la vie chère, la fin de la dictature du FMI et de la Banque Mondiale sur le budget de l’État pharaonique ? Évidemment non !

L’ex-premier ministre de Moubarak, le laquais Kamal el Ganzouri nommé Premier ministre par les militaires (une nomination qui résonne comme une provocation au regard de la « révolution ») pourra-t-il imaginer autre chose que la collusion avec l’impérialisme et la mondialisation (3) ? Non évidemment !

L’élection pseudo « démocratique » à l’Assemblée du peuple de la clique des « Frères musulmans », demeurée lâchement et opportunément en réserve de la trahison nationale ; leur campagne électorale, lourdement financée par les Émirats dictatoriaux du Golfe persique et par les intégristes Wahhabite – royalistes jamais élue – d’Arabie Saoudite – poussant l’outrecuidance jusqu’à donner des leçons de démocratie aux peuples arabes – pourra-t-elle accoucher d’autre chose que de la capitulation nauséabonde (4) ?  Non assurément !

Depuis quelques mois, cinq peuples, ceux d’Égypte, de Grèce, d’Espagne, du Maroc et de Tunisie ont clairement affiché, par leur refus de voter, leur total mépris pour ces mascarades électorales et leur dégoût pour ces fadaises « démocratiques » par et pour les riches. Ce n’est pas le départ du maréchal Tantaoui que réclame les révoltés du Caire, pas plus qu’ils ne réclamaient stricto sensu la mise à la retraite anticipée de Moubarak, c’est la fin totale du système militaire compradore (40 % du PIB égyptien est entre les mains de l’armée) – qu’ils réclamaient et qu’ils réclament toujours.

C’est le système capitaliste compradore égyptien qui doit être totalement démantelé et culbutée cette lâche assemblée à la solde de l’armée. C’est la seule façon de répondre aux exigences des révoltés – et de venger les 42 martyrs assassinés par cette armée soi-disant neutre et au-dessus de la mêlée. Nous l’avions écrit, une armée n’est jamais neutre. Une armée est toujours le bras séculier d’une classe pour diriger. L’armée égyptienne ne faisait pas exception à la règle en février dernier, pas davantage qu’en novembre cette année (5).

Le 11 février 2011, quand quelques petits bourgeois pseudo dirigeants des manifestants de la Place Tahrir, porte-voix de la Secrétaire d’État américaine, madame Hillary Clinton, présentèrent le parachute doré de Moubarak (30 milliards de dollars environ) comme la victoire de « la plus grande révolution de tous les temps », la révolte égyptienne avortée venait d’accoucher d’une souris lobotomisée. Heureusement, la leçon du premier round aura porté fruit, et aujourd’hui, aurez-vous noté que la presse occidentale tarde à dénicher et à nous présenter quelques « héros », fils à papa des réseaux sociaux, qui viendraient nous seriner les chants « électoralistes » pseudo démocratiques de la mère Clinton que tous les petits bourgeois de la terre brûlent d’envie d’entonner.

Les révoltés crient, du Caire à Alexandrie, au prix de leur vie : « Écoutez nos voix plutôt que de les compter ». C’est bien dit, ils rejettent ainsi la mystification électoraliste. Nous leur disons, tenez bon, et surtout, écartez les mauvais augures du compromis, les pacifistes, les « indignés déprimés » et les fils à papa apeurés de vos délibérés. Ils vous restent toutefois quelques illusions. C’est compréhensible, l’expérience vous apprendra que vous ne devez pas quémander aux riches et aux dominants de vous écouter, c’est inutile. Vous, le peuple, êtes en contradiction antagoniste irréductible avec eux. Rien à attendre de la compassion de ces « dieux » mafieux. Vous devez renverser le système capitaliste compradore qu’ils ont érigé pour qu’une nouvelle humanité surgisse des cendres de ce que vous brûlez. C’est là une tâche révolutionnaire à votre mesure, peuple frère.

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(1)  http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=23260   http://www.michelcollon.info/La-revolution-democratique.html

(2) http://www.lemonde.fr/international/article/2011/11/28/en-egypte-ouverture-d-elections-legislatives-tres-encadrees-par-l-armee_1610037_3210.html
(3)  http://www.leparisien.fr/crise-egypte/elections-l-egypte-poursuit-son-test-de-democratie-29-11-2011-1744369.php

(4)  http://www.youtube.com/watch?v=Y4lfrgb3PNc

(5)  http://www.centpapiers.com/%c2%ab-printemps-arabe-%c2%bb-tunisie-l%e2%80%99art-d%e2%80%99avancer-en-arriere/85836

(6)  http://www.oulala.net/Portail/spip.php?article5127

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Classé dans Actualité, Robert Bibeau

Les Acadiens, cette société qui fut annihilée!!!


S’il y eu une société qui demanda la « participation » de chacun de ses citoyens, ce fut bien la société Acadienne.

Oui, je sais, il existe des descendants de ces premiers Acadiens; mais leur principe de société, tellement remarquable, n’est jamais reparu après l’éradication de ce « peuple ». Les autorités de l’époque firent diligence pour effacer de l’histoire un principe social énormément nocif à leur pouvoir.

Cet article tente de cerner la culture que ces premiers Acadiens avaient développé. C’est cette culture qui me semble disparue. Il y eut plusieurs « spécialistes » qui ont étudié l’histoire des Acadiens. Chacun l’a fait selon sa « vision » personnelle, influencée par sa position politique individuelle. Ces positions sont soit anglaise, française, canadienne anglaise ou encore, canadienne française. Et tous se servent des versions « officielles » de chacune de ces positions politiques. Logiquement, selon eux, un amalgame de ces différentes « versions » devrait donner une image réelle de la culture Acadienne. J’ai certaines restrictions face à cette logique. Malheureusement les premiers Acadiens furent annihilés et ils n’ont pas laissé d’écrits d’eux-mêmes.

Tout comme l’histoire des « Canayens » qui vivaient sur le cours du St-Laurent, l’histoire réelle des Acadiens n’est pas celle fournie par les autorités française ou anglaise qui les « dirigeaient ». Ces différentes autorités ne sont intéressées que par des nécessités politiques ou économiques de la région rattachées à leurs propres intérêts. Pour eux, les « individus » nommés Acadiens, Canayens ou Amérindiens, n’ont aucune importance en tant qu’êtres humains, sauf au niveau de l’occupation du territoire convoité. Il faut donc dépoussiérer et passer à la lessive les données officielles pour découvrir la vraie culture Acadienne. Et puisque cette culture initiale des Acadiens a été éliminée de la surface de la planète, elle risque d’être assez difficile à retrouver.

Au départ nous savons une chose :

Les Acadiens furent massivement déportés de 1755 à 1758. Les raisons principales de cette déportation sont politiques et économiques:

1)      La liaison entre Québec et Louisbourg proposée pour passer par le territoire Acadien inquiétait les Anglais.

2)      L’Acadie était la clef géographique de toutes les colonies françaises et anglaises de l’Amérique du Nord.

3)      Les Acadiens possédaient les meilleures terres de la région et les plus beaux troupeaux.

4)      Les Acadiens persistaient à demeurer « neutres ».

Cette dernière raison me semble très curieuse et, surtout, étonnante; car elle ne contient pas exclusivement une « nécessité politique ou économique ». Elle semble indiquer, en sourdine, une caractéristique « sociale ». Que les Acadiens se disent « neutres », en étant coincés continuellement entre l’intérêt individuel des autorités françaises et anglaises, peut sembler normal. Ce qui ne l’est pas est de se dire « neutre » devant l’autorité française lorsqu’on est « supposé » être Français.

Comment un Acadien, né en France, peut-il se déclaré « neutre » devant la politique française?

La seule raison plausible est que cet Acadien n’a rien à attendre de sa nation d’origine. Et les faits démontrent que c’est exactement ce qu’il en reçoit : Rien. C’est également ce que reçoivent les autres colons d’origine française installés le long du fleuve St-Laurent qui se disent « Canayens ».

Le tableau général des colonies françaises en Amérique du Nord est donc le suivant :

Aucun des individus, composant la population de ces colonies, ne peut attendre quoi que ce soit de la « mère patrie ». Ils constatent rapidement que seuls les dirigeants de leur société (à l’exception de deux personnages : Champlain l’idéaliste, et Jean talon le réaliste) tirent certains avantages de cette ancienne Patrie. Ils doivent donc accepter de se suffire à eux-mêmes. Mais, pour les Acadiens, pourquoi se déclarer « neutres »? Comment peuvent-ils croire, un seul instant, que cette neutralité sera un atout défendable devant les intérêts des deux puissances politiques de l’époque? Pourquoi ne pas faire comme les Canayens et simplement vivre cette « neutralité » sans s’occuper des autorités?

L’une des raisons ne peut être autre que la même que celle des Canayens : ils aiment et s’identifient à la région qu’ils habitent. Ils adoptent cette région comme étant le nouvel endroit où ils plantent leurs racines en tant que « peuple ». En ce sens, leur « neutralité » n’est pas du tout une question de « crainte » des autorités, mais bien d’une « déclaration de leur identité ». Ce qui est assez facile à comprendre, j’imagine, pour nos lecteurs québécois.

L’autre raison qui leur est propre, est qu’ils sont des agriculteurs et n’ont pas intérêt à se réfugier dans la forêt avec les Autochtones. Leur territoire ne s’étend pas sur toute l’Amérique du Nord, comme pour les Canayens, mais se limite aux côtes de l’Atlantique surtout à cause de leur agriculture particulière des côtes de l’océan. Ils doivent donc affirmer ouvertement leur position face aux autorités continuellement en présence.

Est-ce que de se donner une « identité distincte », est une vision trop idéaliste pour l’attribuer à des individus issus de la « plèbe » française? Cela pourrait le sembler à première vue; mais, ne pas le faire, ne serait pas une évolution logique, lorsqu’on considère l’environnement dans lequel ils se trouvent.

Au début de cette colonisation, 48 colons français se retrouvent sur les côtes de la Nouvelle-Ecosse et subissent tout de suite, les attaques des colonies anglaises. Ils sont faits prisonniers et amenés en Nouvelle Angleterre. De 1613 à 1632, la région vit sous régime anglais malgré la présence de français qui font la traite des fourrures. Déjà, remarquons le fait que des « Français », vivant sous domination anglaise, demande une certaine « neutralité ».

Lorsque les Français reprennent possession de la région, ils y installent d’autres colons. Ceux-ci apprennent le sort réservé par les Anglais de la Nouvelle Angleterre, aux colons « français » d’il y a, à peine 20 ans. Ils comprennent assez rapidement qu’il leur faudra demeurer politiquement « neutre » s’ils veulent survivre.

Lors du recensement de 1671, l’Acadie compte 441 habitants issus des premières familles arrivées en 1632 et 1635. Il y a, en plus, 78 personnes vivant une existence indépendante à Pentagouet, à Pobomcoup, à Cap Nègre, à Mouskadabouet, à Rivière-aux-Rochelois et à St-Pierre. Il manque, également au recensement, 16 « français » et métis qui vivent sur la côte Est, à la Hève.

Le métissage est ici, une indication importante de la qualité des relations entre les Acadiens et les Autochtones; et « vivre INDÉPENDANT » signifie en réalité : être neutre. Donc, déjà en 1701, les Acadiens ont trouvé un moyen de développer leur « neutralité » sociale.

Ces Acadiens, contrairement aux colons du St-Laurent, sont de vrais agriculteurs, même s’ils font, aussi, la pêche et la traite de fourrures. Ils cultivent, entre autre, des « portions de terre qu’ils enlèvent à la mer »; forme d’agriculture qu’ils ont développé dans leurs marais poitevin. Leur particularité agricole les rattache aux côtes de l’Atlantique. Leur plus grande richesse est leur bétail. Ils font, principalement, leur commerce avec la Nouvelle Angleterre qui est intéressés par la qualité de leurs produits. De toute façon, les Acadiens n’ont pas vraiment d’autres voies commerciales de disponibles.

On découvre, historiquement, que la plupart des Acadiens vivent à l’écart de l’État, ne paient pas d’impôt et se méfient comme la peste des levées d’hommes pour la guerre. On a ici, la confirmation qu’ils se veulent réellement « neutres » de toute politique, que celle-ci soit française ou anglaise.

Par contre, on sait que ces plus de 441 habitants vivent entourés des Micmacs, des Abénaquis et des Malécites qui totalisent, eux, plus de 10,000 individus.  Comment font-ils donc, alors, pour se protéger des « sauvages »?

Guerrier Micmac vers 1740

La réponse est qu’ils n’ont pas à s’en protéger; ce sont plutôt les Améridiens qui protègent les Acadiens. Et nous découvrons, finalement, la raison pour laquelle les Acadiens peuvent croire qu’il est possible de se dire « neutres » à toute politique européenne. Ils ont les moyens de faire valoir cette neutralité grâce à la protection des Autochtones. Cette protection s’étiole constamment, cependant, suite aux maladies et aux guerres contre les Anglais qui réduisent considérablement les Amérindiens de la région. De 40,000 individus, avant l’arrivée des blancs, ils étaient au nombre de 10,000 lors de l’installation des Acadiens. Leur nombre ne cessa de diminuer par la suite.

Mais que les Acadiens soient protégés par les Autochtones est tout de même curieux, parce que les rapports de missionnaires de l’endroit affirment que les « sauvages » se sont montrés très réfractaires à toute francisation. « Ils ne se soucient guère d’apprendre nos langues » lit-on dans les relations des Jésuites. En d’autres mots, les « sauvages » ne s’intéressent ni aux Français, ni aux anglais, mais protègent tout de même les Acadiens. Il existe donc une différence entre les Acadiens, les Français et les Anglais.

Nous avons constaté exactement le même phénomène chez les Canayens qui sont « amis » des autochtones. Les Canayens, aux yeux des Amérindiens, étaient différents des Français et des Anglais. Il devient, maintenant, assez évident que les « sauvages » ne sont vraiment amis qu’avec ceux qui respectent leur philosophie de la vie, c’est-à-dire Liberté, Égalité et Fraternité. Conséquemment, le fameux respect des « sauvages » envers les « Européens » ne tient pas du tout, au fait qu’ils en reçoivent des objets métalliques utiles et des  « bricoles » inutiles. Ce supposé respect des autorités « étrangères » n’a pas plus de valeur réelle que ce qu’ils en retirent commercialement. Constat qui leur attribue enfin, une intelligence beaucoup plus importante que celle qui leur fut concédée officiellement. Leur respect réel s’appui essentiellement sur l’adoption de leur propre culture basée sur le respect de l’individu et rien d’autre. Ce qui me réjouit personnellement car cette constatation élève leur civilisation, au point de vue de la valeur humaine, sur un pied d’égalité avec la « civilisation » européenne. En réalité, au niveau du respect humain, elle en est très supérieure. Mais je ne le dirai pas parce que très peu, encore aujourd’hui, sont prêts à le concéder.

Cette philosophie sociale amérindienne ne sera jamais indiquée, nulle part, par l’histoire officielle (sauf par inadvertance dans un texte que vous lirez à la fin de l’article). Pourquoi?

Parce que ceux qui ont écrit cette histoire « officielle » n’ont jamais compris la culture Amérindienne. Ils ont tenté, souvent, de l’expliquer, mais toujours, selon leurs propres perceptions et jamais, selon les notions amérindiennes. Leur handicap est qu’ils se croient constamment supérieurs à qui ou quoi que ce soit. Ils considèrent, toujours, que ce qui n’est pas comme eux ou comme « ce qu’ils croient », est nécessairement « primitif » et « barbare », quand ils ne le qualifient pas, tout simplement, «d’inhumain ». Croyez-vous que cela a changé  aujourd’hui? On peut prendre en exemple, les derniers évènements en Libye; où, soit dit en passant, on avait établi une forme de « Démocratie directe » et non une tyrannie comme on affirme partout. Mais qui s’est renseigné avant les bombardements humanitaires? Depuis quand les médias officiels font-ils de la désinformation?

En 1701 la population compte « officiellement » 1300 habitants. Ces colons sont tous originaires de la province du  Poitou en France (Curieusement cette ancienne province française n’existe plus, elle non plus, aujourd’hui). Je dis « officiellement 1300 habitants », parce que 54 ans plus tard on dénombrera les Acadiens à plus de 15,000 personnes. Ce qui me semble exiger la nécessité d’être au lit avec, sa femme… et d’autres, 24 heures par jour pendant une quarantaine de ces cinquante années. On doit accepter que les recensements ne sont pas exacts et que les Acadiens, peuple psychologiquement équilibré, comme le démontre leur philosophie sociale, sont beaucoup plus nombreux à l’origine, que ces recensements le dévoilent. D’autre part, ce déficit de l’information des recensements, devient compréhensible si les Acadiens ne se soucient pas des autorités en place.

À moins, évidemment, que vous soyez convaincus que les Acadiens soient les instigateurs des premiers « partouzes » et que DSK soit un de leurs descendants direct.

De toutes façon, nous découvrons que les Acadiens, dénombrés à plus de 15,000 individus, sont déportés parce qu’ils n’acceptent pas l’autorité ni des Français, ni des Anglais, se disent « neutres » et défendent leurs droits appuyés par les Autochtones. Ils forment une société distincte de toutes les sociétés existantes à l’époque, en établissant

1) l’égalité entre chacun d’eux,

2) l’équité des nécessités de base pour chacune de leurs familles et

3) la liberté de chacun des individus.

Ils sont prospères, possèdent les terres les plus fertiles de la côte et élèvent des troupeaux enviés par tous. Ces troupeaux se chiffrent à 180,000 têtes lors de la déportation. Ils furent saisis par les autorités, évidemment.

Cette déportation des Acadiens, est faite « en temps de paix »; c’est, d’ailleurs, pourquoi les anglais ne les envoient pas en France mais en Nouvelle Angleterre. Ils sont alors « sujets d’Angleterre ». Ceux qui sont envoyés en France sont ceux déportés pendant la guerre de sept ans qui débute en 1756, sous prétexte qu’ils sont, maintenant, Français, même si un an auparavant, ils n’étaient pas considérés comme tels. Une fois de plus, l’impossibilité des Anglais à déterminer la nationalité réelle des Acadiens, volontairement ou non, indique leur identité sociale « neutre », comme peuple spécifique.

Ces derniers Acadiens ne réussissent pas à se réintégrer à la société française de l’époque. En fait, ils s’y refusent et la plupart repartent éventuellement pour l’Amérique (en Louisiane) où ils ont une chance de retrouver cette notion de liberté, d’égalité et d’indépendance qu’ils affectionnent.

Plusieurs reviennent en Acadie pour y trouver leurs terres aux mains des immigrés anglais. Ils ne purent jamais y réinstaller cette culture qu’ils avaient développé lors de leur première arrivée en Nouvelle Écosse.

Il est donc prouvé, historiquement, que les autorités occidentales du XVIIe, XVIIIe et XIXe siècle se sont concertées pour toujours éradiquer la liberté, l’égalité et la fraternité entre les individus, que les Acadiens, Canayens et Métis ont découvert chez les Autochtones et qu’ils ont choisi de vivre en Amérique du Nord. Ces mêmes autorités qui se vantent, aujourd’hui, de défendre la Démocratie par le peuple et pour le peuple à travers la planète. Démocratie supposément issue du siècle des « Lumières ».

Il est à remarquer que l’œuvre de Jean-Jacques Rousseau, « Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes » est publié; l’année même de la déportation des Acadiens, en 1755.

Pour ceux qui pourraient défendre la notion que les Acadiens se considéraient Français et donc, « neutres » seulement face aux Anglais, ils peuvent lire l’opinion d’un autre représentant des lumières,  au sujet de la guerre de sept ans,  Voltaire :

 «La guerre est donc sérieuse. Je voudrais que le tremblement de terre eût englouti cette misérable Acadie plutôt que Lisbonne et Méquines.»

Ou encore, : « …ce feu embrasa bientôt l’Europe, mais les premières étincelles vinrent d’Amérique. Une légère querelle entre la France et l’Angleterre, pour quelques terrains sauvages vers l’Acadie, inspira une nouvelle politique à tous les souverains d’Europe. »

Remarquez que la « déportation » d’êtres humains n’a aucune importance. La « légère querelle » est au sujet de « quelques terrains sauvages ».

Les Acadiens seraient débiles de se considérer « Français », lorsqu’ils reçoivent ce genre de « considération » des Français eux-même. Il ne faut pas croire que cette opinion de Voltaire n’est pas majoritaire pour tous les Français (Il l’affirme lui-même ailleurs), même pour ceux qui ont des contacts avec les Acadiens.

Il faut aussi y ajouter le fait, qui n’aide pas du tout, que la langue employée à l’époque par les Acadiens venant du Poitou, est très différente de celle des Français; ce qui n’est pas le cas des « Canayens ».

Est-ce que cette nouvelle politique « inspirée à tous les souverains d’Europe » ne serait pas de combattre et d’éradiquer toute apparition du concept « Républicain »? C’est fort probable. Heureusement pour notre histoire future, qui se répète semble-t-il, que ces anciennes autorités n’ont pas réussit à empêcher ni la Révolution française, ni la Révolution américaine. Cela nous donne quelqu’espoir.

Voici ce que Voltaire pensait des Amérindiens :

«Les peuples qu’on trouva dans le Canada n’étaient pas de la nature de ceux du Mexique, du Pérou et du Brésil  ils en diffèrent encore plus par la fierté et le courage. Ils ne connurent jamais le gouvernement monarchique; l’esprit républicain a été le partage de tous les peuples du Nord dans l’ancien monde et dans le nouveau. Tous les habitants de l’Amérique septentrionale, des montagnes des Apalaches au détroit de Davis, sont des paysans et des chasseurs divisés en bourgades, institution naturelle de l’espèce humaine. »

Je vous demande maintenant:

Qu’est-ce que cet « esprit républicain » sinon celui de la Liberté, l’Égalité et la Fraternité? Voltaire reconnaît cette philosophie sociale, chez les Amérindiens, 33 ans avant la révolution Française; et il la leur attribue, tout comme moi, de tout temps. Il laisse entendre également que c’est un « état naturel » de l’espèce humaine primitive. Ce qui remet en cause nombre de dogmes actuels sur la supposée tendance naturelle de « domination » chez les humains.

Mais, pour revenir à notre sujet principal, est-ce à dire que les intérêts politiques et économiques qui contrôlaient les autorités de l’époque, ne contrôlent plus les autorités d’aujourd’hui?

Je vous laisse décider de la réponse.

Par contre, que ceux qui prônent la Fraternité réelle, l’Égalité réelle et la Liberté réelle, soient vigilants; parce que, jusqu’à aujourd’hui, ceux qui ont vraiment défendu ces droits naturels, c.est à dire : FONDAMENTAUX, ont été éradiqués à cause de cette caractéristique conséquente additionnelle à la philosophie républicaine, qui est le  RESPECT DE CHACUN. Respect des autres qu’ils ne peuvent pas renier sans se « manquer de  respect à eux-mêmes « .

Ce fut ce qui détermina le sort des Amérindiens, des Canayens et des Acadiens. Seule la limite étroite de leur territoire fit disparaître d’un seul coup les « républicains » d’Acadie. L’identité des autres fut tuée à petit feu au cour des deux cent dernières années  par les spécialistes (du moins ceux supposément « désintéressés ») de l’histoire.

Il semble que la seule issue pour que la Liberté, l’Égalité et la Fraternité puisse un jour vraiment exister, soit que les autorités, voulant être dominantes, se détruisent d’elles-mêmes. C’est là, la possibilité d’une autre question à être considérée, qui semble se démarquer aujourd’hui.

Existe-t-il une possibilité qu’elles se détruisent d’elles-mêmes?

-Je pense que oui. Et c’est encore l’histoire qui nous le démontre: « Les premiers deviennent successivement, les derniers ».

La question suivante est: Est-ce qu’il y aura des « dommages collatéraux »?

-C’est tout à fait évident, il y en a toujours.

Dernière question:

Est-ce que cela cessera un jours?

-Oui; lorsqu’il n’y aura plus de « derniers », comme il n’y en avait pas chez les Acadiens, les Pirates, les « Canayens » et surtout, chez les Amérindiens.

Amicalement

André Lefebvre

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Traître et blasphémateur…

 

 

 

 
J’avoue. Inutile de fouetter davantage les chevaux pour m’écarteler. J’avoue que je suis un traître et un blasphémateur. Pourquoi cet aveu auquel ne se joint, je le souligne, ni remords, ni repentance ?  C’est que j’ai rencontré Michel, un vieux copain. Copain enfin, n’en mettons pas trop… Nous avons pris quelques pots et échangé quelques notes  quand j’étais en fac à Paris, Place du Panthéon, dans les années  « 60.

– « Tu te souviens de Emile James, le doyen ? » – qu’il me dit le copain – « Et Guitton ?  Et Jean Lhomme, LE grand expert sur la bourgeoisie qui, cette année-là, nous parlait de la Monarchie de Juillet ?   Il nous dictait son cours, nous écoutions. Au niveau doctoral ! C’était avant Mai 68, bien sûr…  Ah !  Les choses ont changé, heureusement ! »  Michel, il y a cinq (5) décennies était un progressiste, un peu de gauche, mais sans excès.

Bien sûr que je me souvenais d’avoir pris scrupuleusement les notes que nous dictait lentement le Professeur Lhomme…  Alors on a jasé.  La Contrescarpe, le petit bar chilien de la rue Monsieur le Prince.  Paris qui, pour un Canadien, ne coûtait pas encore très cher… Ce qu’on pensait en France  en 1963…. Comment tout avait changé en 1968…. C’est là qu’on s’est un peu perdu.

Entre vieux, on s’entend vite sur le passé. Dame, on a vécu le même passé et on l’a vu ensemble, alors… Mais quand on revient vers le présent, on voit qu’on a divergé. J’ai bourlingué sur la planète. Michel, lui, s’est déplacé dans la galaxie sociale.

Il s’est fait une jolie carrière. Il s’est créé une bonne situation. Il a une large famille élargie.  Il est à sa retraite depuis 15 ans.  Il s’intéresse beaucoup  à l’évolution des carillons à travers les époques, de la Belgique au Portugal, avec des pointes vers l’Est… Il pourrait écrire un bouquin là-dessus… Michel est heureux.

Je suis heureux aussi, mais avec une certaine fébrilité que Michel n’a pas. Michel n’est pas seulement un type qui a bien tourné ;  il est celui qui a tourné dans la même direction que le bateau et qui est toujours resté en phase. Les pieds solidement plantés à plat sur le pont et le regard fixé sur le cap qui est celui du navire.

Pourtant –  il le dit lui-même – il est un homme aux aguets. L’innovation,  l’évolution….  C’est en « 68  qu’il a compris qu’il fallait faire table rase et mettre en place une éducation moderne. Utile. La meilleure.  Puis  il a voulu penser qu’on l’avait fait et il s’est transformé.

Il est devenu pompidolien sans cesser d’être gaulliste, puis il a compris la nécessité du « virage à gauche » de Mitterrand.  À gauche… mais pas trop vite ; d’abord, Giscard : il l’avait prévu et il en a été. Juste le temps qu’il fallait.  Après Mitterrand, retour à Chirac. Chirac était son homme. Le manque de  loyauté de Balladur l’a chagriné :  Sarkozy ? Manque un peu de classe, Sarko, mais il s’est ressaisi. Pour 2012, qui d’autre que Sarkozy, d’ailleurs, pourrait diriger la France ?

Cette France dont Mai 1968, pour Michel, est resté le grand moment de la liberté reconquise. La revanche des Communards… Après « 68, tous comptes payés dans une fraternité gauche droite au Boul’Mich, est née une France de conscience sociale et de modernité, qui a tout bon et qui ne fait pas d’erreurs.

Moi, j’en fais, des erreurs… Comme on divergeait beaucoup, je lui ai refilé l’adresse de mon site… Quand on s’est reparlé, il ne m’aimait plus vraiment…

Pourtant, Michel ne s’énerve pas, quand  tous les quidams qui lui vendent son pain ou ses légumes, qui le véhiculent ou qui le blanchissent, lui disent que le pays va au diable. Il ne bronche pas. Il SAIT que c’est parce qu’ils n’ont pas compris. Parce qu’ils n’ont pas lu Schumpeter, Walras, la théorie des jeux et n’ont pas eu la chance de voir une éducation vieillotte se refaire une jeunesse… il y a 40 ans et en rester là.  Mais moi, je l’énerve…

Je le mets en rogne, parce qu’il se demande comment, ayant reçu la grâce rue Soufflot, je puis ne pas comprendre. Comment pourrais-je de bonne foi ne pas voir que nous vivons dans le meilleur des mondes, puisque tous les médias-Pangloss, citant les économistes, nous expliquent que les mains ont bien tort de ne pas s’ajuster  aux gants ?

Quand j’écris ce que les gens simples disent tous les jours sans qu’on les réprimande – à savoir que l’argent ne vaut plus rien, que ces bouts de papiers ne correspondent a aucune réalité et ne sont encore utilisés que parce que les médias nous font croire qu’ils valent quelque chose et que l’État a les fusils pour en imposer l’usage –  Michel ne m’aime plus du tout.  Sénilité ? Perversité ?   Il ne sait plus.

Que les gens simples se plaignent, ce n’est pas grave pour Michel,  parce que Michel ne les écoute pas.  Mais si je le répète, je suis méchant, car ça pourrait faire scandale. Je suis un traître à la caste de ceux à qui l’on a donné un DES en Sciences économiques et un Doctorat d’université. N’est-ce pas une forme d’ingratitude de ne pas me taire, puisque j’ai tiré parti de ces titres et parchemins, même si j’ai gagné ma croûte à faire tout autre chose ?

Je suis un traître, parce que je dis que les prédictions des économistes ne se réalisent que quand ceux qui contrôlent l’argent et l’économie leur disent à l’avance les gestes qu’ils vont poser.  Je suis un blasphémateur, parce que j’insinue – c’est un euphémisme –  que si on ne le leur disait pas, leurs boules de cristal ne feraient pas mieux que celle de Madame Soleil.

Ceux dont on dit qu’ils n’y connaissent rien peuvent le dire à raison tous les jours, mais mois je blasphème  Bien pire, encore, quand je dis qu’on pourrait –  et qu’il faudrait – rembourser la dette publique tout de suite et en imputer le remboursement à tous les contribuables au prorata de leurs actifs. Suis-je conscient que ce serait une forme de redistribution de la richesse ? Est-ce pour dire ça qu’on m’a ouvert le portes du savoir ?

Ça c’est pire que le blasphème ou la trahison… puisque  c’est la solution. Puisque c’est d’une une telle évidence, qu’on n’ose pas en parler, même pour le nier. C’est une référence à l’incantation taboue.  C’est le concept de sorcellerie monétaire dont aucun Harry Potter d’économiste ne se risquerait  à prononcer le nom. Je vais au delà du blasphème et de la trahison !  Je touche la vérité ! Alors Michel cherche un autre nom méchant pour m’en affubler.  On cherche…

Pierre JC Allard

http://nouvellesociete.wordpress.com/2011/08/08/la-dette-remboursons-la-bon-dieu/

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ET SI L’HUMANITÉ ÉTAIT ÉGLISE ! QUELS EN SERAIENT LES SACREMENTS ?



Pourquoi pas? Une question à laquelle les chrétiens devraient se poser à la lumière du message qui les porte de même que les non croyants à la lumière du sens qu’ils lui donnent. Pour les croyants l’Humanité n’est-elle pas celle en qui le visage de Dieu se révèle et s’exprime progressivement depuis des millénaires? Véritable visage d’une Humanité nouvelle qui se laisse découvrir à l’aurore d’un jour nouveau, toujours plus libérée des ombres de la nuit et de la brume du matin. Teilhard de Chardin, paléontologue du siècle dernier, avait cette vision d’une Humanité en évolution, émergeant de l’opacité de la matière et qui devient toujours plus énergie et vie.

Croyants ou pas, nous sommes de cette humanité et nous participons tous et toutes à son évolution. L’étape qui nous correspond de vivre est sans nul doute une étape charnière. Nous en sommes arrivés à ce que Teilhard appelle l’émergence de la conscience des consciences.

Quels sont les grands problèmes que vit cette humanité de plus de 7 milliards de personnes ? Force est de constater que 1% de cette grande communauté humaine possède 52% de toutes les richesses de la terre. Que les pauvres sont toujours plus pauvres et que les riches sont toujours plus riches. Nous constatons que les croyances se multiplient, que les sectes se manifestent avec toujours plus de fanatisme, que les idéologies deviennent de véritables religions alors que d’autres se laissent guider et interpeller par les impératifs du monde dans lequel ils vivent. Ils s’en remettent à leur conscience et à leur courage.

Nous réalisons que le hasard et le destin ne sont pas la seule explication à l’origine de tous les maux. Les analyses nous révèlent qu’il y a les ambitions de pouvoir, portées par la cupidité et la recherche des grandeurs qui en sont arrivé à créer des systèmes leur permettant de tout contrôler des hommes et des sociétés. Quel père, quelle mère, aimant l’humanité, pourraient rester les bras croisés devant autant d’ignominie et de souffrance ?

Aussi paradoxal que cela puisse paraître, les temps qui sont les nôtres et auxquels nous sommes participants ne comportent pas qu’un coté sombre aux effets pervers. Il y a cette poussée de vie, un peu comme celle qui surgit à travers les douleurs de l’enfantement.

Un regard rapide sur ce qui se passe actuellement dans le monde nous révèle un réveil des peuples qui n’acceptent plus de s’accommoder de systèmes politiques, économiques, sociaux qui ne répondent pas à ce qu’ils sont et espèrent. Il y a le printemps arabe, le M-15 en Espagne, les « indignés » en Europe et aux Etats-Unis, les manifestations étudiantes au Chili qui reçoivent l’appui de ceux de l’Argentine et du Mexique. Il y a la conscience des peuples émergents en Amérique latine qui proclament haut et fort qu’il y a une autre manière de faire de la politique et de diriger le monde. Les problèmes de corruption sont dénoncés et les politiciens véreux montrés du doigt. Tous ces mouvements sont portés par l’espérance d’une humanité nouvelle. Une nouvelle conscience, cette fois au niveau planétaire, prend forme et se manifeste.

Nous sommes cette humanité qui vit ces douleurs de l’enfantement. Les maîtres de ce monde ne s’en réjouissent pas et voudraient bien procéder à son avortement en recourant à la puissance des armes, à la menace de tortures et d’emprisonnement, en faisant taire les dénonciateurs et dénonciatrices.

Nous ne pouvons plus vivre en faisant abstraction de ces 7 milliards d’humains. Ils sont nous, nous sommes eux. Pour le chrétien c’est la catholicité dans ce qu’elle a de plus existentielle et de plus interpellant. Pour le non croyant c’est l’humanité dans ce qu’elle a de plus respectable. Pour les uns et pour les autres ce sont des frères, des sœurs, des compagnons, des compagnes. Le « Qu’as-tu fait de ton frère ? », demandait Dieu à Caïn, devient une interpellation qui s’adresse à la conscience de chacun et chacune de nous. Pour le non-croyant, tout imprégné de justice, de vérité, de solidarité, cette humanité à construire lui tient tout autant à cœur. Nous n’en sommes plus aux offices des temples, faits de pierres, mais aux offices d’engagements qui changent le monde.

Si les puissances de domination sont fortes, celles de la résistance et de la dénonciation le deviennent de plus en plus. Les mensonges avec lesquelles ils manipulent les peuples s’évaporent à la lumière d’une vérité qui n’abdique pas. La cupidité, recouverte des vertus de charité et d’humanité, se révèle dans toute sa nudité. Le monde a changé, mais la conscience qui traverse ce monde est la synergie nouvelle qui fait passer l’humanité de la dépendance des grands et puissants à celle de la solidarité et de la liberté partagée des humbles de la terre.

Cette nouvelle humanité en marche est désormais dominée par des pôles qui en retiennent toutes les parties unies et vivantes. Ces pôles peuvent se ramener à ce qui a toujours été présent dans l’histoire de l’humanité, mais jamais de façon aussi consciente et universelle. Pour certains ils seront les « sacrements de la vie » et pour d’autres les grands repaires éthiques, permettant d’éviter les dérapages tout en nous engageant, les uns et les autres, pour le développement de l’humanité. En voici sept de ces grands repaires  qui m’apparaissent les plus fondamentaux et universels.

La VÉRITÉ 

Que de tricheries et de mensonges éclatent au grand jour. Les maîtres sorciers capables de déguiser les mensonges en vérité se retrouvent toujours plus dépourvus de leur pouvoir de tromper. Ils sont vite démasqués et renvoyés à leurs tricheries. Les guerres se font et se défendent avec des mensonges consciemment calculés et bien enveloppés. Ce temps de la tromperie a atteint ses limites tout comme l’obscurité de la nuit atteint ses limites à l’arrivée de l’aurore. Pratiquer la vérité et dénoncer les tricheries devient un signe de conformité avec l’humanité. 

La JUSTICE 

Au nom d’une soit disant liberté, les maîtres de ce monde ont transformé les lois fondamentales de la justice humaine en des lois leur assurant tous les pouvoirs pour piller, exploiter, spéculer en toute justice. Ce n’est certes pas de celle-là dont il est question.  Lutter contre ces dérives est faire acte d’humanité tout autant que de chrétienté. 

LA SOLIDARITÉ 

Il y a la solidarité des grands et des puissants dont la solidité repose sur des liens d’intérêts, d’ambitions, de conquêtes fortement alimentés par la corruption, la tricherie et la manipulation. La solidarité humaine est toute autre. Elle repose sur des liens de gratuité, de respect, de bonté, de vérité, de justice, de partage et de compassion. C’est de celle-là qu’il faut se nourrir et ce sera en vivant celle-là que nous fairons œuvre d’humanité. 

LA CATHOLICITÉ 

Non pas celle d’une religion ou d’une croyance mais celle qui interpelle toute personne de bonne volonté quant à la portée de ses engagements, humains. Il y a le regard qui se limite à notre environnement immédiat, mais il y a aussi le regard qui embrasse l’humanité entière, du plus petit au plus grand, du plus riche au plus pauvre, du plus intelligent au moins intelligent etc. La catholicité est ce qui nous oblige à dépasser nos individualités pour rejoindre, quelque part, cette humanité en gestation en chaque être humain et à laquelle nous sommes étroitement associés. La catholicité est inclusive et non exclusive. 

LA VIE 

Je suis toujours fortement interpellé par le fait de ces mouvements qui s’élèvent contre l’avortement en proclamant haut et fort la défense de la vie des fétus tout en étant des partisans ce ces guerres qui tuent par centaines de milliers, hommes, femmes et enfants. Être pour la vie c’est être contre toutes les guerres qui tuent et pour toutes les voies de dialogue qui permettent de résoudre les problèmes. Être pour la vie c’est également en rendre possible tout le développement et son éclosion dans le monde de la communauté humaine. On ne peut être pour la vie et se solidariser de systèmes qui engendrent la pauvreté, les famines qui, elles, tuent par centaines de millions de personnes par années. 

LA LIBERTÉ 

Il y a la liberté des anarchistes, des oligarchies, des individus, des groupes, qui empiètent quelque part sur la liberté des autres. La liberté dont il est question, ici, est celle qui se nourrit de la liberté de tous les autres humains. Le véritable artisan de la liberté ne saurait être pleinement libre sans que ne le soit  le dernier des humains. Nous sommes loin de la liberté que représente la médaille de la liberté avec laquelle les puissants de ce monde honorent ceux et celles qui leur facilitent cette liberté construite sur la domination des autres. 

L’AMOUR 

Ce mot « amour » résume et dit tout à la fois les six grandes références antérieures. Il en est l’inspiration et le couronnement.  Aimer c’est laisser entrer en soi l’humanité dans tout ce qu’elle est et dans tout ce qu’elle porte. C’est l’apprivoiser et s’y laisser apprivoiser. Comme l’écrivait St-Exupéry « on ne connait bien qu’avec les yeux du cœur. » 

EN CONCLUSION 

Nous voilà arrivés à cette HUMANITÉ, unique et véritable COMMUNAUTÉ d’ hommes et de femmes qui l’incorporent. Pour les chrétiens, là est la maison de Dieu, pour les non-croyants, là où est la vie dans ce qu’elle a de défi, de dignité et de raison d’être. Dans un cas comme dans l’autre nous sommes tous et toutes interpellés par les sept sacrements de l’humanité ou si l’on préfère, les sept grands repaires éthiques. 

Oscar fortin

Québec, le 21 novembre 2011

http://humanisme.blogspot.com 

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Poursuite de 5 millions contre Loto-Québec

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Poker Trail Management poursuit Loto-Québec

André Boyer et Pierre Martel de Poker Trail Management accuse Loto-Québec d’avoir détourné les membres de la Ligue de tournois de poker du Québec au profit de son site web Espace Jeux.

Raymond Viger Dossiers:  Gambling et jeu compulsif, Loto-Québec, Casino

loto-québec casino virtuel jeu en ligne gambling conference de presse 3 fevrier 2010Le 19 novembre dernier, le Journal de Montréal, sous les plumes de Michael Nguyen et Marc Pigeon nous présentent l’action en justice de 5 millions que Poker Trail Management a déposé contre Loto-Québec.

André Boyer et Pierre Martel ne sont pas les premiers partenaires de Loto-Québec qui se plaignent des agissements de Loto-Québec.

Loto-Québec et les courses de chevaux

Le sénateur libéral Paul Massicotte, propriétaire d’Attractions Hippiques, au moment de placer sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies, prétendait que Loto-Québec n’avait pas respecté ses engagements.

Loto-Québec et les bingos

Au moment de fermer le site BingoLib Québec, Normand Robert soulignait que:

Maintenant aux prises avec un site « légal » de jeux en ligne, les organismes communautaires n’ont qu’à se tasser!  L’État aura réussi une grosse « game » de dépossession tranquille au détriment des communautés.

Plusieurs organismes communautaires se plaignent de la vision de Loto-Québec en matière de Bingo considérant que le seul objectif de Loto-Québec serait d’en prendre le contrôle et d’éliminer les organismes déjà en place depuis des décenies.

Les prochaines victimes de Loto-Québec

Aujourd’hui, Espace Jeux et Loto-Québec ont voulu prendre le contrôle du Poker au détriment de ses artisans. Hier c’était les courses de chevaux et les bingos.

Être partenaire de Loto-Québec est-il un suicide inconscient? La vision de contrôle et de monopole que Loto-Québec s’est donné va-t-il à l’encontre de tout partenariat possible?

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LA LAURENTIE, RÊVE OU CAUCHEMAR?

 
 
 

Quand j’étais à l’université de Montréal, pour étudier les lois, il y avait une réalité qu’il n’était pas bon de voir en face. C’était celle de la Laurentie! Oui la Laurentie était ce lieu dans lequel les Canadiens francais vivaient : celle des rives du Saint-Laurent  et leurs extensions vers le lac Saint-Jean et l’Abitibi. Les religieux avaient alors créé les Jeunesses laurentiennes, justement, pour essayer de laisser entrer un peu d’air dans la contrée très… provinciale d’ici. Et il y avait… la Flore laurentienne du Frère Marie-Victorin, celle-ci ne faisant pas l’objet de controverses : il était permis d’admirer les petites fleurs sur nos terres!

Mais le reste!  Le reste, c’était l’idée qu’aurait pu se faire la nation d’une forme d’affranchissement identitaire. Il fallait rester provincial et ne pas envisager de prendre le large. La bourgeoisie d’ici, en ces haut lieux du savoir, surtout la libérale, celle à laquelle s’accrochait un Robert Bourassa, par exemple, se moquait à gorge déployée des velléités laurentiennes des nationaleux comme ils disaient… et des patriotes aussi. Le statu quo était leur religion et leur destin…Et puis vous faudrait-il une armée laurentienne, une flotte laurentienne? lançaient ces apprentis avocats avec un féroce sarcasme et une violence inouie pour déprécier toute idée de prise de conscience. La Confédération canadienne – qui n’en était pas une – devait suffire comme destin et comme objectif.

Par conséquent le mot Laurentie, symbole d’une velleité d’affranchissement, est vite disparu de la scène publique, déprécié qu’il fut par les bien-pensants.  Il ne me reste plus, à moi, que la Banque Laurentienne toute moderne et efficace qu’elle soit pour me rattacher au passé d’il y a six décennies.Mais, au fond, il me reste le Québec; et c’est presque la même chose. Le sens du mot Laurentie, tout vieillot qu’il soit, est le même que celui du Québec d’aujourd’hui et c’est cette réalité-là, telle qu’elle est, que les cinéastes Mathieu Denis et Simon Lavoie ont voulu décrire dans leur film Laurentie présenté il y a deux semaines.

Le rêve laurentien, celui qui me chatouillait l’imaginaire, il y a tant d’années, est en train de virer au cauchemar, pour tout vous dire. Un cauchemar bien troublant, tragique, débilitant; un mauvais rêve qui donne un choc.

Ce choc cinématographique ne devrait pas changer la morne politique d’ici avec rapidité : il n’y avait que quatorze spectateurs dans la salle de ce cinéma spécialisé dit ‘d’auteur’;  comme si les autres cinémas n’avaient pas d’auteurs justement…! Le vide de la salle  par contre, traduisait cette autre réalité désolante et méconnue: le vide culturel québécois, soit le sujet du film et ce n’était pas loin de donner froid dans le dos.

Le protagoniste, le comédien principal, – talentueux –  ont avoué les cinéastes, est un jeune homme désemparé par ce Montréal aliénant d’aujourd’hui où les citoyens de culture francaise ne se sentent plus chez eux. Et ceci, cette réalité désolante nous représente tous, crument. Cette réalité me représente moi-même, effectivement. C’est mon ombre personnelle qui se trouve là sur l’écran et et celle-ci est bien encombrante.

Ce n’est pas moi qui le dis. Le journaliste François Lévesque résume le tout en rapportant les paroles du co-auteur Mathieu Denis :  Laurentie c’est «l’individualisme galopant qui a été érigé en religion de substitution d’ où cette absence d’appartenance débouchant sur un sentiment pernicieux d’isolement qui, ultimement, se meut en aliénation». Oui poursuit le jeune auteur, «Louis (le protagoniste) est un lâche, tout comme la société québécoise qui est incapable qui est incapable de prendre en mains son propre destin».

S’il y a un vérité dans tout ceci, il me semble que le film Laurentie, malgré toute sa crudité, ne devrait pas passer à l’oubli d’un coup sec, comme c’est prévisible. Il devrait être diffusé tous azimuts. Car c’est un objet de réflexion qui pourrait – pourrait – être salutaire. Je constate pour ma part que bien des Laurentiens – ces Québécois d’aujourd’hui – se prennent pour le nombril de l’Occident tandis qu’ils ont toute une âme à construire, une âme qui pourrait, un jour, – pourrait – produire de la beauté pour un univers qui en a bien besoin. Bravo.

Jean-Pierre Bonhomme

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Quel masque portez-vous?

 
 

Qui parmi nous peut affirmer qu’il n’a jamais été blessé émotionnellement dans son enfance? Dans un milieu «normal», l’enfant ose être lui-même. Cependant, une telle audace dérange souvent le monde des adultes et des proches. L’enfant déduira instinctivement (non par le raisonnement mais par son senti) qu’être naturel est incorrect. Une douloureuse découverte pour l’enfant qui provoquera chez lui des crises de colère que les adultes appellent «les crises de l’enfance ou de l’adolescence.»

Ainsi, en premier lieu, l’enfant expérimente la joie d’être lui-même. Par la suite, il connaît la douleur de ne pas avoir le droit d’être lui-même, ce qui déclenchera colère et crises selon son caractère. Puis, afin de ne pas souffrir, il se résigne et se crée une nouvelle personnalité pour répondre aux besoins de son entourage afin de devenir ce que les autres veulent qu’il soit.

De l’avis de Lise Bourbeau, auteure du livre LES CINQ BLESSURES QUI EMPÊCHENT D’ÊTRE, pour éviter les crises et la douleur, l’être blessé se créera un masque. Ces masques sont au nombre de cinq et correspondent à cinq grandes blessures de base vécues par l’humain. Il semblerait que toutes les souffrances de l’humain peuvent être condensées en ces cinq blessures.

Les cinq blessures qui empêchent d’être ET les cinq masques

Existe-t-il un état plus merveilleux que celui d’ÊTRE ce que l’on est, sans méfiance, sans colère refoulée, sans frustration, sans peur? Pourquoi ne sommes-nous pas toujours capables d’exprimer ce que nous sommes et avons de meilleur? Pourquoi répondre agressivement à une personne, juger durement sans prendre en considération son point de vue, avoir peur de l’amour, accorder une mauvaise intention à l’autre parce que son propos nous dérange, se méfier des actes qui semblent désintéressés et autres attitudes de résistance sans même vérifier? Ces blessures qui nous font porter des masques pour ne pas souffrir et perdre la face en sont la source. Voici les cinq blessures par ordre chronologique, c’est-à-dire dans l’ordre où chacune d’elles apparaît dans le cours d’une vie.

LES CINQ BLESSURES

  • le rejet
  • l’abandon
  • l’humiliation
  • la trahison
  • l’injustice

Il est important de ne pas s’attacher aux mots utilisés pour exprimer les blessures et les masques. Quelqu’un peut être rejeté et souffrir d’injustice; un autre peut être trahi et vivre cela comme un rejet; un autre peut être abandonné et se sentir humilié, etc. C’est le senti émotionnel qui s’imprimera dans le corps et non la réalité.

LES CINQ MASQUES

  • le fuyant
  • le dépendant
  • le masochiste
  • le contrôlant
  • le rigide

L’importance du masque est créé en fonction du degré de la blessure. Un masque représente un type de personne avec un caractère qui lui est propre car de nombreuses croyances sont développées qui influenceront l’attitude intérieure et les comportements de la personne selon le masque développé. Plus la blessure est importante, plus la personne en souffrira, ce qui l’obligera à porter son masque plus souvent.

Nous portons un masque seulement lorsque nous voulons nous protéger

Chaque fois que nous subissons ou que nous faisons subir une de ces blessures, nous laissons nos croyances et nos peurs prendre la direction de notre vie. La mise en place des masques est la conséquence de vouloir cacher, à nous-mêmes et aux autres, ce que nous n’avons pas voulu encore régler.

La blessure intérieure peut être comparée à une blessure physique qu’une personne aurait sur la main depuis longtemps, blessure qu’elle a négligé de soigner, et qu’elle a préféré entourer d’un pansement pour ne pas la voir. Ce pansement équivaut à un masque. Chaque fois qu’une autre personne touchera sa main, même par amour, elle réagira négativement en raison de la douleur malgré le pansement. Toutefois, l’autre personne n’a jamais voulu lui faire mal.  Il en est ainsi pour toutes les blessures émotionnelles profondément enfouies en nous.

Notons aussi que les masques ne sont pas permanents au cours de notre vie. Selon notre évolution et notre connaissance de soi, ils tomberont ou ne se manifesteront que rarement et moins intensément.

Est-ce que vous vous reconnaissez parmi les blessures et les masques suivants?

Une personne peut avoir une blessure majeure et reconnaître certains de ses comportements dans les autres blessures. Enfin, les masques que nous créons inconsciemment pour nous protéger sont visibles dans la morphologie de notre apparence extérieure.

LE REJET – masque du FUYANT

La première blessure, le rejet, apparaît entre 0 et 2 ans, et provient du parent du même sexe. Pour un garçon, ce sera le père et pour la fille, sa mère.

Le masque du rejet est le fuyant. Celui qui souffre de la blessure du rejet a tendance à fuir les situations qui le font souffrir. Il préfère s’en aller plutôt que de faire face ou de risquer de se faire rejeter. Il a tellement peur d’être rejeté. Il ne se rend pas compte que lui-même rejette souvent les autres.

Le fuyant se tient comme s’il voulait disparaître. Ses épaules sont rentrées, ses bras pendent le long de son corps, ses jambes sont maigres, il a de petits yeux apeurés. On pourrait dire qu’il y a des parties de son corps qui ne sont pas terminées. Par exemple, un menton fuyant, des poignets trop petits par rapport au reste du corps, des chevilles très très minces, etc. Le fuyant est porté à fuir dans la lune et à ne pas prendre sa place en public. Il peut faire de l’anorexie. Il parle d’une façon vague et décousue. Il dit souvent : «Je suis nul… c’est nul… je suis sans dessein.»

La plus grande peur du fuyant est la panique.

L’ABANDON – masque du DÉPENDANT

La blessure de l’abandon provient du parent du sexe opposé. Pour un garçon, c’est la mère et pour la fille, la blessure sera causée par le père. La blessure s’installe entre 1 an et 3 ans.

Le masque de l’abandon est la dépendance. Un dépendant croit qu’il ne peut pas arriver tout seul à maîtriser une situation. Ce sera sa façon de se faire aimer et d’obtenir de l’attention. Il semble avoir de la difficulté à se tenir tout seul, il a besoin de s’appuyer sur une chaise, un cadre de porte, ou même une autre personne. Son corps a tendance à tomber. Il y a un manque de tonus. La peau va pendre, ou le bas du visage, ou les yeux, les épaules, et même les cheveux. Chez une jeune personne, il va de soi que le corps est plus ferme, cependant les parties qui trahissent sa blessure de l’abandon seront moins fermes qu’à d’autres endroits.

Le dépendant est une victime. Il dépend du bonheur des autres. Il ne se décide pas tout seul. Il souffre d’agoraphobie, demande beaucoup de conseils, mais n’en fait qu’à sa tête. Il a une voix d’enfant, pleure facilement. Il attire la pitié. Quand il parle, il a tendance à donner beaucoup de détails. Il dit souvent : «Je me sens misérable… c’est épouvantable ce qu’on me fait… Je ne me supporte pas … est-ce que tu m’aimes? (demande faite trop souvent pour se sécuriser)… on ne me lâche pas!

La plus grande peur du dépendant est la solitude.

L’HUMILIATION – masque du MASOCHISTE

La blessure de l’humiliation peut venir du père ou de la mère, c’est le parent qui se sera occupé des besoins physiques de l’enfant. La blessure survient entre 1 an et 3 ans. Une personne n’a jamais la seule blessure de l’humiliation. Celle-ci viendra avec le rejet ou l’abandon, ou autre.

Le masque de l’humiliation est le masochisme. La personne qui vit la blessure de l’humiliation se place elle-même dans des situations humiliantes. Par exemple, elle s’achètera une auto trop petite dans laquelle elle ne sera pas confortable. Elle portera des vêtements trop serrés dans lesquels elle sera à l’étroit. Au restaurant, elle échappera souvent de la sauce sur son vêtement, surtout s’il est neuf.

Le masochiste a un corps rondelet. Il fait rire les autres en se ridiculisant. Il pose des questions pour les autres. Il a tendance à faire de l’embonpoint. Personne nourricière, le masochiste a de bourrelets, un corps gros, mais rond. Le masochiste est gourmand, mange beaucoup. Son cou est gros et bombé, il y a de la tension aux mâchoires. Le visage est rond et ouvert comme une lune. Il aura tendance à rougir. Son vocabulaire est souvent : «Qu’est-ce que je peux faire pour toi?… Il m’a humilié… J’ai tellement honte!». Il emploiera aussi les mots petit, gros, c’est indigne.

La plus grande peur du masochiste est la liberté.

LA TRAHISOBN – masque du CONTRÔLANT

La blessure de la trahison vient du parent du sexe opposé. Une fille se sentira trahie par son père, un garçon par sa mère. La blessure survient entre 2 ans et 4 ans. C’est le complexe d’Œdipe non résolu. L’attachement au parent du sexe opposé est beaucoup trop grand, ce qui affecte leurs relations affectives et sexuelles plus tard. Une personne qui a la blessure de la trahison a aussi celle de l’abandon.

Le masque de la trahison est le contrôlant. La personne veut tout contrôler, décider. Ainsi elle ne se fera pas trahir. Le contrôlant a beaucoup de difficulté à faire confiance et à s’abandonner. Le contrôlant ne tient pas ses engagements. Il est manipulateur, séducteur, d’humeur inégale. Il comprend et agit rapidement. Il performe pour être remarqué. Il se confie difficilement.

Le contrôlant a les jambes fortes et bien plantées au sol. Chez l’homme, les épaules sont larges et carrées. Chez la femme, les hanches sont plus larges que les épaules. Le contrôlant fait du ventre. Les yeux d’un contrôlant sont séducteurs. Il a beaucoup de charme et de charisme. Il se tient les pieds joints, les fesses serrées. Il gonfle la poitrine. Il est fin gourmet, mais mange rapidement, ajoute du sel et des épices. Quand il parle, il s’exprime ainsi : «Je veux que … As-tu compris?… Je suis capable… Fais-moi confiance… Laisse-moi faire tout seul …. Je le savais… Je ne lui fais pas confiance, lui.» Il trouvera de bonnes excuses pour mentir. Il prend beaucoup de place en public. Il travaille beaucoup, il est jaloux, il vit de la colère.

La plus grande peur du contrôlant est le reniement.

L’INJUSTICE – masque du RIGIDE

La blessure de l’injustice vient du parent du même sexe. Une fille vivra l’injustice par sa mère, un garçon par son père. La blessure se produit entre 4 ans et 6 ans. La personne qui vit la blessure de l’injustice a aussi la blessure du rejet.

Le masque de l’injustice est la rigidité. Le rigide est un perfectionniste, ne veut pas se tromper, est très indépendant, se justifie beaucoup, se croise souvent les bras (pour ne pas sentir ses émotions), ne demande rien à personne et est très mental. Il a peur de parler de lui-même ou de faire rire de lui. Il affiche de la froideur.

Le rigide se tient bien droit. Il a une belle posture. Toutefois, cette posture est très raide, à la limite de la cassure. Les rigides ont beaucoup d’idéal et de noblesse. Cependant ils en veulent aux autres en raison de l’injustice. Il regarde droit dans les yeux. Il a des yeux brillants et vivants. Il a des fesses rondes, une taille serrée. Quand il parle, il dit : «Il faut que … c’est à cause de … très spécial… justement…. Pas de problème … sûrement … d’accord … exactement … toujours… jamais.» Le rigide prend la vie trop au sérieux. Il se remet souvent en question. Il est envieux.

La plus grande peur du rigide est la froideur.

La transmutation des blessures

Les blessures qui ont engendré des masques peuvent être libérées. Chaque blessure a son aspect positif qui fera rayonner la personne qui le développe.

CE THÈME SERA PRÉSENTÉ LA SEMAINE PROCHAINE.

CAROLLE ANNE DESSUREAULT

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LA GUERRE DES MONNAIES (DOLLAR vs YUAN)

 
 

 

QU’EST-CE QUE LA MONNAIE ?

Q’est-ce que la monnaie ? Qu’est-ce que le dollar, l’euro, le yuan, et les autres monnaies en circulation de par le monde ? Ces devises servent aussi bien aux échanges quotidiens dans les magasins, que, sous d’autres formes, à la spéculation boursière et au commerce international dans une économie capitaliste incontrôlée et anarchique.

Incontrôlée, disions-nous, car les capitalistes financiers qui sévissent sur les bourses du monde ; de Wall Street à la City de Londres, en passant par Paris, Francfort et Shanghai ; gonflent la masse monétaire représentant les marchandises, les biens et les services produits dans les économies nationales, et ils surmultiplient ainsi de façon tout à fait factice le capital disponible sur les marchés boursiers, engendrant ce que les économistes appellent des « bulles financières ». Ce phénomène entraîne en fait la création de « monnaies de singe » ne correspondant à aucune richesse, à aucune valeur réelle, qu’à du vent spéculatif servant à donner l’impression aux pecnots qu’ils s’enrichissent de cet argent de Monopoly « Passe Go et collecte tout l’argent qu’il te faut ».

Quand une « bulle financière » éclate, comme en 2008 à propos des « subprimes », c’est-à-dire la revente, par paquets, de milliers d’emprunts hypothécaires non solvables, ce sont alors des millions de propriétaires d’habitations qui sont saisis, et leurs familles qui les occupent à crédit, qui sont expulsées – jetées à la rue manu militari – dans la plus grande « démocratie bourgeoise » de tous les temps.

Nous invitons les bigots bourgeois férus de démocratie électorale, comptabilisant chaque bulletin de vote jeté dans la crécelle des urnes qu’ils chérissent tant, prouvant croit-il la nature « démocratique » de ce système capitaliste pourri jusqu’à la moelle ; nous les invitons à réfléchir à ce paradoxe où une « démocratie » bourgeoise expulse ses commettants de leur résidence alors que leur gouvernement verse, à même les impôts de ces expulsés, des milliards de dollars en subvention à des banquiers pour qu’ils chassent ces payeurs de créances et ces payeurs d’impôts de leur maison ! C’est la loi du système, diront-ils, alors je demande, qui a besoin de ce système inhumain ?

Revenons à la question posée en début d’article. Qu’est-ce qu’une devise ? Une devise est un instrument économique national qui, à l’origine du capitalisme (concentrons-nous sur ce système économique tout en sachant que la monnaie existait bien avant le capitalisme) représentait la quantité de richesse, de biens et de services échangeables (commercialisables) dans une économie nationale. Au début du capitalisme, il existait alors une adéquation assez stricte entre la quantité de monnaie (non seulement sous forme de billets de banque mais sous toutes autres formes) en circulation et la puissance commerciale relative du pays qui émettait cette monnaie (1).

S’il y avait distorsion, comme par exemple martingale d’impression d’une trop grande quantité de monnaie nationale par rapport à la richesse (marchandise) échangeable dans ce pays, la sanction des marchés était sans équivoque, la valeur de cette monnaie nationale chutait rapidement et tous ceux qui faisaient commerce avec ce pays inflationniste refusaient de libeller leurs échanges en cette devise nationale et exigeaient plutôt d’être payés dans une « devise forte ». C’est le rôle que jouait le dollar américain jusqu’à la dernière crise (2008), le franc suisse servait également de monnaie refuge, ou encore l’or, cette quasi devise acceptée par tous à un point tel que l’on exigea pendant longtemps que chaque banque nationale, émettrice d’une devise, conserve dans ses coffres une certaine proportion d’or (environ 10 %) correspondant à une portion de la  valeur de sa monnaie en circulation. Cette règle fut abolie lors de la répudiation des Accords de Bretton Woods (USA – 1944-1971). (2)

LES ACCORDS DE BRETTON WOODS

À la suite de la seconde guerre mondiale, les États-Unis d’Amérique ayant pris une place prépondérante comme super puissance militaire, économique et financière impérialiste, il fut décidé que la devise américaine, le dollar US, servirait de monnaie d’échange dans les transactions internationales et donc de valeur refuge en cas de difficulté commerciale ou financière entre deux ou plusieurs pays commerçants. C’est-à-dire, qu’à compter de 1944, une banque ou un trust qui souhaitait s’assurer que le fruit de ses transactions monétaires, commerciales, ou boursières spéculatives, soient à l’abri de toutes dévaluations intempestives d’une monnaie nationale fragile, effectuait ses transactions en monnaies fortes américaines – le dollar US – monnaie de réserve.

À partir de 1971 les États-Unis refusèrent de rembourser en or les dollars US excédentaires mis en circulation de par le monde (fin de la convertibilité OR) d’où aucune réserve d’or ne garantissait plus la totalité ou une partie des dollars en circulation. Puis, ils proposèrent que les monnaies soient à conversion flexible selon l’état des marchés. Les autres pays impérialistes, solidement arrimés et assujettis au leader américain, ne dirent mot, pensant que l’économie américaine serait toujours prospère et l’impérialisme florissant. Le système impérialiste était alors dans la dernière décennie de ses « trente glorieuses ».

Par la répudiation des Accords de Bretton Woods (1944-1971), les traders et les banquiers internationaux obtenaient un sauf conduit spéculatif – un  blanc-seing – illimité pour spéculer. Les différentes puissances impérialistes du globe crurent alors qu’elles pourraient s’en sortir et s’échapper avec la caisse alors que tous leurs amis, alliés et concurrents impérialistes se casseraient le nez avec un trop plein de dollars dévalués. Mais voilà, chacun de ces cupides croyait son concurrent plus stupide que lui-même et chacun se présentera à la caisse au même moment comme en Argentine quand les petits bourgeois s’alignèrent aux portes des banques cadenassées, incapables d’honorer leurs créances devant leurs clients déboutés. Évidemment, les milliardaires argentins avaient depuis longtemps transformé leurs avoirs en francs suisses anticipant l’effondrement du Peso – en parité dollar – contrairement aux prolétaires de Buenos Aires floués par ces pesos dévalués.

Imaginez la même dramatique, mais cette fois au lieu d’être l’Argentine aux prises avec le piège spéculatif, l’effondrement du Peso, et la perte de confiance des investisseurs et des épargnants dans l’économie du pays, ce sont tous les grands banquiers et les boursicoteurs internationaux, ces « génies » de la finance, nous dit-on, qui sont pris au piège américain, le peuple américain étant lui-même la première victime du fonctionnement de ce système économique anarchique, incontrôlé et inhumain.

Évidemment, cette « confiance » des acheteurs, des vendeurs, des spéculateurs, des banquiers et des boursicoteurs était fondée sur l’assurance que la monnaie internationalisée – le dollar US –, représentait bien une valeur forte, reflet d’une économie prospère, et qu’en tout temps chacun d’entre eux pourrait échanger ses dollars pour de vraies marchandises, de vrais biens ou de réels services concrets et tangibles. Que cette condition incontournable vienne à faire défaut et c’est tout l’édifice spéculatif impérialiste qui s’écroule. Le monde capitaliste en est là. La réalité c’est que depuis le début du XXe siècle le dollar américain a perdue 97 % de sa valeur. La dette souveraine américaine est de 15 000 milliards de dollars soit 100 % du PIB américain. Si on y ajoute l’endettement des ménages et celui des entreprises et la dette états-unienne passe à 50 000 milliards de dollars US, soit 360 % de son PIB. Tout compris les États-Unis affiche un « trou » de 200 000 milliards de dollars US. Ce n’est pas la Grèce qui est en faillite ce sont les États-Unis d’Amérique (3).

PROCHAIN SOUBRESAUT DE LA CRISE MONÉTAIRE

Si tous les spéculateurs n’ont pas abandonné le dollar au moment où nous écrivons ces lignes, c’est pour la simple raison que si chacun des voleurs – spéculateurs – (pas les fraudeurs de l’assistance sociale mais bien les spoliateurs milliardaires) réclamait son « dû », chacun d’entre eux se retrouverait propriétaire d’une montagne de « dollars de singes » n’ayant absolument aucune valeur réelle comme il en fut dans les années vingt (1920) avec l’ancien Mark allemand que les capitalistes germaniques acheminaient par wagon entier aux capitalistes français à titre de réparation de guerre (1914-1918).

De fait, lors de la prochaine convergence des crises monétaire et financière, au premier semestre de 2012, des milliers de milliards d’actifs-boursiers-fantômes s’évanouiront et entraîneront dans la décimation au moins 10 % des banques occidentales édifiées sur ces actifs bidons et frauduleux. L’Euro et la dette souveraine grecque ainsi que celle des autres pays européens surendettés seront les déclencheurs mais pas les responsables de cette débandade boursière-bancaire qui frappera même les banques « too big to fail » (trop gosses pour tomber) (4). Elles tomberont elles aussi.

Chaque État national sera tenté de voler au secours de « ses » banques et de sa monnaie nationale en décrépitude car même les hedge funds et les fonds de pension – segments du capital financier – seront menacés d’effondrement (5). Mais les banques sont maintenant trop grosses pour être sauvées et un État qui songerait à prendre ces faillites à charge connaîtrait la décote Moody’s et la hausse de ses frais d’emprunts. La France, par exemple, consacre déjà 45,4 Milliards d’euros par an au remboursement de sa dette souveraine soit 16,5 % de ses revenus ou 80 % de ses revenus d’impôts (6).

LA NOUVELLE SUPERPUISSANCE IMPÉRIALISTE

Pourquoi une économie solide à la monnaie vigoureuse suscitant l’envie de tous les spéculateurs se retrouve-t-elle en si fâcheuse posture que chacun s’en contente faute de mieux, sachant qu’il n’a tout simplement pas le choix, s’il retire ses billes, son client et son fournisseur feront faillite, tout comme lui ? C’est la seule raison qui explique pourquoi le dollar poursuit sa triste destinée internationalec’est que refuser le dollar revient à scier la branche sur laquelle chacun des grands capitalistes s’est reposé pour spéculer.

Au cours de la décennie quatre-vingt dix et de la première décennie des années deux mille, les entreprises multinationales occidentales ont délocalisé leurs usines ou encore leur production vers les pays émergents (Chine, Inde, Brésil, Corée, Taiwan, etc.) provoquant un chômage endémique et une baisse de revenu chez les consommateurs occidentaux. Les revenus fiscaux des États ont alors périclité et les commerçants ont tenté de compenser cette chute de pouvoir d’achat en offrant un crédit quasi illimité aux consommateurs occidentaux. Les entreprises improductives du tertiaire se sont concentrées dans les pays capitalistes avancés, en déclin, alors que les entreprises productrices de plus value des secteurs secondaire et primaire se sont concentrées dans les pays capitalistes émergents dont la Chine, première puissance industrielle du monde dont la monnaie, sous évaluée, offre maintenant les garanties recherchées.

Bref, un nouvel acteur économique s’est pointé sur la scène industrielle et commerciale mondiale. L’immense Chine avec ses 1,3 milliards de travailleurs à exploiter et de consommateurs à dévaliser. Depuis 1978 environ – prise du pouvoir par Deng Xiaoping en Chine – l’économie mondiale est entrée dans un nouveau cycle. Il ne s’agit pas ici de la crise de la dette grecque, et de ses 11 millions de producteurs – consommateurs (représentant à peine 0,01 % de l’économie mondiale) mais d’une super puissance industrielle et commerciale qui en trente cinq ans est devenue la seconde économie du globe et la première puissance industrielle de la planète, produisant, contrairement aux américains, de vraies marchandises, échangeables (téléviseurs, ordinateurs, automobiles, vêtements, navires, armements, raffineries, trains, fusées, etc.) garantissant toute transaction commerciale bien davantage que des dollars dévalués. Ce sont 20 % des consommateurs du globe qui se sont joints d’une venue à la confrérie mondiale des exploités de l’impérialisme.

Le Yuan, la monnaie chinoise, est aujourd’hui en confrontation directe avec le dollar US. Dans cette guerre à finir entre l’Alliance Atlantique (OTAN) regroupant les puissances impérialistes en déclin dont les économies non performantes et non concurrentielles ne sont pas suffisamment profitables parce que leur aristocratie ouvrière a bénéficié de « trop davantage » que les capitalistes occidentaux tentent aujourd’hui à grand peine de leur retirer – lutte et résistance sur le front économique –, dans cette guerre titanesque, contre l’Alliance de Shanghai (Chine – Russie – États de l’ancienne Union Soviétique, Iran, Corée du Nord, etc.) l’une des deux super-puissances devra assujettir l’autre à sa domination et ça ne peut être l’Amérique décadente.

Sur le plan militaire les États-Unis et l’OTAN détiennent une suprématie indéniable dont la résultante est une suite de guerres et d’occupations ruineuses pour leurs économies déjà en difficulté ; pendant ce temps la Chine investit ses capitaux impérialistes en Afrique, en Amérique latine, au Canada, en Australie et noue des liens commerciaux avec les anciens alliés de la puissance états-unienne en déclin accéléré. L’ancien et le décadent devront un jour laisser place à la nouvelle superpuissance économique mondiale qui a nom la Chine et à sa devise le Yuan, que la Chine réévaluera quand bon lui semblera, sans tenir compte des pressions américaines (7). La Chine, en refusant de réévaluer sa monnaie, évite une hausse de prix inflationniste à l’économie américaine dépendante. D’ici là, les banques occidentales connaîtront tous les affres de la dévaluation monétaire et de la crise financière entraînant les épargnes des petits bourgeois dans le gouffre des crises monétaires impérialistes. Le dollar a terminé son cycle de vie, voyez poindre l’aurore du Yuan.

La crise capitaliste est inéluctable et si chacun d’entre vous décide de sauver ce système économique et monétaire parasitaire, alors, il survivra ce système par l’addition  de vos sacrifices collectifs et par la somme de vos efforts individuels mais dans moins de dix ans une nouvelle crise systémique encore plus profonde, plus terrible et plus dévastatrice s’abattra sur ce monde impérialiste et on réclamera de chacun d’entre vous que vous fassiez comme ces petits bourgeois argentins, égyptiens, marocains, tunisiens, que vous vous rendiez aux urnes choisir le larbin ou la démagogue qui vous vendra sa salade nationaliste surannée contre quelques heures d’illusion, de rêve, jusqu’au lendemain qui déchante et vous confronte à la dure réalité de la nouvelle faillite des monnaies et du système impérialiste (8).

_________________________________________

(1) L’Euro fait exception à la règle nationale et nous verrons dans un prochain article les aléas de cette singularité.

(2) http://fr.wikipedia.org/wiki/Accords_de_Bretton_Woods

(3) Myret Zaki. Le dollar va mourir. In L’Étoile du Nord. Vol. 9, no 5, octobre 2011.

(4) Communiqué public GEAB no 58. 15 octobre 2011.  Tiré de L’Étoile du Nord (Édition française). Pages 6-11. Vol. 9, no 5, octobre 2011.

(5)  Les fonds de pension publique aux États-Unis font face à un gouffre financier évalué environ entre 1000 et 3000 milliards de dollars.  GEAB no. 58. 15 octobre 2011.

(6) Charles Sannat. Directeur économique du site : http://AuCoffre.com

(7) De vieux jeux politiques inutiles pour guérir des maladies américaines. http://www.chine-informations.com

(8) Robert Bibeau. La crise économique les balaiera tous!  http://www.mecanopolis.org/?s=bibeau

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Les vrais « Héros » du Canada!!!

Les vrais “héros” du Canada.

Vous croyez qu’il y a du nouveau sous le Soleil?

Erreur!!!

Lorsqu’on lit la multitude d’écrits de l’épopée de la traite des fourrures, on découvre rapidement une clarification importante qui n’est pas assez soulignée, c’est à dire que ce commerce possède TROIS niveaux de production:

1)      La Baie d’Hudson, qui est une compagnie « étrangère » au Canada et n’a pour seul but que d’apporter des bénéfices aux actionnaires d’Angleterre, sans prendre de risques ni avoir un quelconque intérêt pour le pays.

2)      La Compagnie du Nord-Ouest qui est Canadienne mais sans charte, et dont les propriétaires, marchands écossais et anglais immigrés au Canada pour la plupart, ne visent que leurs enrichissement personnels, en n’ayant aucun respect pour qui ou quoi que ce soit. Ils  ne tiennent aucunement compte des risques encourus par leurs employés, ni des conséquences de leurs agissements pour les Amérindiens. On peut les considérer comme étant l’embryon économique du « Capitalisme Sauvage ».

3)      Les « Free traders », c’est-à-dire les « Canayens », qui font la traite individuellement depuis plus de deux siècles avec ces Amérindiens, dans une atmosphère d’entraide et de respect mutuel, et qui ne traitent qu’en fonction de la survie et du bien-être personnels des deux partis. Ils font leur commerce sans risquer de créer de déséquilibre, ni chez les individus, ni chez les animaux qui suppléent à leur besoins respectifs.

Ils font  la traite des fourrures pendant plus de deux cents ans sans aucune répercussion négative sur la nature, tandis que la Compagnie du Nord-Ouest prend moins de 80 ans pour détruire complètement l’équilibre écologique de l’Ouest du continent. Les compagnies de traite américaines, un peu plus tard, réussiront à tuer l’ensemble des bisons d’Amérique, jusqu’alors innombrables, dans une période d’une trentaine d’années.

Il est remarquable que cette structure économique est exactement la même que la structure actuelle : Compagnies internationales suivies des Sociétés nationales auxquelles on ajoute la Petite et Moyenne entreprise. Aussi longtemps que cette dernière occupe la plus grande part du marché, la société ne souffre pas. Mais le malheur veux que le premier niveau de production, sournoisement, prenne prépondérance. C’est, aussi, ce qui s’est passé à l’époque de la Traite des fourrures et qui se répète aujourd’hui.

Les employés de la Baie d’Hudson arrivent par bateau à la baie du même nom et débarquent aux forts qu’ils y possèdent depuis l’époque de Radisson et Desgroseillers. Ces employés se limitent, presqu’exclusivement, à rester en sécurité dans leurs différentes fortifications, en attendant la venue des Indiens pour échanger leurs fourrures. Elle parviendra, éventuellement, à prendre le contrôle total de cette économie.

Les employés de la Compagnie du Nord-Ouest, quant à eux, prennent leur départ de Lachine, à Montréal, d’où quelques centaines de canots remontent l’Outaouais vers les Grands Lacs. Les « mangeurs de lard » se rendent jusqu’au Grand Portage où ils échangent leur cargaison de marchandises pour les ballots de fourrures apportés par les « hivernants ». Ces derniers repartent vers l’Ouest pendant que les « mangeurs de lard » reviennent à Montréal avec les pelleteries. Le système est très efficace et énormément « productif ». Ils seront obligés, éventuellement, de s’associer à la Compagnie de la Baie d’Hudson.

Les « Traiteurs libres », eux, partent de leur différent village et remontent soit le St-Maurice, le Saguenay ou la rivière Batiscan pour faire leur traite « pas trop éloignée ». Les plus audacieux remontent, soi le Richelieu jusqu’au Lac Champlain pour aller faire la traite à l’Ouest des Appalaches (Alleghany) ou encore, remontent le St-Laurent ou l’Outaouais jusqu’au Grands Lacs, pour ensuite se rendre au Mississipi et dans le pays des Illinois. Ce sont eux qui passent partout… « où ça passe ». Ils perdront, éventuellement, toute importance dans leur économie.

Ce sont ces derniers qui, les premiers, se rendront jusqu’aux Montagnes Rocheuses (Confirmation que les derniers sont toujours les premiers; sauf que le mouvement ne s’arrête jamais, et ces premiers redeviendront les derniers). Il est même certain que plusieurs y parviennent avant même l’arrivée des frères La Vérendrye en 1743. C’est ce que leur rapport indique lorsqu’ils envoie une invitation pour venir à leur camp, à un Canayen habitant la région. Celui-ci ne fut pas intéressé à rencontrer les La Vérendrye et déclina l’invitation.

L’histoire officielle nous rapporte assez bien les explorations des deux premiers niveaux de production nommés plus haut; mais presque rien ne souligne les excursions des « Traiteurs libres », qui sont, en réalité, les seuls auteurs des « vraies découvertes » du continent Nord-Américains depuis les tout débuts.

La seule confirmation officielle de ces découvertes initiales se retrouve dans le fait que tous les découvreurs « officiels » des deux intervenants « historiques », rencontrent sur leur route, lors de chacune de leurs expéditions, ces « Canayens » qui sont installés depuis longtemps et dont ils se servent pour les guider toujours plus loin.

La majorité de ces « traiteurs libres » sont originaires de Trois-Rivières, Maskinongé, Batiscan et environs. Ce dernier constat confirme quelque peu, la différence de caractère qu’on retrouve chez les « Canayens » de l’époque. Les gens de Québec sont plus « posés » (politically correct), les gens de Trois-Rivières sont de « purs aventuriers »(Petites et moyennes entreprises) et les gens de Montréal sont les plus « combatifs » (Compagnie du Nord-Ouest). Mais voyons comment tout cela s’est développé.

Au tout début, on s’installe à Québec avec Champlain. Ces colons de l’époque sont définitivement des Français, en mission temporaire au Canada. Le premier Canadien officiellement reconnu est l’apothicaire Louis Hébert qui devint colon/agriculteur de Nouvelle France. Personne, aujourd’hui ne peut nier qu’il est le premier agriculteur Canadien. Mais il n’est pas du tout, le père spirituel de ceux qui découvrent les grands espaces de l’Amérique du Nord. Louis Hébert ne manque pas de courage, loin de là. On peut le découvrir sur sa biographie :

http://www.biographi.ca/009004-119.01-f.php?&id_nbr=348

On y découvre également la valeur des ententes faites par les autorités françaises de l’époque avec ses colons et son intérêt réel pour la colonie, qui n’est que pécuniaire et qui ne varie pratiquement pas jusqu’à la conquête. Louis Hébert est le premier représentant de ces courageux agriculteurs qui s’établissent au Pays. Il est également le père spirituel des Québécois soumis aux autorités françaises. Mais, je le répète, il n’est pas le père spirituel de ces « Canayens » intrépides, insoumis, vivant une liberté sans freins, qui marquent la vraie nature de nos ancêtres.

Cette « nature » étonnante de ceux de chez nous, nous vient d’un développement, en parallèle, de cette façon de vivre agricole. L’agriculture n’est pratiquée majoritairement que pour subvenir aux besoins « primaires » de nos ancêtres. On défriche suffisamment de terrain pour que l’épouse d’un « Canayen » puisse subvenir aux besoins de base de la famille. Le surplus vient d’ailleurs et prend naissance bien avant l’arrivée de Louis Hébert. Éventuellement, les familles perdront ce moyen agricole de survie qui sera transformé en entreprise commerciale au main de l’économie.

Vers 1608, Samuel de Champlain veut établir des liens étroits avec les Améridiens. Pour ce faire, il désigne de jeunes adolescents comme « truchements » (interprètes), ayant mission de vivre avec les « sauvages », pour apprendre leurs mœurs et leur langue. Le premier de ces adolescents est Étienne Brulé. Il vit chez les Hurons où il est installé par Champlain. À son retour, Champlain découvre non pas un Français devenu « Truchement », mais un « Canayen » qui n’est plus du tout « Français ». Le jeune homme ayant goûté à la liberté, l’égalité et la fraternité, principe social immémorial des « Sauvages », 183 ans avant la révolution française.

Champlain s’aperçoit rapidement qu’il ne détient plus aucune emprise sur ce nouveau personnage qu’est devenu Étienne Brulé qui n’est pas le seul de son époque. Il y eu Jean Nicolet qui fut éduqué par les Algonquins, Nicolas Vigneau et un certain « Thomas » cité par Champlain sans plus de détails. Il y en a plusieurs autres qui servent Champlain mais dont il ne mentionne jamais les noms, gardant pour lui l’honneur des pourparlers.

Les autres « truchements » qui suivent, sont de jeunes hommes fait prisonniers par les « Sauvages »; comme Pierre Lefebvre de Trois-Rivières, Pierre-Esprit Radisson également de Trois-Rivières, et plusieurs autres dont on minimise l’importance historique.

Enfin, une troisième catégorie d’interprètes, la plus nombreuse, résultent de cette amitié que développent les colons avec les Amérindiens de différentes tribus, provoquée par leurs intérêts mutuels lors des transactions commerciales. Les uns pour obtenir des fourrures ou des vivres, et les autres pour obtenir des objets métalliques pour leurs besoins quotidiens, des fusils et des munitions pour la chasse. Il ne faut jamais oublier le fait que les Amérindiens « amis » se promènent « comme chez eux » dans tous les villages de Nouvelle France.

Par contre, ces liens avec les « Sauvages » révèlent aux jeunes hommes de Nouvelle France, les avantages de la vie « à l’indienne ». Très tôt dans leur histoire, ces jeunes colons deviennent, eux aussi, des « Canayens » refusant l’autorité, la soumission et, finalement, toutes formes d’asservissement.

Le clergé de l’époque mettra l’opprobre sur la liberté sexuelle des jeunes « Canayens » acquise auprès des Amérindiens; mais cela n’est pas du tout le problème majeur. Les autorités politiques et religieuses regrettent surtout leur manque de contrôle total sur cette jeunesse au caractère tout nouveau et très étrange pour eux. Ce n’est pas que les Canayens sont vraiment rebelles; c’est simplement qu’ils n’ont aucune considération, si mince soit-elle, pour les ordonnances « officielles ». Ils vivent comme ils l’entendent et laissent vivre les autres comme ils veulent. Il est, également, très difficile de les menacer de représailles puisqu’aussitôt que ce danger apparait, les intéressés disparaissent dans la forêt. Plusieurs ne reviennent jamais; non pas parce qu’ils sont victimes d’accidents, mais bien parce qu’ils décident de s’installer un peu partout en Amérique du Nord, sans plus aucun contact avec cette « supposée » civilisation qui n’a pour seul principe, que de brimer la liberté de l’individu. La liberté de chacun est leur valeur primordiale; et c’était là, le caractère le plus important qu’ils avaient tiré de leur apprentissage avec les « Sauvages ».

C’était également une « réaction » normale suite aux siècles et même aux millénaires d’une philosophie sociale de « soumission » à une élite. Cette réaction prônant la Liberté, l’Égalité et la Fraternité s’est manifestée à trois endroits différents, à la même époque: 1) chez les Pirates européens, 2) chez la société Acadienne d’Amérique et 3) chez la jeunesse « canayenne » de Nouvelle France. Par contre, elle était, depuis toujours, la philosophie sociale des Amérindiens.

Ces jeunes « Canayens » peuvent survivre à n’importe laquelle des conditions qu’ils puissent rencontrer, quel que soit l’endroit ou la saison où ils se trouvent. Ils peuvent survivre en forêt pendant des mois, sans besoin d’aide extérieure. Leur régime de vie en font des hommes tenaces, forts, résistants à toute épreuve et téméraires comme peu d’hommes parviennent à le devenir, tout en restant conscient de leurs capacités individuelles qu’ils développent au maximum. Sous la supervision de leurs amis autochtones, ils deviennent les meilleurs chasseurs du continent et les plus adroits « canoteurs » de l’histoire. Le système de transport développé par la Compagnie du Nord-Ouest ne sert qu’à la sécurité des marchands propriétaires dans leurs voyages. La sécurité des « voyageurs » eux-mêmes ne repose que sur leur courage et leur adresse; qu’ils voyagent pour cette compagnie ou pour leur intérêt privé.

Ces Canayens sont majoritairement originaire de la région de Trois-Rivières, qui est celle des colons ayant vraiment adopté le Canada et ses premiers habitants, comme leur nouveau pays. Ces colons endurent les autorités, qu’elles soient française ou anglaise, parce qu’ils ne peuvent faire autrement. Par contre, ils  ne leur attachent  pas plus d’importance qu’il le faut. Ils vivent en parallèles de ces autorités « élitistes ».

Le contrôle sur la population fera en sorte qu’il n’est pratiquement plus possible de vivre cette liberté totale, même temporairement, en faisant ce qu’on appelle du « Camping sauvage », où on pouvait développer une certaine expérience de survie en forêt qui encourage l’indépendance de l’individu. D’ailleurs la principale possibilité fut enlevée par le registre des armes à feu. Très peu de personnes se risquent dorénavant à faire du « Camping sauvage » plus loin que sur le champ de Mars, armé d’une bonbonne de poivre de Cayenne.

La plupart des « voyageurs » qui habitent Montréal sont également originaires  de la région de Trois Rivières. Ils déménagent à Montréal pour être plus près du point de départ « officiel » de la traite des fourrures qui se trouve à Lachine. Lorsqu’il ne peuvent pas obtenir de travail de la part de ceux qui détiennent des « permis de traite », ils retournent à leur village et partent en course en tant que « coureurs de bois ». Pour eux, les « permis officiels » n’ont pas tellement d’importance sauf celui de ne pas être obligé d’organiser soi-même l’expédition. C’est d’ailleurs pourquoi, le contrôle de la traite des fourrures n’a jamais régulé quoi que ce soit dans ce commerce. Les règles se trouvent sur papier; la vie c’est autre chose.

C’est exactement ce qui caractérise nos gouvernements actuels. Ils tiennent des comptes sur la richesse naturelle du pays, mais ne tiennent aucunement compte des individus qui en sont la vraie richesse et, surtout, les vrais propriétaires de ces richesses.

Encore une fois, comme toujours, les vrais créateurs du pays passent au second plan et les détenteurs « mercantiles » du pouvoir se servent, aveuglément égoïstement et de façon complètement irresponsable, dans le « pot au beurre ».

Nos ancêtres parvenaient à vivre « en parallèle » de ces autorités aveuglées par l’appât du gain; mais aujourd’hui, cela ne nous est plus possible à cause des restrictions élaborées graduellement depuis plus de deux cents ans pour le « supposé » bien de l’ensemble et qui a fait disparaître cette notion de liberté personnelle méritée par l’acceptation des responsabilités individuelles.

Nous sommes passé, sans nous en rendre compte, du statu de meute de loups responsables de notre propre survie, à celle de chiens au service des seigneurs qui font la « chasse à courre », et qui attendent, la langue pendante, qu’on leur permette de bouffer les détritus du produit de notre chasse.

Le sang qui coule dans nos veines est le même que celui de ces « Canayens » de la majorité silencieuse de l’époque, tenaces et surtout pleins de courage, qui s’attaquaient à toutes entreprises dangereuses quelle qu’elles soient, sans envisager la simple possibilité de ne pas réussir. Est-ce que les autorités actuelles se réveilleront avant de provoquer l’éveil de ces caractéristiques de notre sang Canayens, ou vont-elles continuer de rêver en croyant que le papier « officiel » est plus puissant que la survie des individus?

Est-ce que nos autorités « clairvoyantes » continueront de penser, par exemple, qu’une manifestation de 30,000 étudiants est pacifique parce que les revendications ne sont pas  «vraiment sérieuses »? Les revendications des matelots étaient très sérieuses avant qu’ils deviennent des Pirates.

Je leur conseillerais de vérifier, une fois de plus, leurs comptes pour savoir s’il n’y a pas 30,000 bâtons de baseball en aluminium de disponibles sur le marché. Ils devraient le faire avant de rejeter, d’un revers de la main, les exigences de la population. Ils n’auront peut-être pas toujours, plus de deux années de répits pour rectifier leur tir (Commission d’enquête).

La dernière question est: Est-ce qu’encore cette fois-ci, les autorités pourront éradiquer cette soif internationale d’une société équitable, comme ils l’ont fait avec la société Acadienne?

Si j’étais eux, je commencerais à m’inquiéter un « ti-peu ». La majorité silencieuse est beaucoup plus nombreuse que ces 30,000 étudiants qui, les premiers, ont commencé à se lever. Et ce, sans relever le développement des « Indignés » qui est une réaction au ras-le-bol international. Il serait bon de rappeler que la Monarchie se croyait invincible face au peuple.

Finalement, ce que j’entends faire n’est pas d’encourager inconsidérément la rébellion; mais plutôt, souligner que l’histoire n’est certainement pas seulement une connaissance inutile pour rêveurs dans les bibliothèques, et doit plutôt servir à évaluer avec justesse, l’actualité.

Les travaux de John Forbes Nash jr (Un homme d’exception) peuvent peut-être prévoir les mouvements dans un groupe de pigeons; mais le résultat n’est vérifiable qu’après leur dispersion; c’est à dire : trop tard pour faire des corrections au calcul.

Mais que nous enseigne l’histoire réellement?

Elle nous démontre que l’économie d’un pays est plus stable et plus sécuritaire, autant pour les humains que pour la nature, si elle se retrouve contrôlée par les petites et moyennes entreprises. Autrement dit, lorsque les « besoins du peuple » lui-même dirige l’économie. Pour cela il n’y a qu’une seule solution qui est d’adopter une Démocratie « directe »; c’est à dire « participative » et non d’essayer de faire survivre notre démocratie représentative qui, elle, est définitivement « Oligarchique ».

C’est tout à fait clair.

Amicalement

André Lefebvre

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