Archives quotidiennes : 5 novembre 2011

LES ÉTATS-UNIS D’AMÉRIQUE ET LES INTÉRÊTS DU MONDE

En tant que première puissance mondiale, les États-Unis exercent une influence déterminante dans beaucoup de secteurs relatifs à la sécurité et au développement des peuples. Leur puissance militaire n’est plus  à démontrer tout comme leur capacité d’être présents non seulement dans toutes les régions du monde, mais, encore, dans les diverses hiérarchies qui dirigent les peuples et les gouvernements. Même le Vatican n’y échappe pas.

UN DISCOURS OUVERT AUX VALEURS UNIVERSELLES

Dans ce contexte,  il est un peu normal que les Présidents qui se succèdent aient un discours qui fasse ressortir les grandes valeurs auxquelles aspirent les peuples du monde. Ils parleront amplement de la démocratie, de la liberté, du respect des droits  humains, de l’aide internationale, mise à la disposition des plus défavorisés, ainsi que des forces militaires qui vont à la rescousse des victimes de dictateurs sanguinaires.  De nombreux exemples d’interventions humanitaires dans les secteurs de la recherche, du développement, de la l’entraide viendront illustrer ces grandes valeurs qui inspirent ce peuple et qui en font l’ami de tous les peuples et de toutes les personnes de bonne volonté. En somme, un discours inclusif, généreux et tout ce qu’il y a de plus respectueux des grandes aspirations des temps que nous vivons. Les discours à la Nation des Présentés commencent et finissent presque tous en référence à ces contenus.

UNE PRATIQUE SUBORDONNÉE AUX VALEURS NATIONALES

Une fois élaborée cette liste des grandes valeurs humanitaires, laquelle est loin d’être exhaustive, le discours passe à des considérations plus pragmatiques et d’intérêts nationaux. Ils aborderont évidemment le terrorisme, présenté comme une véritable menace pour leur sécurité. Cette menace omniprésente justifiera de nombreuses incursions militaires dans le monde ainsi que des mesures spéciales à l’endroit des citoyens étasuniens eux-mêmes, Dans les deux cas, des droits fondamentaux des peuples et des personnes seront sacrifiés. La SÉCURITÉ NATIONALE s’imposera comme un absolu qui ne saurait être sacrifié pour quelque considération que ce soit. Elle agira comme une référence transcendante, non définie et à portée universelle, sous le couvert de laquelle les Présidents justifieront, avec ou sans l’accord des Nations-Unies, la mise en place de mesures allant à l’encontre des droits des peuples et des personnes.

Nous connaissons bien la nature de l’intervention militaire en Irak que le Président Bush a justifiée en disant que la sécurité nationale des Etats-Unis était menacée par la présence d’armes de destruction massive. Près d’un million de morts, sinon plus, des centaines de milliers de blessés, la destruction d’infrastructures de tout un pays, font maintenant parties de cette intervention qui dure depuis huit ans. Tout cela sans qu’il y ait eu la moindre trace de ces armes de destruction massive. Il s’agissait d’une intervention préventive, non soutenue par les Nations Unies, fondée sur un grossier mensonge. Les exemples de ces interventions de lutte contre le terrorisme ne manquent pas.

À la sécurité nationale s’ajoute une autre référence ayant également un caractère absolu: les INTÉRÊTS DES ÉTATS-UNIS D’AMÉRIQUE. Encore là, ces intérêts peuvent prendre toutes les formes possibles. Il suffit qu’un Président  déclare que telle ou telle politique ou tel ou tel gouvernement menace les intérêts des Etats-Unis pour que tous les moyens soient pris pour y remédier. Il se donne alors le droit d’intervenir  comme il l’entend.  Là encore, l’accord des Nations Unies, bien que préférable, n’est pas essentiel à leurs interventions. Ils peuvent, comme des rois, agir au dessus des lois et des droits.

Par exemple, lorsqu’au début des années 1970, Salvador Allende, nouveau Président élu du Chili, nationalisa certaines multinationales étasuniennes, ce fut interprété comme une attaque contre les intérêts des Etats-Unis. Tout le reste ne fut que mise en opération d’une action qui devait inévitablement éliminer ce gouvernement  et reprendre le contrôle du pays par des alliés indéfectibles. Que la démocratie ait été bafouée, que les droits humains ignorés, tout  cela importait peu pourvu que leurs intérêts nationaux soient les premiers servis.

Il en est de même aujourd’hui avec les pays émergents en Amérique latine et ailleurs dans le monde. Dans ces derniers cas, les interventions se font plus discrètes de leur part, mais toujours aussi agressives et intenses. Ils apportent tout leur appui financier et logistique aux oligarchies nationales et à certains organismes régionaux qu’ils contrôlent bien pour faire la sale besogne.   Il en fut ainsi pour le coup d’État militaire au Honduras, en 2009, qui délogea le président élu, Manuel Zelaya. Plus récemment, en septembre 2010, c’était le Président élu de l’Équateur qui faisait face à une tentative de coup d’État. Déjà, en avril 2002, nous avions assisté à une tentative de coup d’État au Venezuela qui faillit couter la vie au président élu, Hugo Chavez. Grâce à l’intervention du peuple et d’une fraction importante de l’armée, cette opération s’est soldée par un échec total. À ces exemples, il faut ajouter toutes ces actions menées en Bolivie soit pour renverser le gouvernement d’Évo Morales, un autre président élu, ou éliminer physiquement ce dernier.  Il est évident que toutes ces actions se trament en utilisant l’argent de la corruption, la collaboration des oligarchies nationales et, si besoin est,   l’implication de mercenaires bien payés.

Nous assistons présentement à la mise en place d’une autre référence, elle aussi de  caractère absolu : l’INTERVENTION MILITAIRE HUMANITAIRE qui donne un visage humain et désintéressé aux actions de conquête, de renversement de gouvernement ou encore de changement de régime.  La guerre en Libye illustre à merveille cette nouvelle façon de faire. Là encore c’est sur la base de mensonges grossiers, tous contredits par des faits, que cette guerre, avec ses dizaines de milliers de bombes et de roquettes, a détruit les infrastructures de tout un pays, le plus développé de tous les pays d’Afrique, et fait plus de 70 000 morts en huit mois. Comme si ce n’était pas assez, les Etats-Unis et ses alliés de l’OTAN se préparent maintenant pour une autre intervention militaire humanitaire en Syrie. Nous aurons tous compris que derrière ce beau vocable se cache, cette fois, la conquête pure et simple de la richesse d’un pays et le contrôle d’une région.

LES PRÉSIDENTS DES ÉTATS-UNIS NE SONT QUE DES EXÉCUTANTS

Le véritable pouvoir et les véritables intérêts au service desquels oeuvrent les Administrations étasuniennes ne sont, quoiqu’ils puissent en dire,  ni ceux du peuple étasunien ni ceux d’une humanité plus juste et solidaire, mais  ceux des principales oligarchies qui contrôlent les industries militaires, les milieux financiers, les grandes multinationales ainsi que les institutions politiques et économiques du pays. CE SONT LES INTÉRÊTS DE CES DERNIÈRES QUE LES PRÉSIDENTS QUI SE SUCCÈDENT ONT LE MANDAT D’IMPOSER AU PEUPLE ÉTATSUNIEN ET AU MONDE. Tout le reste ne peut être qu’emballage et image. Pour ce faire, ils disposent des moyens de communication à l’emploi desquels ils placent les plus grands manipulateurs d’opinion. Le « WE CAN » (NOUS POUVONS) d’Obama n’est qu’un slogan utile pour une campagne électorale. Une fois élu et dans le fauteuil de la Présidence, le nouveau venu n’a plus qu’à dire au Peuple « I CAN’T  MORE» (je ne peux plus).

UNE ÈRE NOUVELLE S’IMPOSE DONC, MAIS LAQUELLE? 

Le monde est de plus en plus conscient de cette grande tricherie que n’arrivent plus à dissimuler les beaux discours aux valeurs universelles. Ceci dit, les maitres du monde peuvent toujours compter sur leur capacité militaire, sur leur pouvoir énorme de corruption de personnes et de dirigeants à la conscience élastique. Pour le moment ils ont la main mise sur l’ensemble des organisations internationales y incluant les Nations Unies et certaines grandes églises dont le Vatican. 

Par contre les armes n’ont pas de pouvoir sur les consciences et encore moins sur les peuples unis et solidaires. L’avenir de la libération des peuples devra passer par cette prise de conscience de cette énorme tricherie dont ils sont les victimes. Ce sera l’éveil d’une nouvelle conscience humanitaire, seule capable de conduire à des changements fondamentaux dans la gouvernance des peuples et dans l’expression des solidarités entre eux. Les mensonges ne sauraient s’imposer indéfiniment devant les évidences de leur contraire tout comme l’obscurité de la nuit ne saurait résister à l’arrivée de l’aurore. 

Le jour où les peuples reprendront le contrôle de leur destin, avec une conscience aguerrie contre la tricherie et solidaire dans le développement, ces puissantes oligarchies s’effondreront comme des châteaux de cartes. Sans le soutien des peuples, elles ne sauraient survivre. 

Oscar Fortin

Québec, le 31 octobre 2011

http://humanisme//blogspot.com

 

Deux références, la  première sur l’idée générale, la seconde sur la Libye 

http://www.legrandsoir.info/affronter-l-etat-imperial-est-un-devoir-patriotique-et-revolutionnaire.html 

http://www.centpapiers.com/100-jours-apres…-la-libye-des-mefaits/85628 

 

5 Commentaires

Classé dans Actualité, Oscar Fortin

Schizophrénie et santé mentale

Suis-je fou?

Ai-je les bons comportements sociaux? Mais quelle est la définition de la normalité? Afficher un beau sourire quand on vous diagnostique une schizophrénie? Dire merci quand on vous interne pour la quatrième fois? Être content quand votre beau-frère vous encourage à chercher un emploi pour schizophrène? Faire oui de la tête et s’écraser devant les docteurs qui vous disent d’accepter de prendre des médicaments toute votre vie?

Malick   Dossier Santé mentale

folie-sante-mentale-fou-etre-normal-signes-folie-schizophrenieJe ne crois pas. Je pense qu’il est normal de vouloir être normal. Que les mers tranquilles n’ont jamais fait avancer les voiliers.

Je n’ai jamais accepté ma maladie. Je crois que je ne l’accepterai jamais. Mes amis l’ont accepté.  Ils m’en parlent comme si la maladie définissait ce qu’ils sont. Ce n’est pas plus mal.

Sauf que moi, je veux me battre, distancer mes craintes. C’est pour ça que je suis encore convaincu que je vais un jour avoir une femme, des enfants et un emploi.

Examen de la folie

folie-schizophrenie-sante-mentale-fou-psychiatriqueMaintenant que le pire est passé, je peux raconter la crise existentielle par laquelle je suis passé. Si je retourne dix ans en arrière, je me rappelle la première journée de ma tourmente. C’était la veille du dernier examen du baccalauréat. J’avais les yeux plongés dans le miroir de la bibliothèque de l’université. C’est en m’observant que j’ai eu la conviction qu’une dualité m’habitait. D’une part le démon, un mal au sens biblique, gouvernait mon œil droit. Dans l’autre œil la pureté, le bien. Dérangé par cette révélation, j’entrepris de combattre l’œil malin. Il faut dire que j’avais toujours été fasciné par les histoires de religion. Cette idée donnait un sens à mon existence. C’est donc avec cette certitude que j’ai quitté le monde réel pour m’enfermer dans un autre univers.

Des folies pour vaincre mon œil droit, j’en ai faites. J’ai crié que j’aimais Dieu dans des lieux publics. J’ai marché dans des champs sans m’arrêter. J’ai coupé des arbres en leur demandant la permission. J’ai reçu la clé du paradis des mains de la Sainte Vierge. Je m’en foutais parce que je ne faisais de mal à personne dans ma quête de me libérer du démon. De fil en aiguille, mes théories devenaient de plus en plus complexes et précises. Jusqu’à me convaincre que si tout cela m’arrivait, c’est que j’étais un ange de Dieu qui devait passer par toutes ces épreuves pour évincer le démon en moi et pouvoir accomplir une grande destinée.

L’acte de trop

Et vint le jour où ma vie bascula. C’était en soirée. J’étais monté parler à ma sœur pour la réconforter. Elle me dit que sa vie allait mal et qu’elle avait de la difficulté à regarder l’ours en peluche que son ancien copain lui avait offert. Que ce dernier était possédé et qu’elle en avait peur. Qu’elle se sentait seule et que son chien était comme son psychologue. Elle lui parlait et il était le seul à la comprendre. Le lendemain, je prenais une hache et je tuais son chien. Elle me traita d’assassin, de meurtrier, de monstre. La police s’est  présentée à la maison familiale. Je me suis retrouvé en psychiatrie.

ambulance-ambulancier-premier-repondant-urgence-911Couché dans l’ambulance, attaché avec des sangles, escorté par quatre autos patrouilles. Les choses vont vite. Je me demandais pourquoi tout ce déploiement autour de moi. Étais-je une menace pour quiconque? Je venais de tuer un berger allemand avec une arme  tranchante. Je me sentais comme un meurtrier, quelqu’un qu’il faut craindre. Ce n’est vraiment pas agréable.

L’hôpital psychiatrique

Je passai la nuit avec des gens qui tournaient en rond, qui criaient, qui parlaient de démon et de Satan. Le lendemain, on m’a transféré dans l’aile psychiatrique. J’ai rencontré un psychiatre. Je l’ai vite compris, ce que j’allais dire allait déterminer le temps que j’allais passer enfermé.

J’ai essayé d’expliquer l’histoire en minimisant mon geste et en mettant l’accent sur le fait que c’était un animal. Que jamais je n’aurais fait de mal à un humain. Tout de même, j’ai raconté tout ce que je croyais. J’étais un ange avec un œil bon et l’autre mauvais. Ça m’a fait du bien sauf que cela m’a suivi durant mon séjour en psychiatrie.

Une fois les portes magnétiques de l’aile psychiatrique franchies, il n’y plus de retour en arrière. Vous vivez avec d’autres patients et le personnel médical. Tous les jours vous rencontrez un psychiatre. Vous mangez aux mêmes heures, vous vous couchez avec la fermeture des lumières. Il y a une hiérarchie parmi les malades de longues dates : les plus vieux sont respectés et les plus fous, craints. Il m’est arrivé de rencontrer des assassins qui, plutôt que d’être en prison, purgent leur sentence en psychiatrie. Ils n’ont pas l’air de meurtriers, souvent même ils affichent un beau sourire. Je me suis plutôt bien adapté même si je n’aimais pas être là. Je me suis fait une raison. Je me suis tenu avec ceux qui sont le moins affectés par la maladie.

Faire passer la pilule

A la fin de mon séjour, j’ai intégré un centre en santé mentale où j’ai fait du théâtre, du karaté, de la cuisine pendant un an. C’est là que j’ai rencontré celui qui allait devenir mon chum de consommation. Durant cette période, j’avais déjà l’habitude de consommer de la marijuana et de l’alcool. Par l’entremise de cet ami, j’ai connu le speed qui, sur le coup m’a paru inoffensif. Sauf que la petite pilule magique est rapidement devenu un baume sur mes plaies.

Avec cette drogue, je me sentais fort et certain. Tranquillement, je me suis mis à consommer régulièrement et à sortir dans les clubs. Ce qui devenait dangereux, c’est que j’en prenais pour me sentir bien. Ma famille le savait et tout le monde en souffrait. Mes parents tentaient de me raisonner sur les dangers de cette drogue. Je n’écoutais pas. Trois fois par semaine, je passais des nuits blanches tout en sachant qu’il suffisait d’une pilule pour devenir légume. En plus je prenais des médicaments. Je faisais attention à ne pas me faire prendre mais j’étais soumis à des analyses d’urine tous les trois mois alors, forcément, le test a fini par se révéler positif.

Centre de thérapie Le Portage

Les docteurs ont donc décidé qu’il me fallait un traitement choc: le centre de thérapie Le Portage.

Mon entrée fut difficile. J’ai dû quitter ma liberté pour entrer au TSTM (Toxicomane Souffrant de Troubles Mentaux). Tous les jours, lever à 6h45, ménage et thérapie, thérapie et thérapie.

Les premiers temps, je pensais mourir. Les cinq premières semaines sans sortie ni téléphone. Mais rapidement, j’ai changé. J’ai accepté le programme. Je m’y suis fait des amis. Je suis devenu chef de la cuisine puis chef de la communauté. J’ai même arrêté de fumer la cigarette.

Même si j’avais beaucoup de réticence à me plier à cette thérapie, elle m’a libéré de mes habitudes. Je me suis rendu compte que je pouvais réussir à être heureux sans drogue. Ils m’ont supporté et m’ont fait travailler mes comportements et la gestion de mes sentiments. Il m’a fallu 13 mois pour franchir les 4 étapes de réhabilitation avant de pouvoir habiter en appartement supervisé et commencer une réinsertion sociale. J’en suis sorti grandi et capable d’être autonome avec un style de vie positif.

Folie de psychiatre

Une fois fiché en psychiatrie, on vous suit, vous observe, vous investigue. Il faut constamment peser ses mots. Parfois, une attitude suffit à inquiéter les médecins.  Pour prévenir une crise, ils vous envoient faire un séjour de 21 jours en psychiatrie.

C’est ce qui m’est arrivé à ma troisième hospitalisation. Cela faisait huit ans qui tout allait bien. Je rencontrais ma psychiatre pour fermer mon dossier. Je ne sais pas pourquoi mais pour moi c’était important. J’avais mis un habit pour la rencontre. Mauvaise idée! J’ai haussé le ton pour expliquer mon habillement. On a appelé un «code blanc» pour moi. Quand un patient semble incontrôlable, le personnel appelle à l’aide. Un autre petit 21 jours à l’hôpital. J’ai retrouvé mes appartements dans l’aile psychiatrique. Maintenant j’en fais des blagues mais, sur le coup… Bref ce fut ma dernière hospitalisation et j’espère la dernière.

Aujourd’hui je me considère comme heureux, j’ai mon petit appartement. Je participe à un programme d’Emploi-Québec. J’écris mon histoire chaque jour avec un peu plus de confiance à chaque réussite. Je n’ai pas changé le système, c’est le système qui m’a changé! Est-ce mieux, est-ce pire?… je reste convaincu qu’un jour les injections vont cesser.

Autres textes sur Santé mentale

9 Commentaires

Classé dans Actualité, Raymond Viger, santé