Archives quotidiennes : 20 novembre 2011

Les œuvres sans la foi

L’Occident, qui gère le monde depuis quelques siècles, le fait de droit divin.  Vous  ne saviez pas ?  C’est que vous n’avez pas prêté attention au discours en sourdine derrière les bruits de bottes. Parce que nous avons conquis le monde au son d’une musique militaire, vous avez vu comme un simple prêchi- prêcha, l’antienne de la mission civilisatrice qui fait alterner la croix et le sabre.

Erreur.  Car si on ne croit pas que Dieu est avec nous, Chrétiens, et qu’a défaut de faire du bien aux corps qu’on maltraite on fait du bien aux âmes, bien des gestes héroïques apparaissent comme d’assez répugnantes saloperies.

Voyez comment, après les règlements de compte entre hérésies qui ont été les premiers divertissements de l’Occident chrétien, on a eu les schismes, les croisades, les guerres de religions puis la colonisation des colorés de toutes teintes sous couvert d’évangélisation. Voyez comment, christianisme bien en place sur la planète, on est passé à nos guerres entre Chrétiens, toujours menées au nom de notre éthique chrétienne, par des « bons » contre des « méchants ».

Ces guerres se sont toujours terminées par la victoire des « bons », puisque le certificat de bonne conduite était délivré au gagnant avec le reste du butin.  C’est ainsi que, de victoires en victoires – Dieu  toujours solidement avec eux –  les « bons » se sont enrichis au détriment des autres en ne faisant que du bien et que le droit divin s’est imposé. Le droit de l’Occident chrétien à gouverner le monde et celui des riches à gouverner l’Occident.

Tout se passait bien. Mais là, sans réfléchir, on a tué Dieu ! Grave erreur.Des philosophes brillants, honteux d’avoir l’air sot, ont tué la notion de Dieu, parce qu’elle avait été jointe à des religions reposant sur des tissus d’absurdités. Triste coquetterie, car on a ainsi jeté le bébé avec l’eau du bain.

En enlevant la notion de Dieu, d’un Dieu qui soutenait les Chrétiens – et que Dieu existe ou non n’a ici aucune importance –  on a enlevé le « droit divin » qui légitimait la gouvernance de l’Occident et celle des riches.

Dieu parti, les yeux humblement  fermés s’ouvrent et l’on voit tout sous un jour nouveau. Aujourd’hui, par exemple, on voit comme une répugnante saloperie – parmi tant d’autres, mais c’est la plus récente – la « geste héroïque » d’avoir été tuer chez eux des milliers de Libyens sans défense et qui ne nous avaient rien fait.

Dieu parti, on s’enhardit et on regarde de plus près comment quelques familles milliardaires, gérant quelques douzaines de consortiums, ont pris non seulement la gouvernance, mais la PROPRIÉTÉ du monde… On voit tout à coup comme une impardonnable couardise de les laisser continuer. Il y a donc des gens dans la rue pour protester, à Wall Stret et ailleurs. Simple question de temps avant qu’on ne passe des cordes aux lanternes.

La vieille morale apprise par cœur et acceptée comme divine apparaît soudain humaine, trop humaine… et contestée. On pense à d’autres solutions… Rien de mal à y penser, mais n’oublie-t-on pas l’essentiel ?  De quel droit va-t-on gouverner, si ce n’est pas de « droit divin » ?

Démocratie ? On sait bien que la démocratie n’est PAS une valeur absolue, seulement un mécanisme.  Quelqu’un croit-il que, dans un groupe de trois (3), deux (2) aient le droit de se mettre d’accord pour décider de la vie du troisième ?  Pense-t-on qu’une génération qui se proclame de « purs Aryens » puisse légitimement, parce qu’ils sont une majorité, décider de l’extermination d’une minorité de Juifs ?

Il faut un « droit divin ».  Il faut une éthique transcendante, quel que soit le nom qu’on lui donne  – Constitution, contrat social, etc ... –  qui encadre et limite la démocratie, puisse évoluer avec le temps selon sa propre dynamique…  mais qu’on ne s’accorde pas la liberté de modifier au gré des engouements et des caprices !

En Occident, cette éthique transcendante se confond avec la morale chrétienne qui a servi de tuteur à la croissance de notre culture. Cette morale chrétienne est dans toutes nos fibres. Elle a évolué depuis des siècles pour intégrer des concepts plus raffinés de justice, d’égalité, de liberté  – et, paradoxalement, de laïcité !    C’est la seule éthique qui puisse faire  consensus chez-nous.  Ce qui s’y opposerait serait  rejeté comme un greffon incompatible…  à moins de parvenir à faire mourir l’arbre lui-même.

Attention, pourtant, de ne pas confondre cette éthique avec l’un ou l’autre des salmigondis de croyances plus ou moins ridicules que des meutes de clercs ont érigé en dogmes au cours des siècles, pour marquer leurs territoires de prédation et d’extorsion !  On ne parle pas ici de religion, car l’éthique est affaire de comportements. St-Jacques, dans une Epître qui a fait une belle carrière, dénonçait « la foi sans les oeuvres » . Faisons un pas de plus et parlons d’une éthique où la foi n’a même pas sa place. Une éthique qui ne juge que des œuvres.

On pourrait définir ici cette « morale chrétienne »  comme « le plus grand commun diviseur » des interdits que s’imposent et des contraintes auxquelles s’astreignent tous ceux  qui adhèrent au précepte du Christ de s’aimer les uns les autres.  Que celui qui respecte cette exigence se définisse ou non comme chrétien est sans importance ; ce sont ses « œuvres » qui importent.

Sans importance aucune, non plus, pour la société, que celui-ci ait une foi, une autre, ou aucune en un dieu quelconque : il peut avoir les œuvres sans la foi… Il peut bien, en son for intérieur, croire en tout ce qu’il veut et même créer ses propres superstitions… mais sans embêter personne, C’est ça le vrai sens de la laïcité.

Quand le corps social fait consensus et que cette morale chrétienne, expurgée de tout dogme et de toute croyance, est acceptée comme l’éthique transcendante qui détermine en dernier ressort de la légalité des règles, il y a harmonie entre l’ordre civil et cette morale dont le respect joue alors le rôle de l’appartenance à une religion sans en avoir les défauts.

C’est cette « religion » sans dogme, tout entière définie par une éthique et où il n’y a plus que les oeuvres qui comptent, qui serait la seule acceptable en société. Ne serait-il pas opportun que tous les Chrétiens de toutes obédiences s’y rallient, libre à chacun de croire aussi tout ce qu’il veut, mais sans l’imposer à qui que ce soit ?

Les Chrétiens – en fait tous ceux qui veulent témoigner de la parole du Christs pour l’amour et la charité – constitueraient alors une force énorme pour le bien dans le monde. Ils pourraient, ensemble, se choisir un « Pape », lequel  n’aurait aucun pouvoir matériel, mais une autorité telle, grâce à ce mandat universel qu’il aurait reçu, que sa parole pèserait lourd pour séparer le bien du mal au palier des consciences … là où des individus libres doivent décider des gestes qu’ils posent.

Pourquoi un synode épiscopal universel, auquel seraient invitées à participer aussi les églises protestantes et orthodoxes,  n’élirait-il pas le prochain homme – ou la prochaine femme – qui siègera sur le trône de Pierre ?   Le monde changerait si nous avions ce pape-guide, avec pour seul objectif que ce qui est BIEN soit clairement énoncé au profit de tous les hommes de bonne volonté… même ceux qui ne croient en rien.

Pierre JC Allard

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L’AMÉRIQUE LATINE ET LES CARAÏBES SANS L’ « ONCLE SAM » ?

Pendant que les forces impériales des Etats-Unis et de l’OTAN sont à la conquête du Moyen Orient et de l’Afrique avec la puissance des armes, celle de la corruption et l’usage systématique de la désinformation, les pays de l’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) se concertent, pour leur part, sur la base d’idées et d’intérêts communs pour favoriser leur intégration et leur développement.  Déjà nous connaissons l’Union des nations de l’Amérique du Sud (UNASUR) ainsi que l’Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique (l’ALBA). Ils marquent un pas important dans l’intégration  régionale.

La prochaine étape va se jouer les 2 et 3 décembre 2011. Il s’agira de la création d’un Forum de concertation politique continental de manière à faire converger les accords historiques et favoriser le développement de complémentarités. 

Ce projet remonte à juillet 2008. C’est le président du Brésil, Ignacio Lula,  qui prit l’initiative de convoquer tous les pays de la région des Caraïbes et de l’Amérique latine, excluant les Etats-Unis et le Canada, à une première rencontre, pour les 16 et 17 décembre 2008, à Salvador de Bahia (Brésil). Il y a eu consensus sur la nécessité d’avoir un Forum continental de concertation politique et économique.

Le 6 novembre 2009, a lieu à Montego Bay (Jamaïque) une première réunion ministérielle où est approuvé un plan d’action en 9 points: coopération entre les mécanismes d’intégration ; crise financière internationale ; énergie ; infrastructure ; développement social et éradication de la pauvreté et de la faim ; sécurité alimentaire et nutritionnelle ; développement durable ; désastres naturels ; changement climatique.
Quatre thèmes prioritaires sont dégagés : économico-commercial ; productif ; social et institutionnel ; culture.

Le 23 février 2010, Cancún (Mexique), se tient un second Sommet des Présidents, au cours duquel ils décident la création d’une Communauté d’Etats latino-américains et caribéens (CELAC), sur la base d’une convergence/complémentarité entre les accords existants.
Le Venezuela en prend la présidence avec mandat de diriger les travaux et d’être en mesure de soumettre un document créant cette Communauté d’États pour la prochaine rencontre  des Présidents fixée au 5 juillet 2011. Cette date a dû être déplacée aux 2 et 3 décembre 2011, en raison de la maladie du président Chavez Les travaux de préparation sont terminés et tous les Présidents ont confirmé, à ce jour, leur présence à Caracas pour ces dates.

Ce projet est loin de plaire à Washington qui se voit exclu, avec son acolyte canadien, du CELAC. Bien plus, ce nouveau forum conduira inévitablement à poser la question de la pertinence de l’Organisation des États Américains (OEA), devenue superflue dans le contexte de cette nouvelle union continentale des pays de l’Amérique latine et des Caraïbes.

Il ne fait pas de doute que les forces occultes de l’Empire sont actuellement à l’œuvre et qu’elles déploient tous les moyens possibles pour qu’un tel projet n’aboutisse pas.  Les campagnes de désinformation et de dénigrement qui se sont accentuées ces derniers mois, contre Chavez et le Venezuela, ne sont pas étrangères à cet objectif. Leur politique, visant à diviser pour régner, est à l’œuvre dans tous les pays du Continent. Il faut s’attendre à ce qu’il y ait des actions de déstabilisation qui se produisent au Venezuela d’ici les 2 et 3 décembre prochain.

Le 9 novembre dernier, le président Chavez, lors d’une conférence de presse, informe qu’un sous-marin à propulsion nucléaire avait été localisé dans les eaux territoriales vénézuéliennes et pris en chasse par les sous-marins de la Marine vénézuélienne. Toutefois, ces derniers, plus lents, n’ont pu l’identifier. Par la même occasion, le Président a dû de nouveau repousser avec fermeté les dernières déclarations du sous secrétaire d’État adjoint pour les Narcotiques et la Sécurité des Etats-Unis, William Brownfiels, qui déclara, mardi, le 8 novembre, « que son pays considère comme explosive la situation du passage de la drogue à travers le Venezuela. » Une accusation, sans fondement, qui revient constamment dans le seul but de discréditer le Venezuela et de trouver prétexte à une intervention.

Ces derniers évènements confirment le fait que l’Oncle Sam fera tout ce qui est en son pouvoir pour que la CELAC ne puisse voir le jour. Jusqu’à la toute dernière fin il s’acharnera à provoquer des incidents diplomatiques et à trouver des prétextes pour intervenir directement au Venezuela ou encore pour créer des divisions au sein de la coalition.

Ceux et celles qui pensent encore que l’Oncle Sam est ce bon père de famille qui se réjouit du bonheur de tous ses enfants et que son souhait le plus cher est que tous s’entendent et vivent en paix, doivent  se préparer à une grande désillusion. Sa consigne est plutôt: « MOI, PREMIER SERVI, MES INTÉRÊTS AVANT TOUT », « GOD BLESS ME ».

Seuls le courage et l’indépendance de ces peuples pourront avoir raison de ce dernier.

Oscar Fortin

Québec, le 20 novembre 2011

http://humanisme.blogspot.com

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