Qui parmi nous peut affirmer qu’il n’a jamais été blessé émotionnellement dans son enfance? Dans un milieu «normal», l’enfant ose être lui-même. Cependant, une telle audace dérange souvent le monde des adultes et des proches. L’enfant déduira instinctivement (non par le raisonnement mais par son senti) qu’être naturel est incorrect. Une douloureuse découverte pour l’enfant qui provoquera chez lui des crises de colère que les adultes appellent «les crises de l’enfance ou de l’adolescence.»
Ainsi, en premier lieu, l’enfant expérimente la joie d’être lui-même. Par la suite, il connaît la douleur de ne pas avoir le droit d’être lui-même, ce qui déclenchera colère et crises selon son caractère. Puis, afin de ne pas souffrir, il se résigne et se crée une nouvelle personnalité pour répondre aux besoins de son entourage afin de devenir ce que les autres veulent qu’il soit.
De l’avis de Lise Bourbeau, auteure du livre LES CINQ BLESSURES QUI EMPÊCHENT D’ÊTRE, pour éviter les crises et la douleur, l’être blessé se créera un masque. Ces masques sont au nombre de cinq et correspondent à cinq grandes blessures de base vécues par l’humain. Il semblerait que toutes les souffrances de l’humain peuvent être condensées en ces cinq blessures.
Les cinq blessures qui empêchent d’être ET les cinq masques
Existe-t-il un état plus merveilleux que celui d’ÊTRE ce que l’on est, sans méfiance, sans colère refoulée, sans frustration, sans peur? Pourquoi ne sommes-nous pas toujours capables d’exprimer ce que nous sommes et avons de meilleur? Pourquoi répondre agressivement à une personne, juger durement sans prendre en considération son point de vue, avoir peur de l’amour, accorder une mauvaise intention à l’autre parce que son propos nous dérange, se méfier des actes qui semblent désintéressés et autres attitudes de résistance sans même vérifier? Ces blessures qui nous font porter des masques pour ne pas souffrir et perdre la face en sont la source. Voici les cinq blessures par ordre chronologique, c’est-à-dire dans l’ordre où chacune d’elles apparaît dans le cours d’une vie.
LES CINQ BLESSURES
- le rejet
- l’abandon
- l’humiliation
- la trahison
- l’injustice
Il est important de ne pas s’attacher aux mots utilisés pour exprimer les blessures et les masques. Quelqu’un peut être rejeté et souffrir d’injustice; un autre peut être trahi et vivre cela comme un rejet; un autre peut être abandonné et se sentir humilié, etc. C’est le senti émotionnel qui s’imprimera dans le corps et non la réalité.
LES CINQ MASQUES
- le fuyant
- le dépendant
- le masochiste
- le contrôlant
- le rigide
L’importance du masque est créé en fonction du degré de la blessure. Un masque représente un type de personne avec un caractère qui lui est propre car de nombreuses croyances sont développées qui influenceront l’attitude intérieure et les comportements de la personne selon le masque développé. Plus la blessure est importante, plus la personne en souffrira, ce qui l’obligera à porter son masque plus souvent.
Nous portons un masque seulement lorsque nous voulons nous protéger
Chaque fois que nous subissons ou que nous faisons subir une de ces blessures, nous laissons nos croyances et nos peurs prendre la direction de notre vie. La mise en place des masques est la conséquence de vouloir cacher, à nous-mêmes et aux autres, ce que nous n’avons pas voulu encore régler.
La blessure intérieure peut être comparée à une blessure physique qu’une personne aurait sur la main depuis longtemps, blessure qu’elle a négligé de soigner, et qu’elle a préféré entourer d’un pansement pour ne pas la voir. Ce pansement équivaut à un masque. Chaque fois qu’une autre personne touchera sa main, même par amour, elle réagira négativement en raison de la douleur malgré le pansement. Toutefois, l’autre personne n’a jamais voulu lui faire mal. Il en est ainsi pour toutes les blessures émotionnelles profondément enfouies en nous.
Notons aussi que les masques ne sont pas permanents au cours de notre vie. Selon notre évolution et notre connaissance de soi, ils tomberont ou ne se manifesteront que rarement et moins intensément.
Est-ce que vous vous reconnaissez parmi les blessures et les masques suivants?
Une personne peut avoir une blessure majeure et reconnaître certains de ses comportements dans les autres blessures. Enfin, les masques que nous créons inconsciemment pour nous protéger sont visibles dans la morphologie de notre apparence extérieure.
LE REJET – masque du FUYANT
La première blessure, le rejet, apparaît entre 0 et 2 ans, et provient du parent du même sexe. Pour un garçon, ce sera le père et pour la fille, sa mère.
Le masque du rejet est le fuyant. Celui qui souffre de la blessure du rejet a tendance à fuir les situations qui le font souffrir. Il préfère s’en aller plutôt que de faire face ou de risquer de se faire rejeter. Il a tellement peur d’être rejeté. Il ne se rend pas compte que lui-même rejette souvent les autres.
Le fuyant se tient comme s’il voulait disparaître. Ses épaules sont rentrées, ses bras pendent le long de son corps, ses jambes sont maigres, il a de petits yeux apeurés. On pourrait dire qu’il y a des parties de son corps qui ne sont pas terminées. Par exemple, un menton fuyant, des poignets trop petits par rapport au reste du corps, des chevilles très très minces, etc. Le fuyant est porté à fuir dans la lune et à ne pas prendre sa place en public. Il peut faire de l’anorexie. Il parle d’une façon vague et décousue. Il dit souvent : «Je suis nul… c’est nul… je suis sans dessein.»
La plus grande peur du fuyant est la panique.
L’ABANDON – masque du DÉPENDANT
La blessure de l’abandon provient du parent du sexe opposé. Pour un garçon, c’est la mère et pour la fille, la blessure sera causée par le père. La blessure s’installe entre 1 an et 3 ans.
Le masque de l’abandon est la dépendance. Un dépendant croit qu’il ne peut pas arriver tout seul à maîtriser une situation. Ce sera sa façon de se faire aimer et d’obtenir de l’attention. Il semble avoir de la difficulté à se tenir tout seul, il a besoin de s’appuyer sur une chaise, un cadre de porte, ou même une autre personne. Son corps a tendance à tomber. Il y a un manque de tonus. La peau va pendre, ou le bas du visage, ou les yeux, les épaules, et même les cheveux. Chez une jeune personne, il va de soi que le corps est plus ferme, cependant les parties qui trahissent sa blessure de l’abandon seront moins fermes qu’à d’autres endroits.
Le dépendant est une victime. Il dépend du bonheur des autres. Il ne se décide pas tout seul. Il souffre d’agoraphobie, demande beaucoup de conseils, mais n’en fait qu’à sa tête. Il a une voix d’enfant, pleure facilement. Il attire la pitié. Quand il parle, il a tendance à donner beaucoup de détails. Il dit souvent : «Je me sens misérable… c’est épouvantable ce qu’on me fait… Je ne me supporte pas … est-ce que tu m’aimes? (demande faite trop souvent pour se sécuriser)… on ne me lâche pas!
La plus grande peur du dépendant est la solitude.
L’HUMILIATION – masque du MASOCHISTE
La blessure de l’humiliation peut venir du père ou de la mère, c’est le parent qui se sera occupé des besoins physiques de l’enfant. La blessure survient entre 1 an et 3 ans. Une personne n’a jamais la seule blessure de l’humiliation. Celle-ci viendra avec le rejet ou l’abandon, ou autre.
Le masque de l’humiliation est le masochisme. La personne qui vit la blessure de l’humiliation se place elle-même dans des situations humiliantes. Par exemple, elle s’achètera une auto trop petite dans laquelle elle ne sera pas confortable. Elle portera des vêtements trop serrés dans lesquels elle sera à l’étroit. Au restaurant, elle échappera souvent de la sauce sur son vêtement, surtout s’il est neuf.
Le masochiste a un corps rondelet. Il fait rire les autres en se ridiculisant. Il pose des questions pour les autres. Il a tendance à faire de l’embonpoint. Personne nourricière, le masochiste a de bourrelets, un corps gros, mais rond. Le masochiste est gourmand, mange beaucoup. Son cou est gros et bombé, il y a de la tension aux mâchoires. Le visage est rond et ouvert comme une lune. Il aura tendance à rougir. Son vocabulaire est souvent : «Qu’est-ce que je peux faire pour toi?… Il m’a humilié… J’ai tellement honte!». Il emploiera aussi les mots petit, gros, c’est indigne.
La plus grande peur du masochiste est la liberté.
LA TRAHISOBN – masque du CONTRÔLANT
La blessure de la trahison vient du parent du sexe opposé. Une fille se sentira trahie par son père, un garçon par sa mère. La blessure survient entre 2 ans et 4 ans. C’est le complexe d’Œdipe non résolu. L’attachement au parent du sexe opposé est beaucoup trop grand, ce qui affecte leurs relations affectives et sexuelles plus tard. Une personne qui a la blessure de la trahison a aussi celle de l’abandon.
Le masque de la trahison est le contrôlant. La personne veut tout contrôler, décider. Ainsi elle ne se fera pas trahir. Le contrôlant a beaucoup de difficulté à faire confiance et à s’abandonner. Le contrôlant ne tient pas ses engagements. Il est manipulateur, séducteur, d’humeur inégale. Il comprend et agit rapidement. Il performe pour être remarqué. Il se confie difficilement.
Le contrôlant a les jambes fortes et bien plantées au sol. Chez l’homme, les épaules sont larges et carrées. Chez la femme, les hanches sont plus larges que les épaules. Le contrôlant fait du ventre. Les yeux d’un contrôlant sont séducteurs. Il a beaucoup de charme et de charisme. Il se tient les pieds joints, les fesses serrées. Il gonfle la poitrine. Il est fin gourmet, mais mange rapidement, ajoute du sel et des épices. Quand il parle, il s’exprime ainsi : «Je veux que … As-tu compris?… Je suis capable… Fais-moi confiance… Laisse-moi faire tout seul …. Je le savais… Je ne lui fais pas confiance, lui.» Il trouvera de bonnes excuses pour mentir. Il prend beaucoup de place en public. Il travaille beaucoup, il est jaloux, il vit de la colère.
La plus grande peur du contrôlant est le reniement.
L’INJUSTICE – masque du RIGIDE
La blessure de l’injustice vient du parent du même sexe. Une fille vivra l’injustice par sa mère, un garçon par son père. La blessure se produit entre 4 ans et 6 ans. La personne qui vit la blessure de l’injustice a aussi la blessure du rejet.
Le masque de l’injustice est la rigidité. Le rigide est un perfectionniste, ne veut pas se tromper, est très indépendant, se justifie beaucoup, se croise souvent les bras (pour ne pas sentir ses émotions), ne demande rien à personne et est très mental. Il a peur de parler de lui-même ou de faire rire de lui. Il affiche de la froideur.
Le rigide se tient bien droit. Il a une belle posture. Toutefois, cette posture est très raide, à la limite de la cassure. Les rigides ont beaucoup d’idéal et de noblesse. Cependant ils en veulent aux autres en raison de l’injustice. Il regarde droit dans les yeux. Il a des yeux brillants et vivants. Il a des fesses rondes, une taille serrée. Quand il parle, il dit : «Il faut que … c’est à cause de … très spécial… justement…. Pas de problème … sûrement … d’accord … exactement … toujours… jamais.» Le rigide prend la vie trop au sérieux. Il se remet souvent en question. Il est envieux.
La plus grande peur du rigide est la froideur.
La transmutation des blessures
Les blessures qui ont engendré des masques peuvent être libérées. Chaque blessure a son aspect positif qui fera rayonner la personne qui le développe.
CE THÈME SERA PRÉSENTÉ LA SEMAINE PROCHAINE.
CAROLLE ANNE DESSUREAULT